NDA : Bonjour à tous ! Ceci est ma première fanfiction sur ce site, donc je suis plutôt stressée on va dire. Cette histoire ne trottait beaucoup dans la tête depuis un an environ et au bout d'un moment j'ai eu envie de me lancer. Je crois d'ailleurs que c'est la seule fanfiction française qui soit un UA de Peter Pan, donc j'espère que ça ne sera pas trop déprécié. Cette fiction ne sera pas très joyeuse, on va dire... Des sujets assez trash seront abordés. C'est peut-être pour ça que j'ai préféré mettre rating M, même s'il se ressentira plus dans les chapitres à suivre. En tout cas, bonne lecture !


Playlist à écouter :

Wendy : Indiana - Smoking Gun

John : London Grammar - Help

Peter : Hozier - Arsonist Lullaby


Nana était une femme, en même temps Wendy voyait mal un homme s'appeler ainsi. Donc Nana était une femme, mais aussi la gouvernante des enfants Darling. Vieille sexagénaire, portant ses petites lunettes rondes sur son nez, un impeccable chignon coiffait ses cheveux encore bruns même s'ils étaient parsemés de nombreux cheveux blancs. Elle portait toujours de longues robes ou des jupes longues avec des pulls à manches longues. Il était vraiment rare de voir une parcelle de peau nue plus haut que les chevilles de la gouvernante. Elle considérait John et Wendy Darling comme ses propres enfants et eux-même la considérait comme un membre indéfectible de la famille. Elle avait été engagé par Mr et Mme Darling dès le jour de la naissance de leur premier enfant, Wendy. Depuis elle vivait avec eux, elle partait en voyage avec eux, elle les éduquait, elle avait pris le rôle des parents et s'en sortait avec brio.

La famille Darling et Nana, ou plus communément connu sous le nom de Mme Nancy Bernard, avaient récemment ré-emménagés à Londres, leur ville natale. Décision hâtive et qui avait fait perdre ses nerfs à cette très chère Nana qui s'était vu en charge d'une tâche monumentale, c'est-à-dire le déménagement et qui devait se débrouiller seule. Wendy et John avaient supportés les nombreuses piques de la nourrice, car ils savaient au final que ce n'était pas contre eux qu'elle était en colère, mais plutôt contre leurs inconscients de parents. Êtres irresponsables qui dirigeaient cette famille au gré de leurs délires et envies, oubliant les besoins et les sentiments des gens qui leur sont le plus proche.

Donc il y a une semaine plus précisément les camions de déménagement avait débarqué dans le quartier huppé de Londres et avait déchargé les nombreuses affaires de la famille Darling. Ils n'avaient jamais vendu leur ancienne maison de Londres, c'est donc tout naturellement qu'ils s'étaient installés à nouveau dans cette demeure des plus imposantes, satisfaisantes et magnifiques. Le lendemain, c'était la famille qui était arrivée et Nana avait orchestré l'organisation de la maison. La famille s'était alors efforcé de se réhabituer, de vivre à nouveau dans cette maison aux souvenirs ainsi que de s'ignorer entre eux.

Puis était venue la rentrée, enfin « rentrée » car Wendy et John faisaient leur rentrée à la Nevers L. Andrew School de Londres juste après les vacances de Noël bien entendu. Comme quoi, ils n'avaient pas déjà assez besoin de se faire remarquer en débarquant dans un lycée privée où tout le monde se connaissait depuis le collège. Où ils allaient être traités comme les intrus, les animaux du zoos, et peut-être les gens à abattre.

Tant d'idées qui avait empêchées Wendy Darling de s'endormir sereinement. Elle avait donc passé la nuit au bord de sa fenêtre, sur la banquette, comme elle l'avait tant fait enfant, à observer les étoiles et la lune qui en était à son premier quartier. Il devait être quatre heures du matin lorsque le sommeil vint la prendre lorsqu'elle murmura comme une prière :

« Deuxième étoile à droite. »

C'était donc avec forte mauvaise humeur qu'elle se réveilla le matin à six heures sous les secousses de sa nourrice Nana qui la regardait d'un air mécontent. Wendy savait que Nana n'aimait pas qu'elle s'endorme près de la fenêtre et elle savait qu'elle allait subir une de ses nombreuses réprimandes pour n'avoir une nouvelle fois pas pu s'en empêcher.

