Cet OS est écrit lors de la troisième nuit du FoF (forum francophone) pour le thème "Vampire".

Disclaimer : seul cette idée m'appartient, enfin, non, même pas... juste cet écrit.


Vampire :

Le temps qui file. Le temps qui manque. Le temps trop long. Voilà le lot des Mortels.

Quand aux Immortels, le temps se dépose sur leurs visages tel de la poussière sur des statues de cire. Une beauté impeccable. Non altérée. Non altérable. Il suffit de souffler dessus pour insuffler de la vie. Effacer les décennies d'attente douloureuse.

Quand le temps n'est plus un ennemi, que faire pour s'occuper ? Sinon penser… ?

Penser à une vie où chaque jour devrait être un défi, un cadeau offert à la Vie. Juste parce que la vie coule dans nos veines. Juste parce qu'il y a ce quelqu'un. Cette personne qui chamboule notre vie. Cet être si précieux qui nous rend si complets. Si parfaits. Qui fait naître le « nous ». Juste parce qu'avec la bonne personne, nos cœurs battent à l'unisson. Simplement parce que nous sommes nés pour être réuni et le rester. A tout jamais.

Une belle histoire que toutes ces douces pensées dans lesquelles se glisse inconsciemment Mick. Lui et son âme de romantique brisé. Lui et son âme de vampire.

Puis il y a eut ce jour. Ce soir où le souffle de Vie l'a frôlé. Si puissant. Si enivrant. Mais quel est ce sentiment qui se déverse en lui ? Comment faire pour lutter ?

Et c'est si contradictoire… Car, pourquoi lutter ?

Il lui suffirait de mordre la chair fraîche et tendre qui frémit sous son regard. Il lui suffirait de prendre cette vie. De goûter à ce sang chaud qui bat contre la carotide.

Une inspiration. Profonde.

Cette odeur est parfaite. Trop parfaite.

Alors il pose son regard sur elle. Pas sur sa gorge. Mais sur son visage à la peau de porcelaine, ses longs cheveux blonds qui battent ses épaules, son regard qui reste rivé sur l'eau de la fontaine où elle marche. Sa taille lui plaît. Ses formes l'appellent. Sa démarche précautionneuse l'invite à venir.

Hors du temps. Mick cligna des paupières pour revenir à la raison. Hors de question qu'il approche cette humaine. Il l'avait vu grandir, devenir une femme, depuis qu'il l'avait sauvée de Coraline. Il avait l'impression d'être entré dans son intimité, sans avoir été invité au préalable. Mais là tout semblait différent. Même l'air semblait chargé en électricité. Il avait l'impression de la voir pour la première fois. Comme s'il réalisait enfin qu'un lien spécial venait de se tisser entre eux.

Et que ce lien si étrange n'était autre que la mort suspecte d'une humaine.

Et ce terrible lien allait se renforcer au fil des enquêtes résolues.

Et ce lien hors norme venait de les conduire, Mick et Beth, à cet instant précis. Au tournant de leurs vies.

Mick, dans le couloir. Doutant.

Beth, dans son appartement. Attendant.

Et c'est dans ce genre de moment qu'on trouve le temps long. C'est dans ce genre de situation qu'on réalise qu'il a passé trop vite, inéluctable. C'est dans ces cas-là qu'on regrette de ne plus avoir de temps. Parce qu'il faut prendre une décision.

Mais quand l'amour est trop grand, trop brûlant, il est inquiétant. Comment museler son amour ? Est-ce seulement possible ?

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Pour Mick, temps infini ne signifie plus repousser à plus tard ce qui doit être fait. Car à chaque chose un temps précis. Or là, il est temps pour lui d'assumer ses sentiments. Car s'il ne les dévoile pas de force, son âme sera ravagée. Quel est le pire ?

Attendre sans avoir la certitude que la moitié attend quelque part est frustrant.

Attendre par crainte que la moitié ne le rejette est destructeur.

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Le vampire tourna brusquement les talons. Dans chaque cas, le manque de certitude est apparent. Et ce manque d'assurance est intolérable.

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Il entra chez Beth…