Ce n'est qu'un jeu
Alors que je lisais le "Chasse à courre" de GredW, une idée m'est venue à l'esprit...Et si Sirius n'était pas aussi sincère qu'il le disait ? Et s'il ne faisait que mentir pour parvenir à ses fins ? Et si, au fond, cette séduction, cette chasse, n'était qu'un jeu ?
Vous remarquerez peut-être certaines similitudes avec le Sirius de ma fic Vampire Heart. En effet, ils ont par certains aspects les mêmes attitudes et le même caractère et le fond de l'histoire est aussi un peu pareil. J'aime décidément cette idée d'un mauvais Sirius...
L'OS est à tendances assez angst et plutôt anti-romantique, je préfère vous prévenir, ce n'est pas une gentille petite histoire toute guimauvienne. Il s'agit ici de plonger dans les méandres de l'esprit retors et corrompu par le désir de quelqu'un pour qui l'amitié n'a même plus de valeur. Je signale aussi que j'ai été influencée dans mon écriture par l'OS "Les sentiments d'un jouet" de Fenice, au cas où vous trouveriez certaines ressemblances entre nos deux fics.
Disclaimer : Tous les personnages, lieux, etc. appartiennent à J.K. Rowling, seule l'idée de cette fic m'appartient.
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Tu sais, ça n'a jamais été qu'un jeu.
Au début, je te voulais parce que tu me résistais. Tu étais amusant, un ami et un garçon. Je n'avais jamais essayé les garçons. Tu étais un joli jouet. Tu étais attirant, bien sûr, sinon je n'aurais jamais même songé à tenter de t'avoir. Tu étais calme, réservé, timide et secret. Je voulais percer tes défenses, avoir de toi ce que je savais encore inviolé.
Je te voulais et rien n'aurait pu m'en empêcher.
Sauf toi.
Tu me connaissais bien, Ô si bien ! Tu savais quel coureur j'étais, comme je ne connaissais pas l'amour. Oui, j'étais fidèle en amitié – j'aurais tout fait pour mes amis – mais jamais en amour. Je ne connaissais pas l'amour. Ce n'étaient que foutaises, que beaux contes pour petites filles, que sornettes. Il me fallait pour te conquérir effacer cette image de Dom Juan. Ce fut difficile.
Je dus renoncer à mes conquêtes et me consacrer exclusivement à toi. Tu avais compris mon soudain intérêt pour toi, n'est-ce pas ? Tu me connaissais comme nul autre – même mieux que James – et tu reconnaissais dans mes manœuvres et manigances la trace indéfectible du « je te veux ».
Une chasse, une proie, une si jolie proie, voilà ce que tu étais. Mais tu me résistais et me repoussais sans cesse, je voyais la crainte dans tes yeux. Tu savais que ce n'était probablement qu'un jeu pour moi.
Mais tu savais aussi que plus on me résistait, plus j'étais persévérant et plus je désirais.
Je te désirais à un point que j'en devenais presque fou. Cette conquête prenait des proportions énormes, je n'avais jamais autant bataillé pour conquérir quelqu'un.
Tu maintenais une distance prudente entre nous, évitais toujours de te retrouver seul avec moi, et Ô, comme je te comprenais ! Mes intentions n'étaient pas louables, pas le moins du monde, et tu en étais tout aussi conscient que moi. Oui, je suis un salaud et je le revendique. Qu'aurais-je pu être d'autre, élevé parmi des gens cruels et sans cœur, unis par simple profit économique et social ? J'étais un Black, la pire et plus dangereuse de toutes les engeances.
Je savais que j'étais beau, incroyablement beau et j'étais sûr de moi. Quelle dangereuse combinaison avec un esprit aussi machiavélique que le mien !
Mais je te voulais, et ça, ça n'aurait de cesse que je t'aurais eu.
Je te poursuivais de mes ardeurs, à chaque fois plus fougueux. Chaque échec ne faisait que renforcer ma détermination. Je ne savais même pas si tu étais attiré par les hommes – moi-même je savais que je ne l'étais pas, ce n'était qu'un jeu après tout – mais je m'en foutais, quand un Black veut quelque chose, il l'a !
