Bonjour à tous !

Non ceci n'est pas un fake, j'entame en effet un autre épisode d'Elie Caldwell avec le secret espoir de ne pas mettre deux ans à terminer celui-ci. (Je vais pas vous dire : mais bon ça va je suis lancée ... parce que je dis ça à chaque fois et cela ne m'empêche pas de perdre le fil.)

Juste une petite info pour ceux qui liraient pour la première fois les aventures d'Elie Caldwell, il existe un premier épisode qui vous permettra de faire meiux connaissance avec les OC. Aussi je vous encourage à lire en premier "Elie Caldwell : Tel Père, Telle Fille"

Bon au niveau du style, soyez indulgents hein ! Je suis complètement rouillée, ça n'a pas été simple d'écrire de nouveau.

Je vous laisse avec ce nouveau chapitre en vous souhaitant une bonne lecture, mais juste avant, bien évidemment, les droits :

Disclaimer : L'univers et les personnages de Stargate Atlantis sont la propriété de la MGM, Brad Wright et Robert C. Cooper. Et s'ils les veulent, je leur file même mes OCs à condition qu'ils relancent la série (bande de feignasses, je vous aime quand même) Je ne tire aucun bénéfice pour la publication de cette fiction.


Élie Caldwell : Episode 2

Invisible Touch

Chapitre 1

— « Je trouve ça carrément excitant ! Pas vous Capitaine ? demanda Trager en trépignant sur place.

— Pas vraiment non. Ce n'est pas parce que le MALP n'a rien trouvé aux abords de la porte qu'il n'y a pas de danger, Sergent, répondit Élie en grimaçant.

— ça alors, mais tu fais ta chochotte Caldwell ! se moqua ouvertement le lieutenant Wells.

— Nan je suis prudente, Wells, répliqua-t-elle, acide. Ma première expédition dans Pégase n'a pas vraiment été une promenade de santé.

— Le capitaine Caldwell a raison, intervint le major Ewing de sa voix grave et autoritaire, coupant court aux moqueries de son lieutenant. Nous ignorons ce que nous trouverons une fois sur cette planète. Soyez vigilants, insista-t-il.

— Peut-être que nous trouverons un peuple technologiquement avancé, ou même des Anciens, s'emballa tout de même Ethan Trager, enthousiaste.

— Ou des wraiths, grinça Élie sans pouvoir contenir un frisson de dégoût.

— Ou un peuple de superbes amazones qui nous accueilleraient à bras ouverts, en nous suppliant de … rêva Logan avec un regard lubrique.

— Wells, grondèrent les trois autres militaires d'une même voix. »

Caldwell et Ewing adressèrent au jeune lieutenant des regards noirs qui lui firent perdre sa superbe sur l'instant.

— « SGA 9, vous êtes prêts à partir ? interrogea Sheppard en descendant de la salle de contrôle vers la salle d'embarquement.

— Nous n'attendons plus que le docteur Müller, mon Colonel, répondit Jackson Ewing. Elle avait oublié son kit de … je ne sais plus trop quoi.

— Ah ces scientifiques ! soupira John en roulant exagérément des yeux. Ce sont de vrais génies, mais une fois sortis de leur labo, on croirait des enfants à peine sortis du ventre de leur mère ! s'exclama-t-il déclenchant un rire franc parmi tous les militaires de la salle. Pas vrai, Rodney ? ajouta-t-il à l'attention du docteur McKay, occupé à compiler des données sur sa tablette. »

Le susnommé docteur ne leva même pas le nez de son écran, se contenant de marmonner un vague : « mmmh, oui oui j'ai vérifié. Mais fichez-moi la paix, Radek. » Cette fois, l'hilarité fut franche et générale. McKay sursauta, jeta un regard noir à l'assemblée et tourna les talons en bougonnant.

— « Ca y'est, je suis là ! Je suis là ! s'écria une femme d'une petite quarantaine d'années en accourant en salle d'embarquement, essoufflée. »

Élie et ses coéquipiers se regardèrent, atterrés en voyant l'énorme sac que le docteure Vera Müller portait tant bien que mal sur son dos. Même en faisant abstraction de tout le barda qu'elle trimballait à bout de bras, il était impossible que la biologiste puisse faire plus d'un kilomètre à pied avec un tel poids.

— « Docteur Müller, on attendait plus que vous ! s'exclama Sheppard amusé. Mais vous savez que vous ne partez que pour la journée, n'est-ce pas ? se moqua-t-il gentiment, alors que les joues de la scientifique se coloraient d'un rouge vif.

— Caldwell, intervint le major Ewing en faisant un signe de tête vers Müller. Occupez-vous de ça, ordonna-t-il tandis que la biologiste bafouillait en tentant de lister au colonel Sheppard toutes les choses indispensables qu'elle devait apporter. »

Immédiatement, Élie obtempéra. Wells attrapa le paquetage de sa coéquipière, tandis que Trager se saisissait de ses armes. Élie déchargea Vera Müller de tout ce qu'elle tenait à bout de bras, puis l'entraîna un peu plus loin pour l'aider à alléger son barda.

Il fallut bien quinze minutes pour qu'Élie puisse parvenir à ses fins : la botaniste s'était prise pour Mary Poppins et avait tenté d'emporter la totalité de son labo dans un sac au bord de l'explosion. Cela n'avait pas été sans mal, car à chaque appareil d'examen étrange ou échantillon de plante, et même chaque objet personnel, Vera trouvait une utilité indispensable, quasi vitale. Mais Élie tint bon et le sac fut diminué de moitié — bien qu'encore trop lourd pour la scientifique rondelette – et le barda supplémentaire réduit à un petit kit d'analyse qu'Élie fixa à son propre paquetage.

Vera semblait abattue d'avoir dû abandonner ses si précieux instruments, elle se présenta finalement devant la Porte des Étoiles qui n'attendait plus qu'elle. Le major Ewing ne chercha même pas à cacher son exaspération à l'encontre de la dernière arrivante. Après s'être assuré que Caldwell était de nouveau équipée et avait rejoint la troupe, il signala qu'enfin le groupe était prêt.

Sur un ordre du major Sheppard, le technicien de la porte composa les coordonnées.

