Kise releva le nez de son cahier de mathématiques. Comme si il avait besoin de ça. La seule raison pour laquelle il avait accepté d'ouvrir ce stupide bouquin était là, juste sous ses yeux, presque à portée de mains… et il n'avait pas le droit d'y toucher, sous peine d'être sévèrement puni. Mais quelle tentation ! Son sempai ne venait que très peu souvent chez lui, alors quand c'était le cas, le blond voulait en profiter, pas réviser ses cours !
Alors d'accord, le calme du studio où il vivait seul était souvent salutaire pour ses examens, et pour son travail, mais il avait aussi l'occasion d'avoir une intimité totale. Ce dont Kasamatsu ne semblait absolument pas se rendre compte, absorbé comme il l'était dans son livre de japonais posé à plat sur la table basse du salon. Ses sourcils froncés lui donnait un air concentré, très sexy d'après le numéro sept, et il amenait parfois son crayon jusqu'à ses lèvres pour le mâchouiller tout en réfléchissant.
Un appel au viol pour le mannequin, purement et simplement. Il n'avait jamais eu autant envie d'être un morceau de bois enroulé autour d'une tige de carbone… enfin, à vrai dire, c'est la première fois qu'il le voulait. Avec un soupire à fendre l'âme, et assez peu discret, ce qui lui valut un léger coup de pied par-dessous la table, il replongea dans le monde « passionnant » des calculs.
Au bout d'encore une bonne heure de travail acharné pour l'un, approximatif pour l'autre, l'aîné se redressa en se massant la nuque, ses os craquant doucement à force d'être restés trop longtemps dans la même position courbée. Kise, qui avait évidemment bondit sur ses pieds au moment où son capitaine avait commencé à bouger, le remarqua, et demanda sans réfléchir, inquiété par les traits tirés sur le visage du brun.
- Tu veux un massage, sempai ?
Le regard peu avenant qu'il reçu en réponse le fit sourire. Le brun était toujours tellement timide, c'était adorable. Même quand il avait envie de quelque chose, il n'osait pas le dire, et se cachait souvent derrière son caractère impulsif et violent, pour ne pas être embarrassé. Alors son cadet devait souvent insister, quitte à se prendre quelques coups, pour le faire plier. C'est donc tout naturellement qu'il sautilla presque jusqu'à son partenaire, et se mit à genoux derrière lui, posant ses mains sur ses épaules tendues, qui eurent un léger soubresaut au touché.
- Kise ! Commença à s'énerver Kasamatsu.
- Aller, sempai, détends-toi un peu ! Susurra l'as à son oreille, en commençant doucement des mouvements circulaires avec ses pouces.
Les muscles noués restèrent encore quelques instants crispés, leur propriétaire ne voulant pas céder aussi facilement. Le blond ne se découragea pas pour autant, et continua son traitement sans faire attention à la mauvaise humeur de son aîné, qui grommelait en disant qu'il finirait par rater le dernier train pour rentrer chez lui. Il ne faisait pourtant rien pour se soustraire aux caresses apaisantes de son coéquipier, et fini même par se détendre, profitant simplement de la chaleureuse attention.
Le numéro quatre avait toujours du mal à réaliser tout l'amour que lui portait son compagnon, et il avait bien faillit manquer tout ça. Bien que la vie avec lui comme petit-ami n'était pas toujours simple, le capitaine savait qu'il n'était lui-même pas non plus facile à supporter, et pourtant, Kise ne se plaignait jamais. Enfin, pas pour de vrai, il avait assez eu droit à de fausses crises de larmes pour savoir que le jeune homme avait de quoi geindre sur son comportement parfois glacial. Comme lorsque ce pauvre génie avait prit son courage à deux mains pour lui avouer ses sentiments.
RY
- Kasamatsu-sempai, je t'aime, sors avec moi s'il te plaît !
La demande, lancée d'une seule traite, d'une voix où pointait autant la détermination que l'angoisse, figea le principal concerné. Il fixa un instant le dessus de la tête blonde devant lui, son kouhai s'étant profondément incliné pendant sa tirade. Ils étaient tous les deux seuls dans les vestiaires, mais même comme ça, si Kise n'avait pas prononcé son nom au début de sa phrase, il aurait pensé qu'il s'adressait à quelqu'un d'autre. Peut-être à une de ses groupies… après tout, ce n'était pas quelque chose qu'on était censé dire à un autre garçon habituellement.
