Avertissement : Bleach ne m'appartient pas et le texte qui suit est traduction d'un texte écrit en espagnol par Hessefan. J'espère que vous apprécierez cette histoire, somme toute très simple, mais qui a le mérite de s'appuyer sur un couple peu ordinaire. J'ai beaucoup aimé la lire et la relire en la traduisant. Pour ceux qui souhaitent laisser un petit mot à l'auteur, faites donc, j'essaierai de traduire et de faire suivre au gré des 3 chapîtres de cette fiction.
Titre: "Mi lugar" (Ma place)
Auteur: Hessefan
Couple: Ryuuken/Ichigo
Déroulement : quelques années après la guerre d'hiver (Ichigo a environ 25 ans)
…/…
Le pire dans le fait de suivre des études en médecine ou dans l'une de ses branches, est de se rendre compte - souvent trop tard – que ce n'est pas ce que l'on croit. Peu importe tout ce que l'on s'imagine à ce sujet, ce ne sera jamais proche de la réalité.
L'avantage d'être un médécin réside précisément en cela, à savoir pouvoir pratiquer et ne pas mourir ou tuer le patient en essayant de pratiquer.
Lorsque Ichigo fut reçu, il était rassuré de savoir que son père pourrait le prendre dans sa clinique, ce qui lui assurait non seulement un emploi immédiat, mais aussi la possibilité de rester à la maison. Pas un instant, il ne soupçonnait les conséquences pour lui d'avoir un Kurosaki pour père.
Les Ishida et les Kurosaki n'avaient pas l'habitude de s'entendre, c'était un fait. Shinigami et Quincy, semblables à l'eau et à l'huile. Et, à l'hôpital de Karakura, le pauvre Ichigo se trouverait confronté non pas à un, mais à deux Quincy.
Même si cela paressait étrange - et il ne le reconnut pas à voix haute - cela le rassura de compter sur la présence de ses anciens amis, y compris Uryuu. Parce que le Quincy était un puit de sciences, il termina ses études avant lui. Ichigo ne connut aucune difficulté. Il faisait la course tranquille, rien ni personne ne le pressait et il était jeune. Par conséquent, il profita de sa jeunesse, sans pour autant négliger ses études. Combien de nuits d'ivresse et de concerts ... il était devenu alors inséparable de Chad. Cependant, il arrive toujours un moment dans la vie où l'on devient responsable, et lui, avait décidé d'étudier la médecine pour des raisons différentes de celles d'Uryuu. Il avait le feu sacré alors que le Quincy respectait seulement les souhaits de son père. A vrai dire, Uryuu aurait réussi n'importe quelle carrière, il était très érudit. Ichigo avait des motifs plus nobles : simplement vouloir aider, non plus comme un shinigami, mais au moins comme un médecin.
Inoue le soutenait comme personne. Elle avait cette particularité, ça ne devait pas le surprendre.
Par contre, ce qui le surprit fut quand elle changea brusquement d'idée au milieu de la première année. Il est vrai que Kurosaki-kun ne connaissait pas les véritables raisons qu'avaient Orihime de le suivre pas à pas, et cette confusion allait perdurer encore pendant quelques années. Lorsqu'Inoue se rendit compte que faire les mêmes études qu'Ichigo ne la rapprocherait pas de lui, elle démissionna et préferra l'oublier pour se concentrer sur quelque chose qu'il lui correspondrait mieux. En milieu d'année, elle intégra une école d'infirmière. C'était plus facile, plus court et avec plus d'offres d'emplois.
En bref, il fut le dernier mis au courant. Pendant la semaine, Inoue avait souligné qu'il ne devait pas s'inquiéter, qu'il réussirait à s'adapter au rythme de l'hôpital et Ryuuken Ishida était un «amour» de personne.
La veille de son premier jour, il ne réussit pas à fermer l'œil de la nuit, si bien que lorsqu'il parvint enfin à s'endormir, il fut réveillé en hurlant par une horloge humaine, en fait son père. Il ne pouvait pas se permettre d'être en retard le premier jour, et encore moins de se faire mal voir de Ryuuken. Son père lui dit quelques mots dont Ichigo ne parvint à comprendre que la moitié:
- « Je te souhaite bonne chance, fils », il avait l'impression de partir à la guerre plutôt que d'aller travailler dans un hôpital, « regarde-le dans les yeux quand il te parle », il supposa qu'il faisait référence à Ryuuken, ou aux patients il ne savait pas trop, d'ailleurs il était trop fatigué pour comprendre, « n'hésite pas, ne recule pas sinon tu es mort, toujours de l'avant. Tu comprends ? ».
