Disclaimer : Les personnages et le monde crées par J.K. Rowling ne m'appartiennent pas.
Le sablier aux milles visages
Chapitre 1
De mystères en mystère
Le département des mystères est, comme son nom l'indique, un endroit extrêmement mystérieux. À part les langues-de-plombs, personne ne savait ce qu'on pouvait bien y faire. D'ailleurs, eux seuls pouvaient y accéder. Malgré cela, ils étaient près d'une trentaine de personnes, étrangères à la profession de langue-de-plomb, à se promener dans ses couloirs cette nuit-là.
Il y avait parmi ce groupe de gens, un jeune homme d'à peu près dix-neuf ans, plutôt grand, à la silhouette mince et athlétique d'un sportif habitué à courir. Ses cheveux noirs, d'ordinaire en batailles, étaient aplatis sur son crâne et son visage ruisselant de sueur. Au-dessus de ses yeux d'un vert d'émeraude, plutôt en alerte à ce moment précis, on pouvait voir une mince cicatrice en forme d'éclair. Celle-ci faisait de Harry Potter – car ce jeune homme n'était nul autre que lui – un garçon des plus extraordinaires, car elle était LA raison pour laquelle il se trouvait dans ce département interdit.
Alors qu'Harry Potter n'était âgé que d'un an, le plus grand mage noir de tous les temps, Lord Voldemort, tua ses parents et essaya de le tuer à son tour, sans toutefois y parvenir. À la place, le sortilège de la mort – Avada Kedavra – a rebondi sur le front d'Harry – y laissant la fameuse cicatice au passage – et frappa Voldemort, ce qui a eu comme effet de le réduire à l'état d'ombre. Ce n'est que pendant sa sixième année à l'école de sorcellerie de Poudlard, qu'Harry sut pourquoi l'autre sorcier n'était pas mort : Lord Voldemort avait fragmenté son âme en sept morceaux et les avaient dissimulés dans des objets appelés Horcruxes. Tant que les horcruxes restaient intactes, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ne pouvait mourir.
C'est pourquoi, à la fin de sa sixième année, Harry et ses trois meilleurs amis, Ron, Hermione et Ginny, partirent à la recherche des cinq horcruxes restants – l'un ayant été détruit par Harry pendant sa deuxième année, l'autre par Régulus Black, le frère du parrain d'Harry, Sirius Black.
À l'origine, Harry Potter aurait dû terminer ses études à Poudlard et commencer l'entraînement pour devenir auror – si tout s'était déroulé comme prévu -, mais au lieu de cela, il était toujours – deux ans plus tard – en quête du dernier horcruxe, qui se trouvait ici, dans le département des mystères.
Harry ne savait pas pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt. Après tout, quel meilleur endroit pour trouver des trucs bizarres que ce département protégé au sein du ministère de la magie?
Hermione avait effectué de nombreuses recherches pour trouver ce que pouvait bien être le dernier objet. Elle avait passé tellement d'heures dans la bibliothèque privée du professeur Dumbledore (le professeur McGonagall avait accepté qu'elle l'utilise), qu'on lui avait fait installé un lit dans un coin, au grand désarrois de Ron, qui se voyait ainsi dépouillé de sa petite amie même pendant la nuit.
Finalement, un jour de septembre, Harry et Ron, qui cherchaient de leur côté dans la bibliothèque qu'ils avaient fait apparaître dans la salle sur demande, virent une Hermione Granger particulièrement échevelée franchir la porte en courant.
« J'ai trouvé, » résuma-t-elle entre deux grandes inspirations. Sans d'autre cérémonie, elle balaya les livres que les deux garçons lisaient et déposa le sien – Les objets mythiques et insolites du monde de la sorcellerie, de Déneige Laporte – sur la table dans un énorme 'Bang', et se mit à lire la définition d'une image représentée dans le coin gauche de la page.
« Ci-contre, une magnifique reproduction du célèbre peintre Robert A. Cassé de la bataille épique entre Godric Griffondor et le dragon de Chi-Mu-Yow, qui fit la réputation du sorcier. Selon plusieurs historiens, cette scène marque le moment où les gens de l'époque commencèrent à considérer Godric Griffondor comme l'un des plus grands sorciers du Moyen-Âge. »
Harry ne voyait pas où Hermione voulait en venir. Il n'y avait pas la moindre allusion à un quelconque objet dans ce paragraphe. Il jeta un coup d'oeil à Ron et il fut soulagé de voir que lui non plus ne semblait pas comprendre.