« - Wendy Moira Angela Darling. Combien de fois vous ai-je déjà dit qu'il ne fallait pas vous endormir sur cette banquette ? Comment pouvez vous savoir si cette fenêtre est bien isolée ? Vous attraperiez froid et qui devrait s'occuper de vous après que vous auriez attrapé une grippe ? Et puis penser à votre dos aussi bon sang de bois, vous êtes jeune certes, mais ça ne sera pas toujours le cas donc accorder lui un minimum de confort si vous ne voulez pas vous retrouver à marcher avec une canne à l'âge de vingt ans. Et puis ces cernes, à quelle heure vous êtes vous endormie encore ? Vous avez passez encore toute la nuit à observer les étoiles ? Franchement Wendy, vous ne m'épargniez pas.
- Désolé Nana, ça doit être le stress qui m'a empêché de trouver le sommeil.
- Oui c'est ça, et ça doit aussi être le stress qui a poussé également votre frère John a fermé sa porte à double tour alors que je l'en avais formellement interdit.
- Je vais aller le réveiller, ne t'inquiète pas Nana. »

Wendy Darling se leva de la banquette et ouvrit son tiroir à la recherche de la clé de la chambre de John. Elle déposa un baiser léger comme l'air sur la joue de la nourrice et elle se dirigea vers la chambre son frère qui se trouvait juste en face de la sienne. Wendy ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil douloureux à la chambre au bout du couloir avant d'insérer la clé dans la serrure et d'ouvrir la porte de la chambre de son dépravé de petit frère.

John Darling était bordélique et sa chambre en était le parfait modèle. Cela faisait à peine quelques jours qu'ils étaient installés dans leur ancienne maison et les vêtements trainaient déjà par terre par dizaines avec les canettes de soda vides qui jonchaient le sol, cachant pratiquement entièrement le parquet en chêne massif. La couleur pêche des murs avait disparu sous les posters de ces séries, films et groupes de musiques préférés. Son lit était pourtant intact, comme si son propriétaire n'avait pas dédaigné l'honorer de sa présence. En effet John Darling s'était endormi devant l'écran de son ordinateur, qui devait s'être mis en veille depuis plusieurs heures maintenant. Il avait toujours son casque sur ses oreilles, sa tête reposait sur le clavier de l'ordinateur et ses lunettes étaient de travers.

Wendy traversa la pièce et secoua sans ménagement l'épaule de son petit frère, seul moyen efficace hormis le seau d'eau de le sortir de sa torpeur. Mais il valait mieux éviter le seau d'eau vu que l'ordinateur était presque collé à lui. Heureusement John se réveilla bien assez vite et ses premiers mots ne furent pas des plus aimables :

« - Dégage de ma chambre.
- Excuse moi ?
- Tu m'as très entendu.
- Mais toi par contre tu n'as pas l'air d'avoir entendu Nana te dire de ne pas fermer ta chambre à clé. »

À l'évocation de la ô terrible nourrice John ouvrit ses deux yeux qui exprimaient un sentiment qui balançait entre la moquerie et la peur :

« - Elle est en colère ?
- Aussi stressé que si elle venait de perdre les eaux. J'ai eu le malheur de m'endormir sur la banquette, j'ai réussi à m'échapper en allant te réveiller. D'ailleurs ne crois pas que tu vas y échapper.
- Je peux toujours essayer. » dit-il en se levant, poussant sa sœur à se déplacer, la dépassant de quinze bon centimètres malgré le fait qu'il soit de deux ans son cadet.
« - Bon maintenant que je suis réveillé, dégage de ma chambre.
- Avec joie. » dit Wendy en sortant de ce bazar sans nom.

Elle sortit donc de la chambre de son frère et elle rentra dans sa chambre. Elle trouva sur son lit, son uniforme scolaire, plié et repassé, que Nana avait du surement déposé quand elle était partie réveiller John. Elle se dirigea vers sa salle de bain personnelle et se jeta un regard dans le miroir qui surplombait le lavabo. Elle était un peu plus pâle que d'habitude mais Wendy Darling était déjà de nature pâle donc cela passait. Par contre les cernes violettes qui ornaient ses yeux bleu océan étaient bien trop voyantes pour ne pas être ignorées. Wendy enleva le collier qui pendait autour de son cou. Ce collier représentait un dé à coudre que l'on avait glissé autour d'une chaîne en argent. Puis elle se débarrassa de son pyjama, un sweat un peu trop grand et un pantalon de pyjama à motif à carreaux et elle se glissa dans la douche.

