Voici une nouvelle fic YunJae un peu particulière. Même si ce premier chapitre ressemble à ce qu'il va suivre, le reste sera plus... tordu encore, au vu du synopsis. Je déconseille vivement aux moins de 18 ans de la lire, sinon vous êtes avertis, peut-être que ce ne heurtera pas votre sensibilité comme je le pense non plus (après tout beaucoup sont plus perverses que moi). Je préfère juste prévenir.
Chapitre 1 : souvenir d'enfance
L'hiver était terminé et les enfants de l'orphelinat pouvaient jouer dans la cour sans craindre de glisser. La première chose que fit Jaejoong, cinq ans, fut d'aller courir dans tous les coins à la recherche de nouveaux insectes à mettre dans son bocal. Mais il était trop impatient, trop énergique, il ne parvenait pas à en trouver. Il n'arrêtait pas de courir, avec son grand bocal bien serré entre ses petites mains, et ses grands yeux vifs regardaient partout, chaque recoin de verdure qui se remettait des rigueurs de l'hiver. Il ne s'y attendait pas quand quelque chose lui bloqua les jambes, et il tomba sa tête la première sur le sol graveleux de la cour. Le bocal se brisa sous le choc et l'enfant se recroquevilla de douleur sous les rires de ses camarades. Il avait échappé aux débris de verre mais pas au gravier écorcheur de mains et de genoux, alors Jaejoong se mit à pleurer bruyamment. De douleur, de peur, de honte.
- J'ai vu ce que tu as fait ! s'écria une petite voix furieuse. Tu l'as fait tomber !
Jaejoong cessa de pleurer et s'assit en tremblant, les mains crispées comme si elles le gênaient. Il voyait cinq garçons bien plus grands que lui qui l'entouraient sans avoir l'intention de l'aider, et un sixième s'approcher d'eux d'un pas précipité. Malgré le fait qu'il avait le même âge que Jaejoong, il n'avait pas peur de se mesurer à des plus grands.
- Vous êtes des brutes, dit-il.
- On ne t'a rien demandé, petit Yunho, répondit celui qui semblait être le chef du groupe.
- Vous n'arrêtez pas de le maltraiter. Laissez-le un peu. Pourquoi tu t'en prends à un plus petit que toi ?
Le garçon haussa les épaules avec un sourire mauvais et il partit avec ses copains puisque cela ne l'amusait plus. Yunho aida Jaejoong à se relever, lui frotta les vêtements pour lui retirer les graviers qui s'étaient accrochés à lui. Il lui prit ensuite les mains, constatant que ce n'était pas trop grave. Ce n'était pas la première fois qu'il se blessait, que ce soit à cause des autres ou bien tout seul parce qu'il était incapable de rester en place. Cependant les larmes continuaient à couler silencieusement sur ses joues et il renifla, ses yeux brillants posés sur Yunho qui lui souriait. Celui-ci sortit de la poche de sa veste un mouchoir blanc et il lui essuya les joues humides et salies à cause de la poussière.
- Viens, dit-il en lui prenant la main. On va dire à Miss Hong que le bocal est cassé et qu'il faut le ramasser.
D'aussi loin qu'il s'en souvienne, Jaejoong avait toujours vécu dans cet orphelinat et l'an dernier on avait emmené Yunho suite au décès accidentel de ses parents. A son arrivée, il ne parlait à personne et restait dans son coin, et seul Jaejoong tentait de jouer avec lui jusqu'à ce qu'il l'accepte. Depuis les deux enfants étaient inséparables et se protégeaient mutuellement.
Tandis que l'on ramassait les débris de verre pour éviter que quelqu'un ne se blesse, Jaejoong se faisait désinfecter à l'infirmerie. Il n'avait plus du tout envie de sortir pour la journée. Yunho était assis sur le lit à côté de lui.
- Ne t'inquiète pas. Ils sont méchants parce qu'ils ont dix ans et aucune famille ne veut les adopter. Alors que toi tu es mignon…
- Et personne ne veut m'adopter non plus, murmura Jaejoong tristement.
- Idiot, si quelqu'un t'emmène, je vais faire quoi moi ? répondit Yunho en lui donnant un léger coup d'épaule.
