Hi everyone !

Bon, je vous préviens tout de suite, je viens de passer une très mauvaise semaine où l'on a eu le plaisir de m'apprendre que, grâce à deux trois mélanges de pinceaux du Ministère et de mes différents établissements, on me sucrait mes vacances de Février, dont j'avais cruellement besoin pour me reposer et me mettre à jour dans mes révisions. Je ne dis pas ça uniquement par plaisir de montrer mon épuisement, mais aussi pour dire que je ne vais pas pouvoir avancer des masses sur une prochaine fiction. Donc, je promets pas de réussir à publier tout de suite après celle-ci.

A part ça, je vous présente donc mon threeshot consacré à Byron. Cette histoire-ci se passe juste avant la fiction Liberté : mot en déconstruction. Cependant, l'une est lisible même sans connaître l'autre, pour vous rassurer. Cependant, pour ceux qui le veulent, je rappelle simplement que l'histoire se situe dans un pays en proie à une sorte de guerre tacite à tendance dictatoriale. Alors que Liberté se concentrait sur l'évolution de Jude et Caleb dans un réseau de résistance afin de réinstaurer une République, Le Battement se concentrera sur Byron, plus jeune, qui découvre la résistance et la liberté. Comme d'hab', je vous ferai un topo des références littéraires et historiques que j'ai utilisées pour chaque chapitre.

Bon, bah voilà, j'espère que ça va vous plaire autant que j'ai aimé l'écrire.

Sur ce, bonne lecture !


- Allez les gars, venez voir !

Quatre heures du matin, réveil un peu brutal, un peu brumeux. L'attroupement de seize ans avance prudemment jusqu'à la colline qui surplombe la frontière entre leur pays et l'extérieur. Les quatre garçons se couchent sur l'herbe humide, posent leurs mentons sur leurs bras, observent avec un sourire aux lèvres. Le temps est clément, fine pluie et vent léger, brouillard annoncé pour six heures du matin. Mais d'ici là, le spectacle sera terminé. Les librairies et les bibliothèques ont été brûlées il y a plus de cinq ans, le cinéma a été transformé en hôpital, lui-même transformé en laboratoire de recherche. Le dimanche, il n'y a que la colline pour s'amuser un peu, quand on a seize ans. Surtout avec des matinées comme celle-ci !

- T'es sûr de tes infos ?

- Bien sûr, c'est le boss du bar qui l'a dit, et y s'plante jamais, le boss ! Et puis, il le tient de la femme d'un passeur, alors, tu vois…

- Fermez-la, y a du mouvement !

Par réflexe, les garçons enfoncent la tête au creux de leurs bras. Ils relèvent les yeux, et regardent attentivement. Dans la pénombre, loin des barrières, des silhouettes se dessinent, de plus en plus nettes. Il fait nuit, c'est difficile de voir exactement de qui il s'agit. Trois adultes, sûrement. Une personne de grande taille, deux autres plus petites. Tant qu'ils n'auront pas franchi le mur de sécurité et les barbelés, on ne pourra pas être sûr. Ce sont des étrangers, c'est tout ce qu'on sait. Pas de militaires à l'horizon, ils sont occupés par une attaque de rebelles de l'autre côté de la ville.

Il faut une demi-heure aux silhouettes pour atteindre le premier mur. Les garçons les regardent grimper avec agilité, franchir le premier obstacle. Le second est plus haut. Ils peinent un peu plus à le surmonter, mais ils parviennent de l'autre côté malgré tout. Cinq heures du matin, et un dernier obstacle. L'air est empli de silence, de tension et de suspens. L'un des garçons regarde sur sa droite. Le silence s'interrompt, juste quelques secondes. En contrebas, de nouvelles silhouettes font leur apparition. Une dizaine. Ceux-là, ils ne sont pas étrangers, et ils sont armés.

- J'te fiche mon billet qu'y s'font chopper !

- J'tiens le pari ! Moi, j'suis sûr qu'ils vont passer.

