NCIS et ses personnages ne sont pas de moi ; seul cet écrit est issu de ma plume.
Cours, Tony.
« S'il me fallait tout brûler pour enfin renaître, alors sois sûr que je le ferai. »
Pauvre Tony, pauvre petit Tony qu'elle regardait de là où elle était, de sa hauteur, là-haut perchée dans les nuage d'où elle voyait tout. D'où elle avait toujours tout vu. De leur premier contact à leur premier regard, aux changements au sein-même d'eux, et leur première caresse, et leurs premiers baisers.
Pauvre Tony, pauvre petit Tony dont elle avait appris la chute de là où elle était, perdue au sein d'une guerre qui perdurait. Près d'eux, elle avait assisté aux premiers changements, au premier constat, et à l'évolution même de leurs ressentis.
Pauvre Tony, pauvre petit Tony dont il avait connu les blagues, les moqueries et les sourires moqueurs, mais dont il avait aussi partagé les rires, les joies, les peines et les peurs.
Pauvre Tony, pauvre petit Tony qu'elle avait appris à apprécier, passée la haine, qu'elle avait voulu réconforter lorsqu'il avait peur, qu'elle avait jalousé parce qu'il avait obtenu ce dont elle avait toujours rêvé.
Kate.
Ziva.
Tim.
Aracely.
Et aujourd'hui, le pauvre petit Tony devait être grand. Il ne devait plus rien. Il ne devait qu'accepter.
Alors il courait. Il courait sans jamais s'arrêter, les sentiments les plus violents qui soient torpillant son ventre, son coeur, sa gorge et tout son être au complet. Il sentait ses jambes le brûler, menacer de céder à chaque nouvelle foulée, mais il voulait plus que tout fuir. Parce que ça ne pouvait pas être vrai. Parce que ça n'était qu'un cauchemar, non ? Parce qu'il allait se réveiller, n'est-ce pas ?
Il étouffa un cri de rage dans sa gorge. Il n'avait pas la force de le laisser s'exprimer. Au sein de sa course, les sons se mélangeaient : les voitures, le vent, son coeur battant à ses tympans. Le paysage défilait, brouillé par ses larmes, l'air sifflait dans ses oreilles, amplifié par les sensations, par la peur, la haine, le désespoir, la tristesse, l'angoisse, et par ce vide.
Ce vide qui bloquait tout. Ce vide qui l'enfermait dans une bulle hermétique dans laquelle les sons lui parvenaient soudain étouffés, dans laquelle les sentiments étaient comme éloignés, dans laquelle il était comme anesthésié.
Il s'arrêta. Parce que courir n'avait plus aucun sens.
Le vide dans son coeur l'éloignait de toute douleur physique. Mais il était en lui-même plus douloureux que quoi que ce soit d'autre. Tout ce qu'il avait bien put affronter n'était et ne serait jamais pire que ça.
Derrière lui, deux bras vinrent l'enlacer, et il espéra un instant que la présence dans son dos puisse être la sienne. Mais non. L'odeur ne lui appartenait pas. Et il s'écroula. Les paroles de sa coéquipière lui parvinrent soudain comme accrues, et il se résigna, abattu, à l'agonie contre son épaule.
« Je t'ai haïe parce que tu l'avais. Parce que je l'aimais mais que c'est toi qui a été choisi. Alors maintenant fais-y honneur. Relèves-toi. Vis. Et lorsque sera venu le moment de vous retrouver, tu seras accueilli là-haut tout là-haut par un sourire et une claque. »
Et Tony releva les yeux, en larmes. Mais elle savait, elle aussi. Rien ne serait jamais plus comme avant. Et l'italien non plus.
L'invincible venait d'être vaincu,
Et Leroy Jethro Gibbs n'était plus.
