Disclaimer : Les personnages appartiennent à Go Nagai et à la Toei animation.

Contexte : Episode 49 de Goldorak vue par Phénicia.

Certains dialogues viennent des VOSTFR et VF que j'ai mélangées avec des dialogues inventés. J'ai mélangé exprès Goldorak / Grendizer ; Maria/Phénicia...

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Les cheveux aux vents, libre de casque, la jeune fille pousse sa moto à pleine vitesse Les garçons qui la suivent ne peuvent la rattraper. Quelle sensation ! Un vrai plaisir. Elle sourit amère. Elle a encore menti à son grand-père pour pouvoir s'adonner à sa passion. Depuis quelques mois, il lui refuse toute sortie même l'école. Alors, elle se révolte en rejoignant ses anciens camarades de classe chez Hotaru avec sa moto. Comme toujours, ils l'ont défiée. Ils cherchent par tous les moyens à la prendre en défaut. Mais c'est impossible. Personne ne peut la rattraper. Personne n'a jamais pu d'ailleurs pour n'importe quoi. Chaque épreuve sportive organisée dans l'école, chaque examen, elle en ressort haut la main. Cependant, elle aime s'entourer d'une cour de garçons qui se jettent à ses pieds. En dehors de Hotaru, elle n'a aucune amie. Elle fait un geste de dépit en les regardant tomber dans la poussière : "Idiots" pense-t-elle. Elle plaque un sourire sur son visage :

— J'ai encore gagné.

— Ah, tu gagnes toujours, Maria. On n'arrivera jamais à être aussi forts que toi. Tu pourrais nous laisser gagner. J'en ai marre. J'arrête là, fait remarquer Ryusuke en s'affalant sur le sol, les jambes et les bras en croix.

Soudain la caillasse tremble. Un grondement retentit au loin. Une ombre gigantesque cache le soleil.

— Qu'est-ce que c'est que ce truc ?

Ebahis, ils regardent la bouche ouverte un objet rond et plat tourné au-dessus de leur tête. Ils ont à peine le temps de le détailler qu'il s'engouffre dans la forêt en contrebas.

— Maria, il prend la direction de ta maison, non ?

La jeune fille ne réagit pas tout de suite. Impuissante, elle voit la soucoupe, car elle a bien identifié l'objet, abattre le faîte des arbres. Elle enfourche à nouveau sa moto et se dirige sur le chemin. Elle ne voit pas la deuxième soucoupe qui poursuit l'autre.

Un homme est allongé sur le sol, le visage contre la terre. Il pousse un cri en pointant du doigt l'ombre qui passe dans le ciel. La jeune fille est trop loin et ne comprend pas. Elle accélère et se jette à genoux à ses côtés.

— Grand-père, Je suis là. Je vais te porter jusqu'à la maison. Ne t'inquiète pas.

Elle l'entend murmurer mais ne comprend pas ses paroles.

— Calme-toi, Grand-père. Je vais te soigner. Tu me raconteras qui est Grendizer et la planète Fleed. Je vais rester auprès de toi et ne ferai plus de moto. Pardon de t'avoir laissé seul.

Elle le dépose dans le lit et met la couverture sur lui.

— Je ne peux pas t'interdire de sortir. Et puis tu es comme ça, murmure-t-il. Tu as besoin de courir et de te dépenser, ma petite princesse sauvageonne.

— Tu vas bien Grand-père ? Tu délires ?

La jeune fille emplit une bassine d'eau et prend un linge qu'elle trempe dans le liquide. Elle nettoie la plaie au front. Son grand-père respire difficilement.

— Je ne vais pas pouvoir te cacher plus longtemps la vérité, fait le vieil homme en se redressant.

— Reste couché. Tu dois te reposer. Tu me parleras plus tard.

— Non, je sais que je dois te parler maintenant. Je le sens. Après il sera trop tard.

Il respire difficilement.

— Je voulais que tu sois heureuse, je voulais que tu vives comme n'importe quelle fille d'ici.

— Grand-père, ce n'est pas le moment de parler de ça...

— Mais ton visage si particulier t'a mise de côté. Je n'ai pas su te donner les relations sociales que tu méritais. Pardon, pardon. J'ai failli à mon devoir.

