Note : Cette fic est la traduction de The Unicorn Incident, que je traduis avec la permission de Who_la_hoop, son auteur. Vous trouverez le lien vers le texte original dans mon profil.
Un grand grand merci à ma bêta, Keina, hyper efficace!
La fic fait 20 000 mots, je la découperai en 4 ou 5 chapitres a priori.
Elle est entièrement traduite, j'attends juste que Keina avance dans sa beta-lecture, mais quoi qu'il en soit, vous devriez avoir droit à une publication régulière et rapide!
Bonne lecture!
L'affaire de la licorne
1. — Choisis tes batailles avec soin, Scorpius, dit son père, d'une voix calme mais stricte.
Une fois encore, les larmes de Scorpius semblaient n'avoir aucun effet sur lui, et il essaya de comprendre ce qu'il voulait dire, malgré le brouillard généré par sa colère.
— Un Serpentard ne fait jamais une scène à propos de quelque chose d'aussi mesquin qu'un bonbon. Tu te rappelles ce que je t'ai déjà dit.
Scorpius réfléchit fort en séchant ses larmes – qui étaient à moitié de colère et à moitié feintes – et essaya de se calmer.
— Que quand tu disais non, je devais demander à Mère à la place.
Son père se mit à rire.
— Excellent. Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit, mais je vois que tu as retenu une leçon importante. Une approche subtile fonctionne toujours mieux qu'une attaque frontale.
Scorpius ne comprit pas vraiment ce que Père voulait dire, mais il s'appliqua à faire naître de nouvelles larmes dans ses yeux. Elles affectaient Mère d'une façon assez différente de Père. Il pouvait déjà sentir les bonbons sur sa langue.
Scorpius essayait de ne pas avoir l'air de s'intéresser au plus jeune des fils Potter – Albus Severus apparemment. Le nom, pourtant ancien et digne, paraissait ridicule lorsqu'il était porté par quelqu'un qui possédait des cheveux si mal coiffés. Le garçon attrapa le Choixpeau et le plaça sur sa tête. Son visage était plissé et tendu. Le gamin ressemblait remarquablement à son célèbre père et allait sans aucun doute – vu ce qu'on pouvait déjà observer – se révéler tout aussi énervant. Cependant Scorpius avait d'ores et déjà réservé une place de choix dans la liste de ses nouveaux ennemis à James le rouquin. Son sang Weasley et ses mauvaises manières étaient évidentes rien qu'à sa façon de jeter continuellement des regards mauvais dans sa direction, sans raison aucune.
Scorpius avait passé de nombreuses heures cet été plongé dans des livres sur l'héritage sorcier et les généalogies afin de décider quels étudiants seraient dignes de son amitié. Son père avait – étonnamment – plus ou moins désapprouvé cela, mais Scorpius était un Malefoy, après tout. Il pouvait sentir le poids de générations de Sang Purs avant lui, prêts à juger le juger, lui et sa conduite. Le nom de Malefoy avait été sali, terni durant la dernière guerre et il était plus que conscient que c'était à lui, le seul héritier de la lignée des Malefoy, de rectifier les choses. Il lui restait juste à trouver comment.
Il se pencha légèrement en avant. Le gamin semblait sur le point de se faire dessus. Scorpius eut un sourire méprisant. De quoi avait-il si peur ? Tout fils de Potter – qui était, après tout, la figure emblématique de Gryffondor – serait évidemment réparti avec ses pairs les lions. Tout comme lui, Scorpius, avait été envoyé à Serpentard juste quelques minutes auparavant, suivant les traces de son père et du père de son père.
— SERPENTARD ! hurla le Choixpeau.
Il y eut un silence choqué et l'école entière put admirer le spectacle d'un môme au visage rouge qui secouait un vieux chapeau mal en point, menaçant de le réduire en miettes.
— Mon père a dit que tu prendrais mon choix en compte ! hurla Albus tandis qu'il secouait le Choixpeau en tapant des pieds. Je veux pas aller à Serpentard. Envoie-moi à Gryffondor ou je te règle ton compte !
Le Choixpeau demeura silencieux, mais Mac Gonagall, la Directrice, agita sa baguette et l'arracha à la prise d'Albus pour le récupérer elle-même.
— Vraiment définitivement Serpentard, dit le Choixpeau d'une voix amusée.
— Tu vois, je t'avais dit que t'étais pas vraiment un Potter, lança James.
