Bonjour, bonsoir ! Bon, ce n'est toujours pas une fanfiction sur TWD, mais on n'y travaille doucement puisque c'est un two-shot, ahaah. A la base, c'était, bien évidemment, sensé être un one-shot, mais à trop vouloir développer, il était devenu beaucoup trop long pour que je vous balance tout ça d'un seul bloc. Je vous souhaite une bien bonne lecture !
.
.
« Glenn, où est-ce que tu vas ? marmonna Maggie d'une voix teintée de fatigue. »
Glenn arrêta de se tortiller dans tous les sens dans son lit. Il déposa un rapide baiser sur le front de sa petite-amie puis l'intima de se rendormir avant qu'il ne parvienne à s'extirper de la tiédeur des draps. Elle ne se le fit pas redire deux fois et tomba presque immédiatement dans un sommeil profond. Glenn resta là pendant quelques secondes, observant sa bien-aimée, plus paisible que jamais. Il en avait de la chance, quand même, d'avoir une nana pareille. Dire qu'il avait fallu d'une apocalypse pour qu'il tombe enfin sur la fille de ses rêves… Dieu avait dû bien s'amuser en écrivant son destin.
Le soleil perçait à peine quand il traversa la cour. Les nuages étaient lourds et menaçants tandis qu'un vent frais faisait danser les branches des arbres dans un ballet des plus inquiétants. Il frissonna et s'empressa d'atteindre la tour de surveillance. Non pas qu'il était un froussard, sinon il n'aurait jamais hérité de ce stupide surnom d'« appât à rôdeurs », ni désigné quasiment à chaque fois pour le missions périlleuses, mais un temps pareil n'annonçait rien de bon. Glenn grimpa deux à deux les marches. En haut, T-Dog s'étira, tout en se levant de sa chaise. Il bailla tandis que le Coréen lui tapotait l'épaule.
« J'aime pas trop ce vent, on dirait que les buissons grouillent de rôdeurs, avoua T-Dog, mal à l'aise. »
Glenn jeta un coup d'œil aux buissons en question qui délimitaient la lisière de la forêt. Il devait bien concéder que son ami avait raison.
« Je ne les quitterai pas des yeux, promit-il. Repose-toi bien. »
La première heure fut lente et éprouvante. Entre ce vent qui ne cessait de souffler de plus en plus fort, les rôdeurs qui s'entassaient et grognaient contre le grillage et la pluie qui commençait à tomber, une bonne matinée s'annonçait. Quand un éclair fendit le ciel, Rick ne tarda pas à sortir avec Daryl et Carl pour renforcer la solidité des grillages. Déjà qu'ils pliaient dangereusement en temps normal, le ciel orageux ne faisait qu'accentuer le côté angoissant de tout ça. Glenn reporta son regard sur la forêt, croyant voir un mouvement suspect. Il se figea net en découvrant deux silhouettes, main dans la main, se détachant de la forêt. Il plissa les yeux pour mieux les discerner et cette fois-ci, son cœur rata un battement. Ses yeux s'écarquillèrent sous le choc et sans réfléchir une seule seconde de plus, il quitta au pas de course son poste de surveillance. En plus de la pluie battante, le vent vint lacérer son visage encore juvénile, mais il ne s'en soucia guère, trop pressé d'atteindre ces silhouettes qu'il ne connaissait que trop bien. L'agitation du jeune homme interpella Rick qui cessa immédiatement son activité. Étant accroupi, il se releva tout en écartant les quelques mèches bouclées qui lui bloquaient la vue.
« Glenn ? appela-t-il en fronçant les sourcils. »
Mais celui-ci ne l'écouta pas. Il ne ralentit qu'à quelques mètres du grillage. Ses mains vinrent s'agripper à ce dernier alors que son regard scrutait l'horizon. Personne. Il n'y avait plus personne et son cœur tambourinait fort dans sa cage thoracique, allant jusqu'à résonner dans ses tympans. Il avait la désagréable impression de ne plus pouvoir penser correctement et quand bien même il aurait pu, il n'était pas certain d'avoir envie de penser à quelque chose. Le bruit de pas dans son dos le fit retrouver doucement ses esprits. Glenn se retourna.
« Vous les avez vues ? questionna-t-il d'une voix presque suppliante.
- Qui ? répliqua le shérif, de plus en plus inquiet par son comportement. »
Le Coréen pointa la forêt.
« Elles… Elles étaient là, je les ai vues, bégaya-t-il. J'étais là-haut, je regardai la forêt et elles étaient là, main dans la main et-…
- Qui ? répéta Rick d'un ton plus ferme, le coupant par la même occasion. »
Glenn ne répondit pas de suite, encore confus par ce qu'il venait de voir.
« Andrea. J'ai vu Andrea et une petite fille, souffla-t-il en regardant autre part. »
Il avait l'impression d'avoir perdu la tête… Pourtant, ça ne lui ressemblait pas de foncer tête baissée sans prendre le temps de réfléchir comme il venait de le faire. Il s'était laissé guidé par il-ne-savait-quoi, son instinct, sûrement, tandis qu'un trop plein d'émotions l'avait submergé. Ce n'est que lorsqu'il sentit la main de Rick sur son épaule qu'il remarqua que sa vision s'était troublée en raison de ses larmes naissantes.