« Euh...Hermione, » fit prudemment Ron, « qu'est-ce que...enfin...il n'y a rien là-dedans...Harry? »
Le rouquin semblait avoir fléchi devant le regard que lui lança Hermione.
« Ce que Ron veut dire, Hermione, » en entendant Harry citer son nom, les oreilles de Ron devinrent écarlates et il piqua son nez dans un livre qui se trouvait près de lui, « c'est qu'il n'y a rien dans ce que tu viens de lire qui nous donne un indice sur le dernier horcruxe. »
Hermione laissa échappper un énorme soupir comme si elle voulait signifier par-là que leurs cas étaient désespérés.
« Bien sûr que non, il n'y a rien d'écrit, car ce n'est pas ce qui est écrit qui est important.. »
« Ben alors, c'est quoi? »
« C'est la peinture, Ron, la peinture. »
Voyant que les deux garçons la regardait elle, et non le livre, Hermione commença à perdre patience.
« Mais qu'est-ce que vous attendez? Regardez-la! »
Aussitôt, ils plongèrent leurs yeux dans le bouquin et examinèrent attentivement l'image. Harry ne voyait toujours pas ce qu'elle avait de si révélatrice : on y voyait Godric Griffondor, le choixpeau encore tout neuf sur la tête, qui maintenait l'immense dragon chinois à distance avec son épée, qui se trouvait dans le bureau de McGonagall, et un bouclier.
« Alors? » lui parvint la voix d'Hermione, qui paraissait très satisfaite d'elle-même. « Vous avez deviné? »
« Ne me dit pas que le dernier horcuxe se trouve dans les ossements de ce dragon, parce que si c'est ça... » commença Ron qui s'arrêta aussitôt en entendant Hermione qui soufflait difficilement, signe qu'elle était frustrée.
Elle reprit trois ou quatre inspirations afin de se calmer et se mit à parler d'un ton doucereux, comme si elle essayait de faire comprendre un sujet particulièrement compliqué à des enfants ou à des déficients.
« Nous savons que Voldemort – Oh, reprends-toi Ron – a choisi des objets significatifs pour les transformer en horcuxes. La grande majorité de ces objets sont liés d'une façon ou d'une autre aux quatres fondateurs. Or, il n'y a aucun artéfacts connu ayant appartenu à Godric Griffondor qui aurait pu lui être utiles, car ils se trouvent tous deux dans le bureau de la directrice. Je parle bien sûr du choixpeau magique et de l'épée qu'a trouvée Harry en deuxième année. La question qu'il faut se demander est : est-ce qu'il y aurait, par hasard, un autre objet, tout aussi important pour Godric Griffondor, qui ne se retrouverait pas ici, à Poudlard? »
Hermione se tut, attendant vraisemblablement qu'Harry ou Ron trouve la réponse à sa question. Puis, le déclic se fit dans la tête d'Harry.
« Hermione...est-ce que tu...ce ne serait pas...le bouclier! »
Hermione sourit, heureuse de voir que l'un des deux garçons avait finalement compris.
« Mais où est-ce qu'on peut le trouver, ce bouclier? » demanda Ron qui prit le livre des mains d'Hermione, s'attendant presque à voir la réponse apparaître sous son nez.
Cette dernière sortit un vieil exemplaire du Daily Prophet de sa robe et entreprit de le lire à haute voix.
« Alors qu'ils faisaient des fouilles archéologiques en Espagne, deux historiens moldus ont mis à jour un bouclier qui, d'après nos sources, aurait appartenu à Godric Griffondor en personne. Hopper et Moult, deux langues-de-plomb qui se sont rendus sur les lieux, afin de récupérer le précieux objet, ont refusé de faire tout commentaires... »
« Si deux langues-de-plomb ont ramené le bouclier, il ne peut se trouver qu'à une seule place... » termina Hermione en repliant le journal. Du coin de l'oeil, Harry vit qu'il datait de 1984.
« Hermione, je ne sais pas si je te l'ai déjà dit, mais tu es un véritable génie! » s'exclama Ron en contournant la table pour aller embrasser le génie qui rosissait de plaisir sous le compliment. Entre deux baisers, Harry, qui commençait à se sentir de trop, fit un raclement de gorge particulièrement sonore, afin d'attirer l'attention des deux tourtereaux.
