Extreme Ways



Je situe cette fic en cours de saison 2, quelques temps après la mort de John.

Disclaimer: Supernatural ne m'appartiens pas, malheureusement pour moi.

Warning: Wincest.


Chapitre 1

Cinq heures. Cela fait huit heures que Dean est parti. Cinq qu'il devrait être là.

Tournant en rond dans le minuscule box que la propriétaire du motel a eu l'audace de qualifier de chambre, Sam est à peu près aussi détendu qu'un lion qu'on électrocuterait dans sa cage.

Dean ne répond pas à ses appels.

Bobby est tout aussi injoignable.

Son frère est à trente miles d'ici, le rejoindre à pieds est inenvisageable.

La nuit est tombée.

Il y a deux heures, il est allé dehors, et n'a pas aperçu l'ombre d'un être vivant, encore moins celle d'un véhicule.

Les ruelles du petit village dans lequel il est enterré sont plus désertes et sinistres qu'un cimetière laissé à l'abandon. A croire qu'il est seul. Parfaitement, totalement seul.

Pas une lumière ne scintille à travers les vitres sombres des rares habitations éparpillées autour du motel.

Par réflexe, Sam s'avance vers la fenêtre et tire le rideau jaunâtre. Pour le laisser retomber avec un soupir désespéré. Lui qui déteste avoir à voler une voiture donnerait n'importe quoi pour être en mesure de le faire. Même si le véhicule en question s'avérait être un tricycle.

Ses yeux glisse, pour la centième fois au moins en moins d'une heure, sur le pied de biche qui dépasse de son sac.

Il lui suffirait de glisser l'objet le long d'une vitre, de faire sauter la serrure, pour s'assurer que son frère ne courrait aucun danger.

Sa gorge se noue, et il détourne les yeux.

Il s'est passé quelque chose. Il a du blesser son frère. Ou…

Les doigts de fer qui empoignent le cœur de Sam depuis ces cinq heures interminables se resserrent, accentuent la pression.

Son grand frère est avec un psychopathe, un violeur, et accessoirement un vampire, capable d'arracher les yeux de son propre fils à la petite cuillère, d'abuser de lui, de lui trancher la tête à coups de canette brisée. Son fils, mais également une dizaine d'autres enfants, deux hommes et une femme ont subit cette ignoble torture à l'Est du Minnesota, ces deux dernières semaines.

Sam passe une main fébrile dans ses cheveux, inspire et expire profondément par le nez.

Ce qui ne le calme pas le moins du monde.

Pour la vingtième fois, il compose le numéro de Dean, pose le combiné à son oreille. Cette fois, nul besoin d'attendre : répondeur, automatiquement.

Son imagination lui devient insupportable.

Des scènes plus atroces les unes que les autres défilent sous ses yeux sans qu'il ne puisse s'en défendre.

Sam entrouvre les lèvres, mais sa trachée se remplit de ce qui ressemblerait à des compresses de coton, et il ne parvient pas à articuler un seul mot.

La main légèrement tremblante, il glisse le portable dans sa poche.

Il n'aurait jamais dû accepter de le laisser y aller seul. Il aurait dû insister plus longtemps, ne pas lui donner le choix.

Un goût métallique dans sa bouche l'extirpe une fraction de seconde de ses pensées.

Sa lèvre inférieure, malmenée par ses dents un peu trop brutalement, est en sang.

Sam pâlit un peu plus.

Du sang. Le visage de son frère, tourné vers lui. Couvert de sang. Sa poitrine, couverte de sang. Ses jambes, ses bras, ses mains, son cou…. En sang.

Le peu de maîtrise qu'il a réussi à conserver de lui vole en éclat.

En deux grandes enjambées, il atteint son sac, le jette sur son épaule et quitte la chambre, claquant la porte derrière lui.

Autour de lui, le calme est absolu. Quasi angoissant. Le village est mort, sombre. Trop sombre étant donné que le seul lampadaire de la rue a rendu l'âme. D'un pas rapide, Sam traverse le parking vide, et longe le bord de la route. Ses chaussures claquent sur l'asphalte avec un bruit sec, lequel se répercute sur les murs délabrés qui l'entourent.

Il y passera la nuit s'il le faut. Arrivera un moment où il croisera une voiture, forcément. Et là, tout ira beaucoup plus vite. Il presse le pas. Son haleine tiède se dessine dans la nuit glaciale.

Il plonge la main dans sa poche, la presse contre son portable. Peut être que Dean n'a plus de batterie, ou plus de réseau, tout simplement. Peut être qu'il est juste en train de boire un verre. Et si c'est le cas, s'il ne s'est rien passé de grave, il le croisera. Dean est forcé d'emprunter cette route pour rentrer, il n'y en a pas trente-six mille qui sillonnent Dirty Pall - le village que Sam s'empresse de quitter.

