Auteur : SamaZ
Disclaimer : Il n'y a que la trame qui m'appartienne.
Note de l'auteur : Alors... Euh... Bonjour ? Y'a quelqu'un ? Cette histoire n'a pas vu de suite depuis deux ans et demi et j'en suis profondément désolée. J'étais bloquée et je ne comprenais pas pourquoi. J'ai mis du temps à me rendre compte que l'ancienne version n'était pas du tout représentative de mon travail. Baclée, mal écrite, truffée de fautes en tout genre, elle m'était insupportable. Alors, je l'ai réécrite. Pour ceux qui ont lu l'ancienne, il faut vraiment lire la nouvelle version avant d'accéder à la suite. Le temps a changé, les mots aussi. Les chapitres ont triplé niveau volume, alors, vraiment, il faudra relire.
Pour les nouveaux, euh.. Bonne découverte ? (J'espère !)
Bonne lecture tout le monde !
P.S : J'ai laissé l'ancienne version pour des tas de raisons, mais principalement parce que je ne voulais pas perdre les reviews ou les laisser sur une histoire qui ne correspondra peut-être pas à vos nouveaux sentiments. Et aussi parce que j'aime bien me faire du mal de temps en temps et aller jeter un coup d'oeil à cette atrocité...
_ J'arrête.
Il pose son marteau, retire le clou de sa bouche et se retourne enfin vers moi. Ses yeux sont d'un bleu clair aujourd'hui. Sans nuages. Sans ombres. C'est bien ma veine. Il a vingt huit ans, mais on lui en aurait donné deux cents. Pas à cause de cheveux blancs inexistants ou de rides chimériques. Non, plutôt à cause de ce regard grave qu'il dardait sur vous. Le regard des survivants. Ceux qui ont fait la guerre et qui en sont revenu en un seul morceau, vu de l'extérieur. Derek a toujours ce regard, il ne s'en défait jamais. Sauf quand il me fait l'amour. Ou alors, ça aussi, c'est dans ma tête.
_ Mmh ?
Pourquoi est-ce qu'il demeurait aussi beau, même sali par la poussière et portant des vêtements informes ? La voix de Lydia retentit dans ma tête avec un « C'est parce que c'est Derek Hale, évidemment ! ». Oui, cela veut sûrement tout dire. Il a cette aura autour de lui. Une aura qui lui confère immédiatement du respect de la part du reste du monde. Cette aura de puissance qui ne s'évanouit jamais, sauf en ma présence. Parce que comme toutes ces connes d'héroïnes de séries B, j'ai cru pouvoir dompter la bête. La transformer en un grand nounours. J'ai cru… Etre celui qui transformerait le Bad Boy du lycée en Prince de contes de fées pour le bal de fin d'année. Sauf que moi, je ne voulais que lui. Comme il était. Sans rien enlever, sans rien ajouter. Sans rien transformer. C'est idiot, n'est-ce pas ? Ouais, c'est la chose la plus pathétique que je n'ai jamais faite de ma vie. Péché d'Orgueil. Conneries de l'Amour.
Il a décidé de rénover la vieille bâtisse des Hale. D'après lui, c'était le moment de tourner cette page de sa vie. Douze ans après. Et comme Derek ne fait rien comme les autres, il a décidé qu'il ferait tout sans l'aide de personne. Ça lui a prit comme ça. Je me suis réveillé un matin pour le trouver entrain de gribouiller sur un carnet vierge. Une liste, qu'il m'a répondu. Une liste de tout ce dont j'ai besoin, a-t-il précisé devant mon incompréhension. C'est la derniers étape pour que j'obtienne enfin tout ce que j'ai jamais voulu, a-t-il fini dans un murmure. Comme s'il n'avait jamais eu l'intention de me révéler ça. Et vous savez, il y'a ce petit démon à l'intérieur de nous, qui ne sort que pour nous embrouiller le cerveau. Pour nous faire douter. Qui t'incruste dans la tête des pensées parasites, des « Il m'a mal regardé ou c'est moi ? », des « Il l'a maté ou c'est moi ? ».
Des « Je croyais que c'était moi, tout ce que t'as jamais voulu… ».
