Titre : Vampire of Slytherin

Fandom : Harry Potter

Pairing : Eventuel Marcus/Oliver, léger Théo/Blaise.

Rating : K+ pour le sang et les mini passages goriques !

Warning : AU total, histoire fantastique et un peu de sang.

Disclaimers : Nothing's mine, pas même Sally-Ann, qui est la vision que je me fais de Sally-Ann Perks, une élève qui est censée être de la même année que Harry dans HP :). Je ne sais pas si je l'ai déjà fait apparaître dans d'autres fic, mais dans ma tête, c'est la 'meilleure amie' de Roger Davies.

Heyo ! :D Alors, je sais que j'ai pas fini Phantasma et que c'est mal, mais l'idée de cette fic m'a brusquement pris en plein poire un jour, et depuis… je surfe sur une énorme vague d'inspiration ! (J'espère juste qu'elle ne s'essoufflera pas avant la fin, ha ha ha). J'aime beaucoup cette univers donc à priori il n'y aura pas de problème pour terminer cette fic (je ne parle bien entendu pas du délai, parce que délai et moi… hum hum). Et ENFIN, je peux exploiter mes personnages secondaires préférés chez les Serpentards, à savoir Blaise et Théo, et Adrian, auquel je m'attache étrangement de plus en plus, au fil de son apparition dans mes fics. Dean fera également une apparition éclair et, avec Seamus, prendra peut-être plus d'ampleur, mais je n'en ai pas encore décidé ! Bref, l'univers est assez sombre pour une fois, ça change pas mal de mes autres fics, et Marcus fait plus 'classe' aussi, je l'avoue, ha ha ha.

Enfin bref, encore une fois, je blablate trop. Place à la fic, donc !

Bonne lecture !

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VAMPIRE OF SLYTHERIN

Chapitre 1

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La lente mélodie de la Casa Diva s'éleva dans la salle, accompagnée par la voix puissante de la cantatrice. L'air faisait vibrer le cœur des spectateurs émerveillés, parés de leurs plus beaux vêtements. Marcus, lui, ne sentait rien depuis longtemps déjà. Il ne pouvait que savourer les justesses de chaque note et la mélodie reposante que chantait l'artiste charismatique. Les paupières closes pour mieux apprécier l'instant, il s'enfonça dans le dossier de son fauteuil. L'Opéra était une des seules choses qui lui procurait encore une intense sensation de satisfaction.

Les rideaux de sa loge se soulevèrent dans un froissement, suivit de pas étouffés par l'épaisse moquette bordeaux.

-…Bonsoir, Adrian. », dit Marcus, encore à moitié dans son monde.

-Hello, Prince de la nuit. », répondit la voix de son meilleur ami avec amusement. « Il ne te manque plus qu'un verre de sang et une cape majestueuse pour faire plus cliché. »

Marcus décida d'ignorer son commentaire. La Casa Diva apaisait son cœur et tempérait sa colère d'habitude si vive et impulsive. Il attendit les dernières notes de la mélodie pour enfin se tourner vers Adrian. Le jeune homme était affalé sur son fauteuil, une jambe sur l'accoudoir, un sac en velours posé en équilibre sur l'estomac. Il avait enfilé un costume pour l'occasion mais son nœud était légèrement de travers, une négligence qu'Adrian avait dû calculer, comme une image de la nonchalance qu'il se plaisait à garder.

-Tu ne devrais pas exercer tes talents dans l'Opéra. », dit Marcus avec ennui.

-Sois indulgent, tous les bourgeois de Slytherin se rassemblent ici. C'est comme une veille de Noël dans un magasin de jouet. »

Adrian secoua son sac dans un tintement, le sourire aux lèvres. Il était habile pour un humain, aussi silencieux et discret qu'une ombre lorsqu'il opérait dans le noir, et aussi rusé et adroit qu'un magicien à la lumière du jour. Marcus retînt un soupir ennuyé.

-Si l'Opéra ferme ses portes par ta faute, je t'assure que je n'hésiterai pas à te briser la nuque. »

-Voyons, Marc' ! Cela fait des années que l'on se connait, tu sais que je trouverai aisément un bouc émissaire si les choses se gâtent. »

-Cinq ans dans une éternité est comme moins d'une seconde de ta vie, Adrian. »

-Ouch, je suis touché ! N'as-tu pas honte de balayer deux milles jours d'amitié d'une seule parole ? », dit Adrian, une main sur le cœur.

