Auteur : kyu - Mataishi
Titre : Into me, you beat me black and blue
Base : the GazettE
Pairing : Reita x Ruki …x…
Genre : Yaoi
Thèmes exploités : Abandon – identité inconnue – séparation du milieu familial – amour – amitié – le désespoir - …
Disclaimer : Les protagonistes ne m'appartiennent pas, mais l'histoire en elle-même m'appartient de droit.
Déclaration de l'auteur : OS écrit d'une traite, sans réflexion. J'ai été accompagné par l'OST de « Seven Pounds », l'OST de « School days », les chansons instrumentales de l'album vocal de « School days » et l'OST de « Shingetsutan Tsukihime ». Lors de ma séance d'écriture, je n'avais pas ni de but ni de fin pour cet écrit, mais j'espère que cet one shot ne vous semblera pas trop « brouillon ». J'avais envie d'écrire quelque chose de différent, un texte un peu plus sombre que mes autres fictions actuelles. Pour finir, je tiens à vous signaler que je n'ai pas encore rédigé la suite alors, celle-ci prendra peut-être un peu plus de temps pour être publiée.


Into me, you beat me black and blue

Aujourd'hui encore, j'y repense. Le doux vent de l'automne me rappelle que je ne devrais pas être ici. Doucement, mes cheveux virevoltent avec lui tandis que je suis assis sur ce banc en bois. On pourrait croire que mes yeux admirent ce grand lac qui s'oppose à moi, mais en réalité, mes pensées sont plus fortes que ma raison. Non, je ne regarde pas ce paysage que j'ai la possibilité d'observer, je ne respire pas cet air que j'ai volé, je ne bouge pas avec ce corps qui ne m'appartient pas parce que je suis un être méchant dépourvu de sentiments et qui ne vit pour rien. Aucun objectif, aucune raison. J'ai déjà pensé à mourir. Oh oui, cette idée m'est parvenue après avoir regardé un chat se faire écraser par un camion que conduisait un chauffard sans aucun grand intérêt, mais je n'ai pas la force de le faire. Je ne peux pas le faire, car j'ai promis de vivre pour lui. Même si sa présence n'est pas à côté de la mienne, je le sens partout où je vais, je sais qu'il est là, quelque part. Peut-être qu'il s'est caché derrière les grands arbres dans le bois situé derrière chez moi ou alors, peut-être qu'il a plongé dans ce lac, justement, qui me fait face. Je ne sais plus quoi penser, quoi dire, que faire.

Quand je suis arrivé dans cette ville qu'on surnomme « la cité des anges perdus » dû à une légende que les hommes ne peuvent oublier, j'étais âgé de dix ans. Autrefois, je n'habitais pas avec mes parents, mais j'avais constamment quelqu'un avec moi. C'était une personne qui me ressemblait comme deux gouttes d'eau. Non, pire que cela, c'était mon double. Nous étions âgés du même âge, nous partagions les mêmes centres d'intérêts, ce même amour pour le vent et le ciel, mais la vie s'est montrée cruelle. Du jour au lendemain, je n'ai plus jamais été accompagné. J'ai eu beau demandé où se trouvait ce garçon que je chérissais tant, la femme qui m'accompagnait, en me tenant la main jusqu'ici, ne m'a jamais répondu. Mes yeux faussement pleureurs la regardaient en la suppliant de me répondre, de me dire où on m'emmenait, de m'expliquer pourquoi on s'éloignait de plus en plus de ma ville natale, mais cette femme est restée froide envers moi. Elle n'a pas bougé le moindre cil. Sa bouche est restée silencieuse comme la parole des nuages qui, eux, ne cessaient de m'admirer sans pouvoir m'aider à m'échapper de ce triste sort.

