Auteur: Vixenette
--Rating: Attention! M, pour le langage et certaines scènes explicites!--
Disclaimer: les personnages et l'univers dans lequel ils évoluent appartiennent à JRK. L'histoire appartient à Vixenette, moi je ne fais que traduire :)
Notes de la traductrice: Ok, une fic que j'aime bcp ! Bon c'est que mon avis, mais j'espère que les sept chapitres vont plaire.
Sinon, je précise qu'il existe deux versions de cette fic, une plus ou moins décente -moué c une façon de parler, c franchement pas innocent non plus- et une autre plus... libertine, bref, je posterai la première sur feufeunet (g pas envie de me faire virer du site) et la seconde sur lj où je peux faire presque tout qu'est-ce que j'veux !
Un énorme merci à ma béta, GredW /fait des bisouxxx d'amour/
Par pitié si quelqu'un trouve des trucs mal formulés, trop lourds ou des fautes, il faut me le dire parce que je suis pas du tout contente de ce premier chapitre... (du coup pourquoi je le poste?? C ce que je suis en train de me demander...)
Adunatio
-premier jour-
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Un cri étranglé força Remus à se réveiller en sursaut. Un épais tissu raide érafla son torse nu et comme il clignait lentement des yeux dans le noir, il commença à sentir le picotement familier des petites cochonneries qui se formaient la nuit au coin des yeux. Dans l'obscurité qui l'encerclait, son crâne sembla soudain s'enflammer, rendant le monde insaisissable à cette heure avancée de la matinée. Tandis qu'il hissait lentement sa main pour se frotter les yeux, le drap qui lui recouvrait la poitrine glissa paresseusement sur sa peau et il se rendit compte qu'il se trouvait dans son lit, dans le dortoir des septièmes années, les tentures pourpres de son lit à baldaquin tirées aux quatre coins.
Un très léger grognement s'éleva à sa gauche et Remus sut qu'il provenait du lit de Sirius. Des halètements rapides… oui, il savait très exactement ce qui l'avait tiré du sommeil. De toute façon, même si l'animagus avait été discret, le loup-garou l'aurait su.
C'est une chose assez drôle d'ailleurs, le fait que d'un côté tous les ados esclaves de leurs hormones se livrent exactement aux mêmes activités privées, et que d'un autre, ils se gardent d'en discuter entre eux. Parfois, il y avait bien quelques plaisanteries douteuses et rires maladroits, mais la chose n'était jamais analysée avec autant d'attention que ne l'étaient le Quidditch ou les cours, ou même les filles.
Sirius avait toujours été le plus 'exhibitionniste'. Tandis que les autres garçons se débrouillaient afin de se trouver un endroit privé pour faire 'ce dont ils ne parlaient pas', le batteur, lui, le faisait même quand il pouvait être entendu. Non pas qu'il était du genre à baisser son pantalon en plein milieu de la Grande Salle et à se caresser devant tout le monde -élèves et professeurs inclus- non, Padfoot était plutôt du genre à en rire, et même à baptiser affectueusement sa petite habitude, son 'rituel du matin' ; la première fois, l'expression avait d'ailleurs laissé Peter interdit, fait lever les yeux de James au ciel, et s'étouffer d'embarras un Remus qui s'était alors efforcé de trouver un point intéressant à fixer sur la moquette. Sirius Black était bien le seul garçon à oser crier haut et fort qu'il se masturbait régulièrement et ce, sans gêne ni aucune pudeur.
Et le terme 'régulièrement' était parfaitement approprié. Réglé comme une horloge, le jeune Black était ainsi responsable du réveil précoce de son ami à peu près à la même heure pratiquement chaque matin.
Bien sûr, il ne se berçait pas d'illusions, il savait que James et Peter le faisaient aussi. Ils étaient simplement moins 'exhibitionnistes' que ne l'était Padfoot à ce propos. Un jour, Remus était tombé sur James en pleine action, mais les rideaux de son lit étaient tirés et il avait plus entendu que vu quoique ce soit ; une fois qu'il eût compris de quoi il s'agissait, il avait senti son visage s'échauffer, alors il avait tourné les talons et était sorti du dortoir à pas de loup.Peter, lui, le faisait dans la douche, et même s'il s'efforçait toujours d'être discret, des gémissements étouffés et des bruits d'éclaboussures arrivaient tout de même à passer par-dessus le clapotis de l'eau.
