Auteur : Inrainbowz, présente !
Rating : K+, c'est tout soft
Disclaimer : l'excellent animé Code Geass appartient à Sunrise, les designs des personnages à CLAMP et le manga (qui ne m'a pas plu du tout…) à… plusieurs personnes dont je ne fais pas partie.
Résumé : Je n'aime pas le métro. Je deviens cynique, pessimiste, et surtout, j'ai envie de faire des choses que je ne devrais pas faire. Notamment quand je regarde Suzaku dans le reflet des double-vitrage. Se situe quelque part dans la R1.
Note : OS écrit pour la 8ième nuit du Fof, une heure pour le thème "métro". Ma première fic sur Code Geass ! Depuis le temps que j'en rêvais... Assez court mais j'ai fait de mon mieux (une heure ça passe vite !). Pour plus d'info sur les nuits et le Fof, demandez moi (review ou MP)
Bonne lecture !
Métro Blues
Les gens se croisent sans se toucher.
Je n'ai jamais aimé le métro. Je n'aime ni la foule, ni les espaces clos, ni le concept en général. Je trouve ça beaucoup trop… confiné.
Évidemment, lui, il adore. Enfin, il adore, disons que ça ne le gêne absolument pas. Il faut dire que, Suzaku, rien ne le dérange vraiment.
Il n'y a que lui pour me faire faire des trucs de ce genre. Je déteste prendre le métro, et pourtant je suis bien là, assis en face de lui, à regarder distraitement les ténèbres sans fond des tunnels souterrains par les larges fenêtres. Je ne sais même plus où on va exactement. Un musée d'art je crois, il a obtenu des places grâce à ce scientifique étrange qui l'emploie. Une exposition d'une jeune artiste britanienne très populaire chez les japonais – même moi, j'ai pris l'habitude, mentalement, de ne plus dire elevens – pour la sympathie dont elle fait preuve envers les pays dominés. Tss, pour ma part, qu'elle soit tolérante et ouverte n'a aucune signification, pas le moindre intérêt. C'est une britanienne, elle a de l'argent, la sécurité, la liberté. Qu'est-ce qu'elle fait, elle, pour les aider, eux ? Des sculptures d'hommes nus ? De l'art abstrait ? Très utiles tout ça…
« Tu n'as pas l'air très enthousiasmé par notre sortie, Lelouch…
-Je n'aime pas le métro. »
Il n'insiste pas même si il n'en pense pas moins. Ma joue repose négligemment sur ma main, mon coude appuyé contre le rebord de la fenêtre de sorte que je puisse observer son reflet dans la vitre. Si quelqu'un d'autre me l'avait proposé, j'aurais probablement refusé. Non, pas probablement, j'aurais refusé purement et simplement et sans hésiter une seule seconde.
« Je suis désolé, je ne voulais pas te forcer. Pourquoi tu es venu si ça ne t'intéressais pas ? »
Je ne sais pas. Peut-être juste parce que c'est toi.
Je n'aime pas le métro. Je me mets toujours à réfléchir à des sujets trop délicats dans ce genre de situation. Le fait que nos genoux se touchent par exemple, ou que je fixe avec trop d'insistance son visage déformé par la réflexion de la lumière sur la vitre. Suzaku est mon meilleur ami. Le seul véritable ami que je n'ai jamais eu. Le seul que j'ai envie de garder…
Le métro s'arrête brusquement, toutes les lumières s'éteignent, nous plongeant dans une obscurité combattue avec peine par les veilleuses de secours au-dessus de nos têtes.
« Mesdames et Messieurs, gardez votre calme. Ceci est une manœuvre de prévention. Une alerte à la bombe a été détectée. Gardez votre calme… »
Crétin, si tu voulais qu'ils gardent leur calme, il fallait leur dire que c'était une panne de courant et pas un attaque terroriste ! Les cris commencent déjà à fuser, les pleurs de femmes, les courses désordonnées. Suazku s'est levé pour se rapprocher de moi, sans même en avoir conscience, jetant des regards vifs aux alentour tout en adoptant une posture protectrice, suffisamment proche de moi pour que je puisse en être troublé.
C'est aussi pour ça que je n'aime pas le métro. Je le sais pourtant, que c'est une des cibles privilégiées de l'Ordre, parce que les métros sont faciles à infiltrer et à piéger.
Je ne panique pas, ne m'inquiète même pas. Je suis très las, tout à coup. Je prends avec un détachement extraordinaire le fait que je pourrais très bien mourir ici, tué par mes propres subordonnés. Le métro me rend toujours aussi cynique et amorphe. Je déteste ça.
Une secousse ébranle le métro. Déséquilibré, Suzaku tombe brusquement en avant. En plein sur moi. Naturellement. Je n'aime pas le métro. Il n'y a que dans le métro que ce genre de situation banale peut devenir horriblement problématique, surtout quand nous avons accroché nos regards sans pouvoir les détacher et que nos visages sont si proches que ça en devient indécent. Je suis dans un métro bondé secoué par la panique, dans le noir quasi-total. Je pourrais très bien ravir ces lèvres à quelques centimètres des miennes, en gardant les yeux ouvert pour tenter d'apercevoir la lumière des veilleuses se refléter dans ses yeux écarquillés par la surprise.
Il n'y a que dans le métro où être Zero me pèse, où il me prend l'envie de tout plaquer et de partir très loin. Il n'y a que dans le métro où ma vie me semble incroyablement absurde. Il n'y a que dans le métro où j'ai envie d'embrasser Suzaku. Non, ça, c'est faux. Il n'y a que dans le métro où j'ai le courage de me l'avouer.
Son visage s'est encore rapprocher. Nos nez se touchent. Les souffles un peu court se mélangent un bref instant. Et puis…
Et puis toutes les lumières se rallument et le wagon se met en branle avant de redémarrer brusquement. Suzaku se rassoit en quelques secondes et nous retrouvons nos positions initiales comme si rien ne s'était passé. Mais il s'est passé quelque chose, pourtant.
Je déteste le métro. Parce que rien n'aboutit jamais. Parce qu'à chaque fois je me dis que je pourrais laisser tomber mais que je ne le fait pas. Parce qu'à chaque fois je me dis que je serais plus heureux en m'occupant de mes affaires mais que je m'y refuse. Parce qu'à chaque fois que mon meilleur ami me traine dans le monde extérieur en métro j'ai envie de lui dire qu'on pourrait rester ensemble pour la vie entière et que je ne le fait jamais.
« Mesdames et Messieurs veuillez nous excuser pour le désagrément – je ne te le fait pas dire – nous arriverons prochainement en gare de… »
« Tu veux qu'on rentre ? »
Un instant je replonge dans son regard, un très bref instant.
« Non, c'est bon. Maintenant qu'on est là, allons la voir, cette exposition. »
Attends encore un peu. On prendra le métro au retour. Et si ce n'est pas cette fois, ce sera la fois suivante, ou celle d'encore après. Attends encore. Je finirais bien par te le dire.
Les gens se croisent sans se toucher. Mais toi, tu frôles toujours ma main, non ?
Fin.
Je n'ai pas encore fini l'animé, mais de ce que j'en ai vu, la relation entre Suzaku et Lelouch m'a vraiment plu. Un truc entre la haine, l'amour, plein d'autres trucs un peu glauque... Enfin bref, je les aime.
