Bonjour à tous !
J'appose à ma pierre au fandom français de HTTYD ! Haut les cœurs ! ("Et Fairy Tail ?" ... Hum... On verra plus tard)
Cette fiction devait être à la base une petit one-shot qui me permettait de souffler pendant l'écriture d'une autre sur le même sujet mais j'ai été tellement emballée, les idées se sont tellement accumulées que ça finit en... ça. 68 pages, 30 000 mots... Oups... Bref, ayant enfin (j'en ai surtout ma claque en fait) terminé cette histoire, je la rajoute à mon CV ffnet.
Attention: présence d'un OC dans cette fiction. Je confirme que je n'ai pas eu le choix, il est devenu indispensable avec l'avancée de l'histoire. Pardonnez cet affront que moi-même, je n'apprécie que peu.
N'hésitez pas à commenter, ça fait toujours plaisir !
Disclaimer:
Rated: T (langage et sujet... sensible)
Genre: Hurt/Comfort/Romance/Drama
Character: Harold/Astrid/Alvin/OC/Beurk/Bannis
World: Film (modifié et futur)
Harold le Banni
Chapitre 1
Ma hache est lourde à ma main, elle tangue dangereusement vers le bas alors que je tente difficilement de rester sur mes pieds. J'halète quelques secondes avant de repartir à l'assaut. Un coup, deux coups, trois coups… mais c'est finalement moi qui dois reculer.
Ils étaient trop nombreux. Bien trop nombreux malgré les deux ou trois hommes que j'ai déjà mis à terre en jouant de ma lame au début du combat. Je ne peux pas m'en sortir seule mais c'est ce que je suis aujourd'hui malheureusement : seule.
Pourquoi fallait-il que je sois ici ? Pourquoi fallait-il qu'ils soient ici aussi ? Ces traîtres, ces lâches, ces marchants de morts… ces sales rats puants qui ne méritent que le mépris que je leur crache au visage.
Mon cœur rate un battement lorsque l'un des hommes réussit à me prendre le manche de ma hache entre ses mains et nous nous battons quelques secondes pour sa prise avant que trois autres traîtres me tombent dessus. Je cris, je frappe, je mors presque mais rien n'y fait. Ils sont plus forts que moi ensemble et il ne leur faut que quelques minutes pour me ligoter, bâillonner et balancer tel un sac de farine sur l'épaule de l'un de mes assaillants. Ils ne regardent même pas en arrière pour contempler les corps des quatre hommes que j'ai envoyés dans le Néant. Quant à moi, je hurle contre mon bâillon et mes jambes martèlent avec force le dos de mon porteur qui ne peut que grimacer.
Enfin j'imagine.
C'est sur le pont d'un bateau que je me retrouve, peuplé d'une vingtaine de rats puants de bannis, traîtres et autres rebus de Vikings qui ne méritent même pas que je pose mon regard sur eux. Rien que l'odeur m'indique que bon nombre d'entre eux ont oublié les rudiments du bain. L'un des hommes nous regarde passer alors que je me débats encore et affiche une moue curieuse sur son visage.
« Il en manquerait pas un peu ?
- C'est cette garce ! Fait mon porteur en me frappant les fesses – ce à quoi je réponds brutalement par un coup de pied et injures masqués par mon bâillon – c'est un vrai Dragon Vipère !
- Elle va valoir une petite fortune si Alvin veut pas se la garder pour lui celle là ! »
Nombreux sont les hommes qui ricanent à la blague de celui à la barre et tous me reluquent sous tous les angles.
Je déteste ça. Je déteste le regard à la fois gourmant et avide de ces rats. Je sais très bien ce qu'ils veulent de moi, ce qu'ils désirent. Et je les hais rien que pour ça.
« Eh bande de larves ! Hèle un autre homme, plus petit et plus fin que les autres qui apparait sur le pont du drakkar. On matte mais on ne touche pas sans l'accord du grand chef, c'est bien compris ? Si les filles ne sont pas mariées, virginité presque assurée et ça, c'est bon pour les affaires !
- C'est bon pour nous aussi… Ricane une voix sur la voilure.
- Je ne veux pas le savoir ! »
Le gaillard qui me porte s'éloigne des autres pour descendre dans la calle. Là, le spectacle qui s'offre à moi me glace le sang. Des femmes, des filles, des petites filles… Toutes agglutinées les unes contre les autres, attachées à de lourdes chaines greffées à leurs poignets et leurs chevilles, le tout se réunissant en une seule qui se termine dans la continuité du mat de la cale. Elles semblent effrayées. Elles me donnent envie de vomir. Leurs regards apeurés, leurs odeurs dignes de pauvres femmes qui n'ont certainement pas vues une seule goutte d'eau depuis des jours, me donnent envie de vomir. Ces femmes ne sont pas des Vikings. Ces femmes sont de simples femmes de ménages et futurs mères qui ne vivaient que pour ça.
Aucun honneur.
Aucune dignité.
