Trois cœurs pour une personne
CHAPITRE PREMIER.
UNE TRISTE NOUVELLE
Il était là, assis sur sa chaise, devant son bureau, dans sa cabine. Car oui il avait une cabine personnelle, un peu à l'écart des autres. Pour plusieurs raisons d'ailleurs. Premièrement parce qu'il était un personnage important. Puis parce qu'il travaillait beaucoup et tard le soir. Mais même avant qu'il n'ait ces deux raisons, il l'avait déjà sa cabine personnelle. Pour une raison nettement moins joyeuse. Depuis maintenant douze ans, toutes les nuits, il hurlait jusqu'au désespoir, jusqu'à en perdre la voix puis jusqu'à se réveiller et se confronter à la dure réalité qui, parfois, était pire. Cela se passait lorsqu'il faisait des cauchemars, de quoi réveiller tout l'équipage. Et cela faisait depuis douze ans, toutes les nuits. Au début, l'équipage avait eut du mal à s'habituer au problème du jeune garçon car il l'empêchait de dormir à cause de ces cauchemars. Pas des cauchemars de monstres à huit têtes, dix-sept pattes, des griffes aussi aiguisées qu'une lame d'un sabre, une vingtaine d'yeux et qui crache du poison et d'autres caractères. Non, pas ces cauchemars là. Mais des bien pires. Des cauchemars où il n'était pas libre d'agir ni même de penser ou de s'exprimer. Des cauchemars où ils choisissaient sa vie à sa place. Oui, des cauchemars où ses pourritures de parents choisissaient sa vie à sa place pour leur bien en argent à eux. Mais pis encore étaient les cauchemars où la vie de ses frères se mettait en jeu. D'ailleurs, il n'avait pas d'eux. Depuis douze ans. Pas un signe de vie. Ce qui était plutôt logique après tout, puisqu'aux yeux de tous il était un enfant mort. A cause de ce qu'il haïssait le plus au monde : les nobles. C'était néanmoins un atout conséquent que tout le monde le croit mort. Quoi de mieux pour se faire discret que ne pas exister ? Mais maintenant il en souffrait de ne pas exister. A cause de cet atout, il n'avait pas pu sauver son frère. Pas seulement à cause de cet atout mais aussi à cause du temps. Alors, en y repensant, il replongeait dans son cauchemar. C'était le pire cauchemar qu'il aurait pu faire. Mais il aurait été si heureux de le faire pour qu'à son réveil, il puisse se rassurer, comme tous les matins, se dire que ce n'était pas réel, que ses frères sont saints et saufs. Mais là, ce n'était pas le cas. Là, ce n'était pas un cauchemar. Là, c'était la réalité. La réalité à l'état brut. Cette réalité qui vous embrouille la mémoire dans vous souvenirs. Cette réalité qui vous compresse le cœur jusqu'à vous bloquer la respiration, vous faisant étouffer de malaise et de mal être. Cette réalité où vous ne sentez pas vos larmes couler. Cette réalité où vous vous sentez seul. Cette réalité où vous êtes seul. Cette réalité là. La plus dure qui soit : la perte d'un proche. Tous ces sentiments négatifs affluaient dans le corps et l'esprit du garçon et le faisait souffrir, autant moralement que physiquement. Une douleur que seul le temps peut guérir. Une douleur qui lui semblait insurmontable. Alors, il se renfermait sur lui-même, ne laissant personne le sortir de la souffrance qu'il se faisait lui-même. Mais sa douleur et sa peine étaient encore bien plus grande. Il avait perdu toute sa famille en quelques secondes. Toute sa famille, ce qui résumait à deux frères. Peut être peu mais toute sa famille pour autant. Certes, il lui restait l'équipage mais ce n'était pas pareil, c'était une autre sorte de lien familial. C'était le lien familial d'un équipage. Un lien inébranlable mais qui peut se dissoudre par moment voire même disparaître pour certaines raisons. Car ce lien familial était un lien d'amitié, de respect, de