La veille, j'avais eu droit de le voir une dernière fois même si je ne savais pas que je n'allais plus pouvoir admirer ses prunelles bleu acier, ses cheveux dorés et sa moue insatisfaite. Je ne savais pas qu'ils allaient m'emmener loin de lui, loin de ce que je suis. La dame m'avait simplement déclaré que j'avais le droit de dormir avec lui cette nuit. Et comme un idiot, je n'ai pas cherché à comprendre, à savoir. Je me suis idiotement collé à lui pour le serrer dans mes bras et comme deux bébés, on s'est endormi jusqu'au lever du soleil où là, cette même femme au chignon serré m'a gentiment demandé de me réveiller. Quand elle remarqua que ma paume de main allait s'échouer sur la joue de ce garçon, elle m'a ordonné d'arrêter et de me lever immédiatement parce qu'on devait lui préparer une surprise et que ça serait dommage de la gâcher. Triste mensonge. En réalité, elle m'a fourré dans un vieux camion avec un conducteur mal luné et une seconde femme est venue se coller à moi en m'adressant un faible sourire. Pourquoi n'étais-je pas capable de me rendre compte que mes petites journées à ses côtés prendraient fin quand mon regard se posa sur la simple valise qui ornait à mes pieds ? Je m'en veux d'être parti comme un voleur, de m'être involontairement enfui en le laissant là-bas. Je savais qu'il n'aimait pas dormir seul, que les surveillants étaient méchants avec lui et qu'il n'avait pas d'ami et pourtant, je ne suis plus là, près de lui.

Les années se sont écoulées comme si le temps n'avait plus la même importance dans mon cœur. J'avais beau grandir et mûrir, mon mutisme continuait de s'accrocher à mon ombre. Mais au fond, qui s'en souciait réellement ? Le fait que je ne parle pas n'a jamais dérangé personne, au contraire. Cette femme qu'on m'ordonnait de considérer comme ma mère était bien contente que je n'avoue pas à mon, soi-disant, père qu'elle se tapait en discrétion tous les vendredis soirs, un homme qu'elle avait rencontré lors de ses commissions au supermarché. Non, ils étaient bien heureux de ne pas entendre un seul son sortir de ma petite bouche. C'était… comme si quelqu'un avait cousu mes lèvres avec un fil de fer. A chaque fois que j'essayais de les ouvrir, une douleur me capturait la poitrine et mes yeux s'humidifiaient. A part dans ces conditions-là, je n'avais jamais envie de pleurer. La nuit, quand je me réveillais à cause de cet éternel cauchemar où je voyais ses yeux bleu acier me dévisager, je ne criais pas alors qu'au fond de moi, je tremblais comme une feuille. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front, mais je me contentais de me rendormir ou de compter le nombre d'étoiles dans le ciel. A l'école, j'étais une personne solitaire. Pas d'amis, pas d'amies. Bon résultat, mais meilleur en art plastique. Malgré le manque d'attention venant de la part de cette famille et d'une amitié qui ne se réalisait jamais, je n'avais ni l'air triste ni suicidaire. Et pourtant, j'en ai souvent rêvé de cette mort subite où je pouvais retrouver la chaleur de ses bras, où je pouvais réentendre son rire grave et sa voix mélodieuse, mais à chaque fois que j'ouvrais mes paupières, j'étais toujours couché dans ce même lit, avec les mêmes draps et le même pyjama.

Aujourd'hui, je suis ce qu'on appelle une ombre. J'ai un corps humain, mais je n'ai pas de cœur. Je ne fais rien de mes journées à part écrire et dormir. Quelques fois, je travaille dans un café pour me changer les idées et payer le loyer de cet appartement où je ne dors que très rarement. Cela dit, ça fait du bien de savoir qu'on a un endroit où retourner se cacher, loin des regards accusateurs des hommes. Mais une fois que je me couche dans ce lit, je retrouve la faculté de penser, de soupirer et de pleurer. Le temps a passé, mais je n'ai pas changé. Il me hante toujours. Où est-il ? Que fait-il ? Pense-t-il à moi ? M'a-t-il pardonné ? Tant de questions trottent dans ma tête, mais aucune réponse ne correspond à celles-ci. J'ai beau chercher, je ne trouve pas. Au final, que sais-je sur ce garçon qui baignait mon enfance ? Il n'y a qu'un fil qui nous relie et au fond de moi-même, j'espère qu'il est assez résistant pour ne pas se briser, pour ne pas rendre ma vie encore plus dénudée de sens. Des fois, j'ose espérer qu'il pense encore à moi, mais ces fois-là, je le revois dans ce petit lit en train de rêver d'un monde meilleur, sa petite menotte accrochée à ma chemise pyjama gris clair. A force, j'arrive à imaginer sa mine désemparée quand les femmes lui ont avouées que j'avais été envoyé là-bas, dans ce mode de brutes. Il baisserait la tête et soufflerait un soupir avant de se retourner et de continuer d'apprendre à écrire des belles chansons. Oui, il avait un don inné pour rédiger des poèmes, des paroles et souvent, il me demandait de chanter pour lui. Ces jours-là, j'étais heureux d'entendre ma voix puissante, comme il disait, mais maintenant, je ne peux plus l'entendre. Elle s'est envolée avec le vent.

