Ellana ne savait ni quoi penser, ni quoi faire. Elle n'osait faire un geste. Là dans l'obscurité de l'immense chambre qu'on lui avait attribuée, elle songeait aux derniers évènements. A tout ce qu'elle avait vécu depuis qu'elle avait quitté le réconfort de son clan. Toutes ces émotions qui s'étaient enchainées. Mais ce dont elle se rappelait le plus clairement était la peur. Une des plus viscérales qu'elle avait vécues. Encore, parfois, elle faisait des cauchemars. Depuis l'explosion du Conclave à la destruction de Darse, en passant par son voyage dans le temps. Pourquoi avait-elle dû endurer toutes ces horreurs ? Elle n'avait rien demandé de tout cela, et pourtant la voilà portée au rang d'Inquisitrice. De Messagère d'Andrasté. Les gens venaient de placer tous leurs espoirs en elle. Voyant en elle l'unique chance de rétablir l'ordre, de revenir au statu quo antérieur.
Mais pourquoi ?
Elle n'avait rien d'extraordinaire. C'était une chasseuse, pas une guerrière. Elle n'avait rien d'une combattante, encore moins d'une meneuse. Et pourtant … là voici à la tête de toute une Inquisition. Cela représentait tant de gens. Beaucoup trop.
Et puis c'était une elfe, une dalatienne. Comment ne pas trouver la situation ironique ?
Tant de gens qui l'auraient habituellement ignorée, ou même pire insultée, la priaient de les sauver d'une hypothétique fin du monde. Elle ne leur en portait pas vraiment rigueur. Pas sciemment. Il était normal d'avoir peur de l'inconnu, surtout par les temps qui couraient. Même les membres de son propre clan pouvaient se montrer hostiles à l'encontre des humains, des nains et des qunaris. Toutefois elle n'avait jamais été de celle qui avait peur d'autrui, qu'importait la taille de leurs oreilles ou de leurs jambes. Au contraire, elle se montrait curieuse et avide de connaissance. Elle avait même entreprit d'apprendre leurs langages, leurs cultures. Mais il n'empêche que lorsqu'elle croisait la route d'humain, notamment, elle devait subir les railleries et les insultes. Elle prenait sur elle, comme on lui avait enseigné. Surtout ne pas répliquer, ne pas leur faire de mal. Elle avait pris l'habitude de les laisser dire, de ne pas répondre, de baisser les yeux et de s'enfuir le plus vite possible. Souvent elle en pleurait. Ellana n'arrivait pas à passer outre, une rage insidieuse s'insinuait lentement en elle. Mais jamais elle ne se résoudrait à répondre par la violence. Après tout elle n'avait jamais était une enfant violente ni vraiment rancunière. Elle avait toujours su conserver son calme face à l'adversité. Peut-être au début avait-elle essayé de répondre, usant de mots acérés dans leur langue humaine. Si la jeune elfe ne s'abaissait jamais a utilisé ses compétence à l'encontre de ces êtres méprisants, elle ne demeurait pas moins sans armes. Si Ellana n'avait pas recours à la force, elle savait la puissance des mots. Et elle savait s'en servir. Mais voilà, face à des adversaires tellement obtus, les mots ne fonctionnaient pas. Alors eux faisaient parler leurs poings ou leurs armes.
Elle rentrait finalement au clan couverte d'hématomes et de sang. Un jour les choses dégénérèrent. La voyant ainsi blessée, ses compagnons s'insurgèrent contre la violence humaine et leur stupidité chronique. Elle observait ce cycle vicieux s'imposait dans les relations entre elfes et humains. Elle avait vu ses amis prendre les armes, et alors qu'elle avait tenté de les en empêcher, ils étaient partis traquer les humains qui s'en étaient pris à l'un d'entre eux.
Ces trois braves n'étaient jamais revenus. Le clan s'était ensuite déplaçait craignant de graves représailles. Ellana pouvait encore voir le visage de ses trois hommes assoiffés de vengeance. C'étaient ces images qui lui venaient en mémoire lorsque maintenant elle se faisait maltraitée au nom de sa race. Alors c'était peut-être lâche mais elle ne voulait plus perdre personne. Pas à cause de sa petite taille, ses longues oreilles, ou de ses yeux trop grands. Leurs mots, toujours aussi blessant, ne devaient plus l'atteindre.