Marcus s'autorisa un sourire amusé. Il appréciait la façon dont parlait son meilleur ami, sans jamais une once de peur alors que d'un regard, il en faisait trembler plus d'un. C'était étonnant, pour un humain.

-J'ai entendu dire qu'un petit groupe de tes camarades saccageait la ville ? », dit Adrian, de nouveau sérieux.

-Il paraît… », répondit Marcus.

Une pointe d'irritation commençait à le titiller malgré les chants qui s'enchaînaient sur la scène. Depuis quelques jours, des meurtres mal nettoyés faisaient trembler Slytherin. Les médias parlaient d'un gang de fanatique mais Marcus avait déjà prit le temps de visiter une scène de crime pour se rendre compte que tout sentait le vampire à plein nez. Les Aurors n'en avaient pas encore eu vent, trop occupés à maîtriser les rebelles qui peuplaient Londres, et Marcus songeait à éliminer ces parasites de lui-même. Il avait fini par s'habituer à Slytherin depuis qu'il s'y était installé, des années plus tôt, et la ville n'avait jamais connu d'ennuis jusqu'à présent.

-Qu'est-ce que tu comptes faire ? », demanda Adrian. « Si les Aurors débarquent ici, ils te demanderont des comptes, n'est-ce pas ? »

-Je ne suis pas le seul vampire de Slytherin. »

-Oui, mais tu es le plus vieux. Et un membre d'une des plus grandes familles d'Europe, qui plus est… »

-Evite de me le rappeler, cela me donne la migraine. », dit Marcus avec ennui.

-Toutes mes excuses, messire… »

Adrian lui adressa un sourire en coin, clairement moqueur.

-Je me demande bien ce qu'il m'a prit de m'installer ici. », soupira Marcus. « Tout était bien trop calme et tranquille pour durer. »

-C'est ce que je me suis toujours demandé ! »

-Je pourrais te retourner la question. Tes talents brilleraient dans la capitale, elle fourmille de bourgeois. »

-Comme tu l'as dit… », dit Adrian en soulevant son sac. « Ici, tout est calme et tranquille. »

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Adrian s'éclipsa avant la fin de la pièce, peu intéressé par les chants et le jeu plein d'émotion qui se déroulait sur la scène. Marcus attendit que tous les spectateurs vident la salle de théâtre pour sortir à son tour. Il détestait être mêlé à la foule, et sentir tout ce sang autour de lui l'aurait mené à la limite de la violence. Il n'avait pas déjeuné aujourd'hui et la faim commençait à le tirailler.

Dehors, la lune éclairait la place de ses rayons blafards. Quelques lampadaires grésillaient faiblement dans la nuit, essayant vainement d'éclairer la ville aux citadins perdus. Marcus s'enfonça dans une sombre ruelle qui remontait sur un escalier tortueux, aussi silencieux qu'une ombre sur les pavés. Quelques rambardes de fer forgé se dressaient ci et là, dans les tournants les plus abruptes pour éviter une chute accidentelle, mais Marcus connaissait chaque marche sur le bout des doigts.

Un caillou dégringola alors qu'il atteignait les dernières marches. Marcus jeta aussitôt un coup d'œil par-dessus son épaule, les sens en alerte. Il pouvait clairement voir malgré l'obscurité ; sa vue et son ouïe étaient des plus aiguisées de part son sang de vampire. Seul un feulement perturba le silence de la nuit, et après avoir aperçu la silhouette d'un chat sur les tuiles d'une maison, Marcus reprit son escalade.

Il atterrit avec prudence dans une ruelle étroite entre deux maisons. Quelque chose le titillait ; son sixième sens lui disait de rester sur ses gardes, mais il n'avait rien repéré de suspect à part ce chat. Une brise de vent chatouilla les arbres qui surplombaient les maisons. Elle souleva une drôle de flagrance, l'odeur d'un océan plus bleu que le ciel qui détonnait brutalement avec celle, enfumée et boisée de Slytherin. D'un bond, Marcus fit volte-face.