J'imagine seulement l'horreur que ma mère aurait éprouvée si elle avait su que je courtisais un garçon, un pauvre, un sang-mêlé et un loup-garou de surcroît ! Je crois pouvoir affirmer sans trop me tromper qu'elle aurait pu en mourir. Peut-être même est-ce cela qui causa sa mort ? Mais j'en doute profondément.
Je te poursuivais partout, tout le temps. Je ne pouvais te lâcher des yeux, je faisais partir tous tes soupirants, jaloux et furieux que quelqu'un osât seulement compromettre mes plans.
Une fois, alors que tu étais près de sortir avec une Serdaigle – comment eut-elle pu échapper à ma surveillance, je n'en sais rien –, j'arrivai près de toi et de cette jeune fille, en rage et, je dois l'avouer, fou de jalousie et de désir. Comment pouvait-elle seulement oser essayer d'être avec toi alors que je m'efforçais comme un malade de t'avoir ?
Je me rappelle comment je t'avais alors tiré de force, littéralement arraché à elle, emmené dans le dortoir sous tes cris furieux et tes débattements féroces. Tu étais fort, étonnement fort, mais ma passion l'emportait sur tout le reste et me donnait une énergie que je n'aurais jamais eue autrement. Une fois dans le dortoir, je verrouillai la porte sous tes protestations indignées. Et tu étais si beau, les joues rouges de colère, les yeux brillants de fureur, les cheveux en tout sens, le corps agité, les muscles puissants, l'énergie contenue prête à éclater n'importe quand, les vêtements désordonnés.
Je t'embrassai.
Le baiser était plein de passion, de désespoir et de frustration. J'avais passé des mois à te courir après, oubliant toutes mes autres conquêtes, et j'étais plus que jamais en manque.
Le baiser était intoxiquant. Purement intoxiquant. Au début, tu avais été pris par surprise et t'étais figé, complètement désarçonné. Puis, tu avais essayé de te débattre, férocement, farouchement. Mais je ne te lâchai pas et te plaquai contre le mur, te coinçai, t'emprisonnant, te réclamant mien. Jamais tu ne t'es laissé faire, tu criais et j'en profitai pour insinuer ma langue dans ta bouche pendant que tu protestais vivement et cherchais à me frapper. Je crois n'avoir jamais ressenti quelque chose d'aussi violent ni d'aussi fort. Tes lèvres n'étaient pas douces et tu étais tout sauf volontaire, mais peut-être était-ce justement ta résistance qui me stimulait encore plus. Je sais que j'aurais pu te prendre à l'instant si tu n'avais pas réussi à m'en empêcher. Tu m'avais mordu la lèvre, violemment, et envoyé un solide coup de genou à un endroit sensible. Et encore, je trouvai la douleur absolument merveilleuse et excitante. Peut-être étais-je masochiste. Mais je savais que je voulais t'embrasser encore une fois, goûter à nouveau le goût si intoxiquant de ta bouche, à la fois sucré et piquant, sauvage.
Seulement je te lâchai et je n'avais pas eu le temps de te rattraper que déjà tu t'échappais de mon étreinte, sortais à toute vitesse du dortoir non sans me lancer un « T'es complètement taré, Black ! » et un regard furibond.
Tu ne me voulais pas, mais moi si, et ma volonté prévalait sur tout.
Je me rappelle comment James m'a hurlé dessus, criant à tort et à travers que tu n'étais pas une de ces pimbêches que je pouvais avoir en claquant des doigts, que toi, Remus, tu étais mon ami avant tout et que je ne pouvais pas jouer avec toi ainsi.
Je ne répliquai pas.
Cela n'aurait servi à rien. Jamais il n'aurait compris le désir qui me taraudait, l'envie folle que j'avais de toi. Personne ne résistait à Sirius Black et toi, tu le faisais depuis bien trop longtemps pour que je renonce et redevienne calme et insensible.
Comment expliquer à mon meilleur ami que je te voulais, uniquement parce que tu me résistais, que tu étais un défi et un merveilleux jouet ? Il n'aurait pas compris, m'aurait traité de fou. Et c'était probablement ce que j'étais. Tu me rendais fou, Remus, fou à un tel point que je ne me reconnaissais plus.