— « Vortex en activation, lança Chuck depuis son poste de contrôle. »

La porte s'ouvrit dans un « wouf » typique sous les yeux émerveillés de SGA 9. Même si pour la majorité d'entre eux, ce n'était pas une première, la Porte des Étoiles revêtait toujours ce caractère magique et fascinant qui les faisait s'extasier avant chaque traversée.

— « Bon voyage et soyez prudents, lança John Sheppard. »

Aussitôt, le major Ewing fit signe à ses hommes de lui emboiter le pas. Il s'engouffra le premier dans le vortex suivi d'Élie et Vera, tandis que Logan et Ethan fermaient la marche.

— « Caldwell, murmura Ewing à sa subalterne quand elle émergea du vortex. Gardez un œil sur elle, ne la quittez pas et empêchez-la de faire n'importe quoi. Et de toucher à tout. Et de faire trop de bruit… Bref, empêchez-la de faire sa scientifique, résuma-t-il en désignant du menton Vera Müller.

— Bien Monsieur, obéit le capitaine.

— Je prends Trager et Wells pour aller explorer les alentours, exposa-t-il. Vous, trouvez-vous une base de repli près de la Porte au cas où, et surtout ne la perdez pas. Occupez là avec trois brins d'herbe ou quelques insectes, après tout, c'est son job. Mais surtout pas de machines qui font bip-bip ! s'exclama-t-il précipitamment.

— Rassurez-vous, Major, elle sera sage comme une image, affirma Caldwell, que l'angoisse de son supérieur commençait à agacer.

— Bien, bien, fit-il songeur. On vous retrouve dans une heure. Ewing pour Atlantis, enchaina le major dans son oreillette. Tout est clair ici. Nous partons explorer les environs. Prochain contact dans quatre heures. »

Jackson reçut la confirmation d'Atlantis dans l'oreillette, puis entraîna Wells et Trager à sa suite pour explorer plus avant les environs.

Caldwell observa ses coéquipiers s'éloigner et se mit à son tour à la recherche d'une base de repli en compagnie du docteur Müller. La biologiste était émerveillée par cette nouvelle planète. À perte de vue s'étendait une forêt dense et humide. Le soleil, haut dans le ciel, filtrait à travers la frondaison nimbant l'atmosphère d'un vert léger et apaisant. Sous les arbres, il faisait frais, et la balade était agréable.

Tout en tâchant de faire un plan grossier du chemin qu'elles empruntaient, Élie gardait un œil sur Vera qui s'extasiait devant chaque plante qu'elle pouvait croiser en poussant des « ho » et de « ha » de ravissement.

— « Capitaine ! Venez voir ! s'écria la scientifique à quelques mètres de Caldwell. »

Paniquée, la militaire se précipita auprès de la biologiste tout en retirant le cran de sûreté de son arme.

— « Qu'est-ce que vous avez vu, Docteur ? s'inquiéta-t-elle en cherchant du regard ce qui avait bien pu alarmer Müller.

— Vous voyez cette jeune pousse, fit Vera en désignant une pousse d'arbre qui pour elle ne révélait rien de surprenant. C'est incroyable, cette plante a les mêmes caractéristiques que le Fraxinus nigra originaire d'Amérique du Nord ! C'est fou, n'est-ce pas ? s'enthousiasma la quadragénaire avec un fort accent germanique.

— Docteur Müller, soupira Élie blasée. Même si j'admire la passion dont vous faites preuve pour votre travail, je dois vous rappeler que nous sommes dans une galaxie inconnue, sur une planète inconnue, et donc potentiellement en danger. Alors, juste un conseil, quand vous vous trouvez avec des militaires sur le qui-vive, dont la seule mission est de vous protéger, éviter de vous mettre à crier pour… une brindille, d'accord ? expliqua Élie d'un ton condescendant, ne servant qu'à masquer son agacement.

— Mais c'est juste que … bredouilla la scientifique en regardant ses pieds, piteuse.

— Ecoutez, je vous propose quelque chose, reprit Élie avec un peu plus de douceur, consciente qu'elle y était allée sans doute un peu fort. Nous avons au moins une heure devant nous. Alors, vous et moi, on se trouve une base de repli, et je vous promets qu'après je serais entièrement à votre disposition pour que nous allions à la chasse aux brindilles, aux grenouilles ou à tout ce que vous voudrez et … »

Caldwell se stoppa net, son P90 en joue. Elle fit signe à Müller de se taire et la fit passer derrière elle, lui ordonna silencieusement de rester dans son sillage.

Elle avait entendu quelque chose. C'était léger et discret, mais elle en était sûre, quelque chose avait bougé. Là-bas, un peu plus loin, dans ces gros buissons.

Le cœur d'Élie battait à tout rompre, ses mains devenaient moites et tremblaient sur le P90 qu'elle serrait de toutes ses forces. L'espace d'un instant, elle fut projetée un mois plus tôt, dans une forêt sombre et inquiétante, avec Teyla. Et l'un de ces monstres …

Élie avait peur de nouveau. Une angoisse terrible. Et si c'en était un ? L'un de ces horribles vampires de Pégase ? Pourrait-elle faire face ou resterait-elle une fois de plus paralysée par la panique ?

Un soupir anxieux lui parvint. D'un coup d'œil rapide, elle vit le docteur Müller, derrière elle, la scruter avec crainte, toute tremblante. Ce fut l'électrochoc dont Caldwell avait besoin. Cette pauvre femme était terrorisée, incapable de se défendre si la nécessitée s'en faisait sentir et sous sa responsabilité. Élie devait la protéger, quelle que soit la chose qui se trouvait dans l'ombre des buissons. C'était elle le soldat. Elle était formée et compétente, et même si elle avait des lacunes – comme le lui avait fait remarquer Ronon Dex lors de leurs entrainements hebdomadaires – elle était la seule ici à pouvoir protéger et servir. C'était son engagement.

Rassérénée par ses propres réflexions, la jeune militaire reprit confiance. Ses tremblements se calmèrent peu à peu et elle affermit la prise sur son arme. D'un geste, elle indiqua à Müller de ne pas bouger et de rester silencieuse, puis elle avança prudemment vers les buissons. Quand elle fut à un mètre de ceux-là, un mouvement brusque les secoua. Elle entendit un soupir et s'élança pour surprendre l'intrus.