L'as ne bougeait pas, il attendait sa réponse. Ou un de ses légendaires coups de pieds, vu le tremblement qui le secouait. Mais le brun restait interdit, un bras dans la manche de sa veste, l'autre bloqué dans le mouvement pour la mettre. Il ne s'attendait absolument pas à ça, d'ailleurs qui s'attendait à ce genre de déclaration ? Et encore moins de la part du mannequin de l'équipe. La question se posait, pourquoi lui plutôt qu'un, ou une plus logiquement, autre ? A quoi pouvait donc penser le numéro sept ? Est-ce que c'était sérieux, ou est-ce qu'il se payait sa tête ?
Distraitement, Kasamatsu finit d'enfiler son blouson, et resta là, les bras ballants le long de son corps, ne sachant quoi faire, quoi dire. Cette andouille de Kise avait vraiment le don de le mettre dans des situations embarrassantes ! D'ailleurs, n'était-il pas, normalement, aux trousses de son ancien camarade de Teiko, intégré à Seirin ? Soudain très énervé, le capitaine ne se priva pas pour écraser son poing fermé sur le crâne offert du plus jeune, qui mit brusquement ses mains dans ses cheveux, avec un couinement de douleur.
- Idiot. Asséna simplement le brun, avant de se détourner du regard doré larmoyant, et de quitter rapidement la pièce.
Il ne se retourna pas, et n'attendit pas non plus que le jeune homme malmené le rejoigne, au contraire, il accéléra même encore le pas, voulant rentrer chez lui le plus rapidement possible. Stupide Kise et ses stupides idées. En y repensant, le rouge lui monta aux joues. Leur as avait-il remarqué qu'il ne le voyait plus seulement comme un équipier depuis quelques temps, et voulait se moquer de lui ? Non, définitivement non, ce n'était pas son genre. Mais alors, pourquoi ?
Et il ne voulait même penser qu'il avait été sérieux. C'était ridicule, qu'est-ce qui, chez lui, aurait pu attirer un génie, populaire de surcroit, comme le blond ? Rien. Il n'avait pas un physique spécial, bien que forgé par le sport, il n'était pas non plus particulièrement gentil ou aimable. Il reconnaissait ses qualités morales, évidemment, mais il ne voyait rien qui aurait pu piquer l'attention de son kouhai de cette façon, amoureusement il savait qu'il n'était pas le meilleur choix qui s'offrait à son cadet.
Tout le trajet jusque chez lui se fit dans ce questionnement. Et c'est finalement en passant le pas de sa porte qu'il décida de laisser tomber toute cette histoire, et d'oublier la déclaration de Kise. Après tout, il n'avait pas d'autre solution, il ne pouvait pas en parler à sa famille, c'était trop gênant, ni au principal concerné, puisqu'il ne savait pas si il plaisantait ou non, et encore moins à l'équipe. En gros, il était dans une impasse, et la meilleure option qu'il avait, c'était de faire comme si de rien n'était.
Enfin, dans la théorie, c'était simple, mais dans la pratique… dès le lendemain, et pour les jours qui suivirent, il remarqua très nettement, et sans rien pouvoir y faire, qu'il évitait inconsciemment de se retrouver seul à seul avec l'as de Kaijo. Et même après s'être rendu compte de ce qu'il faisait, impossible de s'en empêcher. Pendant la journée tout allait bien, ils n'étaient pas dans la même classe évidemment, donc ils ne se croisaient jamais, ou presque, et le blond ne venait plus le voir pendant les pauses, comme il en avait prit l'habitude avant.
Ce dernier fait intriguait d'ailleurs le capitaine, mais il l'oubliait dès qu'il passait les portes du gymnase. Là, c'était plus compliquer d'éviter son kouhai, et lui adresser la parole était un supplice. Le brun ne comprenait pas. Il se comportait comme si il avait peur de Kise, mais tout en étant douloureusement conscient qu'il n'avait pas de raison d'être effrayé. L'équipe sentait bien cette gêne entre les deux joueurs, et tentait, tant bien que mal, de combler les problèmes que cela créait pendant le jeu.
