Il y a deux jours, j'ai eu envie de faire une fanfic sur FF VII et voilà le premier chapitre est fini ... il est plus "léger" que ce qui suivra, c'était surtout pour présenter un peu les persos et établir un peu le contexte :D ça s'est avéré être plus long que prévu d'ailleurs ! Sinon, je n'ai jamais eu l'occasion de jouer à un FF en français et j'ai pas vu Advent Children en français, alors y'a certains termes que j'ai traduit ou trouvé en français et d'autres que j'ai laissé en anglais. Si jamais je suis à côté de la plaque côté vocabulaire, n'hésitez pas à me le signaler ! Pour finir, les personnages mis en scène dans l'histoire suivante ne m'appartiennent pas :p (sauf deux ou trois !)


Le nouveau siège social de la Corporation Shinra était situé à quelques centaines de mètres de celui qui avait été détruit durant les événements qui avaient précédé la destruction de Météore. Ce nouvel édifice était loin d'être aussi imposant que le précédent et les employés qui s'y rendaient chaque jour étaient beaucoup moins nombreux que du temps glorieux de l'exploitation de la Mako énergie, mais la Shina, de par son seul nom, inspirait toujours la peur. De plus, Rufus Shinra avait bon espoir de rétablir son ancienne puissance, et même de la surpasser, misant sur les nouveaux besoins des habitants de Midgar : la reconstruction. Peut-être avait-il été convaincu que l'utilisation du Lifestream était une mauvaise chose, peut-être le message de l'AVALANCHE l'avait-il un tant soit peu touché, tout en était-il que le président de la Corporation Shinra misait désormais sur l'énergie solaire. Bien sûr, il comptait toujours reprendre le pouvoir à Midgar et il caressait quelques projets peu orthodoxes. Ainsi, Rufus comptait développer les laboratoires de la Shinra rapidement, afin qu'ils fonctionennt à pleine capacité, et remettre sur pieds les SOLDATs qui ne seraient jamais de trop si il tentait de conquérir le monde. Mais pour l'instant, la Shinra ressemblait presque à une entreprise normale et pour la première fois depuis très longtemps, elle devait faire face à un ancien ennemi, dont elle avait quasiment oublié l'existence : la concurrence. Rufus n'était pas le seul qui espérait profiter du piteux état de Midgar et plusieurs entreprises avaient vu le jour après les deux défaites de Séphiroth. Cependant, la Shinra bénéficiait toujours de l'aide précieuse des Turks et les quelques membres de cette organisation suffisaient pour l'instant à tenir en respect les concurrents potentiels de la corporation. En effet, le groupe secret anéantissaient nombre d'espoirs des entreprises adverses. En outre, deux nouvelles recrues avaient été admises dans leurs rangs, quelques mois avant l'apparition de Kadaj et de sa bande. Pour l'instant, elles n'avaient pas encore participé à des missions de grandes envergures, se contentant de quelques assassinats mineurs, mais leur potentiel augmentait à une vitesse fulgurante.

C'était à peu près là où en étaient les choses, tandis que Raine Skyhigh, une des deux nouvelles Turks, lisait le journal dans le salon privé du Département d' Investigation des Affaires Publiques. Il était sept heures du matin et elle était la seule à être arrivée, comme presque tous les matins depuis qu'elle avait été engagée. En cela, elle battait même Tseng qui avait pourtant la réputation d'être insomniaque. La presse ne rapportait rien de très intéressant et seule une histoire de d'arrestation de trafiquants d'armes retint l'attention de la jeune femme. Elle se demandait d'ailleurs où elle avait pu rencontrer ce type à l'air patibulaire dont le texte sous sa photo indiquait qu'il était le chef d'une bande qui tentait de prendre le contrôle du Secteur 6, quand la porte du salon s'ouvrit. Immédiatement, Raine se leva, presque au garde à vous, pensant que c'était Tseng qui arrivait.

- Yo, Rainy ! lança Reno, dont les yeux bouffis indiquaient clairement qu'il manquait de sommeil. Toujours aussi matinale !

