Bonjour/Bonsoir.
Quelques points à éclaircir, même si je sais que certains ne lisent pas vraiment les messages d'auteurs. Tout d'abord, ce long OS est un angst. Je ne maîtrise pas bien ce genre, j'ai l'impression. Mais j'avais vraiment envie d'écrire cette histoire.
Cette histoire est inspirée du film Hostel. Un film d'horreur américain qui se déroule en Slovaquie, que je déconseillerai aux âmes sensibles. Cette histoire en étant inspirée, si vous n'aimez pas le sang, passez votre chemin (ou faites vous une frayeur, comme vous voulez !).
Le personnage d'Islande me plaît beaucoup, la relation entre les nordiques aussi. Pour ça que j'ai voulu les mettre en scène. J'aurais pu utiliser Romano, mais non. J'espère que, malgré le peu d'informations que l'on a sur ces persos, j'ai réussi à rester un minimum IC, même si la réaction de n'importe qui dans ce genre de situation est plutôt imprévisible.
Autre chose : Je ne sais pas si le logiciel d'USA est aussi performant et aussi rapide, et je m'excuse si c'est irrationnel. Je ne sais pas non plus si un chien est capable de retrouver quelqu'un comme ça, mais bon, y'a quand même un macareux qui parle alors on peut passer sur ce détail. J'ai également dépassé le cadre des tortures d'Hostel, mais je voulais pas faire mourir Ice, pas maintenant. Si je fais une suite, on verra.
Certaines expressions sont dans la langue d'origine des pays. Voici les traductions des mots non transparents :
Danmörk : Danemark (islandais)
Noregur : Norvège (islandais)
Norja : Norvège (finlandais)
Norway : Norvège (anglais)
Norge : Norvège (danois, norvégien)
lillebrør : petit frère (norvégien)
Hjálp : Au secours (islandais)
Vinsamlegast : S'il vous plaît
Voilà, je crois que c'est tout ce que j'avais à dire. Je ne sais pas s'il y aura une suite à ça. Je verrais en fonction de l'accueil qu'aura cet OS.
Les personnages ne sont pas à moi, sauf Slovaquie et Midnight. L'univers est celui du film Hostel.
Bonne lecture !
Quelque part dans le monde, 10 heures et 3 minutes.
Noir. Tout était noir. Le vide total s'était fait dans sa tête. Il n'arrivait pas à aligner deux pensées concrètes. Il savait juste qu'il y avait quelque chose qui clochait. Il essaya vaguement d'ouvrir un œil. Mais il se sentait trop faible pour soulever sa paupière. Il sortait doucement de sa torpeur, commençait à retrouver l'usage de ses sens.
Il sentait le froid mordre sa peau, un léger courant d'air venait ébouriffer ses cheveux d'un gris pâle. Une forte odeur de métal chatouillait ses narines, des relents de moisi également, qui lui firent froncer le nez, et sa chemise collait à sa peau à cause de l'humidité. Son dos, appuyé contre une chaise de métal dur, le faisait souffrir.
Il n'osait pas ouvrir les yeux, de peur de ce qu'il verrait. Il essaya alors de bouger les bras, mais rien n'y faisait. Ses poignets étaient attachés dans son dos, le métal des menottes collant à sa peau. Il essaya alors avec les pieds, mais ils étaient également entravés.
Son cœur commença à battre plus vite, au fur et à mesure que la peur s'emparait de lui. Il ouvrit alors un œil, puis le second, et les deux orbes améthyste scrutèrent la pièce dans laquelle il se trouvait.
La pièce était sombre et plutôt petite. Les murs étaient d'un métal rouillé et usé par le temps. Une grande bouche d'aération crachait des relents d'air froid face à lui. Il remarqua une table à sa gauche, où s'alignaient d'étranges instruments. Un filet de sueur froide coula le long de son dos.
Il essaya de calmer sa respiration qui était devenue saccadée. Il crut d'abord à une mauvaise –une très mauvaise- blague de Danemark. Il chassa cette idée absurde de sa tête : jamais Norvège n'aurait laissé le danois le traiter de la sorte. Mais alors, où était-il donc ?
« Dan… Danmörk ? » risqua-t-il tout de même
Sa voix mal assurée et rauque se répercuta en écho dans la petite pièce. Aucune réponse ne se fit entendre. Il commençait à trembler fortement, des questions se bousculaient dans sa tête.
« Nor… Noregur? Finnland? Suede? Sealand? Puffin ? »
Il essaya de tous les appeler, mais aucun ne répondit. La porte restait hermétiquement close. La présence d'instruments, qu'il analysa comme étant des instruments de chirurgie, ne le rassurait pas du tout.
Un hurlement le fit sursauter. Une femme venait de crier un peu plus loin dans le bâtiment. Et ce n'était pas un cri de surprise. De la terreur, de la douleur, des supplications. Il comprenait un peu ce qu'elle criait dans un anglais approximatif. Pitié, laissez-moi !
Il gémit de peur et s'agita sur sa chaise de métal en essayant de se dégager. Il commençait à céder à la panique et des larmes de terreur perlaient aux coins de ses yeux. Soudain, un cliquetis retentit, et la porte s'ouvrit face à lui.
Un homme plutôt grand se tenait devant lui. Il portait une blouse blanche serrée à la taille par un cordon et de grosses bottes militaires. Il était blond, avec des lunettes en cul de bouteille, l'air corpulent, et une aura malsaine se dégageait de lui.