Après plusieurs jours comme ça, et poussé par les regards de plus en plus désespérés de ses coéquipiers, le capitaine se décida à agir. Ça ne pouvait pas durer plus longtemps, pour le bien de l'équipe, il devait résoudre son problème avec le blond. Et c'est à partir de se moment qu'il se rendit compte d'une chose importante, après avoir passé des heures à essayer de mettre la main sur le mannequin. L'élève de première année l'évitait autant que lui.
RY
- Kise ! Attention !
Le cri d'un des joueurs arriva trop tard aux oreilles du blond, et le ballon heurta durement l'arrière du crâne de l'as. Celui-ci se releva, ses larmes de crocodile aux yeux, une moue de chiot malheureux aux lèvres. Ce garçon était vraiment un mauvais comédien. Après quelques minutes à se plaindre faussement au joueur qui avait manqué de l'assommer, et qui le regardait faire avec un air amusé, il ramassa le ballon et recommença à jouer.
Kasamatsu soupira et retourna à sa conversation avec le coach. Et dire qu'il s'était inquiété pour si peu. L'entraînement se passa sans qu'il y ait d'autres problèmes notables, et finalement, tous les joueurs purent quitter les lieux. Tous, sauf le capitaine et le fauteur de troubles. Le brun savait très bien, comme tout le monde d'ailleurs, que le mannequin était toujours le dernier à partir, et c'était bien pratique quand on voulait lui parler tranquillement.
- Sempai, tu as oublié quelque chose ? Demanda le plus jeune, l'air nerveux, en remarquant qu'il n'était pas seul.
L'interpellé, adossé à la porte, les bras croisés et les sourcils froncés, comme d'habitude, le regarda un instant se tortiller pour tenter d'enfiler son pull. Il était ridicule. Adorable, certes, mais totalement ridicule. Oui, il le trouvait mignon, et alors ? Il avait bien le droit de le penser, même si il ne l'avouerait jamais à voix haute. Après tout, il était un petit peu trop attiré par lui, même si il ne saurait dire si son attirance était réellement un sentiment amoureux ou non. Peut-être.
Perdu dans ses pensées qui partaient en vrilles, il ne remarqua pas tout de suite que Kise avait réussit à terminer de se préparer, et lui rendait son regard, son sac de sport sur l'épaule, l'air à présent plus intrigué qu'autre chose, et surtout plus calme. L'aîné, clignant plusieurs fois des yeux, cachant par intermittence leur jolie couleur bleu-gris, sortit de sa réflexion, et daigna enfin lui répondre, sans pour autant bouger de la porte.
- Non, en fait, je voulais qu'on parle.
- De quoi ? Répondit le blond, son air innocent faussé par le fait qu'il ait détourné son regard.
« Comme si tu ne le savais pas ». Pourtant les mots ne franchissaient pas la barrière de ses lèvres. Soudain embarrassé, le numéro quatre se mit à fixer les casiers, à l'opposé de son partenaire. Ils allaient aller loin comme ça… l'as soupira.
- Tu sais, pour l'autre jour… commença-t-il. Je voulais m'excuser, je n'aurais pas dû dire ça.
Kasamatsu se tendit. Alors il s'était vraiment payé sa tête ? Il savait pour ses sentiments confus et avait profité de sa faiblesse pour s'amuser ? La culpabilité l'avait ensuite obligé à évité son aîné, et maintenant il lui demandait pardon ? Finalement, c'était plus douloureux que prévu, de savoir le fin mot de cette histoire. Il baissa les yeux, camouflant son air blessé par ces paroles prononcées avec nervosité. Il s'en était douté depuis le début, alors pourquoi avait-il la poitrine si serrée, au point qu'il avait presque du mal à respirer ? Il secoua la tête. L'idiot dans cette histoire, c'était bien lui.
- C'est bon, je…
- Enfin je veux dire, pas comme ça. Le coupa le blond en se frottant la nuque. C'était peut-être trop brusque, pas vrai ?