Pourquoi n'ai-je jamais essayé quelqu'un de plus facile, accessible ? Je ne sais pas. J'ai toujours aimé les défis et tu t'avérais être le plus corsé que j'ai jamais connu. Pourquoi toi au milieu de tous ces gens ? Encore là, je ne sais pas. Tu m'avais toujours attiré, depuis le début. Ce n'était pas de l'amour, non, loin de là. Plutôt un genre de fascination macabre. Savoir que tu étais un loup-garou ne m'effrayait pas et m'excitait même. Oui, finalement je crois être masochiste. Ah, peu importe ! Je ne t'avais toujours pas et ça me rendait dingue.
J'étais en train de sombrer dans la folie la plus douce et torturante. Je revivais sans cesse ce baiser, ce presque viol, et ne m'en retrouvais que plus exalté. Tes mains qui cherchaient à m'arracher à toi, tes ongles qui s'enfonçaient dans ma chair, tes dents qui voulaient me faire mal, tes lèvres trop sèches qui répugnaient à toucher les miennes, ta voix véhémente et dégoûtée, ton corps chaud contre le mien...mon Dieu ! C'était plus que je ne pouvais en supporter. Je devenais dingue, littéralement dingue de toi.
Je n'en dormais plus de la nuit, ne désirant seulement que t'avoir encore et encore, toujours aussi farouche et insoumis – je me rendais compte que t'avoir obéissant me répugnait –, toujours en train de te battre contre ma volonté.
Je te voulais à un point que je m'en effrayais.
Jamais je n'avais été dépendant de quoique ce soit et certainement pas de quelqu'un ! Je voulais te corrompre, te briser, te posséder mais voilà que le contraire se produisait, que tu te refusais à moi et que tu m'anéantissais à rien.
Je sais que quelqu'un qui lirait mes propos pourrait confondre ce que je ressentais avec de l'amour, mais je sais qu'il n'en est rien. C'était juste une obsession, une envie de possession si forte qu'elle annihilait tout bon sens et me rendait esclave de mes propres pulsions.
J'essayais encore de te prendre au piège, encore plus fréquemment maintenant que j'avais goûté à tes lèvres. Et encore plus souvent tu m'échappais. Et immanquablement, plus mon désir augmentait. Je ne crois pas qu'un degré tel de frustration soit supportable pour un adolescent en pleine croissance, franchement.
Aussi ne fallait-il pas s'étonner de la façon dont je parvins à t'avoir, une deuxième fois.
C'était la nuit, une de ces nuits où je ne parvenais toujours pas à dormir à cause de toi. Ça faisait à présent précisément un an que je m'acharnais sur toi. Tout Poudlard était au courant de mon intérêt, bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement ? Tous voyaient bien comme je te suivais partout, comme je me montrais possessif et jaloux envers quiconque s'approchait trop près de toi, comme j'avais abandonné toute autre conquête pour me focaliser uniquement sur toi.
Encore une fois, je précise que ça n'a jamais été de l'amour.
Et tu étais exaspéré par cette attention que je te portais. Je t'empêchais de voir quelqu'un d'autre, t'emprisonnait, à défaut de mes bras, dans un cercle qui ne m'était réservé qu'à moi.
Dès qu'une ou qu'un stupide écervelé voulait jouer la concurrence avec moi, c'était limite si je n'avais pas envie de le tuer. Tu étais à moi, que tu le veuilles ou non !
Mon jeu était en train de devenir trop dangereux et avec trop d'enjeux pour que j'en ressorte indemne.
Mais revenons à cette deuxième fois.
Comme je l'ai dit, c'était la nuit, le moment propice où tu étais le plus vulnérable. Tu n'as jamais songé que je pourrais recourir à de telles bassesses, n'est-ce pas ? Je ne l'avais jamais fait avec quelqu'un d'autre. Mais Dieu sait comme tu n'es pas quelqu'un d'autre.
Je m'étais glissé insidieusement dans ton lit, silencieux et tremblant d'excitation et d'anticipation. Je rêvais de ce moment depuis tant de temps. Que m'importait que tu sois mon ami avant tout, je te voulais trop, beaucoup trop.
Et tu avais l'air tellement innocent, tellement vulnérable, tellement sans défense dans ton sommeil...je ne pouvais pas résister.
Je me suis mis doucement, sans mouvements brusques, sur toi. J'ai retenu ma respiration, de peur que tu n'entendes ou sentes mon souffle précipité.
