Bonsoir tout le monde.
En regardant les trois premières saisons de GOT pour la seconde fois, j'ai retrouvé rapidement goût pour l'histoire, ses personnages et en particulier ce couple dont cette fic va causer, et qui unit mes deux personnages préférés. J'ai conscience que le JaimexSansa est loin de faire l'unanimité (euphémisme, oh tu me tiens), mais cette histoire-ci me tenait réellement à coeur.
Donc la voilà, en espérant avoir des avis. C'est ce qui me permet de continuer à écrire, alors ne vous retenez pas s'il vous plaît, commentaire constructif ou non. Quelque chose. Je saurais très heureuse d'y répondre, croyez-moi.
Disclaimer : Je ne possède rien de cette histoire, tout appartient à George RR. Martin.
Pairing : JaimexSansa
Raiting : M, pour violence et scènes sexuelles.
Ton coeur qui crie vengeance
Chapitre 1
"La première condition de la vengeance est la dissimulation : une haine avouée est impuissante."
Honoré de Balzac
Comme tout autre homme sain d'esprit de cette cour, j'avais tendance à garder mes distances avec la fille Stark. Ces temps-ci, et malgré la belle Margaery pour embellir ses nuits, Joffrey se conduisait comme un fauve avec sa proie, jouant d'autant plus cruellement avec elle, et ne montrant aucune tolérance pour ceux qui chercheraient à la lui dérober. Un jeune écuyer de la maison Crakehall avait connu, il y a peu, les frais de sa fureur pour avoir, sous son nez, complimenté Sansa sur l'admirable feu de sa chevelure.
Seul Tyrion avait le courage de braver, tête haute, la chasse-gardée de mon fils, mais Tyrion était un imbécile. Trop sensible, trop généreux, trop prompt à sauver la veuve et l'orphelin, et bien trop peu Lannister, comme se plaisait à dire notre père. J'aimais Tyrion comme j'avais toujours trop aimé Cersei, mon frère, le sang de mon sang, j'aurais tué pour lui, je serais mort pour lui, mais il demeurait un parfait imbécile. A trop jouer avec le feu, on se brûle.
Mais ce nain aime le feu. Il l'aime tant que ça le dévore parfois de l'intérieur.
_ C'est ma femme, répondait-il, sa coupe de vin au bord des lèvres, chaque fois que je lui reprochais de risquer sa peau au nom d'une pauvre Stark sans importance. Nous partageons notre couche, et, le jour venu elle portera mes enfants. C'est une toute petite fille perdue, elle n'a jamais rien demandé à personne, et ni toi ni Cersei n'êtes jamais foutus de la sauver des brimades de ce sanglant crétin !
_ Tu parle de mon fils, l'avertissais-je d'une voix menaçante.
Et toujours il accrochait ses yeux vairons aux miens, articulait lentement sans me lâcher du regard.
_ Essaye donc de me convaincre que tu tiens à Joffrey comme à la perle de tes yeux, mon frère, essaye.
Ce à quoi je ne rétorquais rien. Ce serait tout un défi de lui mentir.
J'ai toujours mis Joffrey à part, un enfant que je ne pourrais jamais aimer. Tout petit, il s'amusait à tourmenter plus que de raison les servantes, et l'on le retrouvait dans le jardin à découper un oiseau mort en souriant. Ce sanglant crétin. Cependant, Tommen et Myrcella, ces doux agneaux, je les considérais tous deux comme de mon engeance, bien que la petite, dont la gentillesse cachait un esprit malin et vengeur – vengeance envers les dorniens qui lui ont une nuit défiguré son joli minois – ait ma préférence.
Mais je savais que je n'avais rien de vraiment sérieux à craindre du roi. Il m'aimait, du moins tant que je lui serais aussi fidèle qu'un chien et que je ne discuterais aucun de ses ordres, comme Tyrion avait pris l'habitude de le faire.
_ Qu'on chante une chanson sur la mort glorieuse du Jeune Loup ! a ricané Joffrey à toute volée à l'adresse des convives.
J'ai vu la main de Sansa se resserrer alors autour de sa fourchette, et celle de Tyrion, assis à mes côtés, est venu lui caresser le dos en signe de réconfort. Ces deux là se sont toujours retrouvés dans leur haine commune envers Joffrey. Nous nous trouvons à la réception donnée en l'honneur des dix-sept ans du roi, et il y a de très fortes chances pour que Sansa Stark en bave ce soir.
_ Quelqu'un ? Très bien, lady Sansa !
Et quel hasard.
Alors que Tyrion a commencé à se lever, son bras enroulé au sien, prêt à la soutenir dans cette énième épreuve, les yeux verts de Joffrey sont tombés sur lui, et c'est d'une voix presque menaçante qu'il a sifflé :
_ Seule.
_ Tels sont les désirs de Sa Majesté, a grondé mon frère en se rasseyant.
Toute la salle avait les yeux rivés sur la frêle petiote. Elle marchait calmement, yeux baissés, de plus en plus semblable à sa mère avec ses longs cheveux rouges et ses pommettes hautes, de plus en plus désirable. Une robe aux couleurs Lannister lui cintrait la taille, attirant des regards troublés sur elle. Peut-être était-ce une forme de provocation vis-vis de notre souverain, peut-être…
Le visage d'ordinaire souriant et maîtrisé de Margaery s'est assombri. Elle appréciait Sansa, et était toute aussi indignée que Tyrion par cette violence gratuite infligée à une fille si vulnérable. Elle s'est immobilisée devant la table royale, de marbre, mains entrelacées contre son ventre.
