Fandom: DOGS
Auteur: Kris MADness
Genre: General, Sci-Fi, Angst, Doom
Pairing: none
Disclaimer: Tout appartient à Shirow Miwa, même le canapé et la télé, alors c'est dire.
Note de l'auteur: Après avoir lu le Prologue et le tome 1 de DOGS, j'ai tout de suite eu l'idée d'écrire une collection de quatre one-shot, un pour chacun de nos chers Chiens errants hurlant dans la nuit. Voici donc le premier d'entre eux, et le seul écrit pour l'instant. Mais comme il s'agit de la première fic publiée en Français sur le fandom, je crois que je peux prendre mon temps pour écrire le second, vu que l'endroit ne doit pas être très fréquenté. Donc, cher lecteur providentiel, merci de t'être aventuré ici, et bonne lecture.
Thèmes musicaux: Black Mages - Otherworld (The skies above)
Nine inch Nails - Sin (Pretty Hate Machine)
Titre: Bullet 1 - Heine Rammsteiner
« Dans les souvenirs qui me reviennent, nous sommes là, tous les deux. Toi prostré et moi debout, dessinant grossièrement avec ton feutre rouge. J'ai beau essayer de me souvenir, l'image reste floue et grésille, et les mots qui semblent sortir de ma bouche me sont inaudibles. Tes lèvres remuent, mais je n'entends rien.
Tu es là, frêle silhouette maladive, recroquevillé et tellement misérable. L'acier du collier a déjà mordu la peau fragile de ton cou. Je me souviens... »
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Dieu m'a abandonné.
Je suis un exilé tombé en disgrâce. Banni d'un enfer et condamné à errer dans un autre, avec pour seule faute celle d'avoir misérablement survécu. Alive among the dead, comme qui dirait. Cela résume assez bien la chose.
Bishop me bassine toujours avec la même rengaine, juste pour m'énerver.
« Dieu est notre Père à tous. »
Je ne peux pas m'empêcher d'afficher une mine perplexe à chaque fois, même s'il ne la voit pas, ce sale aveugle pervers retranché derrière ses lunettes noires. Ca me fout en rogne, tout ça. Je ne suis pas l'un de ses enfants, je suis né et vis chaque jour dans mon propre Enfer, rongeant désespérément les barreaux de ma cage. En vain.
Un père n'abandonnerait pas son enfant de la sorte. Cela ne signifie en aucun cas que je recherche sa compassion, si tant est qu'il existe, simplement que si Dieu il y a, je le trouve un peu injuste. S'il est notre Père à tous… ne suis-je plus l'un de ses enfants, qu'il ne m'accorde plus ses regards? Au fond je connais la réponse. Elle se trouve juste là, « nichée dans mon dos ».
Un petit sifflement de douleur m'échappe comme la morsure de l'acier se fait sentir. J'ai mal. Je lève un regard las vert le ciel éternellement gris où s'amoncèlent d'épais nuages noirs. Il va sans doute pleuvoir.
La main que je porte à ma nuque effleure la surface glacée du « collier » et je ne peux retenir une grimace. Et toi, là où tu es, sens-tu que la pluie est proche?
La morsure de l'acier dans ma chair se fait de plus en plus douloureuse. Est-ce pour cela qu'il me déteste? Notre Père à tous… Si tu étais là, que dirais-tu, toi que ma faiblesse et ma lâcheté insupportent? J'aimerais bien voir ta tête, en cet instant précis. Juste avant de te flanquer une balle entre les deux yeux.
Ce serait une bonne façon de clore ce chapitre, tu ne trouves pas?
Les premières gouttes acides et polluées échouent sur le cuir de mon manteau dans de petits « ploc! » désagréables, alors je réajuste mon col pour ne pas attraper froid, et je me met silencieusement en route. Si Badow était avec moi en ce moment, il me lancerait sans doute l'une de ses vanes foireuses sur l'utilité manifeste de mes « écrases merdes » en cas de pluie. Pour les flaques, c'est sûr que c'est pratique.…A la réflexion, si Badow était là, il râlerait surtout parce que sa clope prend la flotte.