« Ah ! Je vois que notre jolie prise du jour est réveillée ! Bien dormi ? »
Il ne répondit pas, se contentant de fixer l'homme. Il fit marcher ses méninges. Qu'aurait fait Norvège dans cette situation ? La réponse était simple : il aurait fait le blasé et aurait cherché les points faibles de son adversaire. Il cherchait donc à voir si son ennemi présentait un tel point.
« Tu as perdu ta langue, ou bien tu ne comprends pas l'anglais ? »
Il hocha la tête lentement, pour faire comprendre à l'autre qu'il saisissait le sens de ses paroles. Mais il ne voulait pas lui répondre, de peur que sa voix ne trahisse sa terreur.
« Oh je vois, tu nous fait le coup de la vierge effarouchée hein ? Mais ne t'en fait pas, on va bien s'occuper de toi. C'est la première fois qu'on attrape quelqu'un comme toi ! »
Il haussa un sourcil. Quelqu'un comme lui ? Que voulait-il donc dire par là ?
« Après tout, capturer une Nation n'a rien d'aisé pour de simples humains. Une chance que l'un de mes hommes t'a trouvé dans son taxi… Mon petit Islande. »
Le dénommé Islande déglutit. Il se souvint du taxi qu'il avait pris pour rentrer chez lui après la soirée d'anniversaire de Danemark, où celui-ci l'avait fait boire un peu plus qu'à l'accoutumée. Il se maudit intérieurement. Au lieu de jouer les grands garçons, il aurait dû rester chez Danemark, ou au moins accepter que Norvège le raccompagne.
« Où… Où suis-je ? demanda-t-il finalement en essayant de contrôler sa voix au maximum
_ T'as retrouvé ta langue, c'est bien. Où tu es ? Je suppose que je peux le dire sans crainte, puisque la seule façon de sortir d'ici ne te permettra pas de le raconter à tout le monde… Ici, tu es en Slovaquie. Dans une usine désaffectée. »
Islande soupira doucement. En Slovaquie… Comment son frère et les autres pourraient-ils le retrouver ici avant que le pire n'arrive ? Il sentait des larmes de détresse brouiller sa vue. Il renifla et tenta de les chasser pour garder sa fierté. Il se demanda un instant si Slovaquie connaissait les agissements de sa population.
« Que me voulez-vous ? demanda-t-il ensuite
_ Profiter. Comme tu es un privilégié, un VIP, je vais t'expliquer. Ici, les riches payent pour assouvir de morbides fantasmes sur des étrangers qu'on choppe ici et là. Et un de mes hommes en vacances au Danemark t'a ramené, toi, une Nation ! On va donc bien faire attention de te garder longtemps, parce que quelqu'un comme toi, ça rapporte encore plus qu'un amerloche !
_ Mais… Pourquoi ?
_ Pour le fric, voyons ! Tu crois qu'on veut de toi parce que t'as une bonne bouille ? Certes ça joue aussi. T'es une Nation, t'as une belle gueule et tu sembles solide. T'es une perle pour mon entreprise ! »
Islande eut un haut le cœur. Une entreprise ? Tout ce qu'il faisait n'était ni plus ni moins qu'un trafic d'êtres humains. Il ne pensait pas que de telles pratiques existaient encore. Un autre hurlement vint titiller ses tympans, il ne put réprimer un frisson. Pitié, laissez-moi crever !
« Bon, maintenant que tu en sais un peu plus sur ce qu'il se passe ici, tu dois te douter de ce qu'il t'attend, non ?
_ …
_ Je prends ça pour un oui. Et c'est moi qui ai l'honneur de commencer ! »
L'homme jubilait, et Islande était sur le point de vomir. Il était dégouté et terrifié. Qu'allait-il donc lui faire subir ? Allait-il finir par supplier de l'achever comme la femme à l'instant ?
Il blêmit quand il le vit s'approcher de la table aux instruments. Il se saisit d'un mince scalpel à l'air tranchant et s'agenouilla devant Islande.
« Déjà, on va te débarrasser de ça, tu n'en a plus besoin. » susurra-t-il
Il arracha sans plus de cérémonie la fine chemise blanche de l'islandais. Il s'attaqua ensuite à son pantalon et le laissa ainsi, en caleçon et tremblant sur la chaise de métal froid. Islande décida de garder sa fierté et se garda d'afficher la moindre expression, prenant exemple sur Norvège.
L'homme commença alors sa macabre besogne. Islande ne put réprimer un hoquet de surprise quand il sentit la lame s'enfoncer dans la chair de son torse. Son cœur s'emballa, sa respiration se coupait à chaque contact entre sa peau et l'instrument de métal. Il se mordait les lèvres pour ne pas hurler, ne voulant pas laisser ce plaisir à son bourreau. Il laissa néanmoins s'échapper de petits couinements et gémissements de douleur tandis que sa peau d'albâtre se tachait de rouge.
L'homme lui adressa un sourire mauvais et arrêta de martyriser son torse. Il écarta violemment les cuisses de l'islandais et agrippa la droite. Il effleura du bout des doigts la peau blanche déformée par la chair de poule. Il approcha le scalpel de la cuisse et recommença à dessiner avec l'instrument chirurgical devenu instrument de torture.
S'il pouvait, Islande se mordrait le poing. Il avait envie d'hurler, de vider ses poumons, de supplier d'arrêter cette horreur. Il voulait son frère, là, tout de suite.