Je n'avais pas été aussi proche de toi depuis ce baiser que je t'avais arraché, contre ton gré, et cette pensée me rendit tout d'un coup fiévreux. Je brûlais de ton contact.
Lentement, je t'emprisonnai de mon corps, afin que tu ne puisses t'échapper – car il ne faisait aucun doute que tu tenterais de t'échapper. Mon coeur battait à un rythme irrégulier, frénétique, si fort que je n'aurais pas été étonné qu'il s'échappe de ma cage thoracique. Vois l'effet pathétique que tu as sur moi, Remus ! Je te voulais comme jouet et j'étais devenu ton pantin.
Je priais silencieusement pour que tu ne te réveilles pas avant que ma bouche ne se pose sur la tienne. Mes prières furent exaucées.
Tu étais endormi, ainsi ce fut normal que tu ne répondes pas au baiser. Alors pourquoi cette décharge électrique parcourut mon corps ? Je n'en sais rien. Toujours est-il que je ne pouvais me détacher de toi. Un poison, voilà ce que tu étais. Un véritable poison.
Alors que la passion – oui, la passion – prenait possession de moi, je remarquai que tu te réveillais peu à peu. Quelle ne fut pas ma surprise en remarquant que tu répondais à mon baiser ! Mais ça ne signifiait rien, bien entendu, je le savais. Tu ne répondais qu'à une marque d'affection que tu croyais provenir d'un rêve, pas au baiser fiévreux de ton pervers d'ami qui ne désirait que te posséder, qu'importe comment.
Mais je savais que ça ne pouvait pas durer. Immanquablement, tu allais te réveiller, remarquer que c'était moi que tu embrassais et tu me repousserais.
L'étreinte se fit encore plus passionnée et meurtrissante, tu m'amenais plus près de toi, toujours plus près. J'exultais. Qu'il était merveilleux d'enfin t'embrasser comme je rêvais de le faire !
Mais alors qu'un gémissement m'échappait et parvenait à tes oreilles, tu semblas prendre conscience de tes actes. Tes yeux papillonnèrent à toute vitesse, puis ils s'ouvrirent et s'élargirent démesurément en me reconnaissant. D'un geste brusque et violent, tu me repoussas loin de toi, alliant force physique et magie.
Ça n'aurait pas dû m'étonner de toi. Tu avais toujours été exceptionnellement doué en défense contre les forces du mal. Et après tout, n'en faisais-je pas partie ? Ne ressemblais-je pas à un démon de luxure ?
Le choc contre le bois d'une des colonnes de ton lit m'arracha un gémissement de douleur.
Heureusement, j'avais prévu un charme de silence au cas où les choses tournaient mal...ou bien, selon les cas, mais cela m'aurait fort étonné.
« Putain mais qu'est-ce que tu foutais, Sirius ?! » sifflas-tu, rageur, bien réveillé à présent.
Magnifique était le seul adjectif qui me venait à l'esprit en te voyant. Tu étais tellement beau, furieux.
« Je t'embrassais, ce n'était pas suffisamment clair ? »
Il n'y avait que moi pour tenter l'ironie dans une telle situation.
« Tu n'es qu'un... » La colère étouffait les mots dans ta gorge. Tes yeux brillaient de haine.
J'aurais voulu t'embrasser une nouvelle fois à l'instant même.
« Vas-y, qu'est-ce que je suis, Rem ? » susurrai-je en m'approchant de toi, prédateur et séducteur malgré le refus que j'allais sans doute essuyer. Bah ! Je ne perdais rien à essayer.
« Un crétin pervers doublé d'un salaud qui aurait tout à fait sa place à Serpentard. »
Je ne montrai pas à quel point ta réplique m'avait touché. Tu me connaissais trop bien pour pouvoir exploiter mes faiblesses sans problèmes. Merde.
J'affichai un grand sourire charmeur, mais je doute franchement que tu sois aveugle à la peine que tu m'avais causée.
« Quel beau portrait. Mais tu n'as pas mentionné mon charme exceptionnel, je suis déçu. »
« Va te faire foutre, Sirius ! »
« Avec toi, sans problèmes, Moony. »
Tu affichas une mine dégoûtée.