Je prie Odin silencieusement, dans un regard dédaigneux à la communauté féminine de ces lieux, alors que mes poings et mes pieds sont liés avec les leurs, que jamais je ne deviendrais comme elle.
La promesse que moi, Astrid Hofferson, resterais à tout jamais une grande et fière Viking.
oOo
La traversée dure plusieurs jours que je ne parviens pas à compter. Quelques fois, un homme descend dans la calle pour donner aux femmes à boire et à manger. Quelques gouttes d'eau et un morceau de pain rassis pour tout repas. Je ne fais pas partie des chanceuses apparemment et je me plais à penser que c'est par peur.
Certains s'approchent presque à chaque d'une petite fille ou une autre d'un peu trop près avant d'être remis à sa place par un autre qui passait par là.
« Pas touche à la marchandise. » Qu'il dit.
Marchandise. Je ne suis pas ignorante, je sais parfaitement pour quelles raisons nous sommes ici. L'esclavage n'est pas ignorée des coutumes des Vikings, loin de là mais Beurk a toujours eu en horreur cette pratique. Mais c'est visiblement ma destination : l'esclavage. Et cette simple pensée me met hors de moi. Surtout au vu du « Grand Chef » dont parlait le chargé des femmes : Alvin le Traître.
Oh je le connais. Tout le village connait cet homme qui a trahi les siens dans la seule quête d'en devenir le chef. Mais il n'a jamais réussi à battre Stoick la Bute, le grand et fier Viking qu'est le chef du village de Beurk.
La faim me sort de mes songes. Je n'ai ni mangé ni bu depuis des lustres mais je me dois de garder la tête haute. Ils souhaitent m'affaiblir, qu'à cela ne tienne, je les briserai avec le peu de force qu'il me reste.
Ils ne connaissent pas les Hofferson. Ils ne me connaissent pas moi. Plutôt mourir que de plier face à ces rats qui ne connaitront jamais le Walhalla. Moi, je me battrais pour ma place à la table d'Odin.
Lorsque la houle cesse enfin de nous bousculer dans la cale, une dizaine d'homme viennent nous délivrer des murs pour nous faire suivre en file indienne vers la surface, les chaines à la main. Je suis mise en bout de ligne derrière les autres femmes et je recommence mes protestations et coups bien placés mais une gifle assourdissante me désarçonne assez pour me faire tomber à genoux. Je me reprends presque aussitôt et me précipite vers l'homme qui vient d'oser porter la main sur moi. Mon poids l'entraîne au sol, lui et toutes les femmes qu'il retient dans sa main lorsque la chaine se raccourcie et le rat me frappe du pied.
« La garce !
- Fait gaffe à ce que tu fais ! Hurle un homme plus loin.
- Elle a voulu me frapper !
- Ouais mais elle vaut plus cher que ta carcasse alors tu vas m'faire le plaisir de plus la toucher ! »
Le traître grommelle quelques injures à son encontre avant de me jeter un regard froid et affamé à la fois auquel je réponds d'un haussement de menton avec tout le mépris que je connais.
Il n'a pas l'air d'apprécier mais obéit néanmoins aux ordres. Malgré moi, je ne peux m'empêcher d'en être soulagée. Il a les mains libres, moi non.
Nous avons accosté sur une île que je n'ai jamais vue mais je me doute bien de ce qu'il en est : l'Île des Bannis. Peuplée par la seule présence de rochers abruptes, d'herbes sauvages et d'hommes qui le sont tout autant. Un vrai petit coin de paradis.
Deux bateaux seulement y sont accostés mais le port peut certainement en accueillir bien plus. Quelques personnes font la loi à l'arrivée des prisonniers (hommes, femmes et enfants), d'autres pour des marchandises en tout genre mais la récolte a l'air bien maigre face à ce qu'ils espéraient.
Je suis emmenée avec les autres femmes dans l'immense forteresse de roches et de pierre qui fait sans doute office de palais pour ce traître à son sang d'Alvin. Marchands d'esclaves hein ? Ça colle plutôt bien à l'image du bonhomme.
Après une petite marche, ponctuée par les agaçantes lamentations des femmes qui ne cessent de geindre, les puants nous mènent dans une nouvelle cellule humide pour nous attacher à nouveau aux murs. Je profite d'un court moment d'inattention pour frapper l'homme qui tenait mes chaines et l'étrangle avec force par les mailles qui relient mes poignets. Trois autres traîtres viennent à sa rescousse et bientôt, je suis plaquée au sol tandis que le ras que j'ai étranglé tousse bruyamment.
« Putain la salope !
- Une vraie tigresse celle-là ! On devrait peut-être la calmer pour de bon…
- Pas touche à la marchandise ! T'as vu le morceau ? Elle va rapporter un max alors le premier qui la touche va tâter de la hache d'Alvin ! Resserrez juste ses menottes.
- Oh Doigts-de-Fée ! On a besoin de toi !
- La prochaine fois que tu m'appelles comme ça je t'embroche. »
La dernière voix vient du fond du couloir, sans doute une autre cellule et j'entends des pas lents et trainant avant que mon visage ne soit plaqué au mur par l'un des hommes qui me maintenait au sol.