Elle ne vit rien. Rien que le taillis et les feuilles frémir comme sous l'effet d'un coup de vent. Il n'y avait rien, ni personne. Et pourtant…

Pourtant, elle ne put s'empêcher de remarquer que l'agitation des végétaux au sol prenait une trajectoire rectiligne et étroite, comme agités par le passage d'un être vivant. Mais aussi loin que ses yeux pussent voir, il n'y avait pas âme qui vive.

— « Vous pouvez me rejoindre, Müller, il n'y a rien, lui cria Élie. »

Tandis que la biologiste la rejoignait, Élie nota les traces d'une présence sur le sol. Les brindilles étaient cassées et les végétaux écrasés. Loin d'être rassurée, Caldwell reprit sa route avec la scientifique autrichienne, lui ordonnant de rester toute proche. Cette dernière ne broncha pas, alarmée par l'attitude de sa compagne de voyage : Élie était aux aguets, les doigts crispés sur son P90.

Elles cheminèrent encore quinze bonnes minutes dans un silence quasi religieux jusqu'à ce que Caldwell tombe sur ce qu'il subsistait de fondations en pierre.

Deux murs à demi-écroulés, d'un mètre trente de hauteur formaient un repli suffisant, et quelques pierres des cloisons effondrées, jonchaient çà et là le sol, offrant des assises convenables.

— « On va établir le campement ici, ordonna le capitaine. Restez derrière ces murs et ne vous éloignez pas, Vera, ajouta-t-elle à l'adresse de sa compagne. Major Ewing, vous me recevez ? interrogea-t-elle dans la radio.

Ewing pour Caldwell, grésilla l'oreillette en retour.

— Soyez prudent, Monsieur, nous avons trouvé des traces d'occupation alien, l'informa-t-elle.

Récentes ? demanda son supérieur après un silence.

— Des ruines, Major, elles doivent avoir une bonne centaine d'années. Mais il se peut que ceux qui ont construit ces murs soient toujours ici.

Bien, nous serons vigilants, affirma Ewing. Rien à signaler ? »

Élie jeta un coup d'œil en direction de la biologiste. La voyant occupée à étudier une nouvelle plante quelconque, elle s'autorisa à s'éloigner un peu.

— « Nous avons installé le repli à cet endroit, il est abrité et offre une vue relativement satisfaisante, tenant compte bien sûr que nous sommes en pleine forêt, expliqua-t-elle. »

Dans son oreillette, Élie entendit Logan murmurer quelque chose au major.

— « Wells semble penser que quelque chose cloche, Capitaine. Tout va bien ? la questionna-t-il.

— J'ai cru voir quelque chose tout à l'heure, Monsieur, avoua Caldwell. Je n'ai vu personne, pas même un animal, mais ça bougeait dans les fourrés à quelques mètres de nous.

Attitude hostile ? s'inquiéta Ewing.

— Non, Major, je crois qu'on nous observait, j'ai noté des traces de passage récent, répondit-elle.

Bien. Restez sur vos gardes et prévenez-nous au moindre mouvement suspect, ordonna Ewing dans l'oreillette. Nous sommes à environ deux kilomètres de votre position. Nous avançons encore un peu. Si nous ne trouvons rien dans l'heure qui suit, vous pourrez nous rejoindre. En attendant, essayez d'occuper notre chère docteure, ajouta-t-il, narquois.

— Affirmatif, Major, répliqua Élie. »

Le major Ewing mit fin à la communication et Caldwell rejoignit le docteur Müller. Comme elle l'avait promis à Vera, une fois le périmètre sécurisé, elle la laissa s'extasier sur toutes les feuilles et brindilles qu'elle trouvait. Élie n'accordait qu'une oreille distraite aux bavardages scientifiques de la biologiste. D'une part, elle ne comprenait pas grand-chose à la germination ou à la photosynthèse. D'autre part, la jeune militaire était toujours tendue par la présence qu'elle avait cru détecter plus tôt.

Une demi-heure passa tranquillement. Vera était comme une enfant au milieu de la végétation inconnue de cette nouvelle planète, s'extasiant tantôt sur les lichens, tantôt sur les feuillages. Élie quant à elle inspectait avec attention les ruines dont elle avait fait le point de repli. S'improvisant archéologue, le capitaine cherchait à identifier des éléments d'architecture caractéristiques qui lui permettraient d'en savoir un peu plus sur le peuple qui avait occupé ce monde.

Les matériaux de construction semblaient être issus de la planète elle-même, mais la configuration du bâtiment effondré lui rappelait étrangement le style des Atlantes.

Rien de bien surprenant, songea Caldwell, les Anciens avaient probablement colonisé des centaines d'univers en leur temps.

Un mouvement furtif sur sa gauche stoppa net ses réflexions architecturales. À nouveau, les buissons environnants avaient frémi, sans que le vent – elle en était convaincue – en soit le responsable. Élie ressentait comme une présence près d'elle, sans pouvoir la percevoir vraiment.

Le plus discrètement possible, Élie bascula le cran de sécurité de son P90, affirmant sa prise sur l'arme.

— « Docteur Müller ! Venez donc voir ici, je crois avoir trouvé quelque chose de très intéressant, s'écria Élie, sans quitter des yeux le buisson-espion. »

Vera accourut, enthousiasmée à l'idée d'une nouvelle découverte. Quand elle eut rejoint la militaire, cette dernière l'invita à se rapprocher d'elle et à s'accroupir sur le sol. Prétextant lui montrer une petite plante entre deux pierres, Caldwell lui chuchota :

— « Vous allez rester très près de moi et faire comme si vous étudiez la plante que je vous montre. Si vous avez compris, hochez la tête, intima Élie. »

La biologiste, que l'angoisse commençait à gagner hocha la tête fébrilement.

