Nouvelle histoire : Le triangle du sang
Chapitre 1 : L'annonce publique
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Hermione se rongeait nerveusement les ongles sur son canapé en cuir noir, tout en jetant des regards frénétiques à la fenêtre ouverte de son salon. Son regard bifurqua vers l'horloge murale face à elle, puis de nouveau elle se tourna vers la fenêtre. Il faisait beau ce qui indiquait que le hibou qu'elle attendait n'avait aucune raison d'être en retard. Aucune intempérie ne ralentirait son vol.
- Combien de temps va durer cette comédie ? Lui lança une voix masculine étouffée.
- N'entre pas ! S'exclama Hermione en se levant précipitamment du canapé pour coller son oreille à la porte du couloir, menant aux autres pièces de l'appartement.
- Hermione, je ne vais pas rester cloitré dans le couloir toute la journée.
Il y eu un bruissement d'aile et Hermione se retourna en direction de la fenêtre le cœur battant. Ce n'était malheureusement qu'un pigeon et un profond soupire s'échappa de sa gorge. Elle se laissa glisser contre la paroi de la porte et s'assis sur le parquet en bois massif.
- Tout va bien aller Hermione, renchérit la voix derrière la porte. Tu étais la meilleure de notre promotion, la meilleure en tout. On te proposera forcément un poste intéressant.
- Je ne veux pas d'un poste intéressant, répliqua-t-elle. Je veux un poste passionnant !
- Cela ne mérite tout de même pas que tu te mettes dans un état pareil, insista-t-il.
- C'est facile pour toi, tu as déjà signé un contrat et tu commences dans une semaine.
- Oui d'accord, mais je ne me fais aucun soucis concertant ton...
La phrase resta en suspens et Hermione colla davantage son oreille à la porte.
- Mon quoi ? Insista-t-elle.
Il n'y eu aucune réponse.
- Blaise ! S'exclama-t-elle. Mon quoi ?
Hermione s'écarta quelque peu de la porte pour pouvoir l'entrouvrir. Blaise avait disparu.
- Si la conversation t'ennuyait, il fallait le dire !
A peine eut-elle finis sa phrase qu'elle le vit sortir de leur chambre, une lettre à la main.
- Ca vient du ministère, dit Blaise en lui tendant l'enveloppe d'un air inquiet.
- Je voix que la confiance règne, fit Hermione d'une voix amère en lui arrachant des mains. Pourquoi fais-tu cette tête si tu as si tu crois tant en mes capacités ?
Il ne répondit pas, se contentant de lever les yeux au ciel. Hermione prit soin de refermer la porte du couloir derrière elle, alla fermer la fenêtre et se laissa tomber sur le canapé.
Que se passerait-il si personne ne lui offrait le moindre poste ? Que se passerait-il si on lui proposait quelque chose d'ennuyeux et inintéressant ? Elle huma l'odeur de la lettre. Elle sentait le parfum, le parfum de femme. Surement celui de la secrétaire qui avait refermé et envoyé le courrier.
- Alors ? S'enquit la voix de Blaise à travers le mur.
- Je ne l'ai pas encore ouverte.
Blaise ouvrit brusquement la porte et s'avança vers Hermione d'une démarche assurée. Cette dernière, dans un premier temps surprise, s'empressa de cacher la lettre derrière son dos. Cependant Blaise, n'avait nullement l'intention de lui arracher.
- Allez ouvre-là Hermione, fit-il d'une voix douce. Je suis sur qu'elle renferme une très bonne nouvelle. Plus on aura rapidement pris connaissance de cette lettre, plus vite on pourra aller fêter ça. Et je ne parle même pas ta joie quand tu l'annonceras à tes amis.
Ses amis... Hermione avait presque oublié ce détail. Dans une semaine, elle et Blaise rentreraient à Londres et ils devraient se rendre au dîné qu'Harry avait organisé. Tous ses amis étaient impatients d'enfin rencontrer la personne qui partageait sa vie depuis maintenant huit mois et elle n'avait pas une seule fois réussis à leur avouer qu'il s'agissait de Blaise Zabini.
- Allez, respire profondément et ouvre-là, murmura Blaise.
- Arrête d'être aussi prévenant, c'est agaçant.
Cependant, Hermione finit par ouvrir l'enveloppe d'une main tremblante et en sortit un petit parchemin. Elle lu, avec une grande concentration, le contenu de la lettre avant de la remettre dans l'enveloppe toujours sans un mot. Blaise quant à lui, n'osa pas dire quoi que ce soit. Etait-il possible que ce soit une mauvaise nouvelle ? Est-il possible qu'on ne confie pas à Hermione le poste qu'elle méritait ?
