La forêt était dense et Viviane avançait doucement, tenant les reines de son cheval à la main afin de le guider. C'était une jument avec une robe blanche parsemée de petits points gris, elle tirait une caravane en bois clair, peinte à quelque endroit de mots provenant d'autres langues et de petits dessins. Elle avait tout les airs d'une caravane de gitan et pourtant Viviane était loin d'être une gitane, elle avait le teint très blanc, des cheveux châtains clair qui tombaient en légères boucles sur ses épaules. Ses yeux étaient bleus, ses lèvres avaient un rose qu'on imaginait sucré. Avec son visage ovale cadré par sa mâchoire marquant un caractère latent et sa taille fine rehaussée de larges hanches, elle pouvait avoir tout les hommes qu'elle voulait et pourtant elle vivait seule avec sa jument depuis 13 ans déjà.
Le peu de chemin qui se dégagé à travers le bois était parsemé d'embûches et Viviane pensait qu'elle aurait mieux fait de prendre le grand chemin plutôt que de s'aventurer par ici, seulement elle avait plus de chance de tomber sur des gardes qui l'auraient certainement empêcher d'atteindre Paris d'une manière ou d'une autre.
-Regarde Neige, il y a une prairie par là-bas, on va s'y installer pour cette nuit.
La jument émis un hennissement qui semblait approuver la décision de Viviane. C'est vrai qu'il se faisait tard, le soleil se couchait déjà à l'horizon offrant le fabuleux rouge orangé que Viviane appréciait tant le soir venu. Elle le regarda un instant et repris sa route. Elle lâcha Neige une fois la prairie atteinte et elle ramassa du petit bois pour faire un feu. Elle les disposa dans un rond de pierre et alluma le tout à l'aide de silex. La soirée se passait tranquillement pour une fois, elle en profita pour regarder les étoiles.
-Tu crois que cette fois j'arriverai à ne plus bouger ?
La jument hennis.
-Oui c'est vraiment ce que je veux ! J'ai 29 ans et je ne veux pas finir seule.
La jument la regarda avec un regard d'incompréhension profonde.
-C'est des problèmes d'humain je sais bien. Allons dormir.
Viviane entra dans sa caravane, une nuit de plus en dehors de la société, demain elle devrait enfin atteindre la fameuse ville de Paris. Il faisait froid en ce début Janvier en cette partie de la France, Viviane avait perdu l'habitude, voyageant plutôt dans le sud alors elle eu du mal à s'endormir.
Le lendemain le chant des oiseaux la réveilla, elle aurait aimé rester un peu plus longtemps dans son lit mais les rayons du soleil carressaient sa peau et réveillaient toutes les cellules de son corps. Alors elle sortit de sa caravane et attela Neige pour continuer leur route. Le chemin était plutôt large à présent et beaucoup de plantes étaient présente malgré le froid. Viviane arrêta la caravane, détacha sa jument, elle entra dans sa maison mouvante et pris un couteau et un panier en osier puis alla repérer les alentours pour cueillir des plantes médecinales.
Elle arriva devant un fossé plutôt profond, elle vit un peu plus bas qu'il y avait une fleur particulière dont elle se sert pour faire des décoctions pour la cicatrisation.
-Neige je descend cueillir une fleur, surveille la caravane.
La jument inquiète préféra regarder sa maîtresse descendre. Viviane avait de bons appuis et, alors qu'elle allait atteindre sa fleur, la branche à laquelle elle se tenait se brisa et elle dégringola un peu plus bas, elle fut arrêté de plein fouet par un arbre sur lequel elle se cogna le bras gauche.
La jument était paniqué, elle essayait d'hennir pour faire réagir Viviane mais elle était inconsciente, alors elle partis chercher de l'aide. Fort heureusement Paris était vraiment très proche, plus que ne l'avait prévu Viviane, Neige eu juste à traversé quelques champs, les paysans semblaient très occupé, puis elle arriva dans le cœur de Paris et là elle essaya d'interpeller des gens mais ils attrapèrent ses reines pour essayer de la calmer.
-Holà ma belle, dit un homme un peu joufflu, calme toi.
-Qu'est ce qu'elle à cette jument ? demanda une femme le rejoignant.
-Je ne sais pas mais … Oh !
Neige tirait fort sur les reines pour qu'il les lâche, ce qu'il fit après les efforts de la jument. Un autre homme vint arrêter sa route à travers les rues, il avait les cheveux noirs, une barbichette pointue, et portait un chapeau violet avec une plume jaune, des collants violets rayés jaune sur la jambe gauche et une tunique jaune, bleu et rose violacé coupé par une fine ceinture de tissus noir. Il avait aussi des chaussures violettes rehausser d'une clochette, un cache cou jaune avec à chaque embout des clochettes aussi, et il faut dire que ces dernières intéressaient beaucoup la jument qui se calma instantanément.