Et tu as beau essayer de chasser cette pensée, tu as beau tout faire pour t'en débarrasser, tu n'y arriveras jamais. Mais pire que de rester juste là à tourner et se retourner dans ta tête, le démon la nourrit. La Bête. Il la nourrit de souvenirs. D'anciens doutes. Et du jour au lendemain, tu commences à te poser des questions. « Pourquoi il a fait cette tête en me voyant ? Pourtant je n'ai pas menti sur ma photo de profil… », « Pourquoi il ne veut pas me présenter ses parents ? Et si c'était moi le problème et pas eux ? ».
« Pourquoi il a attendu jusqu'à mes dix neuf ans ? Peut être qu'il ne voulait vraiment pas de moi et qu'il a fini par abandonner devant mon constant harcèlement… ».
Et ça vous empêche de dormir la nuit. Et d'être concentré le jour. Et ça grandit. Ça grandit et ça te ramène à maintenant. Toi, devant ton homme, lui disant que tu le quittes. Dans cette maison. La maison de ses cauchemars. Une vicieuse culpabilité commence à s'insinuer dans mon coeur. Et pourtant, c'est trop tard. Je sais que je ne vais pas reculer. Que je vais réellement le faire. La gravité de la situation me frappe soudainement. Je suis dans une relation qui m'a tellement usé que je suis entrain d'abandonner. Moi. Les larmes essayent de se frayer un chemin hors de mes cavités lacrymales. Il en est hors de question. Pas maintenant. Pas devant lui. Plus jamais devant lui.
Pour l'instant, il a fini l'étage où on a établi notre petit nid. Le jour où il me l'avait demandé, avec ses yeux qui regardaient partout sauf dans ma direction, la façon dont il butait sur les mots, la force qu'il mettait pour se donner un air nonchalant, comme si ma réponse n'importait pas tellement… À cet instant là, tout ce que je voyais, c'était le Derek qui n'appartenait qu'à moi. Le Derek un peu fragile sur les bords. Un peu écorché sur la surface et un peu effrité au milieu. Et il se tenait là, debout devant moi, m'offrant son coeur sur un plateau d'argent, me laissant le choix de le piétiner ou de le rendre plus fort. Alors j'ai dit oui. J'ai dit « D'accord, déménageons ». Et je vous le jure sur tout ce que j'ai de plus sacré que jamais, jamais, je ne regretterai ma décision. Jamais je ne souhaiterai retourner dans le passé et effacer ce moment. Parce que les yeux de Derek à ce moment là, ses yeux… Il n'existe aucun mot pour décrire leur beauté. Ils scintillaient de bonheur, d'espoir, et — je le croirai jusqu'à mon dernier souffle — d'amour. Pour moi. Ses yeux me criaient qu'ils m'aimaient à ce moment-là. Ils me faisaient l'amour et me dédiaient des temples. Ils m'adoraient et me vénéraient. Et, dans le cas de Derek, ses yeux étaient vraiment le reflet de son âme. Le reflet de son loup. Le reflet de son lui entier, sans restrictions. Il s'était mis à parler à toute vitesse, avec plus de mots que je n'en ai jamais entendu sortir de sa bouche. Il me montrait ses plans, me racontait ses projets. Ce qu'il voulait encore faire, comment il voulait agrandir la maison pour toute la meute. Combien on allait être heureux tous ensemble là-bas. Il me jura que ce n'était que momentané. En attendant qu'il fasse le reste. Et qu'il allait accélérer les travaux. Et que tout allait être parfait. Et que j'allais l'aimer, cette maison, une fois que tout sera fini. Cette maison que je ne verrais visiblement jamais terminée.
Mon coeur se serre à cette prise de conscience. Je vais quitter Derek, et je vais briser tellement de projets par cette action. Et tellement de coeurs… mais certainement pas le sien. Sauf que je sais. Je sais que je n'ai absolument plus le choix. Je ne peux plus continuer de m'enfoncer dans cette relation où je n'arrive plus à décrypter notre code de communication. Où je ne sais même plus si on communique encore.
