Hermione se réveilla douloureusement, le dos de plus en plus abîmé par la piètre qualité de son matelas. Le vent frappait violemment à sa petite fenêtre, et la pluie n'allait pas tarder à en faire de même. Elle soupira pour la énième fois en regardant la masure abandonnée qui était devenue son foyer. Il s'agissait d'une ancienne cabane de chasseur oubliée par ses propriétaires depuis belle lurette. Les murs et le toit étaient faits de bois, et le sol d'une matière rugueuse et froide qu'Hermione ne pouvait identifier. Les volets étaient cassés depuis longtemps, ainsi qu'un carreau, que la jeune femme avait grossièrement rafistolé avec du gros scotch. Il y avait peu de meuble : un matelas à même le sol, une table, deux chaises, et une étagère utilisée pour ranger les ustensiles de cuisine. Hermione était obligée de faire sa toilette dans la nature environnante, se servant de la petite rivière voisine pour se laver quand la température le permettait. Seul réconfort dans cette vieille cabane : une grande cheminée qui lui avait sauvé la vie les longues nuits d'hiver, et qui lui permettait de cuisiner.
Hermione se leva et enleva son pyjama pour enfiler ses habits de ville. Il était trois heures du matin, un dimanche, le jour où elle partait en quête de nourriture, et peut-être même d'information. Elle sortit de la cabane et s'enfonça dans les hauts sapins qui, bien qu'effrayant, la protégeaient de tout visiteur indésirable. Elle frissonna de froid en commençant à emprunter le chemin de terre laissé à l'abandon depuis des lustres, qui serait bientôt invisible sous la végétation. La zone était déserte de toute présence humaine à des kilomètres à la ronde, hormis Hermione.
Elle avait découvert cet abri un an auparavant, après avoir erré pendant des jours dans la montagne. Elle était arrivée dans cette zone de l'Ecosse en transplanant le jour de la défaite de la résistance à la bataille de Poudlard, juste après la mort de Harry Potter et de Ron Weasley. Le peu d'espoir qu'il lui restait était mort en même temps qu'Harry. Le décès de Ron dans cette même bataille, assassiné par Vincent Crabe, avait achevé sa volonté de se battre. Elle savait qu'elle ne pourrait rien faire face à Voldemort et ses acolytes sans son meilleur ami et l'homme qu'elle aimait à ses côtés. En apercevant le corps d'Harry dans les bras de Hagrid, elle s'était enfuie sans regarder derrière elle, et avait transplané dans la maison d'un de ses oncles aujourd'hui décédé, et avait erré pendant environ trois jours sur les Monts Grampians, sans réel but, à part peut-être le désir de se laisser mourir. Lorsqu'elle avait trouvé la cabane, elle avait décidé de s'y installer, en attendant de décider de ce qu'elle ferait par la suite. Elle ne comptait pas y rester longtemps, mais finalement, elle y vivait depuis un an et demi, et l'hiver allait bientôt pointer son nez.
Elle avançait prudemment sur un chemin qu'elle connaissait désormais par coeur, dans le but de s'éloigner suffisamment de chez elle pour pouvoir transplaner en toute sécurité dans le jardin de son oncle, pour ensuite aller chercher de la nourriture dans la ville voisine. Hermione avait décidé de ne pas utiliser la magie chez elle, soupçonnant le fait que l'utilisation de la magie, même minime, toujours au même endroit, pourrait attirer les Aurors du Ministère de la Magie. Il était possible que des gens avec de mauvaises intentions soient toujours à sa recherche, et que de nombreux sorciers soient en fuite un peu partout en Grande-Bretagne. Elle craignait que son énergie magique ne soit détectée, et n'utilisait sa baguette que pour transplaner. Elle changeait le point de départ de son transplanage chaque semaine, et aujourd'hui elle avait décidé de transplaner depuis la rive d'une petit lac. Une fois arrivée à destination, elle disparu avec un petit « crac ».