Ses amis ricanèrent.
— Aucun Potter ne serait envoyé à Serpentard. J'ai toujours dit qu'il y avait eu une erreur à la maternité.
Albus ne répondit rien mais Scorpius put voir qu'il serrait fort les poings. Son visage était pâle et ses lèvres tremblaient.
— Je veux aller à Gryffondor, s'il vous plaît, dit-il à la Directrice. Le Choixpeau se trompe.
La Directrice le regarda très gentiment.
— Je suis désolée, M. Potter. Le Choixpeau a pris sa décision. S'il vous plaît, veuillez rejoindre vos nouveaux camarades à la table de Serpentard.
Albus eut l'air hésitant pour un moment, avant de se diriger vers la table des Gryffondor où il s'assit, sous les applaudissements et les encouragements de son frère et des autres élèves de la Maison.
A la fin, il fallut qu'il soit porté, hurlant, à la table des Serpentard par un horrible type, incroyablement grand, chevelu et sale, qui s'approcha bien trop près de Scorpius à son goût.
Il observa Potter junior, tout rouge et reniflant, avec un certain dégoût et un délicieux sentiment de supériorité. Visiblement, son père ne lui avait pas appris la bonne méthode pour obtenir ce qu'on voulait. Pourquoi faire un tel scandale quand on ne pouvait rien faire dans l'immédiat ? Scorpius serait resté tranquille et ensuite aurait demandé à son père de rendre une visite personnelle à la Directrice pour arranger les choses. Il était sûr que le père de Potter n'aurait eu aucun scrupule à faire de même. C'était à ça que servait la famille, non ?
— Arrête de pleurer, dit-il d'une voix dédaigneuse, quand les sanglots d'Albus commencèrent à lui porter sur les nerfs.
Est-ce qu'il attendait du réconfort ? De la part de Serpentard ? Si oui, il pouvait attendre longtemps. Si c'étaient des larmes de crocodiles, c'était du temps et de l'énergie perdus. Personne autour ne leur prêterait la moindre attention.
Albus murmura quelque chose qui ne semblait pas poli.
— Mon nom est Scorpius Malefoy, dit-il, décidé à lui accorder le bénéfice du doute.
Il ne voyait pas de raisons de se faire des ennemis avant d'avoir évalué le potentiel de Potter en tant qu'allié.
Albus lui jeta un regard dégoûté.
— Je sais qui tu es, renifla-t-il.
Il se moucha bruyamment dans un mouchoir qui avait dû connaître des jours meilleurs.
— Je viens de te voir être Réparti, tu te rappelles ? Je te déteste déjà.
Scorpius lui jeta un regard mauvais. Comment osait-il !
— Je te déteste aussi. J'ai juste suffisamment de bonnes manières pour ne pas le dire.
Albus sourit, mais ce n'était en aucun cas amical.
— Tu viens juste de le faire. Maintenant laisse-moi tranquille. Je ne parle pas aux garçons dans ton genre.
Il leva le nez en l'air et regarda ailleurs, continuant à renifler. L'envie de lui jeter un mauvais sort bien vicieux démangeait Scorpius, mais il parvint à se contenir. Il n'aurait probablement pas dû connaître au moins la moitié des sorts qu'il savait déjà lancer, et il ne voulait pas attirer d'ennuis à son père. Au moins Potter avait fait taire ses sanglots exaspérants. Il faudrait se contenter de ça pour l'instant. A l'avenir, il lui faudrait juste éviter le gamin.
Cependant, comme si cela ne suffisait pas, le lit juste à côté du sien se trouva assigné à Albus Severus. Cette nuit-là, il fallut un sortilège d'insonorisation puissant pour bloquer les sanglots de cet idiot. Même ainsi, Scorpius eut du mal à trouver le sommeil.
2. — Ne montre aux autres que ce à quoi tu es bon, dit lentement Père à un Scorpius de dix ans qui lui tendait une aquarelle du Manoir Malefoy. Autrement, tu laisses la porte ouverte aux moqueries. Ne fais rien qui puisse t'attirer la honte ou la dérision. Ce…
Il serra les lèvres en regardant l'aquarelle.
— Ce dessin est très bien, si tu le gardes pour toi, mais ne te vante pas des choses pour lesquelles tu es moins que doué.