Lorsqu'elle sortit de la douche, elle s'enroula dans son peignoir et entortilla ses long cheveux châtains ondulés dans une serviette afin de les essorer. Puis elle avança jusqu'au miroir afin d'appliquer une crème anti-cernes de la même couleur que sa teinte de peau. Ses lèvres vermeilles s'étirèrent en un sourire satisfait et elle sortit de la salle de bain en prenant soin de mettre son pyjama dans le panier à linge sale.

Elle défit le nœud qui maintenait son peignoir en place, le laissa tomber sur le sol et se dirigea vers sa commode pour enfiler ses sous-vêtements et elle repartit vers son lit pour enfiler son uniforme scolaire. Elle était en sous-vêtements quand Nana rentra dans sa chambre laissant la porte grande ouverte sur une Wendy en petite tenue. Mais Wendy s'en fichait, la porte de son frère était fermé et de toute façon si elle osait ne serait-ce que faire un reproche à cette charmante vieille femme, elle n'en ressortirait pas vivante. D'ailleurs pas de quoi en faire tout un foin, vu qu'elle venait de ressortir chargée du panier à linge sale et en refermant la porte derrière elle, pendant que Wendy finissait de s'habiller.

Elle s'assit ensuite devant sa coiffeuse, défit ses longs cheveux châtains de la serviette qui retombèrent doucement sur ces épaules. Elle leur appliqua quelques coups de brosses tant qu'elle le pouvait encore avant, qu'il ne prenne une forme sauvage et indomptable. Puis une fois cela fait elle les attacha en une queue de cheval haute, alors qu'il commençait déjà à boucler. Elle prit son sac de cours, ses Doc Martens, son téléphone et ses écouteurs. Lorsqu'elle sortit de sa chambre, elle entendit la voix forte de Nana tempêté contre John. Wendy sourit légèrement, elle l'avait prévu après tout. De toute façon, la personne qui croyait pouvoir échapper à la colère de la gouvernante était bercée d'illusions.

Puis son regard comme relié par un aimant fut attiré par cette fameuse chambre au bout du couloir, sans qu'elle n'y prenne garde, elle commença à s'avancer vers la porte. Une tristesse immense commençait déjà à l'envahir mais elle continuait de se diriger vers cette pièce. Elle allait actionner la poignée quand elle entendit la voix légèrement brisée de son petit-frère :

« Qu'est ce que tu fais ? » dit-il d'une voix étranglée.

Wendy se retourna vers John, ses yeux remplies de larmes qui dévalaient à présent ses joues. John avait être à présent bien plus grand qu'elle, ses joues demeuraient légèrement rebondies et on pouvait voir une barbe naissante pousser de part et d'autre de son visage. Ses cheveux étaient toujours chocolat, même s'ils avaient légèrement foncés depuis son enfance. Le regard chocolat de John brillait de douleur et de tristesse, ses traits étaient devenus durs et tendus et sa lèvre inférieure tremblait sous l'assaut des sentiments dévastateurs. Il n'avait plus rien à voir avec son petit-frère joyeux et discipliné, avec des allures sophistiquées qui se réfugiait auprès d'elle dès qu'il était triste ou dès qu'il avait un problème. C'est pourquoi, Wendy prit une fois de plus sur elle, tourna la tête, lâcha la poignée et elle regarda son frère avec le masque qu'elle avait appris à se former au sein de cette famille, un sourire au bord des lèvres. Elle lui dit avec une voix affable :

« Mais rien voyons. »

Puis elle passa devant son petit frère, sans en dire plus, car ils savaient tous les deux que c'était faux. Mais vu que dans cette famille on ne se disait rien, il valait mieux ne pas aborder le sujet. Wendy descendit les escaliers en récupérant les affaires qu'elle avait laissé devant sa porte, suivit de près par John.