Copenhague, Danemark, 11 heures.
« Norge ! Calme-toi ! » suppliait Finlande depuis le début de la journée
Deux heures plus tôt, Norvège était arrivé en trombe dans la maison du danois, où celui-ci décuvait en compagnie de Finlande et Suède. L'instinct maternel du finlandais l'avait poussé à rester au chevet de Danemark, qui avait une gueule de bois d'enfer après avoir abusé de bière la veille.
Son mal de tête semblait s'atténuer quand Norvège avait débarqué en défonçant presque la porte et en retournant toute sa baraque déjà bien en désordre. Il avait l'air bien plus agité qu'à l'ordinaire, et il y avait de quoi : Islande avait disparu.
« Il ne doit pas être bien loin ! positiva Danemark d'une voix faible
_ Il ne répond pas au téléphone, il n'est pas chez lui, Mr. Puffin ne l'a pas vu rentrer hier soir. Et il n'est pas ici non plus. Mais tout va bien ! râla Norvège
_ Je vais réessayer de l'appeler. »
Suède composa le numéro de téléphone portable d'Islande et mit le haut-parleur. La tonalité s'éleva, signe que l'appareil était allumé. Soudain, quelqu'un décrocha. Une respiration se fit entendre, et une grosse voix s'éleva, dans une langue qu'aucun d'eux ne comprenaient, et le bip indiquant que l'inconnu avait raccroché retentit. Les nordiques arboraient tous un air effaré et étaient encore plus pâles qu'à l'accoutumée.
« Ce… C'était qui ça ? » bégaya Danemark
Personne ne lui répondit. Norvège frappa alors brutalement la table de son poing, faisant sursauter les trois autres. Qui était cet homme qui décrochait à la place de son petit frère ? Quelle langue parlait-il ? Que disait-il ? Où était Ice ? Allait-il bien ?
Ces questions se bousculaient dans la tête du norvégien, et dans celle des autres nordiques qui étaient tout aussi inquiets. Mr. Puffin rompit le silence pesant.
« Son téléphone est allumé, non ?
_ Perspicace, Puffin. Répondit Danemark
_ Alors on peut trouver Ice.
_ Hein ?
_ USA a inventé un logiciel pour retrouver quelqu'un avec son téléphone. Il marche à partir du moment où le téléphone reçoit et émet des ondes, donc quand il est allumé.
_ Comment tu sais ça toi ?
_ Quand Ice ne m'emmène pas je regarde la télé.
_ T'es sûr de toi ? demanda Norvège avec espoir
_ Certain.
_ J'appelle. »
Le norvégien composa fébrilement le numéro de l'américain, priant pour qu'il soit disposé à les aider. Après tout, il avait promis à Islande qu'en cas de pépin, il lui filerait un coup de patte, alors il pouvait bien faire ça…
« ALLO ? hurla USA à travers le combiné
_ Oui, bonjour USA, c'est Norvège.
_ OH NORWAY ! Bonjour ! Pas trop froid ça va ? plaisanta l'américain
_ Non ça va pas non, Ice a disparu.
_ Disparu ? Genre kidnappé par des aliens ?
_ Genre pas rentré chez lui hier soir, et des gens bizarres ont répondu à sa place au téléphone.
_ Je vois… Et que puis-je faire pour toi ? demanda l'américain qui avait soudainement retrouvé son sérieux
_ Puffin nous a dit que tes ingénieurs avaient inventé un logiciel avec lequel on peut localiser le téléphone de quelqu'un, c'est vrai ?
_ Yes !
_ Tu pourrais essayer de nous localiser Ice ?
_ Of course I can ! Je te fais ça tout de suite Norway.
_ Merci USA. »
L'américain raccrocha et Norvège reposa le combiné au milieu de la table. Il se tortillait sur sa chaise en attendant la réponse d'USA. Il ne supportait pas l'idée d'être impuissant comme ça et de ne pouvoir qu'attendre. Qui pouvait savoir ce qu'il se passait pendant qu'ils étaient assis là à ne rien faire ?
Une demi-heure se déroula dans le silence total, chacun ayant les yeux rivés sur le combiné, comme si le fait de le fixer pouvait faire en sorte qu'il sonne plus vite.
Soudain, la sonnerie stridente retentit et Norvège se jeta littéralement sur le téléphone et décrocha.
« USA ?
_ Oui ! J'ai les résultats ! Ils ont fait vite exprès pour toi ! I'm the hero today!
_ Alors ?
_ Il semblerait qu'il soit quelque part en Slovaquie, pas loin de Michalovce. Je peux pas être plus précis, c'est un peu la cambrousse là-bas.
_ Ça ne fait rien, c'est déjà bien. Merci USA.
_ De rien Norway. Tiens-moi au courant ! »
Norvège raccrocha et déglutit. Islande était en Slovaquie. Mais que faisait-il donc là-bas ? Ses craintes avaient été confirmées, son petit frère s'était fait enlever. Il se maudit, se donna des coups sur la tête. Tout ça était de sa faute. Il n'avait pas plus insisté que ça quand Islande avait décrété qu'il allait rentrer tout seul avec quelques chopes de bière en trop dans l'pif. Mais quel mauvais grand frère il faisait !
Danemark se leva, en même temps que Suède. Les deux blonds rassemblèrent quelques affaires sans échanger un mot. Ils emballèrent le strict minimum dans des sacs à dos et empoignèrent Norvège et Finlande qui se remettaient peu à peu du choc.
