Avant-propos:
J'ai commencé à écrire Code Alpha quand j'avais 16 ans. Je vais en avoir 20 d'ici peu, et j'écris toujours Code Alpha. Je me suis rendu compte qu'avec quatre ans de recul, je n'étais pas très fier du résultat de Code Alpha 1.0. Déjà, c'était mal écrit, ensuite j'étais horriblement niais dans ma vision du monde. Mais ça encore n'était qu'un détail. J'ai réalisé que cette première partie n'était pas du tout en accord avec la seconde (Code Alpha 2.0, que je n'ai pas publié sur ce site) parce que je n'avais pas les mêmes idées à l'époque que maintenant.
Donc, version 2. Qu'attendre de cette version 2 ? Dans les trois premiers chapitres, des détails, puis j'ai commencé à tout réécrire. Mon but est de mieux caractériser les personnages, préparer le terrain pour Code Alpha 2.0, rendre la trame plus adulte et plus complexe. Je vais même me payer le luxe de rajouter un personnage sur le devant de la scène. Mais chut, je vous laisse découvrir.
Introduction : Un Vrai Génie
*Antoine*
Des génies de l'informatique, il y en a peu. Je veux dire, de vrais génies. Je ne vais pas me gonfler de fausse modestie, je pense être plus que simplement doué. Si la perfection devait avoir un seuil, je serais sans doute ce qui s'en approcherait le plus, dans ce domaine en tout cas. Je suis un véritable artiste des ordinateurs. Rien ne m'échappe en programmation, encodage, décodage. Mais comme tout artiste, je suis un incompris. Faudra t-il que je meure pour que mon talent soit enfin découvert, à l'instar de Picasso ou Van Gogh ? Il faut dire que de l'extérieur, je frise la médiocrité. Mon esprit hors du commun étant mon seul atout, mon physique laisse vraiment à désirer. Maigre, pâle, lunettes, tant de caractéristiques qui forceront tout interlocuteur à me ranger dans une classe bien peu honorable, celle de simple utilisateur des nouvelles technologies, en termes plus vulgaires, un geek, un no-life qui passerait sa vie juste a jouer aux jeux vidéos, sans objectif autre que de se détendre et d'oublier sa vie morne. Ces gens-là ne sortiront pas de l'ombre dans laquelle leur vie les à plongés, contrairement à moi, qui serai bientôt reconnu à ma juste valeur… Je m'appelle Antoine Belpois, retenez bien mon nom, car je suis destiné à de grandes choses ! Contrairement à mon père, cet imbécile pourtant pourvu de nombreuses capacités qu'il a choisies de ne jamais utiliser, moi je ne resterai pas dans l'anonymat. J'ai hérité de ses qualités, c'est certain, mais pas de ses défauts. Mon chemin est tout tracé vers la gloire, mais quel destin m'attend ? Vais-je développer un nouveau support d'exploitation, plus performant et efficace que les autres ? Vais-je me consacrer à simplement développer des applications et des jeux vidéos, destinés à ceux que j'exècre au plus haut point ? Non, ce qui m'attend m'emmènera vers des cieux bien plus hauts, reste à savoir comment les atteindre.
« Belpois ? Vous dormez ? »
J'ouvris les yeux en sursautant. Tous les élèves de la classe avaient le regard pointé sur moi, un sourire narquois aux lèvres. J'entendis quelques rires derrière moi. J'avais, et j'ai toujours, horreur de ce genre de situation. Ces gens se sentaient supérieurs parce que je n'étais pas dans la normalité, mais si être normal, c'était abandonner mes rêves, alors ce n'était pas pour moi. Mon voisin de droite, Jean, s'écria à haute voix :
« Alors le geek, t'as encore passé la nuit sur ton ordi' ?»
La classe éclata de rire, je serrai le poing, bien décidé à ne pas me laisser faire cette fois.
« Oui. Ça te dérange ? »
Il ricana, me montrant ses dents jaunes. Je crois que je n'avais jamais autant détesté quelqu'un de ma vie.