cohabitation, de loyauté, de combat. Certes il était surpuissant mais même pas remarquable comparé à un lien de fraternité. Et là, ce lien venait de se rompre par force. Par la force de la mort. Son frère venait de perdre la vie dans les bras de son autre frère. Il ne savait même pas si ce dernier était encore vivant. Et tout ça apprit par les journaux. Alors, il relisait encore et encore, depuis un nombre incalculable d'heure, cet article du journal. Puis, son regard vide se promenait sur les avis de recherches de ses deux frères et, toujours en les regardant sourire devant l'objectif, il se disait pour la énième fois de la journée que tout ça aurait pu être éviter s'il avait été présent à l'exécution. Mais il n'avait pas été là. Pourquoi ? Parce qu'il était trop loin. Cette raison stupide qui le dégoûtait. Un simple manque de temps. C'est dans ces moments que l'on retrouve l'ennemi de tout le monde. L'ennemi le plus redoutable qui soit. L'ennemi invincible. L'ennemi le plus dévastateur aussi. L'ennemi le plus incontrôlable. L'ennemi le plus mal connu. L'ennemi le plus détesté et le plus craint. Le temps. Lui en a été victime à beaucoup trop de reprises à son goût. C'est alors que quelqu'un toqua à la porte puis entra de suite après, tapant plus par politesse ou pour prévenir que pour demander la permission d'entrer. Un homme encapuchonné d'une cape vert foncé posa sa main droite sur l'épaule du garçon assit, tout en se tenant debout à sa gauche. Il entama alors la conversation d'une voix grave :
« Nous allons manger. Il est huit heures trente-deux du soir. Cela fait depuis deux jours que tu n'a pas bougé de ton bureau. Tu devrais venir manger, ça te ferrait du bien. »
Le garçon assit savait que l'homme avait raison, comme toujours d'ailleurs. Sa présence le rassurait, l'apaisait. Du moins d'habitude. Aujourd'hui, sa voix, sa présence, son être tout entier insupportait, l'insultait, le mettait en colère. Il ressentait une fureur noire contre cet homme qu'il considérait pourtant comme son père. Pourquoi ? Comment osait-il ? C'est avec fureur qu'il se releva de sa chaise, le plus vite qu'il put, tout en se tournant vers l'homme encapuchonné. C'est du moins ce qui aurait dû se passer. Mais qui ne se passa pas. A la place, il s'était juste redressé plus ou moins vite et un sentiment trop bien connut l'avait prit. Il avait mal à la tête. Il avait des vertiges. Des taches noires se parsemaient sur sa vue qui était déjà floue. Il avait une sensation de louchement. Il avait l'impression de tomber. Il tombait. Il était au seuil de l'évanouissement. Il le comprit quand il entendit la voix de l'homme devenir de plus en plus grave puis les mots se mélangeaient, il y avait des syllabes en moins et enfin, il n'entendit plus rien. Il ne voyait plus rien. C'est le choc de la main de l'homme sur son bras pour l'empêcher de s'écrouler par terre qui lui fit reprendre ses esprits. Le jeune garçon se souvint alors de ce qu'il voulait dire. Il voulu parler, crier voire hurler toute sa rage. Mais à la place de ses attentes, ce fût un son sur-aiguë qui sortit de sa bouche pâteuse. Il avait les larmes aux yeux, il le sentait. Pourtant, ses yeux étaient secs. Ils n'avaient aucune lueur. Sans aucune vie. Sans aucune volonté. Juste vides. Des yeux bleus transparents. Les yeux d'une personne qui a perdu goût à la vie. Le garçon ne le sentait pas mais l'homme le portait et marchait jusqu'au réfectoire. Voir du monde, des amis, des personnes sur qui compter, à qui le garçon pourrait se confier, qui le comprendraient ou au moins ferraient mine de le comprendre. Voir ces personnes lui ferrait du bien pensait l'homme encapuchonné.