Non, il ne comprenait pas un mot. Isshin le prit dans ses bras et lui tapota vigoureusement le dos lui jetant à la figure un « merde » avant de s'en aller. Kurosaki fils refusa de se laisser aller, de toute façon le mal rasé était toujours bizarre.
Il arriva devant l'entrée de l'hôpital et il fut pris d'un frisson. Il était nerveux, au point de penser qu'il pouvait traverser les murs s'il le voulait. Il se présenta avec un sourire non dissimulé à l'accueil.
- « Bonjour », salua-t-il avec autant de joie que s'il avait été Kon, « je suis Ichigo Kurosaki ».
La femme dodue avec des cheveux noirs, raides et longs le dévisagea par-dessus ses lunettes, posa la feuille qu'elle tenait dans la main et, haussant les sourcils, elle répondit au salut :
- « Et je suis le Père Noël, qu'est-ce-que voulez-vous? ». Il la regarda, après tout, elle ne pouvait pas savoir qu'il était médecin. Peut-être un patient ou un fou au sens plus large.
Il lui expliqua que c'était son premier jour, qu'il ne savait pas où aller, ni à qui parler, qu'on lui avait dit de se présenter à l'accueil où on lui donnerait toutes les indications.
- « Je viens faire l'internat, on m'a dit… », sa voix perdait en puissance, sous le regard sévère de la femme, « qu'on me montrerait l'hôpital et... tout le reste » finit-il dans un rire nerveux.
- « Ici, c'est l'hôpital », déclara la femme, en faisant avec sa main un arc imaginaire englobant toute la zone, « là », désigna-t-elle avec un crayon, « tu traverses cette porte, tu tournes à droite, tu verras une porte sur ta gauche : c'est là la salle des médecins. Bonne chance. » Elle se détourna pour décrocher le téléphone.
Il se releva quelque peu troublé par le manque d'information. Il pensa à se plaindre, à lui demander et à exiger qu'elle soit un peu plus polie, mais une voix derrière lui le distraya suffisamment pour le faire sortir de la soudaine rage qui l'avait saisie.
- « Kurosaki-kun! ». Au loin, il vit le grand sourire d'Orihime et cela lui fit chaud au coeur.
Elle le prit par le bras et le guida dans l'hôpital, du moins dans les zones les plus proches de la salle des médecins. Le bâtiment était gigantesque et elle lui déconseilla de s'y promener. Elle lui conseilla plutôt de le découvrir peu à peu. Au fil des jours, il apprendrait où se trouvaient toutes les chambres.
-« Bon, je ne peux pas rester, je vais appeler Ishida-kun pour qu'il te dirige ».
Il voulut refuser, lui dire qu'il se débrouillerait seul. Dans la salle, il avait vu dans une rangée un casier avec son nom, il pouvait donc s'installer, signer à l'entrée et aller parler à Ryuuken comme il avait convenu avec lui par téléphone, mais Inoue ne lui laissa pas le temps et disparut de son champ de vision.
Il décida de se retrousser les manches. Heureusement qu'il était seul, ce qui dissipa un peu sa nervosité. Il enleva son pantalon et revêtit son uniforme. Dès qu'il fut prêt, il quitta le vestiaire et se retrouva face au sourire d'Uryuu, mi-sarcastique, mi-incrédule. Les bras croisés, celui-ci le dévisagea des pieds à la tête et avant d'ouvrir la bouche, il ajusta ses lunettes.
- « Je pensais que tu ne serais jamais reçu. »
Ichigo lui offrit un large sourire et put lui raconter beaucoup de choses : qu'il n'était pas un puit de sciences, que lui au moins il avait une vie sociale, qu'il préférait prendre son temps plutôt que d'être amère, et qu'il n'avait plus quinze ans.
- « Tais-toi, toi t'as bien été reçu en milieu d'année dernière. Où je peux laisser mes affaires? »
- « Tu as un casier à toi », dit Uryuu comme si c'était édivent « Si tu n'as pas de clé, demandes-en une à l'accueil »
- « Je dois vraiment parler avec cette si gentilledame à l'entrée? »
Uryuu se mit à rire
- « Oui, avec Watanabe-san ... Ariasu Watanabe », dit-il en effaçant son sourire pour le remplacer par un air apeuré, « et crois-moi, elle est aimable en comparaison à certaines autres personnes », il ne donna aucun nom, mais Kurosaki constata que le ton de la voix du Quincy était dur. « Sois sympa avec elle », lui conseilla-t-il, « ne t'en fais pas une ennemie parce que… », mais il ne termina pas sa phrase.