« T'as entendu Sauvage ? Fait l'homme qui arrivait, fais gaffe à son visage.
- Tu tiens vraiment à recevoir un coup de sa part ?
- Tu tiens vraiment à recevoir un coup de ma part ? Dégagez. »
Visiblement, la menace a le mérite de clouer le bec de ces traîtres qui me retiennent et après un nouveau bâillon pour couvrir mes insultes, je sens enfin leurs sales pattes quitter mon corps. Je me retourne d'un bond pour me retrouver assise, dos au mur, face à mon nouvel assaillant qui inspecte mes chaines. Je suis prête à me battre à nouveau mais lui ne me regarde même pas.
Il est à peine différent des autres, seulement plus fin et l'air un peu moins dangereux, ce qui me rassure. Il porte un simple gilet sans manche ouvert sur son torse nu couvert de cicatrices en tout genre, comme un bon nombre de ces rats. Ses cheveux bruns en bataille masquent une bonne partie de son visage et sa tête basse n'arrange pas mes affaires. Son pantalon de toile qui s'arrêtent à mis-mollet est déchiré de toute part et de grosses chaussures en poiles de yack sont les seuls remparts entre lui et le froid qui commence à arriver apparemment. Sa taille s'orne d'une immense besace en peau, d'une longue épée comme je n'en avais jamais vue et dans son dos, et d'un large et épais poignard qui semble m'appeler.
La main du nouveau venu, dont les bras découverts font s'entremêler divers tatouages dont j'ignore la signification, plonge dans la besace pour en ressortir un outil inconnu et l'homme s'attaque avec lassitude à ma serrure. Et je vois en ce geste mon ticket pour la liberté.
Je lève le pied dont il ne s'occupe pas et l'envoi de toutes mes forces dans son estomac. Mais avant qu'il n'atteigne sa cible, le rat l'attrape, sans même quitter son travail des yeux et le plaque violement mon pied au sol. Je grimace de douleur sans en échapper une plainte. Je tente de me dégager alors qu'il bloque dorénavant mes jambes des siennes et je redouble d'ardeurs en me redressant pour le frapper au visage de mes poings liés.
Je suis Astrid Hofferson pourriture ! Penses-tu vraiment qu'une Viking plie devant un homme ?
Mais je suis trop optimiste visiblement. Cette fois, il délaisse son travail pour attraper d'une main les mailles qui joignent mes mains entre elles et plaque, je ne sais comment et avec quelle force, mes bras au dessus de ma tête, son visage près du mien.
… Comment j'en suis arrivée là ?
Devant mes yeux ébahis, il ouvre la bouche pour cracher je ne sais quelles insanités je suppose mais il se tait. A travers sa frange éparse par notre pseudo-affrontement, je vois pour la première fois ses yeux ancrés dans les miens.
Il écarquille son regard. Je fais de même.
Je connais ces yeux. Je connais ces yeux trop verts qui vous transpercent le cœur pour lire en vous comme dans un livre. Et je ne connais que deux personne qui possèdent ces yeux là.
La première fait sans doute trois fois la carrure de l'homme qui m'a à sa merci et il doit à l'heure actuelle boire tranquillement une bière avec son ami de toujours. Quant à l'autre…
Il n'existe plus.
Je vois sa lèvre inférieure bouger doucement avant qu'un simple murmure ne traverse l'interstice de sa bouche.
« … Astrid… ? »
Il n'existait plus. Jusqu'à aujourd'hui.
Harold.
Je ne comprends pas. Je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends pas, je ne comprends plus rien.
Comment peut-il être encore en vie ?
Sa bouche se tord dans une grimace de colère alors que ses yeux s'assombrissent à vu d'œil et que je perde mes mots. Ce n'est déjà plus moi qu'il regarde de toute façon.
Il se redresse brusquement et je l'entends malmener mes chaines avant que je ne sente deux mains puissantes m'attraper par la taille et me porter jusqu'à son épaule sur laquelle je suis balancée tel le sac à patates de base. Je suis trop choquée pour réagir à cette dégradante – et pourtant familière en ce moment – pour réagir. J'entends un homme au loin.
« Eh mec qu'est-ce que tu f- ?
- Je vais voir ce fumier d'Alvin ! »
Il a hurlé cette dans phrase dans mon dos mais je me borne à ne plus réagir. Je ne comprends décidemment plus rien.
Harold Haddock, l'Inutile. Comment peut-il encore être en vie ? Il est la dernière personne que j'imaginais survire à ça.
Le Bannissement.
Il y a près trois ans de cela, Harold a réalisé la bourde ultime que personne n'a pu lui pardonner. Après une importante attaque de dragons, et une toute aussi importante récolte de dragons pour l'arène, le gringalet qu'il était – parce que visiblement, ce n'est plus le cas – a libéré tous les dragons. Ces derniers en ont profité pour dévaliser le grenier, nous laissant sans presque rien pour survivre à la fin de l'hiver.