— « Vous allez rester calme et ne pas réagir à ce que je vais vous dire, ordonna Caldwell. Je pense que nous ne sommes pas seules. Rassurez-vous, ajouta-t-elle précipitamment en voyant la scientifique se mettre à trembler. Peu importe ce que c'est, ça ne semble pas hostile, sinon ça aurait attaqué, d'accord. Vous allez balancer deux ou trois phrases de votre jargon scientifique, puis vous me demanderez bien fort d'aller chercher quelque chose dans votre mallette. Quand j'aurai atteint votre mallette, vous devrez faire du bruit et de grands mouvements, comme si vous aviez trouvé un truc génial, d'accord ? »

De plus en plus pâle, l'Autrichienne hocha la tête. Et malgré son anxiété évidente, elle commença à jouer son rôle.

Quand le docteur Müller l'enjoignit à aller chercher un appareil dont Élie fut bien en peine de retenir le nom, la militaire ne posa pas plus de questions. Elle fit mine de fouiller dans la mallette, puis vérifia rapidement que son P90 soit bien chargé et armé.

Quand l'Autrichienne se mit à gesticuler en s'enthousiasmant sur des cellules eucaryotes en pleine mitose, ce fut le signal pour Élie de passer à l'action.

Vera était si parfaite dans son rôle qu'Élie se demanda si c'était le stress qui la rendait si convaincante ou si la botaniste avait vraiment fait une découverte.

Élie ne se questionna pas plus longtemps : elle était certaine que le remue-ménage de la scientifique avait attiré l'attention de leur observateur. Elle avait donc maintenant quelques secondes pour prendre l'intrus à revers et le démasquer.

Furtivement, elle fit un crochet par la droite tandis que Vera continuait de s'agiter avec enthousiasme, puis quand elle estima être suffisamment près pour surprendre celui qui les guettait, elle fonça droit devant elle, son fusil en joue.

Un mouvement de panique secoua les buissons et un cri de frayeur répondit à l'assaut de la militaire. Élie fut violemment bousculée et roula sur le sol tandis que la botaniste hurlait de peur. Caldwell eut tout juste le temps de se remettre sur ses pieds, qu'elle vit son sac être emporté à toute vitesse à travers les bois.

En quelques secondes tout fut terminé. La cohue et l'alarme laissèrent place au pépiement des oiseaux et au frémissement des feuilles agitées par la brise. Un silence absurde s'installa après la confusion.

Élie était abasourdie, elle n'avait repéré personne. Elle en était sûre pourtant, dans ces buissons, elle avait bien surpris deux ou même trois formes de vie. Elle avait senti le choc d'un corps qui l'avait projetée sur le sol. Elle avait distinctement entendu des cris de frayeur, poussés de toute évidence par des voix féminines ou peut-être d'enfant. Elle avait aperçu son paquetage être emporté entre les arbres. Mais elle n'avait vu personne. Pas même une forme ou une ombre. Absolument personne.

— « Qui était-ce ? bredouilla Vera Müller, paniquée. Vous les avez vus ? Combien étaient-ils ?

— « Caldwell pour le major Ewing, annonça Caldwell d'une voix absente dans la radio, sans prêter attention à la scientifique.

Ewing, je vous reçois, Caldwell. À vous, répondit presque immédiatement le major.

— Major, cette planète est habitée, l'informa Élie toujours circonspecte.

Vous avez vu quelqu'un ? Est-ce que Müller va bien ? s'inquiéta le gradé. »

La militaire se rendit compte alors qu'elle ne s'était même pas assurée que la botaniste n'était pas blessée. Consternée, elle se précipita auprès de l'Autrichienne :

— « Docteur Müller, êtes-vous blessée ? s'inquiéta enfin Élie. »

Le docteur bafouilla quelques affirmations, lui assurant qu'elle était seulement choquée et effrayée.

— « Müller va bien, Major, elle est seulement secouée, attesta Caldwell. Nous avons rencontré des autochtones, Monsieur, continua-t-elle. Seulement … Eh bien … Ils sont apparemment … Invisibles… hésita la jeune femme, convaincue de l'absurdité de ses allégations.

Caldwell, pouvez-vous répéter, je ne pense pas avoir bien compris, répondit Ewing.

— J'ai bien dit invisible, Monsieur. Comme des… fantômes … grimaça-t-elle à nouveau. »

Seul un silence que ponctuait le léger grésillement de la radio répondit à la militaire. Au bout de plusieurs interminables secondes, le major reprit :

— « Très bien… Caldwell, ne prenez avec vous que le strict minimum, cachez le reste sur place et empruntez la direction nord-ouest aussi vite que vous le pouvez, ordonna-t-il. Nous venons à votre rencontre.

— Bien Monsieur, acquiesça Élie en commençant à cacher le matériel de la biologiste dans une cavité contre les fondations.

On reste en contact radio permanent. Et soyez prudente, Caldwell, termina-t-il.

— Affirmatif, Major, répondit la militaire. Ne prenez que ce qui est indispensable, Vera, nous viendrons rechercher le reste plus tard, intima Élie à l'attention de la biologiste. C'est un ordre, ajouta-t-elle d'un ton sec quand cette dernière fit mine de protester. Nous devons aller très vite, inutile de nous encombrer de ce qui ne peut pas nous sauver la vie. Dans votre sac, vous avez une trousse de secours ? De l'eau ? Des rations ? questionna Élie. »

Tandis que la botaniste répondait par l'affirmative, Caldwell finit de recouvrir les instruments de Vera de feuilles pour les camoufler au mieux.

— « Bien, dernière chose, Vera. Avez-vous quelque part des informations sur Atlantis ? Les coordonnées, les codes, ou ce genre de choses ? l'interrogea-t-elle encore. »

Par expérience, Caldwell savait que de nombreux scientifiques et militaires, gardaient quelque part les coordonnées de la Porte des Étoiles pour accéder à Atlantis, au cas où. Elle-même les avait conservées pendant quelques jours dans la semelle de sa chaussure, le temps de les mémoriser.

Vera hocha la tête en lui tendant un carnet de notes sur la couverture duquel étaient dessinés les fameux symboles. Caldwell arracha ladite couverture et sortit un briquet pour y mettre le feu. Une fois la feuille de carton incinérée, elle chargea sur son dos le sac de la scientifique, puisque délestée du sien par d'invisibles petits voleurs. Sitôt équipées, les deux femmes prirent la route, direction nord-ouest, d'un pas soutenu.