Hermione se laissa doucement tomber sur le dossier du canapé et elle fixa le plafond d'un air perdu. Blaise s'assit à côté d'elle, tout en se demandant quoi faire. Lui poser une main réconfortant sur l'épaule ? La laisser gérer toute seule ?
- Ils ne proposent jamais ça à quelqu'un venant de terminer ses trois années de droit, souffla Hermione à voix basse. C'est... Les compétences requises et le poste ne sont pas en adéquation. Je ne comprends pas.
- Hermione, peut-être que c'est mieux que ce que tu penses, tenta Blaise.
- Evidemment que c'est mieux ! S'exclama-t-elle vivement. Ils m'offrent d'être l'adjointe d'Alicia Becker.
- La chef du Magenmagot ? Demanda Baise surpris. Mais ce sont toujours des personnes très expérimentées qui ont ce poste ! Je veux dire... Les adjoints finissent toujours par devenir chef du magenmagot par la suite. Au niveau hiérarchique tu vas être la deuxième du département de la justice magique !
- Oui, répondit Hermione dont le sourire s'élargissait.
Toute la tension ressentit quelques minutes plus tôt s'évacua lorsqu'ils explosèrent de rire à l'unisson.
- Mince Hermione, je n'en reviens pas ! Tu vas être l'adjointe d'Alicia Becker ! Mes plus sincères félicitations !
Pour toute réponse, Hermione se jeta sur Blaise pour le renverser sur le canapé et l'embrassa.
Lorsqu'Harry rentra chez lui le soir même, il fut accueillit par une tornade de feux.
- Ca y est ! Ron a enfin eu son diplôme, lâcha-t-elle d'un un soupire de soulagement. Je ne supportais plus ses allusions incessantes sur le fait que toi, tu avais été admis comme aurore dès tes dix-sept ans et que ce n'était pas « juste ».
Harry laissa échapper un petit rire.
- Et Neville ? Finit-il par demander.
- Un nouvel aurore également.
- J'ai toujours pensé qu'il se tournerait vers les plantes, murmura Harry plus pour lui-même. Je l'imaginais bien être professeur à Poudlard.
- Peut-être qu'il y reviendra plus tard. La guerre nous a tous changé tu sais...
Harry se débarrassa de son manteau et suivit Ginny dans le salon de leur toute nouvelle maison à Godric's Hollow.
- Tu n'as pas posé la question, mais je te le dis quand même... Ron m'a dit que Malefoy avait également réussis son examen final d'Aurore.
- Ca ne m'étonne pas, répliqua Harry avec amertume. Tu sais, on travaillait souvent avec eux sur des cas pratiques, pour les aider à se former et Malefoy semblait...
Harry s'arrêta comme pour mieux réfléchir à ce qu'il allait dire.
- Je n'avais pas l'impression qu'il s'intéressait réellement au diplôme.
- Comment ça ? Demanda Ginny en fronçant les sourcils.
- Je ne sais pas... Il semblait se foutre royalement des notes ou des appréciations de ses professeurs. C'est comme s'il voulait juste apprendre et pas forcement recevoir les félicitations des membres du jury.
- Ce n'est pas plus mal, avoua Ginny. Certains se concentrent trop sur les notes et pas sur le réel engagement que cela demande.
- Tu es comme les autres ! S'exclama Harry agacé. Tu n'arrives pas à comprendre ce que je veux dire.
- Oh eh bien excuse-moi de ne pas être assez intelligente pour ça ! De toute façon, je dois partir, fit-elle en ressortant du salon. Je dois être présente pour l'inauguration du nouveau terrain de quidditch.
- Tu dois vraiment y aller ? Demanda Harry d'une voix plus douce.
- Je fais partie de l'équipe Harry, donc oui. Je n'ose même pas imaginer la tête de notre capitaine s'il manquait ne serait-ce qu'un joueur des Harpies de Holyhead.
Ginny enfila son manteau, récupéra ses clefs sur le buffet, ouvrit la porte, mais se tourna une dernière fois vers Harry.
- Au fait, Hermione a confirmé qu'elle viendrait à notre dîné de samedi.
- Et ? Insista Harry.
- Et elle vient accompagnée, répondit-elle en souriant. Je me demande qui ça peut-être... Tu penses qu'on le connaît ?
- Je ne crois pas, sinon elle n'aurait pas réussis à garder le secret aussi longtemps. Elle n'a rien dit concernant son diplôme de fin d'année ? J'imagine bien qu'elle a validé sa troisième année d'étude avec des éloges dignes de ce nom, mais elle n'était pas sensée recevoir des offres de postes ?
- Si, aujourd'hui...