Jaejoong ne put s'empêcher de sourire et les deux enfants rirent joyeusement. Qu'importe ce que leur prévoyait l'avenir, ils resteraient tous les deux. Ils ne pensaient à rien d'autre, et comme ils ne côtoyaient pas d'enfants qui avaient des parents, ce n'était pas quelque chose qui leur manquait. Et puis ils avaient Miss Hong, une jeune femme qui travaillait à l'orphelinat et qui était en charge de l'éducation des enfants. Elle était très maternelle avec eux, surtout avec Jaejoong. C'était elle qui l'avait trouvé dans un carton devant la porte de l'orphelinat âgé seulement de quelques semaines. Elle l'appelait « petit ange »… qui se transformait en « petit démon » quand l'hyperactivité de Jaejoong le menait à faire des bêtises. Ce surnom avait marqué Yunho qui à son tour l'appelait « petit ange » quand ils n'étaient que tous les deux.
xXx
Trois ans après et les choses n'avaient pas changé. Yunho grandissait à vue d'œil alors que Jaejoong restait plus fin que les autres. A cause de cela, il était plus qu'à l'ordinaire le sujet des railleries de la plupart de ses camarades plus âgés. Mais Yunho était toujours là pour le défendre, Yunho qui avait développé une agilité remarquable à son âge. Les autres réfléchissaient à deux fois avant d'oser émettre la moindre remarque sur son petit ange.
Plus ils grandissaient plus ils se rendaient compte qu'ils pouvaient être séparés à tout moment. Ils voyaient partir un à un leurs amis avec des adultes, ils avaient enfin trouvé une famille.
- Yunho, dit un jour Jaejoong tandis qu'ils se prélassaient sur un banc au soleil. Tant que je suis avec toi, ce n'est pas grave si personne ne veut m'adopter.
- Je te promets que quoiqu'il arrive je reste avec toi. Si quelqu'un m'emmène, ou bien t'emmène, on trouvera toujours un moyen de se voir, n'est-ce pas ?
- Tu me le promets ?
A chaque fois que les yeux de Jaejoong croisaient les siens, Yunho était incapable de lui refuser quoi que ce soit. Il enroula son petit doigt dans celui de son ami et réitéra sa promesse. Il avait besoin de Jaejoong et Jaejoong avait besoin de lui. Cela avait toujours été ainsi.
Mais cela ne le sera pas toujours.
Yunho avait dix ans quand Miss Hong l'emmena dans le bureau de la directrice de l'orphelinat. Un homme était là, discutant avec elle, et ils se turent quand ils virent l'enfant. Au premier regard il sourit avec tendresse, les yeux humides. Il se leva et s'approcha de Yunho, puis il s'agenouilla pour se mettre à sa hauteur en lui posant ses mains sur les épaules.
- Je t'ai cherché mon grand, dit-il d'une voix douce. Tu ne me connais pas mais je suis ton oncle.
- Mon oncle ? répéta Yunho, abasourdi.
- Je n'ai pas pu venir à la mort de mon demi-frère. Je vis très loin tu sais. Puis on m'a dit que mon neveu n'avait plus personne et qu'il vivait dans un orphelinat, alors je suis venu te chercher.
Yunho ne savait quoi dire. Il ignorait qu'il avait encore de la famille. Il ne se souvenait pas d'un oncle, et pour cause, il était entré là à l'âge de quatre ans. Il avait à peine de vagues souvenirs de ses parents. La chaleur dans le sourire de cet homme qui se présentait comme son oncle était touchante. Yunho voyait tout de suite que c'était quelqu'un de bien. Il lui sourit à son tour et l'enlaça tendrement.
- Les papiers sont en règle monsieur Shim, intervint la directrice. Jung Yunho est à présent votre fils.
- Je vais pouvoir t'emmener avec moi, ajouta l'homme. Tu ne manqueras de rien à la maison. Et puis tu ne seras pas seul. Mon épouse est une femme aimante, et puis tu es à présent le grand-frère de Changmin. Tu auras quelqu'un avec qui jouer. Viens, on va préparer tes affaires.
Il avait une famille. Yunho n'en revenait pas. Il retourna auprès de Miss Hong au pas de course qui l'accompagna dans sa chambre, suivi de près par son oncle. Il n'avait pas grand-chose à emporter. Il s'arrêta soudainement dans son rangement.
- Où est-ce que vous vivez ? demanda-t-il à son oncle.
- A Boston.
Ce n'était pas une ville de Corée, et Yunho comprit ce qu'il voulait dire par « très loin ».
- C'est aux Etats Unis, expliqua l'oncle.
L'enfant pâlit, les yeux écarquillés.
- Jaejoong… murmura-t-il. Où est Jaejoong ?
