Alors pas de guimauve ici, au contraire. Parce que j'aime torturer les personnages que j'aime le plus, vous allez vous en rendre compte. Mais aussi parce qu'ici je vous démontre que notre cher psychopathe n'est qu'un enfant effrayé. Si si.


Tu as tué ton père, Murphy.

Cette phrase tournait en rond dans sa tête, vide de toutes autres pensées. Aussi vide que l'espace lui-même, aussi sombre.

Les larmes coulaient doucement le long de ses joues pâles, les unes après les autres, dans le sillon des premières. Ses yeux bleus étaient rougis pour avoir trop pleuré. Il n'essuyait plus ses larmes qui coulaient et qui tombaient sois sur le sol en métal, laissant un petit bruit sec parvenir à ses oreilles, sois sur sa main aussi pâle que ses joues. Il laissait faire.

La tristesse, il l'avait laissé l'envahir. Il n'avait même pas cherché à faire face à ce sentiment si désagréable, il l'avait accueilli.

La dernière fois qu'il avait autant pleuré, son père l'avait serré dans ses bras, lui avait murmuré combien il l'aimait, il avait même fredonné une chanson pour endormir son fils, la prunelle de ses yeux. Il le berçait tendrement, caressant ses cheveux bruns avec sa grande main, sa voix grave rassurant Murphy.

Mais à cet instant, son père n'était pas là. Murphy laissa échapper un sanglot, mais ne permit pas à une nouvelle crise de larmes de l'envahir de nouveau. Il serra ses genoux contre lui, et se cala dans le coin de son lit, contre le mur.

Il avait tué son père.

Son père, la personne qu'il admirait le plus, qu'il aimait le plus. Cet homme si fier !

Il se souvenait très bien de la grosse voix bourrue et pourtant ô combien apaisante. Il se souvenait qu'il restait éveillé dans son lit, les yeux fermés, en attendant d'entendre cette voix et de sentir le baiser de son père sur son front pour s'endormir, en étant sûr que son père était là, chez eux, en bonne santé.

Cette grosse voix qui l'appelait quand il traînait dans les couloirs en regardant la Terre, les étoiles, un bout de plastique ou les yeux d'une fillette effarouchée.

Cette grosse voix qui était devenue le synonyme de sécurité et bien-être. Elle chassait ses cauchemars et les ennuis, le protégeait même de l'invisible et du temps qui passait.

Un nouveau sanglot s'échappa de sa gorge, et les larmes tombèrent plus vite et plus nombreuses sur ses mains.

Il avait tué son père.

Cet homme si grand. Il était musclé, ce qui lui donnait cet air si rassurant. Avec lui au bout de sa petite main d'enfant, Murphy ne craignait rien, pas même le chancelier, les gardes ou la faim. Il n'avait peur que d'une chose : lâcher cette grande main.

Cette main qui lui caressait les cheveux le soir. Elle lui avait aussi laissé quelques souvenirs cuisants sur la joue, mais avec le recul il voyait la peur dans les yeux gris de son père. Son père qui tenait à lui. Son père qu'il a tué.

Les cheveux poivres et sels, comme la barbe piquante qui le chatouillait la joue quand il l'embrassait. Une carrure rassurante pour un enfant, un modèle pour un fils.

Il se souvenait si bien de la chanson que lui chantait son père. Enfin non, il l'avait oublié.

Quand il a vu son père se faire éjecter, son cœur s'est arrêté. Il a refusé de continuer à battre. Il a gelé, il s'est renfermé sur lui-même, laissant un simple petit cœur blessé, gelé, un cœur de pierre.

Quand il a vu son père se faire éjecter, le temps s'est arrêté, comme pour se faire l'idée que jamais il ne le reverrait.

Quand il a vu son père se faire éjecter, il a vu sa larme qui allait se noyer dans sa barbe, son sourire envers son fils et sa femme. Il a vu son enfance, sa joie et son innocence se faire éjecter avec son père. Son père qu'il a tué.

Il contenait ses larmes, ses sanglots, mais il n'en pouvait plus. Il tremblait et serrait ses genoux aussi forts qu'ils pouvaient. Ses poings fermés, ses ongles qui lui rentraient dans la paume et qui lui faisaient mal.

Il décida de laisser la tristesse l'envahir, une dernière fois.

Il décida de baisser sa garde, une dernière fois.

Il décida d'être humain, une dernière fois.

Il lui sembla que son cœur éclatait, se brisait, que tout son corps se tordait. Il hurla sa peine au monde entier. Les larmes lui brouillaient la vue, et il hurlait aussi fort qu'il pouvait. Sa rage, sa haine, sa tristesse, sa rancœur, tout, il hurlait pour tout.

Il hurlait à en réveiller les morts. Il sanglotait si fort, il en tremblait, il serrait ses genoux contre lui en imaginant une étreinte de son père, et imaginer cela lui donnait simplement encore plus envie de pleurer.