Parmi toutes ses fautes antérieurs, accidentelle ou non, cette fois là avait été de trop et sous la demande unanime du village… Stoick la Brute, chef du village de Beurk, banni son propre fils.
Lâché seul au milieu des eaux, il ne pouvait pas survivre. C'était impossible.
Alors pourquoi ses yeux verts, si semblables à ceux de son père, sont-ils greffés sur le visage à l'allure sombre qui m'emmène actuellement vers l'ennemi numéro un de mon chef ?
Et pourquoi l'homme qui est sensé représenter la terreur de ces lieux se fait-il traiter de « fumier » dans sa propre demeure par ce même gringalet que je n'ai même pas daigné regarder sur les eaux sombres de la mer de glace ?
Il aurait dû mourir et non pas devenir… ça.
« ALVIN ! »
Son hurlement me coupe net dans mes pensées et je réalise que je n'ai même pas ouvert la bouche depuis qu'il m'a balancée sur son épaule, ni même observée sa logue déambulation à travers les interminables couloirs de ce labyrinthe de pierre.
« Tu peux me dire ce que ça signifie ? »
Je me sens attrapée par la toile dans mon dos et propulsée au sol où je m'échoue lourdement. Je ne rends compte qu'à cet instant que je porte toujours un bâillon.
Je l'avais oublié celui là…
« Je dirais une future petite fortune sauf si tu continues à la traiter comme ça mais après il va falloir être plus explicite. »
La voix posée et presque amusée me fait frissonner de dégouts. Au sol, j'use de mes épaules pour me redresser un peu la tête et observer enfin, l'homme qui fait tant rugir Stoick : Alvin le Traître.
La barbe et les cheveux noirs, il est nonchalamment installé sur un trône d'os de dragons ou… je ne veux pas savoir quoi. L'ancien Viking a pour Harold un regard presque… paternel.
Je me sens attrapée par les cheveux et réprime un cri lorsque le jeune homme me ramène à hauteur de son visage, face au grand chef du coin.
« Astrid Hofferson ! Elle vient du village que tu m'avais promis d'épargner ! »
Sur la pointe des pieds – ce gringalet a décidemment trop grandi – je vois entre mes paupières plissées par la douleur, l'homme sur son trône froncer les sourcils.
« Mes ordres ont été très clairs Harold, personne ne doit attaquer les côtes de Beurk. Sa présence ici n'est pas de mon fait. »
Au moins le mystère est définitivement levé. C'est bien le garçon qui caressait les moutons lorsqu'ils étaient effrayés qui tire affreusement mes cheveux à cet instant. Ce même garçon qui me souriait timidement – ou souriait timidement tout court – lorsque nous mangions dans le Grands Hall et auquel je l'avoue, je ne répondais que par des regards méprisant.
Non, c'est décidemment impossible.
« Tu connais toi-même les destinations des bateaux Harold… Aucun d'entre eux ne s'est approché de Beurk. »
Alvin, par des paroles douces et calmes, tente apparemment d'apaiser Harold dont je sens le cœur battre à tout rompre contre mon dos. Enfin, il se décide à soupirer et relâche un peu sa prise sur mes cheveux. J'en remercie les dieux d'ailleurs.
« Je continue à t'aider sous la seule condition que tu n'attaques pas Beurk Alvin, ne l'oublie pas. Et la blonde reste avec moi. Le prochain qui s'en approche, je le tue. »
Sur ces paroles prononcées d'une voix froide qui n'attend aucune réponse de personne, il m'attrape pas les hanches et me soulève à nouveau sur son épaule. Je peux entre temps remarquer le large public qui s'est invité pendant la courte dispute et écarquille les yeux devant le nombre conséquent de rats qu'il y a ici. Et sur la bonne majorité qui recule d'un pas à l'approche d'Harold.
Il me porte comme ceci pendant encore de longues minutes où je reprends du poil de la bête. Je frappe du pied, de la tête, je bouge mon corps dans tous les sens possibles mais rien ne l'atteint. Il est encore moins attentif à mes insultes masquées par le bâillon que par les rats qui naviguent en sens inverses et qui se plaquent contre le mur en sa présence.
Finalement, notre – sa – route finit par aboutir par une large porte en bois qui épouse parfaitement les courbes d'une ancienne cellule. Il sort une clé de sa besace et déjoue la serrure avant de plonger dans la geôle, faiblement éclairée par le crépuscule. Il marche encore quelques mètres, jusqu'au bout de la pièce où trône un anneau de fer en milieu du mur. Malgré mes protestations plus qu'évidentes, il manipule mes menottes pour finir par m'ôter mes chaines aux poignets et aux chevilles. Mais non sans au préalable, m'avoir accrochée à l'anneau mural par un large collier de fer.
Enfin.
D'un geste, je retire le bâillon qui rejoint mon cou et hurle.
« HADDOCK ! »
Mais il a reculé trop tôt pour ma poigne et tout ce que je reçois est un morceau de toile et une gourde en plein visage.
« Lave-toi. Tu pues la mort. »
Et il pivote sur lui-même. Le banni s'assoit sur un siège en bois devant un bureau qui me fait face, la porte à sa droite. A ma gauche, c'est un simple lit qui fait office de confort.