« Glenn, commença-t-il d'une voix étonnement douce. Andrea est morte, et tu le sais. »
Pour sûr qu'il le savait, il s'était retenu de pleurer quelques mois auparavant quand ils s'étaient tous retrouvés sur cette autoroute et qu'elle ne les avait jamais rejoints. Mais c'était bien la première fois que quelqu'un prononçait ça à haute voix si bien que cela lui fit le même effet que s'il l'avait vu mourir devant ses yeux. Andrea, c'était un peu la grande sœur qu'il n'avait jamais eue, à la fois insupportable et chiante, réconfortante et chaleureuse. Elle le taquinait sur sa relation avec Maggie, il la faisait rire avec ses blagues pourries. Son absence avait été douloureuse, pas autant que si ça avait été sa bien-aimée, mais durant quelques jours, le moral n'avait pas été au beau fixe. Puis il s'était fait une raison, il avait mûri et son souvenir était presque passé à la trappe si bien qu'il s'en voulût de l'avoir oublié aussi rapidement.
« Je l'ai vu. Je l'ai vu, répéta-t-il avec plus de conviction. »
Il s'extirpa délicatement de la poigne de Rick, les sourcils froncés. Il n'était pas fou. Non, il n'était pas fou et c'était bien Andrea et une petite fille qu'il avait vues dehors, sous la pluie.
« On ne peut pas laisser dehors avec ce temps, reprit Glenn.
- Depuis combien de temps n'as-tu pas dormi ? rétorqua Rick en ignorant sa remarque. »
Et malgré sa réponse et ses protestations, Glenn fut congédié au bloc C. Daryl prit la relève dans la tour de surveillance. Il tira l'une des chaises, s'installa dessus puis posa ses pieds sur le bureau lui faisant face. Tout en se balançant sur les pieds arrières de sa chaise, le chasseur laissa son esprit vagabonder. A vrai dire, il repensa essentiellement aux paroles de Glenn. Comme si Andrea pouvait encore être en vie alors que Carol l'avait vu tomber. Et quand bien même elle était toujours vivante, jamais elle ne se serait encombrée d'un enfant, déjà qu'elle n'avait jamais su être là pour sa petite sœur. Daryl esquissa un maigre sourire en se souvenant de son mal aise lorsqu'elle se retrouvait uniquement avec Carl. Andrea, et les enfants, c'était une longue histoire conflictuelle alors l'imaginer avec une petite gamine suspendue à sa main, c'était irréel. Néanmoins, au fond de lui, une petite part espérait que Glenn ait raison. Parce qu'elle était bien la seule femme avec Carol à le faire sourire. Parce que quand elle tirait, elle faisait mouche à chaque fois et que ça ne cessait de l'étonner. Parce qu'elle était peut-être seule, dehors, et que personne ne méritait de se retrouver ainsi depuis que le monde avait dégénéré, surtout elle, qui avait tant perdu.
Alors avec un espoir presque fou, Daryl observa avec attention la forêt qui ne cessait de se courber dans tous les sens sous de violents vents. L'orage semblait perturber les rôdeurs qui ne savaient plus où se diriger, mais au milieu, deux créatures immobiles, retinrent son attention. Il enleva les pieds du bureau pour mieux se pencher contre la fenêtre. L'air chaud de sa respiration vint former de la buée sur la vitre, mais elle ne gêna en rien sa vue. Il remarqua de suite que les rôdeurs n'avaient pas de bras avant que son regard n'accroche les deux chaînes qui se trouvaient autour de leur cou. Et c'est ainsi qu'à son tour, il vit Andrea.
Ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'un juron s'échappa de ses lèvres.
« Putain d'merde, China avait raison ! »
En revanche, il resta quelques instants-là, à la regarder comme s'il s'agissait d'un extraterrestre. Il avait peur que s'il ne fermait les yeux trop longtemps, elle disparaîtra aussi vite qu'elle était apparue. Puis, il la vit s'avancer doucement vers la prison, au milieu de tous ces rôdeurs, sans que ceux-ci ne remarquent sa présence. Cela le fit douter sur la dimension réelle de sa vision, si bien qu'il se frotta les yeux avant de découvrir qu'elle était toujours là. C'est donc naturellement, qu'après avoir attrapé son arbalète, Daryl dévala les escaliers de la tour de surveillance.
Il était seul dehors, la pluie battant beaucoup trop fort avait forcé Rick et Carl à s'abriter à l'intérieur et prier pour que le grillage tienne jusqu'à ce que l'orage ne passe. Il ne lui fallut que quelques secondes pour arriver jusqu'à la brèche qu'ils avaient taillée quelques mois auparavant, il l'ouvrit et se hissa hors de la prison. Le chasseur leva la tête, et le regard d'Andrea s'accrocha au sien. Il ne sut jamais combien de temps ils restèrent ainsi, juste à se regarder, mais cela lui parut une éternité.
« Sur ta gauche ! cria-t-elle alors, ce qui le ramena à la réalité. »
Lui faisant une confiance totale, il balança son arbalète sur sa gauche sans même regarder sa victime avant. Le rôdeur percuta le grillage et la pression que Daryl lui infligea par la suite avec son arme transforma le pauvre crâne de la créature en charpie. Andrea, de son côté, ne réfléchit pas bien longtemps avec de lâcher les chaînes qui tenaient les rôdeurs. En un tour de main, elle porta la petite fille l'accompagnant puis parcourut les quelques mètres la séparant de Daryl en la serrant aussi fort que possible dans ses bras. Le cadet Dixon écarta le grillage pour les laisser passer en première, avant de s'y faufiler à son tour et de raccrocher le mousqueton.