De toute façon, Ichigo comprit à qui il faisait allusion. Il devrait s'adresser à elle en pleurnichant quand il arriverait en retard ou quand il aurait besoin de quelque chose comme un changement d'horaire entre autres.
- « As-tu parlé avec Ryuuken? ».Le shinigami répondit par la négative, et Uryuu décida d'être sympa avec lui pour son premier jour, il le trouvait nerveux et perdu « Viens, je t'y emmène ».
Ils marchèrent ensemble vers l'ascenseur, en silence, du moins jusqu'à ce que Kurosaki, peut-être pour détendre l'atmosphère, ne murmure avec un soupçon de grâce :
- « Comment fait-on pour ne pas se perdre dans cet hôpital? »
- « Il y a des panneaux, Kurosaki », répondit le Quincy avec lassitude.
Ils parvinrent à l'étage après un long voyage (ils avaient l'impression de s'être rendu sur une autre planète, à moins que ce ne soit cet ascenseur qui soit insupportablement lent). Uryuu se déplaçait avec aisance. Il semblait avoir bien repéré les lieux. Ce qui n'était pas étonnant, Ryuuken était son père, il devait donc souvent y venir.
Comme s'il avait lu dans son esprit, le Quincy murmura :
- « A cet étage, il n'y a pas de chambre, c'est la partie réservée à l'administration et à la gestion ... J'espère que tu ne viendras pas souvent ici. »
- « Hein? »
Le Quincy lui expliqua ce qu'il voulait dire, mais cela lui parut évident : se rendre à l'étage de la Direction signifiait avoir été convoqué, et quand quelqu'un est convoqué, ce n'est certainement pas pour taper la causette ou boire un café.
- « Bonjour », dit-il à la secrétaire. Celle-ci lui offrit un sourire forcé. Ichigo put sentir une tension entre les deux, comme deux personnes qui se saluent par simple politesse et sans plus.
Il se rendit compte très vite qu'Uryuu ne jouissait pas de bonnes relations au sein de l'hôpital, peut-être parce qu'il était le fils du directeur ou parce qu'il avait conservé son esprit de compétition, comme au lycée, ce qui l'avait opposé à tout le monde, et parfois pour des broutilles.
- « Bien, Kurosaki », Uryuu changea brusquement de visage, le regardant presque tristement. Il pensait lui dire tellement de choses, mais il ne put que lui lancer un regard apitoyé. « Bonne chance ».
Qu'est-ce qui leur arrivait à tous ? Bon, il devait accepter qu'il soit normal de souhaiter bonne chance à une personne pour son premier jour.
- « Hé, tu ne viens pas? » Il haussa les sourcils, il pensait au moins qu'Uryuu irait saluer son père ou quelque chose, mais Ishida refusa et se retira avec la rapidité du médecin (qui n'a rien à envier au Shumpo ou au Hirenkyaku tellement il semble léviter).
- « Il arrive », la secrétaire le tira de ses réflexions.
Une légère odeur de tabac imprégna ses narines. L'espace réduit du couloir commençait à le rendre claustrophobe, jusqu'à ce qu'il entende de l'autre côté de la porte un clair mais glacial "entrez". La pénombre du bureau ne l'empêchait pas de voir l'image devant ses yeux. Il avait déjà vu Ryuuken Ishida, mais jamais de si près. Il était beaucoup plus masculin, intimidant et beau que ce qu'il avait pu voir quand il était gosse et pendant la guerre (quoiqu'en temps de guerre, on ne peut pas se rendre compte de telle chose).
- « Bonjour, enchanté », il se sentit idiot, mais il ne savait pas s'il devait se présenter comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient, « Je voulais vous remercier pour ... »
- « Kurosaki », murmura le docteur accotant son dos au bureau. « Kurosaki », répéta-t-il en croisant les bras et en hochant la tête à plusieurs reprises.
Le mentionné eut l'impression d'être Harry Potter rencontrant Severus Rogue lors de sa première classe de potions.
- « Oui, Ichigo… Kurosaki Ichigo » comme si l'autre n'avait pas remarqué qu'il n'était pas son père, ou comme s'il ne se souvenait pas de son prénom.
- « Ichigo » corrigea-t-il en se grattant le menton, l'appeler comme il appelait Isshin par le passé lui mettait les nerfs à vif.
- « Ap-appellez-moi co-comme vous voulez » dit-il intimidé. Il déglutit quand Ryuuken fit demi-tour pour reprendre la cigarette qu'il avait laissée dans le cendrier.
- « Je peux t'appeler comme je veux? » il remarqua qu'il avait donné son accord.
