Disclamer : rien n'est à moi !

Stargate et moi, oulà ! vieille histoire ! mais je suis tombée sur les rediffusions et la série m'a de nouveau séduite, après tout ce temps... même si je reste incapable de suivre la série après le départ du grand Jack O'Neill !

Cette histoire se situe durant la saison 8, avec Jack aux commandes de la base, et Sam promue colonel (d'après mes souvenirs, c'est bien ça)

Il y aura certainement des références aux épisodes de la série, mais je pense que les moins avancés d'entre vous parviendront néanmoins à suivre.

Je vous souhaite une bonne lecture !


Ce n'était pas vous

Sans que le Général Jack O'Neill n'y accorde une importance démesurée, il se savait avoir une réputation d'homme intègre, d'honneur, qui rattrapait son image de tête brûlée. Pourtant, il n'avait pas toujours été fier de ce que la guerre, en particulier contre les Goa'ulds, avait pu l'amener à faire. « On ne laisse jamais personne derrière nous », c'était un adage répandu au sein des équipes SG, et c'était une phrase qu'il s'était malheureusement trop souvent entendu dire. Mais les belles paroles, les bons sentiments ne suffisaient pas toujours. Parfois, il avait échoué. Parfois, il avait dû se résoudre à laisser des hommes et des femmes se sacrifier, il avait dû supporter les corps à terre sur le champ de bataille et les enterrements : « Mort pour la patrie ». Non, il n'avait pas toujours été fier de ce qu'il avait pu faire, ou de ce qu'il n'avait pas pu faire. Mais il ne pensait pas qu'un jour, il parviendrait à une telle honte, à un tel dégoût de soi. Du moins, pas depuis la mort de son fils.

La lumière était éblouissante, rendue aveuglante par des heures à fixer l'écran de la télévision et à s'empâter dans le sofa. Il faillit manquer une marche et trébucha, se rattrapant de justesse au rebord de la porte vitrée. Le lac s'étendait derrière la maison, recelant de souvenirs de pêches agréables et insouciantes. Il n'y aurait plus jamais d'insouciance. Il n'y aurait plus jamais de joie à l'idée que Carter accepte de le rejoindre pour un week-end, à ferrer le poisson juste une boule dans la gorge, un feu dans le ventre, un vide dans la poitrine, et la sensation de vouloir s'enterrer vivant à la simple évocation de son nom. A la simple vue de son propre reflet dans l'eau miroitante, ou dans le peu de miroirs que son chalet comptait.

Et dire qu'il y avait de cela quelques semaines, il était à l'article de la mort. Et dire qu'à cet instant, si tout avait été différent, il serait mort et enterré, six pieds sous terre. Jack O'Neill ne croyait pas au paradis, à l'enfer, à la réincarnation ou aux âmes qui errent parmi les vivants. Le fait qu'il ait été discrédité, sali, roulé dans la boue n'y était pour rien il n'y avait jamais cru. La mort, c'était la mort. Et si le choix était à refaire, il mourrait. Même s'il ne voulait pas mourir, même si son honneur bafoué le laissait de marbre car il y avait une chose qu'il ne supportait pas. Les souvenirs. Ses souvenirs, ses images, ce film. Les regards de ceux qui comptaient.

Le Général Jack O'Neill se força à relever la tête, à se tenir droit même s'il lui semblait que son torse pesait des tonnes, et affronta la vision de cette nature sur laquelle il avait fermé les yeux. Parce qu'il pouvait le faire, parce qu'il pouvait survivre. Parce qu'il l'avait déjà fait par le passé, malgré la culpabilité. Parce qu'il était Jack O'Neill.

Il n'était pas sûr que cela suffise cette fois-ci.

D'un geste lent, il leva le bras et son regard s'arrêta sur l'enveloppe qu'il tenait à la main. Son cœur se serra, sans que son visage ne change d'expression. Il lui sembla que le froissement du papier était assourdissant, tandis qu'il l'ouvrait pour la première fois depuis deux jours qu'il était ici. Il en extirpa quelques pages blanches sur lesquelles s'étalaient des lignes et des lignes d'une écriture petite et nerveuse, qu'il reconnut sans peine.