Tout le long du chemin, il fut évident que le docteur Müller souffrait. La pauvre autrichienne haletait et gémissait bien malgré elle, peinant à tenir le rythme rapide imposée par sa compagne. Pourtant, pas une seule fois la botaniste ne se plaignit. Élie admira l'effort et lui en fut reconnaissante. Elle l'encouragea et la félicita autant que possible pour l'engager à maintenir l'allure.

Après trois quarts d'heure de marche intensive, sans apercevoir rien d'autre que de petits mammifères effrayés, Élie et Vera retrouvèrent les trois hommes de l'expédition.

Le major enjoignit toute l'équipe à prendre une rapide pause, tandis qu'il entraînait le capitaine à l'écart pour entendre son rapport.

— « Des formes de vie invisibles ? lança-t-il sans préambule, en haussant les sourcils circonspects.

— Oui, Monsieur. Ce n'est pas une mauvaise plaisanterie, Major, je vous l'assure, répondit Caldwell, inquiète que son supérieur la croie dépourvue de bon sens. Ils étaient là. Trois ou quatre formes de vie non visibles. J'ai nettement perçu leurs mouvements, leurs voix même, relata-t-elle. L'un d'eux m'a même bousculé. Ils semblaient être humanoïdes à première vue. En tout cas, ils se déplaçaient sur deux pattes et j'ai parfaitement senti ce qui pourrait une main. Et les cris qu'ils poussaient semblaient tout aussi humains. On aurait dit des femmes ou des enfants. Ils avaient l'air au moins aussi effrayés que nous.

— Mais vous ne les avez pas vus ? enchaina le major.

— Non, Monsieur. Pas même une ombre ou une vague forme. Si l'un d'entre eux ne m'avait pas heurté, j'aurais même pu croire que j'avais une hallucination. »

Jackson Ewing arbora un air songeur et dubitatif. Il scruta le visage de sa subordonnée, y cherchant une quelconque trace de moquerie ou de folie, sans rien y trouver : Caldwell semblait vraiment inquiète.

— « Est-ce que vous pensez que cela pourrait être des illusions, comme celles que les Wraiths produisent pour créer la panique et le trouble chez leurs victimes ? la questionna à nouveau Ewing. »

Cette fois, un frisson d'angoisse parcourut l'ensemble de l'équipe : avant que le major n'évoque cette probabilité, aucun d'entre eux n'y avait pensé. Caldwell se souvint même avoir été presque soulagée de ne rien voir, se figurant alors qu'au moins cela ne pouvait pas être des Wraiths.

Stupide ! s'admonesta-t-elle en silence. Elle avait lu assez de rapport de mission pour être au fait des capacités et ruses des Wraiths. Tachant de recouvrer son calme, elle s'obligea à rassembler toutes les informations qu'elle avait emmagasinées au sujet de cette race.

— « Non, ça ne pouvait pas en être, affirma-t-elle avec assurance, soulagée par sa propre déduction. Les Wraiths ne peuvent provoquer que des illusions audiovisuelles. Or ces choses étaient bien pourvus de corps physiques, l'un deux m'a littéralement projetée au sol. »

Tandis qu'elle annonçait cela, un soupir de soulagement parcourut l'assemblée. Si déjà ils pouvaient éliminer les Wraiths de la liste des suspects, c'était une très bonne nouvelle.

— « Bien, reprit le major. Dans ce cas, nous allons reprendre la route. Nous avons trouvé des cultures, à environ un kilomètre à l'ouest : tâchons de trouver les fermiers qui cultivent ces terres. Enfin s'ils sont visibles, ajouta-t-il narquois. »

Élie grimaça. Le ton du militaire ne laissait aucun doute quant au mépris que lui inspirait sa subordonnée. Dès leur première rencontre, Ewing avait affiché à son égard une franche hostilité, sans même essayer de s'en cacher. Caldwell ne parvenait pas à comprendre pourquoi. Était-ce parce qu'elle était une femme ? Quelque chose dans ses états de services lui avait-il déplu ? Elle aurait été bien en peine d'en connaître la raison, mais une chose était sûre : le major Jackson Ewing ne l'aimait vraiment pas.

Sur une suggestion du sergent Trager, Ewing contacta tout de même Atlantis pour leur faire part des nouvelles données.1

Les enjoignant à la plus grande prudence, le colonel Sheppard les autorisa à continuer leur exploration, après avoir été assuré que les Invisibles n'avaient pas fait montre d'une attitude hostile.

Aussitôt la communication terminée, toute la troupe se remit en route, au grand dam du docteur Müller qui n'en pouvait plus de marcher. Elle fut donc reconnaissante au sergent Trager qui suggéra – puisque les environs avaient déjà été sécurisés et que le jour était encore jeune – d'adopter une allure plus calme.

— « Major, dit Élie en se plaçant à la hauteur de son supérieur, il y'a autre chose. Eh bien, les Invisibles ont volé mon paquetage, fit-elle penaude.

— Qu'aviez-vous à l'intérieur ? soupira Ewing, passablement agacé.

— L'équipement classique, des rations de survie, de l'eau, et quelques autres choses, expliqua-t-elle gênée. Mais rien qui ne puisse mettre en péril la sécurité d'Atlantis, Monsieur ! s'exclama-t-elle en voyant l'air réprobateur de son supérieur.

— Et la nôtre ? demanda-t-il d'un air menaçant.

— Non plus Monsieur, toutes mes armes et mes munitions sont sur moi.

— Bien, c'est déjà ça, répondit-il sèchement en accélérant le pas pour bien faire comprendre à sa subordonnée que la conversation était terminée. »

Élie s'arrêta là, laissant le major la distancer, bien consciente qu'il ne souhaitait pas vraiment bavarder avec elle. Elle attendit que le docteur Müller et Trager – en grande discussion scientifique – la dépassent, puis reprit sa route une fois à hauteur de Logan.

D'une tape bienveillante sur l'épaule, Wells signifia son soutien à son amie, pas dupe de l'attitude revêche de son supérieur envers la négociatrice. Élie lui sourit, le remerciant en silence pour son appui, puis elle reporta son attention du l'étrange duo qui marchait devant elle.