- « Je voulais vous remercier ... »
- « Non, pas besoin de me remercier », secoua-t-il la tête avec sarcasme « Garde tes remerciements pour ton père qui m'a harcelé pendant un mois pour que je t'engage. »
- « Et vous verrez, vous ne le regretterez pas », dit vivement Ichigo. Le ton était tranchant et il accompagna ses mots d'un geste de la main « je le jure, je ferai honneur à mon travail, je ne laisserai jamais tomber et je travaillerai dur. »
- « Ça me semble parfait ». Il montra son œil et ensuite il le désigna lui « Je te surveillerai ».
- « O-oui. Ne vous inquiétez pas, je ... ferai mon travail. »
- « Mieux vaut pour toi. »
- « Oui »
- « Pas besoin de répondre à tout ce que je dis. »
- « Bien », il se reprit mentalement, mais trop tard.
Ryuuken montra la porte.
- « Allez au travail ». Il vit le garçon se retourner, presque tremblant.
…/…
À un moment donné, il dut commencer. L'arrogance d'Uryuu ne l'aidait pas à s'adapter mais au moins il était gentil et, pour son premier jour, il lui laissa les patients les plus faciles. Il est évident qu'il ne perdait pas une occasion de l'impressionner. La matinée se passa rapidement, et à midi il déjeuna avec un groupe médical du l'UTI. Il n'était pas très sociable à l'école et avait encore son éternel froncement de sourcils, mais il avait vraiment mûri et il ne fût pas difficile pour lui d'établir des liens cordiaux avec ses collègues de travail. On lui posa les questions types, presque toutes autour de ses études et de son travail, ses prétentions et ainsi de suite.
Il était à l'aise vu qu'il y avait beaucoup d'internes. Jusqu'ici, bien que ce soit très ironique, celui avec qui c'était le pire – ou avec qui on pouvait dire que la communication n'était pas optimale – c'était Uryuu, celui qu'il connaissait pourtant le plus.
Il regardait la foule autour de lui : la cafétéria ressemblait à la cours de récréation d'une école maternelle. Il n'y avait pas de médecins, seulement des gens avec qui on pouvait parler de futilités.
Mais où était-il tombé? Il le vit dans un coin en train de manger seul, et l'ambiance confortable disparut complètement. Certaines choses ne changent jamais avec le temps.
- « Je sais que tu préfères manger seul »
Uryuu posa son livre pour relever la tête vers la personne qui lui avait parlé. Non mais pourquoi lui parlait-on à lui ?
- « Kurosaki. »
La façon de dire son nom ou peut-être parce que c'était un Ishida, lui rappela le mauvais souvenir de sa première rencontre avec Ryuuken quelques heures auparavant.
- « Parfois on se rejoint avec Inoue », laissant entendre que s'il voulait, il avait de la compagnie pour le déjeuner, « on n'est pas à l'école Kurosaki, je ne suis pas prêt à tout pour avoir de la compagnie et être le gars le plus populaire. »
Mais Ichigo l'ignora et s'assis en face de lui. Avant que l'un des deux ne fasse le premier pas pour rompre la glace, Orihime apparut en s'écriant :
- « Ugh! Ça me terrifie de laisser Itou-chan seule mais je voulais manger avec vous », dit-elle alors qu'elle était près d'eux. Elle s'assit à côté de Kurosaki et lui adressa un sourire, « en plus c'est ton premier jour. »
- « Itou-san, c'est celle qui a mis le feu à une chambre de l'hôpital? »
- « Non elle n'a pas mis le feu. Juste un peu et c'était un accident », l'excusa-t-elle. C'était une fille distraite, mais avec un bon cœur.
- « Inoue-san, tu l'as laissée seule ? », reprocha le Quincy
- « Je vais vite manger et j'y retourne », elle se tourna vers le shinigami, « Dis-moi, comment se passe ta première matinée ? »
- « Plutôt bien », lui dit son ami en la regardant, « Ishida a été très prévenant », fit-il remarquer avec une certaine gêne, surtout devant le geste hautain de l'autre, qui était satisfait de ne pas avoir à le dire.
- « Et comment ça s'est passé avec mon père? », murmura-t-il si bas qu'il semblait demander quelque chose qui devait être gardé secret.
Le Shinigami haussa les sourcils, ç'aurait pu être pire. Ils déjeunèrent tout en discutant de choses et d'autres, jusqu'à ce que finalement, avant qu'Inoue ne se précipite pour aller superviser sa collèguer, ils se mettent d'accord pour se retrouver le week-end dans le bar de Chad. Ça faisait un moment que les quatre ne s'étaient pas vus pour quelque chose sans rapport avec la guerre.
