Chapitre 1 :

« Allez monte.

-On va où ? »

J'ouvre la portière de la voiture Mercedes noire à Nathaniel et le laisse entrer avant de la claquer et de monter à mon tour, côté conducteur. Le temps est passé, notre amour s'atténue et se tarit. Hélas, c'est le coup inévitable du sort. Mais aujourd'hui, je vais changer les choses pour de bon, je vais faire renaître ses sentiments devenus habituels. Effacer ces « je t'aime » mécaniquement lancés pendant l'amour. Assez. Je te vaincrais Nathaniel, j'aurais ton cœur une nouvelle fois peu importe ce que ça me coûte. Je démarre la voiture alors qu'il me repose la même question, pensant sans doute que je n'y avais pas prêter attention. Mon regard vient caresser son visage sérieux, inquiété par le temps et la vie. Il ne fait pas ses 22 ans, lorsque je le vois je me demande s'il son corps n'est pas rester à ses 16 ans passés mais heureusement ce n'est pas le cas : les cicatrices dans son dos ont disparues, il n'a plus peur de passer la porte de chez lui lorsqu'il rend visite à sa famille. Cela dit, son esprit lui est toujours le même, captivé par le travail et l'épuisement, emplit d'une vague de brume lorsqu'il s'endort. Il fait des cauchemars depuis quelque temps. Je pense que la solitude et la monotonie d'une vie tranquille ne lui convient pas c'est justement pour ça que nous nous sommes engagés dans les forces de l'ordre. Moi pour rester à ses côtés, lui pour oublier sa douleur. Je ne sais pas vraiment quoi faire pour le soigner et pourtant j'ai longuement chercher, je ne peux que me perdre en petites attentions sans intérêt.

Voyant que je restes silencieux, Nathaniel s'est tut et se contente à présent de regarder par la fenêtre le paysage qui défile. Je ne lui ai rien dit de ce que nous allions faire de peur qu'il s'y refuse catégoriquement. Mais je veux le soigner pour son anniversaire, je veux qu'il soit heureux avant de réfléchir aux conséquences qui risque fort de ne pas être mineur. Il va m'en vouloir d'ici quelques jours peut-être même quelques heures à vrai dire. Je prend soin d'attirer son attention chaque fois que nous approchons d'un panneau indiquant notre direction mais Nathaniel est loin d'être stupide et après une heure de route un long soupir s'échappe de ses lèvres.

« Dis moi où on va. J'en ai assez.

-... Non.

-Alors laisse moi descendre.

-Non plus. »

Il me regarde puis regarde la portière de son côté et l'ouvre sans difficulté malgré la vitesse de la voiture. Ses yeux me menaces, je sais qu'il sautera sans aucune difficulté, il s'est suffisamment retrouver dans ce genre de situation pour être capable de s'enfuir. Je sais aussi qu'il préférera mourir que me laisser dominer son esprit alors je vais sur la bas côté et me gare dans un soupir. Il referme la portière.

« Dis-moi où on va, Castiel.

-C'est ton anniversaire...

-Justement.

-... OK. Un refuge. On va dans un refuge.

-Un refuge ?

-Oui. Pour adopter un chat. »

Nathaniel se mit à rire après un court silence puis repris son calme, prenant un air grave pour me questionner du regard.

« T'es sérieux ?

-Oui. On va adopter un chat que tu sois content ou non, compris ? Merde je suis ton petit copain non ?! Fais moi confiance un peu, j'en ai ras le bol d'être pris pour un con par Monsieur Parfait !

-... Je t'ai jamais pris pour un con.

-Alors c'est quoi ton problème ? Tu ne m'aimes plus ? Ça te fais chier que j'existe peut-être ?