Elle arriva dans la maison de son oncle, un grand et vieux chalet rempli de meubles luxueux. Elle savait qu'elle n'y trouverait personne, la propriétaire de ce chalet étant sa cousine vivant à l'étranger, et qui ne s'intéressait pas au sort de cette bâtisse. Hermione y allait souvent quand elle était petite, avant la mort de son oncle quand elle avait dix ans. Elle connaissait cet endroit par coeur, et savait donc qu'une pièce était cachée, accessible par une trappe sous un tapis dans la salle à manger. Ignorant combien de temps elle pourrait rester cachée dans sa cabane, Hermione avait décidé de laisser sa réserve de polynectar, qu'elle avait autrefois gardé avec elle dans son petit sac en perle, dans cette pièce. Chaque fois qu'elle allait en ville, elle utilisait un peu de polynectar et les cheveux d'une adolescente qu'elle avait subtilisé après avoir fui le mariage de Fleur et de Bill, deux ans plus tôt. Bien qu'il n'y avait que peu de risque qu'elle rencontre un sorcier sur sa route, elle se devait d'être prudente. Elle ignorait à quel point elle était recherchée, ou si même elle était considérée comme vivante. Ron était mort calciné dans le Feudaymon lancé par Crabe, et Harry était une des seules personnes à l'avoir vu survivre, mais il n'était plus de ce monde pour témoigner. Quant à Draco Malefoy et Gregory Goyle, ils avaient réussi à fuir de la salle enflammée peu de temps avant elle. Et dans la panique générale, y'avait-il quelqu'un qui l'avait remarqué errer dans les couloirs ? Elle n'aurait peut-être jamais la réponse. Elle avait essayer d'avertir les Weasley de la mort de Ron, mais quand elle était arrivée dans la grande salle, elle avait vu le corps de Fred, et n'avait pu se résoudre à les accabler encore plus, bien qu'elle savait qu'elle ne pourrait pas retarder l'annonce du décès de son ami éternellement. Puis, après avoir vu Harry sans vie dans les bras de Hagrid, elle avait fui, ne pouvant supporter encore plus de douleur.
Elle avait été tentée de se rendre dans un lieu à forte communauté magique afin de glaner des informations, mais le risque était trop grand. Elle volait parfois le journal moldu lors de ses excursions en ville, et les nouvelles n'étaient pas très bonnes. Londres semblait constamment sous le brouillard, et très régulièrement le journal traitait du nombre de dépression en constante augmentation.
Une fois transformée, elle sortit du chalet et se dirigea vers le village, dont l'entrée se trouvait à environ un demi kilomètre du jardin de son oncle. La pluie dissuadait quiconque de sortir ce dimanche matin. Elle descendit la route qui longeait les champs, regardant régulièrement derrière elle pour vérifier si elle n'était pas suivie. Elle avait peur de devenir paranoïaque avec le temps. Qui donc pourrait la trouver dans ce petit village perdu d'Ecosse ?
Elle arriva à l'entrée du village, et, comme chaque dimanche, elle entra dans une petite épicerie. Le caissier l'a gratifia d'un sourire aimable, et elle se dirigea vers le fond du magasin pour prendre de quoi manger pour la semaine. Son alimentation se réduisait désormais à des légumes et de la viande bouillie, car l'absence de cuisine digne de ce nom réduisait son choix de plats. Elle n'avait emporté avec elle dans son sac qu'une casserole et un chaudron, et n'avait de toute façon pas appris à cuisiner.
Une fois les ingrédients dans son panier, elle s'approcha du caissier, qu'elle commençait à connaître, et sortit de l'argent moldu pour payer. Comme à chaque fois, elle craignait intérieurement qu'il se rende compte de sa supercherie. En effet, les pièces qu'elle donnait étaient toujours les mêmes. Grâce à un sort de multiplication assez compliqué, elle avait multiplié le peu d'argent moldu qu'elle avait conservé après son voyage avec Harry et Ron, et s'en servait pour le peu d'achat qu'elle avait à faire. Si un sorcier aurait aisément pu sentir la magie émanée de ces pièces, un simple moldu n'y voyait que du feu, à moins bien sûr de se rendre compte qu'elle ne payait chaque dimanche que 15£60. Mais une fois de plus, le caissier de remarqua rien et encaissa sans problème la monnaie.
Hermione sortit du magasin et, comme à son habitude, se rendit dans la petite bibliothèque du village, où elle s'autorisait deux heures de lecture. Elle entra dans la bibliothèque et s'approcha d'une bibliothèque quand elle s'arrêta soudainement en voyant le journal du jour apparemment oublié sur une table. Quelle chance, elle n'allait pas à devoir essayer de le subtiliser sans magie à un passant !
Elle s'assit à table et déplia le journal. Les informations ne variaient pas beaucoup : meurtre et brouillard. La folie s'était emparée d'une partie de la population, et chaque mois de plus en plus d'articles traitaient de l'assassinat d'une ou plusieurs personnes, souvent par un proche des victimes, les tueurs s'avérant parfois être des enfants. Hermione soupçonnait les mangemorts d'être responsable de ces meurtres, par plaisir ou par désir de déstabiliser le monde moldu. Un article cependant différait des autres : le monde moldu avait un nouveau Premier Ministre. En regardant sa photo, Hermione eut un haut-le-coeur. Comment Dolorès Ombrage avait pu devenir la Première Ministre des moldus ?