« Je ne voudrais pas vous interrompre, mais on ne devrait pas commencer à établir un plan pour aller chercher et détruire ce bouclier? »
« Tu as raison, Harry, » dit Hermione qui mettait un peu d'ordre dans ses vêtements. « Au fait, où est Ginny? »
« Avec Neville, » dit Ron comme seule explication. « Je vais aller la chercher. »
Moins d'une demi-heure plus tard, Ron était revenue avec Ginny et, tous les quatre, élaborèrent un plan pour dérober le bouclier sans être vu. Ce plan fut mis à exécution à peine cinq jours plus tard. Tout avait été minutieusement calculé, si ce n'est la présence des quelque ving-cinq mangemorts envoyés par Voldemort pour leur barrer la route.
Les quatre amis s'étaient rendus compte de leur présence lorsqu'ils étaient entrés dans une pièce où l'on pouvait voir un énorme oeil. Le reflet des fidèles de Voldemort apparaissaient dans la rétine géante et, alors qu'il avait encore le dos tourné, Harry avait chuchoté à Ron :
« À trois, tu jettes un sort de Stupéfix derrière toi et tu cours, d'accord? Passe le mot. »
Harry laissa passer un peu de temps, donnant le temps à Ron de parler à Hermione, et Hermione de le dire à Ginny. Puis, comme il ne voulait pas que les mangemorts sachent qu'il avait repéré leur présence, Harry décida de faire le décompte très subtilement.
« Tu ne trouves pas Ron, que UN oeil, c'est plutôt bizarre? »
Ron, qui pouvait parfois être lent, compris aussitôt l'allusion.
« Je ne sais pas...j'imagine que peu importe le nombre, UN oeil de cette taille, c'est toujours impressionnant. »
« Oui, mais imagine s'il y avait DEUX yeux... »
En disant cela, Harry remarqua, du coin de l'oeil, que la main de Ron s'était resserrée sur sa baguette.
« En effet, » fit Ron en hochant la tête d'un air absent, « ça serait assez imposant... »
« Et toi, Hermione, qu'en penses-tu? Après tout, je trouve qu'une opinion, c'est moins bien que TROIS.. »
« Stupéfix! » crièrent-ils tous en même temps, avant de se jeter sur la porte située à leur droite. En ouvrant la porte, Harry entendit un son étouffé et supposa qu'au moins un des mangemorts avait été touché.
« Expelliarmus! » hurla quelqu'un derrière eux.
« Confundo! »
« Impedimenta! » Cette fois, ce fut Hermione qui lança le sort, touchant Avery à l'épaule.
Un peu plus loin derrière lui, Harry entendit Ginny crier, puis Ron. Tout en continuant de courir, Harry se retourna et ce qu'il vit l'arrêta dans sa course. La baguette de Ginny reposait à présent dans la main de Rodulphus Lestrange qui était en train d'affliger le sortilège d'endoloris à la rouquine. Sans réfléchir, Harry s'avança vers Lestrange, leva sa baguette et...
«Sectumsempra! »
Aussitôt, des dizaines de coupures zébrèrent le corps du mangemort qui lâcha la baguette dans un hurlement de douleur et d'effusion de sang.
« Accio baguette de Ginny! » cria Harry qui attrapa la baguette en plein vol. Ron prit Ginny dans ses bras et ils reprirent tous leur route. Avisant une porte à leur gauche, Harry, Ron et Ginny s'y précipitèrent. Ce n'est qu'à ce moment qu'Harry se rendit compte qu'Hermione n'était plus avec eux.
« Où est Hermione? » demanda Ron, en soufflant sous le poids de sa soeur.
Harry ne répondit pas. Il jeta des coups d'oeil frénétiques autour de lui, cherchant Hermione dans la noirceur opaque. Ils se trouvaient à présent dans une pièce complètement noire exceptée pour une petite boule rougeâtre qui flottait au plafond.
« Lumos! » chuchota-t-il.
Étrangement, même avec le sortilège de lumos, Harry n'arrivait pas à voir à plus d'un mètre devant lui.
« Ron...? »
« J'te suis, Harry. »
Harry sentit sa robe tirer derrière lui et supposa que Ron le tenait pas un des pans afin de ne pas le perdre.
