Un autre destin : l'exode des derniers Saiyans
Disclaimer : Dragon Ball et ses personnages ne m'appartiennent pas et sont la propriété d'Akira Toriyama. En dehors des copyrights ci-dessus, cette histoire m'appartient dans sa totalité en vertu de la législation sur la propriété intellectuelle et de celle sur les droits d'auteur. Interdiction formelle de reproduire, d'utiliser et/ou de diffuser cette histoire sans l'autorisation explicite de son auteur.
Note de l'auteur : Comme beaucoup, cette histoire part d'un "et si", et en l'occurrence, "et si Bardock avait survécu à la destruction de la planète Végéta". Ce n'est pas une thématique inédite, pour avoir déjà été explorée par différentes fictions dont "Visions of change" de Dancesnapple, qui m'a inspiré l'envie d'en écrire une à mon tour. Je la recommande d'ailleurs aux anglophones. Je prends toutefois dès le départ un chemin différent du sien, ayant décidé de mêler certains éléments anciens et actuels de l'univers Dragon Ball.
J'en viens à la continuité par rapport à l'univers. Le début de cette histoire se base principalement sur l'épisode spécial "Le Père de Son Gokû" de 1990 plutôt que sur celle établie par le nouveau canon, via notamment le récent film Dragon Ball Super : Broly. J'empreinte cependant des éléments de cette nouvelle continuité, comme les personnages de Giné et Leek.
Je vous souhaite une bonne lecture et j'espère que ce voyage vous plaira !
Chapitre 1 : Retraite stratégique
- Il voudrait réduire à néant la planète Végéta ?
- Ah mais ma parole, t'es complètement fou ! Avoue que c'est une plaisanterie ! Mais pour quelle raison tu veux que sa majesté Freezer fasse une chose pareille ? Ha ! Ha ! Ha !
- Tu as certainement fait un mauvais rêve…
Tout le monde avait ri. Ces imbéciles heureux, pour moitié ivres de vin et pour moitié ivres d'orgueil, n'arrivaient pas à voir la vérité qui était pourtant sous leur nez. Freezer les avait tous fait revenir sur Végéta dans un seul but : les exterminer jusqu'au dernier. Il n'y avait pourtant pas un seul d'entre eux pour réaliser que la menace était réelle.
Toma, Sélipa, Pambukin et Totappo étaient-ils donc morts pour rien ? Que n'aurait-il pas donné pour les avoir vivants à ses côtés plutôt que ces dizaines d'idiots qui ne voyaient pas plus loin que le bout de leur nez ! Tellement satisfaits des jouets technologiques et des planètes à conquérir que leur confiait Freezer, ils n'arrivaient même pas à imaginer que le conquérant veuille se débarrasser d'un peuple inféodé qui commençait à devenir gênant…
Peut-être méritaient-ils de mourir après tout. Peut-être que la majorité d'entre eux, dépourvus de discernement et de réelle fierté, méritaient d'être anéantis. Et pourtant, les mots de Toma ne cessaient de le hanter.
- C'est Freezer qui a ordonné à ses hommes de nous éliminer. Il nous a trahis. Ce monstre s'est servi de nous pendant des années. Tu ne peux plus rien pour moi mais il faut absolument l'arrêter. Il faut faire quelque chose ou il ne restera plus un seul Saiyan. Ecoute-moi bien, la première chose à faire, c'est que tu retournes sur la planète Végéta. Mets-les au courant et exhorte-les à détruire Freezer. Et unissez-vous pour montrer à Freezer à quel point notre peuple peut être solidaire et puissant.
Il avait échoué. Non seulement ils avaient refusé de croire ce qu'il leur avait dit au sujet du massacre de ses compagnons d'armes mais ils s'étaient mis des œillères au point de refuser d'imaginer que Freezer puisse les trahir.
Et ces visions ! Ces satanées visions le hantaient tout autant que la mort de ses compagnons. Ce fichu Kanassien lui avait dit qu'il pourrait voir le futur de son peuple, un futur maudit et tout indiquait que la planète Végéta allait être détruite. Seuls quelques uns semblaient survivre à ce génocide, comme le prince Végéta et son propre fils, Kakarot.