La petite toujours dans les bras, Andrea sentit les larmes lui monter aux yeux, alors que son cœur battait beaucoup trop vite. Du bout des lèvres, elle murmura un merci à l'attention de Daryl qui ne sut quoi répondre à ça. Que devait-il faire ? La prendre dans ses bras, comme tous les autres survivants l'auraient fait ? Lui lancer un « Comment ça va depuis le temps » ? Ou bien lui demander d'arrêter de le fixer d'une telle manière parce que ça le rendait mal à l'aise ? Non, au lieu de tout ça, le chasseur repositionna correctement son arbalète sur son épaule et déclara :
« Rentrons. »
La blondinette se retourna pour mieux observer la prison, tandis que Daryl y marchait déjà. Il s'arrêta quelques mètres plus loin en remarquant qu'elle ne le suivait pas et ce qu'il vit lui serra le cœur. Elle était tout bonnement en train de pleurer, une vraie fontaine et la petite fille, qu'elle tenait toujours fermement contre elle, essuyait ses larmes.
« Pleure pas, 'Drea, lui chuchotait cette dernière à l'oreille. »
Elle eut un maigre rire à travers ses larmes puis avança enfin, jusqu'à se retrouver à hauteur de Daryl. Il ne se serait jamais cru capable de ça, mais il entoura ses épaules de son bras, un peu maladroitement, certes, avant d'embrasser sa tempe.
« Ça va aller, t'as rien à craindre, ici, la rassura-t-il du mieux qu'elle pouvait. »
À vrai dire, Andrea n'était pas spécialement inquiète. Du moins, elle ne l'était pas pour elle. Daryl laissa glisser son bras pour poser sa main juste en bas de son dos, l'incitant ainsi à ne pas ralentir dans sa marche. Ils ne parlèrent pas durant ce court trajet, lui étant de nature peu bavarde et elle n'ayant plus l'habitude de parler à un adulte. Lorsque enfin, ils entrèrent s'abriter dans le hall de la prison, tous les regards convergèrent sur eux. Il y eut un long moment de flottement où le silence fut plus qu'embarrassant qu'autre chose. Puis Carol brisa son verre et le silence. Elle s'approcha doucement d'elle avant de ne la prendre dans ses bras.
« Dis-moi que je ne rêve pas.
- C'est moi qui suis en train de rêver, rétorqua Andrea en la serrant de son bras libre. »
Et durant les minutes qui suivirent, une tonne de câlins s'abattit sur elle. Rick lui embrassa le front, d'un geste paternel, Carl lui offrit son plus beau sourire suivi d'une étreinte, T-Dog la serra tellement fort qu'elle faillit étouffer, Hershel déposa un baiser sur ses deux joues, et Beth la prit dans ses bras. Andrea remarqua de suite l'absence de Glenn, Shane et Lori. Maggie n'étant pas là non plus, elle supposait qu'elle se trouvait actuellement avec le Coréen, quant aux deux autres, elle espérait simplement qu'ils n'avaient pas recommencé à forniquer derrière le dos de Rick. C'est alors qu'elle se rappela que Lori était enceinte de quelques mois, la dernière fois qu'elle l'avait vu.
« Comment va le bébé ? ne put-elle s'empêcher de demander. »
Elle eut du mal à ignorer l'assombrissement de la mine du shérif.
« Judith va bien. Elle dort, précisa-t-il quand il vit son regard bleuté parcourir l'assistance à sa recherche. »
Sentant son bras s'endolorir, elle reposa la petite fille au sol. Cette dernière se colla à sa jambe, agrippant son pantalon, tandis que la main de l'ancienne avocate reposait sur son épaule, comme pour la mettre en confiance. La gamine était petite, et quelques mèches brunes indisciplinées tombaient sur son visage. À vue de nez, elle ne devait pas avoir plus de cinq ans et ne semblait pas être non plus très courageuse, mais elle avait ce côté sauvage qui laissait penser qu'elle devait sans doute mieux connaître la survie qu'elle ne l'aurait dû. Carol, qui avait toujours été adorée des enfants, s'agenouilla devant elle.
« Comment tu t'appelles ? questionna-t-elle en souriant, d'une voix douce. »
Cette simple question ramena Andrea deux mois en arrière.
Elle était seule, dans cette ville aussi abandonnée qu'elle. En réalité, elle avait entendu des coups de feu provenir de la rue d'à côté, sinon, elle ne serait jamais sortie à découvert comme elle le faisait actuellement. Elle avançait à pas de loup et tuait les rôdeurs sans faire de bruit, comme elle l'avait appris durant ces derniers mois de survie seule. C'était la meilleure technique pour rentrer dans un magasin, piquer des fournitures et repartir à sa planque sans jamais se faire remarquer par quiconque, mort ou vivant. D'une manière générale, elle avait appris à vivre dans et avec le silence. Elle ne parlait plus depuis longtemps, de toute façon, elle n'avait personne à qui parler. Elle ne vivait plus réellement non plus. Parfois, elle se demandait pourquoi continuer ainsi, pourquoi rester murée dans une vie qui ne lui plaisait pas alors que tous ses proches l'attendaient là-haut.