Ils continuèrent de marcher lentement, les mains devant, cherchant désespéremment une sortie. Finalement, après ce qu'il leur parut une éternité, Harry découvrit une porte qu'il ouvrit avec précaution. Il jeta un regard à l'extérieur et s'assura qu'aucun mangemort se trouvait dans les parages avant de faire un signe à Ron, lui indiquant que la voie était libre.
Il faisait toujours noir dans cette autre pièce, mais au moins, les deux garçons arrivaient à voir autour d'eux. D'après ce qu'il pouvait en juger, Harry supposa qu'ils étaient dans un genre de couloir. Il y avait quatre portes devant eux, et celle qu'ils venaient de fermer se trouvaient derrière. Deux des portes avaient un grand X rouge sur elles, révélant le passage d'Hermione.
« Ça veut dire qu'Hermione a sûrement emprunté l'une des deux portes restantes, car elle n'est pas revenue faire le X, » résonna Harry, inquiet.
« Mais laquelle? »
Harry regarda Ron. Il savait que son meilleur ami avait probablement plus peur pour Hermione que lui. Encore une fois, il ne put s'empêcher de ressentir de la culpabilité de les avoir entraîner dans cette histoire.
« On va se séparer, Ron? »
« Quoi? »
« Tu vas aller à gauche, je vais aller à droite. Comme ça, on est certain qu'au moins un de nous deux va retrouver Hermione. C'est le seul moyen. »
Ron hésita.
« Pourquoi on n'irait pas ensemble? Si on se sépare, on est beaucoup moins fort...c'est ce que disait toujours Dumbledore : l'union fait la force. »
« Je sais. Mais si on ne prend pas la bonne porte dès le départ, Hermione a le temps de se faire tuer ou pire encore... »
« Se faire tuer...! » Harry avait touché juste. En disant ces simples mots, la voix de Ron s'était cassée et ses yeux s'étaient agrandis de terreur. Ginny reposait toujours dans ses bras, inconsciente.
Finalement, Ron ferma les yeux, déglutit et hocha la tête, de haut en bas. Harry voyait qu'il avait peur, tout comme lui d'ailleurs. Mais il ne savait pas quoi faire pour le rassurer. Il fit donc ce qu'il faisait toujours avant un match de quidditch : il assena un bon coup de poing sur l'épaule de Ron.
« Hé! »
« Fais attention à toi, Ron, » dit Harry avec un faible sourire.
Tout en lui rendant son sourire, Ron resserra son étreinte sur Ginny.
« Essaie de ne pas chercher les ennuis. Enfin...plus d'ennuis que nous en ayons déjà... » Ron émit un léger rire, fit un signe de tête à Harry et disparut par la porte de gauche.
Harry resta un moment à contempler la porte, se demandant si se séparer était un si bon choix en fin de compte. Mais un bruit derrière lui, lui rappela que les mangemorts étaient toujours présents et il s'engouffra à son tour par la porte de droite.
Les deux premières pièces qu'il vit étaient encombrées de bocaux, de tubes fluorescents et d'odeurs étranges et agréables en même temps. Harry ne savait pas trop ce qu'on pouvait bien y faire, mais il n'avait pas le temps de s'attarder : il devait absolument trouver Hermione.
La troisième pièce, par contre, recelait un objet des plus fascinants. Au moment même ou Harry poussait la porte, il fut envahi par une impression extrêmement plaisante. Un mélange de confort, de joie, d'anticipation et de confiance. Harry avait presque l'impression qu'il se trouvait au Terrier, la veille de Noël, car il s'agissait du même genre de sensations. Dans l'air, au lieu du lourd silence, il entendait de la musique. Des cantiques. Harry ne rêvait pas. C'était bien la vieille Noël. Mais à la place des cadeaux, il régnait au milieu de la pièce, un énorme sablier.
Ce sablier devait mesurer deux mètres de haut et près d'un mètre de large. On pouvait voir des centaines de visages défilés dans le contour en bois de chêne. Ils apparaissaient et disparaissaient aussitôt, en vous faisant un clin d'oeil. Cela aurait pu sembler effrayant, mais Harry trouva cela fascinant et amusant. Les visages le regardaient en souriant et Harry aurait presque pu entendre leur rire.