Raine se détendit immédiatement, car même si Reno était son supérieur, il ne faisait guère attention à l'étiquette. Il n'y avait qu'à voir comme il s'habillait et comme il parlait à Tseng ... Durant ses premières semaines en tant que Turk, Raine s'était d'ailleurs souvent demandée quelle était la réelle utilité de Reno, sinon de raconter quelques blagues salaces et de s'endormir presque n'importe où, quand on s'y attendait le moins.

- Reno ! Qu'est-ce que vous faites ici ?

- Je t'ai déjà dit de me tutoyer, dit le Turk aux cheveux rouges, en s'étalant sur le canapé.

Il bâilla allègrement et s'étira les bras.

- Vous ... tu arrives tôt.

- Bien sûr, je tiens à être parfaitement prêt pour la mission d'aujourd'hui.

- La mission ? demanda Raine, qui ne se souvenait pas avoir entendu parler d'une quelconque mission ces derniers temps.

- Bah oui, celle dont nous a parlé Tseng hier soir, à la réunion ... dit paresseusement Reno, qui prit le journal des mains de Raine et commença à le feuilleter.

- La réunion ... ? répéta Raine d'une voix blanche.

Elle sentit le sang affluer à son visage.

- Oui, tu t'souviens pas ? On a du boulot aujourd'hui, c'est très important ! s'exclama Reno, sans lever le nez de son journal.

- Mais je ... j'étais pas là ... Personne ne m'a prévenue ...

- Quoi ? T'as pas lu le mémo ?

- Non ... Est-ce que c'est grave ?

Il y avait en effet, sur son bureau, une pile de papiers auxquels elle n'avait pas encore touché ...

- Rufus ne sera pas très content, insinua Reno, qui ricana.

- Le Président ? Mais qu'est-ce que je vais faire ? geignit Raine, se laissant tomber sur le canapé.

Elle avait peut-être réussi à garder son sang-froid devant les cadavres de personnes qu'elle venait d'abattre, mais cette histoire de mission importante lui faisait perdre tous ses moyens. Elle allait être renvoyée si elle manquait son coup ...

- Il se moque de toi, Raine ! Il se fout complètement de ta gueule, dit soudain une voix de femme.

Raine leva la tête et croisa le regard d'Elena, celle qui supervisait ses débuts parmi les Turks. Elle venait tout juste d'arriver et rangeait son pardessus dans la garde-robe.

- Ah bon ? Mais il y a eu une réunion ...

- Mais non, soupira Elena qui s'approchant de Reno, lui envoya un coup de pied dans les tibias. Il te mène en bateau !

- Aïe, 'Lena ! M'abîme pas comme ça ! fit le rouquin en lançant un regard courroucé à sa collègue. Si on peut plus s'amuser un peu ...

- Alors il n'y a pas de mission aujourd'hui ? demanda Raine, qui respirait enfin.

- Si, mais elle est assez superficielle, dit Elena qui alla se préparer un café. Enfin, je n'en sais pas plus, c'est tout ce que Tseng m'a dit hier ...

Raine ne remarqua pas la teinte rosée que prirent les joues de sa supérieure. La jeune femme jeta un coup d'oeil du côté de Reno, se promettant de ne plus prendre au sérieux ce qui sortait de sa bouche. Sauf sur le terrain, bien sûr .. Pourtant, elle aurait pu s'en douter, puisque Reno lui racontait des tas bobards depuis son arrivée. Au tout début, il lui avait même fait croire qu'une initiation était organisée et qu'elle devrait s'habiller en chocobo et courir dans le bureau de Rufus avec son déguisement. Raine gobait tout, absolument tout.Heureusement, Elena ou Rude intervenaient (presque) toujours au bon moment et les véritables humiliations avaient été évitées, bien qu'une fois Raine avait apporté son bikini et sa crème solaire au travail, étant sûre que les Tuks allaient se baigner à Costa Del Sol ce jour-là.

- Bonjour ! fit une troisième jeune femme, à la chevelure auburn, en entrant dans le salon.

Les yeux verts de Lida Lightheart se posèrent sur Reno et elle dit, un rictus sur ses lèvres :

- Tu es déjà debout, toi ... T'es tombé de ton lit ?

- Non, j'ai plutôt l'impression qu'il s'est levé tôt exprès pour torturer Raine.

- Quoi, encore ! dit Lida, se tournant vers Raine qui, la mine piteuse, regardait le plancher rigoureusement bien ciré.