Elle s'était forgée une carapace. Très épaisse.
Et maintenant ? Maintenant il fallait qu'elle les sauve ? Qu'elle se sacrifie pour eux ? Le Dieux, ou le destin au choix, étaient bien cruels.
Mais, après tout, pourquoi devait-elle l'accepter ? Parce qu'elle avait été au mauvais endroit au mauvais moment ? Elle devait subir toute sorte de souffrance pour le bien de ceux qui avaient insulté ses compagnons, sa famille ?
Non. Elle n'y était pas obligée.
Elle était discrète, agile et rapide. Elle pourrait sauter par le balcon de cette prison joliment aménagée, atterrir sur les remparts en contre-bas et ainsi se diriger vers la sortie. Après le chemin serait peut-être plus compliqué, certainement. La neige la ralentirait, le froid l'engourdirait. Mais qu'importe. Elle serait loin avant qu'ils ne se rendent compte de son absence. La nuit couvrirait son départ, et le blizzard dissimulerait ses traces.
La nuit était sombre ce soir. L'heure était avancée. Les gardes n'étaient pas encore parfaitement organisés. C'était maintenant. Ou jamais. L'occasion de s'échapper de ces obligations imposées ne se représenterait pas deux fois. Elle devait partir.
Mais et Corypheus ? Il en avait après elle, n'est-ce pas ? Il la poursuivrait. Tant pis. Elle irait plus vite que lui. Qu'importait, ce n'était pas comme si elle avait l'intention de commencer à vouloir vivre entre quatre murs pour toujours. Au contraire, Ellana aimait bouger, voyager, explorer. Alors c'est ce qu'elle continuerait de faire. Et, un jour viendrait, où peut-être qu'elle n'aurait plus à fuir. Elle trouverait un lieu paisible où rien ne l'atteindrait plus. Elle imaginait déjà, cette grande étendue verte que le soleil radieux caressait. Elle pourra s'y étendre, en attendant que lentement elle s'endorme pour ne plus jamais se réveiller. Sa dernière vision du monde dans laquelle elle avait tant souffert, serait un magnifique soleil souriant.
Enfin décidée, elle jeta les couvertures loin d'elle. Saisi par le froid qui filtrait déjà par les quelques fissures, elle passa rapidement son armure et attrapa son arc ainsi que son carquois. Lentement elle se dirigea vers le balcon, un vent glacial l'accueilli. Mais une vision du soleil dorée qui l'attendait lui rendit courage, et elle sauta par-dessus la rambarde.
Les remparts étaient calmes. Seuls quelques murmures de soldats lui parvenaient. Valeureux soldats qui luttaient contre la nuit et le froid pour garder en sécurité toutes les personnes vivant à Fort Céleste.
Si elle se concentrait un peu elle pouvait entendre de la musique et des rires provenir de l'Auberge. Elle s'arrêta un instant pensant à ce lieu. Elle s'y était rendue une fois. Une seule. Et pourtant le souvenir était toujours bien présent. Il y avait les sons, les odeurs, la chaleur du feu qui ne cessait d'y brûler. Comme une bulle de bonheur au milieu de la guerre incessante qui les tenaient en esclavage.
Le vent glacial la ramena à son évasion. Un peu plus loin d'elle se trouvait le premier obstacle : un groupe de trois gardes. Elle parvenait à les voir, à distinguer leurs visages. Un homme, deux femmes. Ellana les reconnaissait, ils étaient là depuis Darse. Ces soldats comptaient parmi les trop rares survivants de l'horrible bataille. Son cœur se serra. Malgré tout ils étaient encore là. Elle se sentit stupide, jamais elle n'avait pensé à leur demander un nom. Rien. Et pourtant même ici, en pleine nuit, ils trouvaient le courage de rire de bon cœur.
Elle ne devait plus y penser. Ne pas les connaitre faciliterait les choses. Leur probable mort ne lui pèserait pas. Pas beaucoup. Moins que si elle leur avait demandé leur nom, ou si ils avaient de la famille, ou ce qu'ils aimaient boire à la Taverne. Non. Elle devait réenfiler sa carapace. Il fallait qu'elle pense en chasseuse.