Admirant les aiguilles en train de bouger sur l'horloge, j'attends qu'il sonne six heures et demie pour me lever de ma chaise où j'étais assis pendant plus d'une heure à regarder l'heure s'écoulée pour attraper ma veste, l'enfiler et quitter mon appartement après l'avoir fermé à clef. Sur le chemin, je baisse la tête et mes yeux se posent sur le sol. Comme d'habitude. Après quelques minutes de marche, j'arrive devant un bâtiment possédant une enseigne jaune qui clignote à vive allure. « Le café des anges ». Dévisageant l'entrée, j'ose finalement poser un pied devant l'autre avant de tirer sur la poignée de la porte où le bruit d'une clochette se résonne, faisant comprendre qu'une personne vient de dépasser le seuil de l'entrée. A l'intérieur, je vagabonde mon regard dans la pièce et je suis soulagé de ne pas voir autant de clients que la veille. Travaillant dans un bar depuis quelques mois, je n'ai pas mesuré l'ampleur de mon geste. En déposant ma candidature, j'étais loin de me douter que ce café serait un des endroits les plus réputés de la ville. Alors, dés fois, il y a des nuits où je bosse plus, où les clients me dévisagent longuement avant de m'ordonner un verre et ces soirées-là, je me sens seul à observer les danseuses ne possédant qu'un petit bikini en train de s'enrouler comme un serpent autour d'une barrière métallique en plein milieu d'une scène devant un ramassis d'hommes qui essayent de contenir leur bave afin qu'elle ne s'échappe pas de leur bouche tandis qu'ils enfilent un petit billet d'argent dans le soutien gorge de ces jeunes femmes. Derrière le bar, je me contente d'essuyer les verres, de préparer les commandes, de prendre l'argent et de servir les clients assoiffés tellement le spectacle les satisfait peu. Ils aimeraient tellement pouvoir toucher, sentir, goûter, mais leurs actions sont bravées par des videurs qui inspectent attentivement leur moindre fait et geste.

Parmi ces videurs, il existe un gars qui se prénomme Reita. Avec son allure de mauvais garçon et ses bras musclés, rare sont les hommes qui essayent de braver la barrière qui se situe devant eux. Reita est le genre d'homme auquel on n'a pas envie de s'y frotter tellement son regard nous rabaisse comme un simple petit insecte à la vie fort peu intéressante. Mais derrière son allure d'homme imposant et méprisant, il se cache un garçon fort tendre et riche de culture, de surprise. La fois où il a osé s'aventurer au bar pour commander un petit cocktail maison, j'ai été très surpris de découvrir qu'il possédait une face autre que l'autorité. Il m'avait demandé une boisson avec une voix grave, mais qui témoignait d'une certaine timidité. Se rendant compte que je n'étais pas prêt à satisfaire sa commande, il m'avait chuchoté un petit s'il te plait alors que je repris mes esprits et que je m'excusais de mon manque de professionnalisme. Mais il m'avait répondu que ça arrivait à un beau nombre de personnes d'être dans les nuages, qu'il ne fallait pas s'inquiéter. Et puis, il m'avait souri d'un sourire honnête et sans artifice. Sur le coup, je l'avais trouvé beau, mais le petit garçon de mon passé était vite revenu à la charge et je me suis renfermé dans ma coquille en pensant que lui aussi, il était peut-être dans les nuages. Trop enveloppé dans mes rêveries, je n'avais pas vu le sourire triste de Reita qui se rendait compte que je n'avais pas encore eu le temps de lui adresser un regard différent des autres et de suite, il était retourné à sa place, surveillant les hommes ivres morts au bar. Reita est une sorte d'autorité, celle que je déteste et que je fuis, mais avec cet homme, c'est étrange. Je ne me sens pas moi-même puisque j'aime les fois où il me parle, où il me raconte des anecdotes et quand il me propose de sortir avec lui. Malheureusement, je me braque tout le temps et je remets à plus tard ce que je pourrais faire dans l'immédiat. Je pense qu'il a compris que je cache quelque chose de plus profond dans mon cœur, car il a arrêté de me demander de l'accompagner manger un soir. A mon plus grand regret et désarroi. J'aimais la façon dont il me regardait timidement de ses yeux noir sombre et la façon dont son bandeau cachait ses rougeurs lorsque je m'aventurais à le fixer sans la moindre pudeur.