-Hé cheval, il avançait sa main en direction de la tête de la jument, tout doux, tout vas bien.
Elle se laissa faire, il posa sa main cachée par un gant noir qui allait jusqu'à son coude au dessus des naseaux de Neige, elle repris soudain conscience et se souvenait que sa maîtresse était en difficulté alors elle redevint paniqué.
Clopin ne savait pas ce que ce cheval avait pourtant il avait un regard qui semblait vouloir lui communiqué un danger ou quelque chose d'important.
-Tu essais de me dire quelque chose non ?
La jument agitait la tête comme pour dire oui puis plia ses deux pattes avant pour s'incliner, il compris qu'il fallait qu'il monte sur son dos même s'il ne savait pas où elle voulait l'amener. Il monta, attrapa les reines, la jument se redressa et partis au galop si soudainement que Clopin faillit partir en arrière. Il se pencha en avant, il savait qu'il n'avait pas à la conduire alors il tenait les reines simplement. La jument l'amena à travers les champs puis dans une forêt proche de Paris, elle s'arrêta près d'un fossé et se repencha pour lui faire comprendre qu'ils étaient arrivé.
Clopin vit une caravane, puis il regarda la jument qui montrait un endroit du bout de sa longue tête, il se pencha au dessus du fossé et vit une silouhette de femme contre en arbre en contrabas. Sans réfléchir il descendit avec des pas rapides mais sûrs. C'était une femme très belle, ses yeux même fermé révélaient une forme légèrement en amende, ses cheveux semblait de soie, ses lèvres roses, ses joues abîmés par la chute … Il la pris dans ses bras et remonta prudemment. La jument vint près de la femme, il la posa au sol et l'examina : elle devait avoir le bras gauche fêlé tout au moins, elle avait quelques égratignures sur les bras, les jambes et le visage. Son haut blanc était salis par la terre et son pentalon en lin noir comportait quelques tous qui semblaient être apparus après sa chute. Elle était pied nu mais ses jolies petits pieds n'étaient pas atteint par le mal. Elle avait un jolie bracelet à la cheville, le pendentif qui y était accroché attira l'attention de Clopin, il lui rappelait vaguement quelque chose …
Il revint à la jument.
-Je vais t'attacher à la caravane, je vais la déposer dans son lit et nous irons jusqu'à la cour des miracles comme ça.
La jument n'emettait aucune objection, il allongeas donc la belle dans son lit, l'intérieur de sa caravane comportait un lit bien fournis avec de beaux draps et de beaux coussins avec des motifs qu'on ne voyaient pas en France, une petite armoire en bois, un tapis certainement étranger aussi et quelque affaires rangés par ci par là comme une bougie ou quelques livres.
« Une lettrée, se dit Clopin, ça devient rependu tout en restant rare ».
Il pris les reines et se dirigea vers la fameuse cour des miracles. C'était un quartier de Paris habité par des truands en tout genre, il y avait une hiérarchie propre à l'endroit qui se remarquait facilement. Clopin passait partout où il le voulait car c'était le grand coësre, le roi de la cour des miracles. Tout le monde le connaissait, le respectait. Un cagoux (un lieutenant du grand coësre) vint à lui.
-Où étiez vous grand coësre ? Nous vous cherchions. dit-il assez calmement.
-Ce cheval est venu me chercher et m'a amené à sa maîtresse en danger, elle est dans la caravane, je l'amène chez moi pour lui apporter les soins nécessaires.
-Savez vous qui est cette femme ?
-Non, mais je n'ai pas besoin de ça pour savoir qu'elle à besoin d'aide.
Clopin le regardait avec insistance, il était prudent d'ordinaire mais il ne laissait tomber personne ayant des problèmes et semblant hors de la société car, en sa place de grand coësre, il se devait d'aider les truands, vagabonds, voleurs, rejetés qui demanderaient sont aide.
-On procédera à une interrogation quand elle sera réveillé.
-Et si elle était un danger pour la cour des miracles ? demanda le cagoux.
-C'est une femme qui est tombé dans un fossé, elle avait tout l'air de vouloir cueillir des plantes car elle avait un petit couteau en main. Ceci est sa caravane sans nul doute, elle ne possède pas grand-chose et semble avoir voyagé vu les mots étrangers écrits sur sa caravane. Alors c'est une vagabonde et qu'est ce qu'on fait des vagabonds ?
