Disclaimer: Salut à tous ! Depuis le temps que je brûlait d'écrire une fanfic sur Hakuouki, enfin je me suis lancée. Alors, les personnages de Hakuouki ne m'appartiennent pas mis à part Bara et peut-être quelques autres personnages.

Je vous souhaite à tous une bonne lecture, et si ça ne vous ennui pas trop, une petite review pour me dire ce que vous en avez pensé serait sympa. =)


Chapitre 01

Ce qu'il convient de faire

C'était bien sa veine. Elle soupira encore un moment, totalement désabusée à la vue des hommes qui, complètement alcoolisés, se sautaient à la gorge, dévastant les shojis et renversant la nourriture et le saké sur le tatami. Elle n'était pas là depuis longtemps. Une des Geishas de Shimabara, la maison de passe où elle se trouvait, l'avait sauvée devant l'établissement quelques semaines plus tôt. Elle avait perdu connaissance et, chose étonnante, ne se souvenait de rien, même pas de son identité. Les Geishas l'avaient alors prise sous leur aile et l'avaient baptisée Bara car elles l'estimaient aussi belle et dangereuse qu'une rose.

Elle avait donc commencé à être initiée par les Geishas sans pour autant comprendre où sa vie allait la mener. Elle n'avait aucune dette à payer, elle pouvait partir quand elle le voulait, Kimigiku avait été claire sur ce point. Mais quand bien même pouvait-elle partir... pour aller où ? Elle ne se souvenait de rien. Elle rouvrit les yeux sur la scène qui se déroulait dans la pièce et se demanda ce qu'elle allait bien pouvoir faire pour stopper ce massacre. Ces hommes étaient bien trop alcoolisés pour l'écouter, peu importe ce qu'elle dirait.

Elle se résolut à quitter l'endroit pour aller chercher de l'aide auprès de Kimigiku qui était l'aînée à laquelle elle devait se référer en cas de problème. Cette dernière se trouvait dans une pièce à quelques mètres, de grande envergure où elle distrayait des samouraïs. Si elle avait bien compris, il s'agissait du Shinsengumi. Elle s'excusa avant d'entrer et, à genoux devant l'entrée, s'adressa à Kimigiku.

- Kimigiku-san, je ne sais plus quoi faire, ça dégénère là-bas, souffla-t-elle.

- Oh... J'arrive Bara-chan, dit-elle avant de s'excuser devant les hommes qui la regardaient avec surprise.

Elle n'osa pas relever la tête et laissa Kimigiku aller à la pièce d'où elle venait. Elle n'osait pas la suivre pour faire face aux soudards, trop honteuse de ne pouvoir s'occuper elle-même de la situation. Elle entendit un raclement de gorge et releva la tête vers les hommes qui la regardaient, accompagnés d'une gamine.

- Peux-tu me resservir du saké ? s'enquit un des hommes aux cheveux châtains et aux yeux émeraudes.

- O-oui, tout de suite, fit-elle avant de prendre la bouteille de saké laissée par Kimigiku et de servir l'homme. Navrée du dérangement, je ne suis encore qu'une novice...

- Ah, je croyais pourtant que les Geishas de Shimabara étaient élevées dés l'enfance, s'étonna l'homme dont un bandeau vert saillait le front.

- Je ne suis pas ici à cause de dettes, répondit-elle en souriant timidement.

Elle n'eut pas le temps d'en dire plus, Kimigiku s'excusa et entra à nouveau, s'agenouillant à côté de Bara. Elle jeta un regard chaleureux à cette dernière et lui frictionna l'épaule.

- Tu as dû avoir peur petite, je suis navrée de t'avoir laissée t'occuper de ces rustres... s'excusa la Geisha avec un air maternel.

- Ce... ce n'est rien, murmura Bara en baissant la tête. J'aurais dû mieux m'en sortir... Apparemment je ne peux être qu'un poids... soupira-t-elle. Désolée du dérangement, Kimigiku-san, réitéra-t-elle avant de s'incliner et de sortir de la pièce en s'inclinant également à l'intention des hommes présents.