Harry et Ginny échangèrent un regard embarrassé. Si Hermione n'avait rien mentionné dans la lettre qu'elle avait envoyée à Ginny, ce que visiblement, rien ne s'était passé comme elle le souhaitait.
- Tu te fiches de moi ?!
Blaise se retourna vers Hermione, avec le même regard qu'un enfant prit en faute. Elle jeta un œil à la lettre qu'il venait de jeter dans le feu. Lettre qu'il aurait dû envoyer depuis un bon moment déjà.
-C'est toi qui insiste depuis un mois pour rencontrer mes amis et il est hors de question que je sois la seule à vivre ce moment délicat ! Si tu ne le dis pas à tes amis, tu ne viens pas chez Harry samedi ! C'est donnant-donnant Blaise.
- Mes amis sont pires, dit-il. Si je leur dis que je suis avec toi, je vais en entendre parler pendant je ne sais pas combien de temps !
- Je vois... Il est peut-être plus simple qu'on se sépare dans ce cas, si tu as trop peur de tes amis pour leur avouer la vérité!
- Mais non Hermione ! S'exclama-t-il en prenant précipitamment ses mains dans les siennes. En fait, il n'y en a qu'un qui me fait peur et...
- C'est Malefoy j'imagine ? Le coupa Hermione.
Blaise hocha la tête d'un air mal à l'aise, puis tendit une enveloppe déjà ouverte à Hermione.
- Il y a deux semaines, j'ai envoyé une lettre à Drago pour lui dire que j'étais avec quelqu'un et que cette personne comptait pour moi. Je voulais amorcer le sujet tu comprends... Et voici sa réponse.
Hermione attrapa la lettre et la déplia pour en lire le contenu.
Blaise, Je suis ravie que tu passes du bon temps dans le nord du pays, mais je n'ai pas besoin de rencontrer chacune de tes conquêtes. Fais ce que tu as à faire, tire ton coup, mais je me contre fiche d'en savoir plus. Je n'ai pas le temps pour ce genre de chose. Tiens-moi au courant de la date exacte de ton retour ! Drago Malefoy
- Qu'entend-t-il par « chacune de tes conquêtes » ? S'enquit Hermione d'une voix un peu trop aigu pour être naturelle.
- C'est vraiment tout ce que tu retiens ? Moi ce que je vois c'est que Drago n'en a strictement rien à foutre et qu'il n'est pas apte à comprendre ce qu'est une relation sérieuse. Si en plus, je lui dis que c'est avec toi...
- Je te rappelle qu'il est sûrement Auror à l'heure qu'il est. Il va donc être amené à fréquenter Harry et Ron. Tu penses vraiment qu'il pourra passer à côté de la vérité ?
- Je l'espérais un peu, avoua Blaise d'un air penaud.
- N'importe quoi ! Rectifie le tir ou tu ne viens pas samedi. D'ailleurs, ce ne sera même pas la peine qu'on emménage ensemble dans ce très bel appartement de Londres.
Le visage de Blaise se décomposa tandis qu'Hermione filait en direction de la salle de bain pour prendre sa douche.
Lorsqu'elle en sortit une demi-heure plus tard, Blaise l'attendait dans leur chambre. Il était assis sur le lit et sa mâchoire semblait pendre mollement. Il tenait dans sa main une grosse enveloppe en papier épais.
- Tu n'as pas lu le journal aujourd'hui, n'est-ce pas ? Lui demanda Blaise.
- Non, je n'ai pas eu le temps, pourquoi ?
- Drago l'a lu lui.
Hermione attrapa l'épaisse enveloppe. Elle contenait la Gazette du sorcier et une courte lettre. Très courte lettre.
Blaise, J'espère que c'est une blague. J'espère vraiment. Drago Malefoy
Hermione fronça les sourcils et feuilleta le journal jusqu'à tomber sur un article qui parlait d'elle. Elle n'eut pas le temps de se réjouir des éloges qu'on faisait à son égard concernant son diplôme et sa nouvelle nomination, car son regard fut presque aussitôt attiré par la photo illustrant l'article. C'était une photo d'elle, son diplôme en main et Blaise la regardant amoureusement, un bras enroulé autour de sa taille. Le commentaire au bas de la photo, finit d'achever Hermione.
« Un couple qu'il faudra suivre de près »
- Je n'ai rien signé pour l'autorisation de la publication d'une telle photo ! S'exclama-t-elle.
- Moi non plus.
Hermione se laissa tomber sur le lit à côté de Blaise. Ce n'était pas du tout comme ça qu'elle avait prévu d'annoncer la nouvelle à ses amis. Absolument pas dans une annonce publique.