Les militaires rejoignent leur place de garde. Ils ignorent qu'un passage illégal est en cours, et ils risquent de s'en rendre compte dans moins d'une demi-heure si les trois silhouettes ne pressent pas le pas. Le passage des barbelés, c'est généralement là que tout le monde se fait avoir, surtout lorsqu'il n'y a pas de passeur. Sur les vingt-et-un passages auxquels ils ont assisté, quatre ont réussi, six ont été arrêtés entre les deux murs, trois ont échoué au premier obstacle, quatre ont été interrompus avant même de toucher le premier mur, et huit se sont trouvés bloqués par les barbelés.

Lentement, méthodiquement, les trois silhouettes soulèvent la forêt de barbelés emmêlés et rouillés. Les soldats sont encore aveugles à tout agissement. Dix minutes avant l'impact. Neuf, huit, sept… A impact-moins-quatre-minutes, les trois hors-la-loi sont parvenus à franchir la totalité des obstacles, véritable exploit ! Ça mériterait presque un applaudissement. Les nouveaux réfugiés se précipitent dans la forêt.

- Allez, on rentre ! Si on se fait prendre, je vais me faire étrangler par ma mère !

Deux garçons, le plus grand et le plus petit, s'éloignent rapidement, en silence. Les deux autres quittent également leur loge improvisée, plus lentement. L'un a des parents qui travaillent de nuit, l'autre vit avec une tante un peu laxiste sur les heures de sortie et de retour de son neveu. Les deux garçons rejoignent la forêt. Malgré l'obscurité, ils retrouvent leur chemin, ils retrouvent leur village.

- J'aimerais bien voir à quoi ils ressemblent, les nouveaux. On peut peut-être passer les voir tout à l'heure…

- Qui te dit qu'ils vont rester ici ?

- J'en sais rien. Je préviens Paul et Jeff ?

- Pas Jeff. Si on y allait que tous les deux ?

- Pourquoi ?

- Jeff t'as rien dit ? T'as pas l'impression qu'il devient un peu… omniprésent quand tu es là ?

- Pas vraiment. J'ai pas fait attention.

- Bah, ça va lui passer. Mais il a seize ans, c'est un âge traître…

- Moi aussi, j'ai seize ans. Et toi aussi.

- C'est différent. On est meilleurs amis, j'te ferai jamais rien. J'ai un peu peur que Jeff te demande un peu plus qu'une simple amitié. Juste pour essayer. Evidemment, c'est pas le seul à vouloir passer une heure seul avec toi. Et je te trouve bien imprudent.

- Je crois que j'en ai juste assez de me demander tous les jours si on m'adresse la parole pour avoir mon avis ou pour coucher avec moi.

- Je sais que ça t'amuse pas, Byron, mais c'est comme ça ! Bon, ça te va si je passe te prendre à dix heures ?

- D'accord. A tout à l'heure, Henry.

Les deux garçons s'abandonnent. Henry retrouve l'appartement à moitié détruit qu'occupe sa tante tandis que Byron retrouve la maison que sa mère a bricolée en débarquant au village, il y a treize ans. Il se couche sur son matelas tout habillé, puis s'endort.