« Arrête de te foutre de ma gueule, tu veux bien ? Je sais que ce n'est qu'un jeu pour toi tout ça. Tu ne t'intéresses pas vraiment à moi, ou en tout cas, pas de cette manière-là alors laisse tomber, ok ? Tu as beau être très séduisant, intelligent et tout ce que tu veux, je ne te tomberai pas dans les bras, Sirius. Je ne suis pas comme toutes les filles que tu peux t'approprier comme bon te semble. Je ne suis pas un objet. Et notre amitié vaut bien plus que cette stupide comédie que tu me joues. Tu n'es pas sérieux, et tu le sais aussi bien que moi, alors arrête ce jeu idiot qui dure depuis bien trop longtemps. »
Le silence s'éternisa avant que je ne murmure doucement :
« Ce n'est pas un jeu. »
« Ne te fous pas de moi ! Tu mens comme tu respires Sirius. »
Quelle bien basse opinion tu avais de moi ! Tu me connaissais bien, Moony, mais cette face-là de moi, tu n'as jamais voulu y croire.
« Pas à mes amis. »
Devant ton expression dubitative, je décidai de tenter le tout pour le tout. Si je ratais cette fois, j'arrêterais tout.
« Tu ne me crois pas. Tu ne m'as jamais crû. Même pas à mon amitié, je le sais, même si tu prétends le contraire. Et tu ne me crois pas non plus quand je dis que je suis sincère. » Je te devançai, comme je voyais que tu allais protester. « Je sais comment je suis. Je sais que je suis un irrécupérable Dom Juan, que je me sers des filles et puis que je les jette. Mais Moony, tu n'as pas remarqué que depuis un an je ne m'acharne que sur toi ? Tu n'as pas remarqué que j'ai changé ? »
« Tu sais très bien jouer la comédie, Padfoot. »
Cependant, sous ton ton acide, je devinais l'incertitude. Etais-je en train de gagner ?
« Mais putain, fais-moi un peu confiance bordel ! Ce n'est pas une comédie. Pas plus qu'un jeu. C'est... »
Je restai bloqué sur le mot. Qu'était-ce au juste ? Même pour mentir, je rechignais à utiliser le mot "amour".
« Oui, qu'est-ce que c'est, Sirius ? Qu'est-ce que c'est si ce n'est pas un jeu ? » répliquas-tu, vicieusement.
Peut-être n'avais-tu pas conscience de t'être rapproché. Sûrement pas, d'ailleurs. Mais moi si. Ta présence m'électrifiait et la chaleur que ton corps dégageait me grisait. Me testais-tu ?
Je ne résistai pas longtemps et me rapprochai vivement, enserrant ton visage de mes mains pour t'empêcher de bouger.
C'était notre troisième baiser mais il fit parcourir autant de frissons dans mon échine que les deux autres. Etait-ce normal que tu aies un tel effet sur moi ?
Tu te débattis encore un peu, mais voyant que je n'étais pas près de te lâcher, tu te laissas faire, te résignant à ton sort. J'en profitai un maximum et ne te relâchai que quand je commençai à manquer d'air.
J'avais l'impression qu'une nappe de brouillard venait de tomber sur mon esprit.
« Si c'est comme ça que tu crois que tu vas me convaincre de ta sincérité, tu te trompes Sir. Je connais tes techniques. »
Une colère sourde m'envahit. Pourquoi devais-tu autant douter de moi ?
« Je t'aime, putain ! Je t'aime depuis des années ! Toutes ces filles, ce n'était que parce que je ne pouvais pas t'avoir toi. Tu crois franchement que je me serais cassé la tête à essayer toutes les manières possibles pour t'avoir pendant un an si ce n'était qu'un jeu ? Fais-moi confiance, Rem, pour une fois ! Je suis sincère. Je ne me moque pas de toi. Tu crois peut-être que tout ça ce n'était que comédie mais c'est vrai. Bon sang, je n'ai jamais été plus moi-même qu'en cet instant ! Tu me connais, tu sais quand je porte un masque et quand je le laisse tomber. Alors dis-moi...qu'est-ce que tu vois, là, maintenant ? »
Tes yeux étaient troublés quand tu les posas sur mon visage, le scrutant. Je priais pour que mes traits ne trahissent rien de ma manigance. Notre amitié ne tenait plus qu'à un fil.