" Famille de robots... Famille d'hypocrites... " se mit à penser John pendant qu'il mangeait son petit déjeuner dans la salle à manger avec sa famille. Sa très chère sœur, qui se trouvait juste en face de lui, était sûrement la pire de tous... Toujours à tout cacher avec son fichu masque... Ses parents au moins ne cachaient pas le désintérêt qu'ils éprouvaient envers leurs enfants. Ils étaient chacun à une extrémité de l'immense table qui était le " cœur " de la salle à manger. Comme si ils cherchaient à mettre le plus de distances entre eux... De toute façon ça faisait bien cinq ans que John n'avait pas vu ces parents s'échanger rien de plus que des amabilités, des choses futiles. Et ils ne se touchaient pour ainsi dire jamais. John était même convaincu qu'ils faisaient chambre à part et que seules les rumeurs qui engendreraient leur divorce les empêchaient de se séparer pour de bon et de faire adopter leurs enfants par Nana ou une tante éloignée. Mais ils n'en avaient pas toujours été ainsi...

Mary Darling était devenue une de ces femmes froides, magnifiques, silencieuses. Préférant trainer dans les bals et autres mondanités que d'affronter la dure réalité du foyer quotidien. Où était passé la mère compatissante et aimante qui avait bercé ses enfants ? Disparue depuis ce jour. Depuis elle était désormais un ornement, une statue froide qu'on aimait parader, montrer devant ses amis ou ennemis, pour montrer qu'on a mieux réussi, qu'on est plus heureux que les autres, pour les rendre jaloux. Mary était une de ces statues avec un léger sourire mystérieux flottant laissant plané le doute sur ce qu'elle pouvait bien ressentir, mais inspirant beauté et grâce. Détachée, pourtant on pouvait parfois observer une légère lueur dans ses yeux bleus inspirant le désarroi et la douleur.

George Darling quand à lui, il n'avait pas vraiment changé. Toujours dur, intransigeant vis-à-vis de sa famille. Mais il passait désormais sa colère et ses remarques à travers Nana. Il était devenu un lâche. Un lâche pour lequel la réussite dans le travail prévalait vis-à-vis de sa vie de famille. Veillant à ce que sa famille ne manquait de rien, mais ne montrant pas de réel intérêt vis-à-vis d'elle. Un homme vide, un homme seul, un homme intéressé. Il veillait en réalité à ne plus être blessé autant qu'il avait pu l'être auparavant. De toute façon il ne pouvait qu'être heureux car ces enfants étaient plutôt obéissants vis-à-vis de ces ordres, il avait un poste de valeur au sein de sa banque et il était apprécié dans la société. Un homme qui accomplissait ces rêves. Un homme de parole. Mais un homme qui manquait cruellement d'humanité.

John mangeait donc avec cette famille qui lui était devenue étrangère, de simples connaissances à la limite. De toute façon, il ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Nana était la seule personne à qui il devait rendre des comptes et il s'en contentait. Même s'il aimait bien la tourner en bourrique, ou s'il l'ignorait dans ses mauvais jours. Il passait donc le plus clair de son temps sur son ordinateur avec des amis virtuels qui ne pouvaient finalement pas prendre la place de la famille qu'il avait perdu.

Il avait pris l'habitude de manger avec de la musique dans ses oreilles, même s'il pouvait voir Nana lancer des éclairs avec ses yeux tant elle réprouvait sa conduite. Il aimait la contrarier, de cette manière, elle arrivait à lui montrer qu'il comptait, qu'il n'était pas entièrement seul. Donc il s'évertuait à l'agacer autant que possible. D'ailleurs, il fit un petit sourire en coin dans sa direction pour bien lui faire comprendre qu'il n'enlèverait pas ses écouteurs.

La table vibra et John lança un regard autant de lui pour voir ce qui avait bien pu causer cette vibration. Et il vit son père qui regardait dans sa direction avec un regard coléreux. " Tiens, père laisse transparaître ses émotions. C'est la première fois depuis le déménagement. " pensa John en affichant un sourire amusé. Il enleva ses écouteurs et se décida à écouter son père qui avait apparemment des choses à lui dire, qui ne nécessitait pas de passer par Nana.

« - Tu te décides enfin à m'écouter, John.
- Désolé père, c'est juste que ça arrive tellement peu souvent que vous m'adressiez vous-même la parole, que j'ai pris l'habitude de ne plus vous porter d'attention. » dit John avec un sourire provocateur.

