Fandom : Captain America.

Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de Marvel. Les films sont de Joe Johnston et des frères Russo, Anthony et Joe.

Pairing : Steve/Bucky à venir et possible Sam/Natasha ( mais les deux couples seront très légers ).

Rating : T pour les pratiques d'HYDRA et la violence ambiante ( même si c'est supportable ) et le langage.

Genre : Friendship/Adventure.

Note : Au départ, je voulais écrire ce texte et le publier en une seule fois, mais vu l'ampleur que ça a pris, je me suis dit que ce sera peut-être pas mal de le découper. Tout est rédigé du POV de Sam ( que j'adore et qui est génial ). C'était surtout histoire d'écrire une petite aventure sur mon équipe de soldats préférés. Pour ceux qui ne connaissent pas Agents of Shield ( que je recommande ), certains des personnages de la série apparaîtront à la fin. Les personnages d'HYDRA sont de mon invention ( je ne me suis pas trop cassé la tête ), comme l'histoire qui tourne autour de la poursuite d'HYDRA, puisque je ne connais pas grand-chose des comics. J'espère que cela vous plaira, bonne lecture !


I – La Confiance

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Il était habitué à tomber. C'était ce qu'on apprenait à faire quand on était parachutiste. Tomber sans mourir, tomber sans avoir peur. Tomber pour vivre.

Mais il avait laissé au placard son uniforme depuis longtemps – depuis le brouillard, le feu, les explosions et le corps sans vie de Riley, un rictus rieur imprimé à jamais sur ses lèvres pâles – et n'avait pas de parachute. Rien que des ailes brisées pour se replier dans son dos.

Le froid l'avait enveloppé et puis on l'avait sauvé. Ça n'avait pas été si terrible, mais il avait eu la frousse et s'était promis de ne plus jamais approcher ce maudit Soldat de l'Hiver.

Il n'avait malheureusement pas encore prévu que Steve soit si borné et qu'il se décide à ramener d'entre les morts l'ami avec qui ils battaient le pavé des rues de Brooklyn quelques soixante-dix années plus tôt.

Il n'avait pas pu dire non. Il l'avait suivi. Steve était le genre de personne à qui il ne pouvait rien refuser.

Si on lui avait dit où ça le mènerait, il se serait peut-être ravisé. Il ne s'était pas attendu à passer ses samedis après-midi – parce qu'apparemment, personne n'avait voulu prendre en considération qu'il pouvait avoir quelque chose de plus intéressant à faire – à surveiller ledit Soldat de l'Hiver qu'il s'était promis de ne plus jamais approcher.

Pour être raté, c'était raté.

C'était de sa faute, en même temps. Steve lui avait demandé une bonne quinzaine de fois si ça le gênait de jouer les thérapeutes pour soldats atteints de PTSD. Oh, c'était son métier après-tout – du moins, l'une de ses activités – et il avait toujours pris très au sérieux ses fonctions, mais avec Barnes dans ses locaux, sérieusement.

L'idée au départ, ça avait été de lui faire voir un psychiatre et ça avait bien marché au début, mais après …

Monsieur Barnes s'en était lassé. Il avait émis beaucoup de réticence à parler au médecin. Steve et Natasha avaient voulu s'en charger, mais ça n'avait pas duré plus longtemps. Monsieur Barnes s'en était lassé aussi vite. À vrai dire, ça avait même été pire. Il s'était montré récalcitrant et muet, comme s'il refusait le traitement qu'on lui prescrivait.

Sam avait eu envie sur le coup de sortir un « je te l'avais bien dit » à Steve, mais il s'en était abstenu. Ce n'était pas si drôle que ça et il avait fait un effort pour se mettre à sa place. Qu'aurait-il fait si, du jour au lendemain, il avait croisé un soldat fantôme aux traits de Riley, s'il s'était rendu compte que Riley n'avait jamais péri criblé de balles, que ce n'était qu'un coup monté et qu'il servait désormais d'arme redoutable dans le camp de nazis complètement givrés ? Si on partait du principe que les nazis en tenaient une sacrée couche à la base, il fallait bien se rendre compte du niveau de ces gars-là. Sur une échelle de 10 du barge et de l'impensable, il les plaçait largement à 9 – à savoir qu'il plaçait aussi Steve à 7, les Chitauris et Loki à 8 et Tony Stark à 10. HYDRA n'avait pas qu'un peu amoché Bucky Barnes, ils l'avaient complètement détruit avant de recoller les morceaux à leur guise et tant pis s'il y avait eu des dégâts au passage, un peu comme s'ils avaient fait un puzzle sans se soucier ni du dessin, ni de la forme des pièces.