Elle avisa ses différentes options. Elle élimina tout de suite celle qui consistait à les tuer, jamais elle ne s'abaisserait à de telle chose, qu'importait si elle les connaissait ou non. Baissant le regard elle avisa le toit du bâtiment en contre-bas. Plus risqué pour elle à cause de la neige présente, mais cela épargnerait les soldats qui se donnait tant de mal à assurer la sécurité de Fort Céleste. De la sécurité de ses habitants. De sa sécurité à elle. Oui, ces trois humains assuraient la protection de cette elfe qu'ils pensaient leur bienfaitrice. Ils assuraient sa sécurité alors qu'elle s'échappait, les laissant à un sort incertain.
Non. Elle ne devait pas penser à cela, elle ne devait pas laisser les sentiments la gagner.
C'est en ignorant les larmes qui perlaient à ses yeux qu'elle sauta sur le toit, puis à terre. Il n'y avait personne dans la Cour. Le froid contraignait tout le monde à trouver un abri pour la nuit. Car si durant la journée le soleil permettait une vie en dehors des murs, la nuit implacable ramenait tout le monde à l'intérieur. La Cour était un lieu un peu moins agréable que la Taverne. On y sentait plus d'enjeu, on y ressentait l'urgence de la situation. Mais la raison pour laquelle Ellana n'aimait pas l'ensemble de la Cour, était parce que c'était là que les soldats se préparaient à se battre. Mais c'était surtout parce que les blessés y étaient soignés dans les pires conditions qu'ils soient. Elle n'aimait pas vraiment approcher des tentes des chirurgiens. La mort était beaucoup trop réelle et présente. Elle aurait voulu faire quelque chose, créer une véritable infirmerie par exemple. Mais elle avait décidé de partir avant de pouvoir changer les choses.
Elle avisa un instant les pantins de bois au loin, là où Cassandra s'évertuait à donner des coups pour une raison qui ne venait pas à Ellana. Un défouloir ? Peut-être. Car elle ne voyait pas grand intérêt à s'entrainer là-dessus. Du bois ne revêtirait jamais le danger qu'il s'apprêtait à combattre. Enfin … le danger qu'Ellana fuyait à présent. Laissant l'Inquisition s'en charger. Mais sans elle. Cassandra serait certainement celle qui lui en voudrait le plus. Elle serait probablement la première à partir à sa recherche, al ramenant à tout prix. Même enchainée. Ellana sourit, l'histoire se répéterait. Le seul problème est que cette fois, elle ne se laisserait pas prendre. Pas par eux. Elle saurait se dissimuler de leur regard omniprésent. Léliana ne parviendrait jamais à la retrouver. Elle sait fuir. Elle le fait depuis toujours. Pourquoi changer …
Elle passa ensuite devant l'Auberge, cette fois la musique parvenait clairement à ses oreilles. Elle ne reconnaissait pas le chant du ménestrel. Une nouvelle chanson certainement. Après tout cette femme était pleine d'imagination. Elle fascinait Ellana. Elle avait une si jolie voix. Alors qu'elle osait à peine prendre la parole devant la foule, croulant sous le poids d'une timidité bien trop développée.
Si Corypheus attaquait … que deviendrait cette femme d'Art ?
Avait-elle peur au moment même où elle chantait ? Elle ne savait pas, en tout cas sa voix ne tremblait pas. Magnifique courage. Ellana fuyait. Alors qu'elle savait certainement mieux se défendre que cette jolie chanteuse.
Et ses nouveaux amis qui se trouvaient à l'intérieur ? Iron Bull si courageux, Sera si maline et Cole d'apparence si innocent. Est-ce qui lui en voudront ? A quel point ? Peut-être Sera comprendrait-elle … Pas sûr. Iron Bull ne comprendrait certainement pas, il serait certainement en colère d'une telle fuite. Lui ne fuit jamais, trop courageux pour cela. Cole serait perdu, il ne parviendrait pas à entendre les raisons qui l'ont poussé à ne pas continuer à aider ceux qui souffre de la guerre. Ellana ne le comprenant pas totalement non plus. Tout ce qu'elle savait … était qu'elle n'avait strictement rien demandé. Elle devait uniquement observer comment se dérouleraient les débats lors du Conclave. Elle ne voulait pas de cette Ancre, elle ne voulait pas devenir la Messagère de qui que ce soit, et certainement pas le leader d'une telle organisation ! Inquisitrice ? Et puis quoi encore ! C'était une chasseuse, une voleuse selon les Humains. Rien de plus. Rien de moins.