De la provocation pour de la réaction. Il voulait qu'il réagisse, qu'il redevienne son ancien père colérique. Pas cet homme conciliant et lâche, qui l'écœurait. Mais encore une fois, la lâcheté l'emporta et il ne réagit pas :

« - Ce n'est rien fils. Je vous disais donc à toi et à ta sœur, que j'espérais que vous ne fassiez pas de vague à la Nevers L. Andrew School. Le directeur est un très vieil ami et la plupart des jeunes de votre âge seront dans la haute société plus tard. D'ailleurs la plupart de leurs parents sont des amis à moi. Il est nécessaire de donner une bonne image des Darling, la réussite en société est nécessaire. M'avez vous compris ? »

Wendy, ce toutou, qui obéissait au doigt et à l'œil des parents hocha la tête avec grâce et assentiment. À vomir.

« - John ?
- Oui, père. » dit-il avec un soupir affligé, que son père fit semblant de ne pas remarquer.

Puis de retour à cet insupportable silence, silence seulement brisé par le léger bruit des couverts grinçant sur les assiettes en porcelaine. On ne faisait pas de bruit en mangeant, car les Darling ne devaient en aucun cas attirer une mauvaise attention. Nana était d'ailleurs d'accord avec cette règle et veillait avec acharnement à son emploi. Pour ainsi dire John était tellement habitué à faire peu de bruits en mangeant que même s'il voulait manger bruyamment pour indisposer cette perfection de famille, il ne pourrait pas. Et c'est qu'il l'énervait le plus dans tout cela.

Les couverts finirent par être posés sur la table et tout le monde se leva sans dire un mot. John traîna des pieds jusqu'à l'entrée de la maison, se prenant une claque derrière la tête par Nana en sortant de la pièce au passage. Il sourit avec indulgence, et il se massa l'arrière du crâne. Après tout il l'avait bien cherché. Son père et sa sœur l'attendait. Il mit ses Feiyue noires et blanches et passa la porte ouverte que Nana referma derrière lui. Il traîna des pieds jusqu'à la limousine que son père et sa sœur avaient déjà investi.

Le trajet se fit dans un silence lourd et tendu qui trahissait l'anxiété des deux adolescents vis-à-vis du fait qu'ils allaient débarquer en territoire inconnu. Lorsque la voiture s'arrêta, Wendy et John se tendirent à l'unisson. Ils attendirent que le chauffeur leur ouvrirent la porte, puis ils sortirent de l'oppressante limousine noire. Une nouvelle aventure, bataille ou peu importe comment vous l'appelleriez allait se mettre en place. Et John avait bien besoin de changements dans sa vie. Et il espérait désespérément que cela apporterait un peu de vie dans son existence, bien solitaire...

Sa sœur et lui marchaient au même pas, ça l'énervait de l'avouer mais il se sentait en sécurité à marcher juste à côté d'elle. Il lui jeta un léger regard, les yeux fixés au loin, les écouteurs dans les oreilles, Wendy paraissait assurée. Seul signe qui trahissait sa peur, sa main qui serrait la hanse de son sac tellement forte qu'elle était devenue aussi blanche que la craie. Il arrivait à John d'oublier parfois que sa sœur malgré l'horreur qu'elle lui inspirait par le fait de cacher en permanence ses sentiments, restait humaine et elle pouvait elle aussi être terrifiée.

Mû par une pulsion il saisit la main libre de sa sœur et la serra, espérant la détendre ou la rassurer. Il regardait devant lui mais il sentit le regard de sa sœur lui brûler la main. Il serra la mâchoire. Et ils continuèrent d'avancer ensemble vers l'entrée du lycée.


Un autre matin, un autre réveil, une nouvelle année. Une année déjà bien entamé au niveau scolaire. Et Peter, ce très cher Peter Pan, était le roi, le dirigeant de son monde. Car après il fallait bien un roi pour gouverner ce monde de brutes, et Peter remplissait cette tâche à la perfection. Et bien sûr qui dit roi, dit vassaux, proies, pions, le nom qui vous conviendra, pour Peter de toute façon c'était tous les mêmes. Les proies avaient d'ailleurs été depuis longtemps fixées.