Une fois qu'elle eut quitté la pièce, Kimigiku reprit son travail en se demandant si Bara réussirait à s'en sortir avec les prochains clients. Cette gamine n'avait vraiment pas de chance. Elle ne s'expliquait toujours pas ce qui avait pu se passer pour qu'elle se retrouve inconsciente devant cette maison de passe. Cependant, elle se devait de la protéger des hommes qui n'hésiteraient pas à s'en prendre à cette pauvre fille sans défense.

- Hey Kimigiku-san, qui était cette enfant ? s'enquit Nagakura une fois qu'il eut fini son saké.

Kimigiku se contenta de sourire à cette question avant de réfléchir à ce qu'elle allait pouvoir dire. Elle se força à garder une expression souriante pour ne pas se faire démasquer et finit par décider que dire la vérité ne ferait certainement pas de mal.

- Bara a été retrouvée inconsciente devant Shimabara, d'où le nom que nous lui avons donné. Elle n'a aucune connaissance de sa vie passée, ce qui la rend vulnérable en dehors de la protection que lui offrent nos murs.

- Alors elle n'est pas vraiment l'une des vôtres ? s'enquit Heisuke.

- Elle est notre protégée et fait tout ce qu'elle peut pour nous aider... Cependant je sais qu'elle n'est pas à sa place ici, finit-elle par dire.

Chizuru regarda tour à tour les fabuleux guerriers du Shinsengumi, se demandant où cette conversation allait mener. Soudain un cri retentit. Ils furent immédiatement sur le qui-vive et Kimigiku fut un moment inquiète.

- Lâchez-moi ! criait une voix de l'autre côté du shoji.

- Aller, juste un petit moment, fit une voix enjouée.

- Lâchez-moi tout de suite espèce de brute illettrée ! fit alors la voix, plus sérieuse cette fois.

Kimigiku ouvrit un peu le shoji et tous se penchèrent derrière elle pour découvrir une scène plus ou moins courante dans ces endroits là. Une Geisha était visiblement en train de se débattre, cherchant à se défaire de l'emprise d'un homme d'un âge moyen semblant avoir abusé du saké.

- Tsubaru-chan, baisse-toi ! s'écria une autre voix.

Quelle ne fut pas la surprise de tous de voir Bara, seau d'eau en main, envoyé le contenu glacé au visage de l'agresseur avant de tirer l'autre femme derrière elle, tenant son seau devant elle, prête à s'en servir pour le frapper s'il approchait. Heureusement pour elles, des hommes vinrent raccompagner le perturbateur hors de Shimabara, laissant ainsi respirer les femmes. Le soulagement fut si soudain que Bara tomba à genoux, haletant un peu.

- Bara-chan, Tsubaru-chan, allez vous reposer, fit Kimigiku en leur souriant.

Tsubaru s'inclina avant d'aider Bara à se relever et elles se dirigèrent vers leur chambre qu'elles partageaient depuis l'arriver de cette dernière. Chacun retourna à ses occupations.

- Elle a du cran, la gamine, remarqua Okita.

- Bara a un instinct assez protecteur, surtout quand il s'agit de Tsubaru, sourit Kimigiku.

Tous oublièrent finalement les événements qui venaient de se passer et repartirent dans leurs joyeuses conversation et leur amusement mutuel. Ils burent et rirent tant qu'ils purent avant de finalement repartirent. Harada se fit un point d'honneur de soutenir Nagakura qui avait vraiment trop bu tandis que Chizuru supportait Heisuke qui était déjà plus de son gabarie.


Le lendemain, Bara se réveilla en sueur. Sa nuit avait été très loin de la tranquillité et des cauchemars avaient ponctués son sommeil du début à la fin. Tsubaru dormait encore, si bien que la jeune fille se dirigea vers la fenêtre pour regarder le ciel. Elle s'habilla et fit coulisser doucement le shoji pour sortir. Elle descendit les escaliers et alla ensuite à l'entrée de la maison de passe. Habillée comme elle l'était, elle ressemblait à une jeune fille normale, alors elle pouvait sûrement s'aventurer à l'extérieur de ce quartier.