Il passa une main vieillie dans ses cheveux poivre et sel, avant d'écarter une chaise de jardin et de s'asseoir. Ses deux coudes sur la table, il déplia la lettre et commença à lire :

Mon Général, …


Quelques semaines plus tôt...

- Couvrez-moi, je vais activer la porte !

Sans attendre l'acquiescement de Teal'c et ignorant la protestation de Daniel, le Colonel Samantha Carter se précipita vers le cadran, à moitié accroupie. Elle s'abrita derrière le socle, retenant un cri lorsque ses genoux heurtèrent le sol rocailleux, et ignora la douleur pour enclencher la procession de symboles correspondant à la Terre avec une aisance qui trahissait l'habitude. Même si heureusement, ce n'était pas toujours sous une salve de tirs Jaffas cela restait néanmoins trop fréquent à son goût.

Un jet de molécules bleues, semblable à de l'eau visqueuse, jaillit de l'anneau métallique et Sam sortit mécaniquement le boitier d'identification de SG1. Après s'être fait capturé par un Goaoul'd et s'être enfui grâce à un Tok'ra infiltré, il serait idiot de finir écraser sur l'iris. Elle évalua la situation : Teal'c peinait face aux tirs ennemis tandis que Daniel soutenait d'un bras le Tok'ra blessé et défendait hardiment sa position de l'autre. Il fallait agir vite, et bien. Une nouvelle rotation du genou la fit grimacer elle se fit violence pour rejoindre sans attendre l'archéologue, lui intimant l'ordre de passer la porte avec leur allié. Elle prit le relai et tira une salve de tirs pour couvrir Daniel et leur libérateur. Sentant la retraite imminente, Teal'c parvint à son niveau :

- Colonel Carter ?

- Je vous couvre, Teal'c, assura-t-elle d'une voix sans appel.

Fait rare, le Jaffa contesta son autorité :

- Vous êtes blessée, Colonel Carter. C'est à moi de vous couvrir.

Il n'attendit pas sa décision, et s'accroupit derrière le rocher afin de tirer. Il toucha un ennemi qui essayait de les prendre à revers, le faisant voltiger sur quelques mètres il fallait admettre qu'elle ne l'avait pas vu venir. Son genou la lançait, un feu cuisant remontait le long de sa cuisse et suivait son chemin jusqu'à ses orteils. Ce qu'elle avait pris pour une vulgaire foulure s'avérait un peu plus sévère peut-être une entorse, avec un peu moins de chance, une fracture. Fichue pierre, foutue chute, maudit genou. Teal'c avait raison elle devait gagner la porte tant qu'il en était encore temps.

Elle s'élança vers la surface miroitante en claudiquant à moitié et franchit avec difficulté les marches en pierre, le cœur tambourinant dans sa poitrine tandis que les tirs fusaient à ses tempes, « priant » à chaque instant pour ne pas être touchée. Son genou douloureux entra le premier dans le vortex glacial, et le froid sur son membre échauffé l'électrisa. Lorsque son pied entra en contact avec la passerelle rigide, l'onde de choc se répercuta dans ses jambes et elles se dérobèrent sous elle. Le vacarme de sa chute lui vrilla les tympans, et l'instant d'après, des soldats la traînait hors du passage, laissant Teal'c atterrir indemne de ce côté-ci de la porte. Enfin, l'iris se referma et l'alarme cessa, rendant un semblant d'ordre au chaos.

L'équipe médicale prit le relai, on l'installa sur une civière au même titre que le Tok'ra, bien que ce dernier soit plus mal au point. Il avait été touché dans le dos, comme en témoignait la tâche noire qui fumait encore entre les deux omoplates. Il respirait avec difficulté, et le symbiote semblait être débordé par cette blessure à bout portant. Daniel expliqua à Jack, qui déboulait dans la salle d'embarquement :

- Il faut prévenir la Tok'ra, leur dire que Jo'lin est gravement blessé.

- Vous avez entendu ? délégua le Général à son subordonné.

- Je contacte tout de suite la Tok'ra, mon Général.

- Carter, vous allez bien ?

- Juste une entorse, mon Général. Je suis tombée.

- Si c'en est une, elle est sévère, constata le médecin en observant le genou droit enflé. Nous allons désinfecter cela et faire les examens nécessaires.

