White Interest – Repeat Number

Une nouvelle collaboration de Yellowstone69 et Arches67, en version bilingue.

Les événements racontés dans cette histoire prennent place dans la continuité immédiate du dernier épisode de White Collar, suite à l'enlèvement de Neal. Côté Person of Interest, l'action se situe au cours de la deuxième partie de la saison 3, avant les épisodes de l'arc final impliquant Samaritan.

Sans être une suite directe à notre histoire "White Interest", il est préférable de l'avoir lue avant pour mieux comprendre les événements de cette fic.

Note : nous avons commencé à penser à cette histoire avant même la fin de saison 5 de White Collar, et démarré l'écriture tout juste après la diffusion du dernier épisode (le kidnapping de Neal était une aubaine inattendue). En juillet 2014, près de 95% de l'histoire était écrite, puis la vraie vie nous a rattrapé et nous n'avons pas pu finir aussi vite que nous l'aurions souhaité. Le premier chapitre de notre histoire a donc été écrit bien avant la diffusion du premier épisode de la saison 6. "Les grands esprits se rencontrent" ? En tout cas, si certaines scènes semblent familières, c'est juste que nous avons eu les mêmes idées que les créateurs, pas du plaggia…

Oubliez la saison 6 de White Collar, les saisons 3 et 4 de Person of Interest, remontez dans le temps et profitez de l'aventure…

Chapitre 1

New York, Roosevelt Island

L'homme aux bottes monta dans le véhicule en faisant un signe de la tête au chauffeur qui démarra aussitôt.

Il jeta un œil à l'arrière de la camionnette. Rick venait de taser l'homme qui continuait à se débattre sous la cagoule noire. Il prit son téléphone et appuya sur une touche.

"Nous avons le paquet."

Il raccrocha sans un mot supplémentaire.

POI - WC - POI - WC - POI - WC

New York, mercredi 10h00, Bureaux du FBI

Plongés dans le dossier du nouveau cas qu'ils devaient résoudre, Diana et Jones faillirent manquer l'arrivée de Peter qui ne s'arrêta même pas pour les saluer. Ils se regardèrent avec incompréhension, leur ancien boss n'était pas censé travailler aujourd'hui, mais plutôt préparer son déménagement à Washington avec Elizabeth.

La soirée d'adieu de la veille avait d'ailleurs été "larmoyante". Peter avait été un patron exceptionnel, la barre était vraiment placée très haute pour son remplaçant. Même si elle le gardait pour elle, Diana considérait que Peter était irremplaçable et avait déjà commencé à songer à son avenir : elle allait demander à le suivre. Elle n'avait pas d'attaches particulières à New York et son précédent séjour à Washington lui avait plu. Y élever Théo ne pourrait que lui être bénéfique.

Elle revint à la réalité en entendant claquer la porte du bureau. Jamais en cinq ans, cela ne s'était produit. Qu'est-ce qui avait bien pu mettre Peter dans cet état ?

Jones la regarda et laissa tomber un seul mot : "Neal".

Au même instant, Peter repensait à son début de journée : un vrai cauchemar ! Les événements semblaient s'enchaîner sans qu'il ne puisse intervenir. Tout d'abord, le coup de fil lui apprenant que la remise de peine de Neal était refusée. L'annoncer à son ami avait été une horreur ; il avait eu le sentiment de le poignarder dans le dos. Il revoyait encore le regard de Neal. Jamais au cours de leur passé, même quand Peter l'avait arrêté, Neal n'avait eu cette expression de détresse.

Même s'il avait encore des doutes quant à sa sincérité en toutes circonstances, il savait que Neal faisait des efforts. En fait, le souhait de Peter était qu'il reste travailler pour lui, non parce qu'il était prisonnier mais bien parce qu'il le souhaitait sincèrement.

La réaction de Neal face à cette décision avait été pour le moins "violente". Il n'oublierait jamais le visage de son ami quand il lui avait expliqué que le FBI ne le relâchait pas car il était devenu un atout du Service, s'il avait été mauvais il aurait été remis en prison. Profondément trahi, Neal avait laissé tomber un laconique "le jeu était truqué depuis le début". Mais ça n'était pas un jeu, c'était la réalité.

Juste après, il avait annoncé à Elizabeth qu'il restait à New York pour s'occuper du cas de Neal et elle lui avait seulement répondu très calmement, qu'elle allait, elle, quand même à Washington. Le poste qu'elle avait décroché à la National Gallery of Art était la chance de sa vie il était hors de question de la laisser passer.