Plus elle se reprochait, plus le bruit d'une conversation parvenait jusqu'à ses oreilles. Depuis combien de temps au juste, n'avait-elle pas entendu de voix, autre qu'un grognement ? Elle s'approcha encore plus. Par terre, un homme se trouvait étendue. Elle l'entendait plus qu'elle ne le voyait, mais il semblait être en train de mourir. Du moins, c'est ce qu'elle en déduisit lorsqu'il s'exprima d'une voix mourante à la petite gamine, qui devait être sa fille, penchée au-dessus d'elle. Elle ne sut jamais pourquoi, mais Andrea s'avança jusqu'à eux, jusqu'à ce que le père pose son regard sur elle. Àpremière vue, il n'avait aucune blessure. Puis, sans un mot, il ôta le bandage de son avant-bras et elle les vit. Quatre griffures bien distinctes qui semblaient avoir arraché sa peau. De sa plaie, un liquide jaunâtre suintait, tandis que la peau avait commençait à flétrir tout autour.
« Je vais mourir, déclara-t-il simplement. »
Il ricana, de manière ironique. Si on lui avait un jour dit qu'il mourrait à cause de quatre griffures de rien du tout, il n'aurait pas cru son interlocuteur. Il donna un coup de tête en direction de sa petite fille.
« Elle le sait aussi, elle est assez grande pour comprendre ce genre de choses, maintenant. »
Il eut une quinte de toux qui le fit cracher du sang.
« S'il vous plaît… Prenez soin d'elle. »
La gamine releva ses yeux humides sur Andrea. Elle tenait fermement la main de son père, dépassée par ce qui était en train de se passer. Et elle avait raison. C'était trop, pour une enfant de son âge. La blondinette sentit son cœur se serrer quand elle sentit son regard la percer de part en part. Même si elle n'avait jamais aimé les enfants, elle ne pouvait pas laisser cette fillette toute seule ici, à regarder son père mourir puis revivre.
« Comment elle s'appelle ? demanda-t-elle alors.
- Amy, répondit-il d'une voix de plus en plus faible. C'était le deuxième prénom de ma femme. »
La petite fillette ne répondit rien, trop intimidée par tout ce monde autour d'elle.
« Elle s'appelle Amy, répondit Andrea. Et elle est très bavarde, d'habitude. »
Et Daryl comprit pourquoi Andrea s'était entichée d'une gamine. Quelques minutes après, attiré par les bruits de conversation beaucoup plus élevés que d'habitude, Glenn passa la tête à travers l'entrebâillement de la porte du hall. Ses traits étaient encore marqués par la fatigue et l'étrange vision qu'il avait eu plus tôt dans la journée, si bien que lorsque son regard se posa sur Andrea, il ne tilta pas de suite. Puis, petit à petit, les pièces du puzzle s'emboîtèrent dans sa tête et ses yeux s'écarquillèrent d'eux-mêmes.
« Oh mon Dieu, Andrea ! couina-t-il avant de la prendre dans ses bras. »
S'il avait pu, il l'aurait fait tournoyer dans les airs, mais Glenn n'avait jamais été trop bon pour cette prouesse.
« Tu vas me casser en deux, ria-t-elle doucement. »
Il desserra son étreinte, mais sans pouvoir enlever cet air abasourdi de son visage. Il n'en revenait tout simplement pas ! Il y a tout juste une heure, on l'avait presque traité de fou et voilà qu'elle se tenait devant lui, en chair et en os. Peut-être était-il même le plus heureux de tous les survivants de la revoir.
« J'ai plein de blagues pourries à te raconter, promit-il en souriant naïvement. »
.
.
« Tu ne parles pas beaucoup, aujourd'hui, fit doucement remarquer Andrea. »
Peu de temps après leur arrivée, Rick les avait invitées à faire le tour du Bloc C, là où ils étaient certains qu'aucun rôdeur ne traînait puis, il s'était arrêté devant une cellule vide et l'avait présenté comme leur nouvelle chambre. Andrea n'avait pas rechigné devant le confort primaire. Elle était beaucoup trop fatiguée pour se plaindre de quoique ce soit, de toute façon. Amy, assise sur le lit, ne répondit pas de suite, trop occupée à défigurer les lieux de ses grands yeux d'enfants.
« C'est tes amis ? questionna-t-elle dans une élocution presque parfaite.
- Oui, acquiesça la blonde.
- Et on va rester ici ?
- Sûrement.
- C'est b'zarre de dormir dans une prison, gloussa-t-elle en mettant sa main devant sa bouche. »
Andrea ne put s'empêcher de se joindre aussi à son rire, mais plus discrètement. Les premières semaines où elle s'était retrouvée seule avaient été les plus dures. Elle n'avait pas pleuré parce qu'elle avait tenté de voir le bon côté des choses. Elle était même allée jusqu'à se répéter sans cesse que cette situation n'était qu'un test que Dieu lui avait envoyé pour lui prouver que malgré tout ce qu'elle avait enduré, elle souhaitant continuer à vivre, à se battre pour ne pas se faire manger par ce nouveau monde. La nuit, quand tout devenait inquiétant, Andrea s'était surprise à se demander pourquoi elle vivait toujours, pourquoi elle se battait contre quelque chose d'indestructible. Puis elle avait croisé le chemin de la petite Amy, et elle avait pris ça comme une seconde chance que lui avait offert Dieu, d'être une meilleure sœur qu'elle ne l'avait été. Une nuit, Amy -son Amy- lui avait murmuré à l'oreille de prendre soin de cette petite et en se réveillant, le lendemain, elle s'était promis de tout faire pour.
Amy enleva ses chaussures puis se mit debout sur le lit, sautillant légèrement.
« Tu crois qu'un méchant a dormi ici ?
- Pourquoi, tu as peur ? taquina-t-elle en arquant un sourcil, tandis qu'un sourire mutin jouait sur ses lèvres. »
Amy s'arrêta de sauter. Elle fronça les sourcils, relevant le menton.