Une lame affûtée lui frôla les yeux, évitée à la dernière seconde. Marcus reprit aussitôt l'équilibre, analysant la situation d'un seul coup d'œil. Un jeune chasseur se tenait devant lui, sa machette dans la main et l'air déterminé. Il ne devait pas avoir plus d'une vingtaine d'année mais Marcus avait appris très vite à n'accorder aucune pitié à ces parasites. Le poing serré, il le frappa violemment au visage. Des gouttes de sang giclèrent dans l'air alors que le chasseur tombait au sol. Grisé, Marcus évita une balayette au dernier moment. Le garçon se releva d'un bond pour le trancher en deux ; la lame déchira sa chemise en lui brûlant la peau.

Marcus recula d'un pas, une main sur son estomac. Le chasseur reprenait sa respiration mais il allait de nouveau attaquer ; ses muscles se bandaient déjà et sa main se serrait autour du manche de sa machette. Marcus serra les dents, les pupilles bleu électrique. Le garçon avait signé son arrêt de mort en le blessant. Aussi rapide qu'un serpent, il attrapa son poignet pour le lui tordre violemment, lui arrachant un grognement douloureux. La machette tomba au sol dans un tintement assourdissant, et avant même que le chasseur puisse se débattre, Marcus le prit par la gorge pour le plaquer contre le mur.

-Pris au piège… », murmura t-il avec un sourire dangereux, les doigts serrés autour de son cou comme les serres d'un rapace.

Le chasseur agrippa son bras pour essayer de se débattre. Il avait les yeux verts, des yeux d'adultes qui contrastaient étrangement avec ses joues encore trop rondes, et son sang… son sang bouillonnait dans ses veines, trop plein d'adrénaline. Marcus agrippa ses mèches brunes pour le forcer à pencher sa tête sur le côté, à découvrir son cou si appétissant. Cette petite odeur océanique qui se dégageait de sa peau était comme une invitation à y planter ses crocs.

-Autant me tuer si tu le fais. », dit le jeune chasseur. « Où crois-moi, je te traquerai jusqu'à ce que tu crèves ! »

Marcus se força à résister pour le regarder dans les yeux. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, dans un rythme alléchant, mais il n'y avait aucune trace de peur dans son regard tilleul, si brillant dans la nuit. Il le fixait sans trembler, ses ongles enfoncés dans la peau du bras qui le retenait prisonnier.

Marcus se força à résister à ses pulsions. Il mourrait d'envie de le vider de son sang mais ces yeux…

-Quoi, je te fais peur !? », s'exclama le chasseur d'un air effronté.

Marcus resserra son emprise sur sa gorge, lui arrachant un gargouillis étranglé.

-Tu n'es qu'un humain… », souffla t-il dangereusement, son nez presque collé à celui du garçon. « Que penses-tu pouvoir me faire ? »

-Tu faisais moins le malin quand ma lame t'a effleuré, vampire. », répondit le chasseur avec un sourire en coin.

Cette effronterie et cette façon de le regarder sans peur… cela lui rappelait les qualités qu'il appréciait chez Adrian mais ce garçon était beaucoup plus dangereux que le voleur.

Il possédait quelque chose de différent. N'importe lequel des chasseurs, même le plus vaillant et le plus expérimenté aurait tremblé face à la mort. Mais celui-ci… si jeune, et pourtant si téméraire. Ses yeux brûlaient d'une rage passionnée, mélangée pendant des mois et des mois avec de la souffrance et de la frustration. Un regard qui attisa l'envie de violence et de sang de Marcus comme de l'huile sur du feu. Il serrait la gorge du chasseur tellement fort que la marque rouge de ses doigts s'imprimait déjà sur sa peau. Il fallait qu'il résiste.

Sans contrôler sa force, il cogna le chasseur contre le mur, les canines tellement acérées qu'elles lui faisaient presque mal. Le garçon s'affaissa en laissant une traînée écarlate sur les briques mais Marcus s'était déjà éloigné, aussi rapide que le vent, une soif de sang tellement forte qu'elle lui tordait les tripes. Cela faisait des années qu'il ne s'était pas retrouvé dans cet état, ce gosse l'avait rendu aussi fou qu'un nouveau né.