Remus également préférait le faire sous la douche, et parfois dans la Cabane Hurlante, avant la pleine lune. Ainsi, il vidait quelque peu son corps du stress qu'il ressentait avant chaque transformation ; et puis c'était l'un des seuls moments où il se retrouvait seul puisqu'il ne laissait jamais ses amis entrer dans la pièce pendant sa mutation. Il se sentait bien trop vulnérable, et les faisait alors attendre dehors jusqu'à ce que le changement soit terminé et que Padfoot pousse la trappe avec son museau pour le laisser sortir. Parfois, Moony se demandait si son ami, sous sa forme canine, arrivait à percevoir les traces de l'activité à laquelle il s'adonnait avant sa métamorphose.
La première fois qu'il s'était réveillé parce qu'il avait entendu Sirius le faire, ils étaient en quatrième année et il avait cru à tout autre chose. Il avait entendu un grognement et avait pensé que l'animagus était blessé ou qu'il faisait un cauchemar, et l'avait alors doucement appelé, "Sirius ? Ça va ?". Un silence absolu fut son unique réponse, le grognement avait cessé. Il ne lui avait fallu qu'une seule autre expérience pour comprendre pour quelle raison des grognements s'échappaient du lit de l'aîné des Black, et bien qu'il en fût embarrassé, le jeune Lupin avait décidé de ne jamais le mentionner.
A présent, il était habitué à ce que ces bruits soient la première chose qu'il entendait à son réveil ; ce qui paraissait plutôt normal vu qu'ils le réveillaient au moins une fois par semaine. Ce matin-là, Remus attendit quelques minutes après le dernier grognement signalant la fin de l'activité matinale du précieux batteur de l'équipe rouge et or, puis il se leva et alla se préparer pour la journée. Lorsqu'il fut habillé, il attrapa son sac et descendit dans la salle commune où il trouva Peter en train de l'attendre comme pratiquement tous les matins.
Dissimulant un bâillement derrière sa main, ce dernier ferma les yeux une seconde avant de les rouvrir et de sourire. "Je meurs de faim, on est obligés d'attendre James et Sirius, tu crois ?"
L'estomac du loup-garou se mit à gronder, ce qui lui fit lever les yeux au ciel. "Non, on va rater le petit déjeuner comme la semaine dernière si on les attend. Viens on y va, ils descendront quand ils seront prêts." Comme ils passaient le portrait, Remus extirpa de son sac son devoir de Potions presque terminé en vue de le parachever pour leur premier cours de la journée, Potions.
Ils le suivaient avec les Slytherins et s'il y avait bien une chose que le préfet des Gryffondors détestait plus que le cours en lui-même, c'était bien le professeur Wauldin ; il sentait la transpiration et ses épais sourcils formaient une unique barre noire menaçante au-dessus de ses yeux. Une fois, le professeur lui avait dit d'une voix nasillarde, "Lupin, votre potion a exactement la même couleur 'vomi' que vos cheveux alors qu'elle est supposée être verte," ce qui lui avait valu quantité de ricanements de la part de toute la classe, y compris de ses amis même s'ils avaient essayé de se retenir. Il n'avait jamais été aussi désagréable avec eux que ce jour-là, si bien que dans la soirée, James lui avait présenté de sincères excuses, Peter était descendu dans les cuisines pour lui rapporter un supplément de tarte à la citrouille tandis que Sirius lui avait certifié une bonne dizaine de fois que ses cheveux avaient la même couleur que le caramel.
Remus passa les quelques minutes suivantes à griffonner diverses phrases mineures sur les propriétés de la potion de Vieillissement, agrandissant un peu plus son écriture à chaque ligne pour essayer de noircir au maximum son parchemin de 12 pouces. Peter sortit le sien et le lut à voix haute pour qu'il puisse piocher parmi les choses qu'il n'avait pas déjà dit ; c'est ainsi qu'il trouva assez de bagatelle pour combler le vide au bas de son devoir. Après un léger soupir de soulagement, il fourra son parchemin dans son sac et s'attaqua à la préparation de son petit déjeuné au moment où les hiboux fonçaient en direction des tables -le courrier bien calé dans leurs griffes ou leur bec- en submergeant la Grande Salle de battements et bruissements d'ailes.
Tout en mâchant un morceau de saucisse, Remus écoutait Peter lire d'une voix forte le gros titre du Daily Prophet. Quelque chose à propos du Mage Noir et d'une nouvelle attaque.Ces dernières s'étaient considérablement multipliées depuis quelques mois et les gens avaient désormais peur de quitter leur maison, du moins c'était ce que disait l'article.