Lorsqu'il ouvrit la porte du réfectoire, il n'y avait pas un bruit, tout le monde s'était tut. La voix de l'homme encapuchonné et parut encore plus grave qu'habituellement.
« Il me faut de l'eau et à manger.
_ Bien monsieur, avait répondu un jeune cuisinier. »
Le jeune garçon regardait ses compagnons d'un air vide puis trouvait rapidement les murs plus intéressant, enfin il se tourna vers son assiette pour finir par s'en détourner et regarder qui l'homme qui avait, à présent, enlevé sa capuche, laissant apparaître une chevelure qu'il connaissait par cœur. Mais le plus intéressant restait tout de même le sol. Il voyait le sol depuis de longues minutes maintenant. Non, il ne le regardait pas, il ne l'observait pas mais le voyait de ses yeux vides car il n'avait même plus la force de fermer ses paupières. L'homme qui avait enlevé sa capuche dit d'une voix ferme qui n'acceptait aucune contestation un « bois » au garçon. Sans vraiment trop réfléchir, le garçon prit le verre que l'homme lui tendait et bu. Puis se servit un autre verre et encore un autre jusqu'à finir le litre d'eau que contenait la bouteille à présent vide sur la table. A regarder de plus près, on remarquait que le garçon reprenait des couleurs. Mais ses yeux yeux bleus restaient malgré tout vides et transparents. Voyant que le garçon faisait ce qu'il disait, l'homme continua sur sa lancée et dit au garçon « manges, ça va te redonner des forces ». Ce qu'il fit. C'étaient des lasagnes, son plat préféré, sur ordre de l'homme à la cape verte. Après une bouchée qui lui parut remplir son estomac tellement il n'avait pas faim, il reposa sa fourchette et son couteau sur les côtés de son assiette d'un geste lent. Il n'avait pas faim. N'importe qui aurait dit que c'étaient les meilleures lasagnes du monde mais pas lui. Du moins, pas aujourd'hui. La nourriture était fade, sans aucune saveur. Il n'avait pas non plus la volonté de manger. En fait, il avait honte d'avoir faim et de manger. Pour la faim il n'y pouvait rien mais il refusait catégoriquement de manger. C'était impossible. Inconcevable. Lui, manger, alors que son frère était mort et son autre frère peut être en train de mourir ? Non, il ne pouvait pas. C'était par politesse. Par tristesse aussi. Qui voudrait se permettre de manger alors qu'un de ses proches vient de mourir ? Pas lui en tout cas. Pendant de longues minutes il fixait le plancher, sans vraiment le voir, comme s'il était un fantôme. Au fur et à mesure que le temps passait, il se remémorait tout le flot d'informations qu'il avait sur ses frères grâce au journal. Journal qu'il venait de prendre de sa main gauche. Il l'avait emmener pour manger. Il ne voulait plus le quitter, comme s'il attendait qu'il change son contenu et proclame que la Marine avait perdu la guerre et que Ace et Luffy étaient encore en vie. C'est alors qu'il releva brusquement la tête, surprenant par la même occasion l'homme à la cape verte. Un mot lui revint en tête : « présumé ». Présumer veut bien dire que l'on ne sait pas mais que l'on pense que ? Non ? Oui, ça voulait bien dire ça. Ace était mort. Mais Luffy était présumé mort. Une joie intense le prit alors en pensant que son cadet respirait encore. Mais elle fût de courte durée et se transforma rapidement en tristesse et désolation. Que devait ressentir son frère ? Alors qu'Ace était mort dans ses bras ? Il eut toute la peine du monde. Mais ses pensées se dirigèrent vers un autre homme et sa tristesse se transforma en colère intense. Il se souvenait de ce qu'il voulait dire à l'homme à la cape verte. Maintenant qu'il avait bu, sa bouche pouvait laisser passer des mots et non pas des sons sur-aiguë. Il n'avait plus non plus la bouche pâteuse ce qui lui permettait de parler distinctement. Il avait aussi un peu bougé depuis son bureau, il n'avait donc plus aucune raison de s'évanouir. Il se leva alors, se plantant devant l'homme à la cape verte et remarqua vaguement que tout le monde avait quitté le réfectoire depuis longtemps au vu des tables brillantes de propreté. Ce fût avec une voix rocailleuse, faible et qui lui déchirait les cordes vocales qu'il cria le plus fort possible, ce qui revenait à parler normalement pour une personne en pleine santé, à l'adresse de l'homme.