Au détour d'une rue, à des kilomètres du chasseur, Marcus flaira enfin le sang de deux proies. Un couple s'embrassait tendrement, assis sur ce banc de bois abandonné au milieu d'un parc. Enfermés dans leur bulle, ils ne l'entendirent pas arriver même si, pour une fois, Marcus ne faisait aucun effort pour être discret. Comme la mort, il tomba sur eux avec brutalité, aussi rapide qu'un aigle fondant sur une proie. Il retourna la tête de la jeune femme dans un craquement sinistre, la tua en premier par pure galanterie. L'homme eût à peine le temps d'ouvrir la bouche sous le choc que Marcus lui arrachait le cœur. Le sang gicla, chaud et appétissant, et il épancha sa soif sans délicatesse, aussi sauvage qu'un prédateur que l'ont venait juste de libérer.

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-Maître Marcus ? »

Sally-Ann pénétra dans le hall au moment même où il fermait les doubles portes. Les cheveux auburn ramenés en son habituel chignon négligé et le tablier fermement attaché par-dessus son uniforme de soubrette, elle tendit les bras par réflexe pour accueillir le manteau qu'il lui tendit.

-Mon Dieu… », laissa t-elle échapper en français dans un murmure.

Elle le dévisageait, ses yeux chocolat écarquillés avec surprise.

-Ne prononce pas ce mot sous mon toit. », dit froidement Marcus.

-Je suis désolée, mais que vous est-il arrivé ? »

Sans violence mais avec une pointe d'irritation, Marcus la poussa sur le côté pour monter les escaliers. La jeune française avait toujours été trop curieuse et trop observatrice pour une simple servante. Et comme il s'y attendait, elle lui colla au train, son manteau toujours dans les bras, à petit pas rapides pour pouvoir suivre ses longues jambes.

-Fais couler mon bain. », dit Marcus en retenant un soupir.

-Mais enfin ! », s'exclama Sally-Ann derrière lui. « Dîtes-moi au moins si vous êtes blessé ! »

-Non. »

Il claqua la porte de sa chambre au nez de sa jeune servante, lui arrachant un 'oh !' vexé . Une étrange fatigue s'était emparée de lui. Les membres lourds, il s'assit sur le fauteuil qui reposait face à l'imposante fenêtre de la pièce et se massa les tempes. Du sang séché maculait son menton et ses vêtements, l'imprégnant de cette odeur métallique si vitale pour lui.

Jamais… jamais, depuis des années, il s'était ainsi laissé dominer par ses pulsions. Quelques minutes plus tôt, dans ce parc, il avait été réduit à l'état d'animal. Un comportement contraire à tout ce que ses parents lui avaient inculqués, un comportement dont il s'était toujours moqué face aux jeunes vampires et parfois même aux humains. Et là, en quelques secondes… il avait perdu la tête.

L'image du jeune chasseur apparu clairement dans son esprit, comme brûlée dans sa rétine. Il ne l'avait jamais croisé à Slytherin, tout simplement parce que Slytherin n'attirait aucun chasseur. Mais depuis ces histoires de meurtres en série, la ville allait se mettre sous les feux de la rampe du Monde de l'Ombre, et cela le préoccupait.

L'eau se mit à couler dans la pièce voisine, apaisant ses pensées agitées. Même si cela le répugnait et qu'il aspirait à une vie calme et tranquille, il allait devoir agir. Un morceau de parchemin et une plume gisaient sur son bureau. Marcus s'en saisit pour griffonner grossièrement dessus avant d'ouvrir la fenêtre. L'odeur boisée de la forêt qui s'étendait autour de son jardin calma ses sens et son agacement. Les lèvres serrées, Marcus émit un léger sifflement, et quelques secondes plus tard, un aigle fendit les airs pour se poser sur son bras.

-Calme… », murmura Marcus.

L'aigle baissa la tête, docile, alors qu'il attachait le rouleau de parchemin à ses pattes.

-A Paris. », dit-il ensuite, et l'imposant rapace prit son envole dans un cri aigu.

Marcus le regarda se fondre dans le ciel noir quand la porte de sa chambre s'entrouvrit timidement.

-Maître Marcus ? Le bain est prêt. », dit Sally-Ann, la voix douce.

-Hm. Prépare quelque chose pour demain, veux-tu ? »

-Pour combien de personne ? »

-Deux. », répondit Marcus en l'écartant pour sortir. « Privilégie la qualité. »

Sally-Ann le suivit, sa petite robe de soubrette froufroutant à chacun de ses pas.

-Mon Dieu ! », s'exclama t-elle avant de se rattraper. « Désolé. Serais-ce pour mes anciens maîtres ? »

Marcus lui claqua la porte de la salle de bain au nez.