Sa vision se brouilla de nouveau, sans doute à cause de tout le sang qu'il avait perdu mais il ne pouvait pas laisser cette vision d'apocalypse se produire. Il devait changer le futur, au prix de sa propre vie s'il le fallait. Du sommet de la tour, il apercevait le vaisseau approchant de Freezer, masqué en partie par l'un des soleils de la planète. C'était maintenant ou jamais.
Il prit appui contre la rambarde et était sur le point de s'élancer quand une voix l'interpella :
- Bardock !
Giné était à côté de lui, son visage d'ordinaire souriant était figé dans une expression sérieuse et inquiète. Elle se rapprocha de lui et posa une main sur son bras.
- J'étais là, dans le réfectoire. Je ravitaillais les soldats en nourriture… et je t'ai entendu. Est-ce que c'est vrai ? Toma, Sélipa… est-ce qu'ils sont tous morts ?
Bardock se mordit la lèvre inférieure et ne put qu'acquiescer. Serrant les poings tout en baissant la tête face à sa propre impuissance à les sauver, il contempla les gouttes de sang perler et joncher le sol. Il fut pris par surprise en sentant les bras de sa compagne se refermer sur lui. Les Saiyans n'avaient jamais été un peuple démonstratif, si bien que leur couple était quelque part une sorte d'anomalie mais même entre eux, les gestes manifestes d'affection étaient plutôt rares.
Pourtant, le guerrier ne pouvait pas nier que cela lui fit du bien d'avoir quelqu'un qui le croyait. Il leva une main et l'étreignit brièvement avant de l'écarter doucement.
- Giné, pars tant que tu le peux. L'invasion risque de commencer d'un moment à l'autre…
Sa voix s'éteignit lorsqu'il croisa son regard. Ses yeux noirs perdirent leur tristesse pour se remplir de défiance. Oh, il connaissait cette expression ! Quand elle le regardait comme ça, c'était généralement le début d'une longue dispute et cette fois-ci ne fait pas exception.
Je vais partir et toi aussi, espèce d'idiot. Je vois bien ce que tu as en tête mais pour une fois, réfléchis avant d'agir ! Tu n'as aucune chance de gagner contre Freezer et son armée. Pis encore, regarde l'état dans lequel tu es !
- Giné ! Toma…
- Toma ne voudrait pas que tu meures en vain ! Toma, Sélipa, Totappo et Pambukin, je les connaissais autant que toi ! Sélipa était à mon chevet quand j'ai donné naissance à Radditz ! C'était mes amis autant que les tiens alors ne crois pas que je les pleure moins que toi ! Rugit-elle avec force.
Giné n'était pas faite pour combattre, Bardock en avait été témoin à l'époque où elle appartenait à son équipe mais diable que son caractère était fort ! Jamais il n'avait rencontré une femme autant capable de lui tenir tête… et aussi capable de lui montrer ses erreurs. Si Bardock était souvent venu à son aide au combat, elle avait manifesté aussi un certain recul qui leur avait sauvé la vie dans certaines situations difficiles.
- Que proposes-tu ? Finit par lui demander Bardock en soupirant.
Quittons la planète tant que nous le pouvons encore, répliqua-t-elle en l'attrapant par le bas pour le guider dans les escaliers qu'il venait péniblement de gravir.
- Pas si vite ! Rétorqua-t-il, tenant à peine sur ses jambes. Comment allons-nous nous enfuir sans qu'ils ne nous suivent à la trace avec leurs scouters ?
- Laisse-moi m'occuper des détails et contente-toi de me…
Ses derniers mots moururent dans sa gorge lorsqu'elle réalisa à quel point il était blessé. Se pinçant les lèvres, elle passa le bras de son compagnon autour de ses épaules – au mépris des protestations de ce dernier – et l'aida à descendre les escaliers. Pour un si petit corps, il oubliait parfois qu'elle n'en avait pas moins était une guerrière pendant quelques années.
Sa tête penchant de plus en plus en avant, le Saiyan finit par perdre connaissance.
- Ton peuple est condamné à s'éteindre. Tu ne pourras rien contre ça et tu seras hanté jusqu'à la fin de tes jours par la vision de cette tragédie. Ha ! Ha ! Ha ! Ha ! Ha !