Néanmoins, je n'arrive pas à oublier ce passé qui me mange de l'intérieur. Je ne suis pas assez fort pour faire abstraction de ce battement de cœur qui ne me correspond pas. J'ai peur qu'il me voit, qu'il apprenne que je ressens doucement un sentiment qui ne lui ait pas destiné, car je sais qu'il me voit sans cesse. Il s'amuse à admirer ma « vie » ne prendre aucun intérêt, aucune fin. Certaines fois, quand j'ai le temps de penser à lui sans être dérangé par quoi que ce soit, j'aime m'asseoir dans le simple fauteuil qui orne la totalité de mon salon et je me laisse emporter par cette vague de souvenirs durant plusieurs heures. Je suis persuadé qu'on s'est directement bien entendu parce que nous étions frères et que nous portions le même prénom. Les femmes qui nous surveillaient nous avaient avouées que c'était notre mère qui avait décidé de nous donner la même identité. Elle restait convaincue que des jumeaux, portant le même nom, pouvaient être des personnes totalement différentes alors, elle nous a appelé Ruki. Ce doux nom résonne dans ma tête quand je pense à lui… Des fois, je me surprends à l'aimer, à avoir envie de le sentir dans mes bras, contre mon torse comme la seule fois où nous avions été autorisées à dormir ensemble. Malheureusement, une fois de plus, je suis dérangé par le bruit de la sonnette de mon appartement. Ne prenant pas la peine de prendre une mine malade pour repousser mon visiteur à désirer rentrer chez moi pour qu'il ne découvre pas que j'habite dans un espace presque vide, à l'honneur de mon cœur, j'ouvre la porte et me retrouve devant la mine intimidé de Reita. Il bafouille quelques excuses et me demande s'il me dérange. M'apprêtant à lui répondre positivement, je réfléchis et décide de prendre une partie de ma vie en main. Je ferme violemment la porte avant d'aller chercher ma veste en cuir noir et une fois que j'ai attrapé mon porte feuille et qu'il est placé dans la poche arrière de mon jean, j'ouvre une seconde fois la porte et j'ai la chance de retrouver un Reita complètement déboussolé sur le pan de celle-ci.

- Ta proposition d'aller manger un bout tient toujours, Reita ? Demandais-je devant sa mine intriguée. Ses yeux tombèrent sur ma bouche pulpeuse et après avoir longuement regardé mes prunelles bleues, il se décide à répondre vaguement.

- Euh… Si, bien sûr ! Tu… J'étais juste surpris… D'habitude, tu refuses toujours mes invitations alors, je commençais à perdre espoir de… Enfin, non ! Je… Bafouille-t-il avant de se rendre compte qu'il s'enfonce de plus en plus dans ses répliques sous mon regard presque amusé de le voir aussi embarrassé. Après avoir déposé mon doigt sur ses lèvres, il me regarde d'une lueur pétillante.

- Les habitudes sont faites pour être changées un jour ou l'autre. Alors, arrête de t'y accrocher et suis-moi. Déclarais-je le plus naturellement possible alors que je doute que ses paroles soient réellement destinées à Reita.

Ne disant pas un mot de plus, Reita se met à sourire faiblement avant de me suivre jusqu'à l'ascenseur qui nous mène dans le parking de l'immeuble. Dans la cabine en métal, je peux sentir son regard se perdre sur ma silhouette qui lui semblait totalement inaccessible jusqu'à maintenant. Ne comprenant pas moi-même pourquoi j'ai accepté de le voir en dehors du travail et de passer une soirée avec lui, je ne cherche pas à engager la conversation et marche au ralenti jusqu'à sa voiture. Surpris de me voir avancer jusqu'à son véhicule, Reita ne dit rien, mais une fois que nous sommes assis à l'intérieur, il me lance un petit regard avant d'enclencher le moteur et de sortir du parking pour nous rendre dans le centre de la ville, à la recherche d'un petit restaurant. S'assurant qu'il ne me dérange pas, je le vois pincer son volant, signe qu'il est nerveux.