À l'intérieur du sablier, les grains d'or qui tombaient doucement au fond du bocal de verre, semblaient surgir de nulle part. Ils voletaient lègèrement dans l'air avant de se reposer tout doucement dans le tunnel qui les menaient vers le repos.
Jamais Harry n'avait vu objet plus magique, et pourtant il vivait au sein même du monde de la magie. Doucement, il toucha le verre du plat de la main. Celle-ci fut alors envahie d'une douce chaleur qui, petit à petit, le réconforta. Plus rien ne semblait important tout à coup : ni les mangemorts, ni Voldemort, ni trouver Hermione. Tout était désuet. Pourquoi souffrir, alors que ce sablier lui apportait la paix dont il avait tant besoin?
« Harry! Attention! »
Le charme fut brisée. En un éclair, Harry se retourna et vit Hermione debout derrière un mangemort qui avait sa baguette levée.
« Avada Kedavra! »
Harry plongea en avant et réussit à éviter le mauvais sort qui se répercuta sur le sablier. Celui-ci vola en éclat, aspergeant Harry de verre et de poussière d'or. La dernière chose que vit le jeune homme avant de sombrer dans le néant fut le visage inquiet d'Hermione qui se penchait sur lui.
Harry dormit d'un sommeil très agité. Il rêvait qu'il fêtait Noël au Terrier, et tout-à-coup, Hermione se mettait à crier. Le Terrier faisait alors place à un endroit lugubre aux nombreuses portes marquées d'un X. Ginny gisait par terre, le visage blafard, comme lorsqu'Harry l'avait trouvée dans la chambre des secrets près de sept ans plus tôt. À côté de lui, Ron le regardait avec des yeux accusateurs et ne cessait de hurler « Tu l'as tuée, Harry! Tu l'as tuée! »
Quant à Harry, il essayait de proclamer son innocence, mais à chaque fois qu'il ouvrait la bouche, un rire glacé en sortait.
« Arrêtez de faire autant de bruit. Vous allez réveiller mes patients. »
Lentement, Harry émergea de son cauchemard et ouvrit les yeux, pour les refermer aussitôt, car la lumière lui brûlait la rétine. À l'odeur, il sut qu'il se trouvait à l'infirmerie de Poudlard. Un groupe de gens particulièrement bruyants se trouvaient tout près de son lit, ce qui ne manquait pas de mettre madame Pomfrey en colère. En pensant à la vieille guérisseuse, Harry eut un sourire. S'il avait compté toutes les fois où elle avait été en colère à cause de lui...
Les voix se rapprochèrent, ce qui voulait donc dire que leurs occupants se rapprochaient également. À présent, Harry pouvait entendre ce qu'il disait, et leurs paroles ne le réconfortèrent point.
« C'est complètement insensé! » disait quelqu'un en chuchotant violemment.
« Comment pouvez-vous seulement admettre qu'il soit ici? Avec tout ce qui se passe? »
« Calmez-vous, messieurs. Je suis sûr qu'il n'y a aucune raison de s'alamer. » Cette fois, Harry reconnaissait la voix.
« Vous en êtes sûr! »
« Je vais le questionner, si vous le voulez bien, et comme ça, vous serez rassurer, » dit une autre voix qu'Harry connaissait également. « Et je vais commencer dès maintenant, puisqu'il est réveillé depuis cinq bonnes minutes. »
Le silence se fit. Harry compris qu'il ne servait plus à rien de faire semblant et il ouvrit les yeux, cherchant ses lunettes à tâtons sur la table de chevet. Il les trouva et les mit sur son nez, tout en tremblotant. Car devant lui, se trouvait Maugrey Fol Oeil. Un Fol Oeil avec un nez intact, un oeil intact, et une jambe intacte.
« Salut, mon gars, » le salua le professeur Maugrey.
Harry déglut difficilement et répondit un faible « salut ».
« Je vais te résumer la situation, tu veux bien. Tu as été trouvé, complètement nu et inconscient, dans le bureau du Professeur Dumbledore. Personne ne sait qui tu es ni comment tu es entré. Alors, tu comprends qu'il y a quelques personnes ici qui aimeraient avoir des réponses? »
« Oui, monsieur. Je comprends, » murmura Harry en baissant les yeux. Jamais Harry n'avait eu affaire avec le véritable auror. Il avait déjà vu Maugrey, et à plusieurs reprises, mais ce n'était pas en tant qu'accusé. Or, à ce moment, Fol Oeil semblait particulièrement intimidant.