— Grand-père, la fièvre te fait délirer. Je vais t'apporter à boire et un bol de soupe. Ensuite, tu te reposeras.

— Non, je dois te parler… Je ne suis pas ton grand-père.

Les épaules de la jeune fille se contractent.

— Qu'est-ce que tu racontes ?

— Tu n'es pas non plus de cette planète.

—Je vais appeler un médecin, Grand-père. Je crains que le coup reçu à la tête...

Le vieil homme retient son poignet et le sert fort.

— Le pendentif que tu portes... c'est ton héritage. La preuve de ce que je raconte. Tu es la princesse Maria Fleed. Tu es née sur la planète Fleed.

— Fleed ? Je n'ai jamais entendu parler...

Elle devient silencieuse. Soudain elle laisse échapper une exclamation :

—Fleed, comme Duke Fleed ? Le pilote de...

Il ne la laisse pas continuer :

— La planète était aussi verte que la Terre est bleue vue de l'espace. Elle vivait paisible dans la joie et dans l'entente de ses planètes voisines. Mais les Forces de Vega l'ont attaquée et l'ont mise à feu et à sang. Le roi, la reine et même le Prince furent assassinés...

— Mais...

— Avant de mourir, ton frère nous a mis dans une navette de secours. Nous avons pu fuir cet enfer et nous réfugier ici.

— Grand-père, pourquoi me révèles-tu cela maintenant ?

— Je sens mon fil de vie se dissoudre. Tu dois connaître la vérité. Et puis, j'ai revu Grendizer.

— Tu veux parler de la soucoupe volante qui s'est écrasée ? Ce n'est pas...

— Ce n'est pas une simple soucoupe. C'est un robot spatial, le plus grand des robots jamais construits à ce jour. Il est invincible. Il est le Dieu protecteur de Fleed. C'est ton frère qui l'a construit… qui en a eu l'idée mais il est mort. Ce ne peut pas être lui le pilote. C'est un imposteur. Tu dois reprendre ce monstre des mains de Vega.

— Grand-père, cette soucoupe ne ressemble pas à un robot, confie-t-elle. Elle était toute ronde. Et dans les journaux, j'ai lu que...

— Mensonges pour mieux nous tromper, la coupe-t-il. Ils se sont infiltrés. Tu dois le reprendre de leurs mains.

Il tousse. Du sang sort de sa bouche.

— J'ai gardé ton anonymat mais ton rang te doit de protéger la planète qui t'a recueillie. Tu dois le reprendre, répète-t-il.

— Je veux bien mais... je ne sais même pas où il est.

— Ton pendentif...

Le vieil homme montre le collier qui entoure le cou de Maria.

— Ton pendentif est le seul souvenir de ta famille. Ton frère et toi en avez reçu un. Il porte ton identité. Il est relié à ton sang. Je sais qu'il réagira quand tu t'approcheras de lui.

Il ferme les yeux. Il refuse de donner le nom de celui qui est devenu un monstre destructeur. Il l'a vu dans sa folie meurtrière juste avant de quitter Fleed.

— Je ne comprends pas...

— Le sang ne ment pas. Je soupçonne le prince d'avoir mis une puce de reconnaissance. Récupère-le, ma petite fille. - Sa voix s'affaiblit. Il tousse à nouveau crachant du sang en quantité -. Tu as égayé mes dernières années. Merci.

— Grand-père !

Maria ne sait pas quoi faire. Elle reste près de lui, éponge son front, tient sa main, l'hydrate. La nuit tombe lorsqu'elle ne sent plus le pouls sur le poignet. Elle pleure cet être qui l'a élevé. Son esprit est bloqué. Elle ne se rappelle pas son enfance. Elle en sait si peu. Elle sèche ses larmes et se lève. Elle nettoie son grand-père, l'habille de son plus beau costume, croise ses mains sur la poitrine. En cherchant dans la chambre au plafond effondré par l'impact de la soucoupe, elle découvre un livre à la couverture rouge fanée. Elle le touche du bout des doigts puis elle l'ouvre. Les pages crissent. L'écriture est manuscrite. Elle reconnaît celle de son grand-père mais pas la langue utilisée malgré une similitude dans les signes. En dessous du grimoire, elle découvre un carnet plus petit. Celui-ci est écrit en hiragana. C'est un lexique qui répertorie les mots inconnus. Elle prend les deux ouvrages et s'assoie sur le fauteuil près de son grand-père. Elle déchiffre le texte tout en le veillant. Lorsqu'elle a fini, elle reste pensive. C'est un nouveau monde qu'elle découvre et qui explique bien des mystères qui l'entourent. Elle comprend pourquoi elle se sent si étrangère sur cette Terre. Elle n'a jamais réussi à s'intégrer, n'a jamais compris les différences.