Ethan Trager buvait littéralement les paroles de la botaniste qui cheminait à ses côtés. À grand renfort de jargon technique, Vera Müller partageait avec le sergent sa passion de la flore extra-terrestre, pimentant le tout de son fort accent autrichien. Ethan semblait captivé par la conversation et Élie voyait à son air concentré qu'il tentait d'assimiler un maximum d'informations. Elle était sûre qu'une fois de retour à la base, il s'enfermerait dans la médiathèque d'Atlantis pour approfondir le sujet. Elle ne serait pas non plus surprise de le trouver dans les labos de botanique pour observer insatiablement le travail des scientifiques.

Élie avait découvert le jeune homme pendant le voyage à bord du Dédale. Ethan Trager était un garçon affable et vif d'esprit, avide de connaissances. Dès qu'elle l'avait rencontré, elle avait été frappée par sa soif d'apprendre sur toute chose. Chaque heure de son trajet à bord du vaisseau avait été mise à profit pour s'instruire sur les systèmes de propulsion pour lesquels il s'était alors passionné.

Cependant, loin d'être asocial, comme nombre de scientifiques, Ethan était également un compagnon agréable. Pourvu d'un humour à la fois piquant et enfantin, il s'était rapidement lié d'amitié avec Logan et elle. Se mêlant dès que possible aux autres, il avait sympathisé avec nombre de militaires et de civils, et tous semblaient l'apprécier à sa juste valeur.

— « Alors, d'après toi, ces Invisibles, qu'est-ce qu'ils sont ? l'interrogea Wells, la tirant abruptement de sa rêverie.

— Je n'en sais rien, répondit-elle, évasive. Je ne pense pas qu'ils soient hostiles : ils ne faisaient que nous observer. J'étais la seule à être armée et pourtant, ils n'ont pas essayé d'attaquer. Il semble qu'ils aient juste eu peur.

— Peut-être qu'ils continuent à nous observer, suggéra Logan en regardant autour de lui.

— Sans doute, convint Élie. Je crois avoir vu bouger quelque chose à deux ou trois reprises depuis que nous sommes partis. Comme si l'on nous suivait. »

Les mains de Logan se crispèrent sur son arme, l'homme de terrain qu'il était se mit aux aguets, prêt à faire feu au moindre mouvement.

— « Du calme, tempéra Caldwell en posant une main sur le canon du P90 de son ami pour l'obliger à le baisser. Je te l'ai dit : ils ont peur de nous. Nous envahissons leur territoire, s'ils nous observent c'est simplement pour découvrir qui nous sommes et pourquoi nous sommes là, lui assura-t-elle, forte d'années de pratique auprès de peuples extra-terrestres souvent très méfiants à leur égard. Et pointer une arme sur eux ne fera pas passer le bon message, Logan, appuya-t-elle quand Wells releva à nouveau son fusil en balayant du regard les alentours.

— Moi je pense que c'est exactement le message qu'il faut faire passer : ne venez pas vous frotter à nous, répliqua le lieutenant avec conviction.

— Et après, tu te demandes pourquoi les gens ne t'aiment pas, soupira Élie, moqueuse.

— Les gens m'adorent ! protesta Logan. Surtout les femmes, s'enorgueillit-il en bombant le torse. »

À cette réflexion, Élie ne put que répondre par un éclat de rire sincère. Ce qui lui valut un méchant coup de poing dans l'épaule de la part de son compagnon vexé.

— « Est-ce que ce serait trop vous demander de vous comporter comme des professionnels et non pas comme des gamins en sortie scolaire ! tempêta le major Ewing devant eux, en leur lançant un regard noir.

— Désolé, Monsieur ! répondirent à l'unisson Wells et Caldwell, pris en faute. »

Jackson Ewing soupira en observant les deux compères penauds, marcher à nouveau en silence, évitant son regard réprobateur. Le major reprit sa marche, passablement agacé par ces deux-là. Enfin surtout Caldwell, pensa-t-il. Il songea que l'exaspération qu'il avait ressentie envers elle dès le départ s'était rapidement muée en une profonde animosité.

Quand le général Landry lui avait donné la composition de son équipe, Ewing avait protesté. En vain. Il avait pourtant bien spécifié qu'il ne voulait pas de femme dans son équipe, que c'était un poids qu'il refusait d'assumer. Ce à quoi on lui avait répondu qu'il n'en serait pas déçu, que c'était un bon soldat, pourvue de nombreux talents. On lui avait assuré que la complicité qu'elle entretenait avec son coéquipier, le lieutenant Wells, ne pourrait que renforcer les liens de son équipe.

Parlons-en des liens entre ces deux-là ! songea amèrement le major. Deux enfants insupportables, toujours à plaisanter et à se taquiner. Et maintenant qu'ils avaient embarqué avec eux le jeune Trager, Ewing n'espérait plus parvenir à ramener l'ordre dans son équipe.

Pourtant ces deux hommes étaient prometteurs. Des petits gars francs et courageux, de bons soldats, sur qui l'on pouvait compter. Et si Trager se laissait simplement entraîner par ces deux-là, Wells lui était complètement sous la coupe de Caldwell.

Voilà pourquoi il avait toujours soutenu auprès de ses supérieurs qu'une femme n'avait rien à faire dans une équipe d'hommes. Elle distrayait les troupes, et était une source d'angoisse permanente. Les soldats n'avaient pas la même attitude avec leurs collègues féminins : ils se sentaient toujours responsables d'elles et éprouvaient le besoin de les protéger, bien qu'elles aient reçu la même formation qu'eux.

C'était ainsi, les hommes étaient conçus de cette manière. Ewing ne pensait pas que les femmes soldats avaient moins de valeur que les hommes. Il avait pu constater par lui-même l'efficacité et le professionnalisme de certaines de ses consœurs. Le meilleur exemple en était le Colonel Carter, femme d'exception et soldat émérite.

Non, Ewing ne pensait pas que l'armée était réservée aux hommes, simplement que des hommes et des femmes dans la même équipe, cela ne faisait pas bon ménage. Il n'y avait qu'à voir comment Wells se comportait avec Caldwell pour comprendre que celui-ci serait prêt à manquer à son devoir et à désobéir aux ordres si Caldwell était en danger.