« Comment oses-tu ? Laisser ton fils mourir ! Même si tu l'a vu que très peu de fois, c'est ton fils ! Et toi tu le laisse alors qu'il est peut être en ce moment même en train de mourir ?! Tu es un monstre ! Je suis sûr que tu aurais pu sauver Ace aussi ! Mais tu ne l'a pas fait ! Pourquoi ?! Pour ne pas te montrer au gouvernement et ainsi ne laisser aucune information sur toi et ton armée révolutionnaire ?! Alors tu es de ceux qui préfèrent faire passer leur rêve avant leur famille, avant ton fils ?! Est-ce ce que tu es Monkey D. Dragon ?! »
Après avoir crier sur la fin car la voix lui revenait, le garçon se tenait à la table pour ne pas s'écrouler après cet effort qui lui avait parut sur-humain. Dragon lui laissa reprendre son souffle tout en le regardant s'asseoir sur la chaise près de lui. Il s'y attendait à cette réaction. Il s'y était préparé mentalement ou du moins, croyait s'y être préparé. Ça lui faisait mal que son presque fils pense ça de lui. Mais il n'en montra rien. En tant que chef des révolutionnaires, il avait apprit au fil du temps à garder ses sentiments au fond de lui, à ne jamais les montrer aux autres. Parce que tout le monde croyait en lui, il ne pouvait pas laisser paraître ses craintes, ces espoirs, tout ces sentiments. Voyant que le garçon s'était calmé, il lui expliqua d'une voix grave mais posée, rassurante. Il ne cherchait pas à se justifier mais juste à expliquer, à partager.
« Tu sais Sabo, j'y tient énormément à Lyffy, c'est mon trésor personnel qui est caché au fond de mon cœur, jamais, non jamais je ne le laisserait mourir, donnant ma vie sans condition s'il le faut. Mais je ne pouvais pas intervenir lors de la guerre de Marinford, tu le sais aussi bien que moi. Nous étions trop loin. Même à vol d'oiseau on ne pouvait pas. J'aurais aussi beaucoup donné pour sauver Ace, sûrement ma vie, vu l'état de Luffy quand il est mort. Mais on ne pouvait pas intervenir. J'ai cependant l'information de source sûre que mon fils est vivant. Il se remet très difficilement mais il est avec Rayleigh alors je ne me fait pas de soucis. »
Sabo était plus que soulagé de savoir son cadet vivant et était nettement moins en colère contre Dragon pour son comportement. Puis Dragon continua son explication :
« A vrai dire, dès que j'ai vu que l'exécution de Ace allait être mise à l'œuvre grâce aux journaux, j'ai envoyé deux de mes meilleurs hommes pour voir l'état de Luffy si le pire arrivait. Ils sont allés le plus vite possible mais sont arrivés deux jours en retard par rapport à l'exécution même en ayant emprunté le courant qui relie Marinford à Enies Lobby et à Impel Down. Ils ont cependant retrouvé la trace de Luffy et m'informent de son état tous les matins et tous les soirs. Donc ne t'énerves pas. Tu vois bien que je tiens et que je prends soin de mon fils. Je le fais juste à ma manière. »