Peter avait acquiescé, pas très sûr de ce choix, et était venu directement à son bureau.

Laisser partir El loin de lui, était-ce vraiment une bonne idée ? Choisir encore une fois Neal était-ce vraiment la chose à faire ? Depuis cinq ans, cet homme avait tout bouleversé dans sa vie, pour le meilleur et pour le pire. Grâce à son arrestation, puis à leur collaboration, il avait accumulé les succès et il était à présent reconnu comme l'un des meilleurs agents du FBI. Ces mêmes liens l'avaient aussi conduit en prison et il avait bien failli y laisser sa carrière ! Maintenant, voilà que, sans le vouloir, il s'immisçait entre Elizabeth et lui. En valait-il vraiment la peine ? Leur relation certes autant amicale que professionnelle méritait-elle qu'il mette son couple en péril ?

Voir leur patron se prendre la tête à deux mains finit par convaincre Diana et Jones de monter le rejoindre.

Le coup frappé à la porte sortit Peter de ses pensées.

"Entrez," dit-il d'un ton bourru.

Au même moment, son téléphone se mit à sonner.

"Agent Burke, que puis-je pour vous ?" répondit-il sèchement.

Le visage de Peter se ferma peu à peu tandis qu'il écoutait attentivement les paroles de son interlocuteur. Il se releva brusquement et se mit à hurler au téléphone.

"C'est une blague de mauvais goût que vous êtes en train de me faire ? Ca fait trente minutes que Caffrey a quitté son rayon autorisé et vous ne me prévenez que maintenant ?" Peter reprit son souffle.

"Des agents sont en route pour intercepter Caffrey ? J'espère bien, bande d'incom…"

Diana venait d'arracher le téléphone des mains de Peter et conclut la conversation en disant qu'ils rappelleraient dans quelques minutes.

Un peu surpris par le geste de Diana, Peter commença à faire faire les cent pas pour s'arrêter aussitôt, l'espace de son bureau ne lui permettant guère de se déplacer. Il se tourna vers la fenêtre et frappa sa main d'un geste rageur contre la vitre en marmonnant, "quand je pense que je lui ai dit ce matin, 'surtout ne fait rien de stupide, tout n'est pas fini'."

"Peter, peux-tu nous dire ce qui te met dans cet état?" demanda calmement Diana.

Peter sembla enfin se souvenir que ses agents étaient en face de lui. Il poussa un soupir et s'excusa pour son attitude, leur expliquant que le bureau des Marshals venait de lui annoncer que Neal avait quitté son rayon autorisé et se dirigeait à vive allure en direction du nord.

Craignant de ne réveiller à nouveau la colère de son boss, Jones demanda prudemment.

"Sais-tu pourquoi il aurait fait cela ? Je n'ai pas bien compris le sens de la dernière phrase que tu as prononcé au milieu de ta diatribe. Pourquoi Neal aurait-t-il fait quelque chose de 'stupide' ?"

"La demande de liberté de Neal a tout simplement été refusée, j'ai partagé l'information avec lui tôt ce matin," répondit Peter, d'un ton las.

Jones et Diana le regardèrent bouche bée, totalement pris au dépourvu par cette nouvelle.

"Dans les grandes lignes, le directeur du FBI a dit que Neal avait gâché toute chance de libération à cause de son escapade au Cap Vert. De plus, le bureau ne veut pas le relâcher car il devenu un atout important dans la résolution des cas," compléta Peter.

"Je pensais sincèrement que cette fois-ci, la liberté de Neal était acquise. J'avais moi-même discuté avec l'avocat général, il n'y a pas deux jours et il semblait convaincu que ça n'était qu'une simple formalité. Je ne comprends toujours pas ce retournement de situation," ajouta encore Peter.

"Pas croyable," murmura Diana.

L'agent reprit le téléphone et contacta le bureau des Marshals qui l'avait prévenu, dix minutes auparavant.

Diana et Jones l'entendirent s'excuser avant toute chose. La conversation dura de longues minutes. Ils entendirent Peter annoncer qu'il se chargerait, personnellement, de ramener Neal, pour le mettre entre les quatre murs d'une prison, cette fois.

Une fois le téléphone raccroché, il se tourna vers ses deux meilleurs agents.

"Les Marshals viennent d'intercepter le pick-up dans lequel se trouvait le signal GPS mais Neal n'était pas à l'intérieur. Cela aurait été trop facile... Apparemment, le bracelet a été ouvert proprement, avec une clé. Quelque chose m'échappe, normalement, seul le Marshal en charge du suivi de Neal possède la clé capable de le déverrouiller sans lancer l'alerte."