Tandis que la voix du Kanassien faisait écho dans son esprit, Bardock vit de nouvelles images de son fils. Agé d'une dizaine d'années, Kakarot affrontait avec un bâton un homme aux cheveux longs maniant une sorte de cimeterre. Puis il lançait une petite vague d'énergie contre ce qui ressemblait à un véhicule primitif. Désormais adulte, il affrontait un homme à trois yeux qui semblait s'être dédoublé par deux fois. Puis il faisait face à un Saiyan… Radditz ?
Lorsqu'il reprit connaissance, Bardock se rendit compte qu'il avait été installé dans une machine médicale. Les vibrations ressemblaient à des tremblements de terre mais ça n'avait strictement aucun sens, la planète Végéta n'avait pas d'activité sismique. Levant un bras, il toqua à la vitre pour attirer l'attention de Giné, qui s'affairait à l'extérieur.
Celle-ci activa le communicateur relié à son masque respiratoire.
- La machine indique qu'il te faudrait encore une heure ou deux pour pleinement récupérer, tu es sûr de vouloir sortir ?
Il acquiesça simplement de la tête, désireux de quitter au plus vite la machine pour savoir ce qui se passait. Giné vida le liquide bleuâtre avant d'en ouvrir la porte.
- Combien de temps ai-je dormi ? Demanda-t-il en s'ébrouant.
- Environ trois heures. J'en ai profité pour nous amener du côté opposé de la planète, dans les montagnes arides… ils ne sont pas encore venus par ici, lui répondit-elle en baissant la tête.
- Les hommes de Freezer, tu veux dire ?
- Oui, ce sont eux qui attaquent la planète. Avec les canaux radio, je suis la progression de l'invasion. Les grandes villes sont des champs de bataille mais la résistance n'est pas organisée, le roi Végéta semble avoir été tué.
Bardock ne pouvait pas dire qu'il portait particulièrement leur monarque dans son cœur mais un leader n'aurait pas fait de mal pour organiser les forces des Saiyans. A la place, leurs forces avaient été prises au dépourvu et désorganisées. Il jeta un œil aux vêtements que sa femme avait préparé pour lui pour remplacer ses habits déchirés. Après avoir enfilé le pantalon bleu et les bottes blanches, il prit en main l'armure qui s'y trouvait. C'était un modèle noir pourvu d'épaulettes et de protège-lombes jaunes, pas tout à fait sa préférence mais ça ferait l'affaire. Des protège-poignets bleus venaient compléter le tout… mais il manquait encore quelque chose.
Le Saiyan ouvrit la bouche pour poser une question mais Giné l'anticipa, en lui tendant délicatement un morceau de tissu rouge sang. Bardock acquiesça simplement et l'attacha autour de son front.
- Nous sommes dans un transport ? Demanda le guerrier, en regardant autour de lui.
- Oui, il te sera peut-être familier. Tu te rappelles de l'opération sur Dattomyr ?
Comment l'oublier ? A l'époque où Giné était encore dans l'équipe, ils avaient conquis une planète particulièrement résistante, non pas à cause de la puissance de ses guerriers mais par la polyvalence de leur technologie. Il leur avait fallu près d'un mois pour venir à bout de leur résistance et le peuple en question avait réussi à détruire trois de leurs pods spatiaux. Il avait fallu emprunter un transport local, assez grand pour contenir les trois pods restants…
- Ne me dis pas que c'est le vaisseau Dattomyrien ? Je croyais que tu l'avais envoyé à la casse depuis le temps, remarqua Bardock avec surprise.
- C'est ce que j'ai déclaré aux autorités mais pas ce que j'ai fait. Il est peut-être plus lent que les navettes de Freezer mais il a ses avantages : aucune balise de localisation, assez d'espace de stockage pour abriter une machine médicale et plusieurs pods spatiaux… et surtout, des dispositifs assez avancés pour brouiller les senseurs actuels. C'est ce qui nous avait posé tant de problèmes pour les localiser avec des scouters, tu te rappelles ?