-On les aide … répondit le cagoux dépité.
-Très bien ! Maintenant je vais chez moi.
Clopin continua sa route, arrêta la caravane devant sa maison, elle était grande, en pierre avec des poutres se bois apparentes. Il détacha la jument de la caravane, pris la femme dans ses bras et rentra chez lui. Les habitants alentours regardaient la scène avec un peu d'étonnement, à vrai dire, le grand coësre n'avait jamais était proche d'une femme à part des prostituées de la cour des miracles qui battent des cils pour ses beaux yeux et son incroyable agilité dont elles parlaient toutes entre elles. Certaines de ces dernières étaient présentes et regardaient leur grand coësre faire entrer une femme inconnue chez lui.
-Qui c'est celle là ? demanda la plus grande derrière son éventail.
-Je ne sais pas mais tout cela ne me plaît pas. répondit l'autre plus petite.
La jalousie était palpable tant bien sur leur visage, dans leurs yeux et dans leurs gestuelles. Toutes deux décidèrent d'aller voir ce qu'il se passait après leurs prochains clients.
Clopin, lui, avait allongé la femme qu'il portait sur une couche couverte de coussin de plusieurs couleurs. La pièce du bas où ils se trouvaient était un grand salon avec plusieurs coussins à terre, sur la partie gauche de la pièce, qui entouraient un tapis au tond rouge orangé, sur le mur de gauche se trouvait une cheminée qui semblait avoir était allumée il y a quelques heures à peine. Dans la partie droite se trouvait une table en bois brut entourée de quatre chaises en bois et en osier pour les assises, le mur de droite était creusé d'une alcôve qui donnait sur une cuisine munie d'un four à bois, d'une petite cheminée utilisée pour la cuisson, de quelques armoires et toutes sortes de bocaux qui contenait des herbes et autres ingrédients de cuisine. En face de la porte se trouvait un escalier menant à l'étage où se trouvait une chambre muni de deux armoires et d'une couche deux places laissés à l'abandon mais propre, une autre chambre avec à peu près la même disposition qui était la chambre de Clopin, une salle d'eau avec une baignoire semblant avoir était récupérée dans la maison d'un noble, une cheminée pour chauffer l'eau et un paravent peint un peu abîmé par l'humidité.
Clopin alla chercher du tissus dans un tiroir de l'armoire de sa chambre, dans ce petit tiroir était rangé plusieurs bandelettes de tissus qui lui servait de bandage pour les blessures. Il pris aussi une petite bouteille contenant une décoction désinfectante et descendit la soigner. Il examina son bras, il ne semblait pas cassé mais il comportait une égratignures qui saignait et un gros ematomes, il désinfecta la plaie et mis un bandage sur la casi totalité de son bras de façon à ce qu'il reste plié car il lui semblait qu'il était fêlé. Ensuite il désinfecta les blessures de ses jambes et de son visage. Quand tout fut finis il la laissa se reposer.
Viviane ouvrit les yeux, elle vit un toit avec des poutres apparentes. Elle se demanda où elle était car elle se souvenait de sa chute dans le fossé et d'avoir violement heurté quelque chose mais elle ne savait pas quoi. Plus elle se réveillait et plus une douleur dans son bras gauche se réveillait aussi, elle fit une mine qui exprimait la douleur tout en essayant de regarder son bras. Elle se redressa et vit que son bras était bandé et toutes ses blessures soignées.
« Quelqu'un c'est occupé de moi … Comment m'as trouvé cette personne ? »
Elle regarda autour d'elle, cherchant la moindre trace de son sauveur ou sa sauveuse. Elle s'assit au bord de la couche, regarda et examina une nouvelle fois son bras qui lui faisait très mal.
-Oh vous êtes réveillé ? Essayez de ne pas trop bouger votre bras, je pense qu'il est fêlé.
Viviane releva la tête et vit un homme, il avait une grande bande de tissus entre ses mains gantées, il avait le visage un peu allongé finissant sur une barbichette pointue, il avait un nez plutôt prohiminant mais qui lui allait bien et des yeux noirs expressifs. Ses cheveux noirs étaient assez longs pour effleurer ses épaules et sortaient de son chapeau qui cachait son front. Il était plutôt mince mais semblait assez musclé sous son habits en tissus multicolor. Tout dans son accoutrement laissait penser que c'était un saltimbanque, un charmant saltimbanque.
-Hum … merci de vous être occupé de moi.