Au bout d'un temps que je jugeai interminable, tu hochas enfin la tête. C'était un mouvement léger, à peine perceptible, raide presque, mais il était là. Et je relâchai la respiration que je ne savais pas que j'avais retenue.
« Alors...j'ai une chance ? » demandai-je, plein d'espoir.
J'essayais de me préparer à un refus. Tu n'agissais jamais sans réfléchir après tout.
« Je ne t'aime pas, Sirius, pas comme ça. » dis-tu en secouant la tête.
« Laisse-moi essayer quand même. » tentai-je, dépité malgré tout.
« Essayer quoi ? » demandas-tu, cynique. « De faire que je tombe amoureux de toi ? »
« Ça fait partie de mes plans. » concédai-je.
Mais une partie vraiment infime.
Tu secouas la tête. « T'es irrécupérable. »
« Mais tu acceptes donc ? »
« J'accepte quoi ? »
« Que je te...séduise. »
« Ce n'est pas ce que tu essaies de faire depuis un an ? » me fis-tu remarquer, un sourire railleur aux lèvres.
« Ça n'a pas vraiment eu l'effet escompté jusqu'à présent. » répliquai-je avec une moue boudeuse.
Autant d'acharnement et même pas le plus petit résultat. Tu étais décidément un cas très difficile.
« Et ça ne l'aura pas. »
Tu aimais ruiner mes espoirs apparemment !
« On est sûr de rien. »
Tu roulas des yeux et me repoussas doucement, mais fermement. J'avais presque oublié à quel point nous étions proches.
« Crétin. Maintenant, dégage de mon lit, j'aimerais dormir sans que tu me déranges. »
« Sûr de ça ? » demandai-je avec un sourire séducteur.
Qui ne tente rien n'a rien après tout.
« Certain, idiot. » fis-tu en me poussant, un peu plus rudement cette fois, hors de ton lit. Tu me faisais bien comprendre que j'étais le malvenu !
« Rêve bien de moi, Moony. » murmurai-je, avec un sourire éclatant...qui n'eut aucun effet. Pourquoi devais-tu faire partie des rares personnes qui résistaient à mon charme légendaire ?
« Tu prends tes désirs pour des réalités. » marmonnas-tu avant de tirer les rideaux de ton lit et te rallonger. J'entendais le bruissement des couvertures et ta respiration qui se faisait peu à peu régulière et ralentissait.
Au bout de quelques minutes, je réessayai d'écarter doucement tes rideaux. Peine perdue, ils étaient soudés. Un sourire désabusé tordit mes lèvres. Tu avais bien paré mon coup, Lupin.
Je regagnai mon lit, seul et en silence, mais un sourire victorieux aux lèvres.
J'avais une chance.
Encore plusieurs semaines devaient s'écouler avant que tes résistances ne commencent à faiblir. Ce n'était pas grand-chose, trois fois rien, et personne n'aurait remarqué à part moi, mais les signes étaient bien là.
Tu ne m'évitais plus, répondais à mes sourires, me laissais m'asseoir à côté de toi – même si tu ne me permis jamais d'être trop près –, m'adressais la parole cordialement. Bref, on aurait pu croire que notre ancienne amitié était de retour. Mais je savais que ce n'était pas le cas. Cette amitié était corrompue par le désir que j'éprouvais à ton égard et ne redeviendrait la même que quand j'aurais enfin atteint mon but : t'avoir tout entier à moi.
Durant ces quelques semaines, mon attitude se fit moins rentre-dedans et cela porta ses fruits. Quel imbécile j'étais d'avoir oublié que tu n'étais pas comme les autres, que tu détestais mes manies de séducteur ! Bref, je m'en tenais à mon nouveau rôle, celui de l'amoureux transi qui courtisait son ange de glace – pardonnez-moi cet excès de zèle, d'ordinaire je déteste la poésie – et cela marchait étonnamment bien. J'étais fort bon comédien à l'évidence.
Au final, tu ne repoussais même plus mes approches un peu plus poussées, mes étreintes plus qu'amicales, mes paroles pleines de sous-entendus. A chaque acte ou mot un peu trop "démonstratif", tu roulais des yeux et poussais un soupir exaspéré mais je voyais que cela te touchait et te plaisait. Je jubilai intérieurement.