Steve lui avait dit, à peu de chose prêt, qu'il pensait conseiller à Barnes d'intégrer un groupe de soutien, parce que s'il refusait de se confier à son médecin et à ses amis, peut-être qu'il accepterait de le faire avec des personnes qui avaient vécu une expérience semblable à la sienne. Et c'était vrai après tout, Steve ne lui avait pas spécifiquement demandé de s'en occuper, mais Sam s'en était senti obligé quand il avait vu son air de chien battu dans son salon.

Maudit soit Steve et sa gueule d'ange à qui on ne pouvait rien refuser.

Sam n'était qu'un crétin de toute façon. Il s'était mis dans la mouise tout seul. C'était lui et lui seul qui avait proposé ses services aux Vengeurs et au SHIELD, oui, parce que « il y a sans doute plus d'une victime d'HYDRA dans vos rangs et je sais plutôt bien gérer les désordres post-traumatique, c'était mon job avant ».

Maintenant il se retrouvait à gérer une bande d'assassins surentraînés qui tiraient tous une tête de trois pieds de longs et qui trimbalaient des cernes tellement grosses sous les yeux qu'elles cachaient sans doute tout leur malheur dedans.

C'était mal de réagir comme ça parce que ces agents n'y pouvaient vraiment rien, mais il y avait Barnes avec eux.

Il s'était quand même assuré – avec le semblant de raison qui lui restait – que Barnes n'était pas un danger pour les autres agents. Selon Steve, il avait retrouvé le contrôle sur lui-même, mais qu'est-ce que Sam pourrait faire s'il pétait un câble en plein milieu de séance ? Il avait beau être le Faucon – un Vengeur hors pair, ça allait de soi –, il n'était pas de taille face à l'ex-sergent Barnes.

Et merde.

Barnes se faufilait dans la salle à petits pas. Il était en retard, à chaque fois, et ne bougeait pas à l'entrée tant que Sam ne lui faisait pas signe d'avancer. Il s'asseyait tout au fond et regardait les gens autour de lui avec des yeux hagards, mais la tête haute, alerte. On aurait dit un faon qui apprenait à marcher. Tu parles d'un faon. Un faon de cent kilos avec un bras en métal meurtrier et une lunette de sniper pour arme de prédilection.

Il n'avait pas dit un mot, pas une seule fois, jusqu'à cette séance, et Sam n'avait pas compris pourquoi il avait choisi cette séance en particulier.

Pour les détendre, Sam avait demandé à tous – après qu'ils aient confié une de leur peur et qu'ils aient pu en discuter librement sans jugement aucun – de parler de quelque chose qu'ils aimaient et qui les rendaient heureux.

C'était la première fois que Barnes levait la main. Sam ne pouvait pas lui refuser de s'exprimer. Du bout des lèvres, il lui avait demandé de parler – c'était une telle surprise.

– Tu as quelque chose à nous dire ?

– Ouais. Enfin puisqu'on peut partager nos hobbys, je crois que j'ai quelques idées. J'aime bien cuisiner quand ça ne va pas trop. Généralement je fais des gâteaux, mais des fois j'aime aussi préparer des tartes.

Sam resta un moment sans rien dire et tourna son regard vers le reste de l'assistance qui dévisageait le Soldat de l'Hiver. La simple idée d'imaginer Barnes cuisiner le fit glousser. C'était peut-être un truc qui lui avait servi pendant ses années de service à HYDRA. Ils pouvaient très bien faire passer des examens à l'entrée et peut-être que des compétences culinaires étaient requises pour grimper les échelons de l'organisme terroriste.

Les réflexions qui lui vinrent à l'esprit étaient déplacées. Barnes était un agent comme un autre – merde. Il n'avait pas le droit de lui faire ça.

La première fois de Barnes s'était faite en fanfare. Personne n'était prêt de l'oublier.


– Il nous a sorti qu'il aimait faire la cuisine ou je ne sais pas trop quoi. Tu vois, je n'ai pas trop compris sur le moment. C'était la première fois qu'il élevait la voix – je commençais à me demander si HYDRA ne lui avait arraché la langue. C'était …

– Bizarre, continua Steve. Je suis désolé, Sam. Je n'aurais jamais dû te demander de t'en occuper.