« Tu fais pitié, va t'acheter une vie et reviens me voir. »
Nouveaux éclats de rire. L'enseignante tentait tant bien que mal de calmer le jeu. Jean était sportif, populaire et souriant. Tout mon contraire. Dans ma situation déjà peu enviable, il aurait mieux vallu que je laisse couler. Mais malheureusement, l'énervement rapide était un de mes rares défauts. D'après ce que ma tante m'avait dit d'eux, mes parents n'avaient pourtant pas été colériques, je ne savais donc pas de qui je pouvais tenir ça. Enfin, toujours était-il que dans un sursaut insensé, je frappai mon rival au visage, en visant son gros nez de fils d'alcoolique. J'entendis un crac, et après ce petit son, plus personne ne fit le moindre bruit dans la salle. Personne ne s'était attendu à ce que moi, l'intello geek de la classe ose faire ça… Comme il est vilain de juger sans connaître ! Je n'eus malheureusement pas le temps de savourer ma victoire, que déjà Madame Boulanger beuglait :
« Antoine ! Jean ! Vous filez tout les deux chez le sous-directeur ! »
Ce n'était pas sans être fier de moi que je me rendis dignement dans le couloir, suivi de l'autre idiot. C'était d'ailleurs la première fois que je me rendais dans le bureau du sous-directeur pour une raison de discipline, comme quoi il y avait bien un début à tout.
Au bout de quelques minutes de marche silencieuse (il était hors de question que je lui fasse la conversation), nous arrivâmes au bureau tant redouté par la plupart des élèves. Depuis la privatisation du collègue Kadic, les sanctions étaient devenues beaucoup plus lourdes, ne laissant pratiquement pas de seconde chance. Ainsi beaucoup de ceux qui se rendaient dans la pièce derrière cette terrifiante porte ne revenaient pas en cours. L'image de l'établissement était primordiale, et les trouble-fêtes n'étaient pas les bienvenus. C'est à ce moment là que la panique s'empara de moi. Je n'avais jamais eu de problèmes jusque là... je ne pouvais pas tout faire rater à trois ans de l'examen final !
« Bon, Jean… tu veux bien toquer à la porte ? » chuchotai-je à mon rival.
« Pffff… froussard. » s'exclama t-il dans un soupir.
Il avait beau être méprisable, il ne manquait pas de courage, car sautant l'étape «frapper et attendre qu'on nous réponde », il ouvrit la porte. Une voix désagréablement aiguë se fit entendre, nous faisant sursauter tous les deux.
« Qui vous a dit d'entrer ? »
Nous pénétrâmes dans la pièce, tout doucement. Personnellement, je tremblais de peur. Le collège et lycée Kadic était un des derniers qui m'avait accepté. Le sous-directeur était assis derrière son bureau, nous observant sévèrement. C'était un petit être avec le visage couvert de rougeurs, sans doutes dues à une acnés dévastatrice dans sa jeunesse. Il était petit en taille, mais sa chaise était surélevée, comme pour pouvoir regarder les élèves de haut. Malgré sons aspect assez grotesque, il était très redouté. Personne ne voyait jamais le directeur du lycée, officieusement ce poste était donc occupé par son adjoint qui faisait respecter le règlement intérieur avec une main de fer. C'était la première fois que je le rencontrais, et j'aurais vraiment préféré que ce jour n'arrive jamais.
« Désolé, j'allais pas attendre dix minutes dehors. Le chauffage ne marche pas et il fait froid. » fit une voix désinvolte à côté de moi.
Je regardais Jean les yeux écarquillés. En commençant comme ça, on perdait notre unique chance de s'en sortir. Et si je me faisais renvoyer de Kadic... Non, je préférais ne même pas imaginer les conséquences que ça pourrait avoir !