Un crayon dans la main, il se met à écrire, ignorant royalement mes vociférations pourtant hautes en couleurs.
« Non mais tu te fous de moi là ?! Haddock ! Sale traître ! Au service d'Alvin ?! Tu ne vaux vraiment pas mieux que tous ces rats puants et incapables de penser par eux même ! »
Encore une fois, Harold ne daigne même pas soupirer, tourner la tête ou encore moins répondre à mes insultes qui pourtant fusent dans ma bouche sans que je ne parvienne à m'arrêter.
Je sais que je joue à un jeu dangereux. Je le sais pourtant que je suis en position défavorable face à lui. Je sais que sa force est plus grande que la mienne maintenant mais je ne peux pas m'arrêter de lui hurler tous les noms d'oiseaux que je connais dans une longue tirade sans fin. Je crois qu'au passage, tous ces rats qui m'ont traitée comme du bétail en prennent pour leur grade aussi.
Mais malgré ça je continue, encore et encore.
« Tu m'écoutes Haddock ?! Je ne veux pas de ta pitié ! Je préfère encore finir avec les autres femmes que d'avoir affaire avec un traître ! »
Cette fois, le banni arrête d'écrire. Son visage fixe un point imaginaire sur le plafond avant de doucement poser son crayon alors que je me tais enfin dans un sourire narquois. J'ai fini par le faire réagir.
Mais je déchante bien vite lorsque l'homme de main d'Alvin bondit sur sa chaise pour marcher à grandes enjambées vers moi.
Je suis allée trop loin ?
« Bah alors ? On n'aime pas… ? Quoi ? Oh Haddock ! »
De ses doigts apparemment experts, il me remet sans que je ne m'en rende compte les menottes à mes poignets et me décroche du mur. Sous mes protestation, il tire sur la chaine de mon cou, me traine sans ménagement sur le sol et me balance avec la même douceur sur le lit. Avant que je ne réalise complètement ce qu'il vient de se passer, je suis à nouveau attachée, cette fois au lourd anneau qui orne le mur au dessus du bois pourri du lit.
Je suis perdue. Et je le suis encore plus lorsque mes bras sont plaqués au dessus de ma tête par une main puissante et que le torse nu de l'Inutile me surplombe.
Mon cœur rate un battement. Jamais je ne m'étais retrouvée aussi… exposée. C'est le mot. Exposée et faible.
« Mieux avec ces femmes ? Murmure Harold. Est-ce que tu as la moindre idée d'où vont-elles ? »
Je n'en sais rien.
Plongée dans ses yeux verts, je ne sais quoi répondre. Je me force à déglutir mais aucun mot ne parvient à franchir la barrière de mes lèvres alors que l'ancien forgeron se rapproche.
Pas plus. Pas plus.
Ses lèvres à lui murmurent maintenant à mon oreille et je me surprends à frissonner sous son souffle.
Du dégout. C'est tout ce que tu m'inspires.
« Elles vont loin Astrid... Loin, là où jamais tu n'es allée. Là où ces femmes… ne sont que des divertissements pour les hommes. »
Avec horreur, je sens la deuxième main d'Harold venir se poser sur ma hanche.
Qu'est-ce que tu fais ?
Que fait-il ? Jusqu'où compte-t-il laissé descendre sa main ? Mais qu'est-ce qu'il fait ?
« Tu as bien du le remarquer Astrid… Le regard de ces 'rats' comme tu les nommes si bien… Ce qu'ils rêveraient faire de ton corps… De tes formes… »
Il a lentement glissé sa main vers ma jupe et je pince mes lèvres pour ne pas crier, mes jambes complètement bloquées par celles du jeune homme dont je peux sentir les lèvres s'arquer dans un sourire.
Je ne crierai pas.
« Oui, tu n'es pas si ignorante… Tu sais ce que ces hommes veulent des femmes. Oubliées les grandes Vikings et leurs courages, c'est vos corps qu'ils veulent et tu sais pourquoi… »
Je me mors la langue pour ne pas hurler lorsque celle d'Harold vint lentement lécher mon oreille, du lobe jusqu'au cartilage. Je tourne la tête pour y échapper mais il en profite pour s'attaquer à mon cou. Il murmure toujours et je l'entends toujours aussi bien. Sa main s'est posée sur ma cuisse et la caresse doucement.
Je suis une Viking, les Vikings ni ne crient, ni ne pleurent.
« Et ta fierté t'empêchera d'hurler toi… De combien de femmes entendras-tu les pleurs ici ? Forcées pas les hommes… »
Sa main a glissé de ma cuisse sous ma jupe. Elle traça d'artistiques arabesques avant de remonter le long de l'épiderme vers l'arrière. L'arrière de ma cuisse.
Ne me touche pas.
« Tu ne l'as jamais fait n'est-ce pas ? L'acte… »
Je sens mon cœur battre furieusement à mes tempes alors que je m'empêche de hurler.