« Dan ? Qu'est-ce que tu…
_ Tu ne comptes quand même pas rester là ? Maintenant qu'on sait où il est, on va le ramener.
_ Dan…
_ Ne t'inquiète pas Norge, je suis sûr qu'il va bien et qu'il nous attend. Il compte sur toi Norge, alors reprends-toi. On part en Slovaquie. Puffin, tu viens aussi. On pourra avoir besoin de toi. »
Norvège ne répliqua rien face au discours de Danemark. Il l'avait rarement vu aussi sérieux. Il jeta un œil à Suède et Finlande, et réalisa que les autres étaient aussi inquiets que lui et prêts à aller chercher eux-mêmes leur «petit frère ». Il leur adressa un faible sourire et empoigna un des sacs préparés par Danemark et Suède. Il invita Mr. Puffin à se poser sur son épaule durant le voyage.
Ice, tiens bon, on arrive lillebrør.
Usine dans l'est de la Slovaquie, 12 heures et 32 minutes.
Islande pleurait à chaudes larmes, recroquevillé sur la chaise à laquelle il était attaché. Son corps frêle était secoué de sanglots et de tremblements dus au froid environnant. L'homme avait refermé la porte quelques instants plus tôt, et l'islandais avait donc laissé libre court à sa douleur. Il pleurait, comme un enfant, il pleurait, alors que chaque larme tombant sur sa peau meurtrie le faisait souffrir. Le sang coulait encore de la plupart de ses plaies ouvertes. Une inscription était gravée à l'encre rouge sur sa cuisse droite : « YOU'RE MINE ». Il l'avait marqué. Marqué au plus profond de sa chair. Islande savait que ça ne s'en irait jamais. Mais d'un côté, allait-il avoir le temps de cicatriser pour se rendre compte des dégâts ? Il en doutait.
Il pleurait alors. Il avait passé le pire moment de sa courte vie. Tout ça à cause de sa fierté mal placée qui l'avait entraînée à sortir la nuit sans être accompagné, et en étant beurré comme un p'tit lu. Il se demandait s'il pouvait espérer un quelconque secours.
Tout son corps le faisait souffrir. Les plaies qui couvraient son torse. L'inscription sur sa cuisse. Son dos engourdi par cette position hautement inconfortable. Ses pieds qui étaient appuyés sur le sol gelé. Ses poignets meurtris par le métal des menottes. Et sa tête. Il avait très mal au crâne. Il avait l'impression d'avoir la tête dans un étau que quelqu'un s'amusait à resserrer lentement.
Les hurlements provenant d'autres pièces dans le bâtiment résonnaient à ses oreilles. Ils lui faisaient peur. Il pensait avec douleur qu'il aimerait les faire taire, il aimerait qu'elles la ferment, même s'il savait que si elles la fermaient, ce serait pour toujours.
La porte s'ouvrit de nouveau, le faisant sursauter. Il renifla et retint les larmes qui allaient rejoindre les autres. Il jeta un regard noir à son tortionnaire qui entrait en sifflotant. Il portait un plateau où étaient posés une assiette pleine de purée, des compresses et de l'alcool à 90°. Islande se demandait bien ce qu'il faisait.
« Tu sais que j'ai dit que t'étais un VIP ? Les autres, on les chouchoute pas. Toi, on va te garder en vie, Islande. Je vais m'occuper de ça. »
Il désigna du menton le torse de l'islandais. Celui-ci haussa un sourcil. Il était étonné que l'autre prenne le temps de le soigner. Il déchanta bien vite quand il appuya une compresse imbibée d'alcool sur son flanc droit. Ca le piquait atrocement, et l'autre abusait d'alcool pour nettoyer les plaies, prenant un malin plaisir à faire grimacer son prisonnier. Il pansa certaines blessures plus profondes que les autres et regarda un instant son œuvre. Il se saisit de l'assiette de purée et plongea la cuiller dedans. Il la fit avancer jusqu'à la bouche d'Islande, dans l'intention de lui donner la becquée. Islande pinça les lèvres et tourna la tête avec une attitude de défi.
« Tu vas pas faire la fine bouche. J'suis déjà bien gentil de te donner à bouffer.
_ J'suis pas un gamin.
_ Si t'en es un. Ne crois pas une seule seconde que je vais te détacher. Avale ça maintenant ! »
Sur ces mots, il lui pinça fortement le nez pour qu'Islande ouvre la bouche. Il lui fourra ensuite la purée grumeleuse dans la bouche. Islande gémit mais avala à contre cœur : le regard que l'homme lui avait lancé lui indiqua qu'il avait intérêt à manger sans rechigner. Il lui entonna toute l'assiette, sourd aux protestations du jeune homme.
Après l'avoir fait avaler son déjeuner, l'homme sortit en claquant la porte. Islande soupira de soulagement. Au moins, cette fois, il ne l'avait pas blessé. Il jeta un œil à la table des instruments, essayant de voir s'il pouvait trouver quelque chose pour se libérer. La pince monseigneur lui faisait de l'œil, mais il ne préférait pas savoir ce qu'on pouvait bien en faire sur un être humain.
