Les personnages ne m'appartiennent pas, Ils sont la propriété de RT Davies et de la BBC.
Et si Torchwood n'existait pas, n'avait jamais existé…
Chapitre 1 Des gens ordinaires par une journée ordinaire.
De nos jours, à Cardiff, une banque
Mardi 10 heures du matin.
Le hall d'entrée connait son animation habituelle du Mardi matin : la banque rouvre ses portes après un long week-end et les clients se précipitent, qui pour retirer de l'argent, qui pour prendre son nouveau carnet de chèques, qui pour effectuer un virement.
C'est apparemment ce que s'emploie à faire une grande femme brune, un peu curieusement habillée pour la saison : pantalon, manteau sombre assez long, écharpe épaisse et bonnet enfoncé jusqu'aux yeux, le tout jurant avec des lunettes de soleil aux larges verres qu'elle porte sur le nez, même à l'intérieur. En fait, Suzie Costello n'a aucunement l'intention de verser de l'argent, elle espère plutôt en retirer, mais beaucoup et d'une façon pas très légale. Et dans ce but, elle est en train de mémoriser les lieux, la position des caméras de surveillance, le nombre de vigiles, l'emplacement de l'escalier qui descend à la salle des coffres, etc…
A côté d'elle, patiente difficilement un homme plutôt jeune au petit sourire suffisant. Manifestement, il ne manque pas d'argent. Ses vêtements sentent le sur-mesure, ses chaussures viennent d'un grand bottier italien et sa montre, si on la vendait, pourrait nourrir toute une famille pendant un an au moins. Impeccablement coiffé, il dégage les effluves d'un parfum pour hommes venu directement d'une maison de haute couture parisienne. Son temps est précieux, semble-t-il, et le Docteur Owen Harper ne le cache pas. Il tapote d'un air excédé la tablette du guichet 2 en attendant que le préposé veuille bien l'accompagner à la salle des coffres. Il a un gros dépôt à y faire, comme à peu près toutes les semaines.
Non loin, beaucoup plus mal à l'aise, un homme un peu rond, mais à la mine tourmentée, attend que le Directeur consente enfin à le recevoir. Il est déjà venu la semaine précédente, solliciter un prêt et il attend la réponse. Il est inquiet, car il sait que son dossier est fragile et que les banques prêtent surtout aux riches. Il s'essuie nerveusement les mains qu'il a un peu moites et sursaute lorsque la porte s'ouvre :
—Monsieur Williams ? Rhys Williams ? C'est à vous ! Donnez-vous la peine d'entrer.
Au moment même où il s'engouffre dans le bureau directorial, se présente à l'entrée Gwen Williams, son épouse. Elle ignore tout de la présence de son mari et elle n'est là que dans le cadre de son métier, métier que révèle son uniforme de policier. Elle n'est pas seule, bien sûr, elle se fond dans un groupe d'hommes en civil. L'affaire qui les appelle est loin d'être importante, une petite escroquerie à la carte bancaire qui a eu lieu la veille, mais elle concernait une personne âgée et Gwen est là pour venir en aide à la victime, visiblement traumatisée, qui les accompagne. Après tout, c'est pour cela qu'elle est payée. Mais dans la banque, elle ne remarque rien, ni son mari, ni Suzie Costello.
Elle ne remarque pas non plus un grand jeune homme, brun, aux yeux bleus, l'air timide, voire timoré. Lui, il est là simplement pour retirer un peu d'argent liquide au distributeur automatique. Mais il n'a pas confiance dans ces machines et il préfère venir les jours d'ouverture de la banque. On ne sait jamais ! S'il est là à une heure aussi indue, c'est que la jeune fille de la famille pour qui il travaille, prend une leçon de piano dans la maison jouxtant la banque. Cela lui laisse une bonne heure devant lui et il en profite pour se livrer à ses affaires personnelles. Il ne peut s'empêcher de jeter un coup d'œil envieux à l'homme au costume sur mesure et aux chaussures italiennes, admirant au passage la montre de marque. Lui-même aime être élégant, mais il doit se contenter de costumes de confection, toujours gris foncé, sur chemise blanche et cravate discrète. Son travail l'exige !