Il se glissa hors du lit où ses compagnes nocturnes dormaient encore à point fermé. À leur vue, Peter sourit, heureux d'avoir encore remporter son jeu.

Pour ainsi dire toute la vie de Peter Pan tournait autour des jeux. La vie ne valait pas d'être vécue s'il n'y avait pas de but, d'enjeux, de gains et même si parfois l'on perd tout. La vie est un immense jeu dont il faut savoir les règles et Peter les connaissait pour ainsi dire à la perfection. Il les connaissait, il jouait avec elles, les contournait avec malice et grand plaisir. C'est pour cela que Peter ne perdait pour ainsi dire jamais et tout cela l'arrangeait fortement bien.

Mais tout jeu doit avoir une fin, malheureusement... Il alla donc réveiller les deux jeunes femmes. Toutes deux brunes, avec de belles formes et des lèvres charnues d'une couleur intense et surtout des yeux bleus. Elles furent réveillé sans ménagement par le jeune homme, elles grimacèrent, geignirent mais en l'espace d'une dizaine de minutes, elles avaient quitté les lieux. Encore une victoire pour Peter.

Peter se regarda une dernière fois dans le miroir avant de se mettre en route pour le lycée, son monde, là où les vrais jeux, les plus importants du moins, se déroulaient. Grand, bien bâti, musclé mais pas à l'excès, un corps souple et mince. Un collier d'une flûte de pan reposait entre ses clavicules, et entre ses omoplates, un tatouage siégeait : " No game, no life." Pour le visage, des cheveux d'un roux soutenu y trônaient, bien évidemment plus longs sur le devant. De toute façon ils étaient toujours coiffés en arrière et surmonté d'un chapeau vert, orné de son inséparable plume rouge. Ses yeux étaient verts, mais pas ce vert oscillant vers le marron, le vert-bleu qui faisait craquer la plupart des filles. Ses joues étaient surmonté de tâche de rousseur et ses lèvres avaient la parfaite proportion.

Un dernier sourire à soi-même et Peter partait dans la salle de bain. Il détacha son collier, se défit de son caleçon et entra dans la douche. Moins de dix minutes plus tard, il sortait de la salle de bain avec seulement une serviette autour de ses reins et son collier autour du cou. Ses cheveux, pas encore coiffés, pendaient devant ses yeux, il les plaqua d'un geste machinal en arrière.

Il s'habilla de son uniforme. Il laissa ouvert les deux premiers boutons de sa chemise, il enfila son blazer et en retroussa les manches, il attacha négligemment sa cravate, il mit son pantalon et une ceinture de marque à la place de la ceinture réglementaire et il enfila à ses pieds ses Doc Martens vertes aux lacets rouges. Il retourna à sa salle de bain pour se coiffer et se mettre son parfum. Puis enfin il choisit son chapeau du jour. Il opta pour un bonnet vert, bien entendu, en laine dont il retroussa les bords et auquel il planta son incontournable plume rouge.

Il attrapa sa besace dans laquelle il fourra des manuels au hasard, son paquet de cigarette, son harmonica, son téléphone, son briquet et ses écouteurs. Il sortit de sa chambre. Il jeta un regard autour de lui. Pas de signe de l'indésirable. Il passa par la cuisine. Sur le bar l'attendait son petit-déjeuner, qu'il mangea en cinq minutes chrono. Il appuya sur un bouton et deux minutes plus tard, une limousine l'attendait devant le grillage de sa demeure.

Pendant le trajet, Peter s'allongea sur la banquette arrière, il prit son téléphone, il mit ses écouteurs et se mit à écouter du Hozier. Puis il sortit son paquet de cigarette et son briquet, il alluma sa cigarette et commença à consommer cette dernière en aspirant puis recrachant la douce fumée toxique. Il faisait des ronds de fumée en la recrachant et les observait, l'esprit vide, se laissant bercé par la voix rauque du chanteur. Il était tellement dans un autre monde qu'il ne remarqua qu'il était arrivé que quand le chauffeur lui ouvra la porte de la limousine.