Un peu plus de deux heures plus tard, son ami vient le chercher. Le brouillard s'est bien levé, il a rafraîchi l'air. Ils n'ont pas fait trois pas qu'ils sont rejoints par les deux autres garçons de la colline, Paul et Jeff, ainsi qu'un troisième, Wesley. Byron ne dit rien, n'émet aucune objection, et les cinq garçons commencent à errer. Seuls Henry et Byron savent que leur errance a un but : retrouver les nouveaux réfugiés, en apprendre le plus possible sur eux. Le vent s'amuse à faire voler les cheveux blonds et lumineux de Byron, il provoque un véritable spectacle sensuel. Les yeux du jeune homme se promènent autour de lui, dans l'espoir d'apercevoir de nouveaux visages. Pour cela, il faut s'éloigner un peu de la frontière et de la forêt. Pas besoin de regarder dans le centre, les nouveaux réfugiés n'y sont pas tolérés. Le jeune homme aux cheveux blonds impose son propre rythme à ses amis, il ouvre la marche. A présent, tout le village doit savoir qu'une famille a réussi à passer la frontière, que de nouveaux étrangers sont venus pour fuir la guerre, sont venus se précipiter dans une autre guerre qui leur parait moins cruelle. Comme à chaque tentative de passage de la frontière, Byron se demande ce qui a mené ses parents ici, quand il avait trois ans, alors que le climat politique était incertain. Trois ans plus tard, ses parents se trouvaient de nouveau sous dictature, dans un nouveau pays.

- Byron, regarde ! souffle Henry.

Le jeune homme aux cheveux bruns désigne un endroit d'un mouvement de menton. Les yeux ambrés du garçon se braquent alors sur une tente blanche et légère qui ploie sous le vent. Le village n'est pas grand, les garçons qui y ont grandi le connaissent pas cœur, et ils savent que cette tente est nouvelle. Un homme en sort, puis une femme, plus petite. Tous les deux penchent légèrement la tête en avant, comme pour saluer les adolescents. Le troisième élément de la famille de réfugiés fait également son apparition. A cause de ce qu'il en a vu de la colline, Byron pensait voir deux femmes adultes et un homme. Mais non. Le troisième élément de la tribu est un homme, un adolescent, peut-être un peu plus âgé que lui, plus grand aussi. Ses cheveux sont d'un noir de jais, ses yeux en forme d'amande, tellement qu'on en distingue difficilement la couleur, mais on les devine noirs. Il referme la tente, dévisage les cinq garçons d'un regard froid et calculateur. Il y a quelque chose dans sa posture, dans sa façon de se mettre en retrait, qui intrigue Byron.

- On peut vous aider, les enfants ? demande la femme avec un accent de l'Est lourd.

- On voulait vous donner ceci, répond Henry.

Il sort de son sac trois pommes et un demi-pain. Il leur tend le déjeuner frugal. La femme les remercie d'un sourire chaleureux et fatigué. Le père s'éloigne de la tente sans un mot. Le jeune homme n'esquisse ni mot, ni sourire, ni mouvement. Sans pouvoir se l'expliquer, Byron ne parvient pas à décrocher son regard de ce jeune homme. La femme se met à parler. Elle parle leur langue. Soudain, Byron comprend quelque chose. Cet accent, il le connait bien, c'est celui de son père, celui de son pays de naissance, de ce pays qu'il a quitté. Alors, ce jeune homme et lui sont originaires du même pays… Henry décide de faire les présentations.

- Moi, c'est Henry. Là, c'est Paul, Jeff, Wesley. Et celui qui a l'air dans les nuages, c'est Byron.

Le jeune homme aux cheveux blonds s'approche du jeune étranger, il lui tend la main, dans l'espoir de se présenter par ses propres moyens.

- J'm'appelle Byron Love.

Le jeune étranger regarde la main blanche et tendue. Il la serre.

- Chang Su Che.

Oui, ce prénom vient bien de chez lui, le genre de prénom que porte son père, que lui-même a dû porter avant ses trois ans, avant que sa mère ne choisisse de lui octroyer un nouveau baptême.

- Si tu veux, reprend Henry, on va passer la journée dans la forêt, et près du lac. Et si t'as de quoi payer, on peut aller faire un tour au bar ce soir.

La femme est partie rejoindre l'homme.

- J'ai pas d'argent.

- Bon, ben on peut toujours voler deux trois bières au vieux barman !

- Non merci, ça ne m'intéresse pas. Pardon, mais je dois aider mes parents.