Il s'approcha avec son tissus et lui passa dans son dos pour l'accrocher au dessus de son épaule droite et plaça son bras dedans pour le soutenir. Son visage était proche de celui de Viviane mais ça ne semblait pas le déranger plus que ça.
-De rien, c'est normal d'aider les autres non ?
-Vous êtes bien le seul à penser ça.
-C'est bien triste. il attrapa sa main de façon très douce et prudente. Vous pouvez bouger vos doigts ?
Elle fit bouger ses doigts sans problème, elle ressentait juste une douleur dans le bras.
-Si vous y arrivez c'est que votre bras n'est pas cassé et c'est bien. Dites moi, comment vous vous appelez ?
-Viviane Lancefleurie et vous ?
-Clopin Trouillefou, c'est un jolie nom que vous avez, vous êtes une noble ou quelque chose dans le genre ?
-Non pas du tout, je ne suis qu'une vagabonde. D'ailleurs où est ma jument et ma caravane ?
-Ne vous inquiétez pas, votre jument dois vagabonder dans le quartier et votre caravane et devant la maison.
-Ah je suis soulagé ! Mais dites moi, où est ce qu'on est ?
-Vous êtes à Paris dans une cour des miracles.
-Une cour des miracles ?
-C'est un quartier pris par des truands et où aucune loi du pays ne marche, il n'y a que celle émise par les dirigeants de la cour qui s'appliquent ici.
-Je ne savais pas que ce genre d'endroits existaient.
-Pour y rentrer vous devez être un truand, un vagabond ou toute autre personne étant rejeté par la société, sinon vous êtes pendu sans procès.
-C'est plutôt dur comme façon de faire. elle le regardait avec un air un peu amusé.
-Ça n'a pas l'air de vous choquer tant que ça. répondit-il en souriant.
-Je ne suis pas du genre cruelle mais je trouve ça juste. elle le regarda dans les yeux, son regard exprimait la souffrance du passé qu'elle avait vécu à cause des français et de la société.
-Je vois. il quitta son regard qui, sans le déranger, lui donnait une sensation étrange qui l'obligea à coupé court à cet échange. Hum … vous … hum … il perdait ses moyens puis repris ses esprits. Est-ce que vous voulez rester à la cour des miracles ?
Viviane fut d'abord surprise de cette proposition soudaine, puis elle se senti chanceuse et se réjouit de cette demande, elle pourrait enfin arrêter de vagabonder et mener à bien ses projets.
-Oui j'en serais ravi. répondit-elle avec un grand sourire.
Leurs regards se croiserent une nouvelle fois et ils firent durer cet échange qui semblait les ravir autant que les embarrasser. Clopin coupa ce moment de complicité pour l'informer des formalités.
-Hum … d'abord je dois vous faire un interrogatoire en bonne et dut forme, ce n'est qu'une formalité mais je dois vous connaître un peu plus pour vous acceptez ici définitivement.
-Est-ce que vous êtes une personne importante ici ? demanda-t-elle avec un sourire en coin.
-On m'appelle le grand coësre, c'est l'équivalent d'un roi.
-Oh excusez moi messire. elle émis un petit ricanement.
-Vous pouvez juste m'appeler Clopin. dit-il en riant aussi.
-D'accord … Clopin.
Ils se regardèrent de nouveau amusé et curieux.
-J'allais me faire une infusion vous en voulez ?
-Avec plaisir. elle sourit.
Il s'arrêta net. Le sourire de Viviane fit faire un bond à son cœur. Pouvait on dégager autant de beauté en étant simplement humain ? C'est cette question qui fit naître dans ma tête des hommes le sentiment que ce n'était qu'une sorcière leur lançant un sort. Clopin pris l'idée au sérieux pendant quelques secondes et se dit que c'était puéril d'avoir le même raisonnement que ces abrutis qui traîtent n'importe qui de différent d'impie. Elle le regardait pourtant avec curiosité, il se frotta les yeux et partis vers la cuisine.
-Venez vous asseoir à ma table.
-Vous allez bien ?
La question lui parut comme une épée traversant son cœur. Il ne pouvait pas lui dire « votre beauté m'a désarçonné » ce serait avoué son nouveau point sensible à une inconnue. Les gitans on pour habitude d'apprendre à connaître les personnes qu'ils rencontrent avant d'aller plus loin et le mariage ne concrétise pas forcément une relation. Mais cette femme était la première qui lui faisait ressentir tant de choses en si peu de temps.
-Oui, oui je vais bien ne vous inquiétez pas.