Derek Hale… Derek Hale ou l'amour de ma vie. Le seul et l'unique. Et contrairement à ce que j'ai pensé toute ma vie, le premier. Parce que, Derek, ce n'est pas Lydia. Je ne suis pas tombé en extase devant lui dès le premier regard. Je n'ai pas senti mon coeur s'échapper de ma cage thoracique, ou alors, pas pour les mêmes raisons. Au contraire. Ça a été progressif. Construit. Brique par brique. J'ai appris à le tolérer, puis à ne plus avoir peur de lui, et enfin à lui faire confiance. Et de vivre mon coup de foudre en toute sérénité. Doucement. Naturellement. J'ai connu ses défauts avant de voir ses qualités. Ça m'a fait l'aimer encore plus. J'ai dû creuser encore et encore pour connaitre le fond. J'ai dû me battre pour forcer la porte de son âme. Et c'est peut-être ça le problème. Je suis tellement fatigué de me battre. Tellement.
Ça ne me choquerait même pas si un Alien descendait sur Terre dans la seconde pour m'annoncer que je ne retomberai jamais amoureux d'une autre personne que Derek Hale… Parce qu'il aurait raison. C'est une réalité dont je suis conscient. Personne ne pourra plus remplacer Derek dans mon coeur. Jamais, dans ma tête.
Je prend une profonde respiration, quoique légèrement tremblante. Je passe ma langue sur mes lèvres sèches, inconscient que le regard de Derek suit le mouvement avant de s'embraser. Il fallait que je reste fort. J'ai pris ma décision, il y'a de cela un moment. C'est la seule solution pour moi. Pour que je ne me noie pas.
Au fond de moi, j'envoie une prière silencieuse aux Cieux. Faites que je ne me trompe pas. S'il vous plait.
_ J'ai dit : J'arrête.
Voila. C'est sorti. La mâchoire de Derek se contracte. Il a compris.
_ Arrêter quoi ?
_ Tout ça… Nous deux..
Merde, aucune expression sur ce visage si lisse d'indifférence. Sérieusement ? Il n'allait même pas réagir à ça ? Vraiment ? Allez, Derek. Réagis. Prouve moi, que nous deux, ce n'était pas rien. Fais moi changer d'avis.
… Stupide Stiles.
Au bout d'interminables secondes — des heures à mes yeux ! — il finit par ouvrir la bouche.
_ Pourquoi ?
Oui, j'ai beaucoup de chance. Quand je discute avec Derek, j'ai le droit à un ou deux mots par réplique. C'est sûrement plus que ce qu'il donne au reste de la planète.
_Je n'en peux plus, c'est tout.
Il se peut que ma voix fut quelque peu rayée sur les bords. Je finis par détourner les yeux, son regard est décidément trop pénétrant à mon goût et ses iris un peu trop bleu.
_ Qu'est ce que tu me fais encore ? C'est encore une de tes crises d'auto-confiance ? J'ai pas le temps de jouer à ça, aujourd'hui, Stiles.
Oui, mon mec sait aussi faire des phrases. Surtout lorsqu'elles ont pour but de blesser. Si je n'avais pas été aussi impliqué dans cette histoire, je me serais souvenu que Derek est un loup et que les loups attaquent lorsqu'ils ont peur. Mais je suis trop impliqué, et sûrement aussi trop blessé. Alors, c'est ça qu'il pense de toutes mes tentatives pour sauver notre couple ? Des crises d'auto-confiance ? Il croit que je ne le poussais à s'ouvrir, à se confier, que pour me prouver que je suis important pour lui ? Il croit que toutes ces fois où j'ai fait des projets pour notre futur à deux et qu'il les a piétiné sans états d'âmes étaient seulement pour mon propre bonheur ? Je lâche un rire amer. Ça a toujours été le problème de Derek. Il n'a jamais compris que le sens des relations amoureuses est d'être là pour l'autre quand il en a besoin. Même, de faire passer le bonheur de l'autre avant le sien dans certains cas. Qu'avant de penser à se faire plaisir, on fait déjà plaisir à l'autre. C'est de ça qu'est née la légende du « sexe meilleur avec l'être aimé ». Ce n'est pas parce qu'il y a une sorte de magie obscure là-dessous. C'est juste que quand on est amoureux, on répugne à jouir seul. C'est plus fort que nous. Il faut que l'autre ait pris son pied, pour pouvoir s'abandonner au notre. Ou du moins, c'est comme ça que moi, je l'ai toujours vu. Mais, eh, je me suis tellement trompé jusqu'ici, pourquoi pas cette fois aussi…
_ C'est pas du jeu Derek, je pars vraiment. Je vais quelques temps chez mon père, le temps que je me trouve un apart', je viendrais chercher le reste de mes affaires plus tard… C'est juste que je fais tout dans cette relation, tu vois, et… et je sais plus ce que je dois faire pour que… Tu sais quoi ? Laisse tomber… Je pari que t'en a rien à foutre de ce que je te dis, je vais y all—
_ Tu savais comment j'étais ! Je t'avais prévenu ! Tu savais que ça n'allait pas être facile !