- « Je ne peux pas. »
- « Allez Ishida », le réprimanda le garçon aux cheveux orange. « Que comptes-tu faire un samedi soir si tu n'es pas de garde ? »
- « Etudier ». Avant que l'autre ne prenne un air incrédule, il dit : « Je ne compte pas en rester là, j'aspire à beaucoup plus Kurosaki. »
- « Dans quelle branche veux-tu te spécialiser? »
- « Cardiologie. »
Il eut une moue de surprise. La conversation aurait pu continuer ainsi mais quelqu'un vint chercher Inoue avec un air désespéré : c'était la fameuse Itou et elle avait l'air d'avoir fait quelque chose de grave. Le Quincy se leva en disant qu'il continuerait ses visites, exhortant son compagnon à faire de même. Kurosaki voulut finir de manger, alors il ne lui restait qu'environ cinq minutes.
…/…
A peine avait-il franchi la porte qui séparait les chambres, qu'un malade l'accapara. Il vit un patient qui venait d'être admis qu'il expédia rapidement, puis trouva derrière lui, dans le couloir deux collègues dont il ne se souvenait pas des noms. Il n'avait jamais été doué pour ça.
- « Eh » appela-t-il, l'inévitable "eh toi", "euh" ou "Ohé" quand on ne connait pas le nom de celui qu'on appelle, « le directeur.. » dit-il sans pouvoir prononcer son nom, comme s'il avait peur de l'invoquer « a-t-il l'habitude de descendre? Je veux dire ... »
- « Quelque chose à vérifier? », questionna le plus expérimenté, bien qu'aussi jeune que lui, avec des cheveux blonds et courts. « Bon, je suppose qu'il doit s'ennuyer là-haut et qu'il n'a rien trouvé de mieux à faire ou de plus amusant pour nous embêter. Il va descendre, t'inquiète pas », ironisa-t-il. Il lui tapota sur le bras comme pour le consoler. La dernière chose qu'Ichigo voulait, c'était de voir le directeur.
Non, il ne ressentait ni crainte, ni rejet, mais oui, il redoutait de commettre une erreur le premier jour, et en plus devant le directeur. Une pensée lui échappa :
- « Eh bien, je suppose que c'est normal que je joue le rôle du mauvais garçon », l'autre type avec les cheveux bouclés le regarda avec étonnement, « je veux dire, c'est le directeur », apparition d'un sourire fugace, « il doit s'assurer que tout va marche bien? En plus, il est médecin. »
- « L'autre jour », mentionna l'un des médecins à son collègue, « tu te souviens Nakamura? ». Ils éclatèrent de rire tandis qu'Ichigo attendait une explication appropriée. « Il l'a fait pleurer », souligna le blond, les yeux grands ouverts.
- « Il m'a fait pleurer le premier jour »
- « A mon avis, tout le monde y est passé », il réfléchit à quelque chose de sombre puis éclata de rire à nouveau. « Oui, souviens-toi que ... ». Il s'adressa à Ichigo puis tout à coup il se tut.
Kurosaki se retourna pour connaître la raison d'un tel changement, c'est-à-dire pourquoi l'ambiance joyeuse s'était brutalement changée en quelque chose de bouleversant et sérieux.
- « Ishida. »
- « Je te cherchais », il le sentit mal à l'aise. Le Quincy n'était pas stupide, il savait qu'ils avaient cessé de parler à son arrivée, « le patient de la chambre 3, tu es en train de t'en occuper? Il est diabétique et l'insuline ne s'applique pas à lui, j'ai vu ce que tu avais prescrit, mais je l'ai déjà modifié. »
- « Oh, merci. »
- « Moi », dit l'un des médecins présents « je vais continuer ma ronde. »
- « Moi, je dois… aller ... on se voit plus tard. »
Les deux médecins disparurent comme par enchantement et Kurosaki se retrouva debout au milieu du couloir à regarder le visage du brun. Celui-ci faisait semblant de prêter plus d'attention à ce qu'il y avait sur la table.
- « Eh ben, ça ne doit pas être facile d'être le fils du patron, non? » demanda le garçon aux cheveux orange.
Ishida fit non de la tête, le regard perdu et prit une profonde inspiration, comme s'il avait été à cours d'oxygène ou avait eu la poitrine oppressée. Il repartit immédiatement vers l'endroit d'où il était venu.
En trois quarts d'heure, ce qu'Ichigo avait tant redouté, était une réalité : Ryuuken ne restait pas bloqué dans son bureau toute la journée. Il était logique que, sans paperasse à faire, il faisait un tour pour surveiller les nouveaux, en particulier un certain orangé.