« J'ai peur de rien, répondit-elle en faisant des manières. »
Andrea pouffa de rire. N'importe quoi, cette gamine, une vraie petite chipie à toujours imiter les adultes. Parait-il qu'autrefois, sa mère faisait du théâtre et lui apprenait à mimer des personnages de série. L'ancienne avocate lui ébouriffa les cheveux, et Amy couina en rigolant.
« Tu vas être bien ici, assura-t-elle en lui adressant un doux regard. »
Amy tomba de sommeil très tôt ce soir-là, sûrement aux alentours de vingt heures. Comme à son habitude, elle s'étala de tout son long dans le lit, tandis qu'un de ses pieds dépassait de la couverture. Andrea repositionna correctement la couverture puis lui embrassa le haut de la tête avant de quitter à pas de loup la cellule. Depuis quand n'avait-elle pas pu dormir aussi paisiblement ? Les derniers jours avaient été particulièrement pénibles et durs, à errer et tourner en rond dans cette foutu forêt. La pauvre petite n'avait que très peu de dormi et quand bien même elle était parvenue à trouver le sommeil, il n'avait jamais été reposant. Andrea était fatiguée, aussi, mais pas au point de tomber de sommeil non plus. Étrangement, elle ne se sentait pas tellement en confiance entre ces murs, un peu prisonnière malgré elle. Elle resta durant quelque temps dans le hall, discutant avec Carl de sa survie dans les bois. Il lui semblait presque que ses yeux brillaient quand elle lui racontait qu'elle avait couru jusqu'à ne plus pouvoir sentir ses jambes, qu'elle s'était battue jusqu'au bout pour ne pas mourir. Lorsqu'elle termina son récit, Rick arriva pour intimer Carl d'aller se coucher. Il ronchonna, mais y alla tout de même, et Andrea adressa un mince sourire à Rick qu'il lui rendit.
Souhaitant se dégourdir les jambes, la blondinette poussa la porte menant à l'extérieur. Une petite brise vint soulever quelques mèches de cheveux et elle ferma les yeux, savourant ce moment. Que c'était bon de se retrouver en plein air, une petite addiction qu'elle avait acquise depuis que le monde avait arrêté de tourner rond. Elle ouvrit doucement les yeux, puis fit quelques pas dans la cour jusqu'à s'asseoir à même le bitume, à un endroit lambda. L'orage de ce matin était bien loin, l'eau avait presque disparu du sol et les températures étaient devenues plus agréables.
« Tu devrais aller t'coucher, déclara une voix grave, dans son dos. »
Andrea ne put s'empêcher de sursauter sous la surprise. Elle se retourna rapidement, une main à plat sur le haut de sa poitrine avant de pousser un soupir de soulagement en voyant qu'il ne s'agissait que de Daryl.
« J'avais envie de sortir, répondit-elle simplement en haussant les épaules. »
Daryl vint s'asseoir à sa droite sans qu'elle ne l'eût y inviter, mais cela ne la dérangea pas plus que cela puisqu'il avait la qualité de ne pas parler pour ne rien dire. Alors elle partagea son silence avec lui.
« Amy, déclara Daryl, brisant ce dernier par la même occasion. »
Andrea braqua immédiatement son regard sur lui, les sourcils légèrement froncés.
« T'as décidé d'la prendre avec toi parce qu'elle s'appelle Amy. »
Elle ne répondit pas de suite, d'abord parce qu'elle ne savait pas quoi répondre à ça, ensuite qu'elle était gênée qu'il n'associe la petite qu'au prénom de sa sœur. Mais le plus embarrassant dans tout ça, c'était qu'il avait certainement raison.
« Et alors ? rétorqua-t-elle sur un ton un peu agressif. T'es venu pour me juger ? Excuse-moi d'avoir sauvé une gamine adorable. »
Il esquissa un maigre sourire, tandis que la Andrea méprisante et casse-couille qu'il avait appris à détester refaisait surface. Néanmoins, cette fois-ci, au lieu d'en rajouter des couches, elle soupira, se massant les tempes.
« Je suis désolée, je suis fatiguée.
- Je m'en doute. »
Andrea se détendit, elle alla même jusqu'à lui donner un coup d'épaule qu'il lui rendit. Et ils restèrent là, dans le silence, comme avant. C'était agréable de ne pas déblatérer sur des sujets inutiles, mais elle avait tellement de choses à raconter, d'adulte à adulte, qu'elle ne put se retenir plus longtemps. Peut-être était-ce à cause du cadre bien trop tranquille, ou même de la confiance que lui inspirait Daryl, bien qu'elle restait persuadée que peu importait la personne à sa droite, elle lui aurait tout de même tout déballé.
« Quand son père m'a dit qu'elle s'appelait Amy, ça m'a bloqué pendant quelques secondes, avoua-t-elle sous l'oreille attentive de Daryl. Elle était en train de pleurer, et elle m'a regardé avec ses petits yeux verts et… et je savais pas quoi faire, il était en train de mourir. Est-ce que je devais arracher Amy de son père ou la laisser avec jusqu'à ce qu'il se transforme ? Est-ce que je devais lui mettre une balle ? »
Sa voix se brisa à la fin de sa question tandis que les souvenirs affluaient en elle. Elle fronça les sourcils, semblant revivre la scène et lorsque Daryl posa sa main sur son épaule pour la faire revenir sur terre, elle sursauta. Leurs regards s'accrochèrent et Andrea ne le quitta pas des yeux en reprenant son récit, puisant sa force pour ne pas flancher.