Comment ose-t-il ?
Arrête.
Comment ose-t-il me toucher de la sorte ?
C'est horrible.
C'est la pire chose que l'on ne m'a jamais faite.
Arrête… S'il te plait…
« Oh Harold ! »
J'entends la porte en bois s'ouvrir brusquement et je sentis – avec joie – le susnommé figer ses lèvres et ses mains.
« Hou… Je vois que je gène… ! »
La voix amusée est suivie d'un petit rire et je vois Harold redresser lentement la tête, les yeux indifférents, sans émotions.
« Combien de fois t'ais-je dis de frapper avant d'entrer Titus ? »
Je redresse à mon tour la tête pour observer la personne qui vient de me sortir de la pire situation qui soit. Un garçon plus jeune que nous de deux ou trois années maximum, plus petit que la moyenne. Il est blond et sa carrure me rappelle le gringalet qu'était Harold à une époque qui me parait lointaine maintenant. Il s'est adossé au mur qui fait face au lit et sourit à mon tortionnaire qui s'est enfin relevé, comme si de rien n'était.
Comme si rien n'était arrivé.
« Si tu avais besoin de ce genre de service tu pouvais me sonner Harold, c'est quand même plus sympa de la faire dans une chambre sans vis-à-vis comme la tienne… »
Malgré le sang à mes tempes qui m'assourdie, j'entends parfaitement ses paroles et j'écarquille les yeux. Est-ce qu'il vient de se proposer pour… ?
Le banni se poste devant le plus jeune, le toisant de haut tandis que l'autre se rapproche de son aîné à pas souples.
« Je sais bien que tu préfères les femmes… C'est dommage d'ailleurs ! Mais si tu veux… on peut te partager à deux, ça ne me dérange pas… »
Il a croisé ses bras autour du cou d'Harold qui ne bouge pas d'un cil, se contentant de suivre des yeux le regard – … gourmant ? – du petit blond qui approche dangereusement sa bouche de la sienne.
« Combien de fois il faudra que je te le dise Titus ? »
Sans violence aucune, il attrape le col du garçon qui se met à sourire de toutes ses dents, s'attendant visiblement à cette réponse et rit alors qu'il se fait mettre à la porte comme un mal propre.
« Je ne suis ni intéressé par tes services, ni par un plan à trois. Sur ce, bon vent. »
Le dénommé Titus me salue d'une main amicale avant que la porte de lui claque violemment au nez. La pièce retombe dans le silence et je sens mon cœur recommencer à battre furieusement dans ma poitrine.
Et maintenant ?
Harold va continuer ce qu'il faisait tout à l'heure ? Me… toucher ?
Son soupire me prend de court alors que je me suis retranchée au plus loin que je pouvais de lui, autant que la chaine me le permet. Elle fait peine à voir la grande guerrière Viking… J'ai honte de moi-même.
Je vois le l'homme que je connaissais jadis comme un innocent petit gamin m'ignorer alors qu'il marche jusqu'au fond de la cellule qui lui sert de chambre et reprend dans sa main le morceau de toile et la gourde. Il me les lance au visage et reprend sa place au bureau, le nez dans les papiers froissés.
« Lave-toi. Tu pues la mort. »
Il a reprit son occupation de tout à l'heure, comme si de rien n'était. Moi, je suis figée. Mon souffle erratique à son approche met quelques minutes à se calmer et mon corps cesse ses tremblements.
Il m'a touché.
Il a caressé mon corps de ses mains et la guerrière que je suis vient de découvrir un tout nouveau type de sentiment : la peur.
oOo
Lorsque je rouvre les yeux, ce sont sur mes propres mains que mon regard se pose. Mes mains devant mon visage, comme pour me protéger. En position fœtal.
La position des proies.
Je sers les poings. J'ai été faible hier soir. Trop faible. J'ai été une simple proie sans défense devant lui.
Je lève un peu les yeux et je le vois.
Harold Haddock. Le Banni.
Son visage est enfoui dans ses bras croisés sur le bureau. Il a dormi ici visiblement, après des heures et des heures de travail durant lesquelles j'ai fini par m'écrouler de fatigue malgré la haine qui m'a prise aux tripes.
Je le hais. Ce n'est définitivement pas de la peur comme je l'ai crue. C'est de la haine, pure et simple, dictée par les gestes et l'attitude trop nonchalante de ce traître.
Je le tuerai pour ça.
La porte s'ouvre brusquement, nous surprenant Harold et moi. Ce dernier relève la tête et dans un geste rapide et précis, ôte sa dague à sa taille pour toiser le nouveau venu qui fait mine de ne pas voir le couteau pointé vers lui.
« Bonjour tout le monde ! Fait la voix aigüe du fameux Titus d'hier, mon dernier sauveur en date.
- … A quoi sert cette porte si tu t'invites à chaque fois… ? Soupire Harold en rabaissant son bras.
- Tu n'as qu'à la fermer une bonne fois pour toute ! »
Ignorant les yeux au ciel du Banni, le petit blond s'échoue tel un Gronck sur le lit d'Harold. Il ne m'a pas regardée une seule fois et commence avec véhémence une discussion à sens unique avec son visiblement ami sur sa chaise.