– C'est mon boulot en même temps. Tous ces types qui ce sont faits retourner le cerveau par HYDRA … je n'avais jamais vu une chose pareille. Mais c'est un peu mon devoir de leur apporter mon aide.

Ce n'était pas vraiment son devoir. Il en avait fait le sien, parce qu'il bossait avec les Vengeurs, parce qu'il bossait avec Steve et parce que Steve tenait à Bucky.

Steve parut réfléchir un moment, du moins, c'était ce qu'on expression laissait entendre. Il fronçait ses grands sourcils concernés. Il fixait le sol, ses deux immenses bras croisés sur sa poitrine. Si Sam lui avait demandé combien faisaient trois-milles-quatre-cents-vingt-sept multipliés par six-cents-trente-trois, il n'aurait pas pu faire une tête pareille. Il prenait la chose très au sérieux.

Ça paraissait très peu approprié pour l'endroit où ils se trouvaient. Il fallait tout de même considérer qu'ils se trouvaient sur un building à trois-cents mètres du sol, en plein Hong Kong, prêts à s'élancer à la poursuite de l'un des derniers agents d'HYDRA qu'ils étaient parvenus à débusquer. Sa couverture, plutôt bien rodée, ne l'avait jamais conduit à approcher le SHIELD. Agent financier, il avait été en poste à Londres, Paris, New-York et, depuis la chute du SHIELD, Hong Kong.

– Tu sais, Sam, si ça t'embête, je peux toujours trouver quelqu'un d'autre. Je suis sûr qu'il y a d'autres conseillers très qualifiés, d'autres psychologues même. Il y a peut-être quelqu'un au SHIELD qui pourrait prendre la relève et …

– Steve, Steve, coupa Sam en riant. Stop.

Steve pouvait avoir cette drôle de manie de parler sans s'arrêter, borné qu'il était. Ce n'était pas un manque de respect, mais plus une peur de déranger – sa bonté – qui paralysait les neurones de son cerveau de fonctionner correctement.

– Je me suis proposé pour le faire, je le ferai. Ça ne me dérange pas. Et puis il s'est confié devant tout le monde. C'est bon signe, non ?

– Sans doute, sans doute. Mais tu es sûr que …

– Bordel, Steve ! Stop !

Le super-soldat se fendit d'un sourire vainqueur.

Hilarant, tout bonnement hilarant de se foutre de sa gueule alors qu'ils étaient en mission et qu'ils discutaient d'un sujet aussi tendu.

– Tire pas cette tête, déclara Steve, fier. Tu vas faire peur à l'agent Schneider.

– C'est ça, Capitaine, grommela Sam.

Il fixa sa montre. Sonnèrent dix-neuf heures, l'heure à laquelle leur homme devrait sortir du bâtiment pour rejoindre le chauffeur qui l'attendait sur le trottoir. Le Faucon déploya ses ailes sans attendre et prit son élan. Au moment de plonger, il attrapa Capitaine America au vol qui s'agrippa à son bras.

Steve pesait une tonne. Difficile de croire qu'un jour, il n'avait pas fait plus d'une cinquantaine kilos – et encore, ses fringues et ses chaussures comprises. Sam avait tant halluciné que Steve avait fini par lui montrer de vieilles photographies. Il avait toujours les mêmes traits, la même expression concernée et douloureuse que ceux qu'il lui connaissait – à croire Steve avait toujours porté le monde sur ses épaules – et le même sourire. Bien sûr, la plupart des clichés le représentaient aux côtés de Bucky. Ce n'était peut-être qu'à partir de ce moment que Sam s'était rendu compte à quel point retrouver le Soldat de l'Hiver devait être important pour Steve.

Ils piquèrent sur une centaine de mètres et tournoyèrent un moment entre les buildings. Sam pouvait apercevoir en tout petit dans la rue la voiture noire de l'agent Schneider à l'arrêt. Les portes du bâtiment s'ouvrirent et en sortirent cinq hommes. L'un d'entre eux seulement se dirigea vers la voiture.

– C'est lui, à coup sûr, fit savoir Steve.

– Parce que tu arrives à le reconnaître à cette distance ?

– Il porte toujours la même cravate rouge et il a le crâne rasé.

– Comme s'il ne pouvait pas y avoir d'autres types dans tout Hong Kong qui portent une cravate rouge et le crâne rasé ?