« Insolent !... Vos noms. »
« Jean Schmidt, et l'autre là, c'est Antoine Belpois. »
Il se tourna vers moi, me regardant bizarrement, murmurant dans sa barbe quelque chose que je crus percevoir comme « le fils de Jérémie… ? ». Il se ressaisit et pianota sur les touches de son ordinateur, avant d'éclater de rire et de nous dire de sa petite voix :
« Si je le voulais, je pourrais vous faire exclure demain, mais je suis de bonne humeur. »
Il ouvrit un dossier et en lisant rapidement les pages, il rajouta avec un rictus sur le visage que je ne pouvais identifier que comme un sourire :
« Vous deux êtes au fond du trou, si vous partez de Kadic, ils ne vous accepteront nulle part ailleurs. Jean, tes bagarres intempestives exaspèrent tes professeurs, d'ailleurs pour une fois que c'est toi qui as le nez cassé... »
Il me regarda de nouveau, et avant qu'il ne commence à parler, je m'écriai, tel un avocat dans une audience perdu d'avance :
« Mais moi monsieur je suis un bon élève, et je n'ai aucun problème de disci… »
« Silence ! C'est moi qui autorise les élèves à parler ! Tu as beau être sérieux, tu passes ton temps à dormir en cours, et tes résultats en souffrent ! Pas pour rien que tu t'es retrouvé ici, Belpois. »
Je fus soudain mal a l'aise. Il avait raison, si j'échouais ici, je n'aurais plus aucune chance d'avoir un bon cursus scolaire, et donc d'atteindre mon rêve. Le sourire réapparut sur le visage du sous-directeur. J'avais la nette impression qu'il appréciait grandement ce qu'il était en train de faire.
« Mais comme je l'ai dit, je suis de bonne humeur. Vous n'aurez donc qu'une journée d'exclusion et des retenues tous les soirs jusqu'à nouvel ordre… ensemble. En plus de travail scolaire, il se peut qu'on vous confie des travaux d'intérêt général. Au moins, vous apprendrez le travail d'équipe. Et ça ne s'arrêtera que quand votre entente sera satisfaisante. »
Je mis quelques secondes à comprendre ce que cela impliquait. Être tout les soirs… à travailler… avec lui ?! C'était inconcevable. Nous étions totalement opposés, et nous nous détestions. Cela allait être l'enfer, comme lui comme pour moi. Certes, cela valait mieux que l'exclusion définitive mais...
« Maintenant sortez, avant que je ne change d'avis ! »
Nous nous exécutâmes, toujours surpris par cette affreuse nouvelle. Une fois dehors, je regardais Jean avec mépris et m'exclamais :
« Tout ça c'est de ta faute, si je me fais virer à cause de toi… »
A ma grande surprise, il ne prit pas en compte mon agressivité et déclara simplement :
« Calme toi le geek. T'as suivi ce qu'il nous a dit ou pas ? Si on veux s'en sortir va falloir s'entendre. Et crois moi, j'en ai autant envie que toi mais je pense pas qu'on ai le choix.»
Je me mordis les lèvres et retrouvais mon calme. Mon impulsivité m'avait une fois de plus mis dans une situation assez embarrassante. Mais ce n'était rien. J'avais une confiance absolue en mes capacités, et cette petite épreuve qui se dressait sur mon chemin, j'allais la pulvériser !
*?*
Le sous-directeur attendit patiemment que les deux élèves soient loin en écoutant derrière la porte. Enfin, pour lui, être patient, c'était trembler de tout son long. Réussir à effrayer les élèves, c'était quelque chose de vraiment fatiguant et il n'avait pas l'impression que cela ait bien marché avec Jean Schmidt. Un vrai petit rebelle celui là. En temps normal, il l'aurait fait exclure rapidement pour ne pas perdre la face mais il avait fait une découverte beaucoup trop intéressante pour se le permettre. Comment avait-il pu passer à côté de ça ? Le nom de famille aurait dû lui sauter aux yeux !
« Belpois. » murmura t-il.
C'était vrai qu'il ressemblait beaucoup à son père. Beaucoup trop à son goût. Il retourna rapidement à son bureau, respira un bon coup et composa le numéro de téléphone qu'il n'avait pas osé appeler depuis de très longues années.
« Bonjour monsieur le Directeur, c'est monsieur Poliakoff a l'appareil. »
Sa voix tremblait, et le reste de son corps suivit rapidement quand la voix de son interlocuteur se fit entendre.
« Je suis votre sous directeur si vous ne vous en souvenez pas... »
Il avait tout à coup une envie de raccrocher, mais se retint. Il était un adulte désormais. Un adulte respectable.
« Oui, je sais, je ne dois vous appeler qu'en cas d'urgence, mais j'ai peut-être une information qui vous sera utile... J'ai pour élève cette année un certain Antoine Belpois… Je savais que ça vous intéresserait ! Très bien ! Je vous tiendrai au courant ! Euh non, mon nom est Nicolas… »