Trop brusque… comment ça ? Qu'est-ce qu'il racontait encore, ce stupide Kise ? Voyant le regard mi-effaré, mi-colérique du capitaine de son cœur, le mannequin décida de s'expliquer avant de se prendre encore un coup qu'il sentait venir, sa voix stressée résonnant dans les vestiaires vides.
- Je me suis dis que comme ça tu comprendrais peut-être mieux, puisque que tu n'avais pas l'air très réceptif à mes tentatives d'approches, ou peut-être que c'est moi qui ne suis pas doué, mais je n'ai jamais eu à draguer personne, tu vois ? Et puis, c'est pas vraiment comme si je pouvais faire avec toi, ce que je fais pour faire plaisir aux filles, euh, c'est pas… tu es fâché ?
La question prit le brun au dépourvu. Déjà assommé par le flot de paroles, sortant de la bouche, divinement dessinée d'ailleurs, du joueur vedette, qui partaient dans les aigüe, il prit un instant de réflexion pour analyser ce qui venait d'être dit. Déjà de quoi est-ce qu'il parlait en disant « tentatives d'approches » ? Il avait essayé de le… draguer ? Il sentit son visage chauffer d'un coup et se retourna, se retrouvant le nez presque collé au bois de la porte.
Le responsable de son état s'agitait dans son dos, mais il ne fit pas mine de s'approcher de lui. Tant mieux, il avait besoin de quelques minutes pour se remettre les neurones en place. Kise n'était pas assez cruel, il ne l'était même pas du tout, pour faire durer une plaisanterie aussi longtemps, et surtout pour l'amener à ce niveau. Il devait donc se rendre à l'évidence et se persuader que ce qu'il disait était vrai. Et se calmer.
Une fois plus tranquille, le brun se décida à se retourner, faisant à nouveau face à son cadet, qui passait son poids d'une jambe à l'autre, sûrement aussi mal à l'aise que lui. Mais pourquoi s'était-il donc mit dans une telle situation ? Il se pinça l'arrête du nez, les sourcils encore plus froncés, et soupira longuement. Mais avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, avant même qu'il ait relevé le visage, le bruit mat d'un sac tombant au sol se fit entendre, et deux bras l'enlacèrent doucement, un corps se plaquant presque timidement, mais avec fermeté, contre le siens.
Le nez enfouit dans une épaule, Kasamatsu pouvait à peine voir par-dessus celle-ci, le blond étant plus grand que lui. Par contre, il pouvait très clairement sentir l'odeur sucrée du plus jeune, qui se dégageait de sa peau et de ses cheveux fraichement lavés. La chaleur naturelle de son corps l'enveloppait, le berçait, et il ne trouva pas le courage de la repousser.
- Je suis désolé sempai, mais je ne peux plus m'en empêcher.
Kise avait dit cela sans pour autant faire un geste pour le lâcher, le nez enfouit dans ses mèches sombres. Son souffle, comme une caresse dans son cou, le brun avait écouté son murmure.
- Idiot. Souffla-t-il en retour, ses bras allant se placer d'eux-mêmes autour de la taille de son coéquipier.
RY
A partir de ce jour, tout revint à la normal pour l'équipe de basket de Kaijo. Enfin, en apparence tout du moins. Pour le capitaine, c'était une autre paire de manche, son nouvel autoproclamé petit-ami était ce qu'on pouvait appeler un vrai pot de colle. Autant il pensait qu'avant le blond le poursuivait, autant maintenant il ne pouvait plus faire un pas sans l'avoir directement dans son champ de vision. Et c'était, pour ainsi dire, aussi rassurant qu'épuisant.
L'as ne perdait pas une occasion de lui sautant au cou pour le câliner, à grand renfort de « sempaiii » et de « Yukiocchiii » énamourés. Kasamatsu avait d'ailleurs piqué le fard du siècle la première fois qu'il l'avait appelé comme ça, et le blond se souviendrait toute sa vie du coup qu'il avait reçu. Il n'avait d'ailleurs acquis le droit de le nommer ainsi que quand ils étaient seuls, ce qui n'arrivait finalement pas si souvent que ça, au plus grand malheur du numéro sept.