Il se retourne et disparait sous la toile blanche. Les rayons du Soleil qui s'amusent à la traverser découpe le corps du garçon en ombres chinoises en utilisant le tissu comme un écran. Byron le regarde, comme un spectateur un peu voyeur qui cherche à comprendre l'intimité filmée dans une salle de cinéma. L'image est floue, désespérément attrayante, parce qu'elle refuse d'en dévoiler trop, elle stimule l'imagination. Les mouvements du jeune homme sont lents, indistincts. Il s'assoit, probablement à même le sol, ramasse un objet qu'il pose sur ses genoux.

- Ce type est vraiment pas drôle ! souffle Jeff.

Les yeux de Byron s'attardent sur l'objet posé sur les genoux. Un mouvement de main, et un bruit de feuille froissé lui parvient, traverse la toile de la tente. Un livre…

- Byron, on y va ?

- J'vous rejoints.

Sans un regard pour ses amis, le jeune homme avance lentement vers la tente. Les quatre garçons, sans poser de questions, s'éloignent, en regardant derrière eux. Byron n'attend aucune autorisation, il soulève un pan de la tente, et entre. Chang Su ne lève pas les yeux, il l'a entendu arriver. Byron se baisse à sa hauteur, il s'assoit face à lui, les yeux accrochés à cet objet banni qu'il tient entre les mains. Le livre est petit, pas très épais, blanc et rouge. Le jeune homme aux cheveux blonds pose les yeux sur les lignes noircies, par réflexe ou curiosité. C'est écrit dans une langue qu'il ne comprend plus depuis longtemps, celle de son pays natal. Il chuchote.

- C'est interdit ici, tu sais ?

- Je sais.

- T'as pas peur de te faire chopper ?

- Si. Comme j'avais peur de passer la frontière, d'arriver dans ce pays. Mais je l'ai fait quand même. Les règles, elles ne sont pas faites pour être respectées, surtout pas dans ton pays.

Maintenant, ils se regardent dans les yeux. Droit dans les yeux. Byron se noie dans ces paroles au goût de liberté, au goût d'interdit. Il se laisse bercer, se laisse transpercer par la mélodie provocatrice qui hurle les notes de la jeunesse rebelle. Byron n'est pas du genre rebelle. Il est du genre à ne pas suivre le règlement, à condition de ne pas se mettre en danger, du genre à vouloir savoir sans demander. Ce type, face à lui, il est bien différent. Différent de tous les autres.

- Ton accent, je le connais. Moi aussi je suis réfugié, on l'est tous ici. J'ai quitté mon pays, ton pays, quand j'avais trois ans. Je ne parle pas la langue, et je ne sais rien de son histoire. Mes parents refusent d'en parler.

- Ah, dit Chang Su comme s'il comprenait. Tu sais, là-bas, c'était pas très drôle. Mon peuple, enfin notre peuple, est habitué à vivre sous le joug des tyrans, alors il ne se rebelle plus. Ici, tout n'est pas perdu, on a encore de l'espoir. On peut encore changer notre avenir.

- Pas à seize ans, alors.

- L'âge, on s'en fiche un peu. Tant que tu y crois, que tu agis. C'est ça que je voudrais : renverser le gouvernement, devenir quelqu'un d'important en politique.

- Tu t'y connais, en politique ? demande Byron.

- Bien sûr, pas toi ?

- Pas trop, répond-il. J'ai appris à lire, écrire, compter… L'école, tu sais, y nous apprennent à résoudre des calculs, on retient par cœur des théorèmes, mais c'est tout. La politique, on n'en parle surtout pas !

- J'peux t'apprendre, si tu veux.

- La politique ?

- La politique, la littérature, ta langue natale… Tout ce qu'on te demande d'oublier à l'école, quoi !

- Et si j'étais un espion ? Y en a pas mal ici, ils font ça pour nourrir leur famille…

- Je vais prendre le risque.

