Nœuds de souvenirs :
Les souvenirs sont comme une deuxième vie, la nostalgie la porte à ouvrir pour la vivre. Il soupira pendant qu'il marchait dans le sanctuaire, il se surprit en découvrant que le lieu n'était pas désert. Il se demanda quoi faire. Il mesura le danger de rester là et le désir de le faire malgré tout. Le désir fut plus fort et il s'approcha. Il s'assit à côté de l'homme qui ne lui dédia qu'un furtif regard accompagné d'un soupir de dégoût. La lune éclairait avec ses rayons d'argent son profil, le rajeunissant, faisait remonter le temps, quand tous deux n'étaient que des enfants, heureux et curieux…
- Et alors elle fleurira ? – Demanda l'enfant de seulement cinq ans, la surprise et l'illusion éclairant ses grands yeux.
- Puff, c'est stupide ! – Contra le garçon de huit ans, couché paresseusement sur l'herbe et une brindille à la bouche.
- Ne dis pas ça. – Le gronda le plus petit en gonflant ses joues de colère.
-Je dis ce que je veux. – Répondit l'italien en s'asseyant et le défiant du regard.
- Shhhh. – Se contenta de soupirer l'adulte et passant une main dans les cheveux lilas et bleus. – Celui qui la voit fleurir est très chanceux. – Dit la vielle voix alors qu'en face d'eux, délicatement, une fleur de figuier commençait à s'ouvrir.
Au loin, les cloches de l'église de Rodorio commencent à se faire entendre.
UNE
- Il a été le plus chanceux, en mourant comme un imbécile.
DEUX
- Arrête de faire l'enfant.
TROIS
- Il ne s'est pas défendu, je suis sûr qu'il savait… il lisait dans les étoiles, non ?
QUATRE
- Il nous aimait, Death.
CINQ
- Pufff
SIX
- Il ne nous abandonnerait jamais, il ne nous a pas abandonné.
SEPT
- On sait tous les deux que l'homme qui porte la tunique du Pope n'est pas lui, Mü.
HUIT
- Alors pourquoi tu lui obéis.
NEUF
- Bah…
DIX
Rage ? colère ? énervement ? convenance ?...
ONZE
- Jajajaja, ne me fais pas rire, Mü.
DOUZE
Silence.
- Peur… tu ne lui pardonnes pas d'être mort… tu ne lui pardonnes pas parce qu'il te manque, parce que tu l'aimes, parce que…
Un baisé spontané, énervé, colérique. Et il lui répondit. Un baisé plus doux, plus profond, plus passionné. Un baisé comme ceux qu'ils se donnaient quand ils étaient enfants, pour jouer, quand le Pope ne les voyait pas, mais pour de vrai cette fois. Et il brûlait. Tout comme ses mains qui défaisaient son écharpe, cherchant sa peau, le faisant gémir à son anxieux passage.
- Sal traître. – Articula-t-il à son oreille pendant qu'il mettait sa main sur son entrejambe. – Maudit… maudit… maudit… traître… tu es parti… toi aussi tu m'as…
- Elle a fleuri. – Murmura doucement le Bélier en voyant la fleur nouvellement née au-dessus de leurs corps à moitié nus.
Un spasme. Une inquiétude. Un doute.
Finalement, l'italien se leva. L'observa. L'arracha. L'écrasa entre ses doigts. Il esquissa un sourire cynique sous le regard vitreux. Il laissa tomber les morceaux sur le visage du plus jeune.
- Tu es chanceux, Mü, je te laisse partir… traître. – Il dit ce dernier mot en s'éloignant alors que le visage de Mü était effacé par les pétales.
Et d'autres fois, les souvenirs sont comme une seconde mort : douloureux.
Ce soir je suis très inspirée, hein? deux fic le même jour!