— Désolé, Père, répondit Scorpius en récupérant le dessin déshonorant et en le déchirant.
Son père eut l'air triste, l'espace d'un instant.
— Je n'ai pas dit que tu devais le détruire, Scorpius. Garde-le simplement pour toi.
Mais d'une manière ou d'une autre, Scorpius ne retrouva jamais vraiment l'envie de peindre à nouveau, et quand il retrouva un autre de ses dessins, quelques mois plus tard, il rit en se rappelant avoir cru posséder un quelconque talent en la matière, et brûla son œuvre sans un regret.
Albus Severus était plus qu'irrécupérable en matière de Quidditch, pensa Scorpius avec dédain, tandis qu'il observait son camarade de Maison essayer de voler en ligne droite. C'était même plutôt pathétique qu'il ait osé se présenter aux essais. Comment pouviez-vous être assez stupide pour vous donner ainsi en spectacle alors que vous étiez aussi mauvais, quand c'était seulement votre première semaine d'école ?
Scorpius observa les visages de marbre des garçons plus âgés qui l'entouraient, et sentit la tension hystérique qui nouait ses muscles diminuer légèrement. Il s'était attendu – ils s'y étaient tous attendus, à les voir – à ce que la progéniture de Potter soit plus que douée sur un balai. Son frère, James, était l'attrapeur des Gryffondor. Il n'y avait pas de raisons pour qu'Albus soit différent.
Il semblait désormais que lui, Scorpius, avait de bonnes chances de devenir Attrapeur. Il n'aimait pas particulièrement voler. Il avait toujours un peu peur de tomber et de se faire mal. Il était, cependant, assez doué, et cela combiné avec le balai le plus cher du marché et des cours d'été donnés par nul autre que le champion de Quidditch Viktor Krum, faisait qu'il n'y avait pas de raisons pour lesquelles il ne puisse entrer dans l'équipe et rendre son père fier de lui.
Potter était vraiment pathétique, se dit-il tandis qu'Albus oscillait sur son balai, le visage rougi par l'effort et le rire. Il essaya d'esquiver un Cognard et se retrouva quasi pendu à son balai par une seule main. Il fallut que deux autres Serpentard à l'air sinistre l'aident ; ils préféraient garder les membres de leur Maison en vie, quel que soit leur degré d'idiotie et d'inutilité.
— Oh, dit Albus quand il eut finalement atterri et remercié ses sauveurs avec enthousiasme. C'était marrant. Je suis sûr que je peux faire mieux si vous me donnez une autre chance.
Il n'avait pas du tout l'air embarrassé par sa performance et ne semblait même pas remarquer les regards dédaigneux des autres Serpentard.
Scorpius l'aurait fusillé du regard s'il avait été capable de se concentrer sur autre chose que le fait que c'était maintenant son tour. Il aurait aimé que voler soit aussi amusant qu'Albus semblait le trouver.
Il décolla et, après un vol techniquement parfait, fut nommé Attrapeur. Quand il atterrit et qu'un bon nombre de Serpentard vint le congratuler, il se dit qu'il devrait se sentir fier, aussi il fit de son mieux. Mais en jetant un regard à Albus, qui l'observait avec une expression songeuse, il pensa – très étrangement – à son aquarelle d'il y avait si longtemps. Il repoussa le souvenir avec une grimace. Il marquait déjà la Maison Serpentard de son empreinte. Il faisait honneur au nom de Malefoy. Il jouait son rôle. L'amusement n'y avait pas sa place.
Quand il tomba sur une partie de Quidditch impromptue entre un groupe mélangé de Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle de seconde année, qui encourageaient Albus tandis que James volait en cercles autour de lui – les deux garçons tombaient à moitié de leurs balais tellement ils riaient – Scorpius essaya de ne pas se sentir déçu de ne pas avoir été invité à jouer. Il n'en avait pas envie, de toute façon.
3. — Fais-toi de bons amis à Poudlard, mais n'oublie jamais que le sang est plus épais que l'eau, la famille passe avant tout, lui dit son père pendant les grandes vacances.
Il fit une pause, et son visage se tordit en une grimace.
— Même si ça fait mal.
Scorpius soupçonnait son père d'être légèrement ivre, mais il lui sembla plus sage de ne pas mentionner ce fait. Il commençait à se dire que son père n'était pas aussi vénérable qu'il le semblait.
— Ma loyauté vous est pour toujours acquise, dit Scorpius.