- C'est pas ma faute ... je ... bredouilla la benjamine des Turks, en se levant.

- Il va falloir que tu arrêtes de prendre tout ce qu'il te dit aux pieds de la lettre, sermonna Lida, l'index levée. Qu'est-ce qu'il t'a raconté aujourd'hui comme bêtise ?

Reno, indifférent du fait que les trois femmes ne discutaient que de lui et de sa fâcheuse tendance à se moquer des gens, lisait les petites annonces du journal. On pouvait l'entendre rire de temps en temps, d'un petit rire de fouine empli de désinvolture.

- Il m'a dit que nous avions une mission très importante à remplir aujourd'hui ... expliqua Raine, dont les longs cheveux, d'un blond sale et terne et d'une raideur quasi-légendaire, cachait le visage embarrassé. Tellement importante, que nous avions une réunion à ce sujet hier soir ...

Elena émit un drôle de son, entre le rire et le soupir désapprobateur. Elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver Reno drôle, bien qu'officiellement elle n'approuvait pas les farces de son collègue.- Nous avons bien un petit quelque chose à faire aujourd'hui, mais c'est assez mineur, dit Lida, se grattant le menton.

- Comment tu sais ça ? interrogea Elena, posant sa tasse de café sur la table basse.

- Tseng m'en a parlé hier soir, après que tu aies fini ton rapport au sujet des activités clandestines de la firme Maldin.

Le visage d'Elena devint presque instantanément livide et même Reno leva le nez de son journal. Raine, debout entre les deux jeunes femmes, chercha vainement un sujet de conversation qui calmerait sa supérieure et qui ferait comprendre à Lida qu'elle s'aventurait sur un sentier très dangereux.

- Tu as parlé à Tseng ? demanda Elena, prête à sauter sur sa collègue.

- Bien sûr, répondit Lida, innocemment. Il m'a expliqué en quoi consistait cette "mission".

Ce fut à cet instant que Rude, ne se doutant pas du malheureux sort qui l'attendait, choisit de pénétrer dans le salon des Turks. Son entrée coïncida précisément à l'instant que choisit Elena pour lancer le contenu de sa tasse à café vers Lida, qui esquiva vivement le tout en même temps que Raine. Résultat, ce fut Rude qui fut aspergé et, avec son stoïcisme naturel, sans prêter attention au liquide chaud qui dégoulinait sur sa veste impeccablement repassée, il questionna ses collègues :

- C'est encore à propos de Tseng ?

Lida et Elena ne s'entendaient pas très bien et ce depuis les débuts de Lida dans le service des Turks. En effet, la jeune femme s'était attirée les foudres de sa supérieure très rapidement, car elle était devenue la partenaire de Tseng tandis que Raine échouait à Elena. Cette inintimité était entretenue par des allusions douteuses de Lida qui avait été informée par Reno des sentiments d'Elena envers le chef des Turks. Bref, une rivalité amoureuse s'était installée et personne ne parvenait à savoir si Lida se contentait de jouer le jeu juste pour agacer Elena ou si elle était réellement intéressée par Tseng.

- Je ne comprends pas pourquoi elles se battent pour lui, dit Reno qui s'était levé afin d'essuyer le complet tâché de Rude. Surtout quand il y a un homme tel que toi dans le service, Rude !

- Il devrait au moins couper ses cheveux, fit remarquer Raine qui aidait elle aussi à nettoyer Rude.

- Ses cheveux sont très bien comme ils sont ! s'exclama Elena qui fixait toujours Lida.

- Ça va, 'Lena, on a compris ... marmonna Reno. Mademoiselle Lightheart pourrait peut-être nous expliquer ce que nous allons faire aujourd'hui puisqu'elle se tient si bien au courant de nos affaires !

- Nous allons escorter Rufus, répliqua Lida, sans ciller.

- L'escorter ? fit Rude, qui songeait à changer de veston.

- Oui, le suivre partout aujourd'hui ... Il a un rendez-vous et il tient à impressionner la donzelle !

- C'est quand même le président de la Shinra, ça devrait suffire pour emballer des minettes, non ? intervint Raine, qui ajouta aussitôt : Rude, je crois qu'il va vous falloir un autre veston ...