La voix de Peter se brisa soudainement alors que le journal lui était arraché des mains. En face de lui, Remus leva les yeux, amusé. Derrière le petit rat, se tenaient en effet un James moqueur et un Sirius taquin qui agitait le journal au-dessus de sa tête, hors de portée. Poussant un grognement, Peter se leva, sautilla pour tenter de le récupérer, mais le manqua ; ce qu'il ne manqua pas par contre, fut le pied de Padfoot sur lequel il atterrit accidentellement.
"Oooh, Peter ! Tu m'as pété le doigt de pied!" Black s'empara du dit-pied et se mit à sautiller sur une jambe tout en pleurnichant piteusement, faisant rire Moony et Prongs au passage. Il heurta au passage le dos d'une Ravenclaw qui lui lança un regard menaçant, auquel il répondit par un sourire désolé avant de rendre le journal à Peter et de s'asseoir en face de Remus. Il attrapa une tranche de bacon et croqua dedans avant de ramener son genou contre sa poitrine et de frotter son pied à travers le cuir en examinant de plus près le renfoncement juste au bout de sa botte. "Tu me dois une séance de cirage de pompes, et au sens propre !"
Peter renifla. "Ouais c'est ça. Dans tes rêves, crétin !" Il s'écarta et balaya la main de Sirius, laquelle s'était levée pour aller décoiffer ses cheveux blonds. "Hey, dégage ! Je déteste ça !"
"Tu sais que tu m'adores," répliqua l'animagus avec un grand sourire.
"Tu ferais bien d'attaquer ton petit déj'," suggéra le préfet en pointant l'assiette encore vide du jeune Padfoot. "Tu as environ dix minutes pour manger."
James s'assit à côté de Remus, en face de Peter, et vola une saucisse dans l'assiette de son voisin. "Y avait pas un devoir à rendre en Potions aujourd'hui?"
Le loup-garou, ledit voisin, poussa son assiette sous le nez du cerf qui dévora avidement une seconde saucisse. "Oui, sur les complications dues à l'utilisation des potions de Vieillissement. Tu l'as terminé ?"
James haussa les épaules. "Plus ou moins," répondit-il avec un petit sourire malin, tandis que le jus de viande lui coulait le long du menton. "Je pomperai les parties qui manquent sur le devoir de Paddy."
Remus lui tendit une serviette tout en secouant la tête et en s'obligeant à avoir l'air sévère. "De la triche ? Vraiment, James, tu n'apprendras jamais rien si tu ne travailles pas en temps et en..." Il suspendit sa phrase quand Peter commença à ronchonner.
"Ce que je ne comprends pas," se plaignit Sirius, "c'est pourquoi on doit travailler sur les effets de la potion APRES l'avoir faite. Ce serait pas plus intelligent de connaître les conséquences d'une potion AVANT d'essayer de la préparer ?" Il plongea la main dans le sac étalé à ses pieds et en retira un parchemin. "Le mien est abominable. Je l'ai fini cette nuit. Par contre j'ai peut-être un peu trop enjolivé le tout. Vous croyez que l'histoire détaillée d'un vieux bonhomme qui a pris la potion et s'est retrouvé avec le visage en putréfaction sans plus aucun poil sur tout le corps, fait trop gore ?"
Remus leva les yeux au ciel. "Wauldin adore ce genre de trucs effroyables. Tu peux être sûr d'avoir une bonne note."
Sirius se contenta de lui sourire puis de hausser à son tour les épaules avant de ranger son devoir dans son sac. "Ouais, ben tu verras la semaine prochaine, je vais lui donner quelque chose d'effroyable à adorer. Ce week-end on va à Hogsmeade et j'ai gardé un peu d'argent pour réapprovisionner ma réserve de bombabouses."
"Oh, allez," gémit Peter. "Tu vas pas me faire croire que t'as trouvé un endroit auquel t'as pas déjà pensé pour y laisser une de ces boules puantes."
L'intenable jeune Black eut un sourire diabolique. "Ah mais si, c'est tout à fait ça mon cher Wormtail. Je n'en ai encore jamais déposée sur la chaise qui l'attend bien sagement dans son bureau tous les soirs. C'est tellement évident et tellement inattendu qu'il s'assiéra dessus et la fera exploser avant même de se rendre compte qu'elle est là."
"Tu n'arriveras jamais à entrer," railla le loup-garou. "Il y a sûrement quatre ou cinq mots de passe qui le gardent, sans oublier que la porte doit être protégée par plusieurs sorts."