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-Les nouvelles du jour, maître Marcus. »

Sally-Ann déposa deux journaux sur la longue table. L'un en papier classique, marqué d'un grand 'SLYTHERIN NEWS' en capitales, l'autre en parchemin jauni par le temps où 'La Gazette' était inscrit en lettres gothiques. Marcus reposa son verre de sang pour se saisir du premier. Sur la photographie qui s'étalait en première page, des longues boucles blondes et une main inerte s'échappait d'un drap lâchement posé sur un corps. Les sourcils froncés par l'irritation, Marcus ouvrit le journal pour parcourir l'article du regard.

Le Groupe Fanatique frappe encore.

Le corps d'une jeune femme d'une vingtaine d'année à été retrouvé, hier soir, à Spinner's End, la même marque que les autres victimes sur le cou. Après une soirée à l'Emerald Snake, un bar situé au centre de Slytherin, la victime serait rentrée seule, chez elle, en voiture. Le Groupe Fanatique aurait profité du calme de Spinner's End pour l'attaquer alors qu'elle se trouvait encore dans sa voiture.

Marcus reposa le journal en retenant un soupir. Ainsi, les médias pensaient encore à des imitateurs de vampires. Cela ne l'étonnait pas ; les humains ne pouvaient que trouver une explication rationnelle à ce qui leur paraissait inexplicable. La plupart ne pouvaient croire que ce qu'ils voyaient, à l'image de Saint Thomas.

Il empoigna la Gazette pour la déplier. Le journal ne recensait que ce qui se passait dans le Monde de l'Ombre et Marcus n'avait jamais prit la peine de l'ouvrir, trop peu intéressé par les nouvelles de ses pairs. Mais il devait surveiller l'apparition d'articles sur Slytherin car si ces meurtres se retrouvaient en première page de la Gazette, les Aurors tomberaient sur la ville en un instant. Et par conséquent, sur lui.

-Les nouvelles sont mauvaises ? », demanda Sally-Ann en pénétrant dans la salle à manger, un plumeau dans les mains.

-Pas encore. Mais cela ne saurait tarder. »

Marcus parcouru la Gazette des yeux avant de la reposer sur la table. Rita Skeeter n'avait pas encore eu vent de ces histoires de meurtre une bonne nouvelle qui rendit son verre de sang beaucoup plus savoureux qu'il ne l'était.

En s'adossant plus confortablement au dossier de sa chaise alors que Sally-Ann époussetait les étagères, Marcus caressa ses canines du bout de la langue, pensif. L'odeur du chasseur aux yeux verts lui revînt en mémoire. Son sang avait eu l'air tellement appétissant, dans cette allée, d'un goût aussi riche qu'une bouteille de vin hors de prix. Et ce regard…

Marcus se demanda ce qui l'avait poussé à prendre les armes. La mort d'un proche ? De ses parents ? De sa petite amie, peut-être ? Ou alors quelque chose de plus personnel… Mille et un scénarios défilèrent dans sa tête alors qu'il faisait lentement tournoyer son sang dans son verre. Il voyait le chasseur, à genoux dans la neige, le visage choqué alors qu'il voyait ses parents se faire assassiner par une bête devant ses yeux. Un vampire, qui les aurait décapités sans aucune pitié, en éclaboussant son visage d'écarlate. Il le voyait enfant, tremblant dans un placard noir aux portes entrouvertes, masqué aux yeux du fantôme à la rage vengeresse qui poignardait sa sœur terrorisée à coup de ciseaux, maculant le papier peint jauni de la chambre de sombres éclaboussures.

Ou alors adolescent, à la sortie du lycée. Se promenant dans un terrain de baseball alors qu'il faisait nuit, à admirer les étoiles au dessus de sa tête en songeant à son futur match. Sa veste de joueur sur le dos, les mains dans les poches pour se protéger du froid, l'esprit tranquille. Le visage serein, les yeux pleins de vie et de promesses futures. Marcus pouvait le dépeindre comme si la scène se déroulait devant ses yeux, pouvait pratiquement sentir l'innocence qui émanait du garçon aux joues rondes. Puis le calme de cet instant se brisait ; les bruits de pas d'un animal au galop surprenaient l'adolescent qui se retournait. D'abord stupéfait, puis terrorisé alors qu'il voyait une bête aux grognements affamés galoper vers lui. Il n'avait même pas le temps de réagir que le loup, immense, se jetait sur lui, le plaquant sur l'herbe. Les crocs acérés de la bête se refermaient sur son bras, sur sa main qu'il avait levée pour se protéger et il hurlait, se débattait comme un diable, essayait d'échapper aux griffes de l'animal qui le lacérait de coups.