Alors il pleurait encore et encore, il laissait son cœur fondre, se briser, il laissait sa peine l'envahir sans résister, une dernière fois avant de se cacher à tout jamais derrière un mur blindé.

Son cœur se desséchait. Toutes ses émotions, bonnes ou mauvaises, s'écoulaient sur ses joues humides, abondamment, des larmes qui brillaient sous la lumière du néon, comme des diamants.

Il n'arrêta d'hurler que pour respirer, et il eut du mal, tant les sanglots le secouaient. Il avait envie d'abandonner tout, d'abandonner sa vie. Maintenant.

Il avait envie de laisser cette peur terrifiante, cette tristesse inconsolable le prendre et l'habiter à tout jamais. Il n'avait plus envie de se battre pour quoique ce soit. Juste d'être un pauvre enfant seul, perdu dans ses pensées sombres, un enfant se laissant gouverner par ses émotions.

Il hurlait. Il avait mal. Ce n'était plus de la tristesse comme la plupart des gens peuvent la ressentir, c'était une douleur foudroyante qui détruisait son cœur. Une douleur si forte qu'elle lui donnait l'impression que tout était fini, qu'il n'y avait plus rien. Que repartir était impossible. Qu'il était condamné à devenir un fantôme, à errer dans ces couloirs de métal.

Mais il ne pouvait pas. Il n'avait pas le choix. Son père s'était battu toute sa vie pour lui. Il était mort pour lui.

Non, c'était lui qui avait tué son père. Sa mère le lui avait dit.

Sa mère.

Il laissa un nouveau cri de rage déchirer ses poumons, sa gorge toute entière, il laissa ce cri se cogner contre les murs. Sa mère était morte bien avant de se noyer elle-même. Elle était morte le jour où son père s'était fait éjecter. Comme son enfance. Comme tant de chose ce jour-là.

Sa mère ... Il avait besoin d'elle. Mais elle était morte avec son père, éjectée avec lui. Sa mère n'aurait jamais délaissé son fils pour de l'alcool. Elle ne l'aurait jamais frappé pour se passer les nerfs. Elle ne l'aurait jamais laissé tomber dans un moment comme celui-là. Elle ne lui aurait jamais dit qu'il avait tué son père.

Il avait mal. Les larmes étaient pareil a de l'acide pour ses yeux fatigués d'avoir trop pleuré. Ses poumons n'en pouvaient plus d'expirer l'air si fort, ils n'en pouvaient plus des sanglots qui secouaient son corps tout entier.

Il avait mal. Si mal. Il se tordait sur lui-même, il ne savait même plus s'il pleurait et hurlait. La douleur le prenait, tout entier, l'habitait.

Il était si fatigué. Il ne pouvait plus pleurer, il était déshydraté. Il ne pouvait plus crier, sa gorge était sèche et sa bouche pâteuse. Il riait. Nerveusement, il riait. Et il était toujours secoué par d'abominables sanglots.

Il sentait son cœur se déchirer, se rétracter sur lui-même. Il avait mal. Il ne savait même pas comment décrire la douleur. Il avait l'impression de brûler, une brûlure par le froid, un froid aussi saisissant que la mort, la mort de son père.

Dans un dernier soupir, il laissa le peu d'énergie qu'il avait s'enfuir. Il se laissa tomber face contre son lit, épuisé. Ses poumons se remplissaient péniblement. Sa bouche tremblait, ses mains tremblaient, ses paupières tremblaient, son souffle était erratique. La douleur, elle s'effaçait peu à peu, lentement.

Elle ne s'effaçait pas parce qu'il n'en ressentait plus. Elle s'effaçait parce qu'il était trop à bout de force pour ressentir la moindre émotion.

Il avait pleuré des heures. Il avait hurlé des heures. Il avait eu mal durant des heures. Les dernières heures.

Maintenant, il resterait caché derrière un mur blindé. Il empêcherait toute personne et toute chose de lui faire du mal comme cette nuit-là. Il avait trop souffert, bien plus qu'un homme ne devrait souffrir dans sa vie.

Il laissa ses yeux se fermer. Il se sentait si mal. Si vide. Si ... Mort. Il se sentait mort. Mort de toutes bonnes intentions ou émotions, voir même de toutes bonnes pensées. Si fatigué ...

Pour se protéger, il devra tuer. Il tuera. Car plus jamais, plus jamais il ne voulait souffrir autant que cette nuit-là.


Alors ça y est, vous me croyez ? Quand je vous disais qu'il n'y était pour rien ! (oui, je le défendrais toujours je suis son avocate voyez-vous w).

Bref j'espère que ce petit moment de tragédie torturante vous a plu, et n'hésitez pas à faire un don en même temps qu'une review, histoire que j'emmène ce phénomène au psy ^.^

Kanli ! (qui vous mijote une petite fiction ... A voir ...)