- Eh bien cette fois, il a décidé de mettre le paquet ...

- Pourquoi ?

- J'en sais rien ...

- Ah ! Tseng ne t'a pas tout dit ! s'écria Elena, triomphante.

- Heureusement que j'ai toujours un complet de rechange dans mon bureau, dit Rude.

Sans prêter attention à Lida et à Elena, lui, Reno et Raine pénétrèrent dans la petite pièce (assez peu utilisée, puisque les Turks étaient presque toujours sur le terrain) qui servait de salle de travail au Turk chauve. Tout y était d'une propreté impeccable, à l'image de son propriétaire, et les tiroirs de ses bureaux contenaient des gants et des vêtements parfaitement pliés ainsi qu'une demi-douzaine de pairs de lunettes de soleil. Après des années de collaboration avec Reno, Rude avait appris à prendre ses précautions et c'était devenu une seconde nature chez lui de prévoir les ratés de son collègue.

- Dis donc, vous avez tout un ...

Mais Raine fut interrompue par l'arrivée de Tseng qui, ne comprenant pas pourquoi les deux jeunes femmes dans le salon s'observaient comme des chiens de faïence, avait préféré venir saluer ses trois autres subordonnés. Ceux-là avaient au moins l'air plus ou moins sain d'esprit. Aussitôt, Raine se mit au garde-à-vous, provoquant un éclat de rire chez Reno.

- Raine, nous sommes des civiles, lui rappela Tseng qui, bien que rien ne parut, était très amusé de l'attitude de la nouvelle recrue. Est-ce que l'un de vous pourrait m'expliquer ce que font Lida et Elena ?

- 'Sais pas, dit Reno, s'étirant.

- Rude ?

Celui-ci se contenta de hausser des épaules, recouvertes d'un veston sans tâches.

- Raine ?

- Je l'ignore, monsieur.

Tseng replaça machinalement ses longs cheveux noirs, attendant des explications qui ne vinrent pas. Résigné au silence des Turks, il fit un geste de la main et ordonna :

- Dans mon bureau. Vous avez deux minutes.

Puis il sortit, se disant qu'au moins, si ses hommes (et ses femmes !) n'étaient guère concentrés aujourd'hui, cela n'influerait pas sur leur mission. Tout ce qu'ils auraient à fait, c'était de parader et de se tenir bien droit. Il estimait qu'il en était tous largement capables et se demandait même pourquoi Rufus tenaient tant à mobiliser les Turks pour un simple rendez-vous galant. N'importe quel jeune homme ou jeune femme en uniforme aurait pu faire office de garde du corps et Tseng jugeait que la demande du président était du gaspillage. Mais il était rare que Rufus Shinra change d'avis et encore plus rare qu'il utilise à mauvais escient ses forces. Cette histoire de promenade romantique devait cacher quelque chose de beaucoup plus important.

Quelques instants plus tard, les cinq Turks se tenaient debout dans le vaste bureau de leur chef. Il y était accumulé une panoplie d'objets variés que Tseng avait récolté au cours de sa carrière, ce qui donnait un aspect de musée à cette pièce où s'entassaient aussi les piles de papiers et les armes. Ainsi, on pouvait voir une grenouille empaillée de la Forêt Ancienne, un fémur déterré à Bone Village, une plume de Chocobo et même une carte de membre de l'hôtel Honeybee, obtenue dans des circonstances que Tseng n'avait jamais voulu divulgué. Au milieu de cette décoration inusitée, Elena et Lida, bras croisés sur leur poitrine, évitaient soigneusement de se regarder, alors que Reno et Rude, côte à côte, attendaient les instructions en mangeant des croissants. Restait Raine dont l'attention avait été attirée par une authentique Rose du Désert qui avait du coûter bien cher à son propriétaire.