"Moi je te parie que Sirius y arrive et qu'en plus il s'en tire sans aucun problème," baragouina James en mâchant un morceau de toast. Il agita sa fourchette dans les airs. "Après tout si quelqu'un peut le faire, c'est bien lui. Rem, tu te souviens quand il a enchanté le lit de la Cabane Hurlante pour qu'il crie à plein poumon pendant toute une semaine, le trimestre dernier ? Tout le monde à Hogsmeade –hommes, femmes et enfants- a cru que les fantômes étaient de vieux esprits satiriques, pas vrai?"
Les abdominaux de Remus commencèrent à le faire souffrir comme il essayait de ne pas rire trop fort à ce souvenir. "Je me souviens surtout que Dumbledore m'a demandé qui j'avais attiré dans la Cabane et si on m'avait expliqué comment avoir des rapports sexuels protégés."
"Cette blague était géniale," lança Peter entre deux rires tout en s'essuyant les yeux. "Tu sais, Padfoot, tu devrais te débrouiller pour que les Bombabouses restent fixées en permanence sur la chaise de Wauldin."
Le préfet aperçut alors l'éclat malicieux du challengeur s'allumer dans le regard de Sirius lorsque les yeux gris se focalisèrent sur lui. "Rem, tu dois bien connaître un sort qui pourrait lescoller à sa robe pendant disons, deux ou trois jours ?"
Souriant en pensant à leur professeur se baladant dans les couloirs avec une robe souillée, Remus hocha la tête. "J'ai bien une idée, mais Wauldin n'est pas aussi stupide, si ça lui explose au derrière, tout ce qu'il aura à faire c'est changer de robe."
Sirius eut un petit sourire satisfait. "Pas si je les entaille toutes au préalable."
Ils éclatèrent tous les quatre de rire et Moony se surprit à attendre impatiemment la semaine suivante, ne serait-ce que pour voir si Padfoot arriverait à se sortir indemne d'une blague pareille. Son ami était courageux, bien sûr, mais parfois, le garçon aux cheveux noirs était un peu trop téméraire dans ses plans.
Mais après tout, ce n'était pas comme si Sirius s'apprêtait à assassiner quelqu'un ; il voulait simplement jouer un tour absolument inoffensif, alors qu'est-ce que cela pouvait bien faire s'il se faisait attraper ? Ce ne serait certainement pas la première fois qu'il serait menacé d'expulsion et Remus était pratiquement sûr que Dumbledore ne laisserait pas un de ses étudiants les plus brillants se faire exclure de l'école si près des N.E.W.T.S.
"J'ai hâte d'être à la semaine prochaine," s'excita Peter, brisant l'enchaînement des pensées du loup-garou. "On est vraiment que mardi, là ?"
"Maintenant le reste de la semaine va te paraître encore plus long que d'habitude," lui fit Remus avec un sourire entendu.
Black grogna. "En parlant de mardi, il est l'heure de nous rendre à notre cours favori." Il hissa son sac sur son épaule et ouvrit la voie vers la salle de classe, suivi de près par Lupin qui le rattrapa en quelques pas. Potter et Pettigrew traînaient derrière, discutant du prochain match de Quidditch contre les Slytherin.
"Je crois qu'on prépare une potion Fusionnante aujourd'hui," commenta Sirius comme il s'asseyait à côté de Remus. Il installa le chaudron sur la table entre eux deux alors que le préfet sortait son livre de Potions et cherchait la page indiquée au tableau.
Le cours de la journée portait effectivement sur les potions Fusionnantes. Le regard menaçant du professeur Wauldin parcourait la masse des étudiants tandis qu'il leur donnait des instructions concernant la préparation du mélange, lâchant parfois des commentaires qu'ils devaient prendre en note. Lorsque ce fut fait, les élèves se mirent au travaille en silence pendant que leurs chaudrons bouillonnaient.
A un moment donné, alors que Remus tendait le bras pour attraper l'herbe aux cent nœuds, sa main se cogna contre quelque chose de chaud ; la main de Sirius l'avait devancée de peu, mais elle était à présent suspendue au-dessus du pot, immobile, et lorsque le préfet leva la tête, les intenses yeux gris de Padfoot le fixaient d'une étrange manière. "Quoi ?"
"Rien," Sirius sembla se reprendre et lui sourit en saisissant l'herbe aux cent nœuds qu'il versa dans la potion. "Je me demande à quoi elle sert cette potion ?"
"Je pense, mais je n'en suis pas totalement certain, qu'une potion Fusionnante est supposée faire fusionner des choses entre elles," se moqua gentiment Remus comme s'il parlait à un petit garçon. L'aîné des Black lui lança un sourire en coin en guise de répartie.