« Tu sais pas la dernière ! Il parait que les Berserks n'ont pas tellement aimé qu'on s'approche de leurs terres et leur Chef – tu sais, ce demeuré là, Dagur ! – a décrété qu'ils ne permettaient plus à Alvin de faire traverser nos bateaux sur leurs mers !
- … Titus… Fait Harold comme une mise en garde.
- Et ben ça n'a pas loupé ! Evidemment, ce faux-cul d'Alvin commence à lui présenter ce qu'il peut avoir comme compensation etc…
- … Titus… Continue Harold un cran plus haut.
- Paf ! Dagur se voit offrir une petite cargaison d'esclaves et de marchandises à chaque fois qu'on traversera ses mers ! Il ne faut pas être un génie pour comprendre que c'est ce qu'il voulait depuis le départ !
- Titus… Encore un ton au-dessus.
- Et évidemment, Alvin a Dagur dans ses poches lorsqu'il s'agira de piller un village conséquent ! Le Chef le savait, il avait tout prévu, c'est vraiment un salopard de- ! »
La chaine qui entrave sa gorge l'empêche de parler et ses mains viennent agripper les maillons pour me forcer à ne pas aller plus loin. Mais il ne peut se soustraire à ma poigne et je jette un regard victorieux à Harold qui soupire, les yeux au ciel.
« Maintenant tu vas me faire sortir d'ici Haddock, fais-je en claquant la langue. Ou je me fais un plaisir d'ôter le moindre petit souffle d'air de sa poitrine…
- … Bas je t'en pris, y'a une porte juste là. »
Son pouce part en arrière et il me désigne la porte de la cellule qui fait office de chambre à Harold. J'écarquille les yeux devant son air totalement désintéressé et le petit rire de mon otage.
Il vient de rire à sa blague là non ?
« Je ne rigole pas Haddock libère-moi ou je le tue !
- Brillant Hofferson mais après tu feras quoi ? Fait Harold en posant un coude sur la table, son menton dans sa paume. Je te libère, tu nous prends en otage et tu traverses vaillamment l'île entière comme ça ? Tu es bien naïve ma pauvre Astrid… »
J'entends à nouveau un rire du blondinet mais je me force à garder Harold à l'œil tout en méditant sur ses paroles.
Ces Bannis n'oseraient quand même pas tuer l'un de leurs compagnons ?
… Question stupide, j'en conviens.
« Même si j'ai un certain poids ici, Alvin ne laissera pas une Hooligan revenir à Beurk. Je suis le seul qui puisse te garder en vie – ou ce qui s'en rapproche le plus – sur cette île, je n'ai pas l'impression que tu t'en rendes bien compte. Soit dit en passant, je suis aussi le seul qui me soucis un temps soit peu de Titus alors… Tu peux le tuer, ça ne changera rien. »
Il l'a dit comme on annonce la pluie ou le beau temps, sans âme, sans émotions. Il vient de me donner la vie de son – peut-être pas tant que ça – ami et ça ne lui fait ni chaud ni froid.
Et maintenant je fais quoi ? Je le tue ? Au risque qu'Harold bluffe et je subisse sa colère dont j'ignore les limites ?
Ou je me contente de libérer l'autre crétin qui continue de ricaner, abandonnant pas la même mon unique chance de m'en sortir ?
Harold décide pour moi.
« Titus ça suffit, j'ai faim. »
Sans crier gare, le garçon prend appui des deux jambes contre le cadre en bois du lit pour nous propulser contre le mur que je prends de plein fouet dans le dos. Mon crâne en prend pour son grade lui aussi et malgré la douleur lancinante qui parcourt tout mon corps, je sens sa main agripper ma tunique, l'autre toujours sur la chaine. Je m'envole littéralement dans les airs avant de retomber violement contre le lit, la quasi-totalement tu poids de Titus sur le ventre qui me coupe la respiration. J'ai à peine le temps de reprendre mes esprits qu'il est à cheval sur mon ventre, une dague sortie de je ne sais où dans la main et un sourire triomphant sur le visage.
« Alors Chérie, on a du mal à respirer ? »
Je ne peux répondre, mon mal de tête augmentant graduellement et mon souffle toujours difficile. Mais je distingue très largement l'air fou qu'il arbore sur son visage, sa lame qui se rapproche dangereusement de ma gorge et cet éclat dans les yeux. Très loin de celui d'Harold hier.
Il veut tuer.
Il veut me tuer.
« Titus j'ai faim. »
A la voix d'Harold, le visage de Titus change du tout au tout. Envolé l'air assassin et dangereux, j'ai maintenant un simple garçon blond qui sourit à pleine dents à son ami en se redressant.
« Ouais j'ai la dalle ! »
Puis son visage redescend vers le mien mais son sourire ne s'envole pas, contrairement à ce que je pensais.