Il vit de loin les internes, infirmières, médecins, le personnel aussi, adopter différentes postures et cela allait d'un simulacre peu réaliste à un travail acharné. Pas Ichigo. Il resta comme paralysé par un cauchemar qui se serait matérialisé. Non, il ne le craignait pas, c'est juste que Monsieur Ishida imposait le respect.
- « Qui a fait ça? » demanda-t-il à peine arrivé au centre de la salle de l'hôpital, laissant brutalement le formulaire sur le comptoir en face de l'infirmière en chef, « le patient qui a besoin d'une greffe de moelle osseuse n'a pas d'assurance, et quelqu'un a oublié de faire signer à la famille l'autorisation pour l'autopsie », dit-il pour tous. « Cela fait au total deux erreurs pour aujourd'hui. Dois-je rappeler qu'ici on n'est pas l'université? » Personne n'ouvrit la bouche. « Qui a fait ça? Nous pouvons passer la journée ici à en parler, mais, bien sûr… », ironisa-t-il « il y a beaucoup de travail à faire, si possible bien, alors », il haussa le ton « je veux savoir qui est le responsable de ces deux erreurs qui peuvent nous coûter très cher », un procès était bien la dernière chose que souhaitait Ryuuken.
- « C'est lui. »
Ichigo ne pouvait en croire ses oreilles. D'une part, que quelqu'un ait pu dénoncer un collègue, et d'autre part, que cette personne n'était autre qu'Uryuu Ishida. Il ouvrit les yeux en grand, le réprimandant silencieusement d'un regard. Uryuu semblait s'être rendu compte de ce qu'il venait de faire. Il l'avait fait spontanément : c'était son père et d'être à ses côtés, lui avait rappelé des souvenirs du passé.
« Qui a brisé la fenêtre Uryuu ? » Etant enfant unique, il avait l'habitude de blâmer ses amis imaginaires (et il en avait beaucoup) ne réussissant par là qu'à fâcher son père pour lui avoir menti. Depuis lors, il ne pouvait plus le faire. Quand Ryuuken exigeait de connaître le coupable de quelque chose, dire la vérité était devenu un réflexe.
- « Excuse-moi », chuchota-t-il en regardant vers le bas et en tournant la manche de sa blouse.
- « Toi », dit-il en désignant le coupable, un garçon aussi jeune qu'eux, avec un air dégingandé et une attitude craintive, « dans mon bureau tout de suite ». Il se retourna et ceux qui étaient derrière lui, lui firent face. « Qui prend soin du patient en urologie de la chambre 4? » Personne ne répondit parce qu'Uryuu fut le plus rapide.
- « Moi! » Il leva la main comme s'il était à l'école primaire et voulait répondre à la question de la maîtresse.
- « Très bien. »
Il hocha la tête, au moins son fils était guilleret. Une des infirmières songea à dire à Ichigo qu'il était logique que ce soit à Uryuu de traiter ce patient, puisque son père était Ryuuken. Car le patient en question était particulièrement intraitable, à tel point qu'en comparaison, l'homme aux cheveux blancs était Heidi. Cela donnait une idée générale du tableau.
- « Par ailleurs, qui a convaincu le cardiopathe congénital de se faire opérer? », questionna le directeur avant de disparaître par la porte conduisant vers les autres salles. Il était simplement curieux. Ce n'était pas facile de traiter avec les malades du cœur qui nécessitent une chirurgie cardiaque. Beaucoup ont peur de mourir et refusent l'opportunité d'une meilleure qualité de vie.
- « C'est moi ». On entendit pour la troisième fois la voix d'Ishida fils.
Ryuuken le regarda durement. Comme d'habitude, pourrait-on dire, il hocha la tête et se retourna parvenant ainsi à faire passer le visage joyeux du jeune Quincy à un visage empli de déceptions. Ichigo s'approcha de lui avec tact, mais avant qu'il ne puisse parler, Ryuuken revint sur ses pas se rappelant ce qu'il y avait vu.
- « Ah, fraisy »
Ichigo se dit, « Fraisy? »
- « Pardon ? »
Les autres internes se mirent à rire, mais ils redevinrent vite sérieux en constatant que Kurosaki était capable de réfuter ou contredire quelque chose, quoi que ce soit, peu importe quoi, à Ryuuken Ishida.
- « Tu as dit que je pourrais t'appeler comme je voulais, non? Tu préfères «douceur» plutôt que «fraisy»? »
- « Aucune des deux, monsieur. »
- « Docteur. »
- « Docteur », corrigea-t-il. Il fronça les sourcils montrant qu'il ne se laisserait pas marcher sur les pieds ni par Ryuuken, tout directeur qu'il était, ni par personne d'autre. Les autres remarquèrent qu'une bombe pouvait éclater à tout moment. « Vous pouvez m'appeler Ichigo si vous voulez mais ... je trouve insultant vos surnoms dans le cadre du travail. »
- « Oh, un brave », lâcha le directeur.