Le matin était frais et agréable. Elle décida d'aller découvrir un peu Kyoto, curieuse. Elle espérait aussi que déambuler par-ci par-là l'aiderait à se rappeler qui elle était. Elle découvrit pleins de choses, des étalages avec plein de belles choses, des broches et autres petites babioles. Elle se faisait l'effet d'une gamine découvrant le monde pour la première fois. Avec ses bons côtés... et ses mauvais...


- Nous partons, fit Okita, emmenant sa division patrouiller.

- Faites attentions à vous, Okita-san, lui parvint la voix de Chizuru.

Il eut un sourire en coin et partit sans se retourner. En quelques mois, elle avait réussi à se faire une place parmi eux. Même s'il l'avait tout d'abord considérée comme un poids inutile auparavant, elle s'avérait être la principale cause du bon moral qui régnait au quartier général. Elle apportait une brise d'air frais qui n'était pas aussi désagréable qu'il l'aurait cru. Kondô s'était pris d'affection pour elle, c'était également le cas de Sanosuke, Heisuke et Shinpachi.

La patrouille commença et il fit de son mieux pour se concentrer sur cela malgré la toux qui menaçait de se déclencher à chaque moment. Ces pensées n'étaient certes pas agréables, c'est pourquoi il fut reconnaissant envers les rônins qui venaient de déclencher un combat avec son unité. Au moins, cela allait l'empêcher de penser à ses problèmes.

Il évita une lame, dégaina son katana et frappa si vite que son adversaire n'eut pas le temps de l'esquiver. Le sang gicla sur Okita et tâcha de rouge son haori bleu. Il regarda son adversaire avec un regard hautain avant de laisser dériver ses yeux sur ses hommes. Aucun ne semblait avoir souffert de blessures, ce qui était une bonne chose. Il ordonna alors de poursuivre la patrouille comme prévu. Avant de les suivre, il se mit à tousser violemment, caché par un mur. Ce que cela pouvait l'énerver.

Ils arrivèrent au cœur de la ville et firent attention au moindre détail. Okita, tâché de sang, effrayait la plupart des passants mais ne semblait pas s'en soucier. Il marchait, fier, cherchant du regard la moindre personne suspecte. C'est alors qu'il la vit, elle. Il fut surpris de la voir parmi la foule, hors de Shimabara. Avec un sourire en coin, il se dirigea vers elle.

- Que fait Bara-chan hors de ses murs protecteurs ? s'enquit-il en venant près d'elle.

Elle rougit violemment et fit de son mieux pour garder contenance. Elle se redressa et ficha ses yeux dans les siens. Elle lui sourit gentiment et lui rappela qu'elle n'était pas une vraie Geisha et que, de ce fait, pouvait aller où elle le souhaitait.

- Kimigiku-san nous en avait parlé, mais je ne pensais pas que tu oserais quitter ton refuge, sourit-il.

Il l'observa avec attention. Ses longs cheveux noirs retenus en une simple queue de cheval par un foulard lui descendaient dans le bas du dos et brillaient avec la lumière, lui donnant ainsi de jolis reflets bleutés. Ses yeux révélaient toute l'innocence du monde et la curiosité incommensurable. Ils étaient d'un magnifique vert émeraude, tout comme les siens. Elle avait cependant quelque chose qui, comme chez Chizuru, lui donnait envie de la taquiner.

- Bien, fais attention à toi, Bara-chan, fit-il en allant rejoindre son unité pour continuer à patrouiller.

Bara ne put détacher son regard de lui lorsqu'il s'éloigna avec ses hommes. Il se tenait droit et avait une prestance qu'elle trouvait très appréciable. Il semblait également dégager une certaine confiance en lui-même qui faisait plaisir à voir.