Tseng se racla la gorge plusieurs fois, afin d'attirer l'attention de tous. Son autorité naturelle fit rapidement effet et il commença aussitôt ses explications :

- Le Président a besoin de chacun de nous aujourd'hui - y compris moi-même. Nous serons donc divisés en trois groupes, comme lors d'importantes missions. Les duos seront les mêmes que pour les autres occasions, bien sûr ...Sinon, en ce qui concerne la mission, le Président souhaite que nous l'escortions tout au long de la journée, lors de son ... de sa sortie publique en compagnie d'une femme. Fondamentalement, tout ce que nous aurons à faire ce sera parader, car le Président souhaite rester sur la plate-forme. Évidemment, je compte sur vous pour être impeccable, malgré que ce genre de "mission" ne fasse pas partie de nos tâches standardes. Et quand je dis impeccable, Reno, cela veut dire que tu devras porter une cravate aujourd'hui. Une cravate bleu marin, comme tout le monde.

Tseng avait bien précisé "bleu marin", car Reno possédait une assez grande collection de cravates à pois, à rayures ou ayant des imprimés obscènes. Il les sortait pour les grandes occasions, au plus grand déplaisir de son supérieur.

Les cinq Turks approuvèrent unanimement de la tête, un peu étonnés qu'on fasse appel à eux pour impressionner la petite amie de Rufus. En fait, c'était la première fois qu'on connaissait au Président de la Shinra une relation amoureuse depuis qu'il était aux commandes de la compagnie. Et si les Turks n'étaient pas au courant, personne ne pouvait en savoir plus qu'eux.

- Rude, Reno, vous nous suivrez à distance et vous monterez dans l'auto qui sera en arrière de la limousine du Président. Raine, Elena, quand nous marcherons, je veux que vous vous teniez derrière le Président. Vous monterez dans la limousine, mais en avant, avec le chauffeur. Finalement, Lida et moi-même marcherons devant le Président et serons assis de part et d'autre de sa compagne et lui dans le véhicule. Nous serons en contact en permanence, grâce à ces oreillettes et ces écouteurs, mais sachez que ces appareils n'auront pas de réelle utilité. Ne les abîmez pas trop quand même. Une dernière chose : nous serons armés, au cas où.

Le chef des Turks fit une pause, estimant qu'il avait dit tout ce qu'il y avait à dire.

- Voilà. Des questions ?

Il n'y en eut aucune.


Une heure plus tard, dans le Hall d'entrée du nouvel édifice de la Corporation Shinra, c'était le branle-bas de combat. Un tapis rouge avait été déroulé, le plancher de marbre avait été astiqué une demi-douzaine de fois, une garnison de soldats avait été mobilisée et prenait place de part et d'autre de l'allée créée pour l'occasion et les six Turks, droits comme des piquets, attendaient l'arrivée imminente du Président devant l'ascenseur central. On avait mis la compagnie sans dessus dessous à cause du rendez-vous de Rufus Shinra et les plus clairvoyants des employés de la Shinra se demandaient à quel jeu jouait réellement leur Président. On s'attendait à une surprise de taille, à un quelconque revirement, car tout ce comité d'accueil était digne d'un roi ou plutôt, d'une reine. On regarda impatiemment la bande de chiffres lumineux qui indiquaient à quel étage se trouvait l'ascenseur, ce qui permettait de suivre la descente du Président. Ce fut long, car même si le nouveau quartier général de la Corporation Shinra était plus petit que le précédent, il était tout de même haut de quarante-cinq étages. Enfin, un petit "ding" caractéristique retentit dans le vaste hall d'entrée et tous ceux qui étaient présents bombèrent le torse, car l'ordre avait circulé que le Président s'attendait à ce que chacun de ses salariés lui fasse honneur.

Rufus Shinra qui, depuis qu'il avait quitté son fauteuil roulant, marchait à l'aide d'une canne métallique, apparut, vêtu de son éternel manteau long de couleur gris clair. À son bras se trouvait une jeune femme que personne n'aurait cru voir à cet instant, puisqu'on pensait que la "petite amie" était encore chez elle à attendre que son Président vienne la prendre en limousine. Mais, ce qui causa un émoi aisément palpable parmi les employés de la Shinra - y compris les Turks bien qu'ils surent tous réprimés un mouvement de surprise -, c'était l'identité de cette fille qui avait un rendez-vous avec Rufus. Tout le monde la connaissait et pour cause, son visage apparaissait régulièrement à la une des journaux. Il s'agissait de Rika Maldin, vice-présidente de la firme Maldin et fille du prédisent de ladite entreprise. Bref, une sorte de clone de Rufus et une concurrente très coriace de la Corporation Shinra. Elle était très belle, avec ses longs cheveux noirs et son teint basané, mais sa beauté était inquiétante, comme empreinte de la férocité qui luisait dans ses yeux brun foncé. Pour l'instant, Rika Maldin riait tout en promenant son regard de fauve dans hall d'entrée.