Bien que son visage ne le montrait pas, il appréciait de voir que quelqu'un était en mesure de s'affirmer. Pour un médecin, c'est quelque chose d'élémentaire. Même avec les patients, on doit être capable de les dominer. S'agissant de son premier jour, il lui devait au moins ça.
- « Kurosaki, puisque tu n'aimes pas fraisy », dit-il en pointant son doigt vers le haut, « je veux te voir dans mon bureau dans une heure ». Il se retourna ignorant la réponse du jeune homme, « bien sûr, puisque tu es si courageux ... je te charge du patient en urologie. Uryuu. »
- « Oui? »
- « Tu lui laisses, c'est compris ? ». Son fils hocha la tête à plusieurs reprises pour se conformer à l'ordre donné.
- « Pourquoi? Qu'est-ce-que j'ai fait ? », murmura le shinigami.
Mais Ryuuken ne lui répondit pas. Il était pressé et avait déjà perdu plusieurs minutes dans cette aile de l'hôpital. Il s'en alla le laissant avec un millier de raisons possibles à sa convocation : avait-il fait quelque chose de mal sans s'en rendre compte? Enfin, en bien ou en mal, Uryuu l'avait couvert et avait corrigé les erreurs typiques d'un débutant. Ça ne pouvait pas être dû à ça.
- « Tu marques un point », se moqua l'un des médecins avec qui il avait discuté quelques heures auparavant « Félicitations, pas mal pour ton premier jour. »
On entendit un rire macabre dans tout le couloir. Uryuu le regardait de profil lui résumant le bulletin clinique du patient en question et lui souhaitant bonne chance, notamment en prévision du moment où il lui faudrait le convaincre de se faire poser la sonde.
- « Veille à ce qu'il n'ait rien de contondant à portée de mains, sinon il te le lancera. »
- « D'accord. »
- « Fais attention qu'il ne te morde si tu es trop près », en désignant son entrejambe, « place un oreiller si tu dois t'approcher trop près. »
- « Oui. »
- « Si tu as besoin d'aide ... crie. »
- « Ok, merci » avant qu'Uryuu ne s'en aille pour poursuivre sa soi-disant tournée.
- « De quoi? » Il haussa les épaules, en demandant avec impolitesse et de bien méchante humeur. « Tu sais ce qui me gêne? » Il revint sur ses pas pour interroger le shinigami. Celui-ci fut surpris par ce soudain changement d'humeur. On voyait bien qu'Uryuu avait besoin d'en parler.
- « De ne pas prendre en charge ce patient? » dit-il en hésitant, ce qui était peu probable. Personne ne voulait prendre soin de tels patients, mais il savait Ishida un compétiteur né, et surtout combien il aimait les défis.
- « Qu'il ne soit même pas capable de dire un 'bien'. Qu'est-ce-que ça lui coûte? Si je me trompe, j'en prends pour toute la semaine, toute ... », souligna-t-il.
- « Ishida », Ichigo essaya d'attirer son attention sur son beep qui était en train de sonner, chose dont il ne semblait pas se rendre compte.
- « ... Me tourmenter si j'oublie de donner des tests d'allergie à un patient, mais il n'est pas capable de voir quand je fais des efforts ». Il coupa son beep avant de poursuivre.
- « Ce doit être une urgence, tu devrais ... », mais Uryuu était très concentré sur sa plainte.
- « C'est difficile de travailler dans un endroit où tout le monde t'ignore parce que tu es le fils du directeur. »
- « Je ne pense pas que ce soit ça », tenta d'expliquer Ichigo mais il fut interrompu.
- « Mais le plus difficile, c'est d'y faire face. Peu importe ce que tu fais de bien, ce qui importe toujours, c'est ce que tu fais mal. Tu sais quoi? Tu as raison, je dois l'ignorer. »
Il leva les mains dans un geste d'abandon puis se retourna et d'un pas affirmé, il traversa le couloir. L'infirmière en chef jeta un regard et un sourire sympathique à Ichigo, comme pour lui signifier « Bienvenu dans cette famille de fou ».