Il essaya de se mettre sur ses deux pieds, dans un effort considérable il se hissa sur ses jambes. Il fit quelques pas de côté pour atteindre la table. Mais il était trop faible et la chaise était trop lourde. Il vacilla en avant et s'écrasa sur le sol froid. Sa mâchoire heurta brutalement le béton, ajoutant une douleur de plus à supporter. Il essaya de rouler sur le côté mais ne parvint pas à bouger suffisamment pour réussir ce mouvement simple qui était ici de l'ordre de l'exploit sportif.
Il gémit de douleur et de frustration et se mit de nouveau à pleurer. Il donnerait tout pour que Norvège apparaisse, là, maintenant. Ou n'importe qui qui ne lui voudrait aucun mal. Ils lui manquaient tous atrocement. Il se jura que s'il sortait vivant de cet endroit, il abandonnerait sa fierté mal placée et appellerait Norvège « grand frère ».
Environs de Michalovce, Slovaquie, 22 heures.
Le voyage jusqu'en Slovaquie avait été long. Trop long au goût de Norvège qui avait bien envie d'user de sa magie pour faire apparaître un troll et voyager sur son dos. Il se retint tout de même, Finlande lui avait fait remarquer que ça n'était pas une bonne idée de se séparer, encore moins de se faire remarquer en se baladant avec un troll.
Danemark n'avait pas fait une seule blague à la con de tout le voyage. Ceci témoignait bien de la gravité de la situation. Finlande, lui avait dormi tout le trajet sur les genoux de Suède. Norvège se demandait bien comment il pouvait dormir dans cette situation, lui était bien trop énervé pour songer une seconde à sombrer dans les méandres du sommeil. Un regard entendu de la part de Suède lui suffit pour comprendre que Finlande n'était pas comme lui. Il était fragile lui aussi. Quelque part, il était l'Ice de Suède, une petite chose qu'on devait protéger. Sauf que lui ne faisait pas semblant d'être fort.
Norvège était tellement stressé qu'il avait eu le mal des transports. Danemark dû lui faire avaler de force des cachets contre le stress, mais rien à faire, il avait passé la fin du trajet dans les toilettes du train, penché sur la cuvette à cracher ses tripes.
Ils étaient arrivés en Slovaquie vers sept heures du soir. Ils avaient accouru chez la jeune femme qui représentait ce pays. Etonnée, elle avait accueilli chaleureusement les quatre nordiques et le macareux sans faire de chichis et leur avait servi une tasse de thé sous le regard noir de Norvège. Comment pouvait-on encore faire quelque chose d'aussi futile que de boire du thé ? Quelle idiote, cette Slovaquie !
Comme s'il avait lu dans les pensées de Norvège, Danemark lui avait intimé de se calmer et de rester poli. Un grognement en guise de réponse lui avait suffi, et il s'était tourné vers la slovaque qui se demandait encore ce qu'ils fichaient là. Il était le plus apte à expliquer la situation : Finlande semblait sur le point de fondre en larmes à tout moment, Suède n'aurait pas aligné deux phrases correctes et Norvège semblait monté sur ressorts et prêt à lâcher un troll sur la jeune femme innocente.
Elle fut effarée d'apprendre qu'Islande avait été emmené de force jusque chez elle. Outrée des agissements de sa population, elle avait aussitôt proposé de les conduire jusqu'à Michalovce, puisqu'Islande devait se trouver dans les environs. Ils étaient donc tous les cinq là, dans une voiture un peu vieillotte, à parcourir la campagne à la recherche d'Islande.
« Il doit être caché ailleurs. Soupira Slovaquie après avoir tourné en rond pendant une heure dans la campagne à la recherche d'un endroit où aurait pu se trouver l'islandais
_ Quelle perspicacité !
_ Nor, calme-toi.
_ Comment tu veux que je me calme, imbécile ! s'emporta-t-il en donnant un coup de pied au danois
_ Bon, ça suffit, tout le monde dehors ! » s'écria la slovaque en arrêtant brusquement son véhicule
Les nordiques obéirent et sortirent de la voiture. Slovaquie garda les phares allumés pour qu'ils y voient clair et fit sortir son chien du véhicule. Elle le posa au sol et toisa les nordiques.
« Vous auriez quelque chose qui appartient à Islande ?
_ Tu comptes suivre ce clebs en pleine nuit ? s'étonna Danemark
_ Moi non, mais votre oiseau oui.
_ Moi ? Pourquoi ?
_ Parce que Midnight peut retrouver Islande grâce à son flair, il est dressé pour ça. Et s'il le retrouve, ce serait bien que tu le voies pour nous dire dans quel état il est et peut-être même le rassurer. Et toi tu arriveras mieux à suivre Midnight. Il court vite.
_ Ok j'ai compris ! Puffin va sauver Ice !
_ Tiens, Slovaquie. » coupa Norvège
Il lui tendit un petit tissu blanc, vestige du nœud qu'Islande avait habituellement autour du cou. Il l'avait retrouvé dans le salon de Danemark le matin même. Slovaquie lui adressa un petit sourire, prit le tissu et le fit renifler à son chien. Celui-ci mit un petit instant à trouver une piste, et s'éloigna dès qu'il en trouva une. Slovaquie donna le tissu à Mr. Puffin qui le prit dans son bec, au cas où le chien aurait besoin d'un rappel. Puis il suivit l'animal à poils.
