Et voilà. Première fanfiction sur Hunger Games. Je ne suis pas un véritable fan des livres Hunger Games, mais je trouve le principe terriblement accrocheur, et ça m'a donné quelques idées. Alors voilà.

Cette fanfiction racontera le déroulement des 55° Hunger Games, vu à travers les yeux d'un mentor assez spécial. Ces jeux seront épiques, croyez moi. Le sous titre "Apocalypse" prendra lui même son sens.

Bonne lecture. En espérant que ça te plaise, toi, lecteur.


Le sang éclabousse mon visage et mes vêtements. Je ferme les yeux par réflexe. A vrai dire, je ne pensais pas que mon coup atteindrait si facilement son but.

La lame de ma hache s'est enfoncée dans un craquement sinistre de 5 centimètres dans le crane de mon dernier adversaire. Instantanément, les yeux du jeune homme de 18 ans roulent dans leurs orbites et se bloquent inanimés, ne laissant plus paraitre aucun signe de vie. Tous ses muscles se raidissent et son corps bascule lentement. Il tombe d'abord à genoux, avant que le reste du corps ne s'affaisse et s'écroule par terre, aplatissant sous lui les herbes hautes.

Puis le silence. Il n'y a plus que le vent qui souffle sur la vallée, et le soleil qui brille et me réchauffe. Cette année, les juges nous ont mis dans une toundra hivernale, une grande plaine coincée entre deux montagnes, balayée par des bourrasques de vent. L'herbe est verte, il y a quelques fleurs qui percent, des rochers parsèment la plaine un peu partout, des fines rivières à l'eau d'une pureté excessive… Un décor magique pour une tuerie. C'est ça qu'aiment les téléspectateurs du Capitole. Ils doivent être contents pendant ces jeux.

Il n'y a pas énormément de neige, le terrain est praticable, mais les températures sont rudes, à peine positives, sauf la nuit. Les nuits ont été terribles, heureusement que j'ai récupéré un sac de couchage le deuxième jour, j'ai bien cru que j'allais mourir la première nuit, perdu, sans nourriture, avec le petit blouson fourni au départ de l'épreuve. Mais j'ai su surmonter les épreuves, j'ai su trouver ma nourriture, j'ai su tuer. Et maintenant, c'est terminé.

Je ne sais plus quoi faire. Je n'avais pas prévu d'arriver jusqu'à ce point. J'avais un plan plus ou moins précis, je m'y suis à peu près tenu, et ça a marché J'ai également eu beaucoup de chance, on ne va pas loin sans chance. Peut-être que cette chance est pour compenser la malchance de la Moisson. Une chance sur des milliers d'être tiré… Je ne m'en suis toujours pas remis.

Je regarde le corps sans vie par terre, avec ma hache plantée dans son crane. Le sang continue à s'étaler sur le sol à mes pieds. Je ne connaissais même pas son nom. Un coup de canon résonne dans l'arène, quelque part.

C'est fini. Je croyais que ça n'arriverait jamais, j'ai perdu la notion du temps, me concentrant uniquement sur mon objectif. Pendant un instant, je doute encore, je sais que je suis seul, qu'il ne peut plus rien m'arriver, mais j'ai appris à vivre dans la peur. Je me demande même si mon adversaire ne va pas se relever, sortir la hache de sa tête, la faire tournoyer au dessus de lui et me l'enfoncer à son tour dans mon crane. Mais ce n'est pas possible, il est mort, un coup de canon a été tiré, et un coup de canon est une des seules choses à laquelle on peut se fier dans l'arène. Le reste n'est qu'illusion, un décor créé de toute pièce où le danger peut surgir de nulle part, au bon désir des juges. Il est mort, c'est sûr…

Je relève la tête vers le ciel. Tout d'un coup, un hovercraft apparait, venu de nulle part, comme toujours. L'engin se pose précautionneusement au sol, et une passerelle s'ouvre à l'arrière, poussé par des vérins hydrauliques. Rapidement, deux pacificateurs en sortent, viennent me saisir par les bras et, sans que j'aie le temps de réagir, m'entrainent à l'intérieur.

Ils m'assoient sur un siège à l'intérieur de l'appareil. Je suis aussitôt assaillit par une demi douzaine des médecins qui s'empressent de soigner mes blessures. Sauf que, contrairement à la plupart des vainqueurs, je n'ai que quelques plaies et blessures superficielles. C'est pas que je sois particulièrement doué, c'est encore juste une question de chance. Les médecins n'en ont que pour quelques minutes à nettoyer, recoudre et panser mes blessures. D'ici quelques jours, il n'y aura plus aucunes traces sur mon corps de mon passage dans l'arène. Quand ils ont fini, ils s'écartent, laissant la place à une autre personne, une sorte de psychologue, qui me pose des questions que j'entends à peine, auxquelles je réponds par un simple hochement de tête ou un, voire deux mots à peine articulés. Ce n'est pas parce que je n'ai pas envie de répondre à leurs questions qu'ils vont en déduire que je ces jeux m'ont rendus fous. Il est vrai que certains vainqueurs ne se sont jamais remis de cette épreuve, ce que j'ai eu l'occasion de comprendre dans l'arène. Mais bon, je viens de sortir d'une arène où j'ai souffert, où je me suis battu à chaque instant, où j'ai dû tuer. Je ne dois pas être le premier à ne pas avoir envie de leur parler.