Il se sentit troublé quand son père grimaça. Plus tard, il demanda à sa mère ce que Père avait voulu dire.
— Il a perdu un ami cher pendant la guerre, répondit lentement sa mère. Mais un ennemi cher l'a sauvé, lui et ses parents, de bien pire.
Elle refusa d'en dire davantage, et quand il l'interrogea, son père devint froid et refusa de lui adresser la parole pendant une semaine. Il était certaines choses, apprit Scorpius, qu'il valait mieux laisser venir d'elles-mêmes.
Au début de la Seconde Année, Scorpius fut satisfait de constater que ses efforts avaient payé. Il était, tout bien considéré, le garçon le plus populaire et respecté de son année à Serpentard. Il pouvait se permettre de choisir les élèves qu'il voulait admettre dans son cercle, à une seule exception : Potter. Non qu'il veuille de Potter comme ami. Loin de là. Dormir dans le lit à côté du sien l'année précédente faisait bien assez de temps comme ça passé en sa compagnie, merci bien. Toutes ces larmes et ces cauchemars bruyants. Beurk. Il était si… si… transparent concernant ses émotions. S'il était malheureux, tout le monde le savait. Ce qui n'était pas du tout la façon de faire à Serpentard.
Bien sûr, Albus était rarement dans la salle commune de Serpentard. Il ne revenait au dortoir qu'une minute avant le couvre-feu, sautait tout habillé dans son lit et tirait les rideaux. Scorpius espérait qu'il se mettait en pyjama une fois caché par les rideaux, mais on ne pouvait pas en être sûr. Certains de ses camarades de classe faisaient preuve d'une hygiène personnelle douteuse, si on en jugeait par l'odeur, donc on ne pouvait pas vraiment savoir.
Apparemment, Albus (qui était universellement connu chez les Gryffondor en tant que « Al », un nom Moldu s'il en était, selon Scorpius) avait le mot de passe de la salle commune des Gryffondor et passait la majorité de son temps libre là-bas. C'était, pensait Scorpius avec ressentiment, une insulte aux nobles traditions de la Maison Serpentard. Non, il ne voulait certainement pas que Potter soit son ami, mais cela l'irritait de savoir que s'il lui offrait son amitié, Albus et ses cheveux en bataille lui riraient probablement au visage.
A la place, Scorpius devait se contenter des rejetons de l'élite Pur Sang. Ce qui, après tout, n'était pas une telle corvée, supposait-il. Comme meilleurs amis, il avait choisi Gregorius Goyle, le fils d'un vieil ami de la famille, et Pallas Zabini. Greg combinait une masse impressionnante à un talent certain pour terrifier les Poufsouffles, tandis que Pallas était amusant et intelligent, mais prêt à faire ce que Scorpius lui demandait.
Il passait aussi beaucoup de temps avec Circe Bullstrode et la sœur de Zabini, Primrose. Circe n'était pas exactement une beauté, avec ses paupières lourdes et son acné, mais elle avait un don pour les bons mots qui le faisait souvent s'étouffer de rire. Et Primrose ? Et bien elle était à la fois belle et charmante, et bien que Scorpius ne soit pas terriblement affecté par ses attraits physiques, il était amusé par l'intérêt que lui portaient les garçons de toutes les maisons. Le fait que ce soit sur lui qu'elle-même ait jeté son dévolu flattait son ego et renforçait sa position de « chef » officieux des Serpentard de seconde année.
Malheureusement, malgré son mépris pour la Maison en elle-même, « Al » ne rencontrait pas de difficultés à être ami avec tout le monde à Serpentard, en dehors de Scorpius.
Le soir de leur retour à l'école, Scorpius ne traversa la Grande Salle à l'heure du dîner que pour être accueilli par une vision des plus déplaisantes. La table des Gryffondor débordait : y étaient assis non seulement des Gryffondor mais aussi des Poufsouffles et des Serdaigles, si serrés que certains semblaient presque violets du manque d'oxygène. Le centre de l'attention était, bien sûr, Al et ses cheveux en bataille, qui souriait largement et jetait au hasard des miettes de pain sur ses camarades.
Scorpius s'assit à la table des Serpentard avec une mine renfrognée. C'était vraiment trop, pensa-t-il avec ressentiment. Les Maisons étaient séparées car elles étaient censées l'être. C'était la tradition. C'était une bonne chose. A quoi jouait Potter, bon sang, à essayer de toutes les unir ? Il était un traître à Salazar, et à quiconque portait le vert de Serpentard.
