Et si le Basilic n'avait pas tué que Mimi Geignarde ce fameux jour?

Partant de la conviction que l'homme ne nait pas foncièrement mauvais, voici une petite fic sans prétention pour expliquer la naissance de Lord Voldemort.

En espérant que ça plaira à quelques uns... quoi qu'il en soit, toute review est plus que bienvenue!

Une révélation inattendue

Depuis le début de la semaine, Neville Londubat était étrange. En fait, il semblait transformé depuis qu'il avait quitté la leçon de potion en pleurant, après une verte réprimande du Professeur Rogue, excédé par ses oublis à répétition.

Lui, qui était ordinairement calme, posé, rêveur et timide, paraissait soudain joyeux, détendu et surtout pressé. De même, l'éternel distrait qui aurait perdu sa tête si elle n'avait pas été fixée solidement entre ses deux épaules, réussissait à conserver constamment avec lui un livre dans la lecture duquel il se plongeait dès qu'il avait deux minutes de liberté.

Que pouvait-il faire chaque jour, entre la fin du dîner et le couvre-feu ? Qui avait-il rencontré ? Que lui était-il arrivé ce fameux lundi pour le rendre plus radieux qu'il ne l'avait jamais été durant ses quatre années d'internat ?

Pour répondre à ces questions intriguées, Seamus Finigan subtilisa un soir la « Carte du Maraudeur » cher à son camarade de chambre.

Bien qu'Harry Potter n'ait jamais expressément parlé du cadeau offert par les frères Weasley pour lui permettre de se déplacer dans Poudlard sans risques, Seamus l'avait un jour surpris en train d'expliquer à son ami Ron les propriétés de ce bout de parchemin apparemment anodin.

Ainsi, après avoir prononcé le rituel Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises, Seamus repéra les pas de Neville qui se dirigeaient vers les toilettes des filles du deuxième étage. La curiosité piquée au vif, il ne résista pas à la tentation de savoir ce que son camarade allait faire dans cet endroit déserté par les élèves depuis que le fantôme de Mimi Geignarde y sévissait à coup d'inondations et de bruyantes lamentations.

- … Je t'assure ! La Grosse Dame en a été tellement vexée qu'elle est allée se cacher dans les ruines du château MeQueen… tu sais, le tableau en face de la volière. Tous les professeurs l'ont cherchée pendant une semaine…

Sans se douter de la présence d'un espion de l'autre côté de la porte, Neville était assis sur une couverture posée à même le sol en face des lavabos, et écoutait son interlocutrice avec un amusement mêlé de ravissement.

Mimi Geignarde semblait de bonne humeur. Flottant dans les airs, elle racontait des anecdotes de sa vie à Poudlard, en tortillant distraitement entre ses doigts une mèche de cheveux bouclés.

- … Mais bon, tout ça, c'était pour t'expliquer pourquoi tes parents ont dû passer le printemps à épousseter tous les tableaux de l'école… C'est aussi la dernière fois qu'un élève s'aventurait dans une autre maison que la sienne… Mais Neville, qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu es triste tout-à-coup ? J'ai dit quelque chose de mal ? Tu sais, il faut me pardonner. Ça fait si longtemps que plus personne ne vient me parler comme ça…

- Non, c'est pas toi, protesta vivement le garçon, en essuyant furtivement une larme qui menaçait de rouler sur sa joue. C'est seulement que tu es la première à me parler de mes parents comme ça… Depuis toujours, on me raconte combien ils étaient courageux, comment ils ont combattu les Mangemorts jusqu'au bout sans trembler… J'avais oublié qu'il y avait eu quelque chose avant… qu'ils avaient eu une vie avant l'hôpital Ste Mangouste…

Gagné par l'émotion, submergé par la tristesse de ne pas avoir eu la chance de connaître cette facette de la personnalité de ses parents, le jeune homme ne put contenir ses larmes plus longtemps. Secoué de sanglots, il se laissa aller à pleurer, en face d'une Mimi désemparée, désolée de ne pouvoir lui être d'aucune utilité.

Ce fut alors que Seamus, n'y tenant plus, décida d'intervenir. Doucement, il ouvrit la porte (provoquant un départ immédiat et affolé de Mimi), et approcha de son camarade pour le consoler.

