AVANT DE LIRE
Bonjour à vous amis lecteurs !
Comme d'habitude : Skyrim appartient à Bethesda (loin de moi l'idée de le contester!)
J'avais effacé cette histoire, mais finalement, je suis curieuse de voir où ça mène. Je la re-publie donc (désolée si vous vous êtes déjà farci le 1er chapitre auparavant).
Pour les curieux, j'écris 2 histoires sur Skyrim en même temps, qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre (au niveau du scenar)
3/3/2014 : après mûre réflexion, j'ai supprimé les chapitres concernant Madlea. Comme dirait Meredith, la guilde des assassins, ça ne me porte pas chance ! Voici donc le director's cut, plus romantique et plus axé grand public.
Bonne lecture :)
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Dans le grand hall de Fort-Dragon, les yeux boivent la même scène que les langues s'empressent de répandre. Le jarl s'est pris d'affection pour son nouveau thane. Tous les soirs, il l'invite à dîner en sa compagnie. Elle décline une fois sur deux, pour se donner bonne conscience. Assise à sa table, elle savoure les gourmandises qu'on lui présente. Balgruuf a le meilleur chef de Bordeciel. Il a le meilleur goût du monde. En attestent les moulures, frises et corniches, les vases, les tapisseries, les lourdes tentures ; un luxe discret mais confortable. Le jarl a un visage taillé à la serpe et des manières brusques de guerrier. Mais elle connait son sourire. Le sourire de ses yeux. Deux saphirs vivants qui suffisent à amender toute la rudesse de l'homme.
Il l'a nommée thane le jour où elle a rapporté le jeune arbre. Elle a eu droit à tout un cérémonial avec une hache - une hache, quelle idée ! Elle qui ne sait manier que le couteau à beurre...
Neige n'est pas une guerrière. Rien ne la prédisposait à trouver fortune en Bordeciel. Bretonne, orpheline, elle jouait et chantait dans une troupe de theatre ambulant jusqu'à ce qu'un imbécile décide de voler le cheval du patron.
«Attrapez-le, attrapez-le !»
Et Neige de courir derrière, sans savoir qu'un impérial allait la cueillir quelques fourrés plus loin.
Bien sûr, avec sa chance habituelle, elle est tombée dans une ambuscade. Embuscade destinée à capturer Ulfric, jarl, traitre et régicide, rien de moins. A y repenser, il y avait du beau monde, à cette exécution : le général Tullius, Elenwen, Ulfric Sombrage, l'Enfant de Dragon, et bien sûr, Alduin ! Du coup, elle ne parvient toujours pas à éprouver d'animosité envers le Dévoreur de Mondes. Il lui a en quelque sorte sauvé la vie. Enfin... avec l'aide d'Hadvar. Tandis qu'il taillait leur route dans le gras des rebelles, elle se planquait derriere et lançait quelques maigres sorts.
Le destin prend parfois de drôles de tournures !
Le dîner prend fin. Le jarl se lève, et tous les convives suivent son exemple. Il ne la quitte pas tandis qu'il essuie les formalités d'usage. A son coté, elle hoche poliment la tête et marmonne des au-revoirs. Elle sait ce qu'ils disent dans son dos. Qu'elle a obtenu son titre à l'horizontale. S'ils savaient...
Balgruuf n'a jamais eu de geste déplacé envers elle. Il la traite comme une dame de haut rang, comme une égale. Elle, la gamine des taudis ! Ils auraient pu mille fois finir dans sa chambre. Ils le pourraient maintenant. Au lieu de cela, ils se retirent sous le grand porche et regardent les étoiles. Il lui parle du manque d'hommes, des murs qu'ils faudrait consolider, de la tour détruite qu'il voudrait reconstruire : il lui parle de son amour pour Blancherive. Sa voix tremble, il trébuche sur un mot et se tait soudainement. Neige laisse le silence s'épanouir autour d'eux. Au bout d'un moment, il s'impatiente et va remplir deux coupes de vin.
«Neige...
Il hésite, puis reprend :
- Pourquoi ce nom ?
- Il neigeait le jour où on m'a trouvée.
- Trouvée ?
- Oui, j'ai été abandonnée.
- Pardonnez-moi. Je ne voulais pas remuer de souvenirs pénibles.
- Ce n'est pas grave. Je ne m'en rappelle pas de toute façon.
- Et... avez vous retrouvé vos parents ?