Ellana Lavellan. Pas de Messagère. Pas d'Inquisitrice.
Alors elle s'éloignait la tête baissée de l'Auberge. Machinalement elle prit les escaliers en face d'elle. Déambulant discrètement, dissimulée par la nuit au regard des sentinelles. Elle pénétra doucement dans la première tour, celle-ci complètement détruite où seuls quelques meubles substituaient. Elle ne s'y attarda pas, passant par la porte opposée.
Un coup de vent la fit reculer légèrement. Elle avait froid, déjà. Alors même qu'elle n'avait pas encore abordée le parcours dans la neige. Elle aurait dû s'habiller plus chaudement en prévision de son départ. Elle fit alors demi-tour et retourna dans la ruine. Elle y trouva le lit abandonné. Tentant. Trop.
Mais elle ne pouvait pas y céder. Le chemin était encore si long, si froid. Toutefois le doute s'insinua. Devait-elle partir ? Voulait-elle être cette personne fuyant les responsabilités ? Elle avait besoin de réfléchir, d'attendre encore un peu.
Alors elle céda et s'y faufila. Elle pouvait bien attendre que les premiers rayons du soleil surviennent avant de partir. Si elle se dissimule sous la couverture et ne fait pas de bruit, les gardes qui passeraient dans la salle ne la trouveraient certainement pas. Elle n'émettrait pas un son. Elle se contenterait de se réchauffer et peut-être de dormir un peu.
Juste un instant, en attendant le soleil. Le soleil brillant qui la réchaufferait. Marquant probablement l'échec cuisant de sa fuite. Mais est-ce que cela importait ? Après tout, ne pouvait-elle pas essayer, juste un peu, de devenir le Sauveur qu'ils attendaient tous ?
Non. La fatigue la faisait délirer. Certainement. Alors elle sombrait. Un instant, juste un moment, pour permettre à son esprit de s'apaiser et de se reconcentrer sur son objectif.
C'est lui qui la sortit de son sommeil, lorsque les premiers rayons de lumière vinrent caresser ses joues tatouées. Elle aimait ce contact si doux, si plaisant. Elle qui détestait le froid. Alors même que c'était ce dernier qui régnait à Fort Céleste. Mais en même temps on se trouvait si proche du ciel, et ainsi si près de l'astre lumineux qu'elle désirait tant. Elle était si bien sous ces couvertures, si confortable. Elle n'avait pas envie de partir. Surtout qu'il y avait cette main si protectrice qui était posée dans ses cheveux, et ces doigts qui couraient le long de son visage …
Ellana bondit. Chercha à attraper son arc mais ne le trouva pas, elle saisit alors le petit poignard qui se trouvait dans sa botte. En un instant elle le plaça à la gorge de l'étranger. Toutefois c'est ce qu'elle avait espéré réussir. Car d'un geste plus rapide que le sien, son agresseur stoppa son bras, avant de lui retirer le poignard.
« Je suis désolé Inquisitrice ».
Voilà, elle n'était déjà plus elle, Ellana Lavellan, elle était redevenue l'Inquisitrice. Elle avait échoué. On l'avait rattrapé. Et lorsqu'elle vu son bourreau son cœur se serra. Elle avait cherché le soleil, voilà qu'il la brulait. Lui avec ses cheveux blond et ses yeux dorés. Lui avec son allure si éclatante. C'était lui qui venait de la condamner. Et certainement sans l'avoir réellement souhaité.