Norvège les regarda partir avec une pointe au cœur. Il savait que c'était idiot de placer ses espoirs en un chien et un macareux, mais il n'avait pas le choix. Retrouver Islande dans cette nuit noire était impossible pour des humains. Néanmoins, il usa un peu de sa magie et invoqua une petite fée aux ailes dorées. Il lui intima de suivre Mr. Puffin et Midnight et de rassurer Ice s'ils le retrouvaient. La fée hocha la tête et vola en direction des silhouettes floues du macareux et du chien.
Ice… Je t'en supplie, tiens bon !
Usine dans l'est de la Slovaquie, 1 heure et demie du matin.
Islande n'avait pas eu d'autres visites de la journée. Par conséquent, il était toujours aussi mal installé. Le visage collé contre le béton, il avait arrêté de pleurer. Ses genoux et son dos le faisaient souffrir. Ses chevilles étaient écorchées par les chaînes qui les retenaient. Il avait essayé de dormir un peu, mais ça lui était impossible. Il avait trop mal.
Dans une énième tentative, il essaya de rouler sur le côté en poussant sur ses genoux meurtris. Cette fois, il s'écorcha le genou droit, déjà bien amoché, et bascula sur le côté. Il avait cependant un peu trop forcé et s'était retrouvé sur le dos. Il poussa un cri de douleur quand ses bras se retrouvèrent écrasés par son propre poids. De nouvelles larmes firent leur chemin sur ses joues. Il se maudit intérieurement, maintenant il avait très mal aux bras. Et il avait froid. Très froid. Il était en caleçon sur du béton humide, face à une grosse bouche d'aération qui lui soufflait l'air glacé de l'extérieur à la figure. Il se dit qu'au défaut de mourir de la main d'un de ces tarés, il finirait par mourir de froid.
Tout à ses réflexions, il sursauta quand il entendit un bruit sourd qui provenait de la bouche d'aération. Il essaya de lever la tête pour regarder ce qu'il se passait. Soudain, elle s'ouvrit brutalement, la grille tomba dans un bruit métallique.
« Ice ! s'écria Mr. Puffin qui sortait de la conduite
_ Puffin ! Co… Comment tu as fait ?
_ Pour te retrouver ? Les quatre autres zigotos m'ont embarqué pour venir te chercher. Slovaquie nous a prêté son clebs pour retrouver ta trace. Il m'a dit où tu étais, et vu qu'il n'y a pas de fenêtre j'ai regardé dans chaque pièce que je croisais pour te trouver. Et me voilà ! »
Islande adressa un sourire de soulagement à son macareux qui s'était posé à son côté. Il était rassuré, les autres étaient à sa recherche, ils allaient venir le chercher, l'emmener loin d'ici. Il remarqua qu'une petite fée accompagnait Mr. Puffin. Il lui sourit, Norvège le cherchait, Norvège allait venir. Elle lui rendit son sourire et usa de ses maigres pouvoirs magiques pour remettre sa chaise droite, soulageant la douleur qui lui transperçait les bras.
« Ils vont venir m'aider ? demanda Islande à Puffin et à la fée
_ Ils viendront dès qu'on leur aura dit où tu te trouves. Comment vas-tu ?
_ Mal. J'ai peur, Puffin. Je veux voir Nor… »
L'islandais se mit à sangloter de nouveau. Puffin se posa doucement sur son épaule et frotta son aile contre la joue de son maître. La chaleur du petit corps du macareux suffit à rassurer le jeune homme. Lui qui avait si froid se réjouissait de la tiédeur de son animal comme d'un cadeau attendu depuis des années.
Mr. Puffin était triste pour son ami. Il resta un bon moment avec lui, à le câliner et le rassurer, lui promettant que tout allait s'arranger, maintenant. Les paroles de Puffin firent leur chemin, puisqu'Islande finit par s'endormir.
Lorsqu'il se réveilla quelques heures plus tard, ce fut au son désagréable de la porte qui s'ouvrait. Il leva des yeux ensommeillé vers la dite porte. Il constata que Mr. Puffin et la fée avaient disparu, ils étaient sûrement partis prévenir Norvège et les autres. D'un côté, il était rassuré, son frère allait venir le sauver. De l'autre côté, l'homme qui avait fait son entrée n'avait pas l'air commode du tout… Plutôt armoire à glace dans le genre. Il lui fit un sourire mauvais et s'avança vers lui en cachant quelque chose derrière son dos.
Il était différent de son premier bourreau. Il était petit, trapu et brun. Il avait l'air d'un homme d'affaire qui allait aux putes. Sauf que la pute, c'était lui. Et qu'il n'était pas un objet de fantasmes sexuels, mais de fantasmes sadiques et cruels. Il frissonna.
L'homme s'empara de ses joues brutalement. Il le força à lever la tête vers lui, plantant ses yeux marron dans ceux de l'islandais. Un rictus mauvais se dessina sur le visage de l'inconnu tandis qu'il approchait l'objet qu'il dissimulait de l'oreille d'Islande. Un bruit strident, horrible, qui ressemblait aux fraises des dentistes retentit. Islande comprit. L'homme avait amené une perceuse.
Pris de panique, il se débattit de toutes ses forces, suppliant et hurlant de le laisser tranquille. L'homme jubilait, c'était l'effet qu'il avait cherché à produire. Il prit un malin plaisir à faire fonctionner son engin pour terrifier l'adolescent. Il approcha le foret de la perceuse de la peau glacée de l'islandais. Et il l'enfonça dans la chair d'Islande, juste au-dessus de son téton droit. Le hurlement qui s'échappa des lèvres du jeune homme était presque irréel, tant il était aigu et puissant. La voix brisée, il s'arrêta de crier uniquement lorsque l'homme éloigna l'appareil de sa peau, laissant un puis de chair déchirée. Il pleurait et gémissait de douleur, la gorge nouée, l'estomac retourné.