- Euh… Sinon, Ruki, tu as déjà une idée de ce que tu voudrais manger ? Me demande-t-il tout en reportant vivement son attention sur la route quand il croise mes prunelles avec les siennes.

- Allons manger des ramens. Ca fait longtemps que je n'ai plus eu l'occasion d'en manger. Lui répondais-je avec un petit sourire qui l'étonne. Rare sont les fois où je daigne sourire, mais cette fois-ci, je suis heureux qu'on s'intéresse un peu à moi et pas à Ruki.

- D'accord ! Je connais un chouette restau' tenu par un de mes amis et figures-toi que sa spécialité sont les ramens. Je suis certain que tu les aimeras ! S'exclame-t-il en enclenchant la troisième d'un coup de main.

Alors qu'il conduit sérieusement, je perds mon regard dans ses cheveux coiffés avec du gel, sur son doux visage qui cache à merveille son autorité lors des jours de service et puis, mes yeux tombent sur ses lèvres. Bizarrement, j'ai envie de l'embrasser. Juste une fois. Histoire de ressentir ce qu'est un baiser échangé avec une personne qui nous aime. Bien que je sois âgé de vingt-quatre ans, je n'ai jamais eu de relation amoureuse. Jusqu'à présent, je n'ai jamais cherché à m'aventurer dans une histoire d'amour étant donné que je considérais que je n'avais pas le droit de goûter au bonheur, mais aujourd'hui, j'ai envie d'arrêter de penser, de vivre normalement sans lui dans ma tête. Alors, je souris à l'idée d'être assis dans la voiture de Reita tandis que lui, il évite de trop me jeter des regards pour ne pas être encore plus timide. J'aime sa timidité.

Sentant la voiture qui ralentissait, je tourne pour la première fois depuis plusieurs minutes mon visage vers la droite et là, je tombe sur une petite ruelle éclairée par un lampadaire et un peu plus loin, par l'enseigne d'un restaurant familial. Etrange choix. Reita comprend immédiatement ma question sans que je n'aie eu le besoin de la lui poser et d'une voix objective, il m'informe que son ami n'avait pas eu le choix pour l'emplacement de son restaurant étant donné qu'il l'avait repris à la mort de ses parents et que de leur temps, ils n'avaient pas eu assez d'argent pour le déplacer un peu plus dans le centre. Alors, ils s'étaient arrangés avec leurs quelques fidèles clients et ils n'avaient pas pensés à chercher plus. Après son explication, Reita m'invite à sortir de la voiture et m'emmène d'une main discrètement posée sur le bas de mon bassin vers l'entrée. Quand il a poussé la porte vitrée du restaurant, une fine odeur de cuisson et de poulet s'infiltra en moi grâce à mes narines. Adorant depuis toujours la nourriture, j'offre un second sourire à Reita qui le rassure dans son choix d'établissement et il me pousse un peu plus vers l'intérieur du restaurant pour me demander où je voulais m'assoire. A l'intérieur, il n'y a pas grand monde, mais une petite musique composée par des instruments traditionnels comble le vide. Un sentiment rassurant et une chaleur importante se dégage de ce petit endroit et je comprends pourquoi les gens aimaient tant venir ici. Prenant place près de la fenêtre où je peux jeter des petits coups d'œil dehors, un garçon aux cheveux courts et brun arrive vers nous et une fois qu'il reconnu son ami, un énorme sourire éblouissant orna ses lèvres et des jolies fossettes apparurent sur son visage, au niveau de ses joues. Jamais je n'avais vu un tel sourire. Il est beau. Me tendant la carte des menus, ses petits yeux bruns pétillants de malice me dévisagent tandis que sa fine bouche me récite le menu du jour. Ne réfléchissant pas une seconde de plus quand j'entendis le mot « ramen », je choisis ce menu-ci et lui rendit la carte tandis que Reita hoche de la tête et commande la même chose. Une fois qu'il fut parti, j'admirais la façon avec laquelle il se déplaçait en toute légèreté. Il semble si innocent. Brusquement, je tourne ma tête et croise le regard un peu jaloux de Reita qui venait d'intercepter mon regard sur son ami.