Discrètement, derrière un pilier, une jolie jeune femme, d'origine asiatique, observe tout ce monde, en essayant de passer inaperçue. Elle vient de donner un dernier coup de balai dans les escaliers et elle doit ensuite s'occuper de la grande salle de réunion au premier étage : changer l'eau des fleurs, astiquer la grande table — Mademoiselle Margaret a l'œil et elle tient à ce que tout soit impeccable pour le Conseil d'Administration qui a lieu ce soir. C'est vrai qu'on attend du beau monde ! — Toshiko Sato passe en soupirant devant les bureaux suréquipés en ordinateurs et elle se dépêche d'aller finir son travail : tous les jours, du mardi au Samedi, de cinq heures du matin à Midi, elle lave, elle cire, elle récure…
Des phénomènes étranges…
Les journaux ont toujours aimé accrocher les lecteurs par des titres à sensation et bien dégoulinants, mais depuis quelques années, ils n'ont plus besoin d'inventer : la réalité dépasse la fiction, et très largement. La nature semble complètement déréglée et les esprits rationnels en perdent leur latin. Les scientifiques sont dépassés et n'ont pas d'explication, ou plutôt ils en ont trop.
Cela a commencé par de petits problèmes : quelques perturbations au niveau de la réception des chaines de télévision, on croyait mettre une chaine et hop ! On tombait sur une autre. Pas grave ! Non, mais les gens râlaient : Pensez ! On se réjouissait à l'idée de suivre sa série préférée et on avait droit à des images passionnantes sur la reproduction des grenouilles en Nouvelle-Guinée ! Puis les choses se sont aggravées : le climat, toujours un peu fantasque sous nos latitudes, s'est totalement déréglé. Un jour, le soleil brillait et les températures devenaient tropicales, le lendemain, le soleil brillait toujours, mais il faisait un froid sibérien. La végétation ne s'en remettait pas ! La population mettait en cause la politique militaire des gouvernements : « ce sont toutes ces bombes ! Les avions à grande vitesse !... » ainsi que les grandes compagnies agro-alimentaires « Les OGM, ma brave dame ! Croyez-moi ! »
Une fois, le ciel est devenu totalement rouge, couleur du sang ! Les doux dingues qui croyaient dur comme fer aux OVNI se frottaient les mains : les journaux leur donnaient raison. Pas une journée sans que l'on voit passer quelque chose de bizarre dans le ciel. Un jour, on a même vu voler une boite bleue genre cabine téléphonique, mais c'était un témoignage peu crédible, le « on » en question étant largement imbibé d'alcool.
Jusque-là, les populations ne s'inquiétaient pas trop, les gouvernements essayaient de cacher la vérité, parlaient d'aurores boréales, de ballons-sondes, de prototypes d'avions, etc. Et les gens ne demandaient qu'à les croire. Mais certains phénomènes étaient difficiles à expliquer : par exemple, la disparition d'une journée entière. Du lundi soir au Mercredi matin, un trou sombre dans les mémoires. Qu'avait-on fait ce jour-là ? Personne n'en gardait le souvenir ! Aucun événement marquant, aucun journal paru, aucune production industrielle. Rien !
De tout ceci, l'opinion publique s'en rendait plus ou moins compte, mais il y avait d'autres manifestations anormales, connues de quelques scientifiques seulement, par exemple des planètes qui sortaient de leur orbite et se rapprochaient dangereusement de la Terre avant de reprendre leur place. Les Autorités préféraient taire ces anomalies pour ne pas affoler la population.
Le monde entier était affecté par ces bizarreries, mais certains endroits semblaient plus touchés que d'autres, Londres par exemple et surtout, assez étrangement, Cardiff, au Pays de Galles. Les disparitions y étaient plus nombreuses qu'ailleurs, les statues s'animaient parfois et changeaient de place — on avait retrouvé un ange au sourire séraphique littéralement collé à une nymphe fort dévêtue —, les gargouilles des églises prenaient vie et terrorisaient la population à intervalles réguliers. En outre, les couche-tard s'étaient heurtés plus d'une fois à des créatures grisâtres, sorties des égouts et animées manifestement de très mauvaises intentions. D'ailleurs, certains n'hésitaient pas à faire le lien entre elles et les disparitions inexpliquées. Cette accumulation d'incidents étranges inquiétait beaucoup les habitants de la capitale galloise. Mais chacun essayait, tant bien que mal, de vivre normalement et continuait à vaquer à ses occupations. Aller à la banque par exemple…