J'étais en train de gagner.
Peu m'importait de te mentir, de foutre en l'air notre amitié ainsi. Mon envie – peut-on vraiment parler d'envie quand le stade en est à ce point avancé ? – était trop forte pour que je recule maintenant.
Ma patience dut être éprouvée encore deux mois. Nous étions proches de la fin de la sixième année. Seigneur, comme le temps avait été long !
Mais au final, le résultat était là et tu avais consenti à essayer avec moi. C'étaient tes propres mots et cela aurait pu être vexant mais j'étais trop heureux d'être enfin parvenu à mon but pour m'en formaliser.
L'effet que tu avais sur moi ne sembla pas s'atténuer au fil du temps mais je n'y prêtais pas trop garde. Cela faisait à peine quelques jours que nous "sortions ensemble" après tout.
T'avoir enfin près de moi m'enivrait et savoir que moi seul avait le droit de te tenir ainsi faisait crier mon cœur de victoire, en particulier quand je voyais les visages déconfits de tes prétendants. Ah! Que la victoire était douce. Plus douce encore que la torture. Après plus d'un an de chasse, j'avais enfin réussi à capturer ma proie.
Certes, tu me repoussais dès que ma fougue l'emportait sur moi, mais cela ne me dérangeait pas tellement. Tant que j'avais droit à ta présence et tes baisers intoxiquants, j'étais heureux.
Ou c'était ce que je me disais.
Je voulais plus, toujours plus. Ça ne m'étonnait qu'à moitié. Après tout ce temps à te courir après, ne méritais-je pas une petite compensation ? Tu m'avais échappé si souvent, t'étais tellement refusé à moi que c'était miracle si je tenais encore le coup, après l'attente cruelle que tu m'avais imposée !
Mon esprit ne s'apaisait que quand tu étais là, mes pensées n'étaient focalisées que sur toi quand tu étais absent, à tel point que James me prenait pour un possédé, un dépressif ou peut-être pire encore.
J'aimais mon nouveau jouet, et après tant de temps à l'attendre, je ne pouvais profiter entièrement de lui, c'était injuste !
Notre relation – ou tentative, comme tu aimais à le dire – ne dura en tout et pour tout que treize jours.
Le destin s'acharnait-il sur moi ?
Toujours est-il que tu m'annonçais, ce fameux jour, que ça ne pouvait pas marcher, qu'un nous n'était pas possible car mon amitié était trop importante à tes yeux pour que nous courions le risque de tout foutre en l'air.
J'avais envie de rire à ces mots !
Comme tu étais utopiste, Lupin, de croire que retourner à notre ancienne amitié était encore possible !
Je fis semblant d'accepter ta décision. Seulement, avec des mots soigneusement choisis, une moue étudiée et un ton affligé, je parvins à te faire culpabiliser et revenir sur ta décision.
Je me retenais à grand-peine de ne pas hurler ma victoire quand tu décidas finalement de me reprendre. Je n'en avais pas fini avec toi, pas déjà, pas si tôt, et il était hors de question que tu contrecarres mes plans.
Un mois me fut accordé.
Tu ne perdais toujours pas ton goût de nouveauté et je commençais à m'en effrayer. Mais, je me rassurais bien vite en me disant que, avec le temps que cela m'avait pris pour t'avoir, je pouvais bien profiter un peu plus longtemps de toi. Et après tout, je n'avais pas encore tout eu.
Pourtant, je devais bien admettre une chose : j'étais dépendant. Horriblement dépendant de toi. Et ce fut ça, plus que tout autre chose, qui me persuada d'arrêter.
Je savais, profondément en moi, que si je laissais les choses continuer je n'allais pas pouvoir en sortir indemne. Les dégâts étaient déjà beaucoup trop grands pour que je risque d'y perdre encore plus.
Cette fois, ce fut moi qui choisis de rompre.
La dépendance que j'éprouvais à ton égard m'horrifiait et surtout, le fait que notre relation – tu avais enfin accepté ce terme – ne me lassait pas, me faisait peur. Jamais Ô grand jamais je n'étais resté aussi longtemps avec quelqu'un – le record était de douze jours, ah, quelle ironie ! – et ma satisfaction devant ce fait accompli était loin de me plaire.