- Kai est un bel homme, n'est-ce pas ? Juge-t-il avec sa voix qui essaye de ne pas trahir son sentiment de jalousie qui prend petit à petit une place importante dans son cœur tandis que ses yeux se mirent à fuir les miens.

- C'est vrai. Ton ami possède un charme naturel. Répondais-je sans aucune once de pitié alors que je vois les mains de Reita serrant vivement sa serviette bordeaux. Mais… Je préfère les blonds. Terminais-je en lui lançant un regard que j'espérais qu'il comprenne.

- Ah… Souffle-t-il, un peu soulager de remarquer qu'il corresponde à mes critères de sélection. Et… tu as quelqu'un dans ta vie, Ruki ?

- Je n'ai pas le temps pour ce genre de chose. Répétais-je une centième fois avant de me reprendre en vitesse, me rendant compte que je suis en train de blesser Reita. En réalité, je ne cherchais pas ce genre de… sentiment, mais à présent, je suis prêt. Continuais-je tout en le regardant droit dans les yeux tandis qu'il se met à rougir une énième fois.

- Ruki, je sais que ça n'a rien avoir avec ce dont on parle, mais… Tu as de ces yeux de malade. Tu me perturbes énormément… Murmure-t-il après s'être mordillé la lèvre inférieure et avant d'oser approcher sa main près de la mienne sur la table.

Dans ses yeux, je peux observer de l'embarras, du désir et une once de peur. Alors, je réfléchis un instant et sans la moindre hésitation, je veux déposer ma main sur la sienne, sous son regard brillant, mais son ami revient avec les plats fraîchement cuits et après les avoir déposés sur la table, il nous souhaita un « bon appétit ! ». Déçu de ne pas avoir ressenti le contact chaud de ma peau sur la sienne, Reita soupire faiblement avant de me lancer un petit sourire pour renforcer les paroles du cuisiner brun.

Après avoir entendu le bruit de ma bouche aspirant le liquide qui se trouvait dans mon bol, Reita me dévisage avec envie et me demande si le repas m'a semblé bon.

- C'est la première fois que je mange des ramens aussi bon. Avouais-je sans rougir tandis que j'apercevais le cuisiner revenir près de nous pour ramener les bols en cuisine.

- Alors messieurs, le repas a conquis vos papilles ? Nous demande-t-il après avoir lancé un regard intrigué à Reita qui se contente d'hocher la tête.

- Comme d'habitude, Kai. Tu t'améliores de jours en jours, non ?

- C'était délicieux. C'était la première fois que je mangeais des ramens où le poulet était coupé en petits cubes et chauffés en même temps dans le bouillon de pâtes. Affirmais-je devant le regard étonné de Kai et de Reita.

- Oh… Je ne savais pas que monsieur était un spécialiste des ramens. A présent, je suis très gêné oulala… Souffle le cuisiner en m'offrant un petit sourire timide et en se tenant les deux mains en face de son bassin.

- Si tu me l'avais dis, Ruki, je t'aurai amené dans un meilleur restaurant, hein ! Déclare-t-il avant de recevoir une petite tape derrière la tête de la part de son ami qui joue l'homme faussement outré par ses dires.

A la sortie, Reita salue une dernière fois son ami et celui-ci nous déclare en vitesse qu'il est impatient de nous revoir, tous les deux. Etrangement, l'homme à mes côtés se met à redevenir nerveux vu la manière dont il répond Kai et me demande si je suis prêt pour partir. Hochant positivement de la tête, nous nous dirigeons vers la voiture après avoir fait signe au cuisiner.

Sur le trajet du retour, Reita ne cherche pas à reparler de ce qu'il s'était déroulé tout à l'heure à table. Etant lassé d'être toujours interrompu et repoussé lors de ses avances vers moi, il tente de canaliser ses pensées noires en lui en ne me parlant plus tendrement comme il le fait d'habitude. Peut-être qu'il met en pratique mes paroles de l'après-midi concernant la routine.

- Reita, je suis désolé. Je sais que je suis un homme difficile, qui ne montre pas ce qu'il ressent, mais sache que j'ai apprécié notre dîner.

