Résumé : Malgré les paroles de Ryûk, Light persiste à penser que le Death Note lui était destiné…
Note : C'est le roman La nausée de Sartre qui m'a inspiré cet OS. Donc…
Disclaimer : …le titre est à Sartre, Light et le Death Note sont à Tsugumi Ohba et Takeshi Obata. Et à moi, que reste-t-il ?
Ce monde est pourri…
L'étudiant est assis au fond de la salle. La tête appuyée sur sa main, il regarde vaguement à travers la vitre. Il a l'air perdu dans ses pensées ; au contraire, il est conscient du monde extérieur avec une acuité pénible. La voix du professeur se confond avec les bavardages assourdis des élèves pour former une brume dense et collante. La chaleur que dégagent les corps confinés dans la pièce sans air plaque ses vêtements contre sa peau. Le cours n'en finit plus ; le temps semble s'être détendu à l'infini. Sous ses doigts, le bureau est tiède et maculé du contact de tous les doigts qui s'y sont posés avant les siens. Tous ces détails qu'il ne peut s'empêcher de noter le remplissent de dégoût.
Il tente de concentrer son attention sur l'extérieur, pour fuir le confinement et la proximité qui le font suffoquer. Dehors, tout est gris. Le ciel plombé, la lumière froide et incolore des matins d'hiver, le béton de la cour, de tout ce paysage monotone suinte un ennui épais, ce même ennui gras qui imprègne l'air de la salle de classe et poisse l'étudiant jusqu'aux os. Il le ressent physiquement, cet écœurement face à ce qui l'environne ; cela le prend à la gorge, lui emplit les poumons, et il l'inspire et l'expire tour à tour.
Et puis soudain, quelque chose retient son attention. Dans la cour, sur le sol, il y a un objet qui n'y était pas avant. Juste un petit objet rectangulaire et noir au milieu du gris. Un cahier. Ceux qui disent que le noir n'est pas une couleur ont à la fois raison et tort : c'est beaucoup plus que ça, c'est toutes les couleurs condensées en une seule. Dans le décor inconsistant, ce cahier attire irrésistiblement le regard ; on dirait qu'il a volé la réalité de ce qui l'entoure. Il est là, solide, sûr, et sa vue suffit à écarter l'impression qui oppressait Light. Celui-ci se redresse légèrement, respire plus facilement, un peu vite. Il attend avec impatience la fin du cours ; et le temps paraît l'avoir senti, car il se rassemble et se met à filer régulièrement.
Lorsque la sonnerie retentit, il s'affaire et part rapidement. Sa hâte n'est pas comme celle, brusque et bruyante, des autres étudiants : car lui ne fuit pas, il a un but. Dans la cour, il ralentit inconsciemment, son allure se fait nonchalante malgré la précipitation de son cœur. Il ne veut pas encore l'admettre, mais son subconscient a déjà compris que ce cahier marque le début de quelque chose. Lorsqu'il se penche, sa désinvolture est calculée ; instinctivement, il agit déjà comme un criminel. Il saisit le cahier, et la couverture noire, dans sa main, est sèche et rigide comme une bouffée d'air frais. Une pensée traverse son esprit, trop vive pour qu'il puisse la retenir : ce cahier a été envoyé pour le sauver.