Il ne connaissait rien de la famille de Neville, celui-ci s'étant simplement contenté de signaler qu'il avait été élevé par sa grand-mère. Mais par égard pour lui, il ne posa aucune question. Fraternellement, il passa son bras autour de ses épaules, et appuya son front sur les cheveux foncés.

- Qu'est-ce qui se passe, Neville ? Tu sais, tu peux me le dire, si tu as des ennuis…

- Non, merci Seamus, ça va aller. C'est juste un petit coup de blues, ça va passer… Mais, elle est où Mimi ?

- Ne t'inquiète pas, elle n'a pas pu aller bien loin… Alors, comme ça, c'est ici que tu passes tes soirées depuis lundi !

Pour changer les idées de son ami, qui se mouchait bruyamment dans un carré de tissu d'une propreté douteuse, Seamus tenta d'amener la conversation sur un sujet plus léger, en essayant un trait d'humour.

- … Alors comme ça, tu te mets à faire la cour à un fantôme ? T'as pas réussi à trouver une fille chez les vivants, t'es désespéré à ce point ?

Mais sa plaisanterie ne lui apporta qu'un regard chargé de reproches, qui le dissuada de continuer dans cette voie. Aussi, mal à l'aise, il empoigna machinalement le livre qui passionnait tant son camarade, et le feuilleta avec de plus en plus d'intérêt.

- Ça alors ! Mais c'est le journal intime de…

- Mimi Geignarde, oui… Il est passionnant… Tu sais, elle…

- Comment tu l'as eu ?

- Ben, tu te souviens : lundi, j'avais perdu mon parchemin sur les propriétés des poils de poireaux et Rogue m'avait envoyé le retrouver… Je l'ai cherché partout, même en haut, dans la tour d'astronomie. Et c'est en redescendant, que j'ai remarqué une salle que j'avais jamais vue. Tu n'imagines pas ce qu'il y avait dedans !

- Ben dis-le moi !

- Toutes les choses que j'ai perdues depuis que je suis arrivé ici… mais pas seulement les miennes. Il y avait plein de bazar, même une autorisation de sortie pour Pré-au-Lard signée de Mme Dumbledore !

- Hein ? Non, tu te fous de moi !

- Non, je t'assure ! J'aurais passé des heures à fouiller là-dedans, mais j'avais pas le temps. J'ai juste ramassé un peu de mes affaires, et je suis sorti. J'ai pas vu que dans le tas, il y avait ce bouquin…

- Et tu y es retourné ? Elle est où cette salle ?

- Je n'en sais rien, elle est magique ! Je n'ai jamais pu la retrouver. C'est comme si elle avait disparu… Mais c'est pas grave, j'ai récupéré mon parchemin…

- … Et la vie intime de Mimi ! Comment elle s'appelait, au fait ?

- Je n'en sais rien, c'est écrit nulle part, et elle a refusé de me le dire. Il paraît que c'est un prénom trop ridicule.

- Et elle te laisse lire son journal sans protester ? Qu'est-ce qu'elle y a mis ? Il y a des détails croustillants ? Elle était amoureuse ? Allez, vas-y, raconte !

- Non, je peux pas. Tu vois, elle me fait confiance, je veux pas dire ses secrets…

- Eh ! Tu parles de Mimi Geignarde un fantôme ! Qu'est-ce que tu en as à faire, de ce qu'elle te laisse faire ou pas ?

- Non ! T'es pas juste ! Non seulement, elle sait tout ce qui s'est passé dans l'école durant ces 50 dernières années, mais en plus, elle est super sympa ! Elle vaut vraiment la peine d'être connue, tu sais !

- Ouais, peut-être, mais je n'ai aucune envie de lui être présenté maintenant. Bon, je vais te laisser faire le joli cœur… Moi, franchement, j'ai autre chose à faire qu'à écouter un fantôme… Si jamais, tu peux venir nous retrouver derrière le terrain de quiddich, Dean et Ron vont organiser une course de balai.

Ignorant à quel point son intrusion avait réussi à remonter le moral de son camarade, Seamus se contenta de lui taper amicalement sur la cuisse, avant de se lever et de quitter la pièce d'un pas tranquille.

A peine la porte refermée derrière le visiteur importun, Mimi ressortit du lavabo, en inspectant les alentours, prête à replonger dans l'eau au moindre bruit ou geste suspect. Elle semblait émue, bouleversée, mais contrairement à son habitude, elle ne le montra pas par une de ses crises mémorables. Lentement, presque timidement, elle approcha de Neville, en le fixant avec insistance.