Au petit matin, elle creuse la terre près d'un cerisier. Son grand-père vantait cet arbre aux fleurs éphémères. Elle le porte à bras le corps et le dépose délicatement. Les larmes s'échappent tandis qu'elle referme la tombe. En plantant la croix particulière dont elle a trouvé le dessin dans le grimoire, elle lui rend un dernier hommage :

— Grand-père. Merci d'avoir pris soin de moi. Tu as été mon précepteur là-bas, et ma seule famille ici. Je suis Maria, princesse de Fleed, je fais le serment de reprendre Grendizer à ces démons.

Alors, elle voit son pendentif s'illuminer, elle lève le poing vers le ciel, vers la soucoupe-robot qui la survole et s'exclame :

— Misérable, tu as volé notre dieu protecteur, je ne te lâcherai pas. Je t'emmènerai en enfer s'il le faut.

Elle sèche ses larmes, ramasse le pistolet et le couteau qu'elle a trouvés dans les affaires de son grand-père puis sans un regard pour la maison de son enfance, elle enfourche sa moto. Elle ne sait pas vraiment où se diriger mais se fie à son instinct. Elle longe la rivière, dévale la route sinueuse sans se préoccuper du vide sur sa gauche. Elle ne pense plus à rien sauf à la vengeance. Elle ne veut pas réfléchir à ce qu'elle a appris. Cela fait trop mal. Les rayons du soleil entourent les volcans apportant une ombre salvateur sous la chaleur de ce début d'été. Heureusement la saison des pluies est passée. Elle ne craint plus les averses. Sa jauge d'essence est au plus bas. Elle doit trouver une station-service. Elle se dirige vers une petite ville quand elle entend le bruit de réacteurs d'avions. Elle voit passer au-dessus de sa tête deux engins à la forme particulière. Elle les distingue à peine. Ils sont trop hauts, comme un mirage. Elle hésite. Elle les a déjà vus. Mais où ? Elle interroge le responsable de la station où elle se ravitaille en aliments et essence :

— Excusez-moi, j'ai vu passer à plusieurs reprises des avions assez particuliers.

— Ah oui, ça doit être la patrouille des aigles. Ils sont en surveillance en ce moment.

— Oh, s'étonne Maria. Qui sont-ils ?

— Selon la rumeur, ils travaillent avec le Centre spatial qui se trouve de l'autre côté de la montagne en face.

— C'est facile d'accès à partir d'ici ?

L'homme en combinaison de garagiste, la cigarette dans la bouche, la dévisage puis penche la tête pour examiner la moto.

— Disons que le chemin est abrupt, il y a au moins une centaine de kilomètre. Je dirais que ça prendra facilement 3 heures.

— Merci pour les informations.

Maria paie et reprend la route. La route est difficile, la nuit blanche qu'elle a passée se fait ressentir. Les deux avions patrouillent encore. Elle ne se décourage pas. Elle roule depuis deux heures, sa jauge est au plus bas. Elle va devoir bientôt continuer à pied. Elle s'arrête en contrebas sur les rives de la rivière. Elle distingue au loin une infrastructure. Serait-ce le Centre spatial dont lui avait parlé le gars de la station-service ? Elle hésite. Ses épaules sont douloureuses, ses yeux brûlent, ses jambes tremblent. Elle lutte mais sait qu'elle ne pourra pas continuer longtemps surtout si elle doit poursuivre le chemin à pied faut d'essence.

Elle décide de faire une pause. Elle s'allonge sur l'herbe humide. Elle grignote en regardant le ciel bleu.