C'est à ce moment qu'Ellana choisi de craquer. Que sa carapace, qu'elle voulait si solide, ne se brise en milliers de morceaux. Elle avait honte. « Pas devant lui » s'était-elle pourtant répétée. Il a tellement souffert, il a été brisé à tellement de reprise, il a été remis en question tellement souvent … et pourtant il était toujours là à se battre pour ses idéaux. Alors qu'elle fuyait, juste parce qu'elle « n'avait pas envie » ? Mais pas envie de quoi ? De sauver des gens qui lui avaient fait du mal à elle et son clan ? Elle allait condamner tous ces gens, uniquement pour une poignée d'entre eux à l'esprit étroit ?
Elle se dégoutait.
Elle le dégouterait lui aussi, si elle lui disait.
Lorsqu'elle releva les yeux vers lui, elle fut étonnée d'y trouver uniquement de la panique. En effet le si fier Commandant Rutherford se retrouvait perdu, ne sachant pas quoi faire de la jeune femme en pleure dans son lit. Car oui lorsqu'il l'avait trouvé toute recroquevillée dans cette tour en ruine, il n'avait eu d'autre choix que de laisser son impulsion lui dicter ses mouvements. Alors il l'avait portée délicatement, la transportant le plus doucement possible dans sa tour à lui, un peu moins victime des courants d'air malgré une ouverture conséquente dans le toit.
Mais maintenant elle était là à pleurer. Et il ne savait pas pourquoi, il ne savait pas quoi faire pour qu'elle se calme, il ne savait pas quoi faire pour qu'elle reprenne confiance. Il ne savait pas. Alors là encore, il laissa une impulsion venu du plus profond de lui-même guider ses gestes. Et d'un élan plein de tendresse il la prit dans ses bras.
Sous l'effet de la surprise Ellana sursauta, et ses larmes s'arrêtèrent un instant. Avant de reprendre de plus belle lorsqu'elle enfouit son visage contre le dévoué Commandant. Ce dernier après un moment interdit se mit, d'une main ferme mais rassurante, à frotter le dos de la si jeune Inquisitrice. « Trop jeune » ajouta Cullen pour lui-même. Après tout elle avait quoi … 23, peut-être 25 ans. Comment supporter une telle charge sur de si frêle épaules ? Mais comment lui dire qu'elle n'était pas seule ? Qu'il était. Qu'ils étaient tous là.
« Qu'avez-vous Noble Dame ? »
Elle étouffa un sanglot. Comment lui expliquer ? Sera-t-il indulgent ? Ou lui aussi se fâchera-t-il ? Si elle lui disait la vérité plus jamais elle ne pourrait espérer obtenir sa confiance ou même son respect. Lui qui avait tellement foi en l'Inquisition, et en elle. Elle allait tout briser, tout bafouer. Alors que le Commandant commençait à se dénouer d'elle, Ellana enfouissait son visage dans ses pauvres mains tremblantes. Elle refusait qu'il voie ce qu'elle devenait, ce qu'elle était. Alors ils demeurèrent un moment sans parler, seuls les pleurs empêchaient le silence de définitivement s'installer.
Cullen avait beau réfléchir, rien ne lui venait. Toutes les actions ou les paroles qu'ils auraient pu prononcer lui paraissaient déplacées. La pauvre Inquisitrice était pourtant juste devant lui, et il n'osait pas agir. Quel idiot … Rien ne devrait faire pleurer une femme. Une femme devrait sourire, tout le temps. Et lui ne pouvait l'y aider. Il ne pouvait que la regarder. Attendre, espérant qu'elle parvienne à se calmer et à lui expliquer ce qui n'allait pas. Enfin si elle le souhaitait. Après tout elle ne lui devait pas d'explication. Elle était l'Inquisitrice, elle n'avait pas de justification à lui donner. Pas vraiment.
« Pardon. Pardon … »
Elle continua sa litanie. S'excusant toujours plus d'une chose dont il n'avait pas conscience. Contrairement à elle.
Pardon d'être incapable de répondre à vos attentes.
Pardon d'être faible.
Pardon d'avoir peur.
Pardon d'avoir voulu vous abandonner.
Pardon de ne pas pouvoir parler clairement.
Pardon d'être une elfe.
Pardon d'être moi.
« Inquisitrice, je pense que vous êtes fatiguée. Il vous faut du repos. Venez, je vais vous reconduire à vos quartiers ».