Circe entra dans la Salle d'un pas léger. Elle repoussa une mèche rebelle d'un air irrité, légèrement rougissante. Scorpius la salua de la main, lui faisant signe pour qu'elle vienne s'asseoir à côté de lui. Elle commença à avancer vers lui, mais Al la vit à son tour. Il sourit largement, poussa théâtralement l'élève assis à côté de lui – qui rit et le poussa à son tour – et fit signe à Circe de venir s'asseoir entre eux.
Scorpius eut un sourire supérieur. Potter apprendrait vite que les vrais Serpentard étaient immunisés contre son charme désinvolte et imbécile.
Circe s'assit à côté de Al.
Et quand Scorpius – tremblant de rage – essaya d'expliquer à Greg, en détails, avec des grands gestes des mains, pourquoi Al Potter était une véritable calamité, Greg haussa les épaules et murmura quelque chose qui aurait pu être « Je crois que tu es un peu obsédé, vieux ».
Scorpius décida qu'il n'avait rien entendu. Il savait où devait aller sa loyauté, même si des débiles comme Greg Goyle étaient prêt à trahir tout ce que leurs familles défendaient. La tradition passait avant tout. La tradition était tout.
4. — N'oublie jamais, dit son père sévèrement en signant l'autorisation de sortie pour son premier weekend à Pré-au-Lard, que ton comportement rejaillit sur l'image de la famille.
C'était juste avant le début de sa troisième année à Poudlard.
— D'autres peuvent se satisfaire de laisser leurs descendants faire n'importe quoi, mais nous, les Malefoy, nous avons des valeurs. Tu peux dépenser ton argent comme tu le veux, mais que je n'entende pas dire que tu as abusé de notre confiance en toi.
Scorpius rougit, mécontent, et prit une expression ombrageuse.
— Ce n'était pas de ma faute si Al Potter s'est battu avec moi, quand on a été chercher ma nouvelle robe, grommela-t-il. C'est lui qui a commencé.
Son père le fixa d'un regard froid.
— Potter ou pas, mon fils ne s'humiliera pas en public, me suis-je bien fait comprendre ?
— Oui, Père, répondit Scorpius.
Il lui fallut se mordre la langue jusqu'à sentir le goût du sang pour s'empêcher de protester. Père était un hypocrite. Et Scorpius ne savait pas quoi faire de ça.
— On n'a qu'à aller aux Trois Balais, dit Scorpius avec détachement à Primrose et Circe, qui marchaient bras dessus bras dessous à côté de lui.
Greg et Pallas traînaient derrière et ricanaient à cause d'une quelconque blague. Primrose fronça le nez, et lâchant le bras de Circe, glissa sa main dans le creux que formait le bras droit de Scorpius, laissant cogner sa hanche contre lui.
— Il le faut vraiment ? Ces horribles Potter seront à coup sûr là-bas, et ça déborde probablement de Poufsouffle. Tu peux m'emmener prendre un thé chez Madame Piedodu, si tu veux.
Elle le dit dans un semi-murmure, ses doigts se resserrant autour de son bras en une prise possessive.
— J'en ai entendu dire beaucoup de bien.
Scorpius essaya de ne pas se sentir rebuté par elle. La façon dont elle se comportait avec lui était flatteuse, pas déplaisante, se répéta-t-il. Il lui était de plus en plus difficile de ne pas tressaillir à chaque fois qu'elle le touchait et il ne comprenait pas pourquoi. Son sang était parfaitement pur, son histoire familiale convenait parfaitement pour quelqu'un comme lui. C'était probablement parce qu'elle manquait tellement de subtilité, se dit-il. Sa façon de faire manquait totalement de classe.
— On n'a qu'à y passer et voir comment c'est, répondit Scorpius, en essayant de ne pas être cassant. On a tout notre temps, Primsie.
Comme il l'espérait, l'usage de l'atroce surnom qu'elle adorait l'apaisa, et elle sourit, jouant avec ses cheveux et se blottissant davantage contre lui.
Circe roula des yeux et mima une violente nausée. Scorpius essaya de ne pas rire, et se détacha de Primrose aussi subtilement que possible, avant de pénétrer dans le pub le premier.