- Je crois qu'il y a plus urgent, banalisa-t-elle.

- Nous avons assez d'effectifs pour gérer les deux problèmes, Colonel, balaya-t-il en la maintenant allonger sur la civière.

Il lui semblait que sa jambe était en feu, et les élancements parvenaient jusqu'à sa hanche. Elle ferma les yeux, essayant de contenir sa douleur. Lorsque les infirmiers la transportèrent, elle sentit une main bienveillante sur son bras :

- Laissez-vous faire Carter, c'est un ordre.

- Bien, mon Général.

L'inquiétude qui transparaissait dans ses paroles la fit frissonner ou peut-être était-ce la fraîcheur qui régnait entre ces murs, offrant un contraste saisissant avec sa fièvre. Elle aimait cette façon adoucie qu'il avait de prononcer son nom dans des moments tels que celui-ci, et alors qu'elle était transportée dans le couloir, elle esquissa un bref sourire. Vite supplantée par l'irradiation de son genou. C'était sans doute mieux ainsi. Mieux que de fantasmer sur son Général alors qu'elle venait de frôler la mort.


Le débriefing, étant donné l'entorse sévère du colonel de SG1 et les quelques blessures du reste de l'équipe engendrées par les tortures lors de leur court séjour en détention Goa'uld, avait été reporté au lendemain de la mission. Lorsque l'équipe se réunit dans la vaste salle qui surplombait la salle d'embarquement, chaque membre fut surpris de voir Jack déjà assis en bout de table, le rapport devant lui. Il s'empressa de donner des nouvelles du Tok'ra qui leur avait sauvé la vie :

- Le Tok'ra, Jo'machin-truc-muche…

- Jo'lin, l'aida Teal'c.

- Oui, les Tok'ra sont tout aussi impuissants que nos médecins. Nous le maintenons en vie, mais le symbiote est de plus en plus faible et l'hôte va y rester.

- C'était une blessure mortelle, admit sobrement le Jaffa.

- Ils ont un autre hôte pour Jo'lin ? s'enquit Daniel.

Jack s'étira le cou, comme s'il avait une crampe. Il marqua une pause avant de répondre :

- Non.

Comme personne ne faisait de commentaire, Jack caressa le rapport pensivement, avant de reprendre :

- Je sais que ce n'est pas l'occasion rêvée, mais je pars en vacances.

- En… en vacances ? répéta Daniel, éberlué.

- Oui, en congé. Et je vous conseille d'en faire autant ! Vous avez un teint affreux.

- Vous voulez dire en vacances ou en congés ? s'enquit Sam.

- C'est pas un peu la même chose ?

- Non, pas tout à fait.

- Depuis quand vous vous y connaissez, vous ?

- C'est vous-même qui me l'avez expliqué, répliqua-t-elle sans se laisser démonter.

Jack affronta le regard de ses trois collègues et amis, et passa une main dans ses cheveux courts :

- Je pars en congé.

- Où ?

- Les Seychelles me tentaient bien, mais mon médecin me conseille Washington. Plus de cliniques, plus de soins…

Il tentait de faire de l'humour, mais son regard était légèrement fuyant mais Sam s'en alarma. Elle n'était pas la seule :

- Vous essayez de nous dire que vous êtes malade ? insista Daniel.

- Peut-être, c'est juste pour faire des examens complémentaires, tout ça. La routine médicale, je me fais vieux ! Vous comprendrez un jour.

- Jack…

- Je vous dis que c'est juste une sécurité, coupa-t-il court, d'un ton qui signifiait que la conversation était close.

Le silence, menaçant, emplit la salle de débriefing. Le Général se leva :

- Bon… Je vous dis à plus tard, les enfants.

- Quand partez-vous ? demanda Sam, une boule dans la gorge.

- Demain.

Il rajouta aussitôt des propos qui se voulaient rassurants :

- Je serais revenu si vite que vous ne vous apercevrez même pas que je suis parti !

Ceci marqua la fin de la réunion, et Jack sortit le premier, son dossier sous le bras, abandonnant ses trois amis dans l'angoisse et l'incertitude…


La suite... Bientôt! Un petit détour aux reviews ? Bonne journée!