Je me traîne mollement jusqu'à cette piaule que j'ai trouvé en périphérie dans la ville souterraine pour une somme pas trop exorbitante. C'est petit, vide, mais ça me suffit. Un canapé et une télé que je n'allume jamais, je n'ai jamais eu besoin de plus. On ne nous a pas habitués à avoir des goûts de luxe, « en bas ». Je m'engouffre rapidement dans l'une des anciennes bouches de métro qui mènent à la ville souterraine. Un réseau de tunnels pourris et délabrés à l'air vicié, voilà notre triste quotidien à nous autres, chiens errants. Enjoy, sucker.
J'avance sans me soucier des gens qui se font tabasser dans les coins sombres et sans chercher à venir en aide aux pauvres filles que leurs macs pourchassent en vociférant à travers les rues. Sans prêter attention aux regards suspicieux des clochards entassés misérablement autour de leurs bidons enflammés pour tenter d'échapper aux vents glacés qui s'engouffrent dans les artères sinueuses de la ville. Je n'ai pas la prétention de vouloir guérir tous les malheurs du monde. Je suis dans ma propre merde. Que les autres restent dans la leur.
Un pas, puis un autre. Et alors que je suis perdu dans mes pensées, il me semble que c'est ta présence que je ressens juste à ma droite, et que c'est ton souffle qui effleure moqueusement la peau sensible de mon cou. Mon corps réagit plus vite que ma pensée, et sans avoir eu le temps de réfléchir, c'est mon flingue qui se trouve dans ma main crispée. Braqué sur un pauvre gosse qui me dévisage sans avoir l'air de comprendre que sa vie est en danger. Sa mère hurle, la foule me dévisage. Fuck you, gentlemen…
Un soubresaut agite mon corps, la bile remonte vicieusement le long de ma gorge, et devant mes yeux écarquillés, c'est le monde entier qui se trouble. Les battements de mon cœur résonnent horriblement à mes oreilles. Et merde. C'était pas le moment… Je sens que mes jambes me lâchent juste avant de sentir le choc de ma rencontre avec le trottoir. Merde. Merde.
Dans mon esprit embrouillé, ce sont les images d'un rêve que je fais souvent qui affluent. L'image est brouillée, ton visage est flou. Il n'y a que ton sourire, et tes lèvres qui remuent. Prononcent mon nom. J'ai envie de hurler.
N'y aura-t-il jamais de fin? Lily…
Dans mon être, ce sont les assauts répétés de Cerbère qui tente de fracasser les portes de sa prison. Dans ma bouche, c'est le goût métallique du sang mêlé à l'aigreur de la bile qui me donne la nausée. Dans ma tête, c'est le souvenir de ton sang poisseux qui s'écoule entre mes doigts. La douleur dans ma nuque devient insoutenable.
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Je ne sais plus vraiment comment je suis rentré chez moi ensuite. Lorsque j'ai véritablement repris mes esprits, j'étais allongé sur le canapé style empire qui trône au milieu de mon salon vide, le grésillement de la télé comme fond sonore. L'avais-je allumée? Ou bien l'avais-tu fait à ma place?
Mon regard s'est alors égaré par-delà la fenêtre grande ouverte. Les rideaux blancs volaient sous les assauts du vent et la pluie s'étendait en une flaque immense sur le carrelage. Sur la blancheur aveuglante du ciel, l'immense cheminée noire se découpait, menaçante.
Dieu m'a abandonné.
Tu sais Giovanni, si j'ai quitté cet enfer qui nous avait engendrés, toi, Lily et moi, c'était parce que je voulais lui plaire, ne serait-ce qu'un peu.
Il me semble que ton rire résonne encore à mes oreilles…
END
Fin du premier Bullet Chapter.
J'ai mis du temps entre la rédaction du début et de la fin, j'avais les idées mais ça ne voulait pas sortir.
Le chapitre suivant concernera Naoto (Dieu, où vais-je trouver l'inspiration, cette fois-ci?).
Merci aux éventuels lecteurs de s'être égarés un instant par ici, et merci d'avance à ceux qui se sentiront l'âme généreuse et qui laisseront leur avis après lecture.
Kris.