_ Eh bien, chantez.
Et elle a chanté, paupières closes.
_ « Et qui êtes-vous, dit le fier seigneur,
Pour que je doive m'incliner si bas ?
Rien qu'un chat d'une autre fourrure,
Et voilà ma vérité vraie.
Fourré d'or ou fourré de rouge,
Un lion, messire, a toujours des griffes,
Et les miennes sont aussi longues et acérées
Qu'acérées et longues les vôtres. »
Ainsi parla, parla ainsi,
Le sire de Castamere,
Mais les pluies pleurent en sa tanière,
Et plus personne ne l'entend.
Oui, les pluies pleurent en sa tanière,
Et nulle âme ne l'entend plus.
Lorsqu'elle s'est tu, un sourire malsain s'est formé sur les lèvres de Joffrey, qui a alors entamé un applaudissement. Pas de doute, il la garderait toute la nuit durant dans ses bras, pour la faire hurler et supplier de ce que son esprit malade croit être du plaisir. La petite louve s'est inclinée, vide de toute expression. Si soumise, si vulnérable.
_ Elle a chanté ce qu'il souhaitait entendre, a murmuré Tyrion, et elle l'a chanté bien. Qu'il lui laisse la paix, à présent.
J'ai siroté tranquillement une gorgée de vin. Amer.
_ Il ne le fera pas.
Il y avait de l'indifférence sincère dans ma voix. Ce n'est pas que je n'aimais pas Sansa Stark, simplement que je ne lui avais pas adressé la parole une seule fois en trois années passées à se côtoyer dans le Donjon Rouge. Qu'elle était la fille de Ned Stark, et qu'elle ne pouvait que me haïr pour avoir tué de mes mains leur précieux Jory. Pour être du même sang que Cersei et Joffrey également, c'était aussi simple que cela.
Je n'en avais rien à faire de sa haine. Tout le royaume me détestait déjà, alors une personne de plus, quelle importance ? Je n'éprouvais rien à son intention, peut-être juste un peu de pitié.
Ce n'est rien de plus qu'une enfant stupide. Elle n'avait rien d'autre de son admirable mère que la chevelure et les yeux Tully. Il n'existait aucun feu en elle, ce n'était qu'une femme-objet, douée pour se taire et exécuter les multiples désirs du roi sans même broncher. Sans doute l'exécution publique de Ned Stark, ainsi que les Noces Pourpres l'avaient-elles rendues folle.
Je n'en ai cure.
_ Vous avez une jolie voix, lady Sansa, a ronronné Joffrey. Peut-être chanterez-vous pour notre bébé à venir, qu'en pensez-vous ?
Margaery Tyrell a passé une main légère sur son ventre arrondi, à nouveau lumineuse. Une actrice née.
Sansa s'est inclinée profondément.
_ Ce sera pour moi un grand honneur, Votre Majesté.
Joffrey a souri de toutes ses dents, paraissant fasciné par les contours du visage de sa jeune concubine.
_ Très bien, retournez-vous asseoir. Qu'on fasse venir les nains !
Et la fête se poursuivait, inlassablement. J'ai écrasé un nouveau soupir, puis me suis servi un autre verre.
Silencieuse et toute aussi portée à l'alcool que moi, Cersei, assise à la gauche du roi, m'a décoché un sourire dur.
Le vin me tournait à la tête. Tyrion, la tête dans les bras, n'en menait pas mieux, et nous lorgnions, comme les deux foutus ivrognes que nous étions, la salle animée de danseurs. La reine, malgré sa grossesse avancée, virvoletait au bras de son frère, et Myrcella s'était reculée avec Sansa dans un coin où nul ne saurait les entendre, et elles causaient à voix basse depuis maintenant une vingtaine de minutes.
J'ai entendu la chaise vide racler sur ma droite, et les doigts fins de Cersei m'ont sèchement arraché ma coupe à moitié pleine.
_ Assez de vin pour ce soir, a-t-elle grondé, et je me suis à grand peine retenu de l'embrasser à pleine bouche.
Pas en public, voyons.
Ses longs cheveux, flamboyants à la lueur des bougies, faisaient penser à une couronne d'or. Elle aurait aimé que je lui dise qu'elle ressemblait à une reine. Je ne l'ai pas fait.
Au contraire, j'ai froncé les sourcils, mécontent.
_ Rends-moi ça.
Une lueur dangereuse a traversé les yeux de Cersei, et elle paraissait si heureuse, toute bêtement heureuse. Pourquoi ne le serait-elle pas, après tout ? Robert était mort, ses trois enfants vivants, dont l'un couronné, son jumeau adoré présent pour noyer ses nuits d'amour et de plaisir, le Jeune Loup terrassé et nous qui pouvions cracher autant que nous le voulions sur la dernière Stark en vie. Elle était heureuse, et le bonheur la rendait d'autant plus belle.
Elle s'est levée, a disparu dans l'ombre d'un couloir. Vers sa chambre.
_ Viens le chercher.
Et je l'ai suivie.
Une review ? ça ne prend pas une minute, et ça fait très plaisir.
