Yo ! Comment ça va ? Franchement, j'ai la pêche, j'ai eu mes exams, je pète le feu, je suis chez ma mère, j'ai bu du champagne au petit-déj', en plus il fait beau. Oui, c'est indécent tant de joie. M'en fous.

Vous savez ce qui me met en joie, aussi ? Nicotine. Non, pas mes clopes, celles que Laemia écrit en ce moment, parce que le Vaniku c'est cool et puis son histoire est beaucoup trop stylée. Alors voilà, l'envie de faire plusieurs recueils sur les cinq sens me turlupinait depuis un certain temps, alors a priori il y aura au moins deux autres recueils sur le même thème sur deux autres couples. En attendant, je poste déjà ce premier OS, Laemia, il est pour toi, parce que non seulement tu écris du Vaniku mais en plus tu m'as donné une idée et la motivation pour ce micro-bidule. Je ferai peut-être des trucs plus longs plus tard.

Bonne lecture !

5 Sens, OS 1 : L'odorat

La fumée sur les murs (même ça)

Il fait clair, et beau. Son appartement ne lui a jamais semblé si spacieux, depuis qu'il y habite. C'est étrange, ça sent le parquet fraîchement ciré, et plus le solvant pour peinture. La salle de bain refoule la javel, plus le shampoing au monoï de Kairi.

C'est comme s'ils n'avaient jamais vécu ici, presque. La rousse est allée ramener quelques trucs chez sa mère en attendant il a remballé le peu qui restait. Sa brosse à dents, son déo, le savon, un sac poubelle et puis le café.

Il entend des pas, mais il ne se retourne pas. Une main se pose sur son épaule.

« C'est dingue, quand même. Tu as tout vidé, mais ta chambre sent encore le tabac froid. »

Vanitas grince une sourire, et se détache de la prise pour aller s'asseoir sur le rebord intérieur de la fenêtre ouverte et allumer une cigarette.

« J'aime à savoir que ça restera. Mon odeur de clope. »

Il souffle une fumée qui, comme lui obéissant, se dirige non pas vers l'extérieur mais vers la pièce, pour caresser les murs, infiltrer les fissures et s'insinuer entre les lattes de parquet. Elle retrouve ses semblables, ce parfum de Vanitas qui s'accroche coûte que coûte à chaque matière, pour que les murs le suintent, que ça reste encore un peu, la dernière preuve, le dernier cri. J'ai vécu ici.

C'est comme les loups qui marquent leur territoire, mais Vanitas n'aurait pas apprécié de vivre avec l'odeur de sa pisse. Il cendre par-delà la balustrade, et entend plus qu'il ne voit Riku s'asseoir à côté de lui.

« Prêt ? »

Il tire sur sa cigarette avec quelque chose comme de l'indolence. Quitter chez lui va lui faire bizarre. Il avait été heureux de venir ici, il y a trois ans, quitter sa mère et son père – il les aimait, mais c'était tellement lourd, cet amour – et ç'avait été un lieu de tout. C'était là qu'il avait dormi, mangé à l'arrache des plats qui lui faisaient regretter la cuisine de son père, c'était là qu'il avait fumé, fumé, fumé, c'était là qu'il avait couché pour la première fois avec Riku, et à présent c'était vide, il ne restait plus rien que l'invisible, les souvenirs qu'on gratte dans le crépi, discrets … Il ne restait que la mémoire, et puis l'odeur de ses cigarettes. Bientôt, ça serait chez quelqu'un d'autre. C'était inenvisageable. Quand il avait quitté la maison, il savait que ça serait toujours un peu chez lui, qu'il reviendrait, quand il n'aurait plus rien à manger ou plus rien à faire, mais ici … C'était fini pour de bon, ça serait loué par des étrangers … Il avait l'impression de perdre quelque chose.