"Je ne suis pas ton grand-père. Ta famille t'a confiée à moi. Je t'ai élevée comme ma petite-fille. Tu es la princesse de Fleed. Tu es la dernière survivante. Venge-les, venge ton peuple. Tu dois reprendre Grendizer des mains des usurpateurs."

La voix de son grand-père résonne dans sa tête comme une ritournelle. Elle prend son pendentif en main. Elle ne s'est jamais interrogée sur sa provenance et ni sur sa signification. Elle fronce les sourcils pour faire appel à sa mémoire. Elle n'avait que 10 ans quand elle est arrivée au Japon. 4 ans seulement. Pourquoi ne se souvient-elle pas ?

La chaleur du pendentif qu'elle a gardé au creux de sa main la réveille. Le soleil commence sa descente vers l'horizon. Elle regarde l'objet. Il brille intensément pour s'éteindre aussitôt. Elle enfourche à nouveau la moto pour s'approcher du Centre mais son engin ne veut plus avancer. A regret, elle l'abandonne dans la forêt et continue à pied.

La voilà contre le mur d'enceinte du Centre. Son pendentif réagit. Elle entend des voix. Elle penche la tête pour mieux voir. Trois personnes discutent. Elle entend le mot "Goldorak". C'est donc là que se trouve la soucoupe dont parlait son Grand-père ? Elle ne peut pas croire que le robot soit aux mains des ennemis. Elle a entendu les rumeurs de ses amis. Il défend la Terre. Il n'attaque pas. Elle ne comprend pas mais son Grand-père a formulé un dernier voeu. "Pour toi, Grand-père, je le reprendrai". Elle sort son pistolet, la pointe en avant et court vers la personne la plus grande.

— Eh toi ! Attends !

Elle ne sent pas la douleur lorsqu'un rayon l'atteint, elle n'a pas le temps de tirer. Elle chute et perd son arme.

— Attention, méfiez-vous!, c'est sûrement l'une des leurs.

Elle se relève et tire le couteau qu'elle gardait sur sa ceinture.

— Vous êtes des monstres !

Elle ne voit ni n'entend plus rien, toute à sa vengeance.

— Arrête ! D'où sors-tu ce pendentif ? Qui es-tu ?

L'homme lui maintient le poignet. Ses yeux bleus l'hypnotisent. Elle ne doit pas se laisser émouvoir.

— Je suis la princesse de Fleed. Je suis son Altesse Maria Fleed. Et je suis venue récupérer Grendizer.

Elle ne se rend pas compte du silence qui l'entoure. Elle profite que l'homme relâche sa vigilance pour frapper. Elle déchire la tunique découvrant un collier qui tombe au sol. Elle est hébétée. Que fait ce pendentif identique au sien ?

— La princesse Fleed ? Maria ? Phénicia ! Phénicia..., murmure-t-il. Non... Oui... Oui... Phénicia ! Je suis Duke Fleed.

— Duke Fleed ? Mon...

Elle se noie dans le regard azur qui lui fait face. Elle frissonne. Un souvenir remonte soudain à la surface de son esprit embrumé depuis la disparition de son grand-père. Elle voit des flammes rouges, elle sent une chaleur insoutenable. Et un jeune homme courir vers ces flammes prêtes à l'engloutir. Elle veut le retenir mais il se retourne à peine, lui enjoignant de rester avec son précepteur.

— Je me souviens. C'est bien toi, Grand-frère ? Tu es bien vivant ? Et ce monstre... ce Grendizer... Il n'est pas tombé aux mains des Forces de Vega ? Oh, je suis si heureuse.

Cet homme, ce frère si longtemps oublié, la sert contre lui. Elle apprécie la chaleur de ce corps musclé.

— C'est un miracle que tu sois là. Je ne pensais plus te revoir. Tu as dû beaucoup souffrir. Jamais, jamais plus on ne se séparera.

Leurs larmes se mêlent alors que leur regard reste accroché l'un à l'autre. Les années perdues s'éloignent. Ils sont ensemble. L'espoir est permis. La souffrance, la solitude s'effacent. Ils sont ensemble et rien ni personne ne pourra plus les séparer.

Fin