Mais malgré tout les inconvénients de cette relations, et tout les défauts qu'il pouvait trouver au blond, le deuxième année s'était rapidement habitué à cette présence constante à ses côtés, il lui arrivait même parfois de le chercher du regard, ou de faire en sorte qu'ils se croisent, mais ça, il le gardait pour lui. Bien qu'il était persuadé que Kise n'était pas dupe, après tout, il n'était pas aussi bête qu'il aimait à lui faire remarquer.
Ce qu'il pouvait féliciter chez son compagnon, c'était qu'il le respectait énormément. Bien qu'il aimait le prendre dans ses bras, le toucher, ils n'étaient jamais allés plus loin que ça leur relation avançait lentement, tranquillement, et ça allait parfaitement au brun, qui avait encore un peu de mal à s'habituer à échanger ce genre de contacts, surtout avec un autre homme. Il arrivait parfois que l'as tente de l'embrasser, mais, trop gêné, Kasamatsu s'esquivait à chaque fois, et le blond n'insistait pas.
Pourtant, il allait bien devoir commencer à lui rendre ses marques d'affection, car ce n'était pas qu'il ne l'aimait pas, au contraire. Et le mannequin n'allait pas non plus l'attendre indéfiniment, surtout pour quelque chose d'aussi simple qu'un baiser. Il en était là dans ses réflexions, quand un ballon lui heurta l'épaule, le ramenant sur terre. Ah, oui, l'entrainement…
- Oï capitaine, t'es dans la lune ! S'écria un des joueurs, ce qui lui valut un coup de pied bien placé, et une demande imminente, enfin plutôt un ordre, de se taire.
Un peu honteux de s'être fait prendre à rêvasser, le brun resta concentré tout le reste du match. Il était donc épuisé quand le coup de sifflet final retentit, autant, si ce n'est plus, que les autres, qui avait dû redoubler d'efforts pour le suivre. Mais comme toujours, Kise était le seul qui avait l'air encore à peu près frais.
Les joueurs filant rapidement aux douches, le leader de l'équipe se laissa tomber sur banc, les bras sur les genoux, légèrement penché an avant, le dos vouté. Il sentit alors un poids s'écraser sur lui, tandis qu'une joue venait se frotter contre la sienne. Par automatisme, il lança son bras vers l'arrière, et son coude entra violement en contact avec les côtes de son « agresseur ». Il se retourna ensuite pour faire face à Kise, assit par terre, qui se tenait le ventre.
- Yukiocchi, ça fait mal ! Geignit celui-ci, de grosses larmes au coin des yeux. Haaan, Yukiocchi me déteste !
- Qu'est-ce que tu racontes encore ?
A ces mots, l'as arrêta sa grotesque comédie, et soupira en baissant un peu la tête. Soudain inquiet de le voir aussi sérieux, son coéquipier se demanda ce qui lui prenait tout d'un coup. Il n'avait pas pu réellement lui faire mal, alors ça devait être en rapport avec leur échange verbal. Est-ce qu'il pensait vraiment qu'il ne l'aimait pas ? Pire, qu'il le détestait ? Ridicule, il n'aurait pas accepté de le supporter sinon… mais c'était vrai qu'il était dur avec lui. Peut-être qu'il était finalement temps qu'il lui prouve que son amour n'était pas à sens unique.
Lançant un coup d'œil nerveux vers la porte qui menait aux douches, où se trouvait, depuis un petit moment maintenant, toujours le reste de l'équipe, Kasamatsu contourna le banc sur lequel il était assit, et se mit à genoux devant son petit-ami en manque d'affection. Vraiment, qu'est-ce qu'il fallait pas faire… quand celui-ci releva la tête pour lui jeter un regard interrogateur, le brun attrapa son visage entre ses mains, et l'attira à lui pour plaquer ses lèvres contre celles, légèrement entrouvertes, de son compagnon surprit.
Le choc dans les iris dorées disparu derrière ses paupières aux longs cils, tandis que le numéro sept passait ses bras autour des épaules de son capitaine, approfondissant le baiser. Il en prit le contrôle, embrassant cette bouche tant désirée avec envie, heureux de l'attitude détendu de son partenaire. Les lèvres de celui-ci était un peu sèches, il passa donc doucement sa langue dessus pour les humidifier, mais n'eut pas le temps de se glisser entres elles, que le bruit des autres joueurs sortant de la salle de bain collective les firent se séparer précipitamment.