"Ouais, ben comment on est censés le savoir si on n'a pas encore fait un seul maudit devoir là-dessus, p'tit malin ?"
"Empaffé," riposta Lupin, et il aurait pu jurer sur son livre préféré que Sirius venait de lui faire un clin d'oeil.
"Tu crois pas si bien dire."
Pendant que le brun mélangeait la potion avec une lourde louche de métal et dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, Remus consultait le tableau noir où les ingrédients et instructions figuraient toujours. Aujourd'hui, ils se servaient de chaudrons en argent massif et Sirius était intransigeant sur le fait que le loup-garou avait interdiction de s'en approcher de trop près.
"Avez-vous déjà ajouté la corne d'Erumpent, messieurs ?" Le professeur Wauldin se planta entre les deux garçons et jeta un oeil à leur mixture. Remus retint son souffle, laissant presque échapper un rire quand, dans le dos du professeur, il vit l'animagus se pincer le nez et agiter la main devant son visage en faisant une grimace écœurée.
"Non monsieur, c'est ce qu'on était sur le point de faire." Et de nouveau, il tendit le bras au même moment que Sirius alors que le professeur se reculait.
De sa main gauche, Remus saupoudra prudemment un peu de poudre de corne dans le chaudron. Son ami en ajouta également un peu de la main droite. Tandis qu'il guettait les réactions du professeur pour savoir s'ils avaient commis une erreur, le jeune préfet remarqua que ce dernier avait presque le sourire aux lèvres ; ils devaient avoir fait quelque chose de bien, en fait ils devaient avoir fait quelque chose de fantastique parce que les yeux de Wauldin s'allumèrent comme rarement. Refoulant sa fierté, Remus reporta son attention sur le chaudron, n'apercevant l'état de la potion que trop tard. Elle bullait grandement, et tout d'un coup, le liquide épais se déversa hors du chaudron faisant vociférer Sirius. C'est alors que le loup-garou sentit le liquide chaud entrer en contact avec sa peau juste avant qu'une main puissante ne saisisse son poignet.
"Bordel de merde !" jura Black, éloignant sa main du chaudron comme la potion se calmait aussi vite qu'elle s'était énervée. Remus recula également sa main brûlée bien que ce geste ne fût pas volontaire. En fait...
"Bien, bien, bien, soyez prudents vous autres. Si vous ajoutez la corne d'Erumpent en poudre AVANT l'herbe aux cent noeuds, comme je l'ai expressément rappelé au début du cours, vous ne serez en aucun cas confrontés à ce problème. L'ajouter en dernier n'a aucun impact sur le fonctionnement de la potion, mais comme je l'ai déjà dit, cela entraîne une réaction quelque peu… violente." Le professeur laissa échapper un petit sourire en baissant les yeux sur la main droite de Sirius, sa paume avait fusionné avec le poignet gauche de Remus. "Tut, tut. Voyez ce qui arrive quand on n'est pas attentif ? Faites donc confiance à ces idiots de Gryffindors pour faire échouer une formule parfaitement rôdée."
Après ça, Remus ne parvint pas à se souvenir de l'ordre exact dans lequel s'étaient déroulés les évènements. Entre Peter et James bondissant de leurs chaises et braillant à l'encontre du professeur, la salle toute entière pliée de rire, Sirius pestant dans le vide, essayant d'arracher sa main droite du poignet gauche de Lupin, et les autres chaudrons en train de buller bruyamment, c'était le chaos le plus total.
Peter se précipita vers eux et grogna lorsque son regard tomba sur leurs mains jointes. "Quel salaud ! Il nous a jamais dit de pas rajouter la corne en dernier. J'ai tout écouté depuis le début !" James les rejoignit également.
"Vous devriez aller à l'infirmerie tous les deux," suggéra-t-il, un pétillant sourire dansant au fond de ses yeux noisettes tandis qu'il jetait un sort de guérison sur les brûlures de leurs mains. Et Remus lui lança un regard mauvais.
"Ouais, ben il se trouve que j'écoutais moi aussi et y a rien d'autre à faire qu'attendre ! Wauldin a dit qu'il fallait au moins une semaine pour que l'effet de la potion cesse sur la peau humaine." Avec précaution, il essaya de tirer l'un des doigts de Sirius mais il refusa de bouger ; il arrivait à les sentir, imprégnés dans la chair de son poignet. "Quelle espèce de sale enfoiré !" Le préfet n'avait jamais été aussi insolent. "Il savait que ça arriverait ! Il nous a laissé continuer exprès !"
