Prologue

Confortablement installé dans son fauteuil en cuir, les pieds négligemment posés sur le coin de son bureau, Draco Malefoy regardait le feu crépiter dans l'âtre. Il n'osait plus poser les yeux sur le parchemin vierge qui n'attendait que ses mots. Cela faisait plusieurs heures que les mots restaient bloqués au bout de sa plume et il avait compris depuis longtemps que fixer le papier blanc n'aidait en rien son inspiration. Bien au contraire...

L'horloge prés de la cheminé sonna deux coups sans que le jeune homme n'y prête attention, ses insomnies faisaient parties de son quotidien depuis tellement trop longtemps pour qu'il s'en inquiète aujourd'hui. C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il essayait de faire cette introspection qu'il qualifiait de stupide mais que son psy croyait bénéfique.

Draco laissa glisser sa plume le long de sa joue savourant la caresse. Par où devait-il commencer ? Bon nombre dirait que le début est un bon point de départ, mais le début de quoi ? De sa vie ? Aucun intérêt ! Enfant unique, il avait vécu de manière assez solitaire jusqu'à son entrée à Poudlard. Sa vie au château quant à elle n'avait été qu'une suite ininterrompue de jours de cours, de vacances et d'examen, autant dire toute aussi inintéressante que ses babillages d'enfant.

Les yeux toujours accrochés aux flammes rougeoyantes Draco poussa un élégant soupire. Quand sa vie avait-elle commencé à sombrer dans le chaos ? Quand avait-il commencé à prendre conscience qu'il n'aurait pas toujours ce qu'il désirait contrairement à ce que ses parents lui avaient assidûment répété ?

Son regard triste se posa un instant sur le plafond. Un bruit provenant de la chambre du dessus avait attiré son attention mais après quelques secondes, lorsqu'il fut assuré que rien d'anormal ne s'était produit, il fixa de nouveau le feu.

Et si c'était lui qui avait changé sa vie. Draco retira ses pieds du meuble en acajou qui ressemblait à s'y méprendre à celui qui se trouvait dans son propre bureau. D'un geste lent, il prit un cadre argenté qui trôner fièrement près de sa feuille vierge et son regard se perdit sur la photo qu'il contenait. Un sourire naquit sur ses lèvres lorsque le petit garçon qui courait un filet à papillon dans la main chuta au milieu du parc.

Etait-ce parce qu'il avait dû cesser de ne penser qu'à lui, qu'il était dans cet état pitoyable ou au contraire était-ce cet enfant qui l'empêchait de sombrer plus encore ?

Toujours aussi lentement, il trempa sa plume dans l'encrier posé près de son parchemin, une large goutte noire s'écrasa sur le papier mais le jeune homme s'en désintéressa, il venait enfin comprendre quand sa vie avait réellement prit un sens.

Pourquoi n'y avait-il pas pensé plus tôt ?

Son psy rejetterait probablement la faute sur l'hypothétique phase de déni qu'il était sensé traverser mais le jeune homme préférait penser qu'il avait tellement cherché à oublier cette période de sa vie qu'il y était en quelque sorte parvenu. Il prendrait le temps plus tard de chercher la définition psychologique du déni…