-Maître Marcus ? »

Marcus manqua de sursauter, brusquement arraché à ses rêveries. Sally-Ann le regardait d'un air légèrement inquiet à l'autre bout de la table.

-Qu'y a-t-il ? »

-Marietta Edgecombe vous demande. Vous êtes sûr que tout va bien ? »

-Hm. »

Marcus contempla le liquide écarlate qui reposait dans son verre, silencieux.

-Fais la patienter dans le salon. », dit-il finalement.

La française s'effaça sans insister, et Marcus fit tournoyer le verre entre ses doigts. Sa dernière vision lui avait paru tellement réelle… Il avait presque senti la détresse du jeune chasseur, la douleur alors qu'il hurlait, l'odeur de son sang mélangée à celle de l'herbe fraîchement tondue.

Troublé, Marcus reposa le verre sur la table avant de se lever.

Marietta Edgecombe était une jeune fille de sang-pur, aux boucles blondes et aux lourdes robes à dentelle typiquement anglaises. Elle était aussi la meilleure amie de Cho Chang, dont Marcus préférait de loin la compagnie, mais ses parents lui avaient toujours conseillé d'être courtois et galant avec les membres de l'aristocratie. Aussi accueillit-il la jeune fille avec un hochement de tête poli.

-Marietta… que me vaut le plaisir de ta visite ? »

-Bonsoir, Marcus. Je suis ici seulement pour ce soir. Harmony Goodvoice donne une représentation à la Rose de Circée, et je me demandais si je pouvais apprécier un peu ta compagnie, le temps de quelques chansons… »

Ses lèvres s'étirèrent en un sourire vermeil que Marcus trouva obscène. La vampire essayait de le séduire à chacune de leur rencontre, mais sa superficialité ternissait son charme.

-Pourquoi pas… », dit Marcus sans réel enthousiasme.

Marietta ne sembla s'en apercevoir alors qu'elle se levait pour lui tendre le bras, les doigts élégamment tendus sous ses gants blancs mais si peu naturelle. Marcus attrapa sa main d'un geste désinvolte pour la glisser au creux de son coude.

-Sally-Ann. », appela t-il en guidant Marietta vers le hall. « Je serais à la Rose de Circée. »

La jeune française sortit de l'ombre pour lui adresser un hochement de tête, et Marcus s'enfonça dans les rues de Slytherin.

La Rose de Circée était un bar situé au centre de la ville, ouvert depuis 1880. Des lourdes tentures rouges masquaient chaque fenêtre à la vue des curieux et une rose aux couleurs écaillées avait été peinte sur le panneau de bois qui pendait au dessus de la porte. L'intérieur était cosy, éclairé par de faibles bougies à la lumière dorée, et des pétales reposaient sur chaque petite table ronde. Les plus grands artistes s'étaient représentés ici, donnant au bar une certaine réputation.

Assise près de lui sur sa chaise en velours, Marietta lui comptait ses dernières aventures, peu découragée par son silence. La vampire tentait de se mettre en valeur en critiquant quelques unes de ses connaissances. Marcus la soupçonnait d'être intérieurement complexée par la renommée de ses parents et celle de sa meilleure amie, toujours regardés avec admiration.

-Comment va Melle Chang ? », demanda t-il brusquement, sans se préoccuper d'interrompre Marietta en pleine phrase.

La vampire se tût, surprise l'espace de quelques secondes, puis ses lèvres se pincèrent et son regard se tourna vers la scène.

-Très bien. », dit-elle avec une certaine froideur.

Marcus ne pût s'empêcher de sourire alors que le silence tombait à leur table, et profita de ce répit pour apprécier le talent et la beauté de la chanteuse qui se produisait sur la petite scène. Les yeux fardés de noir et la bouche colorée en rouge vif, elle était belle, et ses cheveux blonds formaient d'élégantes vaguelettes au creux de son épaule. Son allure et sa voix, rauque et agréablement ternie par des années de cigarettes, rappelait celle des chanteuses de cabaret d'autrefois.