Elle resta silencieuse un long moment, jusqu'à ce que le garçon en soit trop indisposé pour le supporter daventage.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es fâchée à cause de Seamus ?

Sans répondre, elle tendit le bras, comme pour caresser la joue de Neville, mais abandonna son geste lorsqu'elle se rappela qu'aucun contact ne serait possible entre eux.

- Tu pensais vraiment ce que tu disais ? interrogea-t-elle brusquement, avec l'expression de celui qui doute de ce qu'il a entendu.

- A propos de quoi ?

- De… de moi… C'est vrai que tu me trouves sympa ?

- Ben ouais, t'es cool, répliqua l'adolescent, sincèrement étonné de cette question angoissée. J'aime bien parler avec toi. On est un peu pareils, toi et moi…

- Oh non ! Toi, tu es un garçon génial ! Tu es gentil, intelligent… Tu ressembles à…

- A qui ? releva Neville, flatté par la chaleur des propos du fantôme.

- Ben… mon Tom…

- Tom ?

- Oui, Tom. C'était mon...

Subitement, comme frappée par la foudre, la jeune fille s'interrompit, avant de s'agiter et de voleter dans tous les sens en se rongeant les ongles et en marmonnant des paroles incompréhensibles.

- Mimi ! Hé, Mimi ! Qu'est-ce qu'il y a ? Qui c'est ce Tom ?

- Rien. Enfin, c'est personne. Oublie. Je devais pas en parler, c'était un secret, personne ne devait savoir… Oh non, qu'est-ce qu'il dira, quand il saura ?... Neville, dis, tu ne vas pas le raconter à tout le monde, hein ? S'il te plaît, jure-le moi… Il ne faut pas qu'Olive et Jade le sachent…

La pauvre enfant semblait réellement paniquée, en colère contre sa langue trop bien pendue. Et surtout, elle se mit à s'agiter, à remettre de l'ordre dans sa tenue, comme si elle avait oublié qu'elle hantait les toilettes depuis 50 ans. Jusqu'à ce que Neville la ramène à la réalité, en lui faisant remarquer que ses ennemies de classe devaient être grand-mères depuis fort longtemps déjà.

- Tu sais, à mon avis, tu n'as plus rien à craindre. Ton Tom ne doit plus s'inquiéter de savoir si quelqu'un découvre votre relation… Il a certainement bien d'autres soucis que de voir ressurgir ses amours d'adolescent !

- Ah oui, c'est vrai… De toutes façons, il n'est plus ici, il ne risque plus sa réputation. Et toi, tu es aussi gentil que lui… Tu veux que je t'en parle ?

- Si tu veux. C'était ton amoureux ?

- Qui, Tom ? Oh non… Enfin, oui, moi, je l'aimais, bien sûr. Tu penses, c'était un grand, il était le plus beau garçon de Poudlard, et le plus intelligent, et en plus, il était du genre secret, tourmenté, comment j'aurais pu ne pas en être amoureuse ? Mais en fait, entre nous, c'était pas de l'amour, c'était mieux que ça. On se voyait en secret, et on parlait pendant des heures de plein de trucs qu'on n'aurait jamais dit aux autres… Il disait qu'il aurait voulu être mon grand frère. Parce que tu vois, il n'avait pas de famille. C'était parce qu'il avait grandi dans un orphelinat qu'il n'était pas tendre avec les autres. Tout le monde le craignait, mais il n'en avait rien à faire… Et en plus, avec moi, il était trop mignon, tendre, doux, c'est pour ça que tu me fais penser à lui…

Durant l'explication de Mimi, Neville avait senti peu à peu son sang se glacer, et son cœur s'arrêter. Soudain, saisi d'angoisse, il eut à peine la force de murmurer d'une voix blanche.

- Ton copain, il ne s'appelait pas Tom Jedusor ?

- Ben oui. Mais comment tu le sais ? Tu le connais ? Dis, où tu vas ?... Neville !!!

Longtemps, l'appel de Mimi Geignarde résonna dans le couloir du 2ème étage, alors que Neville Londubat s'enfuyait, terrifié par la confession de sa nouvelle amie.