Au bout d'un moment, elle se décida à rentrer. Elle n'avait rien à faire ici à présent. Elle avait eut le temps de faire son tour et avait pu découvrir la ville, cela lui suffisait. Repensant à cet homme qu'elle avait déjà vu, et dont elle ne parvenait pas à se rappeler le nom (probablement ne l'avait-elle pas entendu auparavant), elle eut un sourire sur les lèvres tout le long du trajet.

- Tsubaru-san, fit-elle en arrivant à Shimabara.

- Bara-chan, où étais-tu ? Je me suis fait du souci pour toi ! s'exclama-t-elle en venant la serrer dans ses bras.

Bara ne sut que répondre à cela. Elle n'avait pas pensé au fait que Tsubaru s'inquiéterait pour elle. Mais Bara n'en pouvait plus de rester entre quatre murs. Elle avait besoin d'espace, de liberté. Ici, elle n'était rien de plus qu'une fleur en captivité.

- Tsubaru-san... murmura-t-elle. J'étouffe ici. Je pense que je vais finir par partir finalement...

Tsubaru regarda son amie avec un air surpris, avant de finalement sourire comme le ferait une grande sœur. Elle posa sur elle un regard doux ainsi qu'une main chaleureuse sur son épaule avant de répondre :

- Je suppose que tu n'es pas faite pour la captivité... tu es sauvage, déterminée... quelque soit ton choix, souviens-toi que tu trouveras toujours refuge ici.

Bara la regarda s'éloigner avant de monter dans sa chambre. Elle allait rester encore un peu. Sinon... qui serait là pour tirer Tsubaru des griffes des hommes rudes et alcoolisés ? Alors elle devait rester encore un peu... juste un peu. Mais après cela, où irait-elle ?


- Bonsoir, je suis Bara, je suis à votre service ce soir, fit-elle en s'inclinant.

- Oh... n'est-ce pas la gamine qu'on a vu la dernière fois ? s'enquit une voix qu'elle reconnut.

Elle releva la tête pour croiser le regard ambré d'un homme qu'elle avait déjà vu. Elle ne se souvenait pas de son nom, mais elle savait que c'était l'un des membres du Shinsengumi. L'autre était Nagakura. Il venait si souvent qu'elle ne pouvait que se souvenir de son nom qu'elle entendait de la bouche de beaucoup des Geishas. L'autre, en déduisit-elle, devait être Harada.

Elle ne sut trop quoi dire, étant un peu timide tout d'un coup. Elle se proposa alors de leur servir du saké, ce qu'ils acceptèrent avec joie. Ils se mirent à discuter et elle resta silencieusement dans son coin, attendant qu'il lui fassent signe pour un autre verre de saké. C'est à ce moment que le shoji s'ouvrit laissant alors voir le plus jeune des capitaines de division.

- Chizuru ! Vous avez-vu Chizuru ? paniqua-t-il avant de se remettre à courir dans le couloir.

- Il n'y a pas de quoi s'inquiéter ? grimaça Nagakura à l'intention de son ami.

- Apparemment si, soupira-t-il en se levant.

Il se tourna vers la jeune fille qui se trouvait dans la même pièce qu'eux et qui semblait un peu effrayée de tout ce grabuge. Il lui sourit gentiment et la remercia de s'être occupée d'eux. Elle s'inclina en rougissant et se leva pour sortir quand un homme lui fonça dedans, la propulsant avec force vers l'endroit d'où elle venait. Elle ferma les yeux et se prépara à sa rencontre imminente avec le tatami.

Elle attendit mais rien ne vint, alors elle ouvrit les yeux pour trouver un visage proche du sien. En effet, Harada Sanosuke l'avait rattrapée avant qu'elle ne se fasse mal et la tenait contre lui, ses bras la retenant fermement avant de finalement se détendre en lui souriant.

- Nice catch, sourit-il avant de la lâcher et de regarder à l'extérieur avec attention. Oy, Shinpachi, qu'est-ce que t'attends pour rattraper le morveux ?