Il y avait la présence de Riku, à côté de lui, qui lui rappelait que s'il perdait il gagnait aussi, un lit partagé, un corps juste à côté, une présence plus qu'amie. Kairi s'était trouvée un appartement plus loin, plus au sud, où elle commencerait un master de théologie. Il avait été dans sa chambre à elle, plut tôt dans la journée. Ses murs étaient vierges des tableaux de sa sœur, son synthé avait disparu (pas miraculeusement, parce qu'il avait bien fallu lui faire descendre les cinq étages à pieds, puisqu'il ne tenait pas dans l'ascenseur). Ça aussi, ça disparaîtra.

Vanitas écrase son mégot et le glisse dans le sac poubelle avant de le fermer, et acquiesces en direction de Riku. Il prend les dernières affaires dans son sac à dos, fait le tour de l'appartement, ferme la fenêtre, que ça ne ventile pas trop, que l'odeur reste encore un peu plus longtemps. Parce qu'au fond, Vanitas sait que même ça, ça s'effacera.

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Il ouvre la porte de son nouveau chez lui. Riku n'a pas changé d'appartement, il avait juste fait sauter la cloison entre les deux chambres pour la remplacer par un rideau de fils. Sora était parti l'année dernière, et il avait raqué un double loyer quelques temps, n'ayant pas le cœur de se trouver un nouveau colocataire. Mais il avait eu le temps, pendant que Vanitas était occupé à son propre déménagement et ne venait donc plus ici – Riku avait eu soin de se charger de ramener ses affaires ici – de faire de cet endroit un endroit nouveau, pour eux deux. Que ça soit un nouveau départ ensemble.

À la place de la chambre de Sora (qui avait surtout servi de placard/débarras en son absence) il avait installé un genre de salon avec les meubles de Vanitas, sa bibliothèque, sa chaîne Hi-fi avec sa platine et ses CDs, sa table basse, son gros fauteuil trouvé dans la rue juste à côté duquel se tenait, trouvaille de Riku, un cendrier à pieds. Il savait que Vanitas trouvait ça profondément stylé alors, quand il avait accompagné sa grand-mère pour faire une nième brocante et avait croisé celui-ci, il avait tout de suite pensé à ça, Vanitas, assis, un livre et une cigarette. Il guetta la réaction de son conjoint, qui ne se fit pas attendre. Il alla ouvrir la fenêtre et alluma une clope, rien que pour le bonheur de faire d'ici son nouveau chez lui, de découvrir ses nouvelles habitudes.

C'était nouveau pour Riku aussi. Ça lui faisait étrange de le voir comme cela, chez eux, et encore plus bizarre de se dire qu'il arriverait qu'il le trouve comme ça, en rentrant des cours, déjà installé. Vanitas était beaucoup venu ici, déjà, mais jamais sans lui. C'était familier quand ils étaient ensemble, et il y avait bien quelques bières au frigo qui lui étaient réservées, mais cela, c'était permanent, son nouveau marquage.

À la vérité, Riku avait toujours eu du mal avec l'odeur de la cigarette, ça sentait le brûlé, la mort, mais il voulait bien cramer si c'était Vanitas qui tenait le briquet, il voulait bien mourir si c'était dans ses bras. C'était beaucoup s'avancer mais que voulez-vous ? Ses études littéraires le poussaient parfois à des emportements incontrôlés. Et quoi qu'il en dise, c'était vrai.

De Vanitas, il supportait – sinon aimait – tout. Les mauvaises blagues, l'humeur massacrante (si Vanitas était une fille, Riku aurait pensé qu'il avait ses règles en permanence), les habitudes alimentaires étranges, les coups de gueule. Alors le laisser venir ici, c'était tout naturel, un peu, très très bizarre, aussi, mais il voulait qu'ils se disputent chez eux, qu'ils fassent l'amour chez eux, il voulait tout ici. La fumée sur les murs, l'odeur du tabac, même ça avait sa place dans leur quotidien flambant neuf.

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C'est tout court, pour souhaiter un bon déménagement et un bon emménagement à Lae', et puis aussi parce que le Vaniku c'est cool et je vous aime, bisous.

Dites-moi ce que vous en avez pensé !