- Vous voyez, ma chère Rika, je n'ai aucun secret pour vous, disait Rufus, dont le sourire et le ton jovial ne parvenaient pas à masquer le dégoût que lui inspirait sa compagne.

- Vous m'aviez promis les Turks, comme vous dites, Rufus ! Vos fameux agents, ceux qui déciment les meilleurs éléments de mon entreprise ! répliqua-t-elle, exigeante.

- Chose promis, chose due, déclara Rufus Shinra en tendant la main vers ses six Turks. Les voici.

Les yeux de Rika s'agrandir avec gourmandise et elle se détacha de Rufus.

- Ils ont l'air de simples gardes du corps ... dit-elle, déçue.

- Oui, ils en ont l'air. Cela ne les a pas empêché de kidnapper deux de vos scientifiques et d'assassiner quatre de vos employés, dit Rufus d'un ton écrasant. Nous devrions faire les présentations, puisque cela fait partie de notre accord.

Rika eut une moue. Le Président s'avança vers ses Turks et commença :

- Tseng, chef du Département d'Investigation des Affaires Publiques depuis bien des années maintenant. Sa réputation n'est plus à faire. Reno et Rude, notre duo le plus efficace et celui qui, il me semble, a réussi à s'emparer de ces photos compromettantes que vous cachiez pourtant bien dans ce petit coffre logé dans le plancher de votre bureau.

Rufus tendit à Rika une enveloppe dont la vue fit pâlir la jeune femme. Puis, il poursuivit :

- Et voici Raine et Lida, nos deux plus récentes additions à l'équipe des Turks. Même si elles sont encore en apprentissage, elles sont plus efficaces que n'importe lequel de vos ... comment les appelez-vous déjà ? Espions ? Vous connaissez toute la redoutable équipe maintenant. Vous voudriez peut-être prendre une photo, en guise de souvenir ? demanda Rufus Shinra, insolent.

Si le Président semblait tout à fait savoir où il allait avec son petit numéro, les cinq Turks et leur chef n'en croyaient pas leurs oreilles. L'un des secrets les mieux gardés de la Corporation Shinra était leurs identités voilà que le patron venait de tout déballer devant une de leur plus acharnée rivale. Cependant, les Turks étaient trop disciplinés pour interrompe Rufus qui put ainsi continuer sa prestation :

- À présent que vous connaissez le visage et le nom de chacun d'entre eux, je vous parie mon poste de Président de la Corporation Shinra - puisque c'est ce que nous avions convenu - qu'ils seront capables d'enlever vos trois meilleurs scientifiques, à savoir mademoiselle Abia Feather, monsieur Veig Barnum et monsieur Dag Odilo. Si nous gagnons, ce dont je ne doute pas, je deviendrai vice-président de la firme Maldin, nous nous entendons bien, ma chère Rika ?

- Tout à fait, mon cher, répondit Rika Maldin qui eut un sourire carnassier en serrant la main de Rufus.

- Bien, maintenant que nous avons réglé ce détail, il est plus que temps que nous allions manger, dit le Président de la Shinra, sans faire attention aux centaines de regards interrogateurs que lui lançaient tous ses employés présents.

Rufus offrit son bras à sa compagne et s'appuya sur sa canne. Tseng et Lida se placèrent immédiatement devant lui, alors que Raine et Elena se déplacèrent derrière l'étrange duo. Reno et Rude se dirigèrent vers l'extérieur, échangeant un bref signe d'intelligence.

Durant le reste de la journée, Rufus Shinra et Rika Maldin n'abordèrent à aucun moment ce pari qui les liait. On eut presque cru à un rendez-vous galant, si ce n'avait été de la très claire haine qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre et qui ne transparaissait qu'à travers quelques remarques sarcastiques emplies de sous-entendus. Ces heures parurent interminables aux Turks qui, impassibles, suivaient leur Président.