- J'attends que tu arrêtes de flirter, évidemment ! rétorqua l'autre en lui souriant effrontément avant de se lever et de partir dans la même direction que Heisuke et, accessoirement, dans la même direction que celui qui avait bousculé Bara.

- Bara-chan, c'était un plaisir d'avoir ta compagnie, sourit-il avant de partir à son tour.

- Non, c'est moi qui vous remercie, murmura-t-elle alors qu'elle le voyait s'éloigner en courant, ses yeux fixés sur son dos.

Cependant, trop curieuse pour rester là, elle se mit à les suivre. Elle avait à peine fait quelques pas qu'elle se heurta, pour la deuxième fois de la soirée, à quelqu'un. Elle leva les yeux, surprise et plongea dans un regard rubis qui la jaugeait avec condescendance. Elle garda le silence et le laissa la dévisager, sentant sa gêne se transformer en irritation. Malheureusement, puisqu'il était un client, elle ne pouvait se montrer ainsi impolie avec lui et décida de lui sourire.

- Veuillez me pardonner, s'inclina-t-elle.

- Tu n'es pas une Geisha, déclara-t-il tout simplement.

Elle releva la tête surprise avant de lui répondre qu'effectivement, elle n'en était pas une. Il la fixa longuement avant de lui poser une autre question.

- Qui es-tu ?

Elle se méfia tout de suite de lui et recula d'un pas pour mettre une distance plus respectable entre leur deux corps. Elle le dévisagea à son tour sans se gêner. Après tout, n'avait-il pas dit qu'elle n'était pas une Geisha ? Elle pouvait donc se permettre de jouer l'effrontée devant lui.

- Bonne question, je ne sais même pas moi-même ! répliqua-t-elle fermement avant d'entendre quelqu'un l'appeler et venir se placer entre elle et lui, lance en main.

- Tu n'as rien ? demanda alors le lancier du Shinsengumi.

- N-non, tout va bien, Harada-san, souffla-t-elle un peu étonnée du tournant qu'avait pris la situation.

- Kazama, que veux-tu à cette gamine ? fit-il avec un sourire en coin bien que l'on pouvait discerner une haine assez grande dans son ton.

Kazama eut un regard haineux et hautain, mais il partit sans se retourner. Après tout, cet humain était la chasse de Shiranui, pas la sienne. Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de penser que cette fille n'était pas ce qu'elle semblait paraître. Il finirait bien par le découvrir. Il avait tout son temps.

Sanosuke se tourna vers Bara, qui n'avait pas bougé, trop bouleversée par ce qui venait de se passer durant cette soirée. Cela avait été pour le moins mouvementé. Elle ne bougeait pas, peinant à respirer, tremblant légèrement. Sanosuke se demanda alors ce qu'il allait bien pouvoir faire de cette gamine qui, apparemment, intéressait l'ennemi du Shinsengumi. Si c'était le cas... ne faudrait-il pas qu'il en parle à Hijikata pour voir ce qu'il en pensait ?

- Bara-chan, tout va bien ? s'enquit-il un peu inquiet tout de même.

Elle ne put que hocher la tête avant de s'effondrer, inconsciente. Décidément, c'était trop pour elle et son esprit avait besoin de faire une pause. Sanosuke la rattrapa avant qu'elle ne se cogne la tête sur le parquet et soupira. Pourquoi était-ce toujours à lui de venir en aide aux demoiselles en détresse ? Il la souleva dans ses bras et se dirigea vers la sortie de Shimabara où il croisa Saitô qui sortait apparemment d'un combat sanglant.

- Sanosuke, que s'est-il passé ? s'enquit le maître de Iai.

- J'ai l'impression que les démons s'intéressent un peu trop à elle, soupira Sanosuke. Je ne sais pas trop quoi faire.

- Je pense que nous devrions l'emmener avec nous... Hijikata décidera après de ce qu'il convient de faire, souffla-t-il en tournant les talons pour partir.