En fait, je n'ai même pas envie de les écouter, ni de les voir. J'ai envie d'être seul et c'est tout. Mon corps est dans l'hovercraft, volant à des centaines des kilomètres à l'heure, mais mon esprit est resté dans la toundra hivernale balayée par le vent. Je repasse dans ma tête les moments les plus difficiles que je viens de vivre. La première nuit, où j'ai faillit mourir de froid et de faim, ou cette autre nuit que j'ai passé dans un arbre, pourchassé par une meute de loup lâchée par les juges, ou encore cette course poursuite, où j'ai été coursé pendant au moins une demi heure par le tribut géant du district un, dans la plaine immense, sans aucun endroit pour me cacher ou pour le semer, avant qu'il ne s'arrête, trop exténué pour avancer. Il est mort dans l'heure qui a suivie, il était surement trop fatigué pour pouvoir se défendre.

Et puis le premier tribut que j'ai tué. Un gosse de treize ans, armé d'un couteau ridicule. Je ne suis même pas sûr qu'il avait l'intention de me tuer. Tout s'est passé si vite, mon instinct de survie a pris le relai, couteau égal danger. Et je l'ai tué…

Puis le deuxième, encore un homme…

– Ça va, Keen ?

Celui-ci voulait vraiment me tuer. Il n'y a aucun doute là-dessus. Il m'a d'abord manqué avec son javelot, avant de se ruer vers moi avec une énorme masse d'arme. Mais il était handicapé par le poids de son arme, et j'ai pu…

– Tu ne les oublieras pas. Il faudra que tu apprennes à vivre avec.

Je relève brusquement la tête. A ma grande surprise, ce n'est pas un psychologue qui me parle, mais un des pacificateurs qui m'escorte. Il est jeune, pas plus de 25 ans, métis de peau. Ce qui m'étonne le plus, c'est qu'il n'est pas censé me parler. Aucun des nombreux pacificateurs que j'ai croisé jusque là ne m'a parlé directement, à part pour me donner un ordre ou pour me réprimander.

– J'ai déjà vu d'autres pacificateurs qui avaient le même regard que toi après avoir tué quelqu'un, volontairement ou pas, me dit-il. Je sais ce que tu ressens.

Qu'est-ce qu'il en sait ? Comment un pacificateur à la botte du Capitole peut-il se comparer à nous, tributs envoyés à la mort dans une arène ? Je n'ai vraiment pas envie de lui parler.

– C'est ces personnes que tu as tuées à qui tu penses, c'est ça ?

– Laissez-moi tranquille, je n'ai vraiment pas envie de parler de ça, dis-je dans un grognement.

– En parler, c'est souvent grâce à ça qu'on peut passer à autre chose.

Le pacificateur regarde autour de lui, pour être bien sûr que personne n'entend ce qu'il me dit.

– J'ai déjà tué des gens, et je n'en suis pas fier du tout. Je sais vraiment ce que tu ressens.

– Je n'ai pas eu le choix de les tuer…

– Mais moi aussi. J'étais en service dans le District 9 quand une petite émeute a éclatée car un autre pacificateur avait frappé un enfant sans vraie raison. On avait presque maitrisé la situation, quand un homme nous a chargés armé d'une barre de fer. Mon commandant m'a commandé de tirer. Si je ne l'avais pas fait, j'aurais surement été condamné à mort…

Il soupire.

– Au lieu de ça, j'ai été promu au Capitole pour travail bien fait. Et depuis, les images de cet instant ne cessent de me hanter. Mais je fais avec, de toutes façons, j'ai pas le choix.

Il est étrangement souriant. Je ne sais pas trop pourquoi. Il semble prendre tout ça avec simplicité, alors que ça n'a rien de simple, ce ne sera jamais simple.

– Pourquoi vous me dites tout ça ? je lui demande sur un ton désintéressé.

– Bah… On peut bien parler… Et puis, tu sembles avoir besoin de t'apaiser. Alors… Je parle. On me dit souventque je parle trop…

C'est étrange de voir un pacificateur ainsi. D'habitude, ils sont plutôt fermé et antipathiques. Je peux bien lui laisser me parler. Il n'a pas tort quand il dit que j'ai besoin de me changer les idées en parlant.

– Vous êtes un pacificateur, vous faites votre travail, je rétorque. Moi, on m'a jeté là sans m'en laisser le choix.

– J'ai pas choisi d'être pacificateur. Ma famille est une des moins riches du Capitole, c'est là que les pacificateurs recrutent. Il faut bien remplir les rangs. On m'a engagé quand j'avais 16 ans. Depuis, je fais juste ce qu'on me dit. Tu vois, je n'ai pas souvent le choix non plus.

Il se penche encore un peu plus vers moi.

– Au fond, on est tout les deux des pions dans une partie d'échec, en première ligne, et c'est pas nous qui décidons où nous allons…

– Des pions sur une partie d'échec ?

– Oui, la métaphore n'est pas super adéquate, et a déjà été utilisée des millions de fois. Mais, bon, ça fait plus classe… L'important, c'est qu'on soit toujours en vie, en fin de compte, non ?

Je ne sais pas trop. J'ai vu tellement de choses, tellement de souffrances…

Je soupire. J'ai vraiment du mal à me concentrer. Il faut vraiment que je me repose. Le pacificateur semble s'en rendre compte, car il se redresse et va reprendre son poste. Il remet correctement son fusil sur son épaule droite.

– Si tu veux savoir, je suis Soldat 1184. Mais je préfère qu'on m'appelle Daril Daddyspoon. Et, pour ton information, je te rappelle que tu as gagné les Hunger Games.

Il s'éloigne finalement, reprenant sa place. Dans ma tête, mes pensées continuent de se bousculer. Je pense encore au corps sans vie de mon dernier adversaire, la hache plantée dans le cerveau. Puis petit à petit, je commence à réaliser.

J'ai gagné les Hunger Games.


Et voilà pour le prologue. N'hésitez pas à écrire des reviews (c'est un peu ce qui me motivera à écrire).