Bien sûr, il comprenait tout à fait pourquoi ce type de vaisseau était idéal pour passer tout type de barrage. Il se souvenait que ses parois étaient d'ailleurs capables de bloquer les ondes des scouters au point que les êtres vivants à l'intérieur n'étaient pas détectés. C'était la raison pour laquelle Freezer, incapable de reproduire cette technologie, avait fait entièrement raser la surface de la planète par la suite. Toutefois, il ne comprenait pas comment Giné avait pu préparer cela dans l'urgence, à moins que…
- Tu as préparé ça de longue date, n'est-ce pas ?
Pour sa défense, elle ne chercha même pas à nier. Son sourire en coin était un aveu de culpabilité tout à fait suffisant.
- Je ne voulais pas les laisser envoyer Kakarot comme bébé infiltré. Quoi qu'on en dise, ce sont des missions trop dangereuses.
- Tu comptais t'enfuir avec lui ?
- Je comptais le cacher… et te proposer de partir avec nous, loin d'ici.
- Pourtant, j'ai cru croiser un pod en arrivant, avec Kakarot à l'intérieur.
Giné serra les poings et hocha la tête avec colère.
- Je sais… ils ont profité que je sois absente pour l'envoyer en mission. Ils n'ont même pas voulu me dire où ils l'avaient envoyé ! S'écria-t-elle avec rage.
- Sur la Terre, une planète très éloignée mais qui ne devrait pas lui poser trop de problèmes, lui expliqua-t-il avant de lever les bras en signe d'apaisement devant son regard furieux. Je l'ai appris seulement en arrivant sur la planète, il était déjà parti.
Elle prit une profonde inspiration avant de se diriger vers le cockpit d'un pas décidé.
- Nous savons où il a été envoyé donc nous pourrons le retrouver. Radditz est en mission aussi, j'ai vérifié… Leek, est-ce que le vaisseau est prêt ?
Bardock fut surpris de trouver Leek assis dans le fauteuil du pilote. Bien que n'appartenant pas à leur équipe, Leek était leur voisin et il leur était souvent arrivé de l'inviter à partager leur repas lorsque leurs périodes de repos entre deux missions se croisaient. En dehors de ses compagnons d'armes, Leek était sans doute ce qu'ils avaient de plus proche d'un ami.
- Bonjour Bardock ! Dit-il avec un sourire avant de tourner la tête vers Giné. Les moteurs sont prêts et les systèmes de brouillage sont activés. Il faudra que nous restions exactement à l'opposé du vaisseau de Freeze pour éviter au maximum une détection visuelle mais ça devrait aller.
- Décollons alors. Bardock, tu devrais retourner dans la machine…
Quand nous serons hors de portée, répondit simplement l'intéressé en prenant place dans un siège un peu plus en arrière.
Son sang bouillait du désir de se battre contre Freezer mais il avait conscience qu'il n'était pas complètement guéri. Quand bien même, il pourrait tenir tête aux hommes de main mais il ne se faisait aucune illusion par rapport au tyran lui-même. Freezer ne souffrait aucun égal et même le roi Végéta – puisse-t-il rôtir en enfer – était à des années lumières de lui arriver à la cheville.
Malgré tout, il resterait en alerte jusqu'à ce qu'ils soient à bonne distance de la planète. S'il devait rencontrer un obstacle, Bardock pourrait toujours sortir pour y faire face et donner une chance à Giné et Leek de s'échapper.
Heureusement ou malheureusement pour lui, rien ne se produisit. Le vaisseau quitta l'atmosphère sans être détecté tandis que la radio leur indiquait que les dernières poches de résistance perdaient du terrain au fur et à mesure face à l'armée de Freezer. La planète devenant de plus en plus petite par la verrière, ils assistèrent à ce qu'ils redoutaient le plus.
Une énorme boule d'énergie, semblable à un mini-soleil, percuta de plein fouet la planète Végéta et la fit exploser de toutes parts. De ce qui était devenu leur monde d'adoption des siècles auparavant, ne restait plus que rocs et poussière. Le vaisseau de Freezer s'y attarda un moment avant de s'éloigner jusqu'à disparaître de leurs senseurs.
Le peuple Saiyan était en voie d'extinction.