Sanosuke n'eut pas le temps de le rappeler qu'il l'avait déjà laissé en plan. Bon... apparemment, c'était encore à lui de s'occuper de tout ça. Il soupira, un peu désabusé avant de se mettre en route, prenant bien garde de ne pas faire de mal à la gamine qu'il portait. Après tout, elle n'y pouvait rien, elle.

Elle marmonna quelque chose qu'il ne comprit pas et il vit son visage se crisper. La pauvre fille faisait-elle un cauchemar ? Il se débrouilla pour pouvoir poser sa paume sur le front de cette dernière et ses yeux s'agrandirent un peu de stupeur. Elle avait de la fièvre. Il reprit sa marche plus rapidement, pestant contre le froid de cette soirée d'hiver. Il n'avait rien pour couvrir cette frêle jeune fille, alors il fallait qu'il rentre vite pour la coucher dans un futon sous d'épaisses couvertures. Il s'expliquerait avec Hijikata après.


Hijikata était irrité, ça, c'était indéniable. Comme s'il n'avait pas assez de choses à s'occuper, il fallait encore que ces hommes lui ramènent une gamine. Une gamine qui allait encore ramener pas mal d'inquiétude et de méfiance parmi ses hommes. Bon sang, ils avaient déjà Chizuru et dieux sait combien de temps il avait fallu pour que, finalement, elle soit digne de confiance à leurs yeux. Non, il fallait que tout recommence, avec cette fois une Geisha de Shimabara par dessus le marché.

Il fixa Sanosuke et Hajime avec un regard qui en disait long sur sa façon de penser. Le premier avala difficilement sa salive tandis que le deuxième se contentait d'attendre, les yeux baissés. C'était bien lui qui avait dit à Sanosuke de ramener cette fille au quartier général, alors il avait sa part de responsabilité. Il assumerait les conséquences sans broncher.

Hijikata poussa un long soupir et ferma les yeux, fatigué de toujours devoir tout gérer et superviser. D'un côté, il était furieux de se retrouver avec une nouvelle pensionnaire sur les bras, d'un autre, il ne pouvait en vouloir à deux de ses capitaines de divisions d'avoir sauvé une innocente gamine.

- Sanosuke, Hajime, je vous charge de vous occuper d'elle. Veillez à lui expliquer sa situation et, surtout, à ce qu'elle ne s'habille pas comme une femme, cela ferait désordre, finit-il par dire.

Ses deux hommes acquiescèrent d'un hochement de tête avant de quitter la salle commune et d'aller prendre l'air dans la cour intérieure. Ils ne se regardèrent pas, ne parlèrent pas, se contentant de regarder le paysage familier. Puis, Saitô se décida à prendre la parole :

- Tu veux t'en occuper ou j'y vais ?

- J'y vais, soupira Sanosuke avant de se diriger vers la chambre de Chizuru où logeait la nouvelle arrivante.

Il croisa Chizuru au moment où il arrivait à sa chambre. Cette dernière lui sourit et lui souhaita le bonjour. Elle demanda alors à Sanosuke ce que faisaient la jeune femme ici. Ce dernier lui expliqua alors brièvement la situation en soupirant. La jeune fille fut compréhensive et lui proposa son aide, sans doute heureuse de ne plus être la seule femme parmi tous ces hommes.

Sanosuke entra dans la chambre, suivi de son amie et s'agenouilla près du futon où dormait encore la jeune Geisha. Il posa sa main sur le front de cette dernière pour constater qu'elle avait une forte fièvre, puis se tourna vers Chizuru pour qu'elle avertisse Yamazaki. Cette dernière se précipita hors de la chambre.

- Tsubaru... murmura la gamine, comme en proie à un mauvais rêve. Non...

Sanosuke la couvrit d'une couverture supplémentaire avant que Yamazaki, fatigué d'avoir travaillé toute la nuit et de ne pas avoir pu se reposer, fasse son entrée. Il s'agenouilla également près de la jeune fille et posa sa main sur son front.

- Elle a du attraper froid, soupira-t-il. Qu'est-ce qui t'as pris de ramener cette gamine ici ? demanda-t-il froidement à Sanosuke.