- Qu'est-ce que vous faites par terre ?
RY
Ils avaient commencé à se comporter comme un vrai couple à partir de là. Même si ils devaient encore rester discrets sur leur relation devant les autres. En apparence, rien ne changeait d'avant, mais quand ils étaient seuls, c'était totalement différent. Un peu comme en ce moment. Complètement relaxé, Kasamatsu profitait largement, légèrement penché en avant, des gestes de son petit-ami, quand il sentit des lèvres se poser sur sa nuque. Encore une fois ses réflexes prirent le dessus, et sa tête partit en arrière, heurtant violemment celle du blond, lui arrachant un cri de douleur. Il devait absolument perdre cette mauvaise habitude…
- Désolé. S'excusa-t-il simplement en se retournant, fixant le jeune homme qui se massait le front.
Celui-ci sourit et, toujours assis par terre, lui attrapa les bras pour le tirer vers lui et lui faire un câlin, que le capitaine de Kaijo, le rouge aux joues, lui rendit. Il se laissa faire quand le mannequin se mit à embrasser son cou, puis sa mâchoire, sa joue, et enfin ses lèvres. Encore quelque chose que Kise avait pour lui, il embrassait divinement bien. C'était juste parfait, comme tout ce qu'il faisait d'ailleurs. Sa bouche épousait la sienne comme si elles étaient deux parties d'un même puzzle. C'était délicieux.
- Yukiocchi… gémit le plus jeune, avant de faire glisser sa langue dans l'antre chaude, passant sans problème la barrière de ses dents, pour aller taquiner sa jumelle.
Encore quelque chose qui avait surpris le brun la première fois, mais finalement, une fois habitué, ce n'était pas si mal. Il se laissa cajoler encore quelques minutes avant de trouver le courage de s'extirper de l'étreinte poulpesque de son petit-ami, qui n'était absolument pas d'accord de le laisser partir alors que la soirée commençait si bien. D'après lui en tout cas. Et Kasamatsu n'était pas sûr d'avoir envie de savoir comment elle aurait pu se terminer dans son esprit pervers.
C'est donc avec un blondinet très malheureux, accroché désespérément à sa jambe, qu'il réussit à atteindre la porte d'entrer. Il lui fit ensuite lâcher prise en l'envoyant valser d'un coup de pied, et mit sa veste et ses chaussures, tout en regardant le « génie » ramper lamentablement vers lui avec moult supplications.
- Seeempaiii, reste encore un peuuu !
- Sûrement pas, si je m'attarde encore, je suis bon pour devoir passer la nuit ici. Dit-il, catégorique.
Un éclat intéressé fit son apparition dans le regard mordoré fixé sur lui, et il le fit disparaître d'un vif coup sur la tête du propriétaire dû-dit regard.
- Tu viendras ce week-end alors ? Continua de réclamer son pot de colle personnel.
Il marmonna donc son accord, apparemment à contre cœur. Mais l'idée de passer deux jours avec cet idiot surexcité n'était pas aussi déplaisante qu'il aurait pu le croire. Il en était même plutôt content. Enfin pas autant que la tornade qui lui sauta dessus pour le remercier à grands coups de baisers et de câlins.
Ses étreintes lui manquèrent cruellement quand il sortit à l'air frais, hors de l'immeuble. Le brun leva la tête, et sourit en apercevant son petit-ami accoudé à une fenêtre, lui faisant signe. Peut-être qu'il aurait dû accepter sa proposition de l'accompagner, mais il n'était pas une fille, bon sang ! Et puis c'était lui l'aîné, il ne fallait pas l'oublier. Son égo regonflé, il prit le chemin de la gare d'un pas tranquille. Il avait hâte d'être à ce week-end.
Hellow, me voilà avec un nouvel OS qui a eu du mal à voir le jour ! Je pense avoir réussi à le faire plus "terre à terre" que ce que je fais d'habitude, enfin, à vous de juger ^^ c'est aussi possible qu'il devienne un Two-Shot, en fonction de vos appréciations, évidemment. :D
Voilà, j'espère que mon premier texte sur ce joli couple vous aura plu, et que je ne les ai pas trop massacré...
Kissus,
Nyny :3