Peter sortit de la voiture et jeta sa cigarette par terre. Il ne fit pas deux mètres d'une blonde aux cheveux courts lui sauta au cou et lui cria :

« - Bonjour Peter !
- Bonjour Tink. »

Tink, de son vrai nom Katinka Bell, détestait son prénom qui trahissait ses origines russes et insistait pour que tout le monde l'appelait Tinkerbell. Peter avait raccourci ça à Tink, et il était le seul à utiliser ce surnom. En gloire à son surnom, Tinkerbell avait accroché des clochettes au bout des nattes qui parsemait sa chevelure blonde. Puis le reste de la bande arriva et s'organisa autour de Peter, The Lost Boys, ou Les Garçons Perdus, était le nom de la bande et chacun avait un surnom, qu'on utilisait tellement souvent que même les professeurs l'utilisaient pour faire l'appel.

Peter s'assit sur un banc et ses amis s'organisèrent autour de lui, commentant les dernières soirées passées et les soirées à venir. Les personnes savaient que c'était lui le noyau du groupe, le roi du lycée et qu'il valait mieux être dans ses grâces si l'on ne voulait pas être dans ses mauvaises grâces et se retrouver à être les victimes de ses nombreux jeux. Peter aimait cette position de gloire, de pouvoir, de contrôle.

Soudain, les voix se turent, Peter sortit de sa torpeur et observa autour de lui pour savoir ce qui avait bien pu causer ce changement d'atmosphère aussi brutal. Il trouva très vite. Deux élèves inconnus venaient de rentrer dans la cour, main dans la main, probablement frère et sœur. Autant le frère pouvait passer inaperçu à ses yeux, malgré son regard chocolat avec des miettes d'or, sa grande taille et son corps élancé, mais la sœur... D'ailleurs, tous les garçons et la plupart des filles la dévisageaient apparemment...

Cette fille avait quelque chose de spécial, elle avait une grâce innée et une beauté naturelle. Elle avait la peau pâle mais pas au point d'avoir cette teinte maladive, ses lèvres pulpeuses étaient vermeilles et crispées, elle devait sûrement être stressée... Ses cheveux châtains avec des reflets blonds bouclaient en tous sens et étaient attachés en une solide queue de cheval. C'est lorsque la jeune fille croisa son regard que Peter dut garder son sang-froid. Elle possédait un regard d'un des bleus le plus extraordinaire qu'il lui était donné de voir, et qui le cloua sur place. Il suivit des yeux son trajet, comme hypnotisé.

La cour resta silencieuse le temps du trajet des deux nouveaux, qui entrèrent dans le bureau de la direction. Puis quand ils eurent disparu, tout le monde se mit à parler en même temps. Tink ne lâchait d'ailleurs pas des yeux Peter, attendant sa réaction. Peter reprit ses esprits et dit :

« - Des nouveaux... Quelque chose d'inattendu se passe et me surprend pour une fois.
- Ça veut dire que tu n'étais pas au courant, Peter ? » demanda Tootles.

Tootles était le plus fidèle allié de Peter, toujours là pour les jeux les plus durs, les plus tordus. C'était celui qui connaissait tout ou presque sur Peter, et ne se formalisait pas de ses côtés sombres et de sa nature profonde. Il remettait rarement sa parole en question et l'écoutait dès qu'il avait des doutes, s'il en avait. Il parlait très peu, pas du tout en général même. Pas très grand, les cheveux et les yeux noirs, il se faisait souvent oublier. Mais quand on était proche de lui, on pouvait ressentir son aura qui inspirait généralement calme et respect. Les rares fois où Tootles s'était énervé, Peter n'avait jamais plus voulu que ça arrive...

« Non, je n'étais pas au courant. Et je ne sais pas, si ça m'énerve ou ça m'excite. » dit-il avec un sourire joueur.

Le silence s'installa dans la bande.

« Qu'est ce qu'on va faire, Peter ? » demanda Tink.

Les garçons la regardèrent tous avec de grands yeux, tous sauf Peter.

« Nous allons bien évidemment les tester. Pour les tester quoi de mieux qu'un jeu ? »

Toute la bande se sourit, puis commença à préparer le jeu dont les deux jeunes personnes allaient être les heureuses ou malheureuses victimes. Ils durent se séparer lorsque la cloche sonna.