- Elle semble intéresser un peu trop Kazama et ses amis, expliqua Sanosuke, fronçant les sourcil avec son air sérieux.

- Qu'est-ce qu'ils pourraient bien vouloir à une simple Geisha, se demanda alors Yamazaki sans trop y croire.

- Ano... commença Chizuru. Kimigiku-san a dit qu'elle n'était pas vraiment l'une d'entre elle. Elle a seulement été ramenée à Shimabara lorsqu'elle fut trouvée inconsciente devant l'établissement, expliqua Chizuru devant l'air confus du ninja.

Yamazaki ne pipa mot et s'occupa de la malade avant de demander à ce que l'un d'eux la veille à sa place, la fatigue se ressentant un peu trop sur son visage. Sanosuke se porta immédiatement volontaire. Après tout, elle était sous sa responsabilité puisqu'il était celui qui l'avait ramenée, et sous celle de Saitô qui lui avait dit de le faire.

Il se pencha sur elle et observa son visage fin trempé de sueur. Il attrapa le tissu humide que Yamazaki lui avait posé sur le front pour le plonger de nouveau dans l'eau froide. Avec douceur, il le reposa sur le front de l'inconsciente et caressa gentiment sa joue. Sa peau était aussi douce que de la soie. Il se redressa et l'observa, espérant qu'elle se remettrait vite de sa maladie.

Un peu plus tard dans la matinée, ce fut au tour de Saitô de faire une apparition. Il entra en silence et s'installa à côté de Sanosuke sans faire un bruit. Il regarda un instant la silhouette allongée sur le futon, avant de tourner son regard vers son compagnon d'arme.

- Comment va-t-elle ? demanda-t-il tout bas.

- Sa fièvre est toujours bien présente et elle semble faire pas mal de cauchemars... répondit Sanosuke en appuyant sa tête contre le mur derrière lui.

- Je prends la relève, va te reposer, fit alors Hajime.

Sanosuke hésita un instant avant de finalement acquiescer et se lever. Il quitta la chambre en se passant la main sur le visage. Hajime restait toujours assez mystérieux pour lui malgré les années passées à servir ensemble le Shinsengumi. Il n'arrivait jamais à déchiffrer le maître de Iai. Ce n'était pas qu'il ne lui faisait pas confiance, bien au contraire, mais parfois, il le mettait complètement mal à l'aise. Hajime ne souriait presque jamais. Sauf pour Chizuru. D'ailleurs, en parlant de cette dernière, il la vit arriver avec du linge propre.

- Tu as besoin d'un coup de main, Chizuru-chan ? s'enquit-il alors en lui souriant.

- Hum ? Oh, non, Harada-san. Je vais juste déposer tout cela dans ma chambre pour la jeune fille.

Il est vrai qu'à présent elles allaient partager la même chambre. En un sens, cela était rassurant. La pauvre serait complètement perdue en se réveillant. Chizuru serait plus à même que n'importe qui de lui expliquer la situation et de la rassurer. Il suivit la jeune fille du regard avant de finalement tourner le sien vers le ciel. Il allait devoir se reposer un peu avant sa patrouille. Il tourna les talons et se dirigea vers sa chambre.

Quand Chizuru entra dans la pièce, elle fut un peu surprise d'y voir Saitô s'occuper avec douceur de la malade. Il venait de poser délicatement un morceau d'étoffe sur son front et de remonter les couvertures sur elle. Si mystérieux soit-il... était-il possible que Saitô ait ses moments de tendresse quand personne ne regardait ?

Chizuru posa en silence son fardeau avant de se tourner vers le maître de Iai. Elle allait ouvrir la bouche pour dire quelque chose mais la referma aussitôt, ne sachant pas trop quoi dire.

- Sa fièvre baisse un peu, mais elle semble en proie à de violent cauchemars, souffla-t-il.

- Peut-être est-ce de mauvais souvenirs, tenta de répondre Chizuru.