- Je ne les ai jamais vraiment cherchés.
- Pourquoi ?
- Ce ne sont que des inconnus pour moi. J'avais Grand-Mère, et c'était tout ce dont j'avais besoin. Pourquoi cette question ?
- J'ai toujours pensé...
Balgruuf laisse la phrase en suspens.
- Oui ? l'encourage Neige.
- J'ai toujours pensé, depuis que je vous connais, que les dieux vous avaient conduite en Bordeciel.
- Hum... n'exagérons rien. Je ne suis pas l'Enfant de Dragon.
- Svanhilde a une destinée hors du commun.
- Et pourtant...
- Pourtant ?
- C'est aussi une femme. Comme les autres.
Svanhilde est comme moi, amoureuse d'un jarl.
- Sûrement.
De nouveau, le silence s'installe. Cette fois, Balgruuf semble à son aise. Il boit un peu de vin et poursuit :
- Il neigera bientôt sur Blancherive.
Cette remarque la prend de court. Est-ce une mauvaise blague ?
- Les habitants des collines ne vont pas tarder à revenir en ville, en hivernage.
Le ton du jarl est paisible. Neige se reprend. Evidemment non, ce n'était pas une blague.
- Dans les maisons vides du quartier des plaines ?
- Exactement. Vous verrez, la ville est très animée pendant les mois d'hiver.
Elle imagine un instant la fumée sortant des toits emmitouflés de duvet blanc, les cris des enfants dans les rues, le brouhaha de l'activité quotidienne. Puis elle se remémore sa promesse.
- Je ne verrai pas l'hiver à Blancherive, lache-t-elle sans vraiment le vouloir.
A coté d'elle, Balgruuf se raidit. Il se ressert du vin et se met à la fixer, le sourcil froncé.
- Le Dovahkiin m'a demandé...
Neige s'étrangle. Les mots refusent de sortir.
- Poursuivez.
La voix du jarl est impérieuse. Neige déglutit.
Ce n'est qu'un mauvais moment à passer.
- Elle m'a demandé de combattre à ses cotés, en tant que Lame.
- Evidemment. C'est un grand honneur.
- Svanhilde s'est engagée dans les sombrages.
- Quoi ?!
- Mon jarl...
- Et vous le saviez ?
Silence.
- Répondez !
- Oui.
- Comment avez-vous pu ?
- Elle m'a sauvé la vie.
- Et réciproquement, si je ne m'abuse.
- Svanhilde est mon amie.
- Et moi, ne le suis-je pas ? Le ton est accusateur.
- Vous...
- Hé bien ?
Elle devrait lui avouer ses sentiments. Au lieu de quoi, elle se tait. Comme toujours.
Devant le manque de réponse, il s'emporte.
- Ne vous ai-je pas toujours traitée avec respect ? Ne vous ai-je pas aidée quand vous en aviez besoin ? Ne vous ai-je... oh, par tous les dieux.
Il se passe la main sur les yeux ; une expression profondément peinée se lit sur son visage.
Il la regarde à nouveau.
- Partez.
- Mon jarl...
- PARTEZ !»
Neige serre les dents et obtempère. Elle aime Svanhilde mais ce soir, elle lui en veut.
L'Enfant de Dragon est tombée sous la coupe du Sombrage. L'homme lui a servi ses discours grandiloquents sur la liberté, sur la souffrance et les sacrifices, et la jeune femme a plongé les deux pieds dedans.
Ulfric est un homme séduisant et extremement charismatique. Il est intelligent, il sait se battre, il sait mener ses hommes, les inspirer, et par-dessus tout, il sait crier. Dans un rare moment de faiblesse, Svanhilde lui a avoué à quel point son statut lui pèse, comme elle aimerait ne plus se sentir seule avec son Thu'um, qu'elle aussi, voudrait pouvoir croire en quelqu'un. Alors évidemment, le jour où elles se sont rendues au Palais des Rois à Vendeaume, ce qui devait arriver arriva.
Neige a presque envie de rire. Balgruuf et Ulfric. Les deux faces d'une même pièce. Deux nordiques qui ne regarderont jamais dans la meme direction.
Malgré tout l'amour qu'elle éprouve pour son jarl, elle ne saurait dire lequel a raison. Elle laisse ce choix à l'Enfant de Dragon et prie Mara de veiller sur leurs âmes à tous.