Le jeune homme aux cheveux blonds tourne la tête et constate que ses amis le regardent encore, de loin, à moitié cachés derrière les branches d'arbres. Il réfléchit, quelques secondes seulement, et s'assoit face au jeune étranger. L'école, il n'en est pas vraiment fan, mais il s'est habitué à obéir. C'est donc docilement qu'il écoute Chang Su lui enseigner l'art, la politique, la philosophie et tout ce qui est dangereux dans une dictature. Il y passe la journée entière, il ne voit pas le jour disparaître, il ne voit pas la nuit approcher à pas de loup. Il écoute, essaie de retenir, il voudrait pouvoir s'endormir ici, sous cette tente, à quelques mètres seulement de ce donneur de leçons de liberté, à même le sol, bercé par ses paroles.

Ça n'arrivera pas.

- Tu devrais rentrer chez toi, tes parents vont s'inquiéter, et t'es un peu jeune pour découcher.

- Pas vraiment, ça m'arrive souvent. J'ai seize ans, c'est pas si jeune.

- Si, c'est jeune, tu es encore un enfant.

- Quel âge tu as, toi ? demande Byron, sceptique.

- Dix-huit.

- Ah… T'es adulte alors, officiellement, j'veux dire… J'peux pas passer la nuit ici ?

- Non.

- Mes parents diront rien, ils reviennent vers huit heures du matin.

- Byron, je vis dans une tente avec mes parents… Rentre chez toi.

Le regard du jeune homme est dur, alors Byron renforce le sien, pour l'affronter. Mais son regard doit paraître faux, timide, parce que Chang Su ne ploie pas. Byron ouvre la bouche pour protester, mais la referme aussitôt, parce qu'il n'a aucun argument valable. Déçu, il se lève et sort de la tente. Son nouveau professeur ne prend même pas la peine de lui dire « au revoir ». Alors, Byron essaie quand même d'insister.

- On se voit, demain ?

- Tu n'as pas école ?

- J'n'y vais plus. Tu l'as dit, on nous apprend juste à ne pas penser, là-bas. Alors, je peux ?

- Oui, si tu veux.

Le jeune homme sourit et quitte la tente, décidé à rentrer chez lui rapidement. Les paroles de son nouvel ami trottent dans sa tête, il les mélange un peu, parce que ses cours n'ont rien de cadré, rien de structuré. Il dit ce qu'il lui passe par la tête, il discute de tout. Rien à voir avec l'école enseignée par les militaires. Ce garçon exerce une pression fascinante sur lui, il ne saurait dire pourquoi, par quel miracle. Peut-être son cours, son amour de la liberté, autre chose…

- Byron ?

Il se retourne et se retrouve face à Henry, visiblement perplexe.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- A toi de me le dire ! On t'a attendu toute la journée, alors que tu faisais je sais pas quoi avec ce type !

- Désolé. On parlait juste.

- Et tu pouvais pas prévenir ?

- Si. J'aurais dû. M'attends pas demain, je vais rester avec Chang Su…

- Mais il t'a fait quoi, ce type ?

Byron hausse les épaules, il ne cherche pas à se justifier. Son ami est en colère, mais il s'en fiche, il rentre chez lui. Sa maison est vide, bien sûr, et il se dit que, vraiment, il aurait dû insister pour rester dormir sous la tente. Ou alors, proposer au jeune homme de passer la nuit chez lui… Il se couche dans son lit, sans parvenir à s'endormir, il ne saurait dire pourquoi. Il se tourne et se retourne, il revit sa journée morceau par morceau sans trouver le sommeil. C'est bien la première fois qu'une nouvelle rencontre lui procure des troubles du sommeil ! Qu'a-t-il de si particulier, ce Chang Su Che, ce gars de l'Est qui crie la liberté comme personne avant, qui se propose comme professeur, qui nage à contre-courant ?