Il marche depuis près d'une heure et demie, lorsqu'un son familier, très familier, retentit à ses oreille. N'osant trop y croire, il fixe les ténèbres, devant lui. Rien. Les battements de son cœur s'accélèrent et il retient inconsciemment sa respiration. Toujours rien. Mordillant inconsciemment sa lèvre ensanglantée, il marche un peu plus vite encore. Cinq, dix, quinze, vingt minutes passent, et lui semblent des heures. Malgré la rapidité de son allure, le froid l'engourdit, et il serre les mâchoires, empêchant ses dents de s'entrechoquer.

C'est à l'instant où Sam extirpe fiévreusement son portable de sa poche qu'il entend distinctement le ronronnement d'un moteur.

Suspendant son geste, le téléphone à mi chemin entre son flanc et son oreille, il s'immobilise.

Fixe le chemin qui serpente à droite, bordé d'arbres morts. Une dizaine de secondes s'égrainent, et deux phares surgissent au tournant. Gros, éblouissants.

Sam cligne des yeux humides et rougis par le froid, incapable de distinguer le conducteur ; bien que le véhicule ne se situe qu'à quatre ou cinq mètres.

Mais ça n'a aucune importance, puisqu'il reconnaît parfaitement ce bruit.

L'impala se stoppe au milieu de la route, à trente centimètres de Sam, qui semble hésiter entre se jeter dans l'habitacle et rester planté là jusqu'au petit matin.

L'éclat des phares a baissé d'intensité, et Sam peut voir le visage de son frère derrière le pare-brise. Il a l'air d'avoir reçu un uppercut en plein visage. Le temps d'une seconde. Parce qu'à peine croise t-il son regard qu'il lui adresse un petit coucou en agitant les doigts de sa main droite.

- Connard, fait Sam dans un souffle, alors que son frère ouvre la portière côté passager. Bon sang…quel connard !

Son soulagement est tel qu'il ne lui en veut pas, même pas un tout petit peu, d'avoir manqué l'assassiner.

Il se précipite vers la portière, trébuche, manque s'étaler sur le bitume, se raccroche de justesse à la poignée. Repoussant entièrement la portière d'un solide mouvement de la main, Dean se hâte de débarrasser son frère du sac que ce dernier laisse tomber sur le siège, rabat la portière une fois Sam assit. Le souffle glacial qui s'est engouffré dans l'habitacle lui arrache un frisson, et il s'inquiète sérieusement pour l'état de Sam, mais déjà son petit frère lui agrippe le bras, comme s'il s'était soudainement transformé en bouée de sauvetage, plongeant un regard brûlant d'inquiétude dans le sien.

- Où tu étais ?! Dean ! Tu vas bien ?

Au ton de sa voix, on aurait dit qu'il avait passé toute la journée à attendre son retour d'un camp de prisonnier de guerre.

- Dean ! répète t-il, sans laisser à l'aîné le temps d'ouvrir la bouche. Pou…( sa gorge est sèche comme du parchemin, et il déglutit difficilement) pourquoi tu n'as pas répondu à mes appels ?

Dean doit admettre que l'inquiétude, le soulagement dans la voix de Sam le rend heureux d'être lui, tout à coup. Ça lui donne l'impression d'avoir été mis au monde pour une seule raison : « Calmer les presque-crises d'apoplexie de son adorable petit frère ».

Il réprime le sourire qui menace d'étirer ses lèvres. La dernière chose dont Sam a besoin en ce moment est qu'on lui donne l'impression d'être un abruti.

Il pose une main apaisante sur l'épaule de son cadet, lequel entreprend de sonder chaque millimètre de son corps à la recherche de la blessure la plus superficielle, et a décidé de ne pas lui rendre son bras.

- Eh…Sam, détends toi, dé-tends toi. (Il élève son bras libre) Je vais bien !

Comme s'il n'en est pas sûr le moins du monde, Sam s'attarde une dizaine de secondes supplémentaires dans l'examen rapproché de son frère, avant de regarder à nouveau son visage.

Il a l'air si perdu, si déstabilisé, que Dean en reste interdit.

- Je…j'ai…j'ai cru que…bafouille Sam.

Il grelotte, alors que la douce chaleur de l'impala gagne peu à peu son corps.

- Merde, Sam…souffle Dean, le front barré par une ride d'inquiétude. Tu es mort de froid.

Il tourne la clef de contact et démarre, avant de mettre en route le chauffage.

- Tu comptais me rejoindre à pieds ? En pleine nuit ?

Le regard de Dean volette sans cesse de la route à son frère.

Ce dernier, un peu rassuré, ne répond rien.

Il s'efforce de cesser de fixer son grand frère, conscient que rien de ce qu'il pourra lui dire ne trouvera satisfaction à ses yeux. Dean lui répondra qu'il est en bonne santé, qu'il est capable de tuer un vampire tout seul comme un grand, qu'il ne faut pas s'inquiéter comme un dingue pour rien, et cetera et cetera…

Un court silence flotte dans l'impala, que Dean brise, appelant Sam en traînant volontairement sur le prénom.

Le concerné s'éclaircit la gorge, et se décide finalement à desserrer les dents.