Il alla se réfugier dans sa cuisine, Viviane le regardait partir étonnée, il lui tournait le dos et semblait fuir son regard. Elle se remémora quelques scènes du passé : certains hommes devenaient rouge la première fois, certains faisaient les languissants sans attendre les présentations et d'autres étaient gênés, mais lui semblait … atteint ? Touché ? Personne ne le savait vraiment, même pas lui. Quelqu'un vint toquer à la porte, coupant la réflexion de Viviane, elle alla ouvrir entendant Clopin faire l'infusion dans la cuisine.
-Je vais ouvrir ! dit-elle.
Il ne dit rien, il était absorbé dans sa préparation, il faisait les choses dans le désordre, il mis l'eau froide dans sa théière en terre cuite avant de la faire chauffer, Viviane lui faisait un effet plutôt fort mais il ne savait pas ce que c'était. Il mis son visage entre ses mains et se massa les tempes. « C'est impossible … je ne peux pas perdre mes moyens si facilement. Moi qui côtoie facilement les femmes et les amène dans mon lit aussi sec … ».
Pendant ce temps Viviane avait ouvert la porte et tomba face aux deux prostituées de toute à l'heure.
-Tu vois je t'avais dit qu'elle était plus belle que nous. dit la plus petite.
-Ce n'est même pas une espagnole ! ricana l'autre.
-Vous voulez quelque chose mesdames ? demanda Viviane.
-Mesdames ? s'étonna la plus grande. Nous ne sommes pas des dames.
-Nous sommes les … filles de joies de messire Clopin.
Elles ricanèrent en cœur, la plus grande s'eventait, elles avaient toutes les lueurs de la malice dans le regard. Viviane s'étonna de cette information, Clopin semblait très bien et galant, mais sachant que c'est le roi de cet endroit ce n'était plus si étonnant. Bizarrement Viviane en était affecté, elle se sentit déçue et triste en même temps sans vraiment savoir pourquoi. Elle tourna la tête vers la cuisine pour voir si elle l'apercevait et s'intéressa de nouveau aux deux prostituées.
-Vous lui voulez quoi ? dit Viviane avec une pointe d'amertume.
-On venait voir quelle poule il venait de ramener. dit la plus petite.
-Mais apparemment sa nouvelle poule est toute abîmé.
-Quel dommage … est ce lui qui vous as fait ça ?
-Quel vilain ce Clopin !
Elles ricanèrent de plus belle, ce qui énerva Viviane. « Une poule ? Elles pensent vraiment que je suis sa poule ? ». Heureusement Viviane n'était pas dupe et Clopin n'avait pas (ou du moins pas encore) les façons d'un homme qui essaierait de la faire venir dans son lit.
-Écoutez, je suis juste une vagabonde qui est tombé dans un fossé et Clopin m'a trouvé et m'a soigné alors je ne suis pas ce que vous croyez.
-Qu'est ce que vous faites ici ? demanda Clopin qui venait d'arriver derrière Viviane de façon discrète.
Viviane se décala et semblait surprise.
-Oh Clopin … dit la plus petite des deux prostituées. Nous sommes Mardi et le Mardi c'est mon tour vous le savez, seulement le soleil et déjà en train de se coucher et je n'avais aucune nouvelle de vous.
-Dites surtout que c'est parce que j'ai ramené une femme à la maison et que vous venez voir ce qu'il en est.
Les deux pâlirent à cette affirmation. Clopin appuya son avant bras sur l'encolure de la porte, légèrement au dessus de sa tête et s'y appuya.
-Dites le si vous êtes jalouses.
Viviane regarda Clopin, il avait un regard languissant et sûr de lui, elle ne l'avait pas encore vu comme ça et se dit qu'il la voyait peut être comme une « poule ».
De son côté Clopin appréciait la scène, créer autant d'émotion chez une femme est toujours plaisant. Il tourna sa tête vers Viviane, elle avait un regard dépité, les sourcils haussés et semblait se demander ce qu'il se passait. Il se calma voyant que la situation ne faisait pas l'effet voulu sur elle.
-Écoute Esperenza, je ne te commanderai pas ce soir. Et vous deux ne venez plus importuner mon amie.
Elles partirent énervées. Viviane repris confiance en Clopin, il avait changé radicalement quand il avait vu qu'elle n'aimai pas cette situation et l'a protégé des ragots de ces femmes. Il ferma la porte et indiqua à Viviane de s'asseoir. Il servit l'infusion.
-Désolé que ces femmes vous est importuné et d'avoir était si … hautain ?
-Non ça va, vous vous êtes rattrapé sur la fin. elle ricana. Donc … vous avez des … « favorites » ?
-Mmmh … en ma qualité de grand coësre, je n'ai cherché que la facilité et à vrai dire je n'ai jamais était assez attiré par une femme pour m'engager alors je profite de la vie.