- Ne t'excuse pas. J'ai bien compris que les relations amoureuses étaient un sujet ardûment abordable avec toi, mais je n'abandonne pas. Je garde espoir en une relation possible avec toi parce que je le désire vraiment. M'avoue-t-il tout en gardant les yeux sur les bandes blanches de la route.

- Merci. Tu ne le regretteras pas. L'informais-je avant de clôturer cette conversation jusqu'au moment où j'aperçu mon immeuble.

Garant sa voiture devant l'édifice, il coupe le moteur et attend que je prenne la parole avant de quitter sa voiture. Ne comprenant pas vraiment ce sentiment que j'avais pu ressentir pour lui lorsque je l'avais entendu rire, lorsqu'il avait posé sa main sur mon bassin ou lorsqu'il croisait son regard avec le mien, j'arrête une seconde fois de penser. J'ai cru comprendre que ça n'avait rien de favorable dans ce genre de situations alors, je dépose ma main sur celle de Reita qui est placé autour du volant tandis qu'il me fait face, étonné de me voir réagir.

- Je me demande si tes lèvres sont douces… Je peux les toucher ? Lui demandais-je sans rougir alors que je sens mon cœur commencer à battre anormalement vite tandis que Reita se contente d'hocher faiblement de la tête.

Lentement, j'approche mes doigts de sa bouche que je me mets à caresser sous le regard brûlant du décoloré. Je peux sentir son souffle chaud caresser ma main alors que ses yeux sont enfuis dans les miens, à la recherche de réponses que je ne connais pas moi-même. Une fois que j'ai fini de caresser tendrement ses lèvres, c'est mon corps qui se rapproche de lui. Il a un mouvement de recul, mais une fois que je suis à quelques centimètres de son corps viril, il laisse sa main s'échouer sur mon épaule pour se glisser sur ma nuque et d'un geste fluide, il rapproche ses lèvres des miennes en fermant les yeux. Je sens sa bouche chaude toucher la mienne et un frisson engourdit mon frêle corps. A mesure qu'il pince ses lèvres avec les miennes, je me sens me rapprocher de plus en plus de lui alors que mes mains essayent de s'accrocher à ses épaules pour contrer cette chaleur qui s'évanouit à l'intérieur de moi pour se diriger vers mon bas-ventre. C'est la première fois que je ressens cette envie de posséder l'autre. Me laissant emmener dans un baiser passionné et à la fois fragile, Reita guide sa seconde main pour qu'elle atterrisse sur ma cuisse droite tandis qu'il la fait remonter tout le long de mon torse. Me braquant involontairement à la suite de son voyage surprenant sur moi, je l'entends gémir faiblement mon prénom alors que j'abandonne, moi aussi, ma main sur sa cuisse, mais à la différence que la mienne reste figée à son emplacement, continuant de dessiner des arabesques avec mon pouce. Soudainement, la température de la voiture augmente et mon corps réclame un peu plus de chaleur de la part de mon compagnon. Celui-ci faiblit quand il comprend que s'il n'arrêtait pas le baiser maintenant, il ne pourra plus faire marcher arrière, lui et ses pulsions sexuelles. Alors, il délaisse mes lèvres, me soutirant un grognement tandis que sa bouche continue sa découverte au niveau de mon cou. J'accroche doucement mes mains autour de sa nuque et je murmure son prénom alors qu'il me raconte une petite histoire.

- Je suis désolé, mais si nous continuons dans cette direction, je ne vais plus pouvoir m'arrêter… Chuchote-t-il au creux de mon oreille avant de se détacher de moi.

- D'accord. Soyons sages, Reita. Lui répondais-je avant de quitter sa voiture en n'oubliant pas de lui faire un signe de la main avant de rentrer dans mon appartement.

Une fois à l'intérieur, je regarde autour de moi et je ne vois qu'un pauvre canapé décorant mon triste salon. C'est fini, je ne peux plus vivre comme ça, sans vie. Je marche dans mes pièces et je ne découvre qu'une table avec deux chaises, un lit, une armoire, une salle de bain possédant que le stricte nécessaire et un micro caché derrière un rideau mauve dans ma chambre. Enfin, dans cette pièce comportant un lit. Me couchant dans celui-ci, je repense à ce que je viens de faire. Je ne me reconnais plus, qui suis-je réellement ?