« Tu dois mourir de faim aussi, t'as pas mangé depuis un certain temps je pense ! »
oOo
Il y a de ces journées qui commencent mal, qui continuent sur leurs lancées et qui finissent encore plus mal. Généralement, il manque un truc important quand enfin vient l'heure du coucher malheureusement, je ne vois pas comment ça pourrait être pire et ce que j'ai encore à perdre.
Pour preuve, j'ai à ma gauche un ancien Banni de mon village totalement désœuvré qui s'octroie le droit de me faire traverser son île entière par une chaine accrochée à mon cou, et en face, un psychopathe lunatique, toutou officiel de premier et qui m'a apparemment dans le nez.
J'oublie de mentionner la totalité des autres Bannis de la salle qui sert de Grand Hall dans ces foutues galeries qui nous observent tous du coin de l'œil.
Cette journée, comme toutes celles à venir visiblement, n'annonce longue. Très longue.
« Eh Harold ! Sourit Titus, du poulet dans la main. Je crois que tout le monde admire ton nouveau jouet !
- Appelle-moi encore une fois comme ça, sifflé-je, et je te fais bouffer ton- !
- La ferme. »
L'ordre d'Harold me rend muette malgré moi. Il ne m'a même pas regardée, toujours entrain de farfouiller dans son assiette sans réellement y toucher.
Je ne sais même pas pourquoi j'obéis. Mais je renvois à l'autre crétin un regard noir qui le fait sourire. Il s'apprête à répliquer lorsque la voix de mon « propriétaire » claque pour lui.
« Pareil pour toi Titus. Ferme-là.
- … Oui M'sieur… »
Je déteste ça. Ces regards, ces ordres, ces gestes. Titus a l'air de se plier à absolument tout ce que lui dit Harold. Et ça je ne peux pas le comprendre.
Et pourtant je fais pareil. Je ne sais pas pourquoi.
« Nourris-moi. »
Je sursaute aux mots de l'objet de mes pensées et je pivote doucement la tête vers lui, pas certaine d'avoir vraiment compris ce qu'il a dit.
« … Pardon ? »
En face, Titus se fend la poire devant mon air ahuri.
« T'as parfaitement compris, continue Harold en repoussant son assiette vers moi. Ces abrutis attendent un peu de spectacle, autant le leur en donner.
- Je ne ferais pas ça, murmuré-je.
- C'est pas comme si tu avais le choix.
- Je suis une Viking.
- Personne n'en a quelque chose à faire ici. Tu portes une chaine, tu es une esclave. Point.
- Hors. De. Question, déglutis-je.
- A moins que tu ne souhaites que je te jette dans la fosse, seule, je te suggère de faire ce que je te dis. »
Son regard est braqué dans le mien, ces foutus yeux verts qui me fouillent jusqu'à mon âme.
Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste.
Et pourtant je n'ai pas le choix. Parce que je suis seule au milieu de tous ces traitres à leurs sangs, sans arme, une chaine à mon cou.
Je n'ai pas le choix que d'attraper d'une main tremblante de rage le morceau de viande au milieu de son assiette et de l'apporter lentement jusqu'à son visage.
« Tu crois quand même pas que je vais manger un truc aussi gros ? »
Je serre les dents sous la remarque et son sourire narquois. J'ignore le ricanement de l'abruti d'en face et attraper le morceau de viande à deux mains pour le découper à nouveau puis tend la main vers le visage de mon tortionnaire en tournant la tête.
« Regarde où tu vises. »
J'encaisse encore. Mes dents mordent ma langue avec force alors que je me force à lever les yeux vers lui.
Ces foutus yeux sans émotions.
Ma main se porte lentement à sa bouche qu'il entrouvre doucement avant d'attraper le morceau et de le mâcher, son regard toujours braquer dans le mien.
Je sais. Je n'ai pas le droit de détourner le regard. Mais qu'il soit certain que la première chose à laquelle il aura le droit lorsque je serai sortie d'ici, c'est mon poing bien ancré dans sa figure.
« Encore. »
Je prends une grande inspiration avant qu'un stupide réflexe ne mette mes menaces à exécution. J'attrape à nouveau la viande et la porte – encore – à sa bouche. J'ai retrouvé son regard et je ne le lâche pas le temps qu'il l'attrape. Ce qu'il fait, non sans passer sa langue sur le bout de mes doigts, le visage toujours impassible.
C'est ma hache qu'il va prendre dans la figure.
Je le tuerai. Je le tuerai pour ça et pour tout le reste.
Je le tuerai. Je le tuerai. Je le tuerai. Je le tuerai.
« On rentre, fait Harold en se relevant, les yeux clos. J'ai des machines à dessiner. »
Premier chapitre posté ! Enfin...
J'espère que cette mise en bouche vous a plu, c'est mon seul but en tant qu'auteur de fiction.
J'en profite pour signaler que cette histoire est terminée, mais ce n'est pas pour ça que vous devez éviter le petit bouton bleu :)
A la semaine prochaine (j'espère en tout cas...)
Edit du 20/08/2014 : Chapitre corrigé sous la beta de mon cher Naemos, merci à lui.