Un peu inquiet de l'état de ses rêves, Byron finit par dénicher un coin de sommeil de quelques heures. A peine réveillé, le jean et le T-shirt à peine enfilés, il se précipite hors de chez lui, sans vraiment regarder devant lui. Il n'a pas fait trois pas qu'il percute quelqu'un. Le choc n'est pas violent, mais il lui remet les idées en place ! Il regarde devant lui, et se trouve face à une jeune femme aux cheveux blonds et aux yeux clairs, en amande.

- Maman ? Pourquoi tu rentres si tôt ?

- Je me sentais pas très bien. Et toi, où tu vas, si tôt ?

- T'es malade ? Tu veux que je reste jusqu'à ce que Papa rentre ?

- Je suis pas non plus au bord de l'agonie ! Alors, où tu vas ?

- Voir un nouvel ami. On s'est rencontré hier. Il vient de chez nous… De l'Est, je veux dire !

- Et vous vous donnez rendez-vous à l'aube ?

- Non, on n'a pas rendez-vous… En fait, je me rends compte que… Maman, j'ai un gros problème ! Je suis tombé amoureux de ce garçon !

- Tu es sûr ? Tu le connais à peine !

- Ben oui, j'suis sûr.

- Ah, ça va être embêtant, alors…

- Tu crois ?

- Tu es un peu jeune, Byron. Enfin, on dit que l'amour n'a pas d'âge... Allez file !

- Tu veux pas que je reste, sûre ?

- Mais ça va, je te dis ! Vas le retrouver !

Le jeune homme sourit et s'empresse d'obéir. Il court rejoindre ce nouvel ami, en se murmurant les mots qu'il a prononcés devant sa mère. Maman, je suis tombé amoureux. Il y a dix ans, dans ce pays, tomber amoureux était normal, banal, et surtout toléré. Aujourd'hui, c'est plus compliqué, parce que le seul amour autorisé, c'est celui de la patrie et du gouvernement. Le reste, la famille, c'est plutôt une obligation qu'une véritable vocation. Alors, tomber amoureux à seize ans et d'une personne de même sexe, ça n'a pas vraiment d'utilité pour la patrie. Mais c'est comme ça, Byron est amoureux, et il n'y peut rien ! Sa mère vient d'une ville qui a inspiré les plus grands amoureux, et ses parents lui ont choisi à trois ans un nouveau nom qui n'a pas d'ambiguïté. Prénom d'un grand lord et poète romantique, nom qui signifie « amour ». C'est comme ça.

- Eh bien mon garçon, se dit-il, maintenant que tu as eu la bonne idée de tomber amoureux à seize ans d'un rebelle nouvellement adulte, va falloir faire face, et accepter ton destin.

Il voit Chang Su soulever un pan de la tente et l'inviter à le rejoindre. Byron soupire puis inspire, et se lance à la conquête de son destin.


L'Etranger en terre étrangère : Il s'agit d'une phrase que j'ai retenue (mal, sûrement), extraite de l'Alchimiste de Paolo Coelho.

Livre interdit : C'est pas une nouveauté, et malheureusement pas passé de mode. Pour empêcher les gens de réfléchir, de se rebeller, on sucre la littérature. Qu'on les brûle, les contrôle, les interdise, il faut avoir mainmise sur tout ouvrage permettant de se construire un avis personnel.


Et voilà, 1 chapitre sur 3 ! C'est pas simple pour moi de tout ramasser en si peu de place, j'espère que ça reste quand même plaisant à lire. Encore une fois, je suis pas du tout dans l'action, plutôt dans le ressenti, l'intellect, ce que vous voulez d'autre. Bon, en vrai, c'était une scène de rencontre, c'est rarement mouvementé...

Enfin bref, n'hésitez pas à me dire si ça vous a plu ou non. Bon, j'espère que c'est oui, parce que de toute façon, je vais pas laisser la fiction en plan, et je vais donc revenir avec le chapitre 2 la semaine prochaine. D'ailleurs, quand j'y pense, c'est pas impossible que je puisse pas publier dimanche prochain... Bon, si c'est le cas, je le ferai Samedi ou Lundi.

Bonne semaine à tous !