Un point à éclaircir, nota-t-il pour lui-même.

"En attendant, Neal est dans la nature." Il poussa un soupir. "Diana, commence à rassembler une équipe de confiance pour traquer Neal".

Diana eut subitement une idée.

"Peter, avant d'ameuter la cavalerie, puis-je passer un coup de fil à Mozzie ?" demanda-t-elle. "S'il ne répond pas, cela renforcera la thèse de la fuite, s'il répond…"

"Je suis persuadé qu'il ne va pas répondre," l'interrompit Peter.

Diana composa néanmoins le numéro de Mozzie sur son portable et mit le haut-parleur.

"Allo ? Bonjour Diana, Théo a besoin de sa nounou préférée ?", répondit Mozzie d'une voix joyeuse.

Diana vit l'expression de consternation sur le visage de Peter qui fixait le téléphone d'un air surpris. Il semblait totalement persuadé que Neal était en fuite or Neal en fuite signifiait normalement que Mozzie l'était aussi. Il ne s'attendait absolument pas à ce que celui-ci réponde au téléphone, encore moins de sembler aussi détendu au bout du fil.

"Désolé, Mozzie, ce n'est pas l'objet de mon appel. As-tu vu Neal aujourd'hui ?" répondit Diana.

"Je l'ai vu brièvement ce matin après sa discussion avec Peter. Il était furieux, ce qui est compréhensible. Mais pourquoi cette question ?" demanda Mozzie.

"Il n'est toujours pas arrivé au bureau," répondit Diana.

"Diana, il se passe quelque chose, n'est-ce pas ?" demanda Mozzie, soudain inquiet. "Tu ne m'aurais pas appelé sinon. Ce n'est pas la première fois que Neal n'arrive pas à l'heure."

"Mozzie, c'est Peter. Neal ne porte plus son émetteur. Il est désormais considéré comme étant en fuite. Etais-tu au courant ? T'a-t-il dit quelque chose ?" interrogea Peter, d'un ton toujours agacé.

"Non ! Il ne m'a rien dit de tel. Il ne s'est pas conduit avec moi comme quelqu'un qui allait s'enfuir peu après. Nous avions même des engagements pour demain soir," eut le temps de répondre Mozzie, avant que Peter ne lui coupe la parole.

"Mozzie, n'essaie pas de gagner du temps pour ton ami, dis-moi la vérité !" s'énerva de nouveau Peter.

"Du calme, je n'y suis pour rien, moi ! Tu m'as posé une question, j'y réponds. Je suis sûr que Neal ne cherchait pas à s'enfuir," ajouta Mozzie, clairement agacé.

"Peter, il est peut-être temps de voir l'affaire sous un autre angle," intervint Diana. "Il se pourrait qu'il soit arrivé quelque chose à Neal, tu ne crois pas ?"

"Tu as une idée ?" répliqua Peter.

"On pourrait peut-être passer chez Neal et fouiller l'appartement pour trouver des indices qui confirmeraient ou infirmeraient ta thèse de la fuite avant de lancer toutes les forces des Marshals et les nôtres aux trousses de Caffrey, qu'en dis-tu ?" proposa Diana.

"D'accord pour la fouille de l'appartement. Mozzie, tu nous retrouves là-bas et tu attends dehors si tu arrives avant nous," ordonna Peter.

Il enchaîna, "je ne voudrais pas que tu compromettes les recherches. Et je compte sur toi pour nous montrer tous les recoins secrets de cet appartement. Je suis sûr que tu connais tous."

"Je suis ravi d'avoir toute ta confiance," répondit Mozzie d'un ton sarcastique, contrarié par cette nouvelle preuve de méfiance que Peter venait de diriger contre lui.

POI - WC - POI - WC - POI - WC

Déjà plus d'une heure qu'ils fouillaient l'appartement. Mozzie leur avait indiqué toutes les cachettes qu'il connaissait, ou presque. Ils avaient mis la main sur quelques bons au porteur, une pierre précieuse à la provenance et valeur douteuse, un rouleau de lettres destinées à Kate, quelques clichés en galante compagnie dans de nombreuses villes européennes, l'adresse de contacts un peu partout dans le monde. Mais rien de révélateur…

Mozzie hésitait à indiquer l'endroit où Neal cachait ses passeports. S'ils y étaient, c'était sa théorie qui était prouvée ; Neal avait disparu mais pas de son plein gré. S'ils n'étaient plus là, Neal leur avait menti à tous, même à lui. Avait-il vraiment envie de savoir ?