Il était terrifié comme jamais, et appelait en vain au secours. L'homme recommença son jeu sadique et s'attaqua à son flanc droit. Le bruit de la perceuse était couvert par les hurlements d'Islande, qui s'époumonait, ses cris se répercutant dans la pièce exiguë.
Le jeune homme eut un haut le cœur et se mit à vomir sur la veste de son bourreau. La bile lui arrachait la gorge et il pleura de plus belle. L'homme, dégouté, lui décocha une claque.
« Espèce de petit porc ! T'as vu ce que t'as fait à mon costume ? Tu sais combien ça coute en pressing ça ?
_ …
_ Tu vas me rembourser petit con, et tout de suite ! »
L'homme se saisit de la pince qui avait attiré l'attention d'Islande la veille et libéra les pieds du prisonnier. Il le jeta alors sur le sol sans ménagement et lui écrasa la tête contre le béton avec le talon de sa chaussure.
« Alors… Que vais-je faire de toi ? Tu n'as pas d'argent… Tu vas devoir me rembourser en nature… »
Islande écarquilla les yeux. Il avait peur d'avoir compris. Il ne voulait quand même pas le… ?
L'homme le retourna brutalement et le plaqua contre le sol sous son poids. Il lui mordit le cou en déboutonnant son pantalon. Islande essaya de l'empêcher de descendre son caleçon, en vain, il lui fut arraché et quelque chose titilla son intimité. Il paniqua et bougea les jambes dans tous les sens pour se dégager.
« Non ! Non pitié ! Laissez-moi !
_ Tu rêves ma poule.
_ Tout mais pas ça, pitié ! Noregur ! Au secours !
_ Personne ne viendra te sauver petit. »
L'homme appuya ses dires d'un violent coup de reins. Islande eut l'impression qu'il se déchirait de l'intérieur. Il pleura, hurla, se débattit, essaya de mordre les doigts qui s'accrochaient à ses épaules. De violents cris de douleur accompagnaient chaque coup de reins de l'autre.
« A… Arrêtez ! Au secours ! No… Noregur ! Hjálp ! Vinsamlegast ! NOREGUUUUR ! »
Plus que jamais, il avait besoin de lui.
Extérieur d'une usine dans l'est de la Slovaquie, 8 heures et demie du matin
Norvège ne tenait plus en place. Il n'avait pas dormi de la nuit et était très énervé. De gros cernes violacés se dessinaient sous ses yeux rougis par la fatigue. Il avait guetté le retour de Midnight, Puffin et sa fée inlassablement. Quand ils étaient revenus, il avait réveillé tout le monde, hurlant qu'ils étaient revenus. Puffin s'était alors posé sur l'épaule de Norvège.
Islande était vivant. Mais pas en bon état. Il était couvert de cicatrices, presque nu, accroché à une chaise et dans une pièce étrange et pas rassurante du tout. Il avait froid et les attendait. Il voulait voir son frère. Slovaquie avait immédiatement pris le volant et les avait conduits jusqu'à l'usine désaffectée que lui avait indiquée Puffin. Ils étaient là depuis près d'une demi-heure, Danemark et Suède avaient tenu à inspecter l'extérieur de l'usine avant de se jeter dans la gueule du loup.
Alors il attendait, adossé contre un muret de taule, avec Finlande. Le blondinet s'était emparé d'un fusil, prêt à bondir hors de sa cachette. Norvège l'avait rarement vu dans cet état, il était rassuré de voir que Finlande aussi était prêt à en découdre.
Soudain, Danemark les rejoignit, leur faisant signe de venir. Ils allaient chercher Islande. Norvège réagit au quart de tour et emboîta le pas du danois, armé d'un fusil. Il fit apparaître un troll et lui ordonna de défoncer la porte de l'usine. Le troll les précéda quand ils pénétrèrent à l'intérieur.
Norvège blêmit quand il ouvrit une porte sur sa gauche. Une jeune fille se faisait autopsier par un homme habillé en boucher. Scène sordide et macabre. L'homme s'avança vers lui d'un air menaçant. Norvège, pétrifié d'horreur, ne bougea pas, fixant le cadavre ouvert face à lui. Le troll s'évapora. L'homme leva son couteau vers lui, prêt à frapper. Le bras s'abaissa, la lame sifflait dans l'air.
« Pas si vite ! »
Danemark agrippa l'homme juste à temps et le plaqua contre le mur, le menaçant de son éternelle hache de viking. Son regard était glacial, empreint d'une fureur qui ne se manifestait que très rarement chez le danois. Suède arriva derrière lui, jeta un œil au cadavre et masqua les yeux de Finlande avant d'inciter Norvège à se reprendre.
« Tu vas nous dire où est Islande, compris ?
_ Tu rêves.
_ Dis-le, ou je te jure que je te fais la même chose qu'à ce cadavre, et sans te tuer avant !
_ Je… Je vais vous y conduire.