- Je me suis inquiété comme un malade pendant plus de cinq heures, Dean. Comment croyais tu que j'allais réagir ? (Sa voix se fait plus assurée). Qu'est-ce qui c'est passé ?
- Mon portable est mort. En miette. J'suis désolé, s'excuse Dean. Le vampire m'a donné un peu plus de mal que prévu. J'voulais te prévenir, (il gratifie Sam d'un sourire hésitant). Tu n'aurais pas dû t'en faire comme ça. C'était juste un petit vampire, Sam. Pas une armée.

Les yeux rivés sur la route, Sam mâchouille quelques instants sa réponse avant de la laisser sortir :

- On ne parle pas d'un caniche, j'te signale. Tu étais avec un malade, un… (il pousse un soupir, comme pour déverser un peu de l'angoisse qui l'a rongé inutilement). C'est un monstre, merde! Un meurtrier !

C'est le ton de Sam, qui est meurtrier.

- C'était, rectifie Dean calmement. J'ai massacré ce fils de pute.

Le jeune homme gratifie Sam d'une petite claque affective sur l'épaule, et ajoute :

- Je t'expliquerai tout ça dans la chambre, (il désigne d'un mouvement du menton l'espace devant lui, coupe le contact), on est arrivé.

Surprit, Sam jette un regard perdu autour de lui.

- Déjà ?

Soit il avait marché au rythme d'une vieille femme, soit Dean avait roulé comme un dingue sans même qu'il ne s'en rende compte.

- J'ai roulé vite.

Évidemment.

Trois minutes plus tard, les jeunes frères se perdent l'un et l'autre dans l'activité qui leur parait appropriée : Assit sur son lit, Sam contemple le vide, derrière la fenêtre. Quant à Dean, une serviette drapée autour de la taille, il rentre dans la chambre, attrape le Tee-Shirt et le pantalon qu'il compte enfiler pour la nuit, et se coule sous ses couvertures, évitant ainsi d'offrir à Sam un spectacle qu'il préférait sans doute éviter. Une fois habillé, après moult combats avec la ficelle de son pantalon, Dean saute sur ses pieds.

- Sam ? Qu'est-ce que tu fais ? Il est 4h00 du mat'. Tu devrais dormir.

Sam a toujours eu ce truc avec les fenêtres de motels. Quand il y en a en tout cas. Il passe la moitié de son temps à regarder par la fenêtre en mordillant sa lèvre inférieure ou en tapotant un crayon contre ses dents, perdu dans son monde à lui. Mais ce soir, on pourrait croire qu'il s'y donne un film que lui seul peut voir.

Beaucoup de ses réponses à ses commentaires précédents ont commencées par « Hein ? », et Dean a l'impression qu'il n'est même pas dans le même hémisphère.

Il se dit qu'il devrait le laisser tranquille, que son frère à le droit à un peu d'intimité de temps en temps, lorsque Sam se lève brusquement, et lâche :

- Dean, écoute, je…

Les mots se bousculent dans sa tête. Quand il ne croisait pas le regard de Dean, tout était clair, ce qu'il devait dire tracé d'avance. Et là… il meurt d'envie de renoncer.

Il inspire profondément par le nez,sans doute pour se donner du courage, et dit rapidement, comme si c'était une faute dont il fallait se débarrasser très vite avant qu'elle ne vous empoisonne l'esprit :

- Je t'aime, Dean.

- Je sais, lâche l'aîné qui parait soulagé, un sourire kodak collé sur les dents. C'est normal. Moi aussi, je m'aime. Et je t'aime aussi.

Il écarte largement les deux bras, les tend en avant, feignant d'attendre que Sam s'y précipite.

- Non…non, je… C'est…

Le cœur de Sam bat si vite qu'il en a la nausée. Il glisse d'un pas en arrière et baisse la tête, incapable de regarder son frère dans les yeux.

Ce dernier laisse retomber ses bras, dérouté par l'attitude étrange de son cadet. Il le dévisage, et fait un pas en avant, lorsque Sam lève enfin son visage vers lui.

- Dean, je...ce que j'essaie de te dire c'est que...

Sa voix tremble légèrement, et il détourne le regard une seconde; avant de le reporter sur son frère avec hésitation, comme s'il craignait de se brûler en croisant ses yeux.

- Je t'aime. Vraiment, je...je suis amoureux, Dean.

Sa phrase s'achève dans un murmure. Amoureux. Le mot lui parait si stupide, si...enfantin, et tellement en décalage avec ses sentiments... Il se sent parfaitement ridicule. Écœurant, monstrueux. Ses joues rosissent de honte et il fait volte-face, pour s'engouffrer dans la salle de bain.

Dean s'est figé, l'expression indéchiffrable. Sam aurait pu lui assener une boule de démolisseuse sur la tête, il aurait eu moins d'impact.


Ceci étant ma première fic, j'espère que ce premier chapitre vous a plu. Si une suite vous intéresse, faites moi le savoir :)