"Mozzie, encore d'autres caches à nous révéler ?" demanda Jones.

"Une dernière," répondit-il, le ton sombre.

Il se dirigea vers le meuble du salon et toucha l'une des colonnes. "Le moment de vérité," murmura-t-il pour lui-même.

Il plongea la main dans l'espace ainsi découvert et en ressortit la boîte qu'il pensait y trouver.

Jones s'en empara et l'ouvrit.

C'est ainsi qu'ils découvrirent, tous en même temps, les passeports de Neal.

"Tu vois, il ne s'est pas enfui ! Tout ce qui aurait pu lui permettre de passer une frontière est là," lança Mozzie, d'un ton acerbe en direction de Peter.

L'agent ne savait plus quoi penser. Il était tellement persuadé que Neal s'était enfui qu'il avait du mal à envisager une autre voie.

Les agents rassemblèrent les quelques éléments trouvés et quittèrent peu après le refuge de Neal. Mozzie fut autorisé à rester un moment.

Un agent fut laissé en faction devant l'appartement.

Mozzie attendit quelques minutes puis entreprit une nouvelle fouille méthodique de l'appartement. Il avait été obligé de révéler une grande partie des planques de Neal mais il avait réussi à en conserver quelques-unes pour lui.

Un quart d'heure plus tard, il se laissa tomber sur le canapé avec un soupir, découragé.

Cette recherche avait mis à jour quelques secrets intéressants au sujet desquels il avait hâte de taquiner Neal, mais absolument rien ne laissait penser qu'il avait pu prendre la fuite. Les passeports, l'argent liquide qu'il venait de découvrir, tout était là.

Il n'avait aucune raison de penser que son ami aurait pu partir après lui avoir demandé de l'aider à disparaître. Il avait cependant essayé de garder l'esprit ouvert à cette éventualité. Mais objectivement, cela n'avait aucun sens.

Ce qui ne laissait qu'une possibilité... Il n'osait même pas se permettre d'envisager une autre issue bien plus tragique.

Il en mettrait sa tête à couper : Neal avait été kidnappé.

Quant à envisager un responsable… leur passé était bien trop compliqué pour échafauder la moindre hypothèse à ce stade.

Laissant son esprit vagabonder, son regard tomba sur la dernière boîte qu'il venait d'extraire du dressing de Neal. Elle contenait deux téléphones. Celui dont ils se servaient tous les deux pour communiquer dans certaines circonstances. Paranoïa quand tu nous tiens ! Et un autre qu'il ne reconnaissait pas.

Soudain, il se souvint.

C'était le téléphone que John Reese avait donné à Neal, un an auparavant quand Keller avait enlevé Sara pour mettre la main sur leur trésor.

Bizarre que Neal ne se soit pas débarrassé de l'objet… Il était lié à bien trop de mauvais souvenirs.

Le mystérieux ange gardien de Neal s'était manifesté quand la vie de son ami avait été menacée. Agissait-il en mercenaire ? Quel serait son prix si Mozzie le contactait pour lui demander de l'aide ? En y repensant, il doutait qu'il y ait la moindre demande financière. Leur motivation était toute autre. Finch, son associé, semblait avoir accès à une réserve de fonds illimitée. Il fallait juste espérer qu'il soit tout simplement prêt à les aider. L'agent avait semblé apprécier Neal. Peut-être accepterait-il de faire quelques recherches.

Avant même d'y avoir vraiment réfléchi, sa main s'était emparé du téléphone. Restait à trouver un chargeur compatible.

POI - WC - POI - WC - POI - WC

Mozzie avait les yeux fixés sur la jauge de la batterie. Charger ce mobile semblait prendre des heures.

Quand enfin il s'alluma, Mozzie s'aperçut que ses mains tremblaient tandis qu'il appuyait sur une touche en priant pour que le numéro de John soit toujours actif.

L'attente semblait interminable. Il retint son souffle en entendant la tonalité de la sonnerie, puis resta pétrifié quand une voix familière répondit.

"Neal ? Je t'avais pourtant demandé d'éviter les ennuis."

A suivre…


Bonjour à nos lectrices enthousiastes de la 1ère histoire, si vous passez par là ... la gestation de celle-ci a été longue et compliquée mais la voilà enfin ... Tout est écrit ... On espère qu'elle vous plaira ... A bientôt