L'heure passa très vite, entre catétères, sondes et examens. Il avait envie d'arrêter le temps mais avant qu'il ne s'en rende compte, il était l'heure d'aller dans le bureau du directeur. Avec un air désespéré, comme quelqu'un qui va à l'échaffaud, il prit l'ascenseur. Il continuait à se demander quelle erreur il avait pu commettre pour être convoqué. Mais la réponse vint d'elle-même quand, dans le bureau, il ne vit pas seulement Ryuuken mais aussi un autre docteur d'un âge avancé, avec un début de calvitie et des cheveux gris. Sans aucun doute, le doyen
- « Vous permettez ? »
- « Entre Kurosaki »
A chaque fois que Ryuuken l'appelait par son nom, cela provoquait un frisson d'électricité dans tout le corps. Ryuuken savourait chaque syllabe avec une gêne considérable ou une irritation.
- « Je te présente le Docteur Kobayashi. C'est le chef de ton service. Si tu as le moindre doute, problème ou quoique ce soit d'autre, tu lui en parles. »
- « Enchanté ». Ichigo salua l'homme qui affichait un sourire franc qui lui rappela son père, tant et si bien qu'il ressentit quelque chose de chaleureux et familier.
- « Moi de même »
- « Kurosaki, vraiment? », demanda-t-il. « Je sais que c'est dur de démarrer, mais vous verrez que dans quelques semaines, vous vous sentirez comme un poisson dans l'eau, en attendant, vous pouvez compter sur moi ».
- « Je vous remercie. »
- « Aujourd'hui nous ne nous sommes pas vus parce que j'ai pris ma journée, mais à partir de demain, nous serons collègues, cela vous convient? ». Tant de gentillesse, après le traitement de Ryuuken, l'aurait fait pleurer.
- « Merci » réitéra-t-il avec une profonde sincérité, il en avait besoin.
- « Eh bien, je vais y aller », le médecin se courba légèrement puis les laissa seuls.
Ichigo resta là à observer le directeur allumer une cigarette. Il constata qu'il avait hâte de lui dire ce qu'il avait sur le coeur.
- « Quoi? C'est l'heure de la pause? Allez au travail, Kurosaki, c'est pour ça que je te paie. »
- « Oui, mais... », Ichigo leva un doigt pour le rabaisser aussitôt, intimidé, « je voulais, et bien ... c'est que ... Uryuu voulait se charger du patient en urologie. »
- « Qu'est-ce qui te fais grincer les dents? », murmura Ryuuken avec un sourire critique.
- « Ce n'est pas ça », ce n'était pas facile d'aborder le sujet et encore moins avec un gars comme Ryuuken, « C'est juste qu'Uryuu fait beaucoup d'efforts, peut-être plus que ses collègues. »
- « Tu viens demander une augmentation de salaire pour lui ou quoi? Kurosaki, je ne comprends pas où tu veux en venir. » Il avait la même capacité que son père à saturer en une seconde.
- « Oubliez ça », il réfléchit profondément à ce sujet pour finalement conclure : « Je suppose que pour vous non plus, ça ne doit pas être facile. »
Ces derniers mots attirèrent l'attention de l'homme, ses yeux étaient déjà chargés d'une certaine amertume. En outre, il paraissait surpris, avec un soupçon de gêne évidente face à l'opinion tranchée du jeune homme. Non, ce n'était pas facile d'avoir Uryuu à l'hôpital. Il était très doué dans ce qu'il a faisait. Bon sang, mieux que tous ses collègues réunis et il était nouveau, mais il ne pouvait pas le mettre en avant.
- « Il t'a suffit d'une journée ici, non », il s'arrêta subitement, « je rectifie: il t'a fallu moins d'une journée de travail pour penser que tu avais tout compris, et bien, ce n'est pas le cas. »
- « Désolé, je ne voulais pas vous ennuyer. »
- « C'est pourtant ce que tu es en train faire, mais ne t'inquiètes pas », ironisa-t-il, « C'est un don inné chez les Kurosaki de se mêler de ce qui ne les regarde pas et de harcèler à chaque étape que vous prenez. »
Ichigo encaissa, mais il était parfaitement conscient qu'au-delà de ce qu'avait pu faire subir Isshin à Ryuuken, il n'avait rien à y voir et ne méritait pas un tel traitement. Peut-être qu'il était juste à la recherche d'une opportunité, car si en un seul jour, ça commençait comme ça, il pensait que ça ne pourrait pas durer.
- « Je ne suis pas mon père », osa-t-il dire avant d'obéir à l'ordre de se retirer.
Ryuuken ne répondit rien. Il resta avec cette expression sur le visage qu'Ichigo ne pouvait pas nommer. Avait-il touché un point sensible ? Peut-être avait-il réussi à mettre le doigt sur le problème? Une chose est sûre, il avait réussi à faire taire le directeur.