Saitô la regarda un moment avant de tourner son regard sur la silhouette fébrile qui commençait à trembler sous les couvertures. Il doutait que ce soit des souvenirs, elle ne se souvenait de rien de sa vie passée d'après Kimigiku, mais peut-être était-ce en effet une possibilité, aussi futile soit-elle.

- Elle oscille entre le froid et la fièvre, remarqua Saitô. Ce n'est pas bon.

Chizuru chercha un couverture mais n'en trouva pas parmi le linge qu'elle venait de ramener. Elle se proposa immédiatement d'aller en chercher une et Saitô ne put qu'acquiescer. Il frotta énergiquement la couverture pour tenter d'y mettre un peu plus de chaleur, mais la pauvre malheureuse continuait de trembler comme une feuille à la merci du vent.

Le shoji coulissa finalement pour laisser entrer une personne qu'il n'aurait jamais pensé voir ici. Okita se tenait sur le seuil, une couverture sur le bras.

- J'ai croisé Chizuru-chan mais Hijikata voulait la voir. Elle m'a dit de t'amener ça, conclut-il en lui tendant la couverture.

Saitô acquiesça avant de la draper sur la malade. Okita observa la scène et referma le shoji, s'assaillant à côté de son ami. Il ne connaissait pas vraiment cette gamine, car à ses yeux, c'était ce qu'elle était, une gamine, mais il se rappelait l'avoir croisée durant l'une de ses patrouilles et l'avait trouvée amusante et agréable. Certes, c'était un ennui de plus à gérer au sein du quartier général, mais si tout se passait comme avec Chizuru, c'était un ennui qui valait définitivement le coup. Si Chizuru avait pu se faire une place parmi eux, sûrement cette fille y parviendrait-elle.

- Comment va-t-elle ? demanda-t-il finalement.

- État stable, mais assez frileuse malgré sa fièvre, répondit pragmatiquement Saitô.

Okita resta silencieux et se contenta de la surveiller. Son visage fin était plein de sueur et son expression était loin d'être tranquille. Elle bougeait comme en plein milieu d'un mauvais rêve, faisant tomber l'étoffe que Saitô lui remettait systématiquement sur le front pour faire baisser sa température. Ses cheveux semblaient vouloir s'échapper du cordon de cuir qui les retenait en catogan, se collant à son visage et son cou.

- Je vais prendre la relève, annonça alors Okita, surprenant Saitô.

- Tu n'as aucune responsabilité là dedans, fit Saitô. Tu n'es pas obligé.

- Je te le propose, tu sembles fatigué et ta patrouille va bientôt avoir lieu, répondit le samouraï sans le regarder.

- Très bien, finit pas céder Saitô.

Il se leva et quitta la chambre sans un bruit, laissant Okita seul avec cette inconnue qui l'intriguait. Qui était-elle vraiment ? Elle semblait à la fois fragile et très résistante, c'était difficile à concevoir, mais c'est une impression qu'elle lui donnait. Il allait s'approcher d'elle quand une quinte de toux le prit. Il se recula et tenta de l'atténuer dans la manche de son haori. Il ne fallait pas qu'en plus elle attrape sa maladie à lui.

- Hnnn... non... Shira...

Bara crispa sa main sur la couverture sous les yeux un peu curieux de Sôji. Il se pencha sur elle, et observa son visage, quelques larmes s'échappaient de ses yeux et sa main continuait de se crisper sur la couverture, comme si elle cherchait à saisir quelque chose d'autre.

- Shira... gémit-elle, sa voix se brisant.

A ce moment, Sôji attrapa sa main et la serra légèrement dans la sienne. Elle serra en retour, plus fort qu'il ne l'avait imaginé possible pour cette frêle fillette. Il ne savait pas pourquoi il avait fait cela, mais il l'avait fait. Cette personne qu'elle semblait appeler, devait lui causer beaucoup de souci, d'inquiétude. C'est au bout d'un moment qu'elle sembla se calmer et retomber dans un sommeil plus paisible, serrant toujours la main de Sôji dans la sienne sans même en avoir conscience.