Aurélien entendit le bruit d'une porte qui claque et des pas lourds dans l'appartement. Il ne prit même pas la peine de se retourner, sachant qu'une seule personne dans son entourage se permettais de rentrer chez lui en trombe sans frapper. Gringe se dirigea à bruyamment dans la cuisine, ouvra le frigo, pris une bière, ferma le frigo avec violence, décapsula sa bière puis envoya valser le décapsuleur sur le plan de travail. Il revient dans le salon, et se laissa tomber sur le sofa, la mine renfrogné et la mâchoire crispée, regardant fixement l'épisode de Dragon Ball qu'Orlesan regardait à l'instant.

« Allons bon » se dit Aurélien. « Qu'est ce qu'il a foutu encore ? ».

Il attendit quelques secondes, puis voyant que son pote ne parlait toujours pas, et faisait toujours la gueule, il lança exaspéré :

« -Bon ben du coup Gringe, tu vas me dire pourquoi tu tire cette tête ?

-Je vois pas en quoi ça te regarde.

-Comme tu veux »

Il retourna la tête et tenta de se concentrer sur l'épisode . Puis curieux, il relança :

« - Allez dis moi.

-Non.

-Allez fais pas ton chiant là, on dirait une meuf ! »

Gringe regarda dans le vide quelques instants, peut être pour rassembler ses idées, peut être pour emmerder Orel parce qu'il était de mauvaise humeur.

-« Bon, c'est à cause de Julia, il dit

-Ah.. répondu Orelsan, déçu par le ragot, s'est passé quoi ?

-Elle m'a surpris avec l'autre débile

-Quoi ? Ou ça ?

-Dans ma chambre. Fin dans la chambre de Claude du coup.

-QUOI ? »

Aurélien partit d'un grand rire, et se plia en deux sur le canapé. Gringe esquissa un sourire devant le fou rire de son ami.

- « T'as ramené cette guenon chez lui ? Bordel Gringe. Je sais que t'a besoin de baiser en ce moment mais t'étais pas obligé d'ouvrir l'appart de Claude à Marion... Marion la guenon ! » reprit il en se laissant aller à un nouveau fou rire devant l'air mi-amusé mi-exaspéré de Gringe.

« - Merci pour la compassion mec, je m'en souviendrais lança t-il, le sourire aux lèvres

-Mais derien mon vieux ! » répondit Aurélien toujours hilare.

Gringe souriait. Comme toujours, Aurélien avait réussit à le détendre. Il y'a quelques heures encore, il était tendu et énervé après avoir subit les cris et les pleurs de Julia. Il faut savoir que Gringe n'était pas très doué pour les relations à long terme. Il réussissait toujours à tout foutre par terre, tant et à tel point qu'on pouvait se demander si il ne le faisait pas exprès. Peut être le faisait-il exprès. Sûrement en fait : à ne jamais rien essayer à fond, on ne pouvait être qu'à moitié triste. C'était sécurisant, ce détachement affectif.

Finalement il n'y avait qu'avec Orel qu'il pouvait être lui pour de vrai. Ils s'étaient connus il y'a 3 ans environ, et ils étaient devenu inséparables. Gringe se sentait chez lui chez Aurélien. D'ailleurs, c'était ce qui se rapprochait le plus d'un chez soi. Gringe n'avait pas de vrai appartement à lui : en ce moment Claude lui prêtait le sien le temps d'un voyage mais celui-ci allait rentrer dans 3 semaines. Autrement, il faisait la navette entre l'appart de ses nouvelles conquêtes, celui de ses parents et celui d'Aurélien .

- Bah de toute manière, je l'aimais pas trop, cette Julia . Elle était chiante comme la pluie.. dit Aurélien

-T'inquetes mec ! Elle t'aimait pas non plus, je te rassure !