A sa gauche, Sirius se mit à rire et Remus lui répondit en grondant. "Qu'est-ce qu'il y a de si drôle ?"
"Ça aurait pu être pire," répondit-il en souriant toujours. "T'aurais pu faire équipe avec Snape ou n'importe qui d'autre, non ?" Il s'approcha de lui, soudain sérieux et chuchota. "Et au moins la pleine lune a eu lieu la semaine dernière. Ce sera fini avant la prochaine."
Peter acquiesça. "Je crois pas que le loup aurait été très heureux d'avoir un chien accroché à la patte."
"Alors… vous allez devoir dormir dans le même lit," ricana James et puis il se tut d'un coup quand il remarqua le regard hargneux de Lupin. "Oh allez Remus, tu dois bien avouer que quelque part, c'est hilarant."
"Non, ça n'a rien de drôle,"se plaignit Moony. "Je veux dire, sans vouloir t'offenser Sirius, j'ai énormément de travail cette semaine. Je dois aller à la bibliothèque... Et comment on va faire pour les cours ? J'ai Arithmancie à l'heure où tu as Etude des Moldus et je n'ai pas envie de sécher. Et... Et toi en plus ? Tu ne peux plus écrire maintenant. Comment tu vas faire pour travailler ?"
Sirius haussa les épaules, pas concerné le moins du monde. "T'inquiète, on va bien trouver. On va continuer comme d'habitude autant qu'on peut et on décidera ensemble des cours auxquels on ira, d'accord ?"Il balaya la pièce du regard et s'arrêta sur leur professeur qui chassait les autres étudiants à coup de gestes frénétiques tandis que la cloche sonnait la fin du cours. "Allez viens, on s'en va."
Remus ramassa maladroitement son sac et le lança par-dessus son épaule droite. Il était gaucher et était soulagé d'avoir au moins conservé l'usage de la main avec laquelle il écrivait. Il n'avait aucun autre choix que de suivre Sirius hors de la salle et de réprimer son besoin viscéral de jeter un sort à Wauldin alors que le vieil homme lui souriait avec dédain. James et Peter s'étaient portés volontaires pour nettoyer derrière eux sachant qu'ils ne pourraient pas s'en sortir tout seuls.
Sur le chemin du dortoir, aucun d'eux ne parla, mais Remus, tout à fait conscient de la pression exercée sur sa peau, se demanda comment il allait pouvoir faire ses devoirs, sachant qu'il serait également chargé de ceux de du jeune Black. Il poussa un long soupir, il avait l'impression d'avoir encore une fois hérité de la plus mauvaise main au grand poker qu'était La Vie et il n'éprouvait pas de honte à se sentir désolé pour lui-même. Sirius lui pressa alors le poignet et quand le loup-garou le regarda, il trouva un sourire compatissant sur les lèvres de l'autre garçon, comme s'il avait entendu ses pensées.
Tandis qu'ils tournaient dans le couloir où se trouvait la Grosse Dame, ils tombèrent sur quelqu'un de familier se dirigeant vers eux. C'était Lily Evans, une Ravenclaw (1), et la petite amie attitrée de James. Ses longs cheveux auburn et ondulés dégringolaient sur ses reins et sa silhouette svelte mais plutôt plantureuse n'était qu'en partie dissimulée par sa robe. Elle leur sourit, levant la main en guise de salut, et sans réfléchir, Remus leva sa main gauche pour lui retourner son salut, mais le poids du bras de Sirius fit retomber le sien le long de son corps.
"Que s'est-il passé?" questionna Lily, médusée, comme elle soulevait les deux bras et inspectait l'endroit où leur peau ne faisait qu'une.
"Accident de Potions," répondit Sirius avant Remus. "Ça aura disparu dans une semaine."
Lily fit un pas en arrière pour pouvoir l'étudier en totalité. "Ça n'a pas l'air de trop t'ennuyer toi."
Le préfet détourna les yeux et examina son ami qui haussa les épaules. "Nan. J'aime bien Moony. Il fera un pot de colle vraiment cool."
Lily se contenta de sourire et secoua la tête avant de revenir sur le visage de Remus. "Moui, tu n'as pas l'air très emballé toi par contre, mais ça va aller, il y a PIRE comme personne à qui tu pourrais être collé, tu sais." Il hocha la tête et soupira en voyant ses yeux s'allumer. "Je dois aller en Divination. A plus tard les gars. Embrassez James de ma part," rigola-t-elle en s'en allant.