-Putain mais tu vas fermer ta grande gueule ?! Laisse moi parler trois secondes ! Tu sais absolument rien de ce que je ressens OK ?! Je suis le seul à savoir ce que je pense ! »

Je garde le silence et redémarre la voiture pour prendre le chemin du retour, mes doigts tapotent le volant, j'ai conscience enfin, que notre relation est foutu. J'ai fait trop de conneries, j'ai cru savoir trop de choses sur lui alors que je ne savais rien. Je suis trop désagréable pour lui permettre de respirer, je ferais mieux d'en rester là, de continuer cette monotonie qui me torture. Laisser chacun de ses baisers me briser le cœur jusqu'à atteindre mon âme et aller y repêcher le peu de larmes qu'il me restera alors. J'ai mal à la poitrine. Est-ce mon cœur qui cri ? Tout devient noir. Un cri. Mon nom ? Nathaniel, c'est toi qui cri mon nom ?

« Castiel ?

-Hm... ? »

J'ouvre péniblement les yeux et regarde sur ma gauche, mes bras me font mal, mes jambes également. Je rencontre son regard brillant de joie comme si... comme si nous étions revenus à notre enfance. Il est si jeune. Son regard se fait sévère alors qu'il dit mon nom plus fort.

« Castiel !

-Quoi... J'suis fatigué laisse moi pioncer.

-Ca fait 2 jours que tu pionces pauvre con.

-... 2 ? Il s'est passé quoi ? … Merde, tu vas bien ?!

-Hein ? Evidement.

-Mais la voiture, je me suis évanouis et...

-La voiture ? Tu étais en moto. Tu t'es pris un arbre.

-... En moto... ?

-Oui. Tu te souviens pas ?

-Non.

-Ca t'apprendra. C'est pas parce que tu à 16 ans que tu peux te permettre des conneries sur la route. Je m'en suis pris plein la gueule à cause de tes conneries, la directrice m'a passer un savon ! Pourquoi tu n'es pas juste venu faire tes corvées ?!

-... mes corvées. La directrice... ? 16 ans ?!

-... Je te laisse te reposer, t'es à la ramasse. Voilà les cours à réviser. »

Il pose des cahiers sur le lit blanc et sort de la chambre en soupirant, pestant entre ses lèvres avec discrétion. Ainsi, j'ai eu un accident de moto hein... Je dois rêver, c'est impossible. Mes yeux se ferment alors que j'essaye de me remémorer la scène. Nous étions dans la voiture pour aller au chenil et puis on s'est disputer, j'ai fait demi-tour. Là tout est devenu noir. Maintenant, je me réveil, Nathaniel est là mais il me parle d'un accident de moto, de 16 ans, de la directrice, de mes corvées ? Je ne comprend rien. Ces choses là n'arrivent pas ? On ne revient pas 6 ans en arrière. Ai-je rêver tout ces moments ? Toute cette peine, cette joie, ces cris, tout ça aurait été imaginaire ? Et mon amour, l'est-il ? C'est impossible. J'ai trop souffert pour que ce ne soit qu'une illusion éphémère. Que se passe-t-il mon Dieu... Explique moi je t'en pris. Dis-moi ce qu'est ce monde où tout est revenus à son commencement.

Le commencement...

Nathaniel et moi ne serions donc pas en couple ? Nos sentiments seraient toujours aussi fort qu'à l'époque ? Aurais-je là la possibilité de revenir sur mes erreurs ? Suis-je... Ai-je la chance de modifier mon passée, mon présent et mon futur ? Alors... Je dois empêcher Nathaniel de m'aimer. Je peux encore lui permettre de ne pas subir notre vie de couple. Je n'ai qu'à disparaître. Je rouvre les yeux et regarde autour de moi. Ces tiroirs doivent bien contenir un quelconque produit mortel en forte dose, ou bien ce drap pourrait me pendre, cette fenêtre je pourrais y sauter, ce ciseau je pourrais le planter dans mes veines. Je pourrais aussi, peut-être, garder la vie pour le voir mûrir, grandir, sourire loin de la douleur monotone de notre vie. Devrais-je choisir de lui interdire des sentiments ou simplement le suivre sans jamais rien lui offrir ?