_ Mais pas à ce point, Derek ! Pas à ce point !
Je me stoppe face au visage choqué de Derek. Je n'ai jamais utilisé ce ton accusateur avec lui. Ce ton rancunier, presque haineux. Mes mots suintent le dégoût. Je le hais de nous avoir infliger ça. J'aimerais tellement le détester. Je ne souffrirais pas autant, alors.
_ J'ai tout fait Derek ! JE me suis déclaré à toi ! JE t'ai supplié de sortir avec moi ! JE t'ai couru après pendant des mois ! JE t'ai attendu plus d'un an parce que tu trouvais que c'était quand même du détournement de mineur de sortir avec un mec de dix huit ans et que dix neuf, ça faisait mieux ! JE… Derek, j'ai tout fait. J'ai tout accepté de toi. Tes qualités comme tes défauts… Je t'ai tout donné de moi et je n'ai rien reçu de toi.
On crie, maintenant. On laisse tomber le mode civilisé pour le mode animal. Il ne manquerait plus que la vaisselle soit jetée partout dans la maison et ça sera digne des plus belles scènes dramatiques jamais écrites. Mais, je suis fatigué. Je ne veux plus de dispute. Je veux juste sortir de mon propre corps.
_ J'ai tout fait Derek… C'est même moi qui me suis imposé en emménageant chez toi. Je… J'ai… Je te raconte tout. Je t'ai parlé de mes peurs les plus profondes, de mes rêves les plus secrets et toi, tu… tu—
_ Tu sais que je ne suis pas du genre à parler de moi-même. Je fais des efforts ! Je t'ai parlé de Kate, je t'ai parlé de mon enfance, je t'ai même raconté la nuit de l'incendie, qu'est ce que tu veux de plus ?
_ Je veux que tu me parles de l'après, pas de ce que tout le monde sait ! Je veux que tu t'impliques dans notre relation. Je veux que tu fasses des projets au lieu de simplement attendre notre rupture — et je sais que tu le fais ! Je le vois chaque jour dans ton regard ! —, je veux tout de toi comme tu as tout de moi ! Je veux qu'on s'appartiennent, pas juste être tien ! Je veux que tu sois honnête avec moi, que tu me dises ce qui ne va pas. Je veux que t'arrête de cracher sur tous les projets que je fais pour nous deux. Je veux que tu t'impliques, tu comprends ça ?! Je veux arrêter de m'imposer. Je veux croire que je ne suis pas le seul à nous vouloir ensemble. Est-ce que tu me veux, Derek ? Est-ce que tu veux finir ta vie avec moi ? M'aimer ? Est-ce qu'au moins tu m'aimes Derek ?
Le silence nous submerge. Est-ce que je suis fou d'avoir toujours un peu d'espoir ? Est-ce que je me voile la face en lui faisant confiance pour me retenir ?
_ Sven dit que les « Je t'aime » sur l'oreiller ne veulent rien dire. C'est vrai ça, Derek ? Est-ce qu'au moins tu m'aimes ?
Une lueur dangereuse passe dans son regard, et les mots qui sortirent de sa bouche tenaient plus du grondement de bête sauvage que d'une voix humaine. Merde, je n'aurais pas dû ramener le nom d'un autre mec dans la conversation. Stupide, stupide Stiles. Pourtant, je connais très bien la possessivité alarmante des loups. Stupide.
_ C'est ça alors ? Maintenant tu prends des conseils chez Sven ?
_ C'est pas le sujet Derek, le problème ce n'est pas moi et Sven mais nous !