"On va être en retard pour le cours d'Herbologie," pressa Lupin en brisant brusquement le silence. Il traîna Sirius derrière lui, passa devant la Grosse Dame, parcourut la salle commune et les escaliers pour aller s'engouffrer dans leur dortoir. Il s'arrêta devant son lit, lâcha son sac, jeta le livre de Potions dans sa malle et y fourra son livre d'Herbologie ainsi que ses gants en peau de dragon à la place. Après ça, il suivit l'animagus jusqu'à son lit pour qu'il puisse faire de même et ils sortirent de la Tour Gryffindor sans échanger un mot.
C'était étrange, songea Remus, de se balader avec son poignet attaché à la main de Sirius. Ils ne voulaient pas marcher trop près l'un de l'autre, afin de maintenir un semblant de masculinité, mais comme ils ne se serraient pas assez, les gens essayaient de passer entre eux et se faisaient invariablement coincer par leurs bras inséparables. Il continuait d'ailleurs à s'éloigner un peu plus de Sirius, sachant qu'ils auraient l'air… ridicule à se tenir trop près l'un de l'autre. Les garçons ne se baladent pas à trois pouces de distance des autres garçons.
Ce fut lorsque le cinquième étudiant se prit dans leur 'filet' et leur lança un regard excédé avant de contourner le préfet des Gryffondors que Black soupira bruyamment. "Oh, bordel !" s'exclama-t-il, et il attira le loup-garou contre lui, les doigts de sa main droite frôlant la hanche du châtain presque à chaque pas. Remus ne fit aucun commentaire. Que pouvait-il dire ? 'Sirius, tu pourrais marcher un peu plus loin de moi parce que je n'ai pas envie qu'on croit que je suis gay ?' Non, ce n'était pas possible. Il savait de quoi il devait avoir l'air vu de l'extérieur mais ils n'avaient pas vraiment d'autre choix, alors il garda les lèvres scellées tandis qu'ils se rendaient du côté des serres, pour le cours.
Et puis ça ne le dérangeait tant que ça en fait. Après tout, Moony avait l'habitude de vagabonder avec Padfoot, Prongs et/ou Wormtail, et aujourd'hui était juste un jour un petit peu différent.
-
Le reste de la journée fut d'une lenteur atroce pour Remus. Chaque fois qu'il voulait faire quelque chose, Sirius était là. Quand il devait écrire, la main de Sirius le déconcentrait et le gênait parce qu'elle représentait un poids inhabituel sur la main tenant sa plume. Quand il voulut prendre son dîner, il dut manger avec sa main droite -laquelle tremblotait à chaque bouchée- parce qu'il lui paraissait trop étrange de manger quand des doigts arrivaient aussi près de sa bouche.
Le pire, bien sûr, surviendrait lorsqu'il aurait besoin d'utiliser les toilettes. Merci Merlin, Sirius fut le premier à formuler son envie.
"Et comment, exactement, tu crois qu'on va réussir à s'en sortir là?" demanda Remus en essayant de calmer le rougeoiement qui colorait ses joues alors que Sirius souriait.
"On aura qu'à utiliser les urinoirs et on ira en même temps. C'est plutôt simple, je veux dire, toi aussi il faut que tu y ailles, non ?"
Remus soupira. La chose était plus compliquée que ça et il balbutia. "Oui, mais… et en ce qui concerne… euh… tu sais…" Il n'arrivait pas à sortir les mots exacts, la situation était déjà assez embarrassante comme ça.
Sirius écarquilla les yeux tandis qu'il comprenait. "Merde."
"Exactement," souligna Lupin.
"Et ben," le batteur fronça les sourcils alors qu'ils se dirigeaient vers le petit coin le plus proche. "Je suppose qu'on devra aussi y aller en même temps, on aura qu'à passer nos bras sous la paroi des cabines."
"Ça veut dire que l'un de nous devra ramper sous la cloison ?" demanda le préfet, dégoûté. "C'est toi qui t'y colleras. Il n'est pas question que je rampe sur le sol des toilettes ; il n'y a aucune garantie qu'il n'ait pas été aspergé par je ne sais quoi..."
Sirius laissa échapper son éternel rire qui ressemblait tant à un aboiement. "T'es beaucoup trop paranoïaque. Les elfes de maison nettoient tout du sol au plafond."
Remus souffla brièvement. "Peu importe, je ne veux pas que mes mains touchent le sol."