_ J'espère pour toi qu'il est encore entier, sinon… »
Norvège avait du mal à se remettre de ce qu'il avait vu. Une telle horreur. Et ça ne s'arrangea pas quand ils s'enfoncèrent dans les méandres du bâtiment, suivant les indications de leur guide de fortune, trainé par les cheveux par un Danemark qui fulminait de rage. Les scènes similaires se multipliaient, ils découvraient de nouvelles horreurs à chaque porte ouverte. Suède ne lâchait plus Finlande, lui couvrant les yeux.
Et si… Et si Ice était… ?
Norvège était partagé entre la colère et la peur. De la colère envers ceux qui avaient osé toucher à son petit frère, de la peur, pour son petit frère, il avait peur de savoir ce qui lui était arrivé, peur de voir la souffrance dans les yeux de son cher Islande.
Les hurlements qui s'élevaient dans le bâtiment résonnaient dans la tête de Norvège, chacun d'entre eux étaient comme un coup de poing sur la tempe, comme une main qui serrait son cou avec force. Sa respiration était hachée, il suffoquait presque, accélérant le pas, dans l'espoir qu'aucun de ces hurlements n'ait été émis par son frère.
Soudain, l'homme que traînait toujours Danemark leur cria de s'arrêter. Ils étaient arrivés devant une porte en métal qui ressemblait à toutes les autres, sauf qu'elle était close. Des cris aigus s'échappaient de la pièce. Norvège avait maintenant un teint verdâtre. Danemark n'attendit pas plus d'explications et défonça la porte à coups de pieds.
La scène qu'ils découvrirent les laissèrent bouche bée pendant une bonne seconde. Un homme était allongé sur le corps frêle d'Islande, donnant de violents coups de reins et grognant de satisfaction, sans se soucier des cris de protestation et de douleur du jeune homme.
Le sang de Norvège ne fit qu'un tour. Il se saisit de la hache de Danemark avant que celui-ci ne puisse l'en empêcher. Il s'avança vers l'homme et le saisit par le col de sa chemise avant de le forcer à se relever. Il le jeta sur le sol et appuya la lame de la hache sur son cou. Son regard était animé d'une fureur telle que l'homme tremblait de tous ses membres, se demandant bien quel était cet énergumène qui l'interrompait dans son jeu.
Pendant ce temps, Finlande s'était dérobé à la poigne de Suède et s'était avancé vers Islande. Il le remit sur le dos, le couvrit de sa veste et le serra contre lui en le berçant doucement.
« On peut savoir ce que tu étais en train de faire ? demanda Norvège d'une voix rauque
_ Je… Euh… J'ai… J'ai le droit ! J'ai payé pour ça !
_ PARDON ?
_ Parfaitement ! C'est dans le contrat !
_ C'est MON petit frère que tu touchais là ! Qui t'as donné le droit de faire ça, connard ?
_ Lu… Lui ! » dit-il en pointant l'homme que Danemark tenait toujours par les cheveux
Norvège jeta un œil empreint de fureur au blond qui essayait de se dégager. Il reporta son attention sur celui qui faisait du mal à Islande et leva la hache.
« Nor ! Arrête ! » cria Finlande
Plus rien ne parvenait à ses oreilles. Saisissant l'arme à deux mains, il l'abattit violemment sur l'épaule de sa victime. Il releva la hache et recommença. Il répéta ainsi les coups de hache, ponctués par les cris de l'homme et de Finlande. Il ne s'arrêta que quand sa victime se taise. Il se tourna ensuite vers le second bourreau de son frère, ayant manifestement dans l'intention de faire de même avec lui.
Suède prit les devants et lui tira une balle dans le crâne. Norvège écarquilla les yeux. Le geste du suédois l'avait un peu ramené à la raison. Il regarda le cadavre à ses pieds, la hache couverte de sang, les yeux effarés de Danemark, l'expression froide de Suède, les larmes de Finlande et la petite main tremblante d'Islande qui s'accrochait désespérément à la chemise du finlandais. Il tomba à genoux.
« No… Norja… I… Ice a besoin de toi. » murmura Finlande
Norvège s'approcha de son frère. Il le prit doucement par les épaules et le dégagea des bras de Finlande avant de le serrer dans ses bras. Il fut horrifié de voir toutes les cicatrices qui recouvraient le corps de son petit Ice. Le dit Ice sanglotait, se recroquevillant contre le torse de Norvège.
« Tout va bien Ice, c'est fini. Je suis là maintenant. Tout va s'arranger. »
C'était un mensonge. Tout n'allait pas bien : Ice était blessé, il avait été violé, torturé, malmené, il tremblait comme une feuille contre son frère. Norvège avait perdu toute envie de vengeance. Il voulait juste ramener son frère à la maison, panser ses plaies, lui faire prendre un bain chaud, le bercer pour qu'il s'endorme dans un lit douillet.
Il le souleva délicatement et sortit de la pièce. Il retraversa l'usine en sens inverse, escorté par les autres nordiques. Norvège monta dans la voiture de Slovaquie et prit Islande sur ses genoux, refusant de le lâcher.
« Je… Je suis désolé Nor… sanglota Islande
_ Désolé pourquoi Ice ? Ce n'est pas de ta faute !
_ J'aurais dû t'écouter grand frère… »
Norvège esquissa un sourire quand il entendit le surnom qu'avait utilisé Islande. Il le sera un peu plus contre lui et caressa doucement ses cheveux d'argent en lui murmurant des mots de réconfort.
« Tu es avec moi Ice, je ne laisserai plus jamais quelqu'un mettre la main sur toi, je te le promets, petit frère. »
