Disclaimer :
De toute manière, tout ce beau monde est tombé dans le domaine public depuis des lustres.
Notes :
Voilà donc le Dionysos/Apollon dont j'avais parlé dans mon écrit sur Perséphone. Il paraît qu'il faut dire « attention y a de l'inceste » (ils sont quand même demi-frères ces deux-là) mais... c'est pas comme si ça différait vraiment de la mythologie grecque. Zeus lui-même s'est tapé à peu près tout le monde, et ça a jamais posé de problème.
Pas de contexte particulier cette fois, c'est du pur smut relié à un peu de psychologie. Je précise que pour moi Apollon est blond et Dionysos brun/roux.
JUSTE MILIEU
Dionysos gémit, lourd et sourd comme la bouche d'Apollon sur sa clavicule. Des doigts sont enfoncés dans ses hanches, mêlés aux cheveux qui descendent jusques aux reins. Le blond descend méthodiquement le long de son corps, laisse ses marques qui ne resteront que peu de temps, des couleurs qui se résorberont — les dieux guérissent vite, songe Dionysos, trop sans doute.
À cette pensée il relève un bras et attire son demi-frère à lui, les encastre l'un dans l'autre. Il voudrait le marquer pour toujours — pas forcément à la surface, là où les yeux peuvent voir, mais plus loin, en profondeur. Sa vue est trouble. Apollon est beau dans le flou artistique. Il est soûl de musique et de lumière, il a envie de déclamer sur sept octaves toutes les jouissances d'une vision pareille, dieu du théâtre qu'il est, dieu de l'ivresse toujours, sous les mains chaleur soleil qui ne le quittent pas.
Regard fixé sur la cuisse de l'Autre, il voit son propre corps, les suçons nets en ligne droite de sa nuque à son aine, travail propre. Et relevant la tête, il aperçoit la peau d'Apollon, albâtre là où lui est hâlé, et striée de griffures, striée des marques de ces impulsions qui les prennent parfois tous les deux. Lui aussi gémit à présent, et c'est beau, c'est l'art et la science réunit dans sa voix de bronze, et Dionysos songe soudain à cet étrange équilibre qui les caractérise. L'Autre est tout contre son corps, touche sa peau, respire son air, et il l'attire à lui pour l'embrasser. Domination à tour de rôle. Pas de véritable avantage.
Il songe à ses propres hématomes, la manière dont ils sont si parfaitement alignés — et se gonfle de fierté. Il sait que son demi-frère est le seul qu'il laissera jamais le toucher ainsi, avec ses effleurements réguliers et ses mouvements réglés comme une horloge. De même, il sait qu'il est le seul à avoir le droit, sur l'Olympe comme dans les territoires des hommes, de mettre Apollon dans cet état, en bordel, en superbe capharnaüm.
Là, dans le calme couronné de bruit, le désordre et l'équilibre s'entrechoquent.
Parfois, un peu perdu, vite retrouvé, un souffle résonne.