Et puis, il y avait ces risques auxquels le major ne voulait pas faire face. En cas de capture, ce qu'il pouvait arriver à une femme … Ewing refusait d'être confronté à ça. La guerre sur Terre, il l'avait faite, il savait ce dont l'être humain en guerre, au summum de sa barbarie et de sa cruauté était capable d'infliger aux femmes, civiles ou militaires. Même au sein des forces armées des États-Unis, il avait vu trop de choses, trop de débordements.

Voilà, tout simplement, le major Ewing ne voulait pas de femme dans son équipe.

Alors, quand on lui avait collé Caldwell dans les pattes, cela l'avait vraiment contrarié. Quand on lui avait annoncé qu'elle était moins soldat que négociatrice, il avait cru à une farce. Sa place n'était pas sur l'expédition Atlantis. Mais quand finalement il avait découvert, la veille de l'embarquement sur le Dédale, qu'elle était la fille du commandant de ce même vaisseau, il avait vu rouge. Certain alors qu'elle ne devait sa position qu'au nom qu'elle portait et à l'appui de son père.

Le major Ewing fut tiré de ses sombres pensées par un mouvement au loin. D'un signe de la main, il ordonna à son équipe de le rejoindre en silence. D'un seul tenant, ils se mirent en formation : Ewing restait en tête, puis juste derrière lui se tenait la scientifique autrichienne, encadrée par Trager et Caldwell, enfin Wells assurait leurs arrières.

Chacun connaissait son rôle, et s'ils devaient tous afficher une attitude pacifique envers les autochtones rencontrés, ils agissaient toujours avec la plus grande prudence. Il entendit le cliquetis caractéristique des crans de sûreté de trois P90, lui confirmant qu'ils étaient prêts à parer à toute éventualité.

Le docteur Müller était le point faible de leur équipe : elle ne portait pas d'arme et n'était pas une combattante. C'était Trager qui avait été affecté à sa protection personnelle, ne devant pas la quitter d'une semelle.

Au loin, les autochtones semblaient les avoir repérés. Ewing jaugea rapidement la situation. Un groupe hétéroclite d'environ une dizaine d'individus, tous humanoïdes. Il y'avait quelques hommes, mais aussi des femmes et même trois enfants qui coururent se réfugier derrière les femmes en les apercevant.

Ils étaient tous vêtus simplement et n'avaient dans les mains que des fourches et autres outils servant à la culture du sol. Harnachés à ce qui s'apparentait à une charrue en bois, deux animaux de traits – semblables à des bœufs – broutaient paresseusement quelques herbes éparses.

Le major Ewing jugea que ces gens ne présentaient pas de danger immédiat : aucun d'entre eux ne ressemblait vraiment à un combattant. D'un signe, il demanda à Élie de s'avancer.

— « Ils n'ont pas l'air menaçants, commença le major. Qu'en pensez-vous ?

— Au vu de leur vêture et de leurs équipements, je dirais qu'il s'agit d'une société agricole avec un faible avancement technologique, probablement comparable au début du moyen âge terrien, répondit Caldwell avec professionnalisme. Ils n'ont pas l'air effrayés de nous voir, il est donc possible qu'ils soient en commerce avec d'autres planètes et qu'ils voient régulièrement des étrangers. Leur attitude est plutôt pacifique et non craintive : les hommes n'ont pas fait évacuer les femmes. Nous devrions approcher.

— Je tiens juste à vous rappeler que la dernière fois que SGA1 a rencontré de gentils paysans moyenâgeux, ils se sont avérés être des Geniis, intervint Wells, toujours le plus méfiant d'entre eux.

— Bonne réflexion, Wells, confirma Ewing. Caldwell ?

— C'est une possibilité. Trager, sors le détecteur de champs magnétiques et garde-le allumé, ça devrait nous permettre de ne pas être pris au dépourvu au cas où ce seraient des Geniis, fit Élie. Cependant Monsieur, nous devrions aller à leur rencontre avant de paraitre trop suspects. S'ils avaient dû nous attaquer, ils l'auraient déjà fait.

— Très bien, Caldwell et moi allons approcher. Trager donnez le détecteur à Caldwell, vous nous rejoindrez tous les trois dès que nous nous serons présentés, expliqua le gradé. Qui parle Caldwell, vous ou moi ?

— Les hommes se sont mis légèrement en avant, et l'un d'eux se détache nettement du groupe. Probablement une société patriarcale, analysa-t-elle. À vous de parler.

— Très bien, faites-moi signe si je commets un impair, termina Ewing avant de se mettre en marche, suivi de très près par Caldwell. »

Malgré tous les griefs qu'il pouvait avoir à l'encontre de sa subordonnée, Jackson reconnaissait ses talents dans ce domaine. Il savait la jeune femme capable d'analyser à une vitesse étonnante une situation et un peuple inconnu, et ainsi fournir des éléments essentiels pour la prise de contact avec les autochtones.

D'un pas assuré, les deux militaires s'avancèrent vers le groupe de paysans. L'un d'entre eux vint spontanément à leur rencontre : un homme d'une bonne trentaine d'années, le teint hâlé par des heures de labeur sous le soleil, habillé de vêtements de toile simple.

L'homme les approchait en arborant un franc sourire, la main tendue.

— « Bonjour voyageurs, lança-t-il d'un ton jovial. Je m'appelle Baldrik. Êtes-vous venus pour les fêtes de Brijnar ?

— Bonjour, Baldrick ! lui répondit Ewing en lui serrant la main, je suis le major Jackson Ewing et voici le capitaine Élie Caldwell. Nous venons de la planète Terre et nous sommes là en mission diplomatique, ajouta-t-il formellement. »

Élie dut faire de gros efforts pour retenir un ricanement quand elle vit l'air surpris de leur interlocuteur, visiblement déstabilisé par le ton formel et peu chaleureux du major. Ce dernier, comprenant qu'il venait de commettre son premier impair, laissa Élie prendre la suite.

Caldwell serra chaleureusement la main du dénommé Baldrick et se para de son plus beau sourire.