« When one life and another meddles together, when you know you will think about that one forever, this is what true love is now and ever. »

Plusieurs mélodies s'écoulèrent ainsi, certaines plus mélancoliques que d'autres, quand une main se posa sur l'épaule de Marcus, aussi rapide et légère que celle d'un papillon. Il le reconnu sans même se retourner.

-Théo. », dit-il en se levant pour le saluer d'un signe de tête.

Théodore Nott lui adressa son éternel sourire énigmatique alors qu'il lui rendait son hochement de tête. Ses yeux bleus se posèrent sur Marietta l'espace d'un instant, mais il ne lui accorda pas plus d'importance alors qu'il disait, la voix monotone.

-Blaise était fatigué. »

-Hm. Ne le faisons pas plus attendre, dans ce cas. »

Marcus enfila son manteau d'un geste avant de se tourner vers une Marietta offusquée.

-Des affaires m'attendent, mais ce fût un plaisir de te tenir compagnie. »

-Mais… attend, enfin ! »

Marietta attrapa son châle pour les suivre hors du bar, les pas précipités pour suivre leur rythme. Marcus la laissa faire, l'esprit préoccupé par des sujets plus importants, quand un bruit de coup attira son attention. Ce ne fût pas l'insulte qui suivit qui le força à s'arrêter. C'était cette odeur… cette flagrance, si différente de Slytherin.

Son chasseur était là.

Sans faire attention aux deux autres vampires, Marcus s'approcha silencieusement de la ruelle d'où venaient les bruits de coups et les grognements de douleurs. Appuyé contre le mur et masqué par l'ombre de la nuit, il reconnu la silhouette du garçon qui avait tant affolé sa soif de violence la nuit dernière. Sa machette dans la main, il évitait avec aise les coups qu'essayait de lui asséner un vampire de basse catégorie. Il semblait presque s'amuser, mais cette haine était toujours présente en lui, Marcus la sentait d'ici.

-Sale petite peste ! », jura le vampire en essayant de l'attraper, tout crocs dehors.

Le chasseur le propulsa dans les poubelles d'un coup de pied dans le torse. Derrière lui, Marcus entendit Marietta et Théo le rejoindre.

-Par tous les diables ! », s'exclama la vampire en regardant la scène. « Ce chasseur va le tuer ! »

Oui, pensa Marcus. Il pouvait voir la main du garçon se resserrer autour du manche de sa machette alors que le vampire se relevait pour bondir vers lui.

-Il faut l'aider ! »

-Non ! »

Marietta commençait à s'élancer dans la ruelle, les crocs acérés. Marcus attrapa son bras dans une poigne de fer pour la tirer brutalement en arrière et d'un coup sec, il lui retourna la tête dans un craquement sinistre.

La vampire s'écroula dans un froissement de robe, aussi molle qu'une poupée de chiffon, et Marcus ne pût que contempler son regard sans vie avec stupéfaction.

-Il aurait pu s'en sortir. », dit platement Théo, le visage aussi impassible que d'habitude alors qu'il regardait le corps de Marietta.

Marcus ne sût quoi répondre, trop choqué par sa réaction. Dans la ruelle, le bruit du sang qui giclait signalait la fin du combat de son chasseur.

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-Maître Marcus ! », s'exclama Sally-Ann aussitôt qu'ils entrèrent dans le manoir. « Maître Blaise se trouve dans le salon. »

Marcus la remercia d'un hochement de tête alors qu'elle attrapait son manteau.

Blaise Zabini était assis sur un des fauteuils, près de la cheminée où craquaient des bûches enflammées. Sa tête reposait sur sa main, le visage tourné vers le feu qui éclairait sa peau d'une lueur caramel. Ses traits étaient toujours aussi fins et bien dessinés, aussi mortellement beau que sa réputation le disait.

-Tiens, Marcus. », dit-il sans prendre la peine de se lever. « Vous avez mis du temps. Quelque chose s'est passé en chemin ? »

-Non. »

Marcus s'assit en face de lui alors que Théo souriait.

-Il t'a trouvé. », dit-il à l'intention de Blaise, effleurant sa joue au passage.

-Comment ça ? »

Théo ne répondit pas, mais ni Blaise ni Marcus n'insistèrent, habitués à ses phrases étranges et son visage sans émotion.