C'était bondé d'étudiants de Poudlard. James Potter était assis à l'une des grandes tables, un verre de Bièraubeurre à la main, hurlant joyeusement des chiffres tandis que deux Poufsouffles de troisième année essayaient de vider leurs verres d'un seul coup.
Scorpius plissa le nez et balaya les environs du regard. Il ne vit Al nulle part. Il ne parvenait pas à décider si c'était une bonne chose ou non. Il n'avait pas espéré que Al serait là. Pas vraiment. Mais garder un œil sur vos rivaux était toujours une bonne chose, au cas où ils fassent quelque chose d'inattendu. Surtout que, s'agissant d'Al, il y avait toujours une chance que ce soit quelque chose d'idiot. Scorpius avait grandement développé ses talents en matière de moquerie, mais il n'avait rien contre l'idée de les perfectionner davantage.
— Bon, va chercher à boire, alors, dit Scorpius à Greg.
Il venait de réaliser avec irritation qu'il avait été en train de fixer James, qui grimaçait maintenant atrocement dans sa direction.
— Je nous trouve une table pendant ce temps.
Il n'y a en avait pas de libre, mais après quelques minutes à leur jeter des regards mauvais, un groupe de Serdaigles impressionnables se sentit assez mal à l'aise pour partir.
Et puis Al revint à l'intérieur. Ou plutôt tituba à l'intérieur. Parce que, comme Scorpius s'en aperçut avec un mélange de jubilation et d'horreur, quelqu'un l'avait clairement fait boire. James riait et lui faisait signe, et il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre qui était le responsable.
Al manqua tomber en essayant de s'asseoir mais réussit à s'écrouler sur un banc plutôt que sur le sol. Il riait de bon cœur, pour rien, et souriait à la fille de Gryffondor assise à côté de lui, les yeux dans le vague.
Elle tendit la main, et – au milieu d'un concert d'applaudissements – attira Al vers elle. Leurs lèvres se touchèrent en un baiser maladroit. Al recula, clairement surpris, puis il haussa les épaules, rit, et se pencha en avant pour recommencer.
Scorpius n'avait pas l'intention de regarder, mais il ne pouvait arracher ses yeux à ce spectacle perturbant. Est-ce qu'il était témoin du premier baiser d'Al ? Scorpius n'avait encore jamais embrassé personne. Pas qu'il n'en ait jamais eu l'occasion, évidemment. Il n'avait simplement pas envie d'embrasser n'importe quelle petite dinde ivre. Il avait des valeurs, à la différence d'Al.
Embrasser avait l'air… Scorpius se sentit rougir, et avala rapidement une gorgée de sa boisson fraîche. Ça avait l'air sympa. A coup sûr les deux semblaient passer un bon moment. Les yeux d'Al étaient hermétiquement clos, ses genoux pressés fort contre ceux de la fille, sa main enfouie dans ses cheveux. Comme ils se détendaient, leurs bouches s'entrouvrirent légèrement, et Scorpius put voir leurs langues se toucher.
A son grand dégoût, il réalisa qu'il pouvait sentir son sexe, prisonnier du pantalon sous sa robe, devenir dur contre sa cuisse. Merci Merlin pour les robes larges, pensa-t-il avec un mépris absolu pour lui-même. Franchement, la simple idée d'être excité par votre ennemi qui embrassait une fille qui n'était même pas une Serpentard... Ce n'était pas bon, pas bon du tout, et puis il y eut ça.
Scorpius détourna les yeux d'Al et croisa le regard de James. Celui-ci haussa un sourcil, jeta un regard à Al, avant de revenir à Scorpius, et… sourit. Comme s'il pouvait lire la moindre de ses pensées.
L'expression de James, quand tous les verres du pub s'envolèrent soudainement et se déversèrent sur lui avant de l'attaquer, le suivant dans sa fuite, tandis qu'il hurlait en courant dans la rue, valait bien les retenues qui s'ensuivirent, et l'engueulade corsée de son père. Oui, ça le valait vraiment. Et que la fierté Serpentard aille se faire voir.
Il s'en fichait presque que Al s'en tire sans rien. Il avait été ivre en public et n'avait même pas récolté une retenue ou un sermon dérisoire, pour ce que Scorpius en savait.
Il s'en fichait. Presque.
FIC : Front d'Incitation aux Commentaires
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(Sans les espaces)