— « Ravie de vous connaître Baldrick. Ce que le Major voulait dire c'est que nous venions simplement afin de faire connaissance avec vous, mais qu'il est heureux que nous soyons là pour assister aux fêtes de Brijnar, expliqua-t-elle.

— Et nous serons heureux de vous y accueillir, Capitaine ! s'enthousiasma Baldrick. Vous dites venir de la Terre, mais je ne connais pas cette planète.

— Vous pouvez m'appeler Élie, Capitaine c'est mon grade. En fait, la Terre est notre planète d'origine et se situe dans une autre galaxie, mais mes amis et moi avons habité la cité des Anciens, avant qu'elle ne soit détruite par les Wraiths, précisa Caldwell.

— Oh bien sûr, la cité des Ancêtres ! s'exclama l'alien. J'aurais dû m'en douter : ces vêtements étranges et ces drôles de choses que vous portez, ajouta-t-il en tendant la main vers le P90 du major. »

Conditionné par des années de situations dangereuses, Ewing fit un pas en arrière, se saisissant brusquement de son fusil, effrayant par la même occasion Baldrick.

Ce qui faisait d'Élie la meilleure dans son domaine, c'était sa rapidité d'analyse et de réaction. Comme à cet instant précis, où elle perçut immédiatement que la bonhommie naturelle de l'autochtone venait de se muer en défiance, et que l'attitude de son supérieur risquait de faire échouer la rencontre.

En à peine quelques secondes, Élie avait réenclenché la sécurité de son P90, éjecté son chargeur et la balle logée dans la chambre et tendu son arme à Baldrick, sous le regard outré du major. D'un signe autoritaire de la main, elle l'empêcha de protester et s'adressa au paysan toujours méfiant :

— « Allez-y, prenez-la, vous pouvez regarder, mais prenez garde, c'est une arme, dit-elle à Baldrick en arborant un sourire sincère. Le major a eu peur que vous blessiez, mais j'ai retiré les munitions, vous pouvez la prendre. »

Prudent, l'homme se saisit délicatement de l'arme, l'inspectant sous tous ses angles, s'interrogeant sur la manière de l'utiliser. Le sentant un peu tendu, Élie s'approcha de lui doucement et lui fit affermir sa prise sur le fusil, lui montrant comment il devait la tenir.

— « Elle nous sert à nous défendre, car malheureusement tous les peuples que nous rencontrons ne sont pas aussi accueillants que vous, lui expliqua-t-elle. Vous la tenez comme ça, et si un ennemi vous menace, vous appuyez là et cela lui envoie des balles de fer.

— Et ça le blesse ? l'interrogea l'homme.

— Cela peut même le tuer, c'est très dangereux, appuya Élie. »

Pris de panique, le paysan laissa tomber le fusil au sol, craignant de blesser quelqu'un. Élie le ramassa dans un sourire et continua :

— « C'est pour cette raison que le major a eu peur quand vous avez essayé de toucher la sienne, il craignait que vous vous blessiez.

— Oh bien sûr ! Pardonnez-moi major, s'excusa Baldrick auprès du major.

— C'est à moi de m'excuser pour mes réflexes vindicatifs, regretta Ewing. Et appelez-moi Jackson, ajouta-t-il. Major, c'est mon grade, appuya-t-il en posant une main amicale sur l'épaule de Baldrick. »

Élie comprit à cet instant que la crise était désamorcée et que le major avait repris confiance. Il entama immédiatement une conversation polie et chaleureuse avec l'autochtone, qui se mit en frais de lui présenter son épouse, Hedda, et ses enfants : Rikke, une adorable fillette de cinq ans et Almar, un énergique garçon de huit ans.

Caldwell ne put entendre les présentations des autres membres du groupe puisqu'elle avait déjà fait demi-tour pour aller chercher le reste de l'équipe.

— « Alors Captain' ? Tout va bien ? s'enquit Trager qui n'avait rien manqué de la scène.

— Aucun problème, ils sont très amicaux. Logan, tu peux te détendre, ajouta-t-elle en soupirant à l'adresse de son acolyte dont les mains étaient crispées sur le P90. Que tout le monde remette son cran de sûreté : ils ont l'air plutôt curieux, je ne voudrais pas qu'il y ait d'accident. Logan, râla-t-elle en voyant son coéquipier rechigner. Pas de bip-bip, fit-elle en montrant le détecteur qu'elle avait conservé dans sa poche tout au long de la rencontre. Donc pas de champ magnétique, pas de radiation et donc pas de Geniis ! conclut-elle. »

Élie sourit devant l'attitude si méfiante de son ami. Elle ne pouvait pas vraiment le lui reprocher : tout au long des missions qu'ils avaient partagées ces dernières années, elle avait toujours était celle qui nouait du lien, tandis qu'il veillait jalousement sur ses arrières, prêt à parer à toute perfidie. Et elle devait reconnaitre que nombre de fois c'était sa vigilance et sa défiance – peut-être même un brin de paranoïa – qui leur avait évité bien des ennuis.

Mais c'était aussi parce qu'elle le connaissait depuis des années qu'elle savait exactement comme le prendre.

— « Non, pas de Geniis, en revanche … lui lança-t-elle avec un sourire en coin. J'ai repéré quelques jolies jeunes filles parmi eux.

— Oh vraiment ? s'exclama Logan, soudain plus détendu. Allons voir ça ! s'enthousiasma-t-il en forçant le pas pour rejoindre plus rapidement leur supérieur. »

Trager éclata de rire devant l'attitude ouvertement lubrique de leur collègue. Décidément, on ne le refera plus, songea Élie amusée tout en emboitant le pas au groupe des paysans qui les menaient au village.


1 J'ai comme un doute : dites, est-ce que les « communications subspatiales » d'une équipe en mission vers Atlantis sont possibles sans ouverture du vortex ? Je ne suis plus très sûre là.


Voilà, c'est fini pour le premier chapitre. J'espère qu'il ne vous a pas semblé trop long ou fastidieux, mais il est nécessaire pour mettre en place la suite des événements. Je suis très curieuse de découvrir vos avis sur ce chapitre.

Dans le prochain chapitre, on accélère la cadence et embarque tout ce petit monde dans une joyeuse galère ! On se retrouve très prochainement, pour le chapitre 2.