Suite à cet aveux, la colère de Sabo était redescendue en flèche pour finir à zéro. Il avait la sensation d'avoir un poids dans son cœur qui s'était volatilisé. Ce poids et cette douleur insoutenables avaient disparus, laissant place à une douleur qu'il appréciait beaucoup. La douleur qui nous brûle le cœur lorsqu'on apprend une grande nouvelle qui nous empli d'une joie intense. C'était à présent cette sensation qui lui pinçait son muscle vital. Elle était tellement intense qu'il en avait mal. Mais il s'en fichait. Il était trop heureux. Trop heureux que son cadet soit encore en vie. C'était tout ce qui comptait. Mais comme toute bonne chose, sa joie ne dura pas éternellement. Il venait de se rappeler d'un détail assez important à ses yeux : « il se remet difficilement » lui avait dit Dragon. Cela voulait-il dire qu'il voulait se suicider ? Ou abandonner son rêve ? Ou peut-être n'avait-il plus confiance en lui ? Il arrêta soudain de se torturer l'esprit se rappelant que Silvers Rayleigh était avec son frère. Donc tout allait bien. Du moins, il l'espérait. C'est alors qu'une nouvelle idée germa dans son esprit. Et s'il ressuscitait de sa pseudo mort ? Cela remonterait sûrement le moral de son petit frère, non ? C'était décidé. Il irait voir Luffy. Et son voyage commencerait aujourd'hui même. Dans quelques minutes, juste le temps de se préparer. Sabo se retourna vivement vers le chef des révolutionnaires qu'il avait totalement oublié, plongé dans ses réflexions.
« Si je vais voir Luffy, ça lui remontera le moral ! C'est une bonne idée, non ? »
Dragon fût d'abord surprit par la question. Sabo, aller voir Luffy ? Alors que ces derniers venaient de perdre leur frère ? Non, impossible. C'était impossible. L'état de Luffy ne tenait qu'à un fils. Si Sabo allait le voir, les souvenirs de Luffy referaient surface et le rongeraient. Il serait sûrement heureux mais aussi et surtout en colère. Comment Sabo parviendrait-il à calmer Luffy quand ce dernier lui reprocherait d'avoir disparut pendant douze ans ? Et quand il lui reprocherait sa non-présence pendant la guerre de Marinford ? Et puis ils viendraient, sûrement, même obligatoirement, à parler de leur frère, Ace aux poings ardents. Luffy qui l'avait vu mourir dans ses propres bras. Sabo qui culpabilisait comme pas possible et qui, malgré les apparences, ne s'en était toujours pas remit. Non. Il ne pouvait pas les laisser se voir. C'est donc de sa voix grave mais calme qu'il contredit Sabo.
« Sabo, …, il marqua une pause pour choisir ses mots puis reprit d'un ton ferme : je suis désolé mais je ne te laisserais pas aller voir Luffy, je...
_ Quoi ?! Mais … mais ... pourquoi ?!, hurla le garçon avec fureur et stupéfaction.
_ Calmes-toi Sabo, laisse moi t'expliquer mes raisons. »
Le garçon se calma malgré que son moral et sa patiente atteignaient des chiffres négatifs. Il en avait assez de ne pas pouvoir faire ce qu'il voulait et était encore plus énervé que ce soit Dragon qui le lui dise. Cet homme qu'il considérait comme son père. Les deux révolutionnaires se tenaient face à face sur le pont malgré l'heure tardive. Il devait être aux alentours de vingt-trois heures trente. Sabo était fatigué et énervé. Cela faisait deux jours voire plus qu'il n'avait ni dormi ni mangé. Mais il prit son mal en patiente et fit un effort incommensurable et écouta l'homme à la cape verte.