« Et là… Il m'a demandé de lui tirer dessus, et Amy pleurait de plus en plus et je me suis dit : merde. Pourquoi un parfait inconnu voulait me confier sa mort et sa fille ? Qu'est-ce qui lui faisait croire qu'après l'avoir tué, je ne laisserai pas sa fille ici, se faire dévorer par le premier rôdeur ?
- Parce qu'elle s'appelait Amy, répondit-il, l'incitant ainsi à continuer. »
Elle secoua doucement la tête tout en baissant le regard.
« C'est nul de ma part de ne la réduire qu'à un simple prénom, soupira-t-elle. Et j'aimerai dire que si elle se serait appelée Jade ou Wendy, je l'aurais quand même prise avec moi, mais j'en sais rien.
- J'pense que dans tous les cas, tu l'aurais sauvé. »
Le ton qu'avait employé Daryl était maladroit, un peu hésitant et pour cause, rassurer quelqu'un n'avait jamais été son fort. Andrea eut un maigre sourire.
« J'espère, confia-t-elle. Alors je suis restée avec eux jusqu'à la fin puis quand ses yeux se sont fermés, la petite s'est tournée vers moi et elle m'a dit ; Fais-le. (Elle fronça légèrement les sourcils.) Tu imagines qu'une gamine de cinq ans te dise ça ? Elle ne lui a pas lâché la main et j'ai tiré. On l'a enterré le jour-même dans le jardin d'une petite maison alors que rien ne me poussait à le faire.
- T'as bien fait.
- Merci. »
Andrea serra ses jambes contre sa poitrine, tandis que la fraîcheur de la nuit venait lui mordre les joues. C'était soulageant de parler de tout ça, plus qu'elle ne l'aurait cru, si bien qu'elle ria doucement. Il lui adressa un regard interrogateur.
« J'ai l'impression de faire une thérapie, expliqua-t-elle en souriant.
- C'est vrai, ricana-t-il.
- Alors, docteur Dixon, je vais avoir besoin d'une deuxième séance ? »
L'atmosphère était soudainement devenue plus légère.
« J'sais pas si j'ai encore envie de t'entendre chouiner. »
La bouche d'Andrea s'ouvrit en grand, à la fois surprise et amusée de sa réponse.
« Mais quel idiot, je suis outrée ! »
Il était tard, peut-être aux alentours de onze heures et pourtant, malgré la fatigue, elle était bien ici, avec Daryl. Il avait ce petit quelque chose qui la rassurait, même quand il ne disait rien. Elle leva la tête en direction du ciel et observa un moment les étoiles avant de se lever. Elle pressa l'épaule de son ami.
« Fais de beaux rêves, Daryl. »
.
.
Les jours suivants furent soulageant pour Andrea. Elle, qui avait eu peur que tous ne la traitent comme une étrangère, fut agréablement surprise en retrouvant, petit à petit, sa place dans le groupe. Même Amy semblait s'intégrer, mais à son rythme, en adressant des sourires timides à Carol le plus souvent. Ce fut exactement cinq jours après leur arrivée qu'Andrea assista à une scène des plus surréalistes. Elle était partie aider Hershel dans le développement de leur petit potager, tandis qu'Amy était restée sagement à l'intérieur avec Carol qui lui lisait un livre. Puis, une fois qu'elle eut suffisamment aidé le vieil homme pour qu'il la congédie, elle passa rapidement se débarbouiller dans la salle de bain commune. Elle avait de la terre jusque dans les cheveux si bien qu'elle dut également les laver. Encore humides, elle les attacha en un chignon fait à la va-vite, puis retourna trouver Amy. Elle la vit au loin, assise tranquillement sur l'unique table du hall. Andrea fronça légèrement les sourcils en ne voyant pas son amie aux alentours. Elle s'apprêta d'ailleurs à la héler lorsque la voix de Daryl la stoppa net dans son élan. Elle s'arrêta également de marcher.
« Eh, p'tite, tu veux dessiner ? »
Amy, qui avait le nez plongé dans un livre d'enfants où elle ne savait déchiffrer que les images, leva brusquement la tête. Elle ne répondit rien, trop intimidé par l'homme qui se dressait devant elle. Carl lui avait dit qu'il était « trop cool avec son arbalète », mais la petite fille ne voyait pas en quoi c'était « cool » d'avoir l'air toujours grognon et de se balader avec trois kilos de saleté sur le corps. Bon, en réalité, il lui filait carrément la frousse, et même s'il avait une superbe bécane, elle ne passerait jamais outre son physique. Ce silence embarrassa Daryl, qui se sentit soudainement bien idiot de l'avoir accosté comme ça. Il posa alors un maigre paquet de feuille ainsi que des crayons de couleur qui avaient sans doute appartenu à Sophia sur la table.
« J'pensais que ça te plairait de dessiner, expliqua-t-il maladroitement, loin d'être à l'aise avec les enfants. »
Amy attrapa une feuille et un crayon, et de là où elle était, Andrea la vit pincer ses lèvres. Un sourire amusé se peignit sur les traits de la blondinette lorsqu'elle remarqua, sans grand mal, que la petite n'était pas très enjouée par ce cadeau.
« J'aime pas dessiner, déclara alors Amy d'une petite voix. »
Et Daryl tomba des nues. Pour lui, les garçons aimaient se battre et les filles aimaient dessiner. Point barre. Il n'était jamais allé outre ses clichés. Il tenta alors une autre approche pour ne pas passer pour un parfait imbécile.