- Il est parti à l'épicerie avec madame Lee, répondit Miss Hong d'une voix tremblante.
- Je ne veux pas partir, dit Yunho fermement. Je ne veux pas aller aussi loin.
- Yunho, s'étonna oncle Shim. Pourquoi tout à coup ?
Il s'approcha de lui et lui prit les mains. Yunho sentit qu'il était blessé d'entendre ça, mais il ne pouvait pas faire autrement.
- Tu ne veux pas vivre avec moi ?
- Ce n'est pas ça mon oncle. Mais je ne veux pas me séparer de Jaejoong.
- Qui est Jaejoong ? demanda l'oncle à Miss Hong.
- Un enfant du même âge que Yunho. Ils sont très proches.
- Je suis désolé mon garçon, mais je ne peux pas te laisser ici, tu comprends ? J'ai reçu tardivement le testament de ton père qui me confiait la responsabilité de prendre soin de toi. Je te promets que tu seras aimé, choyé… qu'est-ce que je peux faire pour que tu viennes avec moi ?
Si seulement… si seulement son oncle était un homme détestable. Yunho avait une boule douloureuse dans la gorge.
- Je veux… dit-il dans un souffle. Je veux dire au revoir à Jaejoong.
- Il rentre quand ?
- Je ne sais pas, fit Miss Hong tristement. L'épicerie est assez loin.
- Notre vol est à seize heures, déclara l'oncle. Nous pouvons attendre jusqu'à quinze heures, pas plus.
Entre temps Yunho finit d'emballer ses affaires, le cœur serré. Mais Jaejoong ne revenait toujours pas. Ils attendirent patiemment dans la cour, son oncle et lui, avec Miss Hong qui paraissait de plus en plus inquiète. Elle espérait que pour une fois madame Lee ne traine pas trop en chemin. Et quand il fut quinze heures passées, l'oncle posa affectueusement une main sur la tête de Yunho.
- Je suis désolé, mais nous ne pouvons pas faire attendre le taxi plus longtemps.
Yunho ne répondit pas : il pleurait. Il ne se rappela pas exactement ce qu'il s'était passé entre le moment où son oncle lui prit la main et celui où il entra dans la voiture. Il espérait vainement que Jaejoong arrive pendant qu'il disait au revoir à Miss Hong. Il aurait dû être heureux d'avoir une famille, une promesse d'une vie meilleure, mais il était loin d'un tel état d'esprit. Son cœur était déchiré : il ne reverrait plus son petit ange avant longtemps. Et Jaejoong… quand il comprendra qu'il était parti…
Jaejoong arriva à la grille de l'orphelinat et vit Miss Hong qui pleurait. Une voiture avait démarré près de lui et un mauvais pressentiment s'empara de son être. Il laissa tomber le sac de provisions qu'il avait dans les mains, attirant l'attention de Miss Hong qui parut horrifiée de le voir se précipiter vers la voiture. Il vit une tête de l'autre côté de la vitre arrière, un visage qui regardait tristement les grilles.
- Yunho ? fit-il d'une voix tremblante. Où il va ?
Il vit son ami se coller contre la vitre. Il vit ses larmes couler sur ses joues, et la voiture commença à partir. Au revoir ? Il partait à son tour, comme les autres ? Où ça ? Avec qui ? Pourquoi ? Jaejoong courait derrière la voiture. Yunho semblait lui dire quelque chose mais il n'entendait pas.
- Yunho ! s'écria-t-il de toutes ses forces.
Mais la voiture prenait de la vitesse et elle était hors de portée d'un enfant de dix ans. Jaejoong pleurait lui aussi. Pourquoi cela devait être si soudain ? Il essayait de tenir de rythme, d'aller plus vite, mais c'était vain et il perdit l'équilibre, s'étalant sur le sol. Il ne se releva pas, ne pouvant que voir la voiture disparaître dans un coin de rue, ne pouvant qu'hurler de toutes ses forces. Quelqu'un le prit par les épaules et le serra contre sa poitrine, mais la douleur l'empêchait de reconnaître cette personne. Il hurlait tellement il avait mal. On lui avait arraché quelque chose de très important, et cela le torturait au plus profond de son être. Il continua d'hurler, ignorant les passants intrigués devant un tel spectacle, ignorant les larmes de Miss Hong qui rejoignaient les siennes sur ses joues, car il était sûr d'une chose : où que Yunho soit parti, il ne le reverrait pas.