« Pourquoi Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom a-t-il envoyé un gamin faire ses basses besognes, dis-moi? »
Harry releva immédiatement la tête.
« Je ne travaille pas pour Voldemort. Qu'est-ce que vous racontez, prof... »
Mais le dernier mot resta pris dans sa gorge, car Harry venait de voir un fantôme.
Le professeur Dumbledore se tenait un peu plus loin, derrière une professeure McGonagall à l'air quelque peu éprouvée. Ses yeux bleus étincelaient derrière ses lunettes en forme de demi-lune et son regard était insondable.
« Qu'est-ce que t'allais dire, mon gars? »
Les yeux d'Harry revinrent se poser sur Maugrey, et il le regarda avec intérêt. Ce n'était pas l'auror qu'il connaissait. Jamais Alastor Maugrey ne l'aurait accusé d'être un mangemort. Évitant la question, Harry regarda autour de lui, à la recherche de d'autres anormalités.
À part le professeur Dumbledore, McGonagall et Maugrey, il y avait trois autres personnes qu'Harry ne connaissait pas. Un homme noir, plutôt petit, d'une soixantaine d'années environ si on en jugeait par son visage buriné et ses cheveux gris. Il portait une courte barbe et sa robe, couleur or, mettait ses yeux d'ambre en valeur. Il y avait également une jeune sorcière aux cheveux noirs et aux yeux gris qui le regardait étrangement et une autre femme, plus âgée cette fois-ci, d'origine asiatique, qui semblait le considérer comme la plus répugnante des créatures.
« Je t'ai posé une question, mon garçon, » fit de nouveau la voix de Maugrey, plus menaçante cette fois.
« Hein? »
« Qu'est-ce qu.. »
Mais Maugrey n'eut pas le temps de répéter sa question, car le professeur Dumbledore s'approcha et enveloppa Harry de son regard bienveillant.
« Quel est ton nom? »
« Harry Potter, » répondit Harry. Et il ajouta rapidement « professeur. »
« Serais-tu de la famille de Lucas et Mabel Potter? » demanda l'homme noir.
« Euh...c'est possible. »
L'homme garda le silence pendant un moment, puis il se tourna vers Dumbledore.
« Peut-être serait-il sage de faire chercher Lucas et Mabel, pour qu'ils viennent voir si ce jeune homme fait partie de leur famille? Il est évident qu'il ne sait plus du tout où il en est. »
« Je ne crois pas que ce soit nécessaire, monsieur le Premier ministre. En fait, serait-ce trop vous demander de me laisser un instant avec le jeune Harry? »
« Non...bien sûr que non, Dumbledore. Après tout, Poudlard est sous votre juridiction. »
« Merci Montgomery. Le professeur Hagrid va vous mener aux cuisines. Professeur... » et Dumbledore fit un signe à un homme gigantesque qui venait d'arriver à l'infirmerie.
Harry connaissait Hagrid depuis son onzième anniversaire. Mais cet homme n'était pas Hagrid. Celui qu'il connaissait avait des cheveux et une barbe en brousailles. Ses vêtements étaient faits en peaux d'animaux et il ne sentait pas toujours l'eau de rose. Mais le géant qui venait d'entrer était bien peigné et bien fait de sa personne. Son visage, encore jeune, arborrait une courte barbe, bien taillée et sa robe noire était étincelante de propreté. Le détail le plus inusité aux yeux d'Harry fut que cet Hagrid avait une baguette magique à la main. Or, la baguette magique d'Hagrid avait été détruite lorsqu'il avait été renvoyé de l'école pendant sa troisième année.
Le Hagrid qui venait d'entrer invita les personnes présentes à l'infirmerie à le suivre, sous les exclamations outrées de madame Pomfrey, à qui l'on demandait également de sortir.
Lorsque le calme fut revenu, Dumbledore s'asseya sur le rebord du lit d'Harry et le regarda longuement avant de déclarer de sa voix la plus mystérieuse.
« Je crois que nous devons parler, toi et moi, Harry. »
Qu'est-ce que vous en pensez? C'est ma première histoire de retour dans le temps et de monde parallèle. Soyez donc indulgents avec moi.
Bisou,
Nick-avec-une-tête