_ T'en ai sûr ? Parce que t'es peut être du genre à vouloir élargir tes horizons et pas juste te contenter d'un seul mec !
_ Arrête ça, Derek. T'es juste ridicule et tu dis n'importe quoi ! Si quelqu'un veut aller voir ailleurs, c'est surement pas moi M. Les-humains-me-sont-tellement-inferieur-que-je-ne-les-calcule-même-pas. C'est moi qui m'inquiète nuit et jour que tu rencontres une jolie louve qui ne se blesse pas toutes les trente secondes, qui te fera pleins de jolis louveteaux et que tu pourra baiser sans te sentir coupable des petits bleus qui trainent. Alors n'inverse pas les rôles, s'il te plait. On sait tous ici, qui n'est pas comblé… En plus, Sven est marié et tu le sais.
Ma tirade me vaut un regard noir, et du mal à reprendre mon souffle. Sven est un ami de la fac. Un des rares à qui je peux me confier. Et le seul, concernant ma vie avec Derek. Ce n'est pas à la meute que je peux raconter nos problèmes, à Derek et moi. Ils ont toujours érigé Derek au statut de pseudo-père. Ou plutôt, de chef de famille. Après tout, leurs loups considèrent l'Alpha comme leur géniteur. De plus, en les transformant, il a sauvé la plupart d'entre eux. Et Scott… Scott est papa, maintenant, il a déjà assez de choses en tête, sans en plus lui rajouter les miens.
Après ce dernier éclat, Derek reprend son visage impassible et se dirige calmement vers la porte. La main sur la poignée de la porte, il me jette par dessus son épaule un regard méprisant.
_ Barre-toi si c'est ce que tu veux. Tu l'as dit : ce n'est pas moi qui t'ai couru après. Mais sache une chose, Stiles, si tu quittes cette maison, ce n'est pas la peine d'y revenir.
La porte ne claque même pas. Pourtant, c'était l'une des conclusions les plus répandues à nos disputes. Généralement, c'est moi qui me barre pour me calmer et reprendre mes idées. Mais, cette fois, j'ai… Je n'ai juste plus la force. Je-… Une larme dévale ma joue.
Alors, voila ? C'est tout ? C'est fini ?
J'ai vingt deux ans. Je connais Derek depuis six ans. Je sors avec lui depuis trois longues — et pourtant si courtes — années. Et voilà. C'est tout. C'est fini. Trois ans de vie de couple qui partent en fumée. Comment est-ce qu'on peut surmonter ce genre de chose ? Comment est ce que je pourrais passer à autre chose ? Est-ce que c'est même possible ? Est-ce que c'est possible de passer le reste de sa vie en sachant qu'on a quitté l'homme de sa vie ?
J'arrive devant ma voiture. Une Camaro, offerte par Derek. Pas une nouvelle. La sienne. Parce que ça ne changerait rien. Si la Camaro devenait mienne et que moi j'appartenais à Derek, la Camaro restait sienne. L'explication la plus débile qu'on m'ait jamais offerte. Celle qui m'a le plus touché. Parce que quand Derek trouve des excuses débiles, c'est qu'il est gêné. Et jusqu'à aujourd'hui, j'ai toujours pris sa gaucherie pour une preuve de son amour.
Tout cela n'est plus d'actualité. Je repose la clé sur le capot et me dirige vers mon ancienne voiture, garée plus loin. Pour ne pas déranger. Je suppose que c'est aussi ma place, à partir de cet instant. À l'extérieur du cercle.
Pour ne pas déranger.
Un hoquet franchit la barrière de mes lèvres. Non, ce ne sont pas des larmes que je verse. Un homme ça ne pleure pas, qu'a dit Papa. Alors non, je ne pleure pas. C'est juste que pour l'instant je ne suis ni un homme ni une femme. Je suis juste un pauvre type qui allait larguer et qui s'est fait largué. Rien de nouveau. Juste la normalité. Même dans une ville envahi par le surnaturel.
Et c'est tranquillement que je roule. M'éloignant de la forêt, de Derek. Ignorant que ce dernier s'était tenu de la fenêtre tout du long, recroquevillé sur lui même.
Et que lui aussi, il ne pleurait pas.
Alors ?