– Je te dis que je le reconnais !

Sam ricana. Steve ne finirait sans doute jamais de l'étonner.

Ils poursuivirent la voiture sur plusieurs rues, veillant toujours à ne pas se faire repérer. Après quelques minutes, le poids de Steve commença à sérieusement se faire ressentir sur les articulations mises à rude épreuve de Sam. Il pinça les lèvres et serra les mâchoires. Ils ne tarderaient plus à descendre. L'agent Schneider se trouvait à moins de cinq minutes seulement de son arrivée. Il fallait l'arrêter avant. Impossible de le faire à la vue des hongkongais, mais, par chance, le trajet conduirait la voiture noire dans une ruelle étroite où l'homme pourrait être arrêté sans trop éveillé la curiosité des passants.

C'était le plan. Il n'était pas parfait, mais il n'y avait – en apparence – aucune raison que cela capote.

Sam avait parlé trop vite.

Au moment où la voiture fut censée prendre ladite ruelle, elle changea sa direction et continua son chemin.

Cela voulait dire soit que le chauffeur avait changé son trajet, soit – pire – qu'il les avait repérés, soit – encore pire – que quelqu'un avait averti Schneider de leur présence à Hong Kong. Ça ne sentait vraiment pas bon.

– Ça craint, ça craint vraiment, déclara-t-il.

– On change de plan, ordonna Steve. Tant pis pour la discrétion, il faut vraiment qu'on descende. Quelqu'un l'a peut-être prévenu et on ne peut pas le laisser nous devancer. Descends.

– Maintenant ?

– Maintenant ! Descends sur lui, on l'arrête au prochain feu.

Steve avait sa conception tout à fait particulière de l'urgence et un style qui lui était propre. Il n'allait certainement pas créer la panique au milieu des civils et privilégierait leur protection et la politesse.

Sam s'y était fait et même quand il l'entendait dire « s'il vous plaît » à des agents d'HYDRA à qui il venait tout juste de casser la figure, il ne s'étonnait plus.

Ils piquèrent au bout de la rue, tout en suivant du regard la voiture. Le véhicule s'arrêta au milieu d'une fil. C'était le bon moment.

Sam les descendit en douceur et Steve se précipita, arborant les couleurs des Etats-Unis au milieu des citoyens suivant d'un regard interloqué le soldat qui slalomait dans les voitures et glissait sur leur capot.

Sam se retint de se taper la tête contre un mur. Il avait envie de hurler après Steve. Ils étaient des soldats, des agents du SHIELD, des Vengeurs, des professionnels, pas des cascadeurs. Tout le monde les regardait. Tout le monde allait comprendre que quelque chose n'était pas normal.

Comment allaient-ils expliquer tout ça à l'agent Hill ?

Sam suivit Steve malgré tout, sans se formaliser des murmures des passants et des têtes qui commençaient à passer par les fenêtres. Il s'arrêta à côté de lui, à la porte du conducteur de la voiture qu'ils recherchaient. Les vitres teintées ne leur permettaient aucun aperçu de l'intérieur. Schneider pouvait parfaitement avoir échappé à leur surveillance qu'ils ne l'auraient pas remarqué.

Steve frappa au carreau et attendit.

Du Capitaine America tout craché.

La fenêtre s'abaissa et révéla un visage féminin. La femme lui sourit de ses petites lèvres rondes et passa une main dans ses cheveux courts.

– Vous voulez faire un tour ? Je vous embarque ! proposa-t-elle d'un ton joueur au parfait accent américain.

Steve se tourna vers lui dans geste brusque et ils se dévisagèrent.

Quelque chose clochait, définitivement.

Le coulissement de la fenêtre du passager les interrompit. Un espace à peine suffisant pour laisser passer un bras humain leur dévoila le visage du fameux Schneider collé au dossier du siège. À voir la sueur qui dégoûtait de son front et l'agitation dans son regard, il était facile de comprendre qu'il était affolé.

Sam n'eut pas le temps de se demander quelle en était la raison, les yeux de Bucky les fixèrent de l'habitacle du véhicule.

Est-ce qu'il rêvait ou Bucky, l'ancien Soldat de l'Hiver, bras armé d'HYDRA, avait son pistolet enfoncé dans la bouche de l'agent Schneider ?

– Montez, leur dit-il d'un ton sec. Vite.