Peter savait qu'il n'allait pas écouter beaucoup en cours aujourd'hui mais il savait également que ses professeurs ne lui en tiendrait pas rigueur. Ses professeurs l'adoraient, et surtout étaient corrompus par le jeu de l'argent que Peter exerçait en maître. Il se rendit dans sa classe avec Tink, Tootles et quelques autres, puis il s'assit à sa place, dernièrement rangée à droite, deuxième place, et il mit sa tête dans ses bras attendant la fin de l'heure. Mais tout de même attentif à ce que disait sa professeur.

« Bonjour tout le monde. Ouvrez vos livres, page... »

Mais la professeur fut coupé dans son élan car à ce même moment l'on toqua à sa porte. Peter fronça des sourcils et releva sa tête. Cela lui permit de voir la nouvelle, la nouvelle aux yeux bleus magnifiques, qui venait d'entrer avec le directeur, Mr Smee, qui expliquait apparemment la situation à la professeur. Pendant ce temps-là, Peter fixait la jeune femme avec des yeux inquisiteurs, essayant de percer sa carapace, de la comprendre elle et ses règles de jeu, pour pouvoir utiliser tout ceci à son avantage.

Puis elle le regarda dans les yeux, et il lui rendit son regard. Et ils se mirent à se fixer dans les yeux avec une intensité incroyable. Si le regard de Peter devait être calculateur, joueur et scrutateur, celui de la jeune fille semblait calme, teinté d'appréhension, mais avant tout curieux, tout en restant sous contrôle et dans la retenue. Un sourire joueur apparut sur les lèvres de Peter. Elle voulait peut-être savoir qui aller détourner le regard en premier, et Peter n'allait pas la laisser gagner. C'était hors de question même.

Ils ne détournèrent pas le regard une fois en l'espace de cinq minutes. Plus Peter explorait la couleur de ses iris changeante comme les reflets de la mer calme en été, plus il se dit que son regard lui était familier, qu'il appartenait à une époque qu'il se refusait à penser, à se remémorer. Comme si son cerveau exerçait un blocage.

Mais ils furent distraits par la professeur, puisque quand elle reprit la parole ils détournèrent tous deux en même temps leur regard.

« Et bien, je vous présente Wendy Darling, elle est nouvelle ici, à la suite d'une mutation de son père. J'espère que vous vous entendrez bien avec elle. »

Traduction : Son père est bourré de fric, si vous l'emmerdez, vous aurez des problèmes avec la direction ou voir même pire, avec l'argent du père en question. Peter se mit à regarder autour de lui pour mesurer l'humeur de sa classe. Apparemment, les filles de la classe étaient occupées à dévisager Wendy du regard, comme si elle était l'ennemi numéro 1. Peter haussa les sourcils, même Miss Lily Tiger voyait d'un mauvais œil la nouvelle... Intéressant. Pourtant il était advenu que Tiger Lily, n'avait très peu voir même aucune adversaire au lycée, que toutes ces cibles, libres ou non, elle les conquérait, les utilisait, puis les jetait, le cœur, l'orgueil en miettes.

Les garçons n'avaient surement pas du tout compris le sous-entendu de la professeur, sauf Tootles peut-être... Ils la dévoraient tous du regard, jouant des scénarios dans leur tête plus ou moins salaces. Ils estimaient sûrement qu'elle pouvait leur appartenir, elle et ses yeux extraordinaires. Et bien il pouvait bien aller voir ailleurs, car Wendy Darling serait bientôt, le nouveau jouet à lui, Peter Pan. Ce que sembla confirmer la professeur en disant :

« Miss Darling, allez vous asseoir, à côté de Mr Pan. »

Peter adressa un sourire sarcastique à toute la classe qui le regardait à présent, comme s'il l'avait prévu, comme à chaque fois. Mais pour une fois, la chance avait joué son rôle et non ses stratagèmes. Wendy se dirigea donc vers lui d'une démarche gracieuse et s'assit à sa gauche, avec les lèvres pincés. Peter remit la tête entre ses bras, un sourire immense, limite jubilatoire aux lèvres. Que la partie commence.


J'espère que cela vous a plu. N'hésitez pas à m'envoyer une review pour me dire que ce que vous en pensez, si vous avez des remarques, des questions, etc... Je vais essayer de sortir le chapitre suivant pas trop tard mais bon c'est compliqué pour moi de tenir des délais donc je ne vous en donnerai pas. J'essaierai de poster minimum un chapitre par mois. Voilà, gros bisoux 3