Les personnages de la fiction ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de J.K. Rowling. De même, l'univers auquel l'histoire se rapporte a été totalement créé par ses soins, et la force de son imagination. Cependant, le monde que je lui emprunte n'est qu'un prétexte pour me lancer. Cette histoire est purement autobiographique. Elle est ma thérapie, ma tentative de remettre les choses dans l'ordre après des années de flou, et des dissociations successives. Merci de le respecter.
Qui aurait pu deviner, qu'elle n'était pas celle qu'ils croyaient ? Elle était de ceux qui avaient deux visages, ceux dont on ne sait plus s'ils sont humains ou monstres. Espèce d'hybride entre les deux, elle s'était construite deux mondes, deux opposés, et n'était dans aucun, et vivait dans les deux. Trop indécise pour choisir le sien, elle avait tout pris. Elle était une fille sans « moi », elle était un « nous ».
Hermione ne savait plus très bien ce qui avait causé la rupture. À quel moment elle s'était sentie en décalage la première fois, et quand tout avait dérapé. Elle n'avait jamais vraiment été comme les autres, sans doute. Elle avait appris à lire tôt, et seule. Lorsque commencèrent ses années primaires, elle savait écrire, compter. Elle s'ennuyait. Quand elle comprit que la vie était tout entière faite de renoncements, elle décida de changer le destin. « Moi, se disait-elle, j'aurai plus. J'aurai tout, je ne laisserai rien derrière moi, aucun regret, aucun territoire inexploré. »
Et elle l'avait fait, elle vivait sa vie rangée de petite poupée, suivait la route qu'on lui avait tracé, et dans sa tête elle s'évadait. Elle y jouait à vivre au-delà de toutes les limites. Sa seule règle ? ne jamais être découverte. Personne ne devait savoir qu'elles étaient deux à habiter son corps. Son monde à elle ne devrait jamais dépasser les frontières de sa chair. Elle ricanait, lorsque ses camarades lui demandaient de jouer avec eux. « Pourquoi donc imbriquer un jeu dans un autre ? pensait-elle. Je suis déjà en train de jouer. » Et les autres la laissaient, ils ne l'aimaient pas trop. Trop froide, trop distante, trop incompréhensible. Elle s'en délectait, aussi bien qu'elle se sentait rejetée. Entre elle et les autres, un gouffre. Elle le savait, ça avait toujours été ainsi, parce qu'elle savait trop de choses, parce qu'elle avait grandi trop vite. Et elle en souffrait. Le jour où sa lettre de Poudlard était arrivée, elle avait cru que sa grande tromperie pourrait cesser, qu'elle rencontrerait des gens à sa hauteur, à son niveau, et que les masques pourraient tomber. Mais le jeu avait-il jamais été une illusion ?