Steve s'exécuta et s'installa à l'avant avec le chauffeur. Sam se précipita vers à l'arrière – à côté de Bucky, un flingue à la main, l'air colère et les yeux flamboyants de haine.

Il ne pouvait rêver mieux.

Il se pressa dans le siège – c'était à peine s'il avait assez de place pour ses jambes – et tous refermèrent portes et fenêtres.

– Alors les gars, pas trop fatigués ?

Le chauffeur se retourna et passa un main sur son visage qui se décolla, pixels par pixels. Ça n'avait vraiment rien de naturel.

Sam se souvint de la chute du SHIELD, de la montée d'HYDRA, de Natasha et de son masque. L'espionne leur lança un grand sourire et reporta de nouveau son attention sur la route. Ils démarrèrent.

Le silence dura un petit moment, peut-être trois intersections, avant que Sam ne craque. Comment pouvaient-ils tous rester si calmes ?

– Pourquoi est-ce que Bucky a son arme enfoncée dans la gorge de notre mission ? demanda-t-il de sa voix la plus tranquille en désignant du doigt son coéquipier – oui, son coéquipier.

– Ça l'empêche de gueuler, rétorqua le concerné.

Sam lui retourna des yeux écarquillés et sa tête la plus circonspecte.

– Sérieusement ? C'est tout ce que tu trouves à dire pour t'expliquer ?

– Quoi ?! s'emporta le soldat. Qu'est-ce que tu voulais que je fasse ? Il ne m'a pas laissé le choix. Il a commencé à crier à peine monté dans la bagnole et je n'avais pas prévu de bâillon ! Je n'avais pas d'autres choix !

– Natasha ?

– Je n'ai pas de meilleures explications, désolée.

– C'est pas vrai, souffla Sam.

Pas soutenu pour un sous, il s'enfonça plus profondément dans son fauteuil et attendit. Que pouvait-il faire de plus ? Une base restée fidèle au SHIELD les attendait. Cette partie du plan n'avait sans doute pas changé.

Après une éternité, Steve finit par sortir de son inquiétante torpeur.

– C'était pas le plan, Nat.

– Je sais, on a …

– Vous deviez venir nous chercher une fois l'agent Schneider neutralisé. On avait un lieu de rendez-vous spécifique. Là, ça n'a clairement plus rien à voir avec ce qui était prévu. Ce n'était pourtant pas compliqué.

– Steve, je sais tout ça. On a juste changé une partie du plan en cours de route. L'opportunité s'est présentée, on l'a prise. On ne s'est pas posé la question.

– Qu'est-ce que tu entends par « l'opportunité s'est présentée » ?

– On est un peu allé trouver le chauffeur et on lui a un peu emprunté son véhicule.

Steve se massa l'arrête du nez entre deux doigts. Il se mit à marmonner :

– Ok, ok. Tant pis, maintenant c'est fait. Ce n'est pas … Nat, il fallait juste nous avertir qu'il y avait un changement de plan.

– Je sais, mais c'est Bucky qui a eu l'idée.

Oh super. De mieux en mieux. Maintenant c'était Bucky qui prenait les commandes de leurs opérations, Bucky à qui il arrivait encore de ne plus se souvenir de sa date de naissance.

C'était au tour de Sam d'avoir des sueurs froides. Il se sentit étrangement proche de l'agent d'HYDRA – pour la première fois de sa vie et sans doute la dernière. Pris au piège par le Soldat de l'Hiver.

Steve fit volte-face, ses yeux bleus fixant avec gravité le soldat. Ils se dévisageaient l'un l'autre avec une telle intensité que Sam aurait été prêt à parier qu'ils se parlaient dans une langue qui leur était propre. Ils avaient été meilleurs amis – ils l'étaient sans doute toujours – et avaient vécu la première partie de leur vie ensemble, sans doute en auraient-ils été ainsi toute leur vie si la fatalité du destin n'avait pas eu la cruauté de les séparer.

Ce discours se prolongea. Ça en devenait gênant. Sam se sentit de trop et même le regard désolé de Natasha dans le rétroviseur intérieur ne lui apporta qu'un maigre soutien.

La torture se termina par un soupir de Steve et le craquement produit par la rencontre fulgurante entre poing en métal de Bucky et le nez de Schneider.


Plus tard, il fallut expliquer aux agents du SHIELD de Hong Kong pourquoi le terroriste français avait le nez en sang.