"Très bien, c'est moi qui passerai sous les murs, okay ? Mais t'as pas intérêt à mater mon p'tit oiseau quand on sera aux pisssotières," lui siffla-t-il à l'oreille avec un petit sourire.
Il esquiva d'un geste le poing du loup-garou qui visait son biceps et recommença à rire. Une fois dans les toilettes, Remus fit rapidement sa petite affaire, les yeux clos et les joues en feu tandis que Sirius s'affairait de son côté. Aucun d'eux n'ouvrit la bouche et Remus essaya tant bien que mal d'ignorer les bruits. Quand l'animagus se glissa de nouveau sous la paroi de la cabine et qu'il lui sourit d'un air sot, Lupin lui répondit par un petit ronchonnement. Ils se plantèrent ensuite devant les lavabos où il dut aider l'aîné des Black à laver sa main libre.
La partie la plus compliquée arriva quand il fallut se changer pour le coucher. Le préfet ne savait pas du tout comment faire, il leur était en effet impossible de retirer leurs deux manches. Heureusement, James entra à ce moment, se rendit compte de ce qu'ils essayaient de faire, éclata de rire et finit par lancer un simple sort d'Engorgement qui détendit assez le tissu pour que Remus puisse y passer tout entier. Sirius fit de même avec sa manche.
Déterminé à ne surtout pas regarder son ami pendant qu'il se changeait, parce qu'il savait que c'était quelque chose que les garçons ne faisaient pas entre eux, Remus s'appliqua à enfiler son pantalon de pyjama. Depuis le jour où il avait avoué à ses amis sa condition, il avait abandonné le tee-shirt qu'il mettait auparavant pour dormir. La plupart de ses cicatrices étaient anciennes et pâles mais il y en avait une particulièrement affreuse : elle parcourait son flanc droit en formant une demi-lune partant de sa poitrine pour aller se perdre quelque part sous son omoplate. Il les détestait. Mais il finissait toujours par transpirer au milieu de la nuit alors il sacrifiait son dégoût pour ses mutilations pour un peu de confort. Il jeta un œil par-dessus son épaule et après avoir noté que Sirius portait ses habituels caleçon noir et tee-shirt blanc, Lupin les entraîna tous les deux dans la salle de bains.
Après avoir brossé chacun leurs dents, ils retournèrent dans le dortoir et se regardèrent. "On a qu'à dormir dans ton lit," proposa Padfoot, et Remus hocha la tête, sentant ses lèvres se crisper sous le coup de l'irritation due à l'organisation délicate qu'exigeait leur problème. Les lits étaient plutôt petits, fabriqués pour une seule personne, alors quand le loup-garou s'allongea sur le dos, Sirius à ses côtés, son bras droit se retrouva à pendre dans le vide. Il essaya de se tourner sur le côté, dos à l'animagus, mais à présent, son bras gauche était plié derrière lui, rendant la position inconfortable au bout de quelques minutes de circulation sanguine perturbée. En soupirant longuement, Remus enfonça sa tête dans son oreiller et fixa son ami. Il n'était vraiment pas bien installé, de plus, il n'arrivait pas à dormir sur le côté sans plier ses jambes et, allongé sur le dos, Sirius prenait trop de place pour qu'il puisse se positionner comme il le voulait.
"Hey," chuchota Remus, et Black tourna la tête dans sa direction, toujours réveillé. Il ne le distinguait qu'à peine à cause des rideaux tirés et d'un unique rayon de lune argenté qui filtrait là où les lourdes tentures rencontraient le mur de pierre.
Sirius parut savoir ce qu'il allait lui demander et se déplaça pour s'allonger sur le côté. Maintenant qu'ils se faisaient face, le loup-garou avait plus de place pour fléchir ses jambes. L'animagus en fit de même et leurs genoux se touchèrent, mais c'était la position la plus confortable qu'ils puissent obtenir.
"Bonne nuit Moony," murmura Sirius, son haleine mentholée balayant le visage de Remus.
"'nuit." Il ferma les yeux, la chaleur émanant du torse vêtu de Sirius le faisant transpirer légèrement sans que ce ne soit désagréable. Il n'y avait rien de mieux que la présence d'un corps chaud pour glisser volontiers dans les bras de Morphée, songea-t-il comme le sommeil l'emportait, leur proximité synonyme de sécurité.
Même si ce corps chaud était celui d'un autre garçon.
A suivre...
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(1) Cette fic a été écrite il y a déjà un bout de temps et JKR n'avait pas encore précisé dans quelle maison avait été Lily...