-Je vois.
Il n'était pas fier de ce qu'il venait de dire mais il ne comptait pas et ne pouvait pas mentir, ses grand yeux bleus qui le scrutaient le forçaient à dire la vérité. Ses yeux étaient vraiment beaux, grands, intenses …
-Après tout avec mon passé je ne vais pas vous blâmer. dit-elle en ricanant.
-Oh euh … je croyais que je vous avez rebuté.
-Voyons, il n'y a pas que les hommes qui ont le droit de se faire plaisir.
Il la regarda intéressé et amusé en même temps, elle semblait assumer complètement ce qu'elle venait de dire tout en étant gêné. Elle baissait la tête vers sa tasse en rigolant un peu, elle levait des fois les yeux pour croisés le regard de Clopin.
-Vous voulez bien me raconter ? De toute façon vous êtes sensé me raconter votre parcours pour l'interrogatoire.
-Alors je vais m'y mettre. A condition que vous fassiez de même pour vous.
-D'accord.
Ils sourirent de façon complice et curieuse, Viviane pris sa tasse entre ses deux mains et commença à raconter son histoire.
-Je suis d'origine française, je suis né dans une petite bourgade du sud. Ma mère s'appelait Marie et c'était une herboriste, le problème c'est qu'elle était prise pour une sorcière par grand nombre de personne. Pourtant je ne me souviens pas l'avoir vu faire une quelconque magie, elle soignait les gens et c'était tout. J'avais 8 ans quand un groupe de religieux était venu la prévenir et ils lui ont demandé de se repentir, ce qu'elle fit car ma mère était religieuse. Après ils l'ont laissé tranquille. J'ai jamais connu mon père, ma mère m'a dit qu'il l'avait abandonné alors qu'elle était enceinte de moi, il ne se sentait pas de devenir père apparemment. Ensuite, quelques années plus tard, il y eu de nouvelles rumeurs sur ma mère, cette fois il se disait qu'elle faisait de la magie noire et certaines personnes l'avaient vu aller au sabbat. Moi je ne l'ai vu partir qu'une fois tard mais c'est tout et je ne sais pas grand-chose de cette histoire mais à mes 16 ans elle fut arrêter et brûlé devant mes yeux. Quand j'ai su qu'ils voulaient aussi me brûler je me suis enfuis et j'ai commencé ma vie de vagabonde.
-Vous êtes religieuse comme votre mère ?
-Non. Je ne peux pas avoir la foi en quelque chose qui brûle des innocents pour le bien d'un Dieu quelconque.
-Je vois, je suis sur la même longueur d'onde que vous là-dessus, beaucoup de gitans se font brûler alors qu'ils n'avaient rien fait. Mais bon, continuez votre histoire.
-Ensuite j'ai beaucoup voyagé, je suis passé par plusieurs phases. Au début je me faisait poursuivre par les inquisiteurs, je suis donc passé par plusieurs pays pour les semer et finalement j'ai pris goût au voyage. J'ai rencontré ma jument un jour de grand froid alors que j'étais en royaume germanique, elle m'a guidé vers une bâtisse de paysans alors que la neige tombé en gros flocon et que j'étais couverte que d'une simple peau de bête. Je l'ai donc appelé Neige. Ce sont ses gentils paysans qui m'ont offert la caravane, je ne comprenait pas grand-chose de ce qu'ils disaient car je venais d'arriver dans le royaume, mais apparemment ils ont voulu m'aider. Maintenant ça fait 13 ans que je vagabonde de pays en royaumes, de régions en villes et je suis venu sur Paris pour trouver un endroit où m'arrêter.
-Comment avez-vous réussi à survivre seule ?
-De la chasse, du marchandage et un peu d'astuces. Beaucoup d'homme m'ont proposé la prostitution mais j'ai trop d'honneur pour ça, le premier qui a essayé de me toucher malgré moi s'est retrouvé la langue coupé.
-Quel caractère. il rigola. Et qu'en est il du batifolage dont vous me parliez ?
-Vous attendiez que j'en parle n'est ce pas ?
-Je suis curieux par rapport à ça effectivement.
-D'accord je vais vous raconter. dit-elle en rigolant aussi. Que vous soyez une femme ou un homme il y a toujours des désirs, des envies que vous devez assouvir alors quand je trouvais un homme qui le plaisait, je faisais un peu connaissance avec lui et lui proposais une nuit sans lendemain, c'est-à-dire : on passe la nuit ensemble et ensuite je pars. Certaine fois je passais plusieurs nuit avec un homme mais j'essayais de le faire peu car après ils pensent que je voulais une relation sérieuse avec eux et ce n'est pas ce que je recherchais. Aussi ça permet d'avoir des attentions agréables, de la gentillesse, de l'affection que j'avais que peu.