- « Traines avec des millionnaires t'as des chances d'attraper des millions, traines avec des pouilleux t'as des chances d'attraper des poux ! » entonna Orel

-« Tous les jours ma meuf me prend la tête avec ce genre de dictons, je vais finir par vivre avec mon pote et puis c'est tout ! » poursuivit Gringe.

Orel sourit.

« -Et du coup tu va faire quoi ? Demanda- t'il

-Bah... Comme d'hab non ? Répondit Gringe, surpris par la question. Je pensais squatter chez toi quelques temps.

-C'est ça exploites-moi ! Lança Aurélien. Puis rejetant vivement la tête en arrière, affichant une expression faussement dramatique, et imitant la voix stridente de Julia : Tu reviens toujours vers moi quand tu te fais jeter ailleurs.

-Jaloux chéri ? Lança Gringe à voix grave, se laissant prendre au jeu. » Il s'était penché vers Orel en disant ces deux mots, et lui avais effleuré le menton de son pouce. Son visage était près. Vraiment très près .

Cela n'avait duré qu'un dixième de seconde, mais Orel en eu la respiration coupée. Le rouge lui montât aux joues, et les battements de son cœur s'accélérèrent légèrement. C'était léger, comme accélération, et pourtant ce fut suffisant pour faire paniquer Aurélien. Stop. Qu'est ce qui m'arrive ? Il détourna vivement les yeux vers le sol, ne voulant pas que son ami ne perçoive son trouble.

Gringe, lui, n'avait rien remarqué et avait repris sa place initiale dans le sofa, parlant avec force de détails de la manière dont il aurait pu éviter de se faire gauler par sa meuf

« -..Ouais mais du coup j'ai été con de lui filer les clés tu vois. C'était notre règle de base en plus ! On donne pas les clés ! En plus ça aurait été vraiment crédible de lui dire que c'était l'appart de Claude et qu'il m'avait dit de pas filer les clés. Quel con !... Orel ? Hého Orel tu capte ce que je te dit là ? »

Aurélien sortit brusquement de ses rêveries, et fixa Gringe avec un mélange appréhension et d'incompréhension.

« -Mec ? Tu planes ou quoi ? Demanda Gringe, le visage soucieux.

-Ouais...Ouais non t'inquetes. chuchota Aurélien en secouant la tête. Tu disais quoi ? »

Gringe repris son histoire et Aurélien pris soin de se décaler de l'autre coté du canapé. Il n'avait pas franchement envie de ressentir à nouveau les sensations étranges qu'il avait ressentit il y'a quelques minutes. La manière dont son corps avait réagit l'avait surpris, et il avait maintenant du mal à remettre ses idées en place, son cerveau semblait comme embrumé.

Les deux hommes discutèrent jusqu'à une heure tardive, enchainant bières, blagues et séries télé.

1h du matin. C'était le genre de soirée banale qui pouvaient se répéte fois par semaine sans que l'un des deux ne se lasse. De temps en temps, l'un se sentait empris d'un enthousiasme fougueux ( généralement le samedi) et entrainait l'autre dans de grosses soirées ou des plans farfelus pour pecho de la meuf s'élaboraient. Mais la plupart de leur temps, il le passait sur le canapé, à mater la télé, a rapper des punchlines et à les écrire sur des feuilles volantes ou des cartons à pizza.

« -Bon moi je vais me coucher , dit Orelsan

-Tu peux pas partir au milieu de cet épisode ! S'indigna Gringe, C'est le meilleur !

-T'a déjà dit ça pour les 4 autres

-Bah vas dormir alors sale fragile ».

Aurélien se dirigea vers son lit et s'y écroula. Qu'est ce qui s'est passé ? Bordel mais qu'est ce qui s'est passé ? Se demanda t-il dans le noir. Il s'était évité la question toute la soirée, mais maintenant qu'il était au bord du sommeil, aux portes du subconscient, il ne pouvait plus la retenir. Il s'endormit dans un sommeil agité, troublé par la présence palpable de son ami dans le salon.