« Même si c'est un dessin pour Andrea ? »
Elle secoua la tête en signe de négation et l'avocate ne put s'empêcher de pouffer de rire devant son air dépité. Mais au lieu de lui venir en aide, elle resta dans son coin à s'amuser de la situation.
« Le dessin, c'est nul, c'est pour les bébés, rétorqua la petite d'un ton quelque peu hautain. »
La tête de Daryl fit presque pleurer de rire Andrea, qui tentait tant bien que mal de rester silencieuse. Elle avait d'ailleurs plaqué sa paume de main contre sa bouche. Puis, après sa crise de rire passée, elle se décida à sortir de sa cachette. Elle ébouriffa les cheveux d'Amy qui protesta doucement, et adressa un large sourire au chasseur.
« Et Amy n'est plus un bébé, compléta-t-elle en refoulant un ricanement. »
En compagnie de sa maman de substitution, la petite retrouva un peu d'assurance. Elle redressa sa posture, et Daryl crut assister à une photo de famille. Andrea ébouriffa une nouvelle fois ses cheveux puis quitta la pièce, talonnée du chasseur. Lorsqu'elle leva les yeux sur lui, elle ne put empêcher un léger rire s'échapper de ses lèvres avant qu'elle ne le bloque de sa main. Il fronça les sourcils, prenant un air peu ravi.
« Toutes les filles aiment dessiner, marmonna-t-il. »
Et la main d'Andrea ne suffit pas à étouffer son rire. Elle trouvait ça à la fois amusant et touchant qu'il essaie de distraire un tant soit peu la fillette.
« Tu sais ce qu'il lui ferait vraiment plaisir ? Que tu l'emmènes un jour avec toi en forêt. C'est un vrai garçon manqué. »
Daryl secoua la tête.
« Eh, j'suis ni prof de survie, ni nounou, fit-il remarquer en insistant bien sur le dernier mot. »
Elle haussa les épaules, comme si elle n'avait écouté qu'à demi-mot sa remarque.
« Comme tu veux. Tu aurais pu faire une heureuse. »
Il tiqua à sa dernière phrase avant de ne rouler des yeux. Bon Dieu, si elle commençait à lui faire du chantage affectif avec cette gamine, ils n'étaient pas rendus. Il aurait pu refuser encore une fois, il aurait même dû ; n'avaient-ils pas déjà perdu une autre enfant dans les bois, il y a de cela quelques mois ? Il repensait à Sophia, la pauvre Sophia qui s'était retrouvée toute seule dans les bois pendant deux ou trois jours maximum avant de ne se faire mordre. Elle avait dû pleurer, crier, puis abandonner tout espoir de revoir sa mère. Puis il pensa à ce qu'Andrea avait enduré avec Amy. Elle avait certainement avoir dû la peur de sa vie plus d'une fois, et il imaginait sans grand mal qu'elle avait dû passer des longues nuits à rester éveillée juste pour bien s'assurer qu'elle serait vivante au lever du jour. Amy était aussi haute qu'une table, elle était souvent collée à Andrea ou Carol, elle ne devait sans doute pas courir très vite et ses mains semblaient bien trop petites pour tenir une quelconque arme. Pour toutes ses raisons, Daryl aurait dû faire semblant de n'avoir rien entendu, il aurait dû changer de couloir en prétextant qu'il avait quelque chose sur le feu. Il aurait dû, mais il y avait Andrea à côté de lui, et elle aurait été bien capable de faire pression sur lui jusqu'à ce qu'il craque.
« Okay, finit-il par dire. Demain à l'aube dans la cour. »
Comme promis, les trois survivants se retrouvèrent dans la cour, le lendemain. Amy paraissait particulièrement excitée et Andrea avait même dû la briffer avant, en lui répétant maintes et maintes fois qu'elle devait faire ce que Daryl lui dit, même si c'était quelque chose de stupide. Il y avait une légère bise dehors, si bien qu'ils s'étaient tous équipés d'une veste. Ils ne tardèrent pas à quitter la prison. Les deux filles étaient en tête de cortège, tandis que le chasseur surveillait leurs arrières, toujours pas rassuré à l'idée de se retrouver avec une gamine de cinq ans dans une forêt aussi hostile. Ce n'est seulement au bout de dix minutes qu'Amy s'arrêta soudainement de marcher.
« Qu'est-ce qu'il y a ? lui demanda Andrea en se retournant. »
En guise de réponse, elle se contenta de pointer l'une des branches d'un grand pin.
« Un p'tit écureuil. »
Du coin de l'œil, la blondinette vit Daryl armer son arbalète, prêt à l'abattre, mais elle tendit le bras et abaissa son arme. Il la questionna du regard et elle haussa simplement les épaules en désignant Amy d'un coup de tête.
« Faudra bien qu'elle en mange un jour, lui marmonna-t-il. »
La petite brune regarda l'animal durant encore quelques secondes avant de se tourner vers les deux adultes.
« On continue ? sourit-elle de toutes ses dents. »
Andrea acquiesça, et ce n'est qu'à partir de ce moment-là que Daryl arrêta de réduire Amy à son prénom. Elle était bien plus pour Andrea, beaucoup plus, peut-être même un peu trop. Elle était devenue sa faiblesse et il osait à peine imaginer son état si elle venait à lui être enlevée. Alors il se promit de faire tout ce qui serait possible pour garder Amy en vie aussi longtemps que lui sera vivant. Peut-être qu'après tout, il avait là, devant lui, une seconde chance pour se rattraper. Il crut même entendre le vent souffler la voix de Sophia jusqu'à son oreille. Il en frissonna, puis rattrapa les deux filles qui l'avaient déjà devancé de quelques mètres. Ils marchèrent ainsi dans le silence durant quelques minutes avait que Daryl ne les interpelle.