« Si tu vas voir ton frère, certes il sera heureux mais il te demandera très vite des explications de ton absence durant votre enfance ainsi que le fait que tu ne sois pas venu à Marinford. Et même si tu lui dit la vérité qui est irréfutable et incontestable, vu l'état dans lequel il est, qui te dis qu'il t'écouteras ? Qui te dis qu'il te comprendra ? Qui te dis qu'il essayera de te comprendre ? Et si vous parvenez à vous expliquer et à vous comprendre, vous finirez par parler d'Ace. Des souvenirs douloureux et joyeux peut être vous animerons. Mais vous sombrerez encore plus dans la tristesse parce que ni toi ne s'est remit de sa mort ni Luffy qui l'a vu mourir dans ses bras. Et puis tu n'as pas dormi ni mangé depuis deux jours. Tu n'as plus de forces. Il n'y a personne pour t'accompagner. S'il t'arrive quoi que ce soit, tu ne seras pas en état de te battre. Autant physiquement que moralement. Et Luffy et toi-même devez faire votre deuil séparément. Crois-tu vraiment que c'est plaisant des retrouvailles lors de la mort d'un frère ? »
Sabo avait baissé la tête depuis un moment déjà, par honte d'avoir eut cette idée stupide, mais aussi pour cacher ses larmes de tristesse. Mais à la dernière phrase, il baissa encore plus la tête, comme pour répondre « non » à la question rhétorique de Dragon. Celui-ci continua d'ailleurs sur sa lancée :
« Moi je ne crois pas en tout cas. Et Luffy n'a plus sept ans, ni même dix. Tu dois avoir confiance en lui. Tu dois savoir, et tu le sais, qu'il se remettra, certes difficilement et avec beaucoup de temps mais il se remettra. Tu le sais. Quant à toi, tu dois te reposer. Trouver les mots qui lui permettront de te comprendre quand tu le reverra. Sache que pour autant la décision t'appartient. Personnellement, je te conseille d'aller le retrouver dans deux ans. Mais saches que si tu pars maintenant, ce ne sera pas avant cinq jours, le temps que tu reprennes des forces et que je trouve quelqu'un pour t'accompagner. »
Sabo réfléchissait. Il pesait le pour et le contre. Pour le « pour », il n'avait trouvé qu'une seule chose. Celle de revoir Luffy. Ce qui était tout de même un grand « pour ». Mais dans les « contre », il y avait déjà tous les arguments de Dragon mais se rajoutait en plus le fait qu'il décevrait son presque père. Mais pis encore, il n'avait aucune idée de la réaction de son cadet. Strictement aucune. Et il en était terrifié. Il ne connaissait pas l'état dans lequel se trouvait son frère. L'état qu'il avait lors de la perte d'un proche. Il ne savait donc pas sa réaction. Il ne savait pas non plus si son jeune frère était toujours aussi impulsif ou non. D'après les journaux il s'était dit qu'il n'avait pas changé. Mais ne sait-on jamais ... Il avait donc prit sa décision. Il irait voir Luffy dans deux ans. Puis une question lui vint à l'esprit. Pourquoi dans deux ans ? Pourquoi pas un an ? Ou trois ? Ou quelques mois ?
« Pourquoi dans deux ans et pas avant ?, demanda le blond.
_ Ce sont les deux hommes que j'ai envoyé voir Luffy qui m'ont dit que Rayleigh lui avait proposé de s'entraîner pendant deux ans sur une île proche d'Amazone Lily. Puis ensuite il retrouvera ses compagnons sur l'archipel des Sabaody. Donc il serait préférable de ne pas interrompre son entraînement.
_ Oui je comprends. J'irais voir Luffy dans deux ans alors. »
Cette simple phrase fit apparaître un sourire sur le faciès du chef des révolutionnaires mais surtout un sentiment de soulagement et le sensation d'avoir un poids en moins dans le cœur de l'homme. Il dit alors de sa voix grave mais rassurante et posée au garçon qui était en face de lui :
« Aller, va te coucher. Essai de dormir, demain une dure journée t'attends. Tu vas devoir t'occuper d'un personne que je voulait rencontrer depuis plusieurs années. »
Il avait fait exprès de ne pas en avoir dit plus sur cette personne. Il voulait que Sabo pense à autre chose que ses frères. Et quel meilleur moyen de faire changer d'idée un garçon entêté qu'en lui posant une énigme ? Dragon savait qu'il se demanderait quelle était cette personne, pendant toute la nuit mais finirait par s'endormir. Il le savait.
FIN DU CHAPITRE PREMIER.
