Dobby venait enfin de terminer de nettoyer la salle commune des Gryffondors. Plus aucun elfe ne voulait venir ici à cause de tous les vêtements en laines cachés sous des tas d'immondices. Des pièges laissés par Hermione Granger, créatrice et ultime défenseuse de la SALE : la Société d'Aide à la Libération des Elfes. Dobby se laissa tomber sur un des fauteuils devant le feu ronflant de la salle commune aux couleurs rouge et or. C'est alors que cela se produisit. Cela commença quand Dobby sentit la chaleur tranquille du feu réchauffer les pointes de ses orteils poilus. Il fut saisit d'un petit frisson de contentement qui eut pour conséquence la détente immédiate de tous ses muscles. Dobby laissa alors tomber le haut de son dos contre le dossier, la pile de chapeau en laine qu'il avait sur la tête tanguant dangereusement. La sensation commença alors à s'aventurer sournoisement le long de son corps. Elle remonta de ses orteils jusqu'à ses chevilles en passant par la plante de ses pieds. Elle remonta le long de ses petites jambes grêles et vertes. Dobby sentit ses hanches s'abandonner complétement dans les tréfonds du canapé. Lentement mais sûrement, son esprit s'embruma et il ressentit pour la première fois chez un elfe de maison la sensation que l'on nomme paresse. Il agita ses petits pieds devant le feu, en pensant qu'un bon thé fumant ne serait pas de refus. Il resta là à rêvasser quelques instants quand il aperçut dans un coin un mouton de poussière qui avait échappé à sa vigilance. Il regarda le mouton. Le mouton le regarda. D'un accord tacite, le mouton reprit sa route et alla se cacher sous un des canapés tandis que Dobby détourna le regard. Soudain il se reprit luttant contre la sensation qui reflua dans le sens inverse.

- Qu'arrive-t-il à Dobby ? Depuis quand Dobby laisse-t-il un mouton tranquille ?

Très perturbé, l'elfe repartit en direction de la cuisine, tenant le mouton fautif dans sa petite main. Après s'être débarrassé du nuisible, Dobby se mit au lit en pensant très fortement être malade.

Le lendemain, Dobby se réveilla aux aurores. Il devait se lever pour préparer le petit déjeuner servi aux élèves dans la grande salle. Il avait devant des montagnes de pâtisseries et de boissons à préparer et il s'apprêta à sortir le pied du lit quand tout à coup la sensation revint et il se ravisa.

N'était-il pas beaucoup plus agréable de rester bien au chaud dans la couverture ?

Dobby était tiraillé entre la sensation qui le poussait à rester au chaud, à préserver ce délicieux état d'engourdissement et de rêverie, et le devoir. Il avait un travail il était payé, il était libre. Alors pourquoi avait-il tellement de mal à sortir simplement un pied dans la froideur du matin ? Pourquoi une petite voix intérieure lui soufflait-elle qu'il serait tellement plus doux de ne rien faire ?

Il devait vraiment être très malade. Il courut dans le bureau du professeur Dumbledore sous le regard médusé des autres elfes.

- Professeur, Dobby est très malade, Dobby ne veut plus travailler, Dobby ne veut plus rien faire !

- Voulez-vous une augmentation Dobby ? Je vous propose de doubler votre salaire lui proposa gentiment le professeur Dumbledore, encore vêtu de sa robe de chambre et de son bonnet de nuit.

- Non professeur, Dobby sent une drôle de sensation là, dit l'elfe en pointant ses pieds. Ils ne veulent plus sortir du lit, ils ne veulent plus marcher. Les pieds de Dobby ne veulent plus travailler, assena-t-il d'un air grave.

- Ah ! Cher Dobby, Pourquoi ne me l'as-tu pas dit plus tôt ! Cela m'arrive très fréquemment à moi aussi.

- Et c'est grave professeur ?

- Non pas du tout. Ce n'est qu'un peu de paresse.

Dobby s'évanouit sous le choc.