J'avais souhaité, honteusement, que tu me supplierais de ne pas rompre avec toi, je l'espérais de tout mon cœur, pour être franc.
Mais non, tu étais fort, bien plus fort que moi et ne semblas éprouver aucune douleur devant cette séparation.
Du jour au lendemain, nous ne formions plus un couple et cela ne semblait pas t'affecter le moins du monde, comme si ces foutues semaines n'avaient rien valu à tes yeux !
J'étais furieux, parce que j'avais l'impression d'avoir été trompé, trahi, alors qu'en fait, je savais depuis le départ que tu ne voulais pas de moi.
J'avais été trop sûr de moi – arrogant de Black que j'étais ! – et payais le prix de ma vanité. Je pensais pouvoir avoir le monde à mes pieds et te conquérir sans problèmes...et peut-être était-ce vrai que le monde m'appartenait, mais dans ce cas, tu ne faisais pas partie de celui-ci, non, tu étais bien au-dessus. Tu avais toujours su mettre une distance entre toi et moi, n'avais jamais montré un attachement particulièrement profond à mon égard. Je suis sûr qu'à tes yeux, il s'agissait simplement d'une amitié un peu plus poussée, rien de plus.
Je me persuadai au fil des semaines que pour moi non plus cette expérience n'avait rien été, qu'elle n'avait pas la moindre importance. Je me répétais tellement ce leitmotiv que je parvins à me convaincre de sa véracité.
Il est si facile de se mentir à soi-même.
Et puis, ce n'était qu'un jeu, après tout...n'est-ce pas ?
Soudain, je n'étais plus sûr de mes affirmations. Etait-ce vraiment cela ? Juste une expérience, une envie de nouveauté, une futilité, une comédie, un jeu ? J'avais dit t'aimer et m'étais moqué en te voyant croire à mes paroles...mais ne recelaient-elles pas un peu de vérité, au fond ? Etais-je tombé dans mon propre piège ?
Te voir, le sourire aux lèvres, les doigts entrelacés avec cette satanée Serdaigle dont j'avais été premièrement jaloux, fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase.
Plein de rancœur, d'amertume et de jalousie, je racontai tout à Rogue. Où tu allais à chaque pleine lune, comment te suivre, le moyen d'entrer dans le tunnel. Mais pas qui tu étais, non, cela, je lui en réservais la surprise.
Je ne pris conscience de mes actes que quand il fut trop tard et à partir de ce moment-là, notre amitié – qui n'était déjà plus que façade – s'effondra totalement.
J'avais corrompu une amitié par ma comédie, mes lubies, mes mensonges, ma foutue envie de toi et en payais chèrement le prix.
Les Maraudeurs se brisèrent peu à peu. Il y avait d'un côté Lily et James, toi et moi n'étions plus rien...et Peter.
Est-ce mon erreur, celle de tomber amoureux de toi, qui nous condamna tous ? J'en ai bien peur.
Tu ne m'as jamais aimé et quand, pour jouer mon rôle à la perfection, je disais éprouver de l'amour pour toi, je ne leurrais que moi-même.
C'est maintenant, alors que je pourris à Azkaban, que je réalise.
La vérité c'est que j'ai toujours menti.
Je suis devenu accro et à la fin, ce n'était plus juste un jeu.
Et au final, j'ai perdu la partie.
Il est possible que ce texte ne soit qu'un OS ou la première partie d'un Two-Shot...je ne sais pas encore. J'ai envie d'écrire le PoV de Remus mais n'ayant pas beaucoup de temps ni d'inspiration en ce moment, je préfère ne rien promettre. Aussi, juste en passant...cet OS doit être le plus long que j'ai jamais écrit...il fait 8 pages Word.
Mon idée originale était beaucoup moins soft (la fic devait être en rating M pour cause de presque viol) et Sirius devait s'avérer être un salaud intégral sur toute la ligne...Malheureusement pour lui, j'ai choisi de le faire tomber amoureux (mais trop tard), lui refuser ce qu'il voulait (avoir Remus totalement) et le faire encore plus souffrir (en lui faisant réaliser ses erreurs et regretter ses décisions). Ai-je bien fait ?
S'il vous plaît, donnez-moi votre avis.
Sorn