Un plateau dans les mains, Sally-Ann pénétra dans le salon pour leur servir trois verres de sang. Marcus vida le sien d'une traite, les pensées agitées. L'odeur de son verre était agréablement cuivrée mais elle n'était rien, comparée à celle, enivrante, de son chasseur. Il avait agit sans réfléchir en tuant Marietta et jamais cela ne lui était arrivé. Avec l'aide de Théo, ils avaient effacé toute trace du passage de la vampire en ville et avaient supprimé son corps, mais si cela parvenait aux oreilles de mauvaises personnes, les ennuis allaient pleuvoir.

-Quel temps fait-il en France ? », demanda Sally-Ann, guillerette, son plateau encore dans les mains.

-Doux. », répondit Blaise. « Rose se plaint de ne pas avoir de tes nouvelles, elle soupçonne Marcus de te maltraiter. »

Marcus ne pût retenir un reniflement amusé alors que la jeune servante se mettait à rire.

-Plus tard, les questions. », dit-il, en la congédiant d'un signe de la main. « Profites-en donc pour écrire à Melle Zabini. »

Sally-Ann s'éloigna sans demander son reste, les rubans de son tablier ondulant derrière elle.

-Elle me fatigue. », dit Marcus en secouant sa tête.

-Mais tu l'adores. Je savais qu'elle te plairait, tu as toujours eu tendance à apprécier les personnes qui te tiennent tête. », répondit Blaise.

-A mon grand désarroi. Mais ce n'est pas cela qui m'inquiète. »

-En effet, ton message état plutôt énigmatique. »

Blaise sortit un morceau de parchemin de sa poche pour l'agiter entre en deux doigts, appuyant ses dires. Marcus tendit ses jambes devant lui alors qu'une bûche craquait bruyamment dans la cheminée.

-Je sais. Il se passe des choses, à Slytherin, et cela va bientôt attirer l'attention. »

-Les Aurors, tu veux dire ? »

-Hm. Un vampire attaque les humains sans couvrir ses meurtres. Je ne sais pas s'il est seul ou s'ils sont plusieurs, à dire vrai. »

-Et qu'en disent les médias ? »

-Ils parlent d'un groupe de fanatique. »

-Quels idiots. », dit Blaise avec son sourire mi-hautain, mi-amusé.

Marcus haussa les épaules. Appuyé contre l'accoudoir du fauteuil de Blaise, Théo s'arracha à la contemplation du feu pour le regarder.

-C'est pour ça que son Blaise est ici… », dit-il avec son étrange sourire.

Ses yeux cobalt étaient indéchiffrables, beaucoup trop profonds pour y lire quoi que ce soit, ce qui avait toujours rendu Marcus mal-à-l'aise lors de leurs premières rencontres. Agacé par les phrases sibyllines du vampire, Blaise reprit la parole.

-C'est pour cela que tu nous as appelé ? Tu souhaites que l'on t'aide à éliminer ces vampires ? »

-Avant qu'ils attirent l'attention des Aurors, oui. », répondit Marcus. « Je pense que la rumeur se propage déjà chez les chasseurs. »

-S'ils sont là, cela risque de compliquer les choses. », dit Blaise avec ennui.

Marcus laissa son regard se perdre dans les flammes. Le vampire avait raison. Les chasseurs ne faisaient aucune différence entre démons et se frotter à eux était comme jouer à la roulette russe. Il était possible de tomber sur un jeune inexpérimenté ou au contraire, sur un assassin rapide et efficace.

-Je n'en ai croisé qu'un. », dit-il finalement.

-Tu t'en ais chargé ? »

-Non. Et personne ne le touchera. »

Blaise haussa les sourcils avec élégance. Marcus garda les yeux rivés sur le feu alors qu'il revoyait son chasseur contre le mur, et la défiance qui avait brûlé dans son regard. Ce garçon avait éveillé une étrange curiosité en lui, quelque chose qui le poussait à vouloir le revoir, à le provoquer pour étudier chacune de ses réactions.

-Bien, mais cela sera difficile de répondre à ta demande si nous ne pouvons le reconnaître. », dit Blaise.

-Dean Thomas. », répondit Théo.

Blaise leva la tête pour lui jeter un coup d'œil, puis haussa les épaules avec cette attitude légèrement hautaine qui l'accompagnait toujours.

-C'est un artiste anglais qui tient une galerie à Paris, à Châtelet. », dit-il. « Il pourra t'aider. »

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TBC