-Mmh je vois. Je pense que je recherche la même chose que vous en faisant ça.
-Sauf que vous c'est des prostituées régulières.
-Certes mais elles ne me demandent pas de payer, apparemment c'est un « plaisir de passer du temps avec moi ». dit-il en refaisant les deux femmes de tout à l'heure.
Viviane rigolait de plus belle, son imitation était parfaite, la main devant la bouche, un petit rictus narquois, un regard malicieux et une petite voix gloussante.
-Les deux paraissaient offusquées. rigolait Viviane.
-Esperenza et Juanita sont très orgueilleuses comme prostituées.
-Elles sont peut être attachés à leur titre de prostituées officielles du grand coësre.
-Pourtant j'ai bien dit que je ne ferais ni favorites ni d'attaches particulières.
-Vous avez bien raison, il ne faut pas s'attacher aux personnes événementiels. elle ricana.
-Ça vous ai déjà arrivé ?
-De tomber amoureuse ? Non jamais. Et vous ?
-Non plus.
Ils se regardèrent intensément, pendant ce moment chacun scrutaient le moindre geste, le moindre signal que pourrait émettre l'autre, c'était un moment de compréhension absolu, le temps c'était arrêté, on n'entendais que leurs souffles haleter dans cette tension palpable. Viviane baissa les yeux la première, son visage avait un peu rougis, il esquissa un sourire en coin. Elle bu son infusion en essayant de regarder ailleurs.
-Elle est très bonne votre infusion Clopin.
-Merci ! C'est moi qui ai ramassé les plantes que je met dedans.
-Vous vous y connaissez en plantes ? elle semblait intéressé.
-Quand on est un vagabond si on ne s'y connaît pas en plantes on meurt.
-Vous avez sûrement raison … d'ailleurs vous m'avez pas raconté votre vie comme vous m'aviez promis.
-Alors je vais honorer ma promesse.
Il bu une gorgée de son infusion, la posa doucement sur la table et raconta à son tour son histoire.
-Je suis né en Espagne, j'ai connus ma mère et mon père quand j'étais petit mais ils m'ont vite fait partir à bord d'une caravane de gitans pour me faire fuir la misère et la guerre. Ce qui fait que je n'ai pas de souvenir net de mes parents, les gitans qui m'ont élevés m'ont dit qu'ils m'avaient accueillis quand j'avais 5 ans. J'ai beaucoup voyagé étant enfant mais surtout en France, on s'est établis à Paris lorsque j'avais 12 ans, depuis je fais le saltimbanque dans les rues. On m'a élus grand coësre quand j'avais 18 ans alors ça fait (il compta sur ses doigts) 12 ans que je suis à la tête de cet endroit.
-Donc vous avez 30 ans ?
-Exactement. Je suis vieux n'est pas ?
-J'ai 29 ans je ne vais rien vous redire.
-Alors nous sommes dans la même situation.
-Apparemment oui.
Ils rigolèrent ensemble et partagèrent quelques anecdotes de leur passé qui faisaient d'eux des « vieux » comme ils disaient. Qu'on soit une femme ou un homme, quand on a passé la vingtaine et qu'on est pas marié c'est qu'il y a un problème, si on a pas d'enfant à 25 ans c'est encore pire mais nos deux protagonistes étaient dans le même bateau.
-Vous m'avez dit que vous vouliez arrêter de vagabonder maintenant, pourquoi cette prise de conscience ? lui demanda-t-il.
-J'aimerai trouvé un homme qui puisse rester à mes côtés et avec qui je pourrais fonder une famille.
-C'est une requête bien noble. Je devrai peut être aussi me penché sur la question.
-Il commence à se faire tard, remarqua Viviane en regardant par la fenêtre, je devrai peut être vous laisser ou Esperenza va être jalouse. Merci pour l'infusion ! Je vais rejoindre ma caravane.
Elle se leva, se dirigea vers la porte mais la main de Clopin la rattrapa par son bras valide. Elle se retourna légèrement.
-Vous pouvez rester si vous en avez l'envie. J'ai deux chambres et vous passerai une meilleure nuit dans une maison au chaud avec une bonne couverture plutôt que dans votre caravane.
Clopin marquait un point, Viviane avait froid dans sa caravane. Elle se tourna pour lui faire face, il lâcha son bras.
-Et Esperenza ?
-Je n'ai aucune envie de la voir.
Le cœur de Viviane battait la chamade, le regard de Clopin, sûr et clair, transperça sa propre volonté.
-Alors ? demanda-t-il.
-Heu … elle avait du mal à reprendre ses esprits. Je veux bien rester merci.
Il sourit satisfait. Il la fit monter, lui montra la salle d'eau et la chambre où elle allait coucher. Elle pris le temps d'aller souhaiter la bonne nuit à sa jument qui semblait rassuré de voir sa maîtresse en meilleure santé. Elle fit les présentations entre elle et Clopin, ce qu'il trouva plutôt bizarre au début mais vit très vite que la bête était intelligente. Ensuite ils remontèrent et s'arretèrent en haut des escaliers. Ils se regardaient attendant que l'autre disent quelque chose, c'est Clopin qui brisa le silence qui devenait gênant.
-Je vous souhaite une bonne nuit, si vous voulez quoi que ce soi ma chambre est juste ici.
-D'accord, merci beaucoup Clopin.
Quelqu'un toqua à la porte.
-N'y faites pas attention, je m'occupe de ça, allez dormir.
-Bonne chance et bonne nuit.
-Merci.
Il se sourirent mutuellement, elle entra dans sa chambre et il redescendit les escaliers. Il ouvrit la porte et vit Esperenza portant une robe rouge légère qui ne couvrait pas ses épaules, c'était la robe qu'elle portait spécialement pour lui. Il dégluti sentant un certains désir monter en lui a la vision de cette belle femme qui s'offrait à lui. Esperenza était plutôt petite, les cheveux noirs bouclés très souvent attachés, une taille bien dessiné et mince, elle faisait rêver quelques truands. Ce soir des petites lèvres pulpeuses étaient relevé d'un rouge pétant et ses yeux marrons étaient cernés de noir. Elle s'était faite belle pour lui et il n'y était pas insensible. Elle entra sans invitation et monta les escaliers, une fois en haut elle se tourna voyant qu'il ne l'avait pas suivit, alors elle pris une pose aguicheuse.
-Tu ne viens pas mon Clopin ?
Elle pris sa voix suave qu'il aimait tant, il se tourna résolu et lui dit :
-Esperenza je ne veux plus te voir ici.
C'était un coup dur pour la jeune femme qui pensé être sa favorite. Elle se remis droite et descendit les escaliers pour venir contre Clopin, sa poitrine contre son buste, ses mains le caressait des épaules à son bas ventre.
-Tu ne veux plus de moi ? Tu es sûr ? lui chuchotait-elle au creux de l'oreille.
Il frissonna d'envie, ses cheveux sentait la rose, un parfum qu'il aimait beaucoup. Il mis son visage dans ces derniers, passa ses mains sur ses hanches afin de les rapprocher des siennes. Après quelques caresses échangées, il s'arrêta et la repoussa .
-Esperenza tu dois partir maintenant.
Son regard était dur, il savait que si elle faisait encore quelque chose de semblable il n'allait sûrement plus pouvoir revenir en arrière et pourtant sa décision était prise.
-Dit aux autres que je ne veux plus les voir chez moi aussi.
-Alors tu viendra nous voir n'est ce pas ?
-Non.
Il lui montra la sortie. Elle regarda la porte dépité, tapa du pied de façon à montrer son mécontentement.
-C'est à cause de cette femme n'est ce pas ?
Il ne répondait pas, il gardait son regard dur, Esperenza était au bord des larmes.
-Tourtes les prostituées vous donnent une partie du paradis qu'elles ne peuvent plus atteindre en espérant que vous les ferez sortir de cette affreuse situation et vous nous abandonnez pour les beaux yeux d'une française ?
-Ce n'est pas ce que tu crois …
-Oh si c'est ce que je crois ! Très bien je pars.
Elle lui tourna le dos et partis, quelques pas plus tard elle se retourna pour voir si il la regardait encore mais sa porte s'était déjà refermée. Elle se mis à pleurer et courut comme pour échapper à cette situation cruelle.
Clopin, lui, espérait juste que Viviane n'avait rien entendu de tout cela. Il monta pour se coucher, cette décision qu'il avait pris était à cause ou grâce à cette femme … Viviane. Mais pas que ! La seule chose dont il se souvient de sa mère était cette phrase : « Si un jour tu ressent un mauvais sentiment en faisant quelque chose, c'est que cette chose ne te convient pas alors arrête » et ce soir, alors que ses mains parcouraient les formes d'Esperenza, il s'est sentis mal. Pour la première et la dernière fois.
