Ce texte est écrit pour un défi : les Nuits du FoF : une heure pour un thème. Pour plus de précisions vous pouvez m'envoyer un MP ou vous renseigner directement sur le Forum francophone (lien dans mon profil), partie Salle de Jeux.
Thème : Métro
Titre : Comme un bleu
Personnage/Couple : Artemis
Disclaimer : Eoin Colfer
- Pardon, excusez-moi, pardon. J'aimerais passer s'il vous plaît. Pardon. Pourriez-vous… ? Merci. Pardon. Excusez-moi, est-ce que ce siège est libre ?
Il ne l'est pas. La femme est assise du côté de l'allée et refuse de se décaler sur celui côté fenêtre. En plus, il y a son sac de courses dessus, « vous ne voyez donc pas ? » Je soupire.
Comment me suis-je retrouvé ici au fait ?
Ah oui…
Une véritable débâcle. Jamais je n'ai commis autant d'erreurs.
Butler et moi étions à Londres pour mes affaires et venions de récupérer le Cheval de Cristal, un petit joyau finement ciselé de la plus haute valeur, lorsque mon employé s'aperçut que nous étions pris en filature. Nous nous situions à des rues du parking où s'était garé Butler et déjà nous étions pris en chasse.
Butler me prit la boîte où était soigneusement conservée la figurine, l'ouvrit et me glissa discrètement l'objet. Ce fut la deuxième erreur.
Le troisième survint aussitôt après lorsqu'il me poussa vers une entrée de métro. Je n'eus pas l'occasion de protester. Avez-vous seulement déjà essayé face à un regard aussi décidé que le sien ? Il me souffla un point de rendez-vous et me conseilla de me concentrer sur ma fuite. Ma priorité : semer mes poursuivants.
Comme toujours – je base bien entendu cette affirmation sur ce qu'on m'en a dit, n'ayant jamais pris le métro moi-même -, il y avait foule et je me perdis facilement parmi les nombreuses personnes présentes. Je me glissai dans la première rame que je croisai et notai avec soulagement et satisfaction que les portes se bloquèrent avant que mes traqueurs puissent y entrer.
Jusque là, tout allait bien.
C'est maintenant que je me rends compte de la futilité de cette pensée.
Rien ne va.
Je suis dans le métro, la chaleur est insupportable, l'odeur bien pire – et même tellement écœurante que je ne suis pas certain des parties de l'anatomie dont les différents effluves qui la composent peuvent provenir. Les aisselles ? L'haleine que me crache l'homme rondouillard en face de moi dans la figure ? Ou bien s'agit-il des flatulences de celui derrière moi ?
Et s'il n'y avait que cela…
Je me sens compressé de toutes parts et j'ai l'impression que le rictus de la vieille avec son sac de course m'est personnellement adressé. L'imposante bedaine m'étouffe tandis que je sens la charmante fragrance que l'homme derrière moi émet, le bras tendu au dessus de ma tête pour se tenir à la poignée qui pend de la rambarde.
Mon costume est fichu. En plus de ça, je sens ma propre sueur couler le long de ma nuque. Encore un arrêt et je sors de cet enfer.
Au bout de deux minutes interminables, la rame s'immobilise. Un mouvement de poussée s'effectue sur tous les locataires de cette abominable boîte en tôle et bientôt, au prix de nombreux coups de coude et écrasements de pieds, je me retrouve à l'air libre.
Je respire une grande goulée d'air et jette un œil à mes mocassins : fichus eux aussi.
Je palpe ma poche intérieure, doucement pour ne pas casser l'objet quand je me sens pris d'un gros doute. Je plonge ma main dans la doublure et tâtonne. Je grimace.
Comment ai-je pu être aussi négligent ?
Il semblerait que le Cheval de Cristal ait aussi mal vécu le voyage que moi.