Du repos ? Non ce n'est pas de ça dont avait besoin Ellana. Elle avait besoin de courage, elle avait besoin de devenir meilleure. Et elle le deviendrait. Elle ne pouvait pas faire fi de ses responsabilités. Bien qu'elle ne les ait pas souhaitées, elle devait maintenant les endosser. Pour l'Inquisition, pour ceux qui la soutiennent, pour elle-même … et puis elle ne peut imaginer décevoir à nouveau les Commandant des forces armées de l'Inquisition. Elle ne voulait pas qu'il souffre à nouveau, pas après ce qu'il avait déjà vécu. Elle voulait qu'il se reconstruise dans l'Inquisition.
Et puis … elle ne pouvait pas imaginer que Corypheus viennent mettre en péril la vie de ceux qu'elle aimait. Il n'avait pas le droit de briser les liens qu'ils s'étaient tous créés. Beaucoup d'entre eux avaient perdu leur famille. Alors leur petit groupe constitué pour les besoins de l'Inquisition, était devenu une famille de remplacement. Une véritable famille, avec ses hauts et ses bas, mais toujours avec affection. Puis il y avait eu sa rencontre avec Cullen.
Oui. Avec eux, avec lui, à ses côtés elle pouvait réussir. Elle n'était pas seule à subir le poids des responsabilités. Il lui avait dit à leur arrivée à Fort Céleste. Elle pouvait compter sur eux, sur leur soutien. Ensemble ils pouvaient réussir.
Elle pouvait être l'Inquisitrice. Elle y arriverait. Pas seule, mais elle y parviendrait accompagnée.
L'Histoire s'en assurerait.
« Inquisitrice ? »
Sa voix la ramena à la réalité. Elle avait cessé de pleurer depuis un moment déjà, pourtant le brave homme était toujours à ses côtés. Elle lui adressa, en guise de remerciement pour cette prise de conscience, un sourire. Sourire qu'il jugea resplendissant, merveilleux. A tel point que le rouge lui vint, et qu'il dut se racler la gorge pour reprendre contenance. La magnifique Inquisitrice commençait à sortir du lit, et ce fut cet instant qu'il choisit pour lui demander enfin ce qui la troublait.
« Vous vous sentez bien ? »
La question raviva une chaleur longtemps égarée dans le cœur d'Ellana. Alors elle hocha la tête, déterminée, à nouveau sûr d'elle. Grâce à lui elle pouvait maintenant savoir ce qu'elle souhaitait faire, ce qu'elle désirait réaliser. Il lui avait redonné une chance, l'avait dotée d'une nouvelle vie. Et de cela, le Commandant n'en savait rien. Peut-être qu'un jour, lorsqu'ils auront réussi, elle lui avouerait qu'elle matinée déterminante cela avait été. Ce jour qui marquerait leur victoire, elle lui confesserait tout. Elle lui dirait merci, mais elle lui dirait également beaucoup d'autres choses. Certaines qu'elle prononcerait à haute voix, d'autres qu'elle murmurerait honteusement, et peut-être encore quelques-unes qu'elle lui chuchoterait plus près de lui.
Ou peut-être qu'il n'y avait pas vraiment besoin d'attendre. Elle pouvait commencer dès aujourd'hui. Cette longue liste d'aveu allait prendre du temps, alors pourquoi ne pas démarrer par la première étape ? Pas à pas elle parviendrait jusqu'à la fin, laissant alors le Commandant savoir ce qui se cachait dans son cœur et dans son âme. Oui, la fin serait parfaite. Mais avant cela, avant cette conclusion tant désirée, il fallait bien commencer par une parole. Peut-être un mot plus simple, plus commun, mais non moins dénué de sentiments lorsqu'elle le prononcerait.
Il fallait qu'elle se lance.
« Merci, Cullen ».
Merci beaucoup pour votre lecture !
Je dois avouer que Dragon Age Inquisition est un jeu qui m'a totalement capturé de part son histoire incroyable que par le développement de ses personnages.
J'avoue également que la première fois que j'ai fait ce jeu (oui je l'ai recommencé par la suite ... plusieurs fois ...) je suis tombée sous le charme du beau Commandant !
Je vous livre donc cette première histoire, en espérant qu'elle vous ait plu !
Bonne continuation à vous, et à bientôt !
Happy ~