« Eh, Amy, viens voir. »
Le chasseur s'était accroupi, si bien que lorsqu'elle vint se positionner à côté de lui, elle était à la même taille.
« Tu sais c'que c'est, ça ? questionna-t-il en pointant du doigt le sol. »
La fillette se baissa à son tour pour mieux voir le carré de terre pointé. Réfléchissant, elle plissa les yeux et tenta tant bien que mal de deviner à quel animal pouvait bien appartenir ces empreintes. Pour sa défense, elle n'en connaissait pas des tonnes, mais elle élimina de suite tous les oiseaux qu'elle avait en tête en raison de la forme des sabots fermement imprimée dans la terre humide. Elle leva le regard sur Daryl et, de ses grands yeux verts et innocents, lui demanda avec candeur :
« C'est une biche, non ? Parce que je crois que les vaches n'existent plus… Pis, de toute façon, les vaches, ça vit pas dans les forêts. »
Daryl se releva puis lui ébouriffa maladroitement les cheveux.
« Ouais, t'as tout juste, p'tite tête.
- On va la suivre ? »
Amy faisait bien trop de bruit pour qu'ils n'espèrent, ne serait-ce qu'entrevoir la silhouette d'une biche. La suivre était dans leurs cordes, mais la rattraper, mieux valait ne pas trop y penser.
« C'toi la chef, répondit-il. »
Le regard de la petite s'illumina si bien qu'il crût pendant un court instant qu'elle allait se jeter dans ses bras. Heureusement pour lui, elle ne le fit pas, même si elle tentait maximum d'intérioriser sa joie. En réalité, il pouvait presque la voir trépigner d'impatience à l'idée de prendre la tête de cette petite mission. Amy observa une nouvelle fois l'empreinte, l'air songeur, puis indiqua une direction de son petit index.
« Là-bas, déclara-t-elle avant d'ouvrir la marche. »
Cette fois-ci, Andrea resta en retrait aux côtés de Daryl, mais elle gardait toujours un œil sur sa petite protégée. La voir autant impliquée dans une chasse aux biches la fit doucement sourire.
« Merci, dit-elle à l'intention de Daryl. »
Il balaya ses remerciements d'un revers de main, non pas que ça lui était égal, bien au contraire, mais parce qu'il avait plutôt l'impression que c'était à lui de remercier Andrea. Il avait été un peu plus sur les nerfs ces derniers mois, tendu même à l'idée qu'il arrive le pire aux survivants d'Atlanta qu'il considérait désormais comme ses amis. Puis, elles étaient apparues, comme une sorte d'espoir dans la nuit. Les miracles existaient donc… Ou alors ça relevait de la chance. Dans tous les cas, Dieu avait sûrement dû trifouiller deux trois petites choses là-dedans. Alors oui, il avait envie de remercier Andrea pour avoir offert à tout le groupe cette petite flamme d'espoir qu'ils avaient tant besoin. Mais il ne le fit pas, parce que c'était con les métaphores et qu'il n'aimait ni les métaphores, ni être con.
Amy déviait petit à petit de la piste de la biche en raison du peu d'empreintes qu'elle avait laissé et Daryl dut l'aiguiller un peu pour la remettre sur le droit chemin.
« Eh, p'tite tête, arrête de regarder l'sol et observe voir autour de toi si elle a pas laissé d'autres traces. »
Amy s'arrêta. Elle releva la tête, regarda droit autour d'elle dans un rayon de 360 degrés puis fronça les sourcils.
« J'vois rien, marmonna-t-elle en shootant dans un caillou. »
Le chasseur s'écarta de deux ou trois mètres sur le côté puis attrapa le bout d'une branche cassée.
« Elle est pliée, elle est passée par là. »
Amy se retint bien de lui faire remarquer que c'était juste une branche cassée et que n'importe qui aurait pu le faire. Il lui faisait encore bien trop peur et peut-être que si elle n'était pas gentille avec lui, il enlèverait Andrea et la laisserait seul dans la forêt. Alors elle prit ce nouveau chemin sans trop traîner des pieds et, effectivement, quelques mètres plus loin, elle retrouva des empreintes. Croyez-le ou non, mais ils parvinrent à rattraper la biche. Du moins, ils purent l'observer à une distance plus que raisonnable. Tout comme la petite Amy, Andrea ne quitta pas des yeux l'animal, émerveillée telle une enfant. Puis elle partit en entendant un bruit au loin.
Daryl releva la tête, tous ses sens en alerte. Il arma son arbalète tandis qu'Andrea avait déjà le doigt sur la gâchette. Comme ils l'avaient prévu, le premier rôdeur ne tarda pas à pointer le bout de son nez décharné. Par mesure de précaution, se fut le chasseur qui se chargea de l'éliminer.
« Reste près de moi, Amy, ordonna l'avocate en tendant le bras derrière elle pour l'agripper. »
Mais elle n'attrapa que de l'air.
« Amy ? appela-t-elle en se retournant. »
Son cœur loupa un battement.
« Amy… ? Amy ! »
.
.
Whaaaaat a cliffhanger ! Pour une fois que je peux en faire un pas trop mal, ahaah.
